FEM/1713

LA PANDÉMIE DE VIH/SIDA RENFORCE LE DÉSÉQUILIBRE ENTRE LES HOMMES ET LES FEMMES DANS LE PARTAGE DES TÂCHES DOMESTIQUES

2/03/2009
Conseil économique et socialFEM/1713
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Commission de la condition de la femme

Cinquante-troisième session

1ere et 2e séances – matin et après-midi


LA PANDÉMIE DE VIH/SIDA RENFORCE LE DÉSÉQUILIBRE ENTRE LES HOMMES ET LES FEMMES DANS LE PARTAGE DES TÂCHES DOMESTIQUES


La Conseillère spéciale pour la parité des sexes et la promotion de la femme estime à 90% la part des femmes et des filles dans la dispense des soins à domicile


L’essentiel du travail consistant à prendre soin de la famille reste effectué par les femmes et les filles, tant dans les pays en développement que dans les pays développés, a affirmé la Vice-Secrétaire générale des Nations Unies, Mme Asha-Rose Migiro, à l’ouverture, ce matin, de la cinquante-troisième session de la Commission de la condition de la femme.  Placée sous la présidence de M. Olivier Belle de la Belgique, cette session, qui se tiendra du 2 au 13 mars 2009, a pour thème prioritaire « le partage, dans des conditions d’égalité, des responsabilités entre les hommes et les femmes, en particulier des soins dispensés dans le contexte du VIH/sida ». 


Comme l’a souligné la Présidente du Conseil économique et social (ECOSOC), Mme Sylvie Lucas, l’arrivée des femmes sur le marché de l’emploi n’entraîne pas automatiquement, loin s’en faut, un rééquilibrage dans le partage des tâches domestiques, la pandémie de VIH/sida ayant même renforcé le rôle des femmes en tant que dispensatrices de soins au foyer.  La Sous-Secrétaire générale et Conseillère spéciale pour la parité des sexes et la promotion de la femme, Mme Rachel Mayanja, a estimé à 90% la part des femmes et des filles dans la dispense des soins nécessaires pour faire face à cette pandémie. 


Ce poids disproportionné assumé par les femmes à la maison a des conséquences sur leur accès à l’éducation et l’emploi, a poursuivi dans le même sens le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, M. Sha Zukang, et ce, alors même que la valeur des soins et activités domestiques n’entre toujours pas dans les statistiques.


Parmi les documents qui seront examinés par la Commission à l’occasion de cette session figure le rapport du Secrétaire général*, qui traite des causes et des conséquences de l’état actuel des choses et propose des réponses politiques.  Il recommande ainsi que l’importance réelle et la valeur économique des tâches domestiques et des soins apportés aux malades soient reconnues et prises en compte dans les programmes de développement socioéconomique.  Constatant également que le partage des tâches domestiques entre hommes et femmes ne suffit pas, le rapport préconise une augmentation des investissements dans les services publics, les infrastructures et les mesures de protection sociale. 


Après les présentations faites par les orateurs cités, des discours ont été prononcés par de nombreuses autres personnalités dont le Directeur exécutif du Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA), la Directrice exécutive de l’Institut de recherche des Nations Unies pour le développement social (IRNUDS) et la Directrice du Bureau de l’égalité hommes-femmes de l’Organisation internationale du Travail (OIT).  Les Ministres ou représentants de la Gambie; de la République tchèque, au nom de l’Union européenne; de l’Afrique du Sud, au nom de la Communauté pour le développement de l’Afrique australe (SADC); de l’Azerbaïdjan; de l’Autriche; de la Côte d’Ivoire; de l’Italie; de l’Espagne; du Soudan, au nom du Groupe des 77 et de la Chine; et de Cuba, au nom du Mouvement des pays non alignés, ont également pris la parole.


Dans l’après-midi, les débats ont pris la forme de deux tables rondes sur le thème prioritaire de cette session.  Résumant les débats, le Président de la Commission a estimé qu’il restait un gros travail à mener sur les mentalités pour convaincre les hommes mais aussi les femmes qu’en coopérant dans les soins domestiques ou les soins à domicile aux malades, chacun a quelque chose à gagner.  À cette fin, il faut confronter les expériences, coopérer, être concret et savoir faire œuvre de vulgarisation, a-t-il ajouté. 


En début de séance, la Commission avait procédé à l’élection d’un Groupe de travail chargé des communications, composé de Mme Janine Elizabeth Coye-Felson de Belize, M. Asif Gorayev de l’Azerbaïdjan, Mme Ana Jimenez de l’Espagne, Palesa Joyce Liphotodu Lesotho et Mme Fuzuki Nomura du Japon.


La prochaine réunion de la Commission de la condition de la femme aura lieu demain, mardi 3 mars, à partir de 10 heures.


* E/CN.6/2009/2


SUIVI DE LA QUATRIÈME CONFÉRENCE MONDIALE SUR LES FEMMES ET DE LA VINGT-TROISIÈME SESSION EXTRAORDINAIRE DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE INTITULÉE « LES FEMMES EN L’AN 2000: ÉGALITÉ ENTRE LES SEXES, DÉVELOPPEMENT ET PAIX POUR LE XXIE SIÈCLE »


Déclarations liminaires


Mme ASHA-ROSE MIGIRO, Vice-Secrétaire générale des Nations Unies, a salué la décision de la Commission de consacrer en priorité sa présente session au thème du « partage égal, dans des conditions d’égalité, des responsabilités entre les femmes et les hommes, en particulier les soins dispensés dans le contexte du VIH/sida ».  Elle a rappelé que des déséquilibres et des inégalités demeurent dans les responsabilités des hommes et des femmes tant dans la sphère publique que dans la sphère privée, autant dans le travail rémunéré que non rémunéré.  L’essentiel du travail consistant à prendre soin de la famille est toujours effectué par les femmes et les fillettes, que ce soit dans les pays en développement ou développés.


En conséquence, les opportunités des femmes sont limitées dans les domaines de l’emploi, de l’éducation, de la formation et de la participation à la vie publique, alors que le rôle des hommes dans la vie familiale s’affaiblit.  Les familles, les communautés et la société souffrent toutes de cette situation, a déclaré la Vice-Secrétaire générale.


La pandémie de VIH/sida a clairement montré que des acteurs aussi divers que l’État, le secteur privé et la société civile ont un rôle à jouer dans le travail consistant à prendre soin des personnes affectées par ce fléau.  La consolidation de ce rôle est une tâche urgente qui exige une approche globale, a estimé Mme Migiro.  Il faut d’abord, s’est-elle expliquée, reconnaître le travail non rémunéré et les soins dispensés par la femme au foyer et souligner leur contribution au développement socioéconomique.  Il faut aussi reconnaître la nécessité de réduire, en temps et en charge de travail, les responsabilités domestiques.  Cela suppose des investissements pour améliorer la qualité des soins aux enfants, aux personnes âgées, aux malades et aux personnes handicapées et diminuer leurs coûts.  Cela exige aussi l’amélioration de l’accès aux infrastructures publiques telles que les transports, l’eau, l’assainissement et à l’énergie, a déclaré la Vice-Secrétaire générale.


Il faut également, a-t-elle poursuivi, traiter des responsabilités auxquelles sont confrontées les femmes et les filles qui s’occupent des membres de leur famille affectés par le VIH/sida, et trouver les moyens de renforcer le rôle des hommes, tout en étant conscient qu’un meilleur partage des responsabilités n’est pas en soi suffisant pour faire face à ces défis croissants.  Enfin, il faut adopter et appliquer des lois et des politiques qui concilient le travail et les responsabilités familiales des hommes et des femmes, a estimé Mme Migiro, en jugeant nécessaire de corriger les inégalités salariales, de rendre plus souple le temps de travail, de fournir de meilleures conditions de congés et de les rendre plus attrayantes pour les hommes. 


Nous devons, a-t-elle insisté, lutter contre les stéréotypes sur les rôles des hommes et des femmes, et ce, dans les foyers, les écoles et les communautés mais aussi auprès des leaders de la vie publique.  Sans protection sociale et protection des droits, trop de femmes continueront à porter le fardeau le plus lourd dans la prise en charge des personnes atteintes du VIH/sida.  C’est non seulement injuste mais c’est aussi une forme grave de discrimination voire de violence contre les femmes, a-t-elle ajouté.  En menant la Campagne « Unissons-nous pour mettre fin à toutes les formes de violences contre les femmes et les filles », le Secrétaire général est résolu à mettre fin à ce fléau, a-t-elle poursuivi.  Le Secrétaire général continue de promouvoir le message selon lequel la violence contre les femmes n’est jamais acceptable, jamais excusable et jamais tolérable, a rappelé la Vice-Secrétaire générale.  


Mme SYLVIE LUCAS, Présidente du Conseil économique et social (ECOSOC), a souligné, à son tour, que l’arrivée des femmes sur le marché de l’emploi n’équilibre pas automatiquement le partage des tâches domestiques, bien au contraire.  Pour elle, la pandémie de VIH/sida a même renforcé le rôle des femmes en tant que dispensatrices de soins au foyer.  Cette situation, a-t-elle prévenu, influe sur les femmes et sur leurs chances de développement économique et social.  Elle a donc jugé nécessaire de réviser les législations nationales et de donner des directives claires sur les questions de développement socioéconomique. 


Rappelant que l’ECOSOC a invité les commissions techniques à faire des propositions, la Présidente s’est félicitée de la décision de la Commission de la condition de la femme d’organiser une session sur la santé publique.  Elle a salué les efforts de coordination de la Commission avec plusieurs autres commissions techniques, notamment avec la Commission de statistique.  La Présidente s’est également félicitée des méthodes de travail actuelles de la Commission, axées sur le développement des législations nationales, ce qui renforce son rôle de catalyseur dans la promotion de l’égalité entre les sexes.


Quel que soit le statut de l’emploi et du développement socioéconomique, partout dans le monde, a insisté, à son tour, M. SHA ZUKANG, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, les femmes continuent d’assumer un poids disproportionné des charges domestiques alors que la valeur des soins et activités domestiques n’entre toujours pas dans les statistiques.  À l’instar de la Vice-Secrétaire générale, il a reconnu que de telles inégalités ont des conséquences sur l’accès des femmes à l’éducation et l’emploi.  Plaidant, à son tour, pour que les responsabilités dans les tâches ménagères soient mieux équilibrées, M. Zukang a invité la Commission à faire des propositions audacieuses.  La Commission, a-t-il aussi plaidé, devra se pencher sur diverses autres questions comme les répercussions de la crise économique et financière sur la promotion de l’égalité entre les hommes et les femmes. 


Mme RACHEL MAYANJA, Sous-Secrétaire générale et Conseillère spéciale pour la parité des sexes et la promotion de la femme, a salué les progrès accomplis par la Commission dans l’amélioration de ses méthodes de travail et la qualité de ses conclusions qui ont eu un impact sur d’autres processus intergouvernementaux tels que la Déclaration de la Conférence d’examen de Doha et le Programme d’action d’Accra.  Elle a rappelé que la dimension sexospécifique a également été intégrée dans les Déclarations ministérielles des sessions de fond du Conseil économique et social. 


Le thème de la présente session est vital pour l’autonomisation politique, sociale et économique de la femme, a-t-elle estimé, car tant dans les pays en développement que dans les pays développés, la femme assume la majorité des tâches domestiques.  Dans le contexte du VIH/sida, les soins dispensés aux membres de la famille sont devenus une principale source d’inégalités, a-t-elle affirmé, à son tour.  Selon les estimations, au niveau mondial, les femmes et les filles dispensent 90% des soins nécessaires pour faire face à cette pandémie.  Ce partage inégal des responsabilités a des incidences dans plusieurs domaines, notamment la participation politique, la santé, le bien-être social, la famille, l’éducation et le marché de l’emploi. 


La Conseillère spéciale a recommandé l’établissement de mesures incitatives, pour créer un environnement où les hommes partagent les responsabilités au sein de la famille.  Pour elle, la cinquante-troisième session de la Commission se tient à un moment critique, à savoir un an avant le quinzième anniversaire de la quatrième Conférence internationale sur les femmes qui coïncidera avec l’examen des progrès accomplis par les États Membres, les organisations internationales et la société civile, dans la réalisation des objectifs des Conférences de Beijing et du Caire, ainsi que de ceux du Sommet du Millénaire. 


Mme Mayanja a exhorté la Commission à donner un nouvel élan à l’ordre du jour mondial en matière d’égalité entre les hommes et les femmes, et à énumérer les six défis les plus urgents dans ce contexte, notamment en matière d’éducation et d’accès à la santé.  Elle a toutefois attiré l’attention sur les crises actuelles, la violence à l’égard des femmes, les conflits armés et l’instabilité, qui constituent des défis importants à relever et qui exigent une attention urgente.  Elle a appelé les États Membres à faire preuve de créativité pour trouver des solutions viables dans ce contexte difficile.  La crise financière et économique actuelle ainsi que les déséquilibres qui s’ensuivent menacent plus encore le développement socioéconomique des femmes, a-t-elle souligné, en insistant sur le fait que la parité entre les sexes est le socle sur lequel il faut axer ces solutions. 


Il faut corriger les facteurs qui ont provoqué la hausse des prix des produits de première nécessité.  Il faut, a-t-elle aussi suggéré, agir à court terme en mettant en place des systèmes de fourniture d’aide alimentaire aux femmes.  Revenant sur la question de la violence contre les femmes, elle a invité tous les participants à cette session de la Commission à prendre part à une manifestation prévue le 5 mars dans le cadre de la Journée internationale de la femme. 


Parlant de la paix et la sécurité, elle a annoncé la parution en juin du rapport du Secrétaire général qui évoquera la question de la violence é l’égard de la femme comme arme de guerre.  Elle a aussi annoncé la tenue d’une réunion ministérielle de l’Union européenne, pour évaluer les progrès réalisés dans mise en œuvre de la résolution du Conseil de sécurité sur les femmes et la paix. 


Concernant la représentation des femmes au sein du Secrétariat de l’ONU, elle a regretté la lenteur des progrès, en indiquant que les femmes sont passées d’un taux de 37,4% en juillet 2006 à celui de 37,5% en juin 2008.  En conclusion, la Conseillère spéciale a présenté le rapport du Secrétaire général sur l’Institut international de recherche et de formation pour la promotion de la femme (INSTRAW) et son Cadre stratégique 2008-2011. 


Déclarations


M. MICHEL SIDIBE, Directeur exécutif du Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA), a déclaré que le monde est affecté par le choc de la crise économique et financière, mais aussi bombardé de nouvelles et de rapports sur les terribles exactions perpétrées contre les femmes.  Il a rappelé qu’il existe un rapport étroit entre la violence sexuelle dont les femmes sont victimes de la part de leurs partenaires et le VIH/sida.  Il a appelé les États à agir pour indemniser les victimes et poursuivre les auteurs de cette violence en justice.  Disant craindre que la crise économique et financière n’aggrave le sort des femmes, le Directeur exécutif a prôné une « révolution sociale » qui mette les générations futures à l’abri du VIH/sida. 


Nous devons faire en sorte que la décision prise en 2006 d’offrir à tous un accès aux soins contre le VIH/sida soit mise en œuvre.  Cette cause, a plaidé le Directeur exécutif, est liée à celle de l’égalité entre les hommes et les femmes.  Il faut donner aux femmes et filles le pouvoir de se protéger contre le VIH/sida grâce à un accès universel aux soins de santé sexuelle et reproductive, et à une éducation adéquate, a-t-il insisté.  Jamais une femme ne devrait dépendre de son partenaire sexuel pour préserver sa vie.  La réduction de la pauvreté doit s’accompagner d’une plus grande dignité et d’une démocratisation de la gouvernance qui doit se faire « par le bas ».  


M. THANDIKA MKANDAWIRE, Directeur exécutif de l’Institut de recherche des Nations Unies pour le développement social (IRNUDS), a considéré d’emblée qu’il faudrait absolument illustrer de manière visible tous les aspects du partage des responsabilités entre hommes et femmes dans les processus de prise de décisions.  Il a regretté que les dirigeants aient attendu les crises pour se réveiller et prendre conscience du déséquilibre flagrant en matière de fourniture de soins dans le contexte du VIH/sida, et de la forte pression que subissent les femmes. 


Dans les pays les plus riches où le taux de natalité a gravement chuté, les ministères ont commencé à réfléchir à des questions telles que la possibilité de donner des primes aux femmes pour les inciter à faire des enfants et même de reconnaître leur travail en tant que dispensatrices de soins au sein de la famille.  Il faut, a-t-il estimé, se pencher sur l’élimination et la réduction des désavantages que les femmes subissent.  Il faut investir dans la santé, la flexibilité de l’emploi et les infrastructures de base pour éviter aux femmes des tâches supplémentaires comme celle d’aller puiser de l’eau ou couper du bois. 


Mme JANE HODGES, Directrice du Bureau de l’égalité hommes-femmes de l’Organisation internationale du Travail (OIT), a souligné que l’OIT est depuis 9 ans à la pointe de la promotion de la parité entre les sexes et de la non-discrimination dans le travail.  Elle a illustré son propos en rappelant l’adoption, en juin 2008, de la Déclaration sur la justice sociale pour une mondialisation équitable, qui considère l’égalité entre les hommes et les femmes comme un élément central.


Elle a aussi rappelé qu’avant même la crise économique et financière, il y avait une crise mondiale de l’emploi.  Compte tenu de la crise, le nombre des travailleurs pauvres, parmi lesquels les femmes sont surreprésentées, pourrait atteindre 1,4 milliard, a déclaré Mme Hodges.  La proportion des personnes ayant un travail précaire, où, là encore, les femmes sont surreprésentées, pourrait atteindre 53% de la population active.  Ce scénario est alarmant mais pas inéluctable, a estimé Mme Hodges, en appelant cependant à un engagement de tous les gouvernements et de toutes les organisations présentes à la Commission ou ailleurs. 


L’expérience montre que les investissements dans les services publics et la mise en œuvre de politiques combattant les cycles de dépression peuvent contribuer à limiter les effets négatifs des crises qui touchent en premier lieu les femmes, a déclaré Mme Hodges.  Elle a souligné que, dans le contexte, les mesures qui tiennent compte de la voix des femmes sont celles qui ont le plus de chances de réussir.  L’OIT, a-t-elle promis, est prête à aider les États qui renforcent les politiques sociales visant à réduire le travail non rémunéré, a-t-elle ajouté.


Mme Hodges a rappelé que la conciliation des responsabilités familiales avec un emploi rémunéré ne peut se faire sans des services publics efficaces.  Dans l’état actuel des choses, la difficulté à équilibrer vie familiale et vie professionnelle s’est encore accrue avec l’épidémie de VIH/sida.  Mme Hodges a indiqué que le « Recueil de directives pratiques sur le VIH/sida et le monde du travail », adopté en 2001 par l’OIT, représente le cadre des mesures sur le VIH/sida liées à l’emploi.  Il donne des conseils précieux sur la dimension sexuelle de l’épidémie du sida, a-t-elle affirmé.


Mme AJA ISATOU NJIE-SAIDY, Vice-Présidente et Secrétaire d’État aux affaires féminines de la Gambie, a jugé le débat pertinent du fait de la crise économique et financière mondiale et de son impact sur les femmes en particulier.  Elle a estimé que tous les instruments internationaux négociés sous l’égide des Nations Unies ont permis aux femmes de bénéficier de nouvelles opportunités.  Elle a par exemple indiqué que la présidence de l’Assemblée nationale de son pays ainsi que d’autres postes d’importance sont occupés par des femmes.  Cette année, a-t-elle encore annoncé, l’Assemblée nationale s’est fixée des objectifs très clairs en matière de renforcement des droits de la femme, en particulier dans le contexte de la pandémie de VIH/sida. 


Elle a mis l’accent sur la prévention et les méthodes efficaces de protection pour les jeunes des deux sexes contre ce fléau.  Elle a indiqué que les politiques publiques ont été élargies pour mettre en place de nouvelles installations sanitaires et des soins au profit des personnes infectées par le VIH/sida.  La Secrétaire d’État a aussi annoncé que des politiques de sensibilisation à la responsabilité des hommes vont être adoptées par l’Assemblée nationale, avant de remercier les donateurs internationaux pour leur contribution.


M. ABDALMAHMOOD ABDALHALEEM MOHAMAD (Soudan), au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a prévenu que la crise économique et financière menace les résultats déjà modestes dans la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).  Le chômage, la pauvreté et la faim sont pires que dans les prévisions les plus pessimistes, a-t-il ajouté, précisant que les femmes et filles seront les plus durement touchées.  Il a donc jugé nécessaire d’inclure une dimension sexospécifique dans les plans visant à atténuer les effets de la crise.


Le représentant a rappelé que les inégalités dont souffrent les femmes dans la sphère publique commencent souvent par des relations inégales entre femmes et hommes au sein de la famille.  Les inégalités dans la répartition des responsabilités domestiques limitent la capacité des femmes à trouver le temps de développer les compétences nécessaires à la participation dans la prise des décisions publiques.  Ces difficultés sont nettement accrues dans les familles affectées par le VIH/sida, notamment à cause d’un manque de soutien et du désintérêt des hommes, a ajouté M. Abdalhaleem Mohamad. 


Le Groupe des 77 et la Chine estiment que tous les États devraient prendre des mesures pour traiter ces questions au niveau national, en facilitant le partage égal des responsabilités entre hommes et femmes.  Il est également nécessaire de renforcer la coopération internationale en la matière, a-t-il encore dit, en invitant les pays développés à faire les efforts nécessaires pour honorer l’engagement de consacrer 0,7% de leur PIB à l’aide publique au développement (APD) et de 0,15 à 0,20% du même PIB au pays les moins avancés (PAM).


M. MICHAEL KOCÁB, Ministre chargé des droits de l’homme et des minorités de la République tchèque, au nom de l’Union européenne, a rappelé que le respect sans délai des engagements internationaux existants et relatifs au partage égal des responsabilités entre femmes et hommes est une condition nécessaire à la réalisation pratique de cette égalité.  Il a rappelé en ce sens les Programmes d’action du Caire et de Beijing, les Conventions sur la lutte contre la discrimination à l’égard des femmes, sur les droits de l’enfant et sur l’emploi qui ont fixé aux États parties des obligations claires.  M. Kocáb a jugé qu’il faut adopter des incitations et créer un environnement économique plus propice au partage des tâches entre les hommes et les femmes. 


Il faut multiplier les services pour la garde des enfants et des personnes âgées, offrir des congés parentaux et lutter contre les stéréotypes sur le rôle des hommes et des femmes.  Il faut renverser la tendance actuelle à la féminisation des soins à domicile aux personnes atteintes du VIH/sida, a-t-il ajouté, en appelant à une approche intégrée pluridisciplinaire pour lutter contre les discriminations à l’égard des femmes, y compris les traditions telles que les mutilations génitales.  Il faut faire en sorte que la lutte en faveur de l’égalité entre les sexes ne subisse pas les effets de la crise économique et financière actuelle. 


M. ABELARDO MORENO (Cuba), au nom du Mouvement des pays non alignés, a souligné les « excellents » résultats de la deuxième Réunion ministérielle du Mouvement des pays non alignés sur la promotion de la femme, qui a eu lieu en janvier dernier à Guatemala city.  La Réunion, a-t-il rappelé, a eu lieu dans un contexte particulièrement douloureux pour la population de Gaza, victime de l’agression militaire massive d’Israël qui a été condamnée par le Mouvement. 


La Déclaration et le Plan d’action de Guatemala paraîtront bientôt en tant que documents officiels des Nations Unies, a annoncé le représentant, en indiquant qu’à l’issue de la Réunion de Guatemala, il est apparu clairement que les engagements pris par rapport aux 12 domaines de préoccupation du Programme d’action de Beijing n’ont pas été pleinement mis en œuvre.  Il a annoncé qu’en 2010, le Mouvement des non-alignés se réunira à nouveau au niveau ministériel à Doha au Qatar, pour poursuivre l’évaluation de ce Programme.


Mme MANTO TSHABALALA-MSIMANG, Ministre à la Présidence de l’Afrique du Sud, au nom de la Communauté pour le développement de l’Afrique australe (SADC), a posé l’égalité entre les hommes et les femmes comme une condition indispensable au développement durable.  C’est la raison pour laquelle, a-t-elle affirmé, tous les membres de la SADC ont adhéré aux instruments internationaux pertinents.  La représentante a rappelé les mesures prises par la SADC en faveur de l’égalité entre les hommes et les femmes, en précisant que les pays membres font en sorte que leurs systèmes traditionnels et leurs habitudes culturelles soient plus réceptifs à la question.  Elle a ainsi expliqué, qu’avant que les responsabilités en matière de soins dispensés aux personnes affectées par le VIH/sida soient conférées aux hommes, elles sont d’abord partagées entre différentes générations de femmes, comme les grand-mères. 


Les études montrent qu’en Afrique du Sud, les deux tiers des personnes qui fournissent les soins de santé primaire dans les ménages, y compris au profit des handicapés sont des femmes dont un quart a plus de 60 ans.  Les pays de la SADC travaillent à la question, a-t-elle assuré, en ajoutant qu’ils se sont aussi engagés à ce que 50% des postes de décision soient occupés par des femmes d’ici à 2015 et ce, dans le secteur public comme dans le secteur privé.  La justice et la mobilisation sociales ne seront possibles que par un partenariat réel entre les hommes et les femmes.  La Ministre a donc demandé à la communauté internationale d’honorer les engagements pris dans le domaine de l’APD, de l’allègement de la dette et de l’accès aux marchés. 


Mme HIJRAN HUSEYNOVA, Présidente du Comité d’État pour la famille, les femmes et les enfants de l’Azerbaïdjan, a évoqué une période de transition très difficile dans son pays, conditionné par un conflit armé et des réformes nombreuses.  Le Gouvernement juge important de garantir la parité entre les sexes, y compris par l’intégration des réfugiés et des déplacés dans la société, la promotion des filles ou encore l’accès à la santé génésique.  Elle a souligné le caractère inclusif de ce travail qui profite des contributions des organisations non gouvernementales (ONG), des organisations féminines et des autres acteurs de la société civile.  La représentante a passé en revue plusieurs programmes mis en œuvre par son pays dont certains portent sur la réduction de la pauvreté, la promotion de femmes à des postes de décision et l’organisation, l’année dernière, d’un Congrès des femmes pour le dialogue qui a bénéficié du plein appui du Président azéri. 


Mme GABRIELE HEINISCH-HOSEK, Ministre de la condition de la femme de l’Autriche, a présenté des mesures prises dans son pays pour mieux harmoniser la vie familiale et professionnelle des femmes comme des hommes, en incitant les pères à partager les responsabilités familiales.  L’accent est également mis sur les services à la petite enfance pour permettre aux femmes de conserver un emploi à temps plein et de s’assurer ainsi des revenus indépendants.  Très souvent les femmes doivent réduire leurs heures de travail pour s’occuper des enfants ou des malades dans la famille, a rappelé la Ministre, en reconnaissant, à son tour, que l’épidémie de VIH/sida a aggravé cette situation.  Elle a fait part du Programme « HIV mobile » qui a été mis en place pour assurer l’interface entre soins à domicile et hospitalisation.  Cinquante pour cent du personnel de ce Programme sont des hommes, a-t-elle affirmé.


Mme ADJOUA JEANNE PEUHMOND, Ministre de la famille, de la femme et des affaires sociales de la Côte d’Ivoire, a rappelé que son pays s’est résolument engagé dans un processus irréversible de sortie de crise depuis la signature, le 4 mars 2007, de l’Accord politique d’Ouagadougou.  À côté des efforts déployés pour une sortie durable de crise, l’État continue de faire face à la fois aux importants besoins humanitaires et aux enjeux liés à la relance économique et à la réduction de la pauvreté.  Parmi ces nombreux défis, elle a mentionné les réponses apportées à la violence fondée sur le sexe, dont les manifestations visibles sont, entre autres, la féminisation du VIH/sida.


En matière de séroprévalence, le rapport hommes-femmes qui était de 4,8 hommes pour une femme en 1988, est passé à un homme pour une femme en 2000 et aujourd’hui, à moins d’un homme pour une femme.  Par ailleurs, l’enquête sur les indicateurs du sida (EIS) réalisée en 2005, révèle un taux de séroprévalence de 4,7% dans la population générale, avec 6,4% chez les femmes et 2,9% chez les hommes.


En milieu rural, cette prévalence est estimée à 4,1% contre 5,4% en milieu urbain, et les orphelins, les enfants et les personnes handicapées sont rendus encore plus vulnérables du fait de cette épidémie, a insisté la Ministre ivoirienne, en ajoutant que ce tableau est aggravé par la montée des maladies sexuellement transmissibles (MST), avec une proportion de 8% chez les hommes et 20% chez les femmes. 


Face à l’ampleur de l’épidémie, de ses conséquences ravageuses et de la persistante des inégalités de genre dans le contexte du VIH/sida, le Gouvernement ivoirien a eu recours à la planification stratégique, tout en veillant à renforcer la capacité de coordination des questions relatives aux violences fondées sur le genre.  Ainsi un Ministère en charge de la lutte contre le sida a été créé en 2001, et en 2006, une Direction de l’égalité et de la promotion du genre.  Une loi relative aux mesures de prévention, de protection et de contrôle en matière de lutte contre le VIH/sida, est en cours de finalisation.


Pour parvenir à un partage égal des responsabilités en matière de soins dispensés dans le contexte du VIH/sida, la Ministre a insisté sur la création d’un environnement propice au changement des mentalités et des comportements, ainsi qu’à la sensibilisation et à la mobilisation des hommes et des communautés.  Elle a aussi appelé à la prise en compte de l’approche genre comme outil d’orientation des politiques de développement, à la transformation des modes institutionnels de prise de décisions, à l’élaboration d’indicateurs permettant de suivre les résultats des programmes sur le VIH/sida, à la lutte contre les stéréotypes liés au genre et à l’amélioration du statut de la femme, des malades du sida et de leurs survivants.


Mme MARA CARFAGNA, Ministre de l’égalité des chances de l’Italie, a rappelé que lors de son élection en 2007 au Conseil des droits de l’homme, son pays s’est engagé à œuvrer en faveur de l’égalité des sexes et de la protection des droits des femmes.  Une de ces priorités est la lutte contre les violences sexuelles faites aux femmes, a-t-elle dit.  Ces violences, qui sont sources de ravages physiques et psychologiques, ont un coût social élevé pour la communauté tout comme elles constituent un problème de dimension mondiale affectant tous les pays et toutes les classes sociales, a-t-elle ajouté. 


La Ministre a rappelé que depuis 15 ans, la législation de son pays a été fortement amendée pour protéger les femmes et les mineurs des violences domestiques.  Elle a cité, en particulier, la date clef de 1996, celle de l’adoption d’une loi qui a transformé les « délits contre la moralité publique » en « délits contre la personne ».  L’Italie a ainsi une des législations les plus strictes au monde, laquelle prévoit des peines allant jusqu’à 14 ans de prison.  L’attention de plus en plus croissante que les médias et l’opinion publique accordent aux affaires particulièrement graves a permis d’accélérer la prise de conscience, a-t-elle ajouté.  Mon ministère, a-t-elle expliqué, joue un rôle de catalyseur au sein du Gouvernement et parmi ses actions, il faut compter la mise en place d’un réseau national antiviolence.  Depuis 2003, l’Italie est l’un des principaux contributeurs du Programme des Nations Unies contre les mutilations génitales féminines et ne cesse d’appeler les autres pays à mieux soutenir ce Programme, a affirmé la Ministre.


Mme MAIGA SINADAMBA, Ministre de la promotion de femme, de l’enfant et de la famille du Mali, a expliqué qu’au Mali, la pandémie de sida représente à la fois une question d’urgence et une priorité nationale, compte tenu d’une prévalence moyenne de 1,3% et de 1,5% chez les femmes, 3,5% chez les femmes enceintes, 35% chez les professionnelles du sexe, 5,9% chez les vendeuses ambulantes et 2% chez les aides-familiales.  Le Mali a dû adopter plusieurs mesures pour favoriser un partenariat égal entre tous les acteurs de la vie publique et communautaire, a-t-elle ajouté, citant plusieurs lois adoptées depuis 2004.  La représentante a affirmé que l’accès des femmes et des hommes aux moyens de prévention, de soins et de soutien est équitable, tout en reconnaissant que des défis énormes restent à relever dans la lutte contre la féminisation de la pandémie et les stéréotypes liés au genre. 


Mme BIBIANA AÍDO ALMAGRO, Ministre espagnole de l’égalité, a indiqué que son gouvernement s’est concentré sur le principe d’égalité de traitement pour tous les citoyens, y compris le partage équitable des responsabilités entre les hommes et les femmes.  Il s’agit de fixer des normes claires pour lutter contre les attitudes négatives, a-t-elle considéré.  La loi sur l’égalité a été adoptée pour protéger les droits des personnes vulnérables ou dépendantes.  Elle a aussi attiré l’attention sur l’importance de la parité entre les hommes et les femmes pour ce qui est de l’accès aux soins de santé et à l’emploi.  Elle a également souligné l’importance qu’il y a à reconnaître le travail non rémunéré des femmes et d’assurer une justice sociale et un développement social durable.  L’égalité n’est pas un objectif en soi mais un moyen dont il faut faire la promotion en tant que droit fondamental, a-t-elle conclu.


Tables rondes de haut niveau parallèles sur le thème « partage, dans des conditions d’égalité, de responsabilités entre les hommes et les femmes, en particulier des soins dispensés dans le contexte du VIH/sida »


Table ronde 1


Au cours de cette table ronde, certains orateurs ont fait remarquer que les politiques mises en place dans de nombreux pays permettent aux femmes de faire entendre leur voix et de prendre des responsabilités dans la sphère publique.  Mais, comme l’a noté la représentante de l’Argentine, il arrive que des femmes qui ont ces postes de responsabilités n’aient pas de pouvoir réel dans leur vie privée.  Il faut donc repenser les relations de pouvoirs entre les hommes et les femmes et changer les stéréotypes, y compris en utilisant les médias. 


Mais comment les changer, y compris dans l’esprit des femmes?  La représentante des Pays-Bas a en effet rappelé que, parmi les nombreuses options offertes aux femmes néerlandaises pour leur permettre de choisir leur mode de vie et la manière de concilier vie familiale et vie professionnelle, la plus utilisée par les femmes restait le travail à temps partiel.  La représentante de la Côte d’Ivoire a mentionné une expérience au niveau d’une communauté, qui a mis en lumière que les principaux obstacles à l’application des lois sur le partage des responsabilités étaient imputables aux chefs coutumiers ou religieux, qui vont même jusqu’à s’opposer à l’application des sanctions prévues contre les responsables de violences sexuelles.  La représentante d’une ONG ougandaise a estimé que, dans le cas spécifique du VIH/sida, le seul moyen d’impliquer à la fois les hommes et les femmes était dans le cadre des soins à domicile, qui permettent non seulement de sauver des malades mais aussi de partager des expériences.


S’il faut changer les mentalités, notamment masculines, il faut aussi adopter des politiques permettant d’accompagner ce changement.  La représentante de l’Allemagne a ainsi expliqué que, si dans son pays, des femmes occupent les plus hautes responsabilités, ce sont encore souvent les hommes qui assurent les revenus du foyer, en n’assumant guère qu’un cinquième des responsabilités dans la vie familiale.  Néanmoins, ils souhaitent y prendre une part plus importante, en particulier s’agissant des tâches parentales.  Des mesures ont donc été prises pour offrir des formes de congé parental accessibles aux hommes comme aux femmes, qui sont d’ailleurs de plus en plus utilisées.  La représentante de l’Afrique du Sud a elle aussi affirmé que les hommes souhaitent assumer plus de responsabilités familiales et qu’il faut les y aider.


L’expérience des pays scandinaves, très avancés en matière de partage des responsabilités au sein des familles, a été citée comme une source d’inspiration.  La représentante de la Finlande a toutefois estimé que les campagnes d’information, y compris pour les congés parentaux, ne suffisent pas.  Elle a rappelé que, dans certaines législations nordiques, la durée du congé parental est plus importante lorsque celui-ci est partagé entre les deux parents.  Le Canada a fait valoir sa législation permettant à toute personne de bénéficier d’une prestation de compensation de quelques semaines pour accompagner un membre de la famille en fin de vie.  Le représentant de la République tchèque a rappelé que la Commission européenne a lancé un programme d’échanges de bonnes pratiques en matière de parité.  La représentante de la Côte d’Ivoire a demandé si des pays avaient expérimenté la rémunération du travail domestique mais n’a pas obtenu de réponse.


De nombreux intervenants ont mis l’accent sur le droit des femmes à disposer de leur corps et sur l’importance d’une bonne éducation sexuelle des filles mais aussi des garçons.  Si elle a jugé fondamentale une telle forme d’éducation, la représentante de Cuba a estimé que, sans reconnaissance du droit au développement et une réelle possibilité de l’exercer, il serait impossible d’obtenir de réelles avancées.


Certains ont estimé que la crise économique et financière actuelle pourrait être l’occasion d’agir et de modifier les relations de travail au profit des femmes.  Mais beaucoup de représentants, en particulier ceux des pays en développement, ont plutôt estimé que la crise risquait d’entraîner des coupes dans les budgets d’APD et donc de menacer certains progrès.  La représentante du Maroc a en outre fait remarquer que la mondialisation en elle-même avait plutôt nui à la promotion des femmes, en contribuant parfois gravement à la précarisation de leur emploi.  Un débat sur la « dimension sexospécifique de la crise financière » est prévu dans le courant de la semaine.


Table ronde 2


Cette table ronde a été l’occasion pour les délégations de réaffirmer que le changement des mentalités, à tous les niveaux, nécessite des campagnes et des politiques multisectorielles concertées afin de lutter contre les stéréotypes, améliorer les soins aux enfants et aux personnes malades et impliquer les pères dans les tâches domestiques non rémunérées.  Une gamme de programmes innovateurs et de stratégies visant à la promotion effective du partage équitable des responsabilités entre les hommes et les femmes dans les soins dispensés dans le contexte du VIH/sida a été présentée par plusieurs États Membres et par des institutions du système des Nations Unies. 


Partant du constat que les soins non rémunérés et dispensés par les femmes aux membres de la famille touchés par des maladies chroniques ou incurables comme le VIH/sida, figurent parmi les principaux facteurs de l’inégalité entre les sexes, le Président de la table ronde a appelé à des efforts concertés pour faire participer toutes les parties prenantes aux soins.  En Suisse où le travail non rémunéré représentait 64% du PIB en 2004, toute personne infectée par le VIH/sida a droit à des soins quel que soit son statut vis-à-vis de la loi.  Plusieurs pays comme la Turquie, la Pologne, le Brésil et l’Australie ont modifié leur législation pour garantir des soins et des traitements rétroviraux gratuits.


L’institution du congé parental pour les femmes et les hommes figure également parmi les mesures les plus en vogue, notamment dans des pays comme la République islamique d’Iran, la Malaisie, la Thaïlande et la Zambie, qui, comme l’ont souligné leurs représentants, doivent faire face à des cultures traditionnelles bien enracinées quant au rôle qui échoit à chaque sexe.  La Ministre de l’égalité de l’Espagne a insisté sur certaines des pratiques optimales dans son pays telles que la mise en place de mécanismes d’évaluation, de suivi et d’obligation redditionnelle en ce qui concerne la parité entre les sexes.  L’élaboration de statistiques et de données a également été rendue obligatoire en Espagne.


Pour la Suède, les responsables politiques ont un rôle déterminant à jouer par l’adoption de mesures politiques, notamment la responsabilisation individuelle au sein du couple, un bon système de crèches et des prestations et services adaptés.  Le représentant de la Belgique a présenté plusieurs mesures adoptées en vue d’une relation égalitaire entre l’homme et la femme, vivant en couple mais aussi en cas de séparation ou de divorce.  En l’absence d’un contrat de mariage, le régime applicable en cas de divorce est celui de la responsabilité égale, alors qu’en cas de dissolution du mariage, la répudiation n’est pas reconnue.  En cas de séparation, le juge doit donner la priorité à la coparentalité de sorte que l’enfant passe autant de temps avec son père qu’avec sa mère.  Les entités fédérées belges offrent, par ailleurs, une aide financière aux parents d’enfants de moins de 3 ans ainsi que des bons. 


La question de la féminisation de la pauvreté a été évoquée par plusieurs délégations.  Le représentant du Sénégal a attiré l’attention sur le lien entre responsabilisation des hommes et féminisation de la pauvreté, d’une part, et infection par le VIH/sida, d’autre part.  « Le travail du sexe est une causalité de facteurs socioéconomiques et la prostitution est un corollaire de la pauvreté », a-t-il souligné, en concluant que « c’est l’homme et la femme développés qui se développent ».  Résumant le sentiment général, la représentante de la Norvège a indiqué que « l’égalité ce n’est pas seulement bon pour les femmes mais c’est bon aussi pour l’économie en général ».


En fin de séance, le Président a annoncé qu’un résumé informel des tables rondes serait compilé par le Secrétariat et posté sur le site Internet de la Commission.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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