Conférence de presse

CONFÉRENCE DE PRESSE DE M. JOHN HOLMES, SECRÉTAIRE GÉNÉRAL ADJOINT AUX AFFAIRES HUMANITAIRES, SUR LA SITUATION AU DARFOUR

24/03/2009
Communiqué de presseConférence de presse
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

CONFÉRENCE DE PRESSE DE M. JOHN HOLMES, SECRÉTAIRE GÉNÉRAL ADJOINT AUX AFFAIRES HUMANITAIRES, SUR LA SITUATION AU DARFOUR


« Les organisations non gouvernementales (ONG) expulsées du Darfour pourraient être remplacées, mais cela prendra du temps », a déclaré aujourd’hui le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence, M. John Holmes, lors d’une conférence de presse au Siège des Nations Unies, à New York.  M. Holmes a présenté le résumé et les recommandations de l’évaluation faite conjointement par le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) et le Gouvernement du Soudan, du 11 au 19 mars, pour tenter d’examiner les conséquences de la décision, prise par le Gouvernement soudanais le 4 mars, d’expulser du Soudan 13 ONG internationales et de révoquer les autorisations de trois ONG nationales.


Cette évaluation, qui concernait les trois États du Darfour et traitait, notamment, de l’assistance dans les secteurs de l’alimentation, la santé et la nutrition, de l’eau, des installations sanitaires et des abris, était essentiellement technique, a rappelé M. Holmes.  Il a affirmé que la partie soudanaise de l’équipe d’évaluation avait pris son travail très au sérieux, comme l’indique également le communiqué publié aujourd’hui, à Khartoum, par le Coordonnateur résident du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), lors d’une conférence de presse destinée, elle aussi, à présenter les conclusions de l’évaluation.


Pour combler le fossé laissé par le départ des ONG expulsées, des efforts importants sont entrepris par les ONG non touchées par la décision du 4 mars, par les Nations Unies et par le Gouvernement soudanais lui-même, ce qui constitue « un bon signe » en soi, a déclaré M. Holmes.  Néanmoins, a-t-il averti, ces mesures, telles que la distribution par le Programme alimentaire mondial (PAM) de nourriture pour deux mois par le biais de comités locaux, ne peuvent constituer que des « solutions de remplacement à court terme ».  Il a d’ailleurs précisé que l’opération du PAM, si elle permet de venir en aide à 1,1 million de personnes, ne serait pas répétée.  En outre, dans le domaine de la nutrition, de très nombreuses personnes ne reçoivent plus rien.


Par ailleurs, près de 700 000 personnes, qui auraient normalement dû recevoir des abris et autres équipements avant le début de la saison des pluies, risquent d’en être privées si le centre logistique des Nations Unies ne trouve pas de partenaires de remplacement et n’a pas accès aux listes de distribution. 


Tout en estimant à bien plus de 1,1 million de personnes recevant l’aide urgente du PAM, M. Holmes s’est toutefois dit incapable d’évaluer le nombre total des personnes affectées par le départ des ONG.  « On ne peut pas simplement ajouter » celles qui risquent d’être privées de nourriture ou d’abris, a-t-il expliqué.  M. Holmes a cependant fait remarquer que 4,7 millions de personnes dépendent de l’assistance internationale au Darfour et que c’est toute la chaîne humanitaire dans l’ensemble du Soudan, y compris dans d’autres régions, qui est affectée, même si l’évaluation conjointe ne portait que sur le Darfour.


La saison des pluies, qui débute normalement vers le mois de mai, va accroître les risques d’épidémie, a rappelé M. Holmes, en précisant que les partenaires spécialisés dans les secteurs de l’hygiène et des installations sanitaires ont quitté le pays.  On risque donc de voir augmenter les taux de mortalité et de morbidité, si les capacités opérationnelles perdues du fait des expulsions ne sont pas remplacées rapidement.


Le Coordonnateur des secours d’urgence a fait observer que si on peut remplacer à terme les ONG expulsées, on ne peut pas les remplacer rapidement.  La capacité de remplacement n’existe pas actuellement et elle ne peut être constituée que dans un an ou deux, a-t-il ajouté.  M. Holmes a indiqué que le Gouvernement soudanais a mis des médecins supplémentaires à disposition, et veille à assurer une distribution d’eau potable, précisant qu’à ce jour, aucune nouvelle ONG n’a pris le relai de celles qui ont été expulsées.


De nouveaux acteurs humanitaires fraîchement arrivés pourraient certes « combler une partie du fossé », mais ne pourraient pas « simplement arriver et remplacer en un jour ce qui a été bâti dans la durée » par les ONG expulsées, a-t-il fait remarquer.  Il ne s’agit pas seulement des compétences des 201 travailleurs humanitaires expulsés, a expliqué M. Holmes, tout en reconnaissant les compétences propres aux quelque 2 950 de leurs employés soudanais.  Ces derniers, a-t-il dit, n’ont actuellement personne pour les recruter.  En outre, a-t-il précisé, ce qui a été détruit, c’est aussi un réseau de compétences, une mémoire institutionnelle et des connaissances de terrain.  Il a par ailleurs expliqué que, dans certains camps, les gens ont une « attitude très hostile à l’égard du Gouvernement soudanais », et refusent une aide autre que celle apportée par les ONG qui les assistaient à ce jour.


Les Nations Unies essaient toujours d’obtenir du Gouvernement soudanais l’annulation de sa décision, a rappelé M. Holmes, qui a affirmé n’avoir reçu aucun élément de preuve pour étayer les accusations de malversations proférées par certaines autorités soudanaises à l’encontre de certaines des ONG expulsées.  « Pour les Nations Unies, ces allégations demeurent sans fondement », a-t-il ajouté.


« Il faut trouver maintenant le moyen de combler, de manière durable, le fossé qui existe actuellement entre capacités et besoins, a souligné le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires.  Il faut aussi rétablir une atmosphère de confiance entre les fournisseurs d’aide humanitaire et le Gouvernement du Soudan, « car les accords existants ont été ignorés », a-t-il ajouté.  En outre, il faut définir de nouveau les conditions de travail pour les humanitaires au Darfour.  Cela prendra du temps, mais c’est fondamental », a conclu M. Holmes.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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