CS/9807

Le Conseil de sécurité examine l’impact du trafic de drogues sur la paix et la sécurité en Afrique

08/12/2009
Conseil de sécuritéCS/9807
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Conseil de sécurité                                                        CS/9804

6233e séance – matin & après-midi                           décembre 2009


LE CONSEIL DE SÉCURITÉ EXAMINE L’IMPACT DU TRAFIC DE DROGUES SUR LA PAIX ET LA SÉCURITÉ EN AFRIQUE


Les membres du Conseil réaffirment la nécessité de renforcer la coopération pour lutter collectivement contre ce problème et les activités criminelles connexes


Le Conseil de sécurité a souligné aujourd’hui, au cours d’un débat consacré à la question du trafic de drogues en tant que menace à la sécurité internationale, l’ampleur du trafic transfrontalier et transrégional de la drogue, qui touche en particulier l’Afrique de l’Ouest, et la nécessité de renforcer la solidarité et la coopération dans la lutte contre cette menace à la sécurité internationale.


Ce débat auquel ont pris part le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, le Directeur exécutif de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), M. Antonio Maria Costa, et une trentaine de délégations dont plusieurs au niveau ministériel, a été marqué par l’adoption d’une déclaration présidentielle lue par le Ministre des affaires étrangères du Burkina Faso, M. Bedouma Alain Yoda. 


Par ce texte, le Conseil de sécurité, qui note le lien de plus en plus étroit entre le trafic de drogues et le financement du terrorisme, souligne qu’il importe de lutter contre le problème de la drogue dans le monde et les activités connexes sur la base d’une responsabilité commune. 


Le Secrétaire général qui intervenait après la lecture de la déclaration présidentielle, a déclaré que le caractère transnational de la menace signifie « qu’aucun pays ne peut la combattre seul », la lutte contre ce fléau nécessitant « une volonté politique constante et des ressources importantes ».  Le Secrétaire général a prôné une démarche internationale globale fondée sur la responsabilité des États qui doivent « échanger leurs informations, mener des opérations conjointes, se prêter une assistance mutuelle et mettre en place de nouvelles capacités ».


« L’Afrique a souffert de nombreuses tragédies mais jamais des conséquences du trafic de drogues », a déclaré, pour sa part, le Directeur exécutif de l’ONUDC, qui a noté que le continent africain était attaqué sur plusieurs fronts et confronté non seulement au trafic proprement dit mais également à la hausse de la production et au nombre croissant de toxicomanes. 


Attirant l’attention sur les conséquences graves en termes de santé, de développement et de sécurité de ce fléau sur les populations d’Afrique de l’Ouest, M. Antonio Maria Costa a mis l’accent sur le cas de la Guinée-Bissau, « plate-forme à partir de laquelle sont écoulées, chaque année sur le marché régional, environ 50 tonnes de cocaïne ».  M. Costa a en outre mis en garde contre les conséquences dévastatrices de l’extension du trafic de drogues aux pays du Sahel, « qui risque de renforcer davantage les organisations terroristes » opérant dans la région. 


Le Directeur exécutif de l’ONUDC qui a proposé la création d’un réseau de surveillance de la criminalité transsaharienne afin d’améliorer l’information, de contrôler les activités suspectes, de faciliter la coopération judiciaire et d’intensifier les efforts régionaux contre la criminalité organisée, a salué les initiatives menées par la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), des États Membres et des institutions de l’ONU pour appréhender efficacement le phénomène et mobiliser les ressources adaptées à cette fin.  « Depuis la mi-2008, le trafic de cocaïne a cependant baissé et une réunion de donateurs, organisée conjointement par l’ONUDC et l’Autriche le 3 décembre à Vienne, a permis d’obtenir 15 millions d’euros pour aider la CEDEAO à réduire la vulnérabilité de la région au trafic de drogues et à la criminalité », a-t-il ainsi assuré.


Le Ministre du Royaume-Uni pour le développement international, M. Gareth Thomas, a estimé, de son côté, qu’en Afrique de l’Ouest, la criminalité organisée et le trafic de drogues ont le potentiel de « saper tous les efforts menés dans la région pour accélérer le développement, réduire la corruption et améliorer les conditions de vie des populations les plus pauvres ». 


Faisant siennes les recommandations figurant dans la déclaration présidentielle, il a invité le Secrétaire général de l’ONU à institutionnaliser la question du trafic de drogues et à envisager d’en faire un facteur des stratégies de prévention des conflits et d’évaluation et de planification des missions d’appui à la consolidation de la paix. 


Concernant les trois conventions des Nations Unies sur les stupéfiants, le Conseil de sécurité, dans sa déclaration, encourage les États parties à s’acquitter de leurs obligations et invite ceux qui ne l’ont pas encore fait à adhérer à ces instruments.  Il se dit également conscient du rôle majeur joué par les États et les organisations régionales et sous-régionales pour s’attaquer à la question du trafic de drogues sous tous ses aspects. 


La Commissaire chargée du développement et du genre de la CEDEAO, Mme Adrienne Diop, qui s’exprimait au nom du Président de la Commission de la CEDEAO, M. Mohamed ibn Chambas, a rappelé que les chefs d’État et de gouvernement de la région avaient adopté récemment une Déclaration politique et un Plan d’action régional sur la prévention et la répression du trafic illicite de stupéfiants et de la criminalité organisée en Afrique de l’Ouest. 


« Ce plan d’action inclut aussi des aspects de communication et de sensibilisation pour associer les médias, les organisations non gouvernementales, les institutions traditionnelles et les programmes de développement alternatif », a-t-elle précisé. 


Dans sa déclaration présidentielle, le Conseil de sécurité se dit conscient du rôle majeur joué par la société civile et les autres parties prenantes pour s’attaquer au trafic de drogues de façon globale.



PAIX ET SÉCURITÉ EN AFRIQUE


Déclaration présidentielle


Le Conseil de sécurité réaffirme que la Charte des Nations Unies lui a assigné la responsabilité principale du maintien de la paix et de la sécurité internationales.


Le Conseil note avec inquiétude les graves menaces que le trafic de drogues et la criminalité transnationale organisée connexe font parfois peser sur la sécurité internationale dans différentes régions du monde, notamment l’Afrique. Dans certains cas, le lien de plus en plus étroit entre le trafic de drogues et le financement du terrorisme constitue aussi une source de préoccupation croissante.


Le Conseil souligne à quel point il importe d’intensifier la coopération transrégionale et internationale afin de lutter contre le problème de la drogue dans le monde et les activités criminelles connexes, sur la base d’une responsabilité commune et partagée, et d’étayer les organisations et mécanismes nationaux, sous-régionaux et régionaux compétents, notamment afin de renforcer l’état de droit.


Le Conseil est conscient de l’importance que revêtent les dispositions prises par l’Assemblée générale, le Conseil économique et social, la Commission des stupéfiants, l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (UNODC) et d’autres organes et organismes des Nations Unies afin de faire face aux nombreux risques de sécurité posés par le trafic de drogues dans de nombreux pays et régions, notamment l’Afrique, et les encourage à prendre de nouvelles mesures.


Le Conseil souligne à quel point il importe de mieux coordonner les activités de l’Organisation des Nations Unies, y compris la coopération avec INTERPOL, afin d’améliorer l’efficacité de l’action internationale contre le trafic de drogues aux échelons national, régional et international et de s’attaquer à ce problème mondial d’une façon plus exhaustive, conformément au principe de la responsabilité commune et partagée.


À cet égard, le Conseil réaffirme et salue le travail important mené par l’UNODC, en collaboration avec les entités compétentes des Nations Unies, et souligne qu’il faut disposer de capacités adéquates pour appuyer les efforts nationaux.


Le Conseil invite le Secrétaire général à envisager d’institutionnaliser la question du trafic de drogues et d’en faire un facteur des stratégies de prévention des conflits, d’analyse des conflits, d’évaluation et de planification des missions intégrées et d’appui à la consolidation de la paix.


Le Conseil encourage les États à s’acquitter de leurs obligations concernant la lutte contre le trafic de drogues et d’autres formes de criminalité transnationale organisée, à envisager d’adhérer aux conventions internationales pertinentes, notamment au trois conventions des Nations Unies sur les stupéfiants, à enquêter, selon qu’il conviendra, sur les personnes et entités impliquées dans le trafic de drogues et des activités criminelles connexes et à les poursuivre en justice conformément au droit international des droits de l’homme et dans le respect des normes applicables en matière de procédure régulière.


Le Conseil est conscient du rôle majeur joué par les États et les organisations régionales et sous-régionales pour s’attaquer à la question du trafic de drogues sous tous ses aspects et les engage à mettre en commun les pratiques exemplaires et les renseignements sur les réseaux de trafic de drogues.


Le Conseil est également conscient du rôle majeur joué par la société civile et les autres parties prenantes pour s’attaquer au trafic de drogues de façon globale.


Le Conseil engage la communauté internationale et les organismes des Nations Unies à intensifier la coopération avec les organisations régionales et sous-régionales afin de lutter contre le trafic de drogues, notamment en Afrique.


Le Conseil prie le Secrétaire général de fournir plus de renseignements, selon qu’il conviendra, sur le trafic de drogues et les questions connexes lorsque ce problème fait peser un risque sur la paix et la sécurité internationales ou exacerbe une menace existante.


Déclarations


M. BEDOUMA ALAIN YODA, Ministre des affaires étrangères et de la coopération régionale du Burkina Faso, a estimé que les enjeux actuels et futurs du trafic de drogues sur la sécurité internationale sont évidents, soulignant que l’« émergence de cartels de drogues assez puissants exerce de plus en plus des influences sur les politiques et les affaires ».  Il a ensuite soutenu que l’Afrique et, en particulier l’Afrique de l’Ouest, est devenue une importante zone de transit de la cocaïne, comme l’indique l’ONUDC, qui explique que les saisies annuelles de cocaïne ont augmenté de façon exponentielle ces dernières années dans cette région.  Après avoir rappelé que la faiblesse de l’état de droit, la pauvreté ou la corruption sont des facteurs qui favorisent l’action des narcotrafiquants, M. Yoda a appelé la communauté internationale à porter une attention particulière aux zones fragilisées par les rebellions qui peuvent constituer des menaces pour la sécurité et la paix de l’Afrique de l’Ouest.


Le Ministre a en outre estimé que l’expansion du fléau qu’est le trafic de drogues commandait une réponse internationale à travers une vigilance accrue et un engagement plus ferme de la communauté internationale, citant en exemple, la conférence ministérielle d’octobre 2008 organisée par la Communauté des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) à Praia, au Cap-Vert, sur le même sujet.  Il a conclu en appelant la communauté mondiale et les organisations internationales à placer la lutte contre la drogue dans leurs ordres de priorité, tout en demandant au Conseil de sécurité d’inscrire cette problématique dans ses stratégies intégrées de prévention et de maintien de la paix et de la sécurité internationales.


M. BAN KI-MOON, Secrétaire général des Nations Unies, a rappelé que, durant les dernières années, le trafic international de drogues est devenu une menace majeure pour la paix et la sécurité internationales, citant la situation en Colombie, en Afghanistan ou au Myanmar.  Mais dans d’autres régions aussi, les groupes criminels sèment la violence, la peur et l’insécurité en essayant de contrôler les voies d’acheminement, a ajouté le Secrétaire général.  Ces groupes, a-t-il poursuivi, répandent la corruption, compromettent les élections et portent atteinte à l’économie légitime des États.  Le trafic compromet également les efforts de consolidation de la paix en Afghanistan, en Haïti, en Guinée-Bissau, en Sierra Leone ou ailleurs, a expliqué le Secrétaire général.


Le caractère transnational de la menace signifie qu’aucun pays ne peut la combattre seul, a déclaré M. Ban, qui a estimé que la lutte contre ce fléau nécessitera une volonté politique constante et des ressources importantes.  Le Secrétaire général a prôné une démarche internationale globale fondée sur la responsabilité partagée des États qui doivent échanger leurs informations, mener des opérations conjointes, se prêter une assistance mutuelle et mettre en place de nouvelles capacités.  Actuellement, la coopération entre gouvernements a pris un net retard sur la coopération entre réseaux criminels organisés, a fait observer M. Ban.  Il a souhaité une nouvelle approche plus équilibrée qui associe une réduction de la demande, la recherche de modes de développement alternatifs et le renforcement de l’état de droit dans les zones de production et le démantèlement des voies d’acheminement. 


Les Nations Unies fournissent un cadre d’action, notamment par le biais de conventions internationales mais il faut que tous les États deviennent parties à ces instruments, a déclaré le Secrétaire général.  Il a ajouté que les Nations Unies disposent également de compétences à offrir, rappelant le rôle de l’ONUDC pour collecter des données et fournir une assistance.  Il a également salué les initiatives novatrices et régionales en cours et les efforts pour améliorer la coopération régionale et renforcer la sécurité et l’état de droit.  Rappelant que le trafic de drogues ne connaît pas les frontières et ne respecte pas les personnes et qu’il est souvent associé à des « sévices horribles, notamment à l’encontre des femmes », le Secrétaire général a appelé les États à travailler ensemble et à soutenir les Nations Unies dans la lutte contre ce fléau.


M. ANTONIO MARIA COSTA, Directeur exécutif de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), a déclaré que, dans le passé, l’Afrique avait souffert de diverses tragédies, mais jamais des conséquences du trafic de drogues.  Aujourd’hui, le continent est attaqué sur plusieurs fronts et est confronté non seulement au trafic proprement dit mais également à la production et à la consommation de la drogue, a-t-il ajouté.  M. Costa a évoqué les conséquences graves en termes de santé, de développement et de sécurité du phénomène sur les populations, en particulier en ce qui concerne l’Afrique de l’Ouest.  En Guinée-Bissau, un pays qui a attiré l’attention du Conseil de sécurité à maintes reprises, ce ne sont pas moins de 50 à 60 tonnes de cocaïne qui sont mises sur le marché chaque année et écoulées à travers la région, a précisé le Directeur exécutif de l’ONUDC.  Il a ajouté que la Guinée-Bissau était en outre devenue un producteur d’amphétamines et de « cristal ».  M. Costa s’est ensuite réjoui des initiatives menées par la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), des États Membres et des institutions de l’ONU pour appréhender efficacement le phénomène et mobiliser les ressources adaptées à cette fin.  Depuis la mi-2008, le trafic de cocaïne a baissé et une conférence de donateurs s’est tenue la semaine dernière à Vienne, en Autriche, a-t-il assuré. 


M. Costa a ensuite indiqué que 30 à 35 tonnes de cocaïne afghane étaient écoulées chaque année en Afrique de l’Est, provoquant une augmentation dramatique des types de consommation les plus dévastateurs, notamment la toxicomanie par injection d’héroïne.  Cela accentue la pandémie du VIH/sida dans la région où les centres de santé sont débordés, a fait remarquer M. Costa.  À cause de la situation dramatique en Somalie, la région est devenue une zone économique de non-droit où prolifèrent les trafics d’armes et de stupéfiants et qui, de ce fait, exige une réponse coordonnée de la part de la communauté internationale, a-t-il estimé.  M. Costa a salué, à ce propos, la déclaration politique des ministres des pays de la région, faite le 24 novembre dernier à Nairobi, et qui souligne la nécessité de renforcer l’état de droit et la sécurité humaine en Afrique de l’Est où la drogue est utilisée comme une « véritable devise ».  L’ONUDC se réjouit de voir que son plan d’action pour la région est adopté par les ministres à cette occasion, a ajouté M. Costa. 


Après avoir mis en garde contre les effets nocifs de l’extension du trafic de drogues aux pays du Sahel, qui renforce la criminalité organisée et les organisations terroristes, M. Costa a souligné qu’il était maintenant temps de passer à l’action.  « En premier lieu, nous devons consolider les capacités nationales des pays touchés, en particulier dans les domaines clefs de l’état de droit et de la justice, a-t-il dit.  Le Directeur exécutif de l’ONUDC a également insisté sur l’importance d’améliorer l’échange d’informations entre États, car le phénomène est d’abord transnational, et « le seul moyen de démanteler les réseaux de trafiquants à ce niveau est de mettre en place des plates-formes d’échange, du type de ce que l’ONUDC a établi en Asie centrale, en Asie de l’Ouest et dans les pays du Golfe ».  Enfin, M. Costa a proposé la création d’un réseau de surveillance du crime transsaharien afin d’améliorer l’information, de contrôler les activités suspectes, de faciliter la coopération judiciaire et d’intensifier les efforts régionaux contre la criminalité organisée.


Mme SUSAN RICE (États-Unis) a déclaré que le trafic de drogues représentait réellement un problème international qui sape la sécurité commune et la santé de nos situations économiques, parlant d’« entreprises de drogues illégales » étroitement liées à d’autres entreprises criminelles internationales, modernes et disposant de gros moyens, y compris d’armes et de moyens de cryptage, « parfois supérieurs à ceux de nombreux États ».


Le trafic de drogues en Afrique de l’Ouest constitue une menace de plus en plus grande pour une « région déjà confrontée à des difficultés », a déclaré Mme Rice.  Cette région, a ajouté la représentante, est devenue un point de transit important de la cocaïne en provenance d’Amérique du Sud et la consommation de la drogue commence à s’enraciner et à se répandre dans cette région.  La valeur totale de quelques mois de trafic de cocaïne « peut éclipser le PIB de nombreux pays dans la région », a-t-elle fait remarquer.


Mme Rice a affirmé que l’adoption de mesures efficaces exigeait à la fois une ferme volonté politique des gouvernements de la région et de la persistance de la part des donateurs.  Rappelant que les problèmes de gouvernance en Afrique de l’Ouest créent une « impunité de facto » pour les trafiquants, Mme Rice s’est félicitée de la Déclaration politique adoptée par les chefs d’États et de gouvernement de la CEDEAO.  Elle s’est félicitée des résultats de la conférence de donateurs organisée conjointement par la CEDEAO, l’ONUDC et le Gouvernement de l’Autriche à Vienne le 3 décembre, qui a permis d’obtenir des engagements pour un montant de plus de 25 millions de dollars.  Elle a rappelé que son pays fournit une assistance à de très nombreux pays partenaires, y compris pour mettre en œuvre les trois conventions pertinentes des Nations Unies.  Les États-Unis consacrent plus de 13 millions de dollars pour la lutte contre le trafic de drogues en Afrique de l’Ouest, a-t-elle ainsi affirmé.  Elle a rappelé que les menaces associées au trafic de drogues augmentent aussi dans d’autres pays et régions, notamment en Haïti.  « Nous avons investi des années de maintien de la paix en Haïti et nous ne pouvons pas permettre que les trafiquants de drogue en menacent les acquis », a-t-elle insisté.  Mme Rice a également cité le problème de la production de la drogue en Afghanistan en demandant à d’autres pays de contribuer aux efforts en cours dans ce pays.  « Nous sommes prêts à combattre la menace que représentent les organisations criminelles qui se livrent au trafic de drogues, a conclu Mme Rice, qui a assuré que les États-Unis étaient disposés à coopérer en ce sens avec d’autres pays.


M. GARETH THOMAS, Ministre du Royaume-Uni pour le développement international, a déclaré que le développement du trafic de drogues en Afrique de l’Ouest avait des conséquences graves, puisque ce phénomène renforce la criminalité organisée, la corruption et décourage les investissements étrangers.  En Afrique de l’Ouest, la criminalité organisée et le trafic de drogues ont le potentiel de saper tous les efforts menés dans la région pour accélérer le développement, réduire la corruption et améliorer les conditions de vie des populations les plus pauvres, a-t-il fait remarquer.  Pour le Ministre britannique, le rôle des États de la région est crucial, et c’est pourquoi il faut maintenant s’atteler à mettre pleinement en œuvre le plan d’action de la CEDEAO.  Le Royaume-Uni est prêt à apporter son aide dans ce cadre, a-t-il assuré.  M. Thomas a précisé que son gouvernement avait, entre autres, mis en place une stratégie pour mobiliser et coordonner son action antidrogue en Afrique de l’Ouest, et qu’il avait déjà alloué 750 000 livres sterling pour financer des projets au Ghana, en Sierra Leone et au Nigéria.  Il a ensuite jugé que la menace que fait peser la criminalité organisée sur le développement, qui s’appuie sur des ressources toujours plus importantes et qui a recours à des méthodes de plus en plus sophistiquées, la communauté internationale doit apporter des réponses souples et coordonnées.  Il a conclu en appuyant la déclaration présidentielle, en soulignant notamment la nécessité que l’ONU institutionnalise la question du trafic de drogues et envisage d’en faire un facteur des stratégies de prévention des conflits. 


M. PHAM BINH MINH, Premier Ministre adjoint des affaires étrangères du Viet Nam, a indiqué que les trafiquants de drogues profitent de la mondialisation pour étendre la production et la consommation de la drogue et établir des réseaux criminels transnationaux.  Les profits considérables que génère cette industrie sont utilisés pour financer des groupes terroristes, ce qui contribue à l’instabilité, voire l’anarchie dans certains pays, a-t-il fait remarquer.  Pour lutter contre le trafic, la production et le transport de la drogue, a-t-il ajouté, il faudrait renforcer la coopération internationale et régionale, et l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) doit jouer dans ce cadre un rôle de chef de file.  Tout en affirmant que la responsabilité incombait en premier lieu aux États concernés, le Premier Ministre adjoint a estimé que le Conseil de sécurité avait un rôle important à jouer pour appuyer et coordonner les efforts déployés afin de garantir leur efficacité et d’éviter les doublons et le gaspillage de ressources.


M. Minh a ensuite expliqué que la loi vietnamienne sur la prévention et le contrôle de la drogue avait été amendée en 2008, et que son gouvernement avait créé un Comité national sur la prévention et le contrôle de drogues.  Il a souhaité que les trois conventions de l’ONU relatives au contrôle de drogues puissent bientôt jouir d’une adhésion universelle.  Le Premier Ministre adjoint a également indiqué que son pays accordait une attention particulière à la coopération bilatérale et multilatérale et qu’il avait signé des accords bilatéraux avec le Cambodge, la République démocratique populaire lao, la Chine, la Fédération de Russie, la Thaïlande, le Myanmar, la Hongrie et les États-Unis.


M. JOHANNES KYRLE, Vice-Ministre des affaires étrangères et européennes de l’Autriche, a rappelé que la criminalité organisée est particulièrement prévalent dans les régions où les structures étatiques sont faibles, voire absentes, du fait notamment de conflits armés que cette criminalité alimente et prolonge, tout en étant liée au terrorisme international.  Le trafic de drogues a aussi un impact sur les pays de transit, a-t-il ajouté, en affirmant qu’aucun État ne peut faire face seul à un tel problème.  C’est le cas en particulier de nombreux pays africains, a ajouté le Vice-Ministre, qui s’est félicité des efforts faits pour aider ces États à surmonter leurs difficultés, par exemple dans le cadre d’organisations régionales, comme la CEDEAO pour l’Afrique de l’Ouest.


M. Kyrle a rappelé que son pays, l’ONUDC et la CEDEAO avaient organisé, la semaine dernière à Vienne, une table ronde concernant la lutte contre le trafic de drogues en Afrique de l’Ouest et les moyens de soutenir le plan d’action adopté par la CEDEAO.  L’Autriche, a-t-il ajouté, continue de soutenir les bureaux régionaux de la CEDEAO.  Le Vice-Ministre a par ailleurs rappelé qu’un rapport récent de l’ONUDC insiste sur le renforcement de l’état de droit comme moyen de lutter contre le trafic de drogues.  Il a souhaité que le Conseil de sécurité en tienne compte quand il délibère de stratégies soutenables pour des zones de conflits et a estimé que tous les États Membres devraient adhérer aux conventions internationales pertinentes, comme la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée ou les conventions relatives au contrôle des drogues.


M. CLAUDE HELLER (Mexique) a déclaré que ce débat était opportun en raison de la dimension internationale du trafic de drogues et des délits qui y sont associés.  Les nouvelles menaces à la sécurité internationale sont d’ordre pluridimensionnel comme le montre le problème mondial de la drogue et de la criminalité transnationale organisée.  Les deux problématiques méritent d’être traitées en priorité sous l’angle de leurs implications pour la sécurité, la prospérité et la paix internationales.  Il faudrait aussi aborder toutes les facettes du trafic de drogues, depuis la prévention et le traitement, jusqu’à la coopération internationale afin de démanteler les réseaux de trafiquants. Soulignant que la lutte contre le trafic de drogues détournait d’importantes ressources du développement économique et social, M. Heller a considéré que la lutte contre ce fléau exigeait un ferme engagement politique au plan international reposant sur une responsabilité partagée entre les États, ainsi qu’une coopération efficace, à partir de stratégies intégrées, pluridisciplinaires et équilibrées, afin que les mesures visant la réduction de l’offre et de la demande se renforcent mutuellement et mettent fin à l’impunité et démantèlent rapidement les mécanismes d’opération des trafiquants.


Le représentant a invité le Conseil de sécurité à examiner l’impact régional et mondial de ce trafic dans les États émergeant d’un conflit, dont les causes sous-jacentes résident parfois dans la corruption et la violence générées par l’industrie criminelle des stupéfiants.  À cet égard, il s’est dit préoccupé par la pénétration de la criminalité transnationale organisée et du trafic de drogues dans plusieurs États d’Afrique de l’Ouest, utilisés comme refuge ou points de transit des drogues produites dans d’autres régions du monde, principalement en Amérique latine.  Le représentant du Mexique a souligné qu’il était fondamental de renforcer les institutions et l’autorité de l’État dans les pays émergeant d’un conflit et vulnérables au trafic de drogues.  De l’avis de M. Heller, la réponse institutionnelle des Nations Unies, certes très vigoureuse, demeure insuffisante puisque le trafic de drogues constitue un phénomène de la mondialisation qui exige une riposte articulée et un compromis sans faille de la part de la communauté internationale.  Pour le Mexique, il faudrait que les Nations Unies assument un rôle plus actif dans le débat sur la lutte contre la drogue et la criminalité transnationale organisée, non seulement à travers ses mécanismes techniques, mais en s’employant également à la promotion d’un haut niveau d’engagement politique pour lutter contre ce fléau.  La commémoration, en 2010, du dixième anniversaire de la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée offrira une occasion propice pour réfléchir sur l’avenir de cet instrument.  Devant la complexité de ce phénomène, le Conseil de sécurité devrait, quant à lui, rechercher des réponses plus articulées et coordonnées, afin de compléter le travail important d’ores et déjà accompli par l’Assemblée générale et autres organes des Nations Unies, comme l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC).


M. JORGE URBINA (Costa Rica) a déclaré qu’à l’industrie de la drogue, au cours de ces dernières décennies, s’étaient agrégés de nouveaux acteurs.  Les nouvelles alliances, a-t-il précisé, sont formées d’insurgés, d’agents corrompus de l’État ou de terroristes déterminés à mettre à mal l’autorité du droit.  Les fondements de l’état de droit sont attaqués en Afrique de l’Ouest, a-t-il souligné, en notant que les pays de la région étaient victimes de la faiblesse de leurs institutions, de la porosité de leurs frontières et de la pauvreté endémique.  Le représentant a fait remarquer que cette menace à la sécurité nationale et régionale ne se limitait pas à l’Afrique, les États d’Amérique latine et des Caraïbes subissant, qui sortent souvent de longues guerres civiles, les affres du trafic de drogues et de la criminalité organisée. 


Des milliers de tonnes de stupéfiants sortent chaque année d’Amérique centrale et prennent la direction du marché africain, a-t-il rappelé, en ajoutant que dans certains pays de transit, beaucoup plus d’argent circule entre les mains des trafiquants que dans celles des fonctionnaires de l’État.  Cette position de force des trafiquants de drogues est un problème de plus en plus difficile à résoudre car, comme le reconnaît le Conseil de sécurité, le phénomène se mondialise, a encore noté M. Urbina.  En conclusion, il a salué la déclaration présidentielle lue en début de séance par le Président du Conseil de sécurité, et qui appelle à renforcer les mécanismes d’alerte précoce ainsi que le rôle de l’ONUDC, du PNUD et du système de l’ONU dans son ensemble pour que soient améliorés les moyens collectifs de lutte contre le trafic de drogues, dont « on sait qu’il peut menacer durablement la paix et la sécurité internationales ». 


M. ABDURRAHMAN SHALGHAM (Jamahiriya arabe libyenne) a estimé qu’en débattant aujourd’hui du trafic de drogues comme menace à la paix et la sécurité internationales, le Conseil de sécurité contribuait aux efforts déployés par différents organes de l’ONU pour combattre le fléau de la drogue, déjà examiné sous d’autres aspects par l’Assemblée générale ou le Conseil économique et social (ECOSOC).  Il a rappelé à cet égard les conventions déjà adoptées par les Nations Unies en la matière.  La coopération internationale est plus urgente que jamais dans la mesure où les progrès réalisés dans les communications et les transports facilitent le trafic de drogues, les États émergeant d’un conflit sont plus vulnérables à ce fléau et les liens entre le trafic de drogues et d’autres aspects de la criminalité transnationale organisée et le terrorisme sont plus évidents, a-t-il souligné.  Le représentant s’est dit préoccupé par le fait que le trafic de drogues représente désormais dans les pays de la région du Sahel une source importante de financement du terrorisme.  Il a rendu hommage aux activités de l’ONUDC dans cette région, ainsi qu’à son action en général et a demandé qu’il dispose des ressources nécessaires à son travail.  Dans les pays où la production de la drogue ou de précurseurs représente une source de revenus importante pour les paysans, comme la culture de la coca en Amérique latine, il faut financer des cultures de substitution qui permettent de générer des revenus pour les pays concernés, a préconisé M. Shalgham.


M. ERTUĞRUL APAKAN (Turquie) a déclaré que le trafic de drogues provoquait des difficultés et des tensions dont la communauté internationale a le plus grand mal à appréhender.  Ces problèmes ont des incidences graves sur le développement et exige des réponses où la responsabilité des uns et des autres doit être commune et partagée, a-t-il estimé.  Le représentant de la Turquie a estimé que le principal problème réside dans le lien entre les réseaux de trafiquants et les organisations terroristes.  Les revenus générés par le trafic des stupéfiants alimentent le terrorisme mais aussi la corruption, portant ainsi des coups très durs à la sécurité régionale et internationale et à l’état de droit dans les pays touchés, a également estimé le représentant.  Il a ensuite demandé que la lutte contre ce « fléau » soit basée sur une stratégie globale, « s’attaquant autant à l’offre qu’à la demande de stupéfiants ».  Aucun pays ne peut à lui seul combattre le trafic de drogues.  C’est un phénomène mondial qui exige que les efforts nationaux soient complétés par la pleine mise en œuvre des conventions pertinentes, auxquelles la Turquie est partie, a-t-il dit.  En Afrique de l’Ouest, les effets de la drogue sont si dévastateurs que certains gouvernements semblent véritablement manipulés par les trafiquants de la drogue, qui ont réussi à affaiblir les institutions de l’État, a poursuivi le représentant.  « Nous devons nous unir pour contrer cette menace avant qu’elle ne devienne incontrôlable dans les sous-régions », a-t-il insisté.  Il a ainsi salué la déclaration présidentielle, lue en début de séance par le Président du Conseil de sécurité.  Ce texte, a-t-il dit, lance un appel pour revitaliser l’action internationale antidrogue et appelle à la mise en œuvre du Plan d’action de la CEDEAO.


M. RUHAKANA RUGUNDA (Ouganda), soulignant le lien qui existe entre le trafic de drogues et la criminalité organisée, a déclaré que ce fléau menace la sécurité, la stabilité et sape les efforts de développement dans de nombreux pays.  En juin 2009, lors d’une réunion du Groupe de travail spécial sur la prévention et le règlement des conflits en Afrique, que préside l’Ouganda, les participants ont souligné que l’intensification du trafic de drogues dans la sous-région risquait de faire replonger certains pays dans un conflit, a-t-il indiqué.  Un tel trafic peut aussi mettre en danger la gouvernance démocratique dans la sous-région, a-t-il ajouté.  Le représentant a aussi noté qu’aucun pays ne peut gérer ce problème seul.  S’il incombe à chaque État concerné de prendre des mesures pour lutter contre la production de la drogue, son transfert ou sa consommation, il doit également agir dans le cadre de la coopération régionale et internationale.  Réaffirmant son soutien à l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) et aux autres institutions du système de l’ONU qui œuvrent dans ce domaine, le représentant a aussi souligné le rôle, qui doit être renforcé, de  l’Initiative Côte de l’Afrique de l’Ouest lancée en juillet 2009 pour mettre en œuvre le Plan d’action régional de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).  Avant de conclure, M. Rugunda a invité le Secrétaire général à travailler sur la question du trafic de drogues dans le cadre de la prévention des conflits.


M. GÉRARD ARAUD (France) a déclaré que le Conseil de sécurité avait déjà pu « percevoir le rôle que joue le trafic de drogues dans la survenance de plusieurs conflits », en Guinée-Bissau, en Haïti ou encore en Afghanistan.  Il a rappelé que, dans sa résolution 1817 adoptée à l’initiative de la France, le Conseil de sécurité avait appelé à un meilleur contrôle du commerce des précurseurs chimiques des drogues.  Le trafic de drogues contribue à affaiblir les États et est associé à la hausse de la criminalité, il encourage la corruption et le blanchiment d’argent, qui affaiblissent les gouvernements, a affirmé le représentant.  Le trafic de drogues « ne va jamais tout seul: il s’accompagne toujours, tôt ou tard, du blanchiment d’argent, du trafic d’armes, voire de la traite d’êtres humains », a ajouté M. Araud.


Le Conseil de sécurité a eu l’occasion de mettre en lumière la menace que le trafic de drogues fait peser sur l’Afrique de l’Ouest, a déclaré le représentant de la France, qui a rappelé que ce trafic « érode les fondations mêmes des États », utilise les faiblesses des États en conflit et rend « plus long et plus difficile le retour à la paix ».  Le trafic de drogues « met en péril la paix et la sécurité internationales au-delà de l’échelle régionale, a poursuivi M. Araud.  Citant le rapport de l’ONUDC sur le trafic d’héroïne à partir de l’Afghanistan, il a ajouté que ce trafic avait des conséquences non seulement dans la région mais aussi au plan international, car « les réseaux terroristes financent partiellement leurs activités par le biais du trafic de drogues ».


M. Araud a souhaité que les États discutent des moyens opérationnels pour mieux prendre en compte la question du trafic de drogues, par exemple dans leur stratégie de traitement des conflits.  Il a cité en exemple l’Afrique de l’Ouest et le Plan d’action de la CEDEAO, ainsi que la récente Initiative Côte de l’Afrique de l’Ouest.  Il s’est également félicité de l’adoption récente d’un plan d’action pour l’Afrique de l’Est qui inclut, entre autres, la prise en compte de la lutte contre le trafic de drogues.  Il a appelé au renforcement de la coopération entre organisations régionales et organisations sectorielles, comme Interpol, ou l’Organisation internationale des douanes.


Saluant la contribution importante de l’ONUDC, l’Ambassadeur Araud s’est félicité de l’intervention régulière de son Directeur général devant le Conseil de sécurité.  « Nous avons besoin d’une stratégie globale à la fois sectoriellement et géographiquement », a ajouté le représentant de la France, qui s’est dit convaincu que « seules les Nations Unies » peuvent assurer le suivi de la mise en œuvre des décisions prises.  Rappelant les différentes conventions de lutte contre la drogue déjà adoptées, M. Araud a appelé à leur universalisation et à leur pleine mise en œuvre.  Toutefois, les menaces que constitue le trafic de drogues sont plus fortes que jamais, a-t-il fait remarquer.  C’est pourquoi, le Conseil de sécurité « doit rester investi de cette question », a conclu M. Araud, qui a souhaité « d’autres débats sur le sujet dans un avenir proche ».


M. RANKO VILOVIĆ (Croatie) s’est dit très préoccupé par le développement des réseaux de trafiquants en Afrique de l’Ouest.  Dans les sous-régions, ce fléau se mêle à ceux de la traite de personnes, du trafic d’armes et du blanchiment d’argent dans des pays dépourvus le plus souvent d’institutions solides, qui forment de véritables poudrières menaçant la stabilité de pays entiers, a-t-il constaté.  M. Vilović a ajouté que le problème touchait également des pays comme l’Afghanistan où le trafic d’opiacés finance des activités terroristes, et Haïti où l’appareil d’État est parfois pris en otage par les organisations criminelles.  Il a noté qu’en Afrique de l’Ouest, de plus en plus de jeunes sombrent dans la toxicomanie, y compris « dans les rangs mêmes des armées ».  L’Afrique produit, fait transiter mais aussi consomme des quantités importantes de drogues, a-t-il ajouté, en estimant que seule une action nationale appuyée par la communauté internationale permettra d’obtenir des résultats en matière de lutte contre le trafic de drogues, et ce dans le respect des principes de la Charte des Nations Unies.  Il a ainsi appelé tous les pays à adhérer aux conventions pertinentes et à appuyer les travaux « dignes d’éloge » de l’ONUDC, en particulier ceux relatifs au renseignement, au contrôle des frontières et à l’amélioration des échanges d’informations entre organisations de sécurité des États touchés directement par les effets de l’offre et de la demande de stupéfiants. 


M. LIU ZHENMIN (Chine) a déclaré que le trafic de drogues se poursuit à travers le monde et menace la paix et la sécurité dans plusieurs régions du monde, y compris en Afrique.  Le débat de ce jour est donc très important et la répression du trafic exige que tous les pays renforcent leur coopération, a ajouté le représentant.  M. Liu Zhenmin a rappelé que les trafiquants avaient choisi l’Afrique de l’Ouest comme région de transit pour la drogue produite en Amérique latine en raison de l’incapacité de ces pays d’établir des contrôles et aussi en raison de la vulnérabilité des jeunes au chômage.  La lutte contre les trafiquants doit reposer sur la coopération internationale et le principe de la responsabilité partagée.  Il appartient aux pays d’Afrique de l’Ouest de renforcer leurs institutions pour lutter contre le trafic mais les pays qui disposent d’importants moyens de répression doivent aussi faire des efforts pour limiter la consommation de la drogue sur leur territoire.  La communauté internationale doit aussi permettre aux pays touchés de renforcer leur croissance et leur développement, ce qui permettra aux jeunes de ces pays, qui auront davantage de perspectives, de dire « non » à la drogue.  M. Liu Zhenmin a estimé que les efforts internationaux sont loin d’être suffisants pour combattre le cancer de la drogue.  Il a souhaité que les Nations Unies jouent un rôle important dans cette lutte, en suggérant que les délibérations sur cette question se poursuivent.


M. VITALY CHURKIN (Fédération de Russie) a souligné les menaces à la paix et à la sécurité internationales que pose le trafic de drogues provenant d’Afghanistan.  Pour répondre à ce problème de dimension mondiale, il faut intensifier la coopération à ce niveau, dans le cadre notamment du Processus de Paris et de Moscou, qui tiendra à la fin 2010 sa troisième conférence ministérielle, a ajouté le représentant.  Il a estimé que l’effort doit d’abord porter sur la lutte contre le financement du terrorisme en Afghanistan, qui implique la fermeture des couloirs d’opiacés dans ce pays par lesquels est écoulée la drogue illicite dans toute l’Asie centrale.  Ce trafic renforce la criminalité organisée à un niveau incontrôlable par les pays touchés, a estimé le représentant.  Passant à la situation en Afrique de l’Ouest, il a affirmé que la faiblesse des institutions et la porosité des frontières des pays de la région expliquaient l’intensification des phénomènes liés entre eux de la production, du trafic et de la consommation de cocaïne.  La CEDEAO et l’ONUDC doivent renforcer la coordination des efforts internationaux menés sur la base des programmes opérationnels de lutte contre la drogue, a indiqué M. Churkin, qui a salué la déclaration présidentielle lue en début de séance par le Président du Conseil, car elle appelle à prendre des mesures au niveau mondial.   


M. YUKIO TAKASU (Japon) a dit partager les inquiétudes sur les liens entre le trafic de drogues et d’autres formes de criminalité organisée, y compris le financement du terrorisme.  Il a rappelé que le trafic de drogue s’accompagne de corruption, qui compromet la bonne gouvernance, contribue aux conflits ou les prolonge, décompose le tissu des sociétés de l’intérieur et sape les efforts pour le développement durable.  Il est donc pertinent que le Conseil de sécurité en traite.  L’Afrique de l’Ouest reste essentiellement une zone de transit, a rappelé le représentant, qui a toutefois indiqué que la consommation de drogue y augmente.  Il a fait observer que les zones de transit se déplacent.  En Afrique de l’Ouest, une démarche régionale est essentielle, a-t-il estimé.  Le représentant a également souhaité que les trois grandes conventions internationales sur le trafic de drogues soient universellement ratifiées et mises en œuvre en Afrique de l’Ouest.  Les pays de la région devraient en outre renforcer le contrôle de leur frontière et la communauté internationale doit leur apporter un appui logistique et financier en ce sens, a ajouté M. Takasu.  Le représentant a aussi rappelé qu’il faudrait offrir des possibilités d’emploi aux jeunes ou anciens combattants car il « existe un lien évident » entre consolidation de la paix et lutte contre le trafic de drogues, a-t-il ajouté.  Rappelant que la question du trafic de drogues est aussi examinée à l’Assemblée générale, il a estimé que l’ensemble du système des Nations Unies pourrait agir de manière plus efficace.


Mme MARIA LUIZA RIBEIRO-VIOTTI (Brésil) a estimé, à son tour, que la lutte contre le trafic de drogues nécessite un effort concerté par les pays touchés par ce problème.  Le consensus en la matière reconnaît que les pays producteurs, de transit et de consommation ont une responsabilité partagée en ce qui concerne la prévention et la lutte contre la drogue.  Les vraies solutions appellent des actions multidimensionnelles portées par l’engagement des acteurs clefs nationaux, régionaux et internationaux, a estimé la représentante.  De l’avis de sa délégation, la solution passe par le respect des engagements pris au titre des conventions internationales de lutte contre la criminalité transnationale organisée, notamment en faveur du renforcement des institutions étatiques.  Le Conseil de sécurité, garant de la paix et de la sécurité internationales, doit  réfléchir aux meilleures mesures à prendre pour empêcher que le fléau de la drogue ne devienne au niveau de la sous-région un problème incontrôlable, a également affirmé Mme Ribeiro-Viotti.  Elle a rappelé que l’appui au combat contre le trafic de drogues a été considéré l’an dernier comme une priorité par la formation Guinée-Bissau de la Commission de consolidation de la paix, que le Brésil préside. Elle a ajouté que la formation Sierra Leone de la Commission considérait aussi cette question comme l’un des principaux défis à relever pour faire avancer le processus de paix dans le pays.  Elle a indiqué que les deux formations de la Commission de la consolidation de la paix avaient tenu une réunion conjointe en début d’année sur le sujet.  Cette initiative souligne, a-t-elle estimé, l’importance d’une action coordonnée au niveau régional. 


S’exprimant au nom de l’Union européenne, M. ANDERS LIDÉN (Suède) a déclaré que si la responsabilité de faire face au trafic de stupéfiants incombait avant tout aux États, il n’en reste pas moins que le défi demeure international et exige une coopération régionale.  Se félicitant des mesures déjà prises par les Nations Unies à cet égard, il a toutefois estimé que des efforts supplémentaires devraient être déployés dans le cadre des opérations de maintien de la paix, des activités de consolidation de la paix et de la coopération au développement.  Le Plan d’action pour 2009-2012 souligne les priorités de l’Union européenne en matière de coopération avec les pays et les régions tiers, a précisé le représentant, qui a rappelé que l’Union européenne a fait du trafic de stupéfiants, en particulier en Afrique centrale et de l’Ouest, une priorité de sa lutte contre la criminalité organisée.  En Afrique de l’Ouest, a fait observer M. Lidén, des criminels ont profité des vulnérabilités de cette région au lendemain des conflits armés qui ont éclaté dans différents pays.  Considéré comme une plate-forme dans la chaîne du trafic entre les cartels latino-américains de la drogue et les trafiquants d’Afrique de l’Ouest, l’Union européenne a maintenu son soutien aux efforts de l’Amérique latine pour réduire la production de stupéfiants, tout en essayant d’améliorer le renseignement et la coopération pratique entre les deux régions.  Un des éléments importants des efforts de l’Union en Afrique de l’Ouest est sa mission à l’appui de la réforme du secteur de la sécurité en en Guinée-Bissau, a poursuivi M. Lidén, avant de citer les 70 projets lancés par l’Union européenne pour renforcer les institutions, le soutien politique et l’application des lois en Afrique de l’Ouest.  L’Union européenne aide également l’Afghanistan à relever le défi du trafic de stupéfiants en appuyant sa Stratégie nationale de contrôle des stupéfiants, a ajouté le représentant.  En outre, le Conseil de l’Union européenne a récemment adopté un plan destiné à renforcer les actions en cours en Afghanistan et au Pakistan, a ajouté M. Lidén avant de conclure.


Mme CLAUDIA BLUM (Colombie) a rappelé que la Commission des stupéfiants avait adopté en mars dernier une Déclaration politique et un Plan d’action dans lesquels elle réaffirme le principe fondamental selon lequel le problème de la drogue devrait être traité dans un cadre commun en vertu du principe de responsabilité partagée et de coopération internationale.  Elle a ensuite affirmé que les efforts entrepris par son pays depuis plus de 30 ans pour combattre la drogue sont largement reconnus et ont donné de sains résultats.  Elle a rappelé que, depuis 2002, la destruction manuelle ou chimique des cultures illégales avait augmenté de 72%, ajoutant que, selon les chiffres mêmes de l’ONUDC, les surfaces consacrées à la culture de la coca avaient été réduites de moitié entre le début de la décennie et 2008.  Elle a ajouté que la baisse de 28% du volume potentiel de la production de feuilles de coca entre 2007 et 2008, citée par l’ONUDC, était inférieure à ce qui a été observé.


En partie du fait des succès de la lutte antidrogue en Colombie, la criminalité organisée s’est adaptée et a dispersé géographiquement la culture, le trafic et la consommation des drogues, a déclaré Mme Blum. La Colombie, quant à elle, partage généreusement l’expérience qu’elle a acquise dans le cadre de divers accords de coopération, de formation et d’assistance, avec des pays d’Amérique latine et des Caraïbes, d’Afrique de l’Ouest et d’Asie, a-t-elle affirmé, avant d’en citer quelques exemples.  De l’avis de sa délégation, les conclusions du Sommet régional de Carthagène sur le problème mondial de la drogue, la sécurité et la coopération tenu en 2008 peuvent contribuer utilement au présent débat.  La représentante a estimé que la Déclaration et le Plan d’action de Praia constituent eux aussi une contribution importante.  Elle a dit apprécier la coopération régionale ainsi que le rôle joué par les Nations Unies.  La Colombie, a-t-elle ajouté, contribue activement aux échanges d’informations entre les organes de sécurité.  Toutefois, a-t-elle ajouté, il faut aussi mettre en place des stratégies coordonnées et veiller à un équilibre entre les mesures visant à réduire l’offre et celles visant à réduire la demande.


M. PAUL BADJI (Sénégal) a déclaré que la menace posée par le trafic de drogues était d’autant plus préoccupante qu’il est aujourd’hui établi que cette activité fait le lit de plusieurs autres activités criminelles qui alimentent, notamment, la criminalité transnationale organisée et le terrorisme.  Il a ensuite salué le fait que l’intensification des efforts internationaux pour lutter contre le trafic de drogues et les activités connexes avait conduit à l’amélioration du cadre juridique international en la matière, à la suite de l’adoption en 1989 de la Convention de Vienne contre le trafic illicite de stupéfiants et de substances psychotropes.  M. Badji a cependant noté qu’en dépit de ces efforts, « le mal n’a pas du tout reculé et demeure une source préoccupante majeure ».  Il a ensuite évoqué la situation particulière de l’Afrique de l’Ouest, « en passe de devenir la plaque tournante du trafic international de drogues, 50 millions de tonnes de cocaïne circulant chaque année dans la région selon l’ONUDC ».  Il a estimé nécessaire, dans ce contexte, que soit fournie une assistance technique accrue en vue de développer et de renforcer les capacités des pays touchés pour prévenir et combattre plus efficacement le trafic de drogues et la criminalité transnationale organisée.  Le représentant a en outre appelé à la pleine mise en œuvre du plan d’action de la CEDEAO adopté en 2008 et les pays concernés à s’attaquer plus énergiquement aux causes sous-jacentes du trafic de drogues, la pauvreté, le sous-développement et l’instabilité politique et sociale. 


M. MAGED ABDELAZIZ (Égypte), au nom du Mouvement des pays non alignés, s’est félicité des efforts entrepris par les Nations Unies et notamment l’ONUDC pour fournir une assistance financière et technique aux États Membres, et en particulier en Afrique, afin de renforcer et développer leurs capacités nationales.  Dans un monde globalisé, nous devons agir de manière intégrée, alors même que les progrès technologiques imposent de sérieux défis à notre capacité à combattre le trafic de drogues, a ajouté le représentant.  « Nous ne pouvons pas traiter des moyens de combattre la production et le trafic de drogues sans traiter d’autres formes de la criminalité transnationale organisée comme le blanchiment d’argent, a-t-il expliqué.  De même, si les zones de culture des drogues traditionnelles semblent se réduire, nous devons reconnaître que le progrès technique a facilité la mise au point de drogues synthétiques encore plus dangereuses, plus faciles à transporter et moins coûteuses, ce qui a pour effet de faire se multiplier les centres de production mondiale de telles toxines.  Il nous faut donc renforcer la coopération internationale en étroite coopération entre l’Assemblée générale, le Conseil économique et social (ECOSOC) et l’ONUDC, comme l’a réaffirmé le Sommet du Mouvement des pays non alignés de Charm el-Cheikh, a poursuivi M. Abdelaziz.


Rappelant que les trafiquants de drogues utilisent systématiquement les frontières poreuses et profitent d’institutions étatiques faibles dans certaines régions, le représentant a rappelé que l’explosion du trafic de drogues a des effets négatifs sur les efforts de développement durable de l’Afrique.  Il a souligné qu’il était « grand temps » pour la communauté internationale de soutenir sans équivoque, en collaboration avec les Nations Unies, les efforts entrepris par les États d’Afrique de l’Ouest et la CEDEAO pour combattre le fléau.  Il a insisté en ce sens sur la nécessité de renforcer de manière intégrée le partenariat entre l’Afrique et les Nations Unies, sur la base des expériences acquises et en pleine coopération avec les organisations régionales africaines et l’Union africaine.


M. MOHAMMED LOULICHKI (Maroc) a déclaré que la lutte contre le trafic de drogues en Afrique de l’Ouest et ses nombreuses incidences sur la stabilité régionale et internationale appellent un engagement renouvelé de l’ensemble des États Membres.  « Mon pays ne peut que se réjouir des initiatives prises par la CEDEAO avec l’appui des Nations Unies et de la communauté internationale pour renverser la tendance de ce trafic néfaste, et des premiers résultats positifs enregistrés depuis la fin de l’année », a ajouté le représentant.  Cet effort, a-t-il estimé, doit être maintenu et élargi pour toucher les autres pays de destination dans « ce grand espace saharien qui se prolonge de l’Ouest à l’Est africain ».  Le représentant a également estimé nécessaire le renforcement de la coopération régionale et sous-régionale dans la lutte contre le trafic de drogues, notamment par le biais d’un effort multilatéral à travers lequel la communauté internationale s’investirait dans une approche résolue pour enrayer le phénomène.  Il a plaidé pour la fourniture d’une assistance technique par les donateurs ainsi que pour l’amélioration de la prévention et du traitement de la toxicomanie et le renforcement de la coopération en matière de détection et de répression.  Le représentant du Maroc a en outre préconisé, pour contrer le développement préoccupant du trafic d’armes, de stupéfiants et d’êtres humaines et des activités terroristes dans la région sahélo-saharienne, que la communauté internationale intensifie les initiatives de consolidation de la paix et de redressement dans les pays sortant d’un conflit. 


M. OUMAR DAOU (Mali) a déclaré que le trafic illicite des stupéfiants se classait aujourd’hui « dans le peloton de tête de la criminalité transnationale organisée » et que la consommation abusive de drogues « plongeait de nombreux jeunes dans la déchéance physique et mentale ».  Il a affirmé que le Mali avait fait de la lutte contre le trafic de drogues et des substances psychotropes « une priorité de premier ordre ».  Il a cité parmi les mesures prises la création d’un comité interministériel de coordination de la lutte contre la drogue chargé de participer à l’élaboration d’une politique nationale de lutte et de coordonner les différentes actions menées, de centraliser les renseignements disponibles et d’émettre des avis sur les actions et mesures envisagées par le Gouvernement du Mali.


L’« affaire du Boeing de Tarkint », découvert le 2 novembre dans une région désertique du nord du Mali nous rappelle l’urgence d’une action coordonnée des différents gouvernements en vue d’une approche globale et intégrée des problèmes, a déclaré le représentant.  Tout en mettant en garde contre les « déclarations fracassantes » faites autour de cette affaire, M. Daou s’est défendu de vouloir « faire la politique de l’autruche ».  « Nous savons en effet depuis longtemps que l’immense bande sahélo-saharienne est devenue une zone où se déroulent  des trafics en tout genre, a-t-il fait remarquer, en faisant état de sa profonde préoccupation face à l’ampleur de ces différents trafics.  C’est pourquoi, le Président Touré du Mali œuvre inlassablement à la tenue, à Bamako, d’une conférence régionale sur la paix, la sécurité et le développement dans cette région, a-t-il précisé.


M. CESARE MARIA RAGAGLINI (Italie) a déclaré que, pour répondre efficacement au problème du trafic de drogues, il faudrait traiter de manière efficace avec les acteurs non étatiques et améliorer la coopération internationale et l’échange d’informations.  Il a estimé que la lutte contre le trafic de drogues ne devrait pas être le principe directeur des politiques du Conseil, car le développement représente une étape cruciale pour instaurer la sécurité.  M. Ragaglini a ensuite indiqué que les effets néfastes du trafic de drogues et de la criminalité organisée se faisaient particulièrement ressentir dans les régions vulnérables.  Il a affirmé que la situation en Afrique de l’Ouest représente un cas d’étude pour la communauté internationale.  La capacité des États de cette région à réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement dépend largement d’une coordination stratégique entre la coopération internationale et la politique nationale, a-t-il souligné.  Le représentant a ensuite passé en revue les activités de l’Italie en appui à la lutte contre le trafic de drogues en Afrique de l’Ouest et en Afghanistan.


M. Ragaglini a poursuivi en prévenant que des « entrepreneurs criminels » cherchent à exploiter les vulnérabilités régionales.  « Notre réaction doit changer cette équation », a-t-il insisté.  Il faut faciliter le partage des informations et la coopération policière et judiciaire, a-t-il insisté.  Le représentant a estimé que les conventions de l’ONU contre le crime et la corruption sont les armes les plus importantes dont dispose la communauté internationale.  Il a engagé l’ensemble des États Membres à promouvoir l’universalité ainsi qu’une meilleure mise en œuvre de ces instruments.  Il a souligné l’importance de la résolution omnibus de l’Assemblée générale sur le Programme des Nations Unies pour la prévention du crime et la justice pénale qui prévoit la convocation, en 2010, d’une réunion spéciale de haut niveau sur la criminalité transnationale organisée.


M. TETE ANTONIO, Observateur permanent de l’Union africaine, a affirmé que la production et l’abus sans cesse croissant de la drogue ainsi que l’utilisation de divers pays africains comme voie de transit pour son trafic et son stockage posent un grand défi au développement du continent.  Les violences excessives et les crimes contre l’humanité commis dans les situations de conflit sont dans une large mesure aggravés par l’abus des drogues, a-t-il ajouté, faisant observer que « l’Afrique est aujourd’hui assaillie par les problèmes liées à la drogue ».  Il s’est en outre préoccupé du « phénomène récent » du transit par l’Afrique centrale ou de l’Ouest de la cocaïne produite en Amérique latine.  Face à cette situation, des organisations comme Interpol ou l’Organisation internationale des douanes expriment elles aussi des préoccupations, du fait que les pays de l’Afrique de l’Ouest ne sont pas suffisamment bien équipés pour juguler ce phénomène, a déclaré M. Antonio.  Les trafiquants, a-t-il ajouté, utilisent de plus en plus l’Afrique comme zone de transbordement pour le détournement des produits précurseurs, faute de cadre institutionnel pour combattre le trafic de ces produits.  La situation, a-t-il poursuivi, est encore davantage compliquée par le contexte des crimes sur Internet, le chômage généralisé des jeunes, la pauvreté, la persistance des conflits armés et le problème des réfugiés et des personnes déplacées.  « Le continent africain est la grande victime », a déclaré M. Antonio, qui a illustré l’aggravation de la situation par l’augmentation de 900 000 en 2005 à près de trois millions en 2009 des personnes qui abusent de l’héroïne en Afrique.


L’Afrique lutte sans trêve pour jouer le rôle qui lui incombe dans la lutte contre ce fléau, a déclaré l’observateur de l’Union africaine, qui a rappelé que la première conférence ministérielle du continent consacrée à la lutte contre la drogue s’était tenue en 2002 à Yamoussokro.  Depuis lors, a-t-il affirmé, l’Union africaine a poursuivi ses efforts, citant notamment l’adoption de plans d’action, dont le Plan d’action révisé adopté en 2007 et qui couvre une période allant jusqu’en 2012.  Il a expliqué que l’Union africaine met également l’accent sur le principe de l’intégration et de l’insertion de la lutte contre la drogue dans tous les aspects de la planification et de la mise en œuvre du développement.  Il a fait état de nouveaux partenariats mis en place avec des organisations compétentes comme l’Organisation des États américains, le Ministère des affaires étrangères et du Commonwealth du Royaume-Uni ou l’Agence allemande de coopération GTZ.  Il a souligné l’importance du renforcement des institutions et de l’information sur l’élaboration des politiques, la recherche et la création des réseaux, du renforcement des capacités nationales de contrôle et d’application de la loi, sur les mesures régionales et sur la coopération internationale.  Il a appelé le Conseil de sécurité et la communauté internationale à apporter leur plein appui aux mesures que prend l’Afrique pour combattre le fléau de la drogue.


Mme ADRIENNE YANDÉ DIOP, Commissaire chargée du développement et du genre à la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), qui s’exprimait au nom du Président de la Commission de la CEDEAO, M. Mohamed Ibn Chambas, a dressé un bilan du trafic de drogues et de la criminalité organisée en Afrique de l’Ouest, en rappelant que la région est de plus en plus utilisée pour le transit de la cocaïne vers l’Europe.  Elle a affirmé que 14% de la cocaïne destinée à l’Europe, soit environ 20 tonnes, avaient transité par la région en 2008, ce qui représente une valeur d’un milliard de dollars.  En même temps, 90% des personnes arrêtées depuis 2005 alors qu’elles transportaient vers l’Europe de la drogue sur des vols commerciaux étaient des ressortissants des pays membres de la CEDEAO.  Mme Diop a ensuite cité les nombreuses raisons qui ont fait de l’Afrique de l’Ouest une région de transit: le renforcement de la surveillance sur les routes traditionnelles de la drogue, la proximité de l’Amérique latine, la persistance de groupes criminels actifs dans la région, la faiblesse des États de la région et leur incapacités à contrôler leur territoire et leurs frontières, et le chômage des jeunes.  Elle a jugé dramatiques les effets du trafic sur les pays de la CEDEAO, citant l’accroissement de l’insécurité, les effets négatifs sur la gouvernance et sur l’économie et l’augmentation de la consommation locale de cocaïne.


La situation s’aggrave du fait de la récente implantation dans la région de laboratoire de transformation de la drogue, a ajouté Mme Diop.  En outre, a-t-elle fait observer, « un pays qui connaît le trafic de drogues est un pays qui consomme » et les jeunes de la région sont victimes de ce trafic.  Enfin, il existe un lien entre le trafic de drogues, le trafic des armes et la traite des êtres humains, des défis auxquels la CEDEAO est déjà confrontée.  Bien que des États membres de la CEDEAO prennent individuellement des mesures, celles-ci sont insuffisantes du fait de la nature transnationale du problème, a poursuivi Mme Diop, qui a fait observer que le trafic de drogues est devenu un problème régional et international, ainsi qu’un problème de sécurité nationale et de politique étrangère important.  Elle a rappelé qu’il y a une semaine, un Boeing 707 soupçonné de transporter une pleine cargaison de cocaïne a atterri dans le désert malien près de Gao.  Les trafiquants ont mis le feu à l’appareil avant de s’enfuir avec la cocaïne, a-t-elle affirmé. 


« Je dépeins peut-être une situation grave mais nous ne sommes pas désespérés », a assuré Mme Diop.  Elle a rappelé que, sur la base des recommandations de la Conférence ministérielle de Praia de l’an dernier, les chefs d’État et de gouvernement de la CEDEAO ont adopté une Déclaration politique et un Plan d’action régional sur la prévention et la répression du trafic illicite de stupéfiants et de la criminalité organisée en Afrique de l’Ouest.  En outre, a-t-elle ajouté, la Commission de la CEDEAO a pris diverses mesures en mobilisant les ressources budgétaires nécessaires pour combattre le fléau et renforcer la coopération en matière judiciaire et de police, en adoptant un cadre juridique approprié, en traitant l’abus des drogues, les problèmes de santé et de sécurité qui en résultent et en créant des banques de données pour étudier l’ampleur du phénomène dans la région.  Mme Diop a précisé que ce plan d’action inclut aussi des aspects de communication et de sensibilisation, pour associer les médias, les organisations non gouvernementales, les institutions traditionnelles et les programmes de développement alternatif.  Ce plan n’en est toutefois qu’à ses débuts, a-t-elle reconnu.  Elle a demandé le soutien des Nations Unies et d’autres partenaires, rappelant que, la semaine dernière, l’Union européenne s’était engagée à appuyer le plan de la CEDEAO.  « D’autres régions du monde confrontées à des défis du même ordre ont obtenu certains succès; s’ils ont pu réussir, nous le pouvons aussi », a conclu la représentante de la CEDEAO.


M. KIO S. AMIEYEOFORI (Nigéria) a assuré que face à l’ampleur prise par le phénomène du trafic de drogues en Afrique de l’Ouest, les membres de la CEDEAO avaient démontré leur volonté politique de s’engager collectivement pour mettre fin à ce fléau.  Il a ainsi mentionné le Plan d’action de la CEDEAO, adopté en décembre 2008, en tant que cadre majeur pour compléter les mécanismes existants.  L’Initiative « Côte de l’Afrique de l’Ouest » destinée à faciliter l’application du plan d’action doit également être saluée, a-t-il ajouté.  Le représentant a précisé que cette initiative reconnaît l’importance d’établir des partenariats pour mobiliser des ressources et contribuer ainsi au développement des capacités nationales et régionales dans les domaines de l’état de droit, du renseignement, du contrôle des frontières et de la lutte contre le blanchiment d’argent.  Concernant les mesures prises par son pays, le représentant a expliqué qu’elles portaient pour l’essentiel sur la prévention et la surveillance des activités suspectes.  Il a estimé que pour mettre fin au trafic de drogues et à son corollaire la criminalité organisée en Afrique de l’Ouest, les États de la région devaient accroître leur participation aux actions menées sur le terrain par l’ONUDC et le Bureau des Nations Unies pour l'Afrique de l’Ouest.


Mme MARIA DE FATIMA LIMA DA VEIGA (Cap-Vert) a souligné l’importance de la question du trafic de la drogue en Afrique de l’Ouest, sous-région qui est devenue un centre de trafic, en particulier de la cocaïne.  Les pays membres de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) ont adopté un Plan d’action afin de mobiliser les dirigeants politiques et s’assurer que les ressources nécessaires sont consacrées à la prévention et à la lutte contre le trafic de la drogue.  Ce plan d’action a été transposé au niveau national par plusieurs pays de la région, a-t-elle ajouté.  Le Cap-Vert, pays insulaire situé entre trois continents et où les risques sont importants, a mis en place une politique de sécurité et promulgué de nouvelles lois sur les stupéfiants, le blanchiment de l’argent et la corruption.  En outre, a indiqué la représentante, le Cap-Vert a ratifié les conventions internationales pertinentes et les applique au niveau national.  Mme Lima da Veiga a assuré que la demande de drogues a baissé et que des activités ont été menées, en coopération avec les organisations de la société civile, dans les domaines de l’éducation préventive, le traitement, la réhabilitation et la réinsertion.


Malgré ces résultats positifs, a poursuivi la représentante, les défis restent énormes, notamment pour renforcer l’administration de la justice, prévenir l’abus de drogues et la violence urbaine, et renforcer la coopération régionale et internationale.  « Notre combat ne sera pas efficace tant que notre région continuera d’abriter les trafiquants de drogues, a-t-elle rappelé, en invitant les pays voisins à prendre des mesures énergiques et en assurant que son pays était prêt à partager ses meilleures pratiques.  La représentante s’est félicitée par ailleurs de la table ronde organisée le 3 décembre par les partenaires de la CEDEAO, avec le soutien du Gouvernement autrichien et de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), qui a permis d’examiner le Plan d’action régional.  Mme Lima da Veiga a rappelé que l’Afrique de l’Ouest demeure un lieu de transit pour le trafic de drogues qui sont produites en Amérique latine en vue d’être écoulées en Europe.


Mme SYLVIE LUCAS (Luxembourg), qui s’est associée à la déclaration faite par la Suède au nom de l’Union européenne, a partagé l’idée selon laquelle la criminalité organisée liée au trafic de drogues, représente, particulièrement en Afrique, une menace à la paix et à la sécurité internationales, et constitue un frein au développement durable.  Appelant à réagir d’urgence aux problèmes posés par les liens entre le trafic de drogues et les maux tels que la corruption et la traite des êtres humains, elle a souhaité que la communauté internationale redouble d’efforts pour venir en aide aux pays et régions affectés par le fléau.  Tout en militant pour que l’ONU joue un rôle central dans cette lutte, elle a défendu la nécessité d’intégrer la problématique du trafic de stupéfiants dans l’analyse d’ensemble d’un conflit, et de l’insérer dans le cadre d’une opération de maintien de la paix, ou d’une stratégie de consolidation de la paix.


En sa capacité de Présidente du Conseil économique et social, Mme Lucas a mis en exergue les potentialités de coopération qui existent entre l’ECOSOC, le Conseil de sécurité et la Commission de consolidation de la paix, en matière de lutte contre le trafic de drogues, et de l’impact de celui-ci sur la stabilité, la gouvernance et le développement économique et social des États émergeant d’un conflit.  Mais, pour qu’une action au niveau international soit efficace, a poursuivi Mme Lucas, « nous avons besoin du concours de chaque État Membre de notre Organisation ».  Cet effort commence par la mise en œuvre des instruments juridiques internationaux existants en la matière, a-t-elle estimé, avant de présenter les conventions auxquelles est partie son pays, notamment la Convention des Nations Unies contre le trafic illicite des stupéfiants et des substances psychotiques de 1988.


M. IVAN BARBALIC (Bosnie-Herzégovine) a déclaré que les menaces posées par le trafic de la drogue, la criminalité transnationale organisée, la traite d’êtres humains ou encore la corruption ne respectaient aucune frontière et exigeaient de la communauté internationale qu’elle déploie plus d’efforts pour améliorer la coopération et les partenariats multilatéraux.  Le représentant a plus particulièrement insisté sur la nécessité de ratifier et de mettre en œuvre les instruments juridiques internationaux et de fournir des informations sur le contrôle national de stupéfiants qui permettent aux entités pertinentes de l’ONU de développer des mesures régionales et mondiales destinées à enrayer la consommation de drogue et le crime.  Aucun pays ne peut agir seul et espérer résoudre avec succès ce problème, a-t-il lancé.  M. Barbalic a notamment insisté sur la mise sur pied de systèmes policiers et judiciaires en bonne et due forme ainsi que sur la coopération aux niveaux régional et sous-régional.  Le représentant a ensuite indiqué que l’Assemblée parlementaire de la Bosnie-Herzégovine avait adopté une Stratégie nationale sur le contrôle, la prévention et la suppression de l’abus de stupéfiants.  Une coopération plus rapprochée a également été établie avec les services de contrôle des frontières des pays voisins.


M. LESLIE CHRISTIAN (Ghana) a déclaré que l’Afrique de l’Ouest n’était plus seulement une zone de transit mais aussi une zone de destination du trafic de drogues, ajoutant que ce trafic avait parfois déclenché ou alimenté des conflits, ainsi que la corruption et d’autres formes de crime.  Il a ensuite expliqué les mesures prises au plan national par son pays, y compris le renforcement du contrôle aux frontières et la plus grande attention accordée par les autorités judiciaires aux affaires relatives au trafic de drogues, tout en veillant au respect des droits de la défense.  Le représentant a ensuite indiqué que son pays complétait ses mesures nationales par une participation active à la coopération internationale ou régionale en matière de lutte contre le trafic de drogues.  Le Ghana a ainsi obtenu une assistance technique bilatérale pour renforcer le contrôle des passagers et bagages dans les aéroports, a-t-il expliqué, avant de mentionner la ratification de divers instruments internationaux et l’organisation, en mars dernier, d’une réunion internationale sur la protection des victimes du trafic de drogues.  Il a apporté son soutien au Plan d’action de la CEDEAO et s’est félicité de l’initiative interinstitutions des Nations Unies, « Côte de l’Afrique de l’Ouest », qui associe également Interpol.  Il a insisté sur la coordination et la bonne cohérence des différentes actions et mesures.


Tous les efforts nationaux ou internationaux resteront vains si la criminalité transnationale organisée parvient à corrompre les agences de sécurité et de maintien de l’ordre, a fait observer le représentant.  C’est pourquoi, a-t-il fait remarquer, ce qui sera nécessaire sera moins le renforcement des capacités législatives, institutionnelles ou techniques que la capacité et la volonté politique de la part des dirigeants politiques et des services de maintien de l’ordre de dire « non » au crime et à la corruption.  Il a rappelé que le Ministre de la justice du Ghana avait récemment rendu publique une analyse comparée de la législation anti-corruption du Ghana et des conventions des Nations Unies et de l’Union africaine de lutte contre la corruption afin d’informer la population de l’engagement des autorités de son pays.  Parce qu’elle prospère dans les pays en conflit et en l’absence d’état de droit, de bonne gouvernance et de démocratie, la criminalité organisée a parfois eu pour objectif de saper la stabilité des États et/ou de ruiner les efforts entrepris dans les situations postconflit, a déclaré M. Christian, qui a rappelé certains exemples cités lors d’une table ronde sur la démocratie, organisée la semaine dernière par à Mexico.


Le représentant a rappelé que le Conseil de sécurité, dans sa déclaration présidentielle du 20 juillet dernier, avait reconnu l’interdépendance du trafic de drogues et d’autres formes de criminalité organisée et avait appelé à l’adoption de stratégies globales pour le règlement des conflits en Afrique de l’Ouest qui tiennent compte de différents aspects transfrontières comme le trafic de drogues, les activités terroristes au Sahel, l’insécurité maritime dans le golfe de Guinée ou la prolifération des armes légères.  Cela signifie que la communauté internationale doit non seulement soutenir le Plan d’action de la CEDEAO pour combattre le trafic de drogues, mais aussi pour l’aider à appuyer la mise en œuvre de la Convention sur les armes légères et de petit calibre, a estimé le représentant.  De même, a-t-il ajouté, le Conseil de sécurité et l’Assemblée générale doivent continuer d’apporter leur soutien politique, financier et stratégique, en partenariat avec l’Union africaine et la CEDEAO, pour traiter des causes profondes des conflits en Guinée-Bissau, en Sierra Leone, au Burundi et en République centrafricaine en consolidant la reconstruction postconflit dans ces pays.


M. JORGE ARGÜELLO (Argentine) a estimé que le trafic de drogues était l’un des problèmes les plus inquiétants auquel est confrontée la communauté internationale puisque, « de près ou de loin, tous les pays sont concernés, qu’ils soient producteurs, consommateurs ou de transit ».  Il a préconisé de privilégier, dans ce contexte, une approche coordonnée basée sur le principe de responsabilité partagée et la mise en place de stratégies d’action globales.  « Nous devons, ensemble, renforcer la réponse des États par le biais d’un dialogue permanent avec la société civile », a-t-il souligné.  Le représentant a indiqué que l’Argentine, en coopération avec les pays voisins, s’attachait à mettre pleinement en œuvre les instruments juridiquement contraignants existants, dont le suivi et l’évaluation s’effectuent par le biais de mécanismes multilatéraux fondés sur des informations  « objectives et fiables. »  Il a conclu en reconnaissant la nature transnationale du trafic de stupéfiants, ce qui nécessite, a-t-il dit, « une réaction coordonnée au niveau de chaque région afin d’assurer le renforcement judiciaire des États confrontés au trafic des stupéfiants et permettre la mobilisation continue de ressources nécessaires à cet effort, en particulier dans les régions les plus vulnérables ».


M. MOURAD BENMEHIDI (Algérie) a rappelé que la production et le trafic illicite de drogues figurent parmi les principales activités de la criminalité transnationale organisée avec des transactions engageant des « sommes colossales » et des trafiquants qui ont recours à « des moyens de plus en plus sophistiqués » pour assurer le blanchiment des revenus de la drogue et de la contrebande.  Il faut donc appréhender la problématique dans son ensemble en tenant compte des liens avérés avec les autres formes de criminalité transnationale organisée et le terrorisme international, a-t-il ajouté.  La drogue constitue la première source de financement du terrorisme international, aux côtés du paiement des rançons retirées des prises d’otages, a-t-il précisé.  La conjonction de tous ces crimes et d’autres facteurs, y compris la crise économique et financière mondiale, mettent la sécurité internationale et l’état de droit en péril, notamment en Afrique, a affirmé le représentant, qui a cité en exemple le cas de l’Afrique de l’Ouest.  L’Algérie soutient les efforts des pays de cette sous-région entrepris dans le cadre de la CEDEAO, a affirmé M. Benmehidi, qui s’est félicité de la Déclaration et du Plan d’action de Praia.


Le représentant a invité l’ensemble des États à ratifier les conventions internationales traitant de la lutte contre la drogue.  Rappelant les objectifs définis lors de la vingt-deuxième session extraordinaire de l’Assemblée générale et la Déclaration et le Plan d’action adoptés par la cinquante-deuxième session de la Commission des stupéfiants, il a jugé impératif d’œuvrer à la réduction à la fois de l’offre et de la demande de drogues, et de promouvoir la coopération internationale dans le cadre d’une approche intégrée.  Il a appelé la communauté internationale à œuvrer de concert avec les États d’Afrique et les organisations régionales et sous-régionales pour renforcer les capacités institutionnelles de lutte contre le trafic de drogues.  Il a également appelé la communauté internationale à s’engager dans un effort économique et dans la promotion de politiques alternatives de développement dans cette région.  M. Benmehidi a rendu hommage à l’ONUDC qui est en mesure de jouer un rôle primordial dans l’assistance aux États dans leurs efforts « en dépit d’un mode de financement reposant essentiellement sur des contributions volontaires ».  Il a estimé que le Conseil de sécurité serait appelé à « jouer un rôle accru dans la lutte contre le trafic de drogues et la criminalité transnationale organisée dans le contexte des situations de conflit ou de postconflit et s’est félicité de l’adoption, ce matin, de la déclaration présidentielle du Conseil de sécurité.


M. GONZALO GUTIERREZ REINEL (Pérou) a affirmé que le trafic de drogues est associé à la violence et à la criminalité transnationale organisée et, dans certains pays, aux activités terroristes.  Il a également établi un lien entre ce type de trafic et le blanchiment d’argent, le trafic des armes et la corruption, en particulier en Afrique.  Il s’est déclaré profondément préoccupé par le fait qu’en raison de la demande de drogues en Europe, certaines régions d’Afrique, notamment de l’Afrique de l’Ouest, soient devenues des zones de transit du trafic de cocaïne.  Cette même région est aussi convertie en zone de transit de l’héroïne et de précurseurs de type amphétamines.  Plusieurs des pays concernés émergeant d’un conflit ou de graves situations de tension politique demeurent fragiles du point de vue économique, social et politique.  Cette situation fournit un terrain fertile au trafic de drogues et à la corruption, et constitue un obstacle supplémentaire à la consolidation des États, au bien-être des populations et à la sécurité dans la sous-région.  Il a estimé qu’aucun pays affecté ne pourrait relever ce défi individuellement et que le problème ne saurait être résolu exclusivement au niveau de la sous-région car il incombe à la communauté internationale tout entière d’y faire face par la mise en œuvre de stratégies bilatérales, régionales et multilatérales.


Le représentant a souligné l’importance de la Déclaration politique approuvée lors de la cinquante-deuxième session de la Commission des stupéfiants, qui met l’accent sur la nécessité d’intensifier et de consolider les efforts conjoints, y compris par une amélioration et une coordination accrue de l’assistance technique et financière.  M. Gutierrez Reinel a recommandé l’élaboration d’un rapport mondial contenant des statistiques et des informations précises sur les ressources que la coopération internationale consacre à la lutte contre le trafic illicite de drogues, et identifiant des projets clefs relatifs au renforcement de la coopération avec les pays les plus affectés par la production illicite des stupéfiants.  Un pas a d’ores et déjà été fait dans cette direction, a-t-il poursuivi, avec le projet de résolution intitulé « Coopération internationale face au problème mondial de la drogue », qui sera présenté prochainement à l’Assemblée générale pour adoption.  L’appui aux pays africains touchés par les conséquences de ce trafic est incontournable pour éviter l’instabilité politique qui risque d’affecter la sécurité de la région, a-t-il affirmé, en ajoutant que cet appui devrait inclure une stratégie intégrale de développement et de sécurité susceptible de contribuer à la consolidation d’une paix durable.  


M. GUILLAUME NIAGRI BAILLY (Côte d’Ivoire) a noté à son tour que le trafic de drogues en Afrique de l’Ouest finance d’autres crimes comme le trafic d’armes, le terrorisme et le blanchiment d’argent.  Il a préconisé que la communauté internationale renforce la coopération entre les États aux niveaux national, régional et international pour s’attaquer au phénomène du trafic de drogues sous tous ses aspects.  À cette fin, il a demandé que soit évalué l’impact du trafic de drogues sur la mise en œuvre des mesures de développement et de démocratisation en Afrique et que soient dégagées des réponses efficaces, des stratégies claires et viables afin de combattre durablement le trafic de drogues.  Le représentant a ensuite indiqué que son pays avait adopté une stratégie globale nationale de lutte contre la drogue qui prévoit à la fois la prévention, la réinsertion et la répression.  Il a en outre fait observer que la Côte d’Ivoire continue de renforcer sa coopération avec Interpol et qu’il s’emploie, par le biais de son point focal, à mettre en œuvre le Plan d’action régional de la CEDEAO adopté en 2008 pour contrer le problème du trafic de drogues et de la criminalité organisée en Afrique de l’Ouest.  


M. JORGE VALERO (Venezuela) a déclaré que le trafic de drogues ne relève pas des compétences du Conseil de sécurité aux termes de la Charte de l’ONU.  Il a ajouté que cette question devrait être traitée de manière inclusive et non réductrice, « sans a priori de la part d’un, deux ou cinq pays », mais bien par tous les États Membres.  Le Conseil de sécurité a démontré qu’il ne voulait pas ou ne pouvait pas accomplir les fonctions qui sont les siennes, citant « l’absence totale de respect des résolutions du Conseil de sécurité de la part d’Israël », a-t-il fait observer.  Dès lors, le Conseil de sécurité ne saurait prétendre à traiter de questions qui ne relèvent pas de ses compétences.


Le Venezuela, a affirmé M. Valero, partage la volonté de la communauté internationale de lutter contre le trafic de drogues dans le cadre d’une coopération nationale respectant pleinement la souveraineté des États et les droits de l’homme, y compris les principes de garantie de procédure, de proportionnalité et de présomption d’innocence.  C’est donc un problème à traiter dans le cadre de l’Assemblée générale, du Conseil économique et social (ECOSOC) et de la Commission des stupéfiants, a-t-il déclaré.  Il a ensuite rappelé le contenu de la Déclaration et du Plan d’action de Vienne adoptée lors de la cinquante-deuxième session de cette Commission, en mars dernier.  Reconnaissant que le trafic de drogues constitue « une menace pour la sécurité publique des États comme pour le bien-être de l’humanité », M. Valero a rappelé qu’il était important de lutter à la fois contre l’offre et la demande de la drogue dans un cadre de coopération internationale, y compris pour éradiquer les cultures illicites et promouvoir des cultures alternatives, pour lutter contre le blanchiment d’argent et pour renforcer l’assistance et la coopération juridique.  C’est ainsi qu’il faut traiter le problème et non pas en utilisant des bases militaires étrangères sur le sol d’un État, a-t-il fait remarquer.


Le Venezuela partage la préoccupation des pays africains sur les effets négatifs du trafic de drogues, a dit le représentant, qui a rappelé ensuite plusieurs initiatives prises par son pays, notamment pour appuyer la coopération Sud-Sud.  Affirmant avoir constaté l’apparition, dans différentes enceintes multilatérales, d’un dialogue constructif sur la lutte contre la drogue, le représentant a déclaré que son pays avait démontré sa solidarité, notamment avec les pays d’Afrique de l’Ouest, en signant plusieurs accords de coopération bilatérale pour lutter contre le trafic de drogues.  Il a conclu en disant espérer que la présente séance du Conseil de sécurité « n’établira pas un précédent pour légitimer une future action du Conseil sur ce sujet ».


M. MOHAMMAD KHAZAEE (République islamique d’Iran) a rappelé que son pays préside la Commission des stupéfiants de l’ONU jusqu’en décembre 2010.  Il a poursuivi en mettant l’accent sur les mesures prises par son pays pour contrer le trafic de drogues aux frontières, l’Iran mobilisant actuellement plus de 30 000 militaires et agents de renseignements pour empêcher l’entrée sur son territoire de chargements de stupéfiants.  L’Iran est le pays qui aura, au cours de ces dernières années, réalisé les plus importantes saisies d’opium et d’héroïne, a-t-il indiqué, précisant que plus de 700 tonnes de drogues illicites avaient été découvertes le long des frontières en 2008.  Le représentant a également évoqué la coopération régionale grâce à laquelle l’Iran et les pays voisins multiplient les échanges et initiatives communes pour barrer la route des trafiquants vers les Balkans.  La coopération entre l’Iran et l’ONUDC a permis la publication d’un rapport qui a été salué par le Secrétaire général de l’ONU, a-t-il indiqué.  Ce rapport révèle qu’une bonne partie des cargaisons de drogues saisies en Iran proviennent de pays africains, ce qui démontre que ce trafic ne se limite pas à une région, ni ne connaît de frontières, a fait observer M. Khazaee.  Il a conclu en déclarant qu’à la veille de la Conférence internationale d’appui à l’Afghanistan, qui se tiendra le mois prochain à Londres, il faudrait réaffirmer la nécessité de renforcer les partenariats multilatéraux en vue de mettre fin au fléau de la production et du trafic de drogues dans ce pays. 


M. JAVIER LOYAZA (Bolivie), qui s’est dit « très attaché » à la lutte mondiale contre la drogue, a rappelé que la dix-neuvième réunion des dirigeants d’organismes chargés de lutter contre le trafic de drogues en Amérique latine, qui s’était tenue cet automne au Venezuela, avait félicité la Bolivie pour ses efforts visant à lutter contre les trafiquants de drogue et éliminer les « cultures illégales et excédentaires » de feuilles de coca. Il a ensuite, chiffres à l’appui, cité le rapport de l’ONUDC qui félicite également le Gouvernement bolivien pour sa lutte contre la drogue. L’efficacité des actions, a déclaré M. Loyaza, a permis d’augmenter de 252% les saisies de cocaïne entre 2007 et 2008, alors que les surfaces plantées illégalement étaient réduites.  Il a cité différentes mesures prises dans le cadre de la coopération régionale ou bilatérale.


La culture de feuilles de coca en Bolivie ne représente que 18% de la production mondiale et 13% du potentiel de culture dans le monde, a précisé le représentant, qui a rappelé qu’une fraction de ces cultures était légale et destinée à la consommation traditionnelle et devait donc être défalquée du total potentiellement destiné à la fabrication de cocaïne.  À cet égard, il a rappelé que le Président Evo Morales de Bolivie avait proposé un amendement à la Convention internationale sur les stupéfiants de 1961 afin de dépénaliser la mastication de la feuille de coca, interdite par la Convention « sur la base de préjugés culturels sans base scientifique » alors qu’il s’agit, a-t-il affirmé, d’une « pratique ancestrale et millénaire des peuples des Andes et de l’Amérique du Sud, qui fait partie de notre histoire et de notre identité culturelle ».  Le représentant a rappelé l’attachement de son pays à combattre le fléau de la drogue sur la base du principe de responsabilités communes et partagées et dans le plein respect de la souveraineté et de l’intégrité des États, ainsi que de la non-intervention dans les affaires intérieures et du respect des droits de l'homme.  L’Assemblée générale, l’ECOSOC et les organismes subsidiaires constituent les enceintes appropriées pour traiter de cette question, a-t-il conclu.  


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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