CS/9620

CONSEIL DE SÉCURITÉ: « LA SOMALIE DISPOSE D’ATOUTS UNIQUES QU’ELLE DOIT METTRE AU SERVICE DE LA PAIX ET DE LA RECONSTRUCTION », DÉCLARE LE REPRÉSENTANT SPÉCIAL, M. AHMEDOU OULD-ABDALLAH

20/03/2009
Conseil de sécuritéCS/9620
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Conseil de sécurité

6095e séance – matin


CONSEIL DE SÉCURITÉ: « LA SOMALIE DISPOSE D’ATOUTS UNIQUES QU’ELLE DOIT METTRE AU SERVICE DE LA PAIX ET DE LA RECONSTRUCTION », DÉCLARE LE REPRÉSENTANT SPÉCIAL, M. AHMEDOU OULD-ABDALLAH


Des délégations estiment que l’« éventuelle » relève de l’AMISOM par une opération de maintien de la paix de l’ONU devrait être examinée en avril prochain


Au lendemain de sa réunion sur l’Afghanistan, c’est à un autre pays fragilisé par des décennies de violence que le Conseil de sécurité a consacré, ce matin, une séance publique: la Somalie, où les conditions de sécurité, en dépit de récents progrès politiques, se détériorent, notamment en raison de la piraterie au large des côtes somaliennes.


Le 2 février dernier, Shiekh Shariff Shiekh Ahmed a été élu à la présidence de la Somalie par le Parlement fédéral de transition, qui avait été établi une semaine auparavant.  Les membres du Conseil, qui s’en étaient alors félicités, ont salué, aujourd’hui, la détermination des Somaliens et de leurs dirigeants à mener à bien le processus de réconciliation dans le cadre de l’Accord de Djibouti du 19 août 2008.


Venu présenter les rapports du Secrétaire général sur la situation en Somalie et sur la lutte contre la piraterie*, le Représentant spécial pour la Somalie, M. Ahmedou Ould-Abdallah, a expliqué que le Gouvernement d’unité nationale, dès sa formation, s’était fixé 100 jours pour réaliser des progrès tangibles dans les domaines prioritaires de l’emploi, de la rénovation des infrastructures et de l’assistance humanitaire, qui concerne plus de 3 millions de personnes.


Mais, le 22 février, un attentat avait été commis contre la base de la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM) à Mogadiscio, faisant 11 morts et 17 blessés parmi les soldats burundais.  De nouvelles attaques ont été perpétrées deux jours plus tard.


Face à une situation encore très volatile, le Secrétaire général a décidé de convoquer, le 22 avril prochain, une conférence de donateurs, afin de solliciter le versement de contributions au Fonds d’affectation spéciale pour l’AMISOM et le renforcement des capacités des institutions somaliennes de l’état de droit.  Ce Fonds a été créé par la résolution 1863 du Conseil de sécurité du 16 janvier 2009, qui prévoyait aussi un paquet logistique en faveur de l’AMISOM.


« Il s’agit maintenant, a poursuivi le Représentant spécial, de convaincre une jeunesse désœuvrée, livrée à la violence et en quête d’argent facile, que la paix est plus profitable à long terme. »  La communauté internationale doit donc concrétiser ses promesses de contributions, afin de donner à la Somalie les moyens de ses ambitions immédiates, a-t-il souligné.


La Somalie dispose d’atouts uniques qu’elle doit mettre au service de la paix et de la reconstruction, a relevé M. Ould-Abdallah.  Ainsi, le pays possède une « extraordinaire » communauté d’entrepreneurs, et les envois annuels de fonds de la diaspora somalienne se chiffrent à plus d’un milliard de dollars.  En outre, a-t-il ajouté, le littoral somalien, le plus long de toute l’Afrique, lui donne accès à des ressources halieutiques et à des gisements d’hydrocarbures considérables.


Le phénomène de la piraterie sanctionne toutefois l’incapacité de l’État somalien à étendre son autorité à ses eaux territoriales, a signalé M. Ould-Abdallah.  Tandis que le représentant de la Malaisie a appelé les Nations Unies à prendre la direction des efforts de lutte contre la piraterie, en déployant une force navale de maintien de la paix, son homologue de la Fédération de Russie a appuyé la proposition de mettre au point une base juridique unifiée, afin de poursuivre les responsables des actes de piraterie.


La question de la relève de l’AMISOM a été soulevée par le Commissaire pour la paix et la sécurité de l’Union africaine, M. Ramtane Lamamra, rappelant qu’aux termes de la résolution 1863, le Conseil de sécurité avait décidé de se prononcer, avant le 1er juin, sur l’envoi d’une opération de maintien de la paix des Nations Unies en Somalie.  « Dans la perspective d’une telle relève », le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine avait, le 11 mars, prorogé de trois mois le mandat de l’AMISOM.


À l’instar de plusieurs autres membres du Conseil de sécurité, le représentant de la France a estimé que le déploiement d’une « éventuelle » opération de maintien de la paix devrait être examiné à la lumière du prochain rapport du Secrétaire général, qui sera présenté au Conseil en avril prochain.


Dans ses remarques finales, le Représentant spécial du Secrétaire général a remercié les États-Unis d’avoir mentionné « le rôle négatif » de l’Érythrée, qui apporte « un appui militaire et logistique aux extrémistes qui cherchent à déstabiliser la Somalie ».


*     S/2009/132 et S/2009/146


LA SITUATION EN SOMALIE


Rapport du Secrétaire général sur la situation en Somalie (S/2009/132)


Le rapport fait le point sur l’évolution de la situation en Somalie depuis le 17 novembre 2008 et fait de nouvelles propositions en cas de création d’une opération de maintien de la paix.


Le Secrétaire général juge « encourageante » la détermination des Somaliens et de leurs dirigeants à mener à bien le processus de réconciliation dans le cadre de l’Accord de Djibouti du 19 août 2008.  Le 29 décembre, le Président Abdullahi Yusuf Ahmed a démissionné « pour éviter d’être un obstacle à la paix ».  Le 26 janvier, afin d’inclure des membres de l’Alliance pour la seconde libération de la Somalie et divers groupes d’opposition ou de la société civile, un nouveau parlement a été constitué.  Le 20 janvier, il a investi un Gouvernement d’unité, mis en place une semaine plus tôt.  Le 30 janvier, le Parlement a élu Shiekh Shariff Shiekh Ahmed, de l’Alliance, à la présidence du pays.  M. Ban Ki-moon « note avec satisfaction » que le Président Ahmed a déjà exprimé son intention de tendre la main aux groupes qui sont opposés au processus de Djibouti.


Le Secrétaire général constate aussi que le retrait de Somalie des forces éthiopiennes n’a pas abouti à une invasion du pays par le groupe Al-Shabaab, opposé au processus de Djibouti, ni à une reprise généralisée des combats à Mogadiscio.  Il juge toutefois précaire la situation en matière de sécurité.  Rappelant que deux fonctionnaires du Programme alimentaire mondial (PAM) ont été assassinés en janvier, il précise que, du fait des « risques énormes et des attaques directes incessantes contre les travailleurs humanitaires », les organismes des Nations Unies ont été obligés de réduire leur personnel et leurs activités.  Cet état de fait aggrave encore la situation humanitaire, alors que les Nations Unies estiment que 3 millions de Somaliens restent tributaires de l’aide humanitaire.  Le Secrétaire général juge en outre « catastrophique » la situation des droits de l’homme dans le pays.


Le Secrétaire général rappelle que la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM) ne dispose toujours pas des ressources nécessaires pour mener à bien ses opérations.  Il rappelle, en outre, que le Conseil, dans sa résolution 1863 (2008) du 19 décembre 2008, a approuvé une série de mesures présentées dans une lettre du Secrétaire général datée du 19 décembre 2008 (S/2008/804) et destinées à assurer la sécurité en Somalie.  Elles consistent en un ensemble de dispositions d’appui à l’AMISOM, en une aide au renforcement des institutions somaliennes chargées d’assurer la sécurité et le respect de la légalité, en un renforcement des capacités du Bureau politique des Nations Unies pour la Somalie (UNPOS), et en l’établissement d’un plan d’action plus détaillé en vue du déploiement d’une opération de maintien de la paix des Nations Unies, notamment la définition des conditions à réunir pour qu’un tel déploiement soit mené à bien.


Suite à cette résolution du Conseil, le Secrétariat a dépêché une mission d’évaluation technique en Somalie, dont le Secrétaire général résume les conclusions, mentionnées de manière détaillée dans une lettre datée du 30 janvier (S/2009/60), qu’il a adressée au Conseil de sécurité.


M. Ban ajoute que l’appui qu’il est proposé d’apporter à l’AMISOM et l’aide à la mise en place des institutions de sécurité et de l’état de droit, ainsi que l’action que mène son Représentant spécial sur le plan politique et les activités en cours de l’équipe de pays des Nations Unies, sont autant « d’éléments essentiels d’une stratégie globale » des Nations Unies en Somalie.  Pour lui, il s’agit d’une « nouvelle démarche », dont la mise en œuvre suppose un partenariat solide entre le système des Nations Unies, l’Union africaine (UA), les États Membres et les parties somaliennes.  Le Secrétaire général fait part de son intention de convoquer « au cours des jours à venir » une conférence des donateurs pour la Somalie pour solliciter le versement de contributions au Fonds d’affectation spéciale pour l’AMISOM et le renforcement des capacités des institutions somaliennes de l’état de droit.


Le Secrétaire général estime que, bien soutenues, les mesures qu’il préconise dans sa lettre du 19 décembre 2008, « porteront la Somalie à un stade où elle pourrait bénéficier du déploiement d’une opération pluridimensionnelle de maintien de la paix des Nations Unies », qui prendrait la relève de l’AMISOM, et dont il fixe les grandes lignes: contingent militaire d’environ 22 500 hommes, composante de police de 1 500 personnes et composante civile chargé de « toutes les activités habituelles d’une opération de maintien de la paix pluridimensionnelle ».  M. Ban ajoute qu’il a l’intention de formuler, d’ici au 15 avril 2009, des avis et des recommandations sur le déploiement d’une telle opération.


Le Secrétaire général rappelle, toutefois, que « toutes les conditions nécessaires à la réussite d’une opération de maintien de la paix » doivent être réunies.  Il note que le Conseil « ne s’est toujours pas prononcé » sur le déploiement d’une telle opération et « n’a pas encore déterminé avec certitude si le maintien de la paix constitue la formule appropriée pour appuyer le processus politique en Somalie ».  Dans son précédent rapport (S/2008/709), daté du 17 novembre, le Secrétaire général avait proposé le déploiement d’une force multinationale de stabilisation, qui aurait pris le relais de l’AMISOM et ouvert la voie à une opération de maintien de la paix de l’ONU.  Dans sa lettre du 19 décembre, il avait dû constater, pour le déplorer, le peu d’écho obtenu par cette idée.  Il estimait alors que « les enjeux complexes liés à la sécurité en Somalie ne peuvent pas être maîtrisés avec les seules ressources mises à la disposition d’une force classique de maintien de la paix des Nations Unies ». 


Rapport du Secrétaire général soumis en application de la résolution 1846 (2008) du Conseil de sécurité (S/2009/146)


Le présent document est soumis en application de la résolution 1846 (2008) du Conseil de sécurité, en date du 2 décembre 2008, dans laquelle le Conseil a prié le Secrétaire général de lui présenter un rapport sur les moyens de garantir durablement la sécurité de la navigation internationale au large des côtes somaliennes, y compris la sécurité à long terme des convois maritimes du Programme alimentaire mondial (PAM) effectuant des livraisons en Somalie auprès de 2,4 millions de personnes en Somalie.


Pour aborder le problème de la piraterie, indique M. Ban Ki-moon, il est essentiel d’adopter une approche multidimensionnelle permettant de s’assurer que le processus politique, les activités de maintien de la paix de l’AMISOM, les efforts d’appui aux institutions chargées de faire respecter la loi et les initiatives de renforcement des capacités se poursuivent parallèlement, et que l’assistance humanitaire apportée par le PAM et autres entités peut continuer à répondre aux besoins urgents des populations extrêmement vulnérables de la Somalie.  À long terme, prévoit-il, la question des actes de piraterie et des vols à main armée au large des côtes somaliennes ne sera résolue que par une approche intégrée permettant de mettre un terme au conflit et de s’attaquer à l’absence de gouvernance et de moyens de subsistance pour ceux qui vivent en Somalie.


Le Secrétaire général encourage donc les États Membres à redoubler d’efforts pour régler le problème de l’anarchie qui règne dans le pays, en poursuivant le processus de paix de Djibouti et en appuyant l’AMISOM conformément aux mesures qu’il a proposées dans sa lettre du 19 décembre 2008 et qu’a faites siennes le Conseil de sécurité.  Le renforcement des capacités des intervenants locaux et régionaux constituera un facteur déterminant pour identifier et mettre en œuvre des solutions durables au problème de la piraterie et des attaques à main armée au large des côtes somaliennes.  Il se conçoit sans peine que ces mesures ne se traduiront pas par des résultats immédiats, et le Secrétaire général appelle instamment les États Membres à prendre des initiatives bilatérales ou dans le cadre d’un effort coordonné pour renforcer les capacités de la région et réduire la dépendance, en particulier dans certaines communautés somaliennes, vis-à-vis du produit du crime qu’est la piraterie.


Pour remédier à l’absence de mise en jeu des responsabilités qui s’est traduite par l’impunité dans la région, souligne le Secrétaire général, il est nécessaire que la communauté internationale s’appuie sur le cadre juridique international existant et envisage de renforcer celui qui est en place aux niveaux régional et national de manière à faciliter l’arrestation et la traduction en justice de ceux qui sont soupçonnés d’avoir commis des actes de piraterie et des vols à main armée au large des côtes somaliennes.


Le Secrétaire général recommande des efforts de coopération à court et à long termes pour renforcer les capacités maritimes et juridiques de la Somalie et des États régionaux les plus directement affectés et leur permettront de mieux lutter contre la piraterie.  Il s’agira notamment de renforcer les capacités régionales avec l’aide de l’Organisation maritime internationale (OMI), de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) et des partenaires compétents, afin de mettre en place des arrangements efficaces, conformes à la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer et autres instruments applicables, auxquels les États membres de la région sont parties, de procéder à des enquêtes et de poursuivre ceux qui sont coupables d’actes de piraterie et de vols à main armée en mer.


Les autorités du « Puntland » se sont montrées véritablement disposées à lutter contre la piraterie au large de leurs côtes.  Le Secrétaire général encourage les États Membres à soutenir les efforts que continuent de déployer l’Organisation des Nations Unies et ses partenaires en vue d’améliorer la gouvernance locale et de formuler des propositions viables de consolidation de la paix dans les régions relativement stables du « Puntland » et du « Somaliland ».


Le Secrétaire général rappelle, qu’au cours des 12 derniers mois, la communauté internationale a assisté à la mise sur pied de plusieurs dispositifs de lutte, menée en collaboration contre la piraterie aux niveaux tant régional qu’international, tant politique que militaire.  Compte tenu de la nature militaire confidentielle des activités entreprises et de la complexité des opérations coordonnées, actuellement menées dans les eaux situées au large des côtes somaliennes, le Secrétaire général note que ces arrangements vont au-delà de la capacité opérationnelle et des ressources du Secrétariat.  À court et à moyen termes, il estime que la priorité est d’utiliser efficacement les ressources navales des États Membres et de renforcer la coopération régionale.  Il encourage les États Membres à envisager une répartition efficace des tâches, en particulier entre ceux qui fournissent une escorte de sécurité aux navires opérant pour le compte de l’ONU et du PAM et ceux qui mènent des activités de lutte contre la piraterie.  Le Secrétariat de l’ONU continuera, quant à lui, à jouer un rôle d’information, de coordination et de liaison, notamment en faisant rapport au Conseil de sécurité et à l’Assemblée générale.


Déclarations


M. AHMEDOU OULD-ABDALLAH, Représentant spécial du Secrétaire général pour la Somalie, a expliqué que le sens de son intervention était de présenter les prochaines étapes de la mise en œuvre de l’Accord de Djibouti et la manière dont il envisage le long processus de normalisation de la Somalie.  Depuis des années, la situation dans le pays a été une menace pour sa population, a-t-il rappelé.  Pour faire face à la complexité de cette situation, un nouveau paradigme, basé sur le lien entre gouvernance, sécurité et développement, est maintenant nécessaire.  Alors que l’élite somalienne –qu’il s’agisse de militaires, de dirigeants religieux, de chefs d’entreprise ou d’intellectuels– porte principalement le blâme de l’effondrement de leur pays, la communauté internationale ne peut se détourner de ses responsabilités, a prévenu le Représentant spécial.  Aujourd’hui, chacun d’entre nous devrait déployer tous les efforts possibles pour « gagner les cœurs et les esprits ».


Selon M. Ould-Abdallah, seule une stratégie assortie d’objectifs réalisables peut aider à stabiliser la Somalie.  Au cours des 100 prochains jours, elle devrait se limiter à l’emploi, à la rénovation des infrastructures et à l’assistance humanitaire.  Il s’agit maintenant de convaincre une jeunesse désœuvrée, livrée à la violence et en quête d’argent facile, que la paix est plus profitable à long terme.  Dans ce contexte, une assistance simultanée à la gouvernance, la sécurité et le développement doit être apportée, a estimé le Représentant spécial.  Mais il faudrait pour cela que les promesses de contribution soient concrétisées rapidement, a-t-il ajouté.


Il n’incombe pas à la communauté internationale de soutenir la Somalie, a fait remarquer M. Ould-Abdallah, qui a rappelé que le pays disposait d’atouts uniques, comme la plus longue bande côtière de toute l’Afrique, qui lui offre un accès à des ressources halieutiques et à des sources d’hydrocarbures considérables.  Le pays possède, en outre, une extraordinaire communauté d’entrepreneurs, et les envois de fonds par la diaspora somalienne se chiffrent à plus d’un milliard de dollars par an.  Il faut maintenant mettre ces avantages au service de la paix, de la reconstruction et du développement, a préconisé le Représentant spécial.


Aujourd’hui, a-t-il poursuivi, la légitimité de l’État est établie et la légalité des nouvelles institutions est reconnue aux niveaux régional et international, ainsi que par l’immense majorité des Somaliens.  Le magazine « The Economist » a même récemment parlé de « lueur d’espoir » en ce qui concerne la Somalie.  Aussi, la communauté internationale devrait, à ce stade, prêter un soutien immédiat aux nouvelles autorités, ainsi qu’un appui diplomatique et financier immédiat à l’AMISOM et une assistance humanitaire sans entrave.  Il faut aussi régler, sans tarder, les questions des individus figurant sur la liste des sanctions du Comité, de l’impunité et de la piraterie au large des côtes somaliennes.


Précisant ses propos, le Représentant spécial a expliqué que l’AMISOM devrait bénéficier d’un financement crédible, mais aussi d’un soutien sur le plan diplomatique.  À cet égard, il a espéré que la prochaine conférence des donateurs pour la Somalie, qui sera conjointement organisée par l’Union africaine et les Nations Unies, serait couronnée de succès.  Par ailleurs, après deux décennies de confrontation armée, l’assistance humanitaire est plus nécessaire que jamais, a-t-il ajouté, soulignant cependant que celle-ci ne doit en aucun cas être instrumentalisée par le Gouvernement, l’opposition ou d’autres entités.  Poursuivant, M. Ould-Abdallah a rappelé qu’un individu somalien avait été radié de la liste de ceux qui sont visés par le Comité des sanctions créé par le Conseil de sécurité.  Il a toutefois estimé que d’autres pouvaient être qualifiés pour être radiés lorsqu’ils témoignent d’un désir sincère d’aider leur pays à retourner à la paix et à la stabilité, en rompant tout lien avec les groupes radicaux.


L’Accord de Djibouti prévoit une disposition intitulée « Justice et réconciliation », en vertu de laquelle le Gouvernement somalien devrait lutter contre l’impunité.  À cette fin, une commission de réconciliation et de vérité pourrait être établie par les autorités somaliennes, a suggéré le Représentant spécial, qui a également jugé que le Conseil de sécurité pourrait envisager de mettre sur pied une commission d’enquête.  Évoquant enfin la question de la piraterie, il a estimé que ce phénomène sanctionnait l’incapacité de l’état à étendre son autorité à ses eaux territoriales.  Au-delà de la lutte contre la piraterie, il est maintenant indispensable de renforcer la coopération afin de pouvoir tracer les ressources financières des pirates.  Le Représentant spécial a conclu son exposé en indiquant qu’il n’y avait qu’une voie à suivre pour la Somalie, celle qui s’ouvre devant elle.


M. MOHAMED ABDULLAHI OMAAR, Ministre des affaires étrangères du Gouvernement fédéral de transition de Somalie, a remercié les Nations Unies pour l’aide apportée à son pays et à son peuple.  Ce soutien et celui de la communauté internationale ont été cruciaux pour soutenir les efforts en faveur de la paix en Somalie, a-t-il affirmé, ajoutant qu’il souhaitait poursuivre, aujourd’hui, ce partenariat pour remettre en place les institutions et l’état de droit.  Le processus de paix de Djibouti a mis en place un processus solide, a-t-il affirmé, en rappelant les différentes étapes politiques survenues depuis la fin 2008, y compris le retour en Somalie des nouvelles institutions.


Le Gouvernement mène désormais ses tâches courantes depuis Mogadiscio, a indiqué le Ministre.  Le Gouvernement et la communauté internationale doivent désormais saisir les occasions qui se présentent pour réaliser les objectifs de paix et de réconciliation qui nous échappent depuis 18 ans, a affirmé M. Omaar.  Il a rappelé que le Gouvernement avait décidé de créer des forces communes de sécurité à partir des forces du Gouvernement fédéral de transition et de celles de l’Alliance pour la seconde libération de la Somalie.  Le Gouvernement s’est attaché à mobiliser les Somaliens en faveur du processus de paix.  Il a pris le contrôle du port et de l’aéroport de Mogadiscio, ce qui lui procure des ressources financières.  Le Gouvernement a aussi repris le dialogue avec la communauté internationale, notamment grâce à des contacts régionaux.


Aujourd’hui en Somalie, il n’y pas de seigneurs de guerre, de guerres de clans, de factions politiques tenant le pays en otage, a affirmé le Ministre.  Toutefois, a-t-il fait remarquer, certains refusent encore la main tendue en faveur du dialogue, même lorsque le Gouvernement somalien affirme que la charia restera la source d’inspiration des lois aux termes de la nouvelle constitution en cours d’élaboration.  « Nous restons prêts à la discussion, mais seulement autour d’une table; les armes doivent se taire », a affirmé M. Omaar.


« Nous avons fixé nos objectifs pour les 100 premiers jours du Gouvernement, a déclaré M. Omaar, ajoutant cependant que son pays a besoin de l’aide de la communauté internationale, « qui doit oublier le passé et ses désillusions ».  La communauté internationale doit aider la Somalie à stabiliser la situation en matière de sécurité, a poursuivi le Ministre.  Il a rappelé que son pays avait demandé à l’Union africaine d’envoyer trois bataillons supplémentaires en Somalie pour renforcer l’AMISOM.  Les Forces conjointes de sécurité somaliennes ne sont pas suffisamment financées et équipées, mais elles constituent un soutien indispensable à l’AMISOM, a assuré M. Omaar.  Sans cette aide précieuse, l’AMISOM serait privée du partenaire national qui prendra en charge, en temps voulu, la responsabilité de la sécurité et de la stabilité, a-t-il averti.  Le Ministre a salué les engagements souscrits par la communauté internationale pour l’envoi d’une force des Nations Unies.  Il a souligné que la conférence des donateurs pour la Somalie, prévue pour le 22 avril prochain, était cruciale pour la restructuration du secteur de la sécurité.  Sans de telles ressources, il sera impossible à l’État de manifester sa présence, et la paix ne se fera pas, a affirmé le Ministre.  M. Omaar a demandé que le Conseil de sécurité réexamine l’actuel embargo sur les armes à destination de la Somalie.  Le Gouvernement d’unité nationale désormais en place a été reconnu par la communauté internationale et cette reconnaissance doit se manifester par un changement et l’octroi de l’assistance nécessaire, a affirmé le Ministre.  La lutte contre la piraterie, dont les bases terrestres sont en Somalie, ne pourra réussir sans un retour de l’état de droit en Somalie, a-t-il affirmé, en assurant que le Gouvernement était prêt à placer cette lutte dans le cadre de son programme pour le rétablissement de la sécurité.  M. Omaar a rappelé que 3 millions de Somaliens dépendaient de l’aide humanitaire, et qu’il y avait 580 000 personnes déplacées dans la région de Mogadiscio, dont la vie est en danger, et qui représentent, en outre, une menace pour la paix et la stabilité.  C’est pourquoi, il est urgent de les aider, a-t-il déclaré.


M. RAMTANE LAMAMRA, Commissaire pour la paix et la sécurité de l’Union africaine, a estimé que la Somalie avait fait d’importants progrès politiques depuis le début de cette année.  Il a mis l’accent sur le nécessaire engagement durable des Nations Unies pour aider à la mise en œuvre de l’Accord de Djibouti.  Il a dit apprécier l’attention continue que le Conseil de sécurité accorde à la menace que représente la piraterie au large des côtes somaliennes, et a estimé que les actions prises pour lutter contre celle-ci doivent, directement ou indirectement, aider à promouvoir la sécurité générale nécessaire à la Somalie et à toute la région.


M. Lamamra a rappelé que la situation en matière de sécurité est très incertaine en Somalie, et en particulier à Mogadiscio.  Il a fait état des efforts du nouveau Président, Shiekh Shariff Shiekh Ahmed, pour améliorer la situation.  Ses rencontres avec divers dirigeants de l’opposition armée, des hommes d’affaires, des dirigeants traditionnels et le puissant Conseil unitaire culturel Hawiyye ont permis d’obtenir un cessez-le-feu de 120 jours à compter du 1er mars, a-t-il ajouté.  M. Lamamra a insisté sur le fait que l’AMISOM travaille en étroite collaboration avec le Gouvernement fédéral de transition pour rendre opérationnelle la Force conjointe somalienne de sécurité, et a rappelé que l’Union africaine a demandé au Gouvernement d’étudier avec le Conseil de sécurité des Nations Unies les moyens d’obtenir des exemptions à l’embargo sur les armes pour équiper cette force gouvernementale.


La situation humanitaire reste difficile, a déclaré M. Lamamra, qui a ajouté que les progrès obtenus avec le retour de nombreux réfugiés et déplacés à Mogadiscio ont été effacés par une nouvelle vague de départs, suite aux combats entre différents groupes armés et les forces du Gouvernement fédéral de transition.  L’AMISOM continue de fournir une aide humanitaire de base aux communautés locales, a ajouté M. Lamamra.  Il a rappelé que l’Union africaine poursuit ses efforts pour renforcer l’AMISOM, qui compte actuellement un effectif de 3 450 militaires sur les 8 000 autorisés par le Conseil de sécurité.  L’AMISOM continue d’assurer le déploiement de sa composante de police destiné à entraîner, superviser et réorganiser la police somalienne, en collaboration avec le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), dans le cadre d’un plan intégré de soutien à la Force de police somalienne.


M. Lamamra a déclaré que l’Union africaine se félicitait de la résolution 1863 (2009), adoptée le 16 janvier par le Conseil de sécurité, dans laquelle celui-ci a décidé de se prononcer avant le 1er juin sur l’envoi d’une opération de maintien de la paix des Nations Unies en Somalie, et a approuvé les propositions du Secrétaire général concernant la fourniture d’un paquet logistique à l’AMISOM et la création d’un fonds d’affectation spéciale au profit de l’AMISOM, invitant les pays à contribuer généreusement à ce dernier.  M. Lamamra a demandé au Conseil de prendre la « décision nécessaire » pour le déploiement d’une telle opération de maintien de la paix afin d’assurer la relève de l’AMISOM.  Il a rappelé que le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine avait, le 11 mars, renouvelé le mandat de l’AMISOM pour trois mois, dans la perspective d’une telle relève.


M. JOHN SAWERS (Royaume-Uni) s’est félicité de l’élection récente du Président Shiekh Shariff Shiekh Ahmed et de la formation du Gouvernement d’unité nationale.  Il a cependant souligné qu’il ne faudrait pas négliger les défis qui continuent de se poser à la Somalie, en particulier la crise humanitaire, qui touche plus de 3 millions de personnes dans le pays.  Par ailleurs, il existe aussi une crise politique, même si l’Accord de Djibouti constitue une feuille de route rassurante.  Les conditions de sécurité doivent continuer de s’améliorer, et cette amélioration doit être réalisée par une formation accrue des Forces de police somaliennes, a-t-il précisé.  Saluant le travail accompli par l’AMISOM, M. Sawers a indiqué que le Royaume-Uni avait versé ce mois-ci 10 millions de dollars supplémentaires au Fonds d’affectation spéciale en faveur de l’AMISOM, en plus des 5 millions déjà versés à l’Union africaine.  Avant de conclure, il a insisté sur la nécessité de renforcer la lutte contre la piraterie, en mettant en œuvre les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.


M. CLAUDE HELLER (Mexique) a jugé important que la communauté internationale redouble d’efforts pour aider à la mise en place des nouvelles institutions somaliennes.  Il est fondamental que l’Accord de Djibouti continue à servir de mécanisme efficace en faveur de la paix, a-t-il ajouté, estimant que le nouveau Président somalien a pris des mesures pour faciliter le dialogue politique.  Il s’est toutefois inquiété de ce que des groupes extrémistes restent en dehors de l’Accord.  M. Heller a souligné qu’il était essentiel que la Somalie refonde son secteur de sécurité sur la base des conclusions de la mission technique d’évaluation des Nations Unies.  Il faut aussi lutter contre le trafic d’armes, prendre des mesures pour la démobilisation, le désarmement et la réintégration, et veiller au déminage.  La responsabilité de l’Union africaine est indubitable envers la Somalie, a déclaré M. Heller, qui a estimé que le Conseil de sécurité doit faciliter l’implication de différents mécanismes et arrangements régionaux.


M. Heller a déclaré que les nouvelles Forces de police somaliennes doivent pleinement respecter les droits de l’homme et être tenues responsables de leurs actes.  Il faut lutter contre l’impunité, a-t-il affirmé, en condamnant, par ailleurs, les attaques contre les travailleurs humanitaires, qui ont provoqué une diminution de l’assistance apportée à ceux qui en ont le plus besoin.  M. Heller a demandé au Gouvernement somalien de respecter strictement les mesures imposées par le Comité des sanctions créé par le Conseil de sécurité.  La piraterie est une conséquence de la grave instabilité en Somalie, a-t-il en outre affirmé, ajoutant qu’il faudrait donc la traiter dans un cadre global.  Il a rappelé que les résolutions du Conseil de sécurité en la matière constituent un fondement juridique permettant aux États d’entrer dans les eaux territoriales de la Somalie pour réprimer des actes de piraterie.


M. MICHEL KAFANDO (Burkina Faso) a noté les avancées dans la situation politique en Somalie et le processus de paix de Djibouti, comme l’élection du Président, ainsi que la mise en place d’un Gouvernement d’unité et d’un parlement élargi.  Estimant cependant que ces acquis demeurent fragiles, il a exhorté la communauté internationale à continuer d’aider les parties dans les domaines de la coopération politique, l’intégration, la restructuration et la formation de la force de police somalienne.  Le représentant a aussi relevé que la situation s’est fortement détériorée sur le plan de la sécurité, surtout après le retrait des troupes éthiopiennes.  Il a donc appelé à mettre rapidement en œuvre le volet sécuritaire de l’Accord de Djibouti, en particulier en ce qui concerne le Comité mixte de sécurité, la Force de sécurité commune et la Force de police somalienne.  Il a, à cet égard, félicité le Burundi et l’Ouganda d’envoyer un bataillon supplémentaire pour grossir les rangs de l’AMISOM.  M. Kafando a insisté sur l’importance de renforcer cette Mission, dans l’optique d’un déploiement futur d’une opération de maintien de la paix des Nations Unies.  Les propositions du Département des opérations du maintien de la paix (DOMP) sur les besoins d’appui de la Mission sont empreintes de réalisme, a-t-il déclaré.


M. Kafando a aussi attiré l’attention sur la situation humanitaire qui menace de s’aggraver du fait de la sécheresse dans certaines régions et avec les problèmes de sécurité actuels.  Il a aussi condamné les violences contre le personnel humanitaire.  De l’avis de sa délégation, il faudrait désormais associer pleinement le nouveau Gouvernement de Mogadiscio à la fourniture de l’assistance technique, afin d’éviter que l’aide ne soit détournée.  Il faudrait aussi que l’ONU renforce son dispositif d’appui à la promotion du respect des droits de l’homme en Somalie, a ajouté M. Kafando.  Pour régler le problème de la piraterie, il a suggéré d’aider le Gouvernement somalien à exercer un contrôle effectif sur son territoire et ses eaux territoriales.


Mme ROSEMARY A. DICARLO (États-Unis) a déclaré que les évènements récents sur le plan politique en Somalie, et dont il convenait de se féliciter, donnaient l’occasion de faire des progrès dans d’autres domaines.  Elle a demandé à tous les groupes qui ne l’ont pas encore fait de déposer leurs armes et de rejoindre le processus de Djibouti, dénonçant au passage l’appui militaire et logistique apporté par l’Érythrée aux extrémistes qui cherchent à déstabiliser la Somalie.  Réaffirmant le soutien de son gouvernement à la Somalie, la représentante a rappelé que son pays avait versé plus de 100 millions de dollars pour aider ce pays, depuis 2007.  Les autorités somaliennes doivent maintenant œuvrer à l’établissement d’un véritable secteur de la sécurité nationale.  S’agissant de la piraterie, la représentante s’est félicitée que les navires battant le pavillon de 15 à 20 pays patrouillent désormais au large des côtes somaliennes.  Elle a souhaité, en conclusion, que la prochaine conférence des donateurs pour la Somalie mobilise un appui sans précédent.


M. JEAN-MAURICE RIPERT (France) a estimé qu’une « dynamique positive a débuté en Somalie », et a fait observer que le retrait des troupes éthiopiennes, loin de bénéficier aux groupes les plus radicaux comme certains l’avaient prévu, leur a retiré un argument pour perpétrer leurs violences.  La situation reste toutefois très fragile et les conditions humanitaires très mauvaises, d’autant plus que les travailleurs humanitaires continuent d’être pris pour cibles en violation du droit international humanitaire, a ajouté le représentant.  La communauté internationale doit apporter aux autorités somaliennes un plein soutien politique, mais aussi une aide dans la mise en place d’une force de sécurité conjointe et d’une police efficace, a déclaré M. Ripert.  Il faut aussi renforcer les forces de l’AMISOM, a-t-il ajouté, en leur rendant hommage et en condamnant les attaques dont elles font l’objet.  Un tel renforcement exige des moyens financiers additionnels, a déclaré le représentant, qui a rappelé que la France aide la Somalie, par le biais de l’Union européenne ou directement.


Le Conseil de sécurité a pris, dans sa résolution 1863, les dispositions nécessaires pour que les Nations Unies puissent fournir un paquet logistique à l’AMISOM et créer un fonds d’affectation spéciale, a rappelé M. Ripert, qui a souhaité que la conférence des donateurs pour la Somalie soit rapidement organisée.  Le représentant a rappelé que le Conseil de sécurité s’était engagé à se prononcer sur une « éventuelle » opération de maintien de la paix.  « Nous verrons cela en avril prochain », a-t-il dit, en insistant tout d’abord sur une mise en œuvre rapide de la résolution 1863 (2009), afin de permettre à l’AMISOM de faire rapidement la différence.  Il a rappelé, en outre, que la lutte contre l’impunité est aussi un aspect essentiel à ne pas négliger, tant la culture de l’impunité est ancrée en Somalie.


La lutte contre la piraterie a pris une très grande ampleur et l’Union européenne y contribue activement, a affirmé M. Ripert, en rappelant le rôle précurseur de son pays.  L’opération « Atalante » de l’Union européenne a permis de sécuriser la livraison de 100 000 tonnes d’aide alimentaire, a-t-il assuré, ajoutant que les livraisons alimentaires du Programme alimentaire mondial ont quadruplé de 2007 à 2008.  Il a toutefois rappelé que la solution finale à la piraterie se trouvera sur le territoire somalien.  


M. YUKIO TAKASU (Japon) a salué les avancées du processus politique en Somalie, grâce notamment aux efforts du nouveau Président Shiekh Shariff Shiekh Ahmed, du Premier Ministre Omar Abdirashid Ali Sharmarke et des autres membres du Gouvernement pour associer l’opposition à ce processus.  Le représentant a cependant estimé que la paix en Somalie était loin d’être d’atteinte, la principale source de préoccupation restant la situation en matière de sécurité.  M. Takasu a attiré l’attention sur les attaques menées par les rebelles contre l’AMISOM.  Il a rappelé qu’en février dernier, 11 Casques bleus burundais avaient été tués et que, plus récemment, quatre travailleurs humanitaires de l’ONU avaient été kidnappés avant d’être relâchés. 


Saluant ensuite l’action des troupes sur le terrain dans ces circonstances difficiles, le représentant a appelé au renforcement logistique de la Mission.  Il a ainsi demandé l’adoption du dispositif proposé par le Secrétaire général dans sa lettre du 19 décembre, et a évoqué la prochaine conférence des donateurs pour la Somalie, qui devrait mobiliser les ressources nécessaires au développement des capacités des institutions somaliennes et des forces conjointes de sécurité.  Le Japon, a-t-il également rappelé, a fourni, au cours de ces deux dernières années, une assistance humanitaire et dans le secteur de la sécurité d’un montant total de 64,5 millions de dollars.  M. Takasu a ajouté que son pays avait envoyé deux destroyers au large des côtes somaliennes pour appuyer la lutte internationale contre les actes de piraterie dans le golfe d’Aden.  Avant de conclure, M. Takasu a dit attendre avec impatience l’examen, prévu le 15 avril prochain, du rapport du Secrétaire général sur la transformation de l’AMISOM en opération de maintien de la paix de l’ONU.


M. VITALY CHURKIN (Fédération de Russie) s’est félicité de l’évolution récente de la situation politique en Somalie, en particulier de l’élection du Président Shiekh Shariff Shiekh Ahmed, de la nomination du Premier Ministre et de la formation du Gouvernement d’unité nationale.  S’agissant du déploiement éventuel d’une mission de maintien de la paix par les Nations Unies, il dépendra de nombreux paramètres, qui vont du souhait des parties somaliennes aux progrès accomplis en matière de sécurité.  Le Conseil envisagera de réexaminer cette possibilité à la lumière du prochain rapport que présentera le Secrétaire général, en avril prochain, a dit M. Churkin.  Il a estimé que les efforts de la communauté internationale en matière de lutte contre la piraterie sont bien reflétés dans le rapport à l’examen aujourd’hui.  Il a cependant fait remarquer que l’on est encore loin de constater une inversion de la tendance à la piraterie.  Il faudrait, a-t-il souligné, continuer de promouvoir le processus de Djibouti pour régler les problèmes en suspens.  M. Churkin s’est déclaré convaincu que les pays de la région ont un rôle à jouer dans la lutte contre la piraterie, et a proposé de mettre au point une base juridique unifiée afin de poursuivre les individus tenus responsables d’actes de piraterie au large de la Somalie.


M. RUHAKANA RUGUNDA (Ouganda) s’est dit encouragé par l’évolution politique récente en Somalie et la mise en œuvre de l’Accord de Djibouti.  Il s’est félicité des efforts du Président Abdullahi Yusuf Ahmed et de son gouvernement pour prendre contact avec différents groupes.  Il a vu dans le retour des autorités à Mogadiscio et l’adoption d’un plan prioritaire en quatre points des décisions « courageuses et louables ».  M. Rugunda a félicité et remercié la communauté internationale de l’appui qu’elle a apporté au peuple somalien.  Il n’en demeure pas moins que la situation reste précaire et que certains groupes recourent toujours à la violence, y compris contre l’AMISOM.  Il a condamné les attaques contre l’AMISOM et contre les travailleurs humanitaires, d’autant qu’elles nuisent à l’acheminement de l’aide.  M. Rugunda s’est dit très encouragé par le paquet logistique mis à disposition de l’AMISOM.


Le représentant a exprimé sa préoccupation face à la piraterie qui perturbe l’acheminement de l’aide humanitaire, ainsi que le commerce mondial, notamment au profit de la région.  La saisie récente d’un nouveau navire montre que les patrouilles maritimes ne suffisent pas et que la solution réside dans le redressement de l’État somalien, afin qu’il puisse affirmer sa souveraineté, assumer ses responsabilités de maintien de l’ordre, y compris en luttant contre la piraterie, et fournir les services de base essentiels à sa population.  Le peuple somalien a trop longtemps souffert, a affirmé M. Rugunda.  Les efforts du Président Ahmed méritent un plein appui, a-t-il ajouté.  Mais ni les voisins directs de la Somalie ni la communauté internationale ne peuvent tout faire, et le sort des Somaliens réside dans les Somaliens eux-mêmes, a rappelé le représentant, qui les a appelés à oublier le passé, à donner une chance à la paix et à se tourner vers l’avenir et la reconstruction de leur pays.


M. JORGE URBINA (Costa Rica) a salué le travail de l’AMISOM et a déclaré que la Somalie traversait l’une des crises humanitaires les plus tragiques de la planète et l’une des situations politiques posant un défi majeur à la communauté internationale.  Le caractère très particulier de cette situation exige une approche intégrée, prenant en compte la complexité du problème et s’articulant autour de plusieurs axes, a-t-il estimé.  Le représentant a également jugé nécessaire la participation de tous les acteurs de la société somalienne engagés dans le processus de Djibouti, ainsi que l’appui ferme de la communauté internationale.  M. Urbina a également attiré l’attention sur l’urgence de la mise en place d’institutions politiques légitimes fondées sur un large consensus, condition nécessaire vers la voie d’une résolution de la crise en Somalie, qui ne sera rendue possible qu’à travers une stratégie à long terme, incluant les dimensions humanitaire, politique, sécuritaire et de développement.


Le représentant s’est félicité, à cet égard, de l’élection du Président somalien, Shiekh Shariff Shiekh Ahmed, de même que de la nomination du Premier Ministre, M. Omar Abdirashid Ali Sharmarke.  Il a ensuite appuyé la mise en œuvre de mesures de consolidation de la future mission des Nations Unies, conformément à la résolution 1863 (2009) du Conseil de sécurité, ainsi que l’appel du Secrétaire général en vue de la tenue d’une conférence des donateurs pour la Somalie.  Il a plaidé en faveur d’un accès libre de l’assistance humanitaire et de l’amélioration des conditions de sécurité du personnel humanitaire, qui assiste plus de 3 millions de personnes en Somalie.  Dans ce contexte, il a rappelé à toutes les parties au conflit qu’elles sont tenues de respecter les dispositions du droit international, en particulier du droit international humanitaire, avant de souligner qu’il faudrait ériger, en thème prioritaire, la lutte contre l’impunité pour mettre fin à la crise.  En conclusion, M. Urbina a accueilli avec satisfaction les progrès accomplis dans la coopération contre la piraterie au large des côtes somaliennes, ce qui, a-t-il dit, ne manquera pas d’avoir un impact positif sur l’acheminement de l’aide humanitaire. 


M. BAKI ILKIN (Turquie) s’est d’abord penché sur l’évolution de la situation politique, en saluant la récente élection de Shiekh Shariff Shiekh Ahmed et la nomination de M. Omar Abdirashid Ali Sharmarke au poste de Premier Ministre.  Il a rappelé que son pays avait toujours soutenu le processus de paix de Djibouti, avant d’ajouter que les derniers développements auguraient d’un avenir meilleur pour le peuple traumatisé de Somalie.  Il a dit souhaiter voir, dans la formation d’un Gouvernement d’union nationale, le signe de la volonté du peuple somalien à forger la destinée de leur propre pays.  Le représentant a estimé que les défis auxquels le nouveau Gouvernement devra faire face étaient énormes et ne sauraient être ignorés.  C’est la raison pour laquelle il convient de renforcer la nouvelle institution gouvernementale, en lui apportant l’assistance et le soutien nécessaire, a-t-il souligné.  Il a jugé de même, qu’en retour, le Gouvernement devait mettre rapidement en œuvre les recommandations de l’Accord de Djibouti.


Le représentant turc s’est par ailleurs attardé sur la question de la force régionale et internationale de maintien de la paix, en saluant la contribution de l’AMISOM.  En tant que coauteur de la résolution 1863 (2009) du Conseil de sécurité, son pays espère voir se concrétiser bientôt le déploiement d’une mission de paix décidée par celle-ci.  Dans cette optique la Turquie offrira des formations aux personnels qui seront déployés, a-t-il promis.  Il a conclu en expliquant que face aux actes de piraterie sur les côtes de la Somalie, qui constituent aujourd’hui une source de préoccupation pour la communauté internationale, son pays avait déjà pris un certain nombre de mesures et d’initiatives.


M. LIU ZHENMIN (Chine) a rappelé que la question somalienne durait depuis 18 ans et que la situation dans ce pays exigeait une action renforcée de la part de la communauté internationale, alignée sur les priorités de l’Accord de Djibouti.  Il a exprimé l’appui de la Chine au nouveau Gouvernement somalien, et a demandé à toutes les parties somaliennes de se joindre au processus de réconciliation nationale.  La paix exige un environnement stable et sûr, a-t-il souligné, en se félicitant, à cet égard, du travail très difficile effectué par l’AMISOM.  Condamnant les attaques perpétrées contre le personnel de la Mission, le représentant a émis l’espoir que les Forces de sécurité somaliennes pourraient fonctionner dès que possible.  Il s’est en outre félicité de l’envoi d’une mission d’évaluation technique, chargée de déterminer la nécessité d’élargir le « paquet d’assistance technique » à l’AMISOM.  Il ne faut pas oublier que l’objectif ultime de cette mission, a dit le représentant, est de mettre en place les conditions favorables au déploiement d’une opération de maintien de la paix des Nations Unies en Somalie et à cet égard, la Chine attend avec intérêt le rapport que présentera le Secrétaire général en avril prochain.


M. LE LUONG MINH (Viet Nam) a estimé que des progrès positifs avaient été enregistrés ces derniers mois en Somalie, dont l’élection d’un nouveau Président et la création d’un Gouvernement plus inclusif.  Il s’est toutefois déclaré gravement préoccupé par les accrochages qui se sont produits entre des groupes armés et le nouveau Gouvernement, ainsi que par la situation humanitaire qui prévaut dans le pays.  Le représentant a ensuite indiqué que le Viet Nam condamnait les attaques perpétrées à l’encontre de la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM).  Il s’est cependant dit encouragé par les efforts entrepris pour enrayer le problème de la piraterie qui sévit le long des côtes somaliennes.  Il importe dorénavant de mettre en œuvre toutes les résolutions pertinentes du processus de paix de Djibouti, a-t-il dit.


Le représentant a estimé que le problème de la piraterie ne pouvait être résolu que par une approche intégrée prenant en compte à la fois le conflit, l’absence de gouvernance et le manque de moyens de subsistance durable dans le pays.  Le Viet Nam insiste également sur l’importance d’appuyer le renforcement de capacités aux niveaux local et régional et salue les efforts de l’AMISOM, a également souligné M. Minh.  Conscient que les ressources dont dispose actuellement cette Mission ne lui permettront pas de mener à bien ses opérations, il a indiqué que sa délégation appuierait la prochaine conférence des donateurs pour la Somalie que le Secrétaire général a l’intention de convoquer.


M. NEVEN JURICA (Croatie) a salué les efforts des nouvelles autorités somaliennes pour parvenir à un accord politique plus large et à la réconciliation.  Malheureusement, la situation en matière de sécurité n’est pas aussi encourageante et rend plus fragile le processus politique, a regretté M. Jurica.  Il a estimé que la résolution 1863 (2009) offrait la meilleure possibilité à ce jour.  Il a salué l’intention du Secrétaire général de convoquer une conférence des donateurs pour la Somalie et de renforcer les capacités somaliennes en matière de maintien de l’ordre.  Il s’est dit très préoccupé par la dégradation de la situation humanitaire, et a considéré que l’accès de l’assistance devait demeurer une priorité de la communauté internationale.  Le représentant a également jugé que le rapport du Secrétaire général sur la Somalie montrait qu’il était nécessaire de trouver une solution globale en Somalie, tout en ajoutant que son pays participait à l’opération « Atalante ». 


M. THOMAS MAYR-HARTING (Autriche), qui s’est associé à la déclaration faite par la République tchèque au nom de l’Union européenne (UE), a estimé que malgré une situation politique difficile, la précarité de la situation en matière de sécurité, qui prévaut dans le pays, et une situation humanitaire « alarmante », les Somaliens avaient accompli d’importants progrès dans le cadre du processus de paix de Djibouti.  La communauté internationale doit agir, dès maintenant, et appuyer les efforts de la Somalie visant à établir des institutions qui garantiront l’État de droit et la sécurité, et pour lancer le processus de réconciliation, a déclaré le représentant.  M. Mayr-Harting a également insisté sur l’importance de renforcer le Bureau politique des Nations Unies pour la Somalie (UNPOS), et a demandé que les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité soient appliquées « de bonne foi », notamment la résolution 1844 (2008).


Après avoir rappelé que 43% de population somalienne dépendait de l’aide humanitaire, le représentant autrichien a déclaré que la situation des droits de l’homme en Somalie était « une des plus négligées de la planète ».  Il s’est dit particulièrement préoccupé par la violence faite aux femmes, et a indiqué que sa délégation appuie pleinement le renforcement des capacités de l’UNPOS afin de mettre en place des mécanismes qui garantiront la justice et la responsabilisation dans le pays.  M. Mayr-Harting a également estimé que la résolution 1863 (2009) ne préjugeait en rien une décision sur un éventuel déploiement d’une opération de maintien de la paix.  Évoquant ensuite le problème de la piraterie, le représentant a insisté sur l’importance des mesures visant à y mettre un terme, dont notamment Atalante, l’opération maritime de l’Union européenne.


M. MOHAMED SHALGHAM (Jamahiriya arabe libyenne) a déclaré que les dirigeants somaliens avaient démontré leur volonté de sortir de la logique de conflits qui a prévalu dans le pays au cours des 18 dernières années.  Comme d’autres, il a salué l’élection du Président Shiekh Shariff Shiekh Ahmed et la formation du Gouvernement d’unité nationale, conformément à l’Accord de Djibouti.  Il a demandé à la communauté internationale de fournir aux pays contributeurs de troupes les ressources qui leur permettront de renforcer les effectifs de l’AMISOM.  Sur le front humanitaire, le représentant s’est dit préoccupé par une situation qui touche plus de 3 millions de personnes, un chiffre auquel s’ajoute le nombre de réfugiés.  Évoquant ensuite la réponse de la communauté internationale à la piraterie, le représentant a estimé que la piraterie exigeait une lutte multidimensionnelle, car ce phénomène ne saurait être envisagé séparément des problèmes de sécurité qui se posent par ailleurs sur le territoire de la Somalie.  Sa délégation réaffirme le rôle charnière des Nations Unies dans la coordination des efforts de lutte contre la piraterie, a-t-il ajouté.  Le représentant s’est félicité, par ailleurs, de la tenue, en avril prochain, de la conférence des donateurs pour la Somalie.


M. PETR KAISER (République tchèque), s’exprimant au nom de l’Union européenne (UE), s’est félicité des récents développements du processus politique de Djibouti, qu’il a qualifié d’« élan politique puissant » en vue d’un accord politique inclusif susceptible de stabiliser l’ensemble du pays.  Il a encouragé le Président Shiekh Shariff Shiekh Ahmed à poursuivre les efforts en vue d’une cessation des hostilités, et a souhaité qu’un large processus de paix inclue également les femmes.  M. Kaiser a toutefois fait observer que la sécurité reste précaire et que les activités humanitaires s’en trouvent gênées, rappelant que des travailleurs humanitaires et des défenseurs des droits de l’homme ont été victimes d’attaques.  L’Union européenne reconnaît que le soutien de la communauté internationale aux Forces conjointes de sécurité somaliennes et à la police somalienne est essentiel.  Elle condamne les attaques contre l’AMISOM qui, a-t-il estimé, continuera dans les prochains mois à jouer un rôle primordial.  Elle soutient la création du Fonds d’affectation spéciale et l’adoption d’un paquet logistique pour soutenir l’AMISOM. 


M. Kaiser a rappelé que l’Union européenne assure à la Somalie une aide à moyen terme par le biais d’un document conjoint de stratégie 2008-2013, dans le cadre duquel l’Union européenne contribue à hauteur de 215 millions d’euros.  L’Union européenne a en outre déjà promis 40 millions de dollars à l’AMISOM et est, en principe, ouverte au soutien à une force de police de l’AMISOM, comme l’Union africaine le lui a demandé de manière urgente, en février.


M. Kaiser a rappelé que, depuis septembre 2008, l’Union européenne participait à la lutte contre la piraterie au large de la Somalie, et était venue ainsi compléter des mesures déjà prises par certains de ses membres.  Il a rappelé les objectifs de l’opération « Atalante » et les moyens dont elle dispose.  Étant donné que cette Mission contribue aussi à la sécurité des bâtiments des Nations Unies qui livrent le paquet logistique à l’AMISOM, il est très important que l’Union européenne conserve un point de contact opérationnel auprès du Secrétariat de New York en plus du point focal de l’UNPOS à Nairobi, a affirmé M. Kaiser.  Il a aussi jugé important que la riposte internationale à la piraterie s’accompagne d’une stratégie à long terme en faveur de la paix, et la stabilité et de la reconstruction du pays,


Mme BERIT ENGE (Norvège) a reconnu les progrès importants réalisés par la Somalie, et s’est félicitée de ce que la violence ait diminué après le retrait des forces éthiopiennes du pays.  Elle a cependant fait remarquer que la sécurité reste fragile et des éléments continuent de s’opposer par les armes au processus de paix, y compris par des attaques contre l’AMISOM, qui ne peuvent qu’être condamnées.  Il reste encore beaucoup à faire, a-t-elle dit.  La communauté internationale doit soutenir les nouveaux dirigeants somaliens contre ceux qui tentent de détruire le processus de paix actuel, a déclaré Mme Enge.  La Norvège, a-t-elle assuré, appuie la création du Fonds d’affectation spéciale pour l’AMISOM et espère que la conférence des donateurs pour la Somalie d’avril prochain permettra de mobiliser les ressources nécessaires.  Toutefois, la paix exige plus que la mise en place d’instruments destinés à traiter des menaces immédiates à la paix et à la sécurité, a ajouté la représentante.  Elle a estimé que les nouveaux dirigeants somaliens doivent continuer de rechercher le soutien de groupes qui ne sont pas encore parties au processus de réconciliation et être en mesure de répondre aux besoins de base de la population.  Ils doivent donc veiller à fournir un accès sécurisé à l’aide humanitaire et se concentrer sur la reconstruction, a ajouté Mme Enge, qui a rappelé que la Norvège fournit annuellement 35 millions de dollars à la Somalie, est un cofondateur du Groupe de contact international sur la Somalie et préside le Groupe des Amis de la Somalie.


Mme Enge a confirmé que son pays allait envoyer, cet été, un navire pour participer à l’opération « Atalante » de l’Union européenne, afin de lutter contre la piraterie au large de la Somalie.  Elle a félicité les États-Unis pour avoir mis en place un groupe de contact sur la piraterie, auquel la Norvège participe, afin de mieux coordonner les opérations et de veiller à poursuivre en justice les auteurs d’actes de piraterie.  Toutefois, a-t-elle ajouté, une solution durable à la piraterie ne pourra être trouvée que dans le cadre d’une solution plus globale dans laquelle les autorités somaliennes, y compris les autorités régionales du « Puntland », doivent jouer un rôle essentiel.  Elle a donc suggéré de renforcer la coordination et la coopération entre les opérations actuelles en mer et les autorités à terre, notamment en ce qui concerne la surveillance côtière.


M. ZAINOL RAHIM ZAINUDDIN (Malaisie) a condamné les actes de piraterie et les vols à main armée commis au large des côtes somaliennes, qui perturbent le commerce maritime, mettent en danger la vie des équipages et gênent la livraison de l’aide humanitaire.  Le représentant a rappelé que son pays avait été directement touché par ce phénomène, puisqu’entre août et décembre derniers, trois navires malaisiens avaient été détournés dans le golfe d’Aden, conduisant le Gouvernement de la Malaisie à déployer en rotation cinq bâtiments de la marine nationale pour renforcer la sécurité dans cette région.  Si la Malaisie salue les opérations de lutte contre la piraterie entreprises par les États Membres, les organisations régionales et internationales, elle est cependant convaincue que les Nations Unies devraient prendre la direction des efforts en établissant une force navale de maintien de la paix pour lutter contre les actes de piraterie et les agressions à main armée au large des côtes somaliennes.  Toute solution à ce problème ne sera possible sans la stabilité politique, la prévalence de l’état de droit et l’amélioration de la situation socioéconomique dans le pays, a ajouté le représentant.


M. SAMIR HOSNI, Directeur du Département de la coopération africaine et afro-arabe de la Ligue des États arabes, s’est félicité de l’évolution positive de la situation politique en Somalie, à laquelle il faut désormais apporter toute l’assistance requise pour consolider ses institutions démocratiques.  Bien que la Ligue des États arabes ne soit pas une organisation de donateurs, elle a cependant versé, l’an dernier, 1 million de dollars à l’appui de la réforme du secteur de la sécurité, a souligné son représentant.  Il s’est ensuite félicité des efforts de l’AMISOM, qui doit bénéficier d’un soutien financier accru pour lui permettre d’atteindre le déploiement maximal prévu par son mandat, qui est de 8 000 hommes.  « Nous nous associons à la demande du peuple somalien, de la Ligue des États arabes et de l’Union africaine, pour que les Nations Unies envisagent le déploiement d’une opération de maintien de la paix pour prendre le relais de l’AMISOM », a déclaré M. Hosni.  Le phénomène de la piraterie exige de redéfinir la notion même de maintien de la paix en Somalie, a fait remarquer M. Hosni, qui a insisté pour que des mesures spécifiques soient prises à cet égard.


Reprenant la parole à la fin du débat, le Ministre des affaires étrangères du Gouvernement fédéral de transition a déclaré que les Somaliens ont déjà accompli une partie de ce qu’ils peuvent faire.  Ils ont répondu au plan politique, a-t-il ajouté, affirmant qu’il ne restera plus que 40 jours au calendrier des 100 jours que le Gouvernement s’est fixé lorsque la conférence des donateurs pour la Somalie se réunira, ce qui démontre l’urgence de la situation.  M. Omaar a mis face à face quatre points positifs et quatre points négatifs.  Concernant le côté positif, M. Omaar a placé la volonté politique, la dynamique politique, les 3 300 hommes des forces de sécurité et la réceptivité de la communauté internationale et des pays de la région.  Concernant le côté négatif, il a cité les groupes qui rejettent le processus de paix, la piraterie, le manque de ressources et l’histoire et la perception des échecs passés.  « Nous ne sommes pas responsables du passé et n’y pouvons rien », s’est défendu M. Omaar, tout en insistant sur l’urgence des mesures à prendre.


Pour sa part, le Représentant spécial du Secrétaire général pour la Somalie a précisé que la conférence des donateurs pour la Somalie se tiendra le 22 avril, notamment pour des raisons logistiques.  Il a dénoncé le « chantage permanent » de certains groupes armés somaliens, et a réaffirmé que les Somaliens veulent la paix.  Il a remercié la délégation des États-Unis d’avoir mentionné le rôle négatif de l’Érythrée.  M. Ould-Abdallah a rappelé que les deux pays n’ont pas de frontière commune et qu’ils sont tous deux membres de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD). 


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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