CS/9583

LE CONSEIL DE SÉCURITÉ RÉFLÉCHIT À LA FAÇON D’AMÉLIORER CERTAINS ASPECTS ESSENTIELS DU MAINTIEN DE LA PAIX

23/01/2009
Conseil de sécuritéCS/9583
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Conseil de sécurité

6075e séance – matin


LE CONSEIL DE SÉCURITÉ RÉFLÉCHIT À LA FAÇON D’AMÉLIORER CERTAINS ASPECTS ESSENTIELS DU MAINTIEN DE LA PAIX


« 2009 sera une année pivot car certaines missions confrontées à des risques graves pourraient échouer »,

avertit le Secrétaire général adjoint Alain Le Roy


À l’initiative conjointe de la France et du Royaume-Uni, les 15 membres du Conseil de sécurité ont développé aujourd’hui leur réflexion sur les nombreux défis que rencontrent les opérations de maintien de la paix des Nations Unies, lors d’un débat auquel participaient également de hauts responsables du Secrétariat et des représentants de pays fournisseurs de contingents. 


« L’année 2009 sera une année pivot », a estimé ainsi le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, M. Alain Le Roy.  « Certaines missions sont confrontées à des risques si graves qu’elles peuvent échouer, ce qui aurait des conséquences terribles pour les Nations Unies », a-t-il averti.


M. Le Roy a rappelé qu’en 1999, les événements de Srebrenica et du Rwanda, ainsi que l’effondrement de la mission en Somalie, avaient conduit à une « introspection sans complaisance » puis à de nouvelles manières d’appréhender le maintien de la paix, avec l’aide du rapport du Groupe d’étude sur les opérations de la paix de l’ONU (ou rapport Brahimi)*. 


Dix ans plus tard, plus de 112 000 hommes et femmes sont déployés sur le terrain dans le cadre de 18 opérations de maintien de la paix, et ce nombre, a-t-il dit, devrait augmenter, compte tenu du renforcement de la Mission de l’ONU en République démocratique du Congo (MONUC), du déploiement confirmé de l’Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour (MINUAD) et de l’autorisation concernant le déploiement d’une mission élargie au Tchad.


Pour faire du maintien de la paix un instrument viable et plus fort, il faut « combler le fossé entre les troupes et les équipements » et rechercher de nouveaux pays contributeurs de contingents, a souligné M. Le Roy.  De même, a-t-il ajouté, il faut doter immédiatement le Département des opérations de maintien de la paix (DOMP) de ressources lui permettant de parer aux imprévus dans une situation donnée.  Des ressources devraient également être prévues, dès le début, pour la consolidation de la paix, tandis que les efforts politiques pour renforcer les processus de paix ou instaurer la paix devraient être renforcés.


La Secrétaire générale adjointe à l’appui aux missions, Mme Susana Malcorra, a, quant à elle, plaidé pour une approche plus stratégique du travail, pour des partenariats avec les États Membres, les institutions du système des Nations Unies et la société civile, ainsi que pour la recherche d’un cadre de réglementation « plus solide tout en étant plus souple, et plus prudent tout en étant plus raisonnable ».  


Dans ce contexte, a-t-elle expliqué, le Département d’appui aux missions réfléchit à la mise en place de centres régionaux qui, s’ils étaient installés dans des endroits sûrs, pourraient fournir un appui logistique et administratif aux missions de la région.


Le Représentant spécial du Secrétaire général et Chef de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH), M. Hédi Annabi, a en particulier souligné la nécessité d’assurer l’efficacité de l’appui aux opérations de maintien de la paix dans leurs tâches et de leur garantir des ressources financières et humaines suffisantes.  Comme en Haïti, les opérations de maintien de la paix, a-t-il dit, doivent être dotées de mandats « cohérents, vigoureux et bien rédigés ».


Le Conseil de sécurité a une responsabilité particulière, d’abord en vertu de la Charte des Nations Unies, puis parce qu’il crée et détermine les mandats des opérations de maintien de la paix, avait auparavant souligné, en ouvrant le débat qu’il présidait, le Représentant permanent de la France, M. Jean-Maurice Ripert.  C’est pour cette raison, a-t-il poursuivi, que son pays et le Royaume-Uni ont lancé cette réflexion, qui avait débuté hier sous la forme d’un séminaire informel au siège de la Mission permanente de la France auprès des Nations Unies. 


Trois des défis immenses que doit relever le Conseil de sécurité en matière d’opérations de maintien de la paix ont un caractère prioritaire, estiment la France et le Royaume-Uni dans un « non-papier » qu’ils avaient soumis aux participants au débat: une « supervision stratégique efficace », des « contraintes de ressources » et la nécessité de tenir compte des « leçons apprises » sur le terrain.


Une version révisée de ce « non-papier » sera ultérieurement distribuée comme document officiel, a annoncé le Représentant permanent de la France, à l’issue du débat.  Une « première étape » dans l’évaluation de l’initiative franco-britannique pourrait avoir lieu lors de la prochaine présidence du Conseil exercée par le Royaume-Uni, en août 2009, sous la forme d’une déclaration présidentielle, a-t-il ajouté.


Lors du débat, la déléguée des États-Unis a observé que des objectifs stratégiques bien définis renforceraient la capacité de l’ONU à mener des missions complexes.  Le Conseil de sécurité devrait, de même, « examiner périodiquement les mandats pour déterminer si la mission a atteint ses objectifs ou, au contraire, n’a plus sa raison d’être ».  Son homologue du Japon a préconisé d’intégrer dans les mandats des missions, y compris les plus conventionnelles, des éléments pour faciliter une transition entre la phase de maintien de la paix et celle de consolidation de la paix. 


Plusieurs représentants, à l’instar de ceux de l’Inde ou du Maroc, au nom du Mouvement des pays non alignés, ont insisté sur la nécessité d’associer pleinement les pays contributeurs de troupes aux processus de planification des opérations de maintien de la paix.  Les pays contributeurs de troupes qui appartiennent au Mouvement des pays non alignés fournissent plus de 80% des contingents sur le terrain, a ainsi fait remarquer le représentant du Maroc.


Outre ses 15 membres, le Conseil de sécurité a entendu les représentants des pays suivants: Inde, Pakistan, Jordanie, Nigéria, Uruguay, République tchèque (au nom de l’Union européenne), Maroc (au nom du Mouvement des pays non alignés) et Canada.  L’Observatrice de l’Union africaine s’est également exprimée.


* A/55/305-S/2000/809


OPÉRATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX DES NATIONS UNIES


Déclarations


M. JEAN-MAURICE RIPERT (France), s’adressant à l’ouverture du débat qu’il présidait, aux responsables du Secrétariat présents, qui représentent les domaines clefs pour la conduite des opérations de maintien de la paix, a souligné qu’il est plus que temps que le Conseil de sécurité ait un débat sur le maintien de la paix.  C’est une activité qui a donné des résultats extraordinaires, mais qui a aussi ses faiblesses, a-t-il fait remarquer.  M. Ripert a également estimé que le Conseil de sécurité avait atteint un point critique du fait, notamment, de l’échelle des engagements, de la complexité croissante des mandats et des grandes difficultés liées aux ressources.  Le Conseil de sécurité a, a-t-il dit, une responsabilité particulière, d’abord en vertu de la Charte des Nations Unies, puis parce qu’il crée et détermine les mandats des opérations de maintien de la paix.  C’est pourquoi, a-t-il poursuivi, la France et le Royaume-Uni ont lancé cette réflexion, qui a débuté hier sous la forme d’un séminaire.  Le Conseil de sécurité doit être en mesure d’assumer plus efficacement ses responsabilités en matière de maintien de la paix, a conclu le représentant de la France.


M. ALAIN LE ROY, Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, a rappelé qu’en 1999, les rapports sur les évènements de Srebrenica et du Rwanda, ainsi que l’effondrement de la mission en Somalie, ont conduit à une introspection sans complaisance puis à de nouvelles manières d’appréhender le maintien de la paix, avec l’aide du rapport Brahimi, relatif aux opérations de maintien de la paix. 


L’année suivante a vu une augmentation sans précédent des missions, dont les effectifs sont passés de 14 000 personnels à près de 40 000.  Depuis lors, cette tendance à la hausse ne s’est pas démentie.  En effet, 10 ans après, plus de 112 000 hommes et femmes sont déployés sur le terrain dans le cadre des opérations de maintien de la paix, et ce nombre devrait augmenter, compte tenu du renforcement de la Mission de l’ONU en République démocratique du Congo (MONUC), du déploiement confirmé de l’Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour (MINUAD) et de l’autorisation concernant le déploiement d’une mission élargie au Tchad. 


Tous ces mandats, a estimé le Secrétaire général adjoint, témoignent d’une meilleure compréhension de la complexité des défis qui se posent durant les périodes postconflit, mais aussi du souhait de voir les parties elles-mêmes plus impliquées dans la recherche de solutions aux conflits et tensions.  La dernière décennie, a poursuivi M. Le Roy, a conduit à une profonde réflexion sur le maintien de la paix, sur sa réforme, et sur le renforcement de la gestion de ses ressources humaines.  Beaucoup a été fait, mais beaucoup reste à faire, a souligné le Secrétaire général adjoint. 


L’année 2009 sera une année pivot, a-t-il annoncé.  Certaines missions sont confrontées à des risques si graves qu’elles peuvent échouer, ce qui aurait des conséquences terribles pour les Nations Unies, a averti Alain Le Roy.  Il a cité les derniers défis que la MONUC et la MINUAD ont été amenés à relever.  En Somalie, a-t-il souligné, le Département d’appui aux missions doit continuer à planifier le déploiement d’une opération, qui sera sans aucun doute confrontée à des obstacles opérationnels énormes, et dans le même temps, renforcer et appuyer la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM).  « Mais aucune paix n’est à maintenir en Somalie », a tenu à souligner le Secrétaire général adjoint. 


À l’ONU, le maintien de la paix est trop sollicité, du point opérationnel comme du point de vue politique.  Avec 18 opérations dans cinq continents, 78 000 soldats, 11 500 officiers de police et 23 500 civils, le défi opérationnel consistant à appuyer toutes les missions et à en planifier d’autres va bien au-delà de ce qu’envisageait le rapport Brahimi, a relevé M. Le Roy.  La semaine dernière seulement, le Conseil a adopté deux nouveaux mandats pour le Tchad et la Somalie, alors que le Département est toujours en train de mener une phase de déploiement d’effectifs et de matériels en RDC et au Darfour, a fait remarquer le Secrétaire général adjoint. 


Sur le plan politique, les missions sont désormais dotées de mandats qui dépassent le simple déploiement de personnels en uniforme.  Plusieurs des missions actuelles sont clairement des opérations politiques soutenant des transitions complexes vers la paix à l’intérieur de pays extrêmement divisés.  Ces missions ont besoin d’un soutien sans faille de la part de la communauté internationale, car elles ont constamment à gérer des ajustements tactiques et politiques sur le terrain.  Mais le problème est que la communauté internationale n’a pas vraiment dégagé de consensus sur le meilleur leadership et la bonne orientation politiques à prendre ou à soutenir.  Le diagnostic est qu’aujourd’hui, il existe un fossé qui est devenu chronique entre les mandats et les ressources, entre les attentes et les capacités réelles, et une pression de plus en plus forte s’exerce sur un Secrétariat qui doit planifier, gérer et appuyer des opérations toujours plus nombreuses et aux mandats toujours plus élargis, a prévenu Alain Le Roy. 


Il faut aussi se poser la question de savoir si les Nations Unies sont réellement équipées pour gérer la complexité des défis liés à la consolidation de la paix, a indiqué le Secrétaire général adjoint, qui a aussi invité à une réflexion sur la place du maintien de la paix dans la réponse politique globale de la communauté internationale aux crises complexes.  Au fil des ans, s’est-il expliqué, nous assistons de plus en plus à un refus de coopération de la part des gouvernements hôtes, et à la résistance qu’affichent certaines parties au conflit à une présence de l’ONU. 


De manière globale, le maintien de la paix est confronté à des problèmes systémiques.  En effet, la crise économique mondiale ne fera que limiter les ressources et l’aptitude à répondre aux crises et aux circonstances changeantes sur le terrain, a prévenu M. Le Roy.  L’évolution normative et juridique de la lutte contre l’impunité et de la justice a des répercussions sur les opérations de maintien de la paix qui, en outre, sont de plus en plus souvent chargées de la protection des civils, entre autres tâches.


Le maintien de la paix ne doit pas être vu comme un instrument qui s’applique à toutes les situations, a averti le Secrétaire général adjoint.  Mais il reste pertinent, et en l’occurrence, il faudra réfléchir à la place des organisations régionales dans le maintien de la paix et à celle des institutions financières dans les situations postconflit.  Il faudra, d’autre part, aussi tirer parti de l’intérêt de plus en plus croissant de certains États Membres pour le maintien de la paix.  Il faut transformer ces chances en appui structurel, a plaidé le Secrétaire général adjoint. 


Pour faire du maintien de la paix un instrument viable et plus fort, il faut entreprendre deux actions simultanément, a estimé M. Le Roy.  D’abord et avant tout, il faut tout de suite trouver les moyens de combler le fossé entre les troupes et les équipements, et rechercher de nouveaux pays contributeurs de troupes.  Pour accélérer le déploiement dans des régions éloignées, il faut, a poursuivi le Secrétaire général adjoint, trouver des moyens novateurs de tirer parti de l’appui que seuls des États Membres peuvent apporter. 


Il faut doter immédiatement le Département de ressources capables de parer aux imprévus dans une situation donnée.  Il faut aussi prévoir dès le début des ressources pour la consolidation de la paix et trouver les moyens d’intensifier et d’appuyer les efforts politiques pour renforcer les processus de paix ou réaliser la paix là elle ne l’a pas été. 


Poursuivant son intervention, le Secrétaire général adjoint a tenu à souligner que lorsqu’une mission est mise à l’épreuve comme ça été le cas en RDC (MONUC), en Érythrée/Éthiopie (MINUEE), ou au Darfour (MINUAD), elle a besoin de savoir qu’elle n’est pas seule et qu’à travers elle, c’est toute la communauté internationale et le Conseil de sécurité qui sont testés.  La mission a alors besoin de savoir que tout en jouant son rôle, la réponse politique au défi qui se pose viendra aussi d’un niveau stratégique supérieur.  L’unité du Conseil de sécurité est essentielle, en l’occurrence, tout comme la pression politique que certains de ses membres clefs et des pays de la région peuvent exercer.  Le maintien de la paix et le levier politique doivent donc aller de pair, a insisté le Secrétaire général adjoint.  L’appui politique du Conseil peut aussi s’exercer lorsqu’il s’agit de mobiliser les troupes et les autres ressources, a-t-il souligné. 


Une seconde piste de travail et d’action, a-t-il dit, consisterait à renforcer le partenariat global nécessaire à un système sain et fonctionnel du maintien de la paix.  Le maintien de la paix ne peut être efficace que si tous les acteurs partagent la même vision de ce que cet instrument peut ou ne peut réaliser.  Or aujourd’hui, le Secrétariat, les pays contributeurs de troupes, les Quatrième et Cinquième Commissions de l’Assemblée générale et le Conseil de sécurité détiennent chacun un fragment du puzzle qu’est le maintien de la paix.  Le succès exige que nous ayons une vision claire de l’instrument qu’est le « maintien de la paix », et qu’un consensus international se dégage pour l’appuyer, a conclu M. Le Roy. 


Mme SUSANA MALCORRA, Secrétaire générale adjointe à l’appui aux missions, a indiqué que son Département appuyait 16 opérations de maintien de la paix, 18 missions politiques spéciales et administrait 22 000 membres des personnels local et international, 250 centres médicaux, 300 avions, 18 000 véhicules et 40 000 ordinateurs. 


Le Département participe sur un pied d’égalité aux discussions essentielles sur la planification, le déploiement, le maintien, la reconfiguration ou la liquidation d’une opération.  Quand des problèmes se font jour, le Département s’engage politiquement avec les États Membres et les organisations partenaires, a aussi indiqué la Secrétaire générale adjointe, en rappelant qu’elle revient juste d’un troisième cycle de discussions avec le Gouvernement soudanais et l’Union africaine pour faciliter le déploiement du personnel et des équipements de la mission au Darfour. 


Faisant part des progrès enregistrés par le « plus jeune Département des Nations Unies », Mme Malcorra a annoncé qu’il se dotera bientôt d’une capacité spécialisée, qui conseillera aussi le Département des opérations de maintien de la paix, sur la manière de gérer et d’atténuer les risques.  Les défis sont énormes, a-t-elle dit, en faisant écho à M. Le Roy.  De son point de vue, elle a ajouté le défi qui consiste à travailler avec une règlementation qui n’est pas faite pour des déploiements rapides dans des zones à haut risque. 


« Dans ce cas, soit nous respectons les règles et nous risquons de causer la colère des États Membres qui nous reprocheront nos retards, soit nous testons les limites de la réglementation et nous risquons alors la censure des mêmes États Membres.  C’est pourquoi, il faut concilier les résultats et le respect des règles », a-t-elle plaidé.


Mme Malcorra a jugé important d’adopter une approche plus stratégique du travail.  Il faut aussi, a-t-elle ajouté, explorer de nouveaux moyens de « travailler bien et vite » et de réaliser les économies d’échelle que l’on pourrait attendre d’une entreprise estimée à 7 milliards de dollars.  Elle a aussi plaidé pour des partenariats avec les États Membres, les institutions du système des Nations Unies et la société civile, ainsi que pour la recherche d’un cadre de réglementation « plus fort mais plus souple, plus prudent mais plus raisonnable ».   


Dans ce contexte, a-t-elle révélé, le Département d’appui aux missions réfléchit à la mise en place de centres régionaux qui, installés dans des endroits sûrs, pourraient fournir un appui logistique et administratif aux missions de la région et remplacer ainsi le système actuel consistant à créer une structure d’appui dans chaque mission. 


La Secrétaire générale adjointe a également dit réfléchir aux moyens de déléguer davantage de pouvoir dans les domaines de l’administration et de la gestion aux fonctionnaires chargés de ces questions sur le terrain qui auraient droit à une formation préalable et qui travailleraient dans le cadre de mécanismes prédéfinis de surveillance et de contrôle. 


« Nous étudions aussi, a-t-elle ajouté, les moyens de diversifier les sources des biens et services nécessaires aux missions, en élargissant l’assiette locale, régionale et internationale des fournisseurs.  Enfin, nous voulons voir comment nous pouvons promouvoir une approche « plus intelligente » de la technologie qui devrait faciliter le travail là où l’ONU est déployée. » 


Le Département compte naturellement mettre en œuvre rapidement la récente résolution de l’Assemblée générale qui devrait ouvrir la voie à une gestion des ressources humaines plus souple et à un personnel plus mobile et résoudre les problèmes posés par des taux de vacance et de roulement trop élevés.  Avec le Département de la gestion, a-t-elle encore annoncé, « nous travaillons au développement d’un cadre pour la politique des achats pour le rendre plus efficace dans la réponse aux besoins sur le terrain ».  Il faut aussi, a-t-elle suggéré, examiner plus en profondeur les arrangements financiers pour les opérations, l’utilisation des fonds d’affectation, les mémorandums d’accord ou encore les modèles de partenariat.  


« L’appui aux missions n’est pas une fin en soi et le Département n’est pas isolé sur une île », a fait remarquer Mme Malcorra.  Le concept d’appui, a conclu la Secrétaire générale adjointe, ne peut fonctionner que comme élément d’un partenariat plus large.  « Si nous ne sommes pas sûrs de la nature de l’entreprise que nous appuyons, nous compromettrons notre faculté de trouver les meilleurs moyens d’apporter notre appui », a-t-elle prévenu.  Les stratégistes de l’appui et les contributeurs des ressources sont plus efficaces lorsqu’ils s’engagent très rapidement dans un dialogue constructif.  Si ceux qui définissent les mandats, ceux qui établissent les politiques, ceux qui formulent les budgets et ceux qui contribuent en troupes ne partagent pas la même vision de la « joint venture », l’image fragmentée qui sortira de leurs discussions sera difficile à concrétiser, a-t-elle insisté.  


M. HÉDI ANNABI, Représentant spécial du Secrétaire général et Chef de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH), a orienté son intervention autour de trois réflexions: quand le maintien de la paix est-il le bon instrument? quelles tâches le maintien de la paix peut-il conduire? comment rendre plus efficace le maintien de la paix?  L’opportunité du déclenchement d’une opération de maintien de la paix est une des décisions les plus difficiles à prendre, a-t-il estimé.  Lorsque les opérations de maintien de la paix sont déployées dans de mauvaises circonstances, les résultats peuvent être catastrophiques pour les populations des zones de conflit, les Casques bleus eux-mêmes et pour la viabilité des opérations, a-t-il expliqué.  On peut déployer quand il y a une paix à maintenir, quand il y a un processus viable, a-t-il rappelé.  Parfois, l’expérience a prouvé qu’une action robuste des Casques bleus pouvait dissuader ceux qui cherchent à déstabiliser une situation, a-t-il ajouté.  C’est pourquoi, le Représentant spécial a souligné la nécessité pour le Conseil de sécurité d’éviter l’écueil inverse, celui d’une trop grande hésitation.  Le monde ne permettrait pas à l’ONU de demeurer passive au moment où elle pourrait faire la différence, a-t-il fait remarquer. 


M. Annabi a déclaré qu’il n’y avait pas d’autre solution qui puisse se substituer de manière réaliste à une opération de maintien de la paix.  Toute décision devrait être prise sur des considérations de fond et non pas financières, a-t-il dit.  Le Secrétariat et les États Membres ont un rôle fondamental à jouer.  Le Secrétariat doit évaluer ou réévaluer la situation sur le terrain et transmettre fidèlement les résultats de leurs évaluations aux États Membres.  Les États Membres doivent, pour leur part, fournir les informations fondamentales pour la prise de décisions et entendre, avec un esprit ouvert, les recommandations du Secrétaire général, les évaluer et résister aux pressions, a-t-il expliqué.


S’agissant des tâches du maintien de la paix, M. Annabi a souligné qu’elles ont évolué au cours de ces années.  Les opérations de maintien de la paix sont désormais plus actives sur le plan politique.  Elles ont également des rôles plus ambitieux au niveau de la sécurité et participent à l’établissement de l’état de droit.  Ces activités élargies ont aidé à relever des défis sur le terrain, a-t-il dit.  Il est néanmoins important, a estimé M. Annabi, de renforcer les institutions de la gouvernance et pas seulement celles de l’état de droit.  Il a souligné la nécessité de traiter des aspects sociaux et économiques, même si le développement ne peut être assuré pendant la durée de vie d’une mission de maintien de la paix.  M. Annabi a également affirmé que des résultats pouvaient être obtenus grâce à une étroite coopération, comme ce fut le cas avec une campagne de vaccination en Haïti, entre les Casques bleus et les institutions financières internationales.


Le Représentant spécial pour Haïti a également mis l’accent sur la nécessité d’assurer l’efficacité de l’appui aux opérations de maintien de la paix dans leurs tâches et en garantissant à celles-ci des ressources matérielles et humaines suffisantes.  Il convient, comme en Haïti, a-t-il dit, d’avoir des mandats cohérents, vigoureux et bien rédigés.  La structure d’appui a fourni en Haïti une aide précieuse, a-t-il affirmé.  De même, selon le Chef de la MINUSTAH, l’expérience sur le terrain est souvent inévitablement en avance sur les instruments politiques.  Il est donc indispensable de faire preuve de souplesse, a-t-il jugé.  M. Annabi s’est déclaré convaincu qu’il était nécessaire de la nécessité d’enrichir et d’adapter les opérations de maintien de la paix aux nouvelles réalités, sans toutefois renoncer aux principes fondamentaux.  Il faut s’engager à pratiquer un multilatéralisme efficace qui assure la participation de tous au combat pour la paix, a-t-il préconisé avant de conclure.


M. JOHN SAWERS (Royaume-Uni) a indiqué que ce débat s’inscrivait dans le cadre d’une initiative franco-britannique destinée à améliorer les opérations de maintien de la paix.  Il a rappelé la multi-dimensionnalité des nouvelles opérations, qui est à l’image de celle des conflits qui ont conduit à leur déploiement, et a à cet égard, cité les situations au Darfour et en Somalie.  Dans le document conjoint qu’ils ont préparé, la France et le Royaume-Uni ont notamment insisté sur les aspects stratégiques de contrôle et de planification, les problèmes de ressources matérielles et financières, et la manière dont des mandats de plus en plus complexes pouvaient être menés à bien, a indiqué M. Sawers.  Le représentant du Royaume-Uni a aussi souligné combien il est important que soient bien compris à New York les défis qui se posent sur le terrain.  Le Conseil doit être mieux informé de la situation qui prévaut dans le pays concerné, en particulier sur le plan militaire, a préconisé le représentant.  En outre, a-t-il ajouté, les mandats doivent être adaptés à la réalité de terrain et les personnels en uniforme bien équipés et préparés.  Au lendemain du séminaire informel qui s’est tenu dans les locaux de la Mission de la France auprès des Nations Unies, M. Sawers a invité les autres membres du Conseil à faire des observations pertinentes en vue de promouvoir l’objet des discussions qui ont eu lieu dans l’ordre du jour du Conseil de sécurité.


M. JORGE URBINA (Costa Rica) a, dans un premier temps, évoqué le déploiement de trois missions des Nations Unies dans la sous-région d’Amérique centrale, qui ont contribué à sa pacification et à son développement socioéconomique.  Fort de cette expérience, a dit M. Urbina, le Costa Rica veut faire quelques suggestions.  Le représentant a notamment souligné le fait que les Nations Unies se servaient souvent d’outils obsolètes pour résoudre des problèmes totalement nouveaux.  « C’est pourquoi nous avons prôné le concept de mission intégrée, qui permettrait au Conseil de promouvoir la paix et pas seulement de la maintenir », a-t-il expliqué.  Nous devons gérer des attentes de plus en plus grandes avec des ressources de plus en plus limitées, a fait remarquer le représentant.  Le débat d’aujourd’hui doit être la première étape d’une rationalisation de la manière dont nous élaborons les mandats des opérations de maintien de la paix, en y incorporant les leçons apprises pour garantir le succès des missions futures.  Il nous faut aussi modifier notre propre logique interne, en veillant à ce que le Conseil puisse répondre aussi rapidement que possible aux attentes des populations en détresse.  Une accélération du processus de prise de décision, associant étroitement membres permanents et membres non permanents du Conseil de sécurité, doit être de mise, a souligné le représentant.  Dans ce contexte, des réunions interactives entre pays fournisseurs de contingents, le Conseil de sécurité, le Secrétariat, et les organes pertinents, doivent se tenir régulièrement, a recommandé M. Urbina.  Il faut aussi donner suite efficacement aux mandats existants et veiller à la gestion la plus rigoureuse possible des ressources existantes, tout en tenant pleinement compte de la composante consolidation de la paix, a recommandé le représentant costaricien.


M. MICHEL KAFANDO (Burkina Faso) a estimé que malgré quelques écueils, l’Organisation parvenait tant bien que mal à s’acquitter de sa mission en matière de maintien de la paix.  Mieux, a-t-il ajouté, elle œuvre sans cesse à s’adapter aux nouveaux paradigmes des conflits.  C’est ainsi qu’elle a été conduite à incorporer dans le rayon d’intervention des opérations de maintien de la paix des volets tels que les questions humanitaires et des droits de l’homme, l’assistance électorale, le déminage, le désarmement, la démobilisation des combattants et leur réintégration au sein de la société civile, l’administration civile, le renforcement de la coopération avec les organisations régionales, etc.  Toutes choses, a-t-il dit, qui appellent une approche, sinon nouvelle, du moins différente de la problématique du maintien de la paix, depuis la définition des mandats des opérations nouvelles ou la modification des mandats des opérations en cours, jusqu’à l’organisation et la coordination des acteurs sur le terrain. 


Le représentant burkinabè a exprimé la préoccupation de sa délégation concernant la lenteur du déploiement des forces de maintien de la paix dans les situations d’urgence.  À cet égard, il faut, a-t-il souligné, travailler à respecter des délais raisonnables, comme le recommande le rapport Brahimi.  Le déploiement laborieux de la l’Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour (MINUAD) au Darfour offre à cet égard une parfaite illustration des efforts encore à fournir.  Il n’est pas superflu d’envisager de mettre fin à certaines opérations et de réaffecter les ressources à d’autres qui opèrent dans des zones où les besoins sont plus réels et plus pressants, a fait observer M. Kafando.  Il a, par ailleurs, mis l’accent sur la contribution des organisations sous-régionales et régionales, qui, aux yeux du Burkina Faso, est indispensable au succès des opérations déployées par les Nations Unies.  Enfin, il a estimé que l’Organisation des Nations Unies, et en premier lieu le Conseil de sécurité, devaient continuer à mettre l’accent sur la prévention des conflits, en renforçant les dispositifs d’alerte et d’intervention rapides. 


M. YUKIO TAKASU (Japon) a souligné qu’en raison des changements rapides survenus dans l’environnement opérationnel, l’effort de maintien de la paix engagé par les Nations Unies faisait désormais face à de nombreux défis.  La complexité croissante et l’énormité des tâches que le Conseil a confiées à ces missions ont également un impact important sur leurs performances, a-t-il précisé.  Au-delà du maintien de la paix et de la surveillance des accords de cessez-le-feu, les missions de maintien de la paix sont maintenant chargées de protéger les civils, d’appuyer l’effort humanitaire et de coordonner le soutien international à la stabilité socioéconomique, a relevé M. Takasu.  Des tels mandats, a poursuivi le représentant, exigent des expertises et des compétences diverses, et des changements doivent être apportés à la manière dont ces mandats sont mis en œuvre.  Pour y parvenir, le Japon fait trois suggestions, a indiqué M. Takasu.


Tout d’abord, avant de déployer une nouvelle mission ou de renforcer une mission existante, le Conseil de sécurité devrait être pleinement informé des réalités existant sur le terrain, a-t-il dit.  Dans ce contexte, les leçons apprises dans le cadre d’autres opérations devraient être prises en compte dans l’élaboration des mandats ou dans l’élargissement de ceux déjà en place, a expliqué le représentant.  Ensuite, après le déploiement d’une mission, le Conseil devrait étroitement surveiller la manière dont elle s’acquitte de son mandat et procéder aux ajustements nécessaires en fonction de l’évolution de la situation sur le terrain, a préconisé M. Takasu.  Le représentant du Japon a salué, à cet égard, les récents exemples de bonnes pratiques dont ont fait preuve l’ONUCI en Côte d’Ivoire et la MINUL au Libéria.  L’Opération des Nations Unies en Côte d’Ivoire (ONUCI) a réduit sa force d’un bataillon  et a créé des liens de coopération avec la Mission des Nations Unies au Libéria (MINUL), a-t-il précisé.  Enfin, M. Takasu a recommandé de toujours envisager une opération de maintien de la paix, non pas comme un substitut, mais comme un complément au processus de paix.  La présence d’une mission, a-t-il expliqué, doit être un facteur stabilisant et doit créer les conditions nécessaires à la réconciliation.  Cependant, sans un effort crédible et sincère des parties pour conclure un accord politique, l’impact que peut avoir une mission de maintien de la paix sera toujours limité, a-t-il reconnu.  Par ailleurs, le représentant a préconisé d’intégrer dans les mandats des missions, y compris les plus conventionnelles, des éléments pour faciliter la transition qui doit se faire entre la phase de maintien de la paix et celle de la consolidation de la paix. 


M. HOANG CHI TRUNG (Viet Nam) a estimé qu’en plus de six décennies d’évolution, le maintien de la paix était devenu l’activité phare des Nations Unies dans le domaine de la paix et de la sécurité internationales, permettant d’aider à restaurer la paix et la stabilité, et à changer la vie de millions de gens dans différentes régions du monde.  Le maintien de la paix est aujourd’hui confronté à un certain nombre de défis, parmi lesquels la gestion du personnel, le soutien logistique, la surveillance, la durabilité de l’engagement politique des parties prenantes nationales, le partage du fardeau par la communauté internationale et l’efficacité de la coordination entre différentes agences des Nations Unies.  De même, a-t-il dit, le nombre, l’étendue, la taille et la demande des opérations de maintien de la paix ont soulevé la nécessité d’une plus grande harmonisation entre le maintien de la paix local, la prévention des conflits et leur règlement, la diplomatie préventive, la consolidation de la paix au sein d’un cadre collectif permettant d’assurer une transition douce vers la paix, et la sécurité et le développement durables. 


Le représentant a également insisté sur le fait que l’établissement et le déploiement de missions de maintien de la paix devraient respecter strictement les objectifs et principes inscrits dans la Charte des Nations Unies, ainsi que des principes de base tels que le consentement des parties concernées, le non-recours à la force, à l’exception des cas de légitime défense, et l’impartialité.  Le Viet Nam, a indiqué son représentant, félicite le Secrétariat pour les efforts visant à renforcer la capacité de l’ONU à assurer de manière efficace et effective la gestion des opérations de maintien de la paix dans toutes les phases de planification, mise en place, déploiement, fonctionnement et achèvement.  Le représentant a réitéré que toute initiative devrait viser à assurer l’unité de commandement, la responsabilité et l’intégrité, ainsi que la sécurité des Casques bleus.  À cet égard, il a fait sienne l’idée de développer un contrôle stratégique en vue d’améliorer la préparation, le suivi et l’évaluation des opérations de maintien de la paix.


M. VITALY CHURKIN (Fédération de Russie) a déclaré que toute mesure visant à renforcer l’efficacité du maintien de la paix devait être prise conformément à la Charte des Nations Unies et aux normes du droit international.  Le représentant a estimé qu’il convenait d’utiliser davantage le Groupe de travail du Conseil de sécurité sur les activités de maintien de la paix.  Il a ainsi accueilli favorablement l’initiative qui sera prise par le Japon à cet égard lors de sa prochaine présidence du Conseil.  Il a mis l’accent également sur la nécessité de donner aux missions de maintien de la paix des mandats réalistes.  Il faut s’appuyer sur un accord préalable avec les pays susceptibles de fournir des contingents, a-t-il dit.  L’Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour est une démonstration de la justesse de cette position, a-t-il ajouté.


Le représentant a également jugé important de délimiter les fonctions de maintien de la paix de celles de la consolidation de la paix après un conflit.  La Fédération de Russie estime qu’il est important de confier les fonctions des toutes premières tâches de relèvement aux Casques bleus et d’attribuer le reste aux autres organisations pertinentes du système de l’ONU, comme la Commission de consolidation de la paix ou les organisations financières internationales, a dit M. Churkin.  Les experts militaires du Conseil de sécurité doivent participer à la définition des mandats des opérations de maintien de la paix, a-t-il poursuivi.  Il a souligné la nécessité, une nouvelle fois, d’intensifier les activités de collaboration du Comité d’état-major avec les 15 membres du Conseil de sécurité.  Il a estimé, de même, que pour améliorer l’efficacité des opérations de maintien de la paix, il convenait d’accroître le niveau de coopération avec les organisations régionales ou sous-régionales dans le déploiement des missions.  Le représentant a assuré, par ailleurs, que la Fédération de Russie était résolue à intensifier sa participation aux opérations de maintien de la paix.  


M. RANKI VILOVIĆ (Croatie) a déclaré que le paysage du maintien de la paix avait beaucoup évolué avec l’émergence de nouvelles menaces.  Le Conseil de sécurité a eu, dans ce contexte, de plus en plus recours aux opérations de maintien de la paix.  L’explosion des coûts de maintien de la paix qui en est la conséquence, est due non seulement au nombre d’opérations, mais aussi à des mandats à la complexité croissante, a estimé le représentant.  Aussi une information précise et actualisée de la situation sur le terrain, ainsi qu’une analyse politique et militaire juste, sont-elles nécessaires pour ajuster les mandats en fonction de l’évolution de la situation.  La Croatie est d’avis qu’il est fondamental que les pays apportent du personnel civil et en uniforme qualifié, a dit le représentant.  Or, il est manifeste que les capacités des pays contributeurs de troupes ont considérablement diminué, a-t-il regretté.  D’autre part, les nouveaux contributeurs manquent souvent des infrastructures et de l’expertise nécessaires pour bien intégrer leurs contingents aux opérations.  Quant aux organisations régionales, elles manquent des moyens financiers et des personnels qui leur permettraient de prendre le relais ou de compléter les efforts des opérations de maintien de la paix des Nations Unies, a relevé le représentant croate.  Aussi a-t-il recommandé au Conseil d’élaborer des mandats clairs et réalistes, de donner les moyens nécessaires à l’exécution de ces mandats, et de veiller à l’équipement des troupes, ainsi qu’à la nécessité de recevoir le meilleur appui politique possible pour obtenir les ressources indispensables au maintien de la paix.


M. FRANCIS BUTAGIRA (Ouganda) a rappelé que l’ONU n’avait pas réussi à ramener la paix en Somalie dans les années 1990, ce qui a conduit le Conseil de sécurité à prendre la décision sans précédent de retirer la mission de l’ONU avant qu’elle n’ait pu s’acquitter de son mandat.  La perception de quasi-indifférence de la communauté internationale vis-à-vis du Rwanda a laissé une image négative de l’ONU, a-t-il dit.  C’est pourquoi, il est nécessaire de mieux prévenir les conflits, plutôt que de réagir lorsqu’ils éclatent, a-t-il souligné.  La communauté internationale n’a pas tiré toutes les leçons des grandes tragédies du passé, a-t-il affirmé.  Une fois qu’un conflit est terminé, il est primordial de prendre des initiatives pour consolider la paix et éviter que les pays concernés ne sombrent à nouveau dans le conflit, a-t-il dit.


M. IBRAHIM DABBASHI (Jamahiriya arabe libyenne) a rappelé que le maintien de la paix par les Nations Unies avait joué un rôle central en de multiples occasions.  Il a indiqué que l’augmentation du nombre des opérations de maintien de la paix contraignait l’ONU à rechercher la cause profonde des conflits et à y mettre fin.  Le représentant a rappelé l’importance d’apporter des ressources nécessaires aux missions et de faciliter la coordination du Conseil de sécurité, des pays contributeurs de troupes et des organes pertinents du Secrétariat en ce qui concerne la planification des mandats.  Il s’est aussi déclaré en faveur d’une politique de tolérance zéro s’agissant des violations des droits de l’homme perpétrées par les personnels de maintien de la paix.  Le représentant de la Libye a aussi évoqué le rôle central de la Commission de consolidation de la paix, dont les efforts dans le domaine du renforcement du secteur de la sécurité sont d’une importance particulière.  Les besoins locaux et les priorités nationales doivent être pris en compte dans l’établissement des stratégies de consolidation de la paix, a-t-il rappelé.  La souveraineté et l’intégrité territoriales des États doivent être respectées dans le déploiement des opérations de maintien de la paix, a souligné le représentant libyen.  Il a salué en conclusion le travail qu’accomplit l’Union africaine, notamment au Darfour et en Somalie, et a souhaité que les Nations Unies prennent des mesures concrètes pour appuyer les moyens limités dont dispose actuellement l’Union africaine.


Mme ROSEMARIE DI CARLO (États-Unis) a souligné la nécessité pour les opérations de maintien de la paix de disposer de mandats clairs et efficaces, de ressources adéquates et d’un contrôle effectif pour que leurs objectifs puissent être atteints.  La représentante a plaidé pour une coopération entre le Conseil de sécurité et le Secrétariat de l’ONU.  Le Secrétariat, a-t-elle précisé, est confronté à de nouveaux défis au moment où il met en œuvre de nouveaux projets.  Elle a indiqué que son pays soutenait la rationalisation des procédures de l’ONU pour le déploiement et l’appui aux missions.  Des objectifs stratégiques bien définis renforceraient la capacité de l’ONU à mener des missions complexes, a-t-elle estimé.  Le Conseil de sécurité devrait, de même, examiner périodiquement les mandats pour déterminer si la mission a atteint ses objectifs ou, au contraire, n’a plus sa raison d’être.  L’amélioration de performance des missions de la paix signifie le renforcement des capacités opérationnelles mises au service des contingents, a-t-elle également dit. 


M. LA YIFAN (Chine) a rappelé que l’année dernière, l’Assemblée générale avait adopté une résolution pour commémorer le soixantième anniversaire des opérations de maintien de la paix, marquant aussi la détermination des Nations Unies à continuer à s’acquitter de sa mission à cet égard.  Aujourd’hui, a-t-il précisé, 110 000 personnes sont déployées dans 18 opérations dans le monde.  La demande en matière de maintien de la paix ne cesse d’augmenter, ce qui exige de l’ONU de réfléchir aux moyens de mener à bien ses mandats.  Une réforme dans ce domaine doit garantir des ressources suffisantes et faciliter la mise en œuvre de mandats clairs et réalisables.  Le représentant a également encouragé les pays qui en ont les moyens à prêter assistance et à fournir des contingents.  « Dans le cadre de la réforme du maintien de la paix, nous devons rationaliser la gestion depuis le Siège des Nations Unies et renforcer la coordination avec le commandement sur le terrain, tout en facilitant la pleine participation des parties concernées: pays contributeurs de troupes, Conseil de sécurité, organes pertinents et organisations régionales.


M. BAKI ILKIN (Turquie), qui a jugé ce débat tout à fait opportun, a indiqué que, pour des raisons de temps, il distribuerait aux membres du Conseil de sécurité le texte de son intervention.


M. CLAUDE HELLER (Mexique) a estimé qu’il était fondamental d’incorporer une vision stratégique intensifiée, avec des objectifs clairs et réalistes dans la conduite des opérations de maintien de la paix.  Le processus doit se dérouler sur la base d’une opération politique solide émanant des plus hautes autorités de l’Organisation, a-t-il recommandé.  Le consensus des protagonistes est essentiel pour le maintien de la paix, a-t-il dit.  Il faut, a-t-il également estimé, garantir les conditions indispensables à la viabilité des missions.  De même, il convient de prendre en compte les différentes composantes des mandats des opérations de maintien de la paix, tant militaires que techniques ou juridiques, a préconisé M. Heller.  Le représentant a jugé plus nécessaire que jamais la coopération des Nations Unies, et en particulier du Conseil de sécurité, avec les organisations régionales et sous-régionales.  Il a estimé qu’une solution durable aux conflits exigeait que l’on aille au-delà des mesures militaires et sécuritaires, et que l’on mette en place des mesures qui promeuvent la stabilité à long terme dans les zones sortant de conflit.  Il a mis l’accent sur la nécessité d’assurer la protection de la population civile.  Le représentant a en outre plaidé en faveur d’un dialogue permanent entre le Conseil de sécurité, son Groupe de travail, son Comité spécial des opérations de maintien de la paix, la Commission de consolidation de la paix, les pays fournisseurs de contingents, les agences des Nations Unies qui opèrent sur le terrain, et les pays fournisseurs fonds de financement. 


M. THOMAS MAYR-HARTING (Autriche) a estimé que, face à la multiplication et à la croissance des opérations de maintien de la paix et au fait que leurs mandats deviennent de plus en plus complexes, la coopération avec les organisations régionales est plus importante que jamais.  Le soutien au renforcement et à la mise en place d’expertise et de capacités est nécessaire pour permettre à ces organisations de jouer un rôle plus important.  Alors que le Conseil de sécurité ne doit pas abandonner sa responsabilité principale concernant le maintien de la paix et de la sécurité internationales, l’ONU devrait s’efforcer de jouer un rôle croissant de « pont » jusqu’à ce que les organisations régionales puissent prendre la relève.  Ceci, a indiqué le représentant, contribuerait à renforcer l’appropriation régionale de la gestion des crises. 


Nous soutenons l’idée d’un processus interactif dans lequel le Secrétariat, le Conseil de sécurité et les pays contributeurs de troupes se réuniraient dès le début de la planification jusqu’au suivi et à l’évaluation des missions en cours, a poursuivi le représentant de l’Autriche.  Un tel dialogue favoriserait une meilleure intégration de l’expertise politique, financière et militaire, a-t-il estimé.  M. Mayr-Harting a en outre appuyé le renforcement des mandats des opérations de maintien de la paix dans le domaine de la protection des civils.  Un autre défi important à relever est celui que pose le manque d’instructions et de directives qui devraient être données aux commandants des forces de maintien de la paix et aux troupes opérant sur le terrain pour la mise en œuvre concrète de leurs mandats.  De telles instructions et directives devraient être mises au point en coopération étroite avec le Conseil de sécurité, le Secrétariat et les pays contributeurs de troupes, a ajouté le représentant.


M. JEAN-MAURICE RIPERT (France) s’est réjoui du lancement de l’initiative franco-britannique, qui témoigne de l’attachement de la France au maintien de la paix par les Nations Unies.  Avec 2 800 hommes sur le terrain, en particulier au Liban et au Tchad, et un milliard d’euros dépensés chaque année pour le maintien de la paix, la France considère que cette question est importante.  De ces opérations dépendent en effet la vie de millions de personnes et la reconstruction de régions entières de notre planète, a rappelé M. Ripert.  En créant le Département d’appui aux missions, l’Assemblée générale a également montré son attachement à cet aspect essentiel des Nations Unies.  Le représentant a par ailleurs félicité le Secrétariat de l’ONU pour avoir mis sur pied la cellule militaire stratégique et renforcé les effectifs du Bureau militaire.  L’Union européenne est devenue un partenaire de premier plan, a-t-il indiqué.


Il reste cependant beaucoup de chemin à faire, a poursuivi M. Ripert, en précisant que c’est ce qui explique l’initiative lancée conjointement par la France et le Royaume-Uni.  Il s’est félicité qu’il y ait une prise de conscience claire des questions que le Conseil doit aborder en matière de maintien de la paix.  Pour répondre aux préoccupations actuelles, il a prôné le renforcement de l’expertise militaire du Conseil, une meilleure gestion des ressources disponibles et l’ajustement des effectifs des opérations à chaque fois que nécessaire.  Il faut aussi définir des missions mieux intégrées, pour passer du concept d’une seule ONU « One UN » à une seule mission « One Mission ».  La discussion a souligné aussi l’importance essentielle d’une interaction entre les différents acteurs, qu’il s’agisse des contributeurs de troupes, des contributeurs financiers, de la Cinquième Commission, de la Commission de consolidation de la paix (CCP), du Comité spécial des opérations de maintien de la paix (Comité des 34) ou des organisations régionales.


M. TARANJIT SANDHU (Inde) a affirmé que l’augmentation considérable du nombre des Casques bleus avait suscité d’énormes problèmes.  Le débat d’aujourd’hui est donc tout à fait approprié, a-t-il dit.  Le représentant a estimé que les pouvoirs du Conseil de sécurité doivent être lus parallèlement à l’Article 44 de la Charte des Nations Unies.  Il a ainsi estimé que les pays non membres du Conseil de sécurité, mais qui fournissent des contingents, devraient être invités à participer aux décisions du Conseil concernant l’utilisation de ces contingents.  Il a, en outre, jugé regrettable que le Conseil de sécurité ait entièrement monopolisé l’examen des opérations de maintien de la paix de l’ONU.  Il est temps que le Conseil de sécurité fasse un examen approfondi de la situation actuelle, notamment de la question de savoir s’il doit continuer à conserver la responsabilité exclusive sur la création et la mise en œuvre des opérations de maintien de la paix.  Il est essentiel de faire participer les pays fournisseurs de contingents dès le début des opérations de maintien de la paix et à toutes les étapes de leur planification, configuration, déploiement et liquidation.  Leurs avis doivent être reflétés dans les mandats des missions, a-t-il insisté.  Le représentant a par ailleurs mis l’accent sur le soutien de son pays à la mise en œuvre de la politique de tolérance zéro à l’égard des contingents en matière d’exploitation et d’abus sexuels.


M. FARUKH AMIL (Pakistan) a rappelé que son pays était l’un des principaux fournisseurs de troupes, avec 11 135 policiers et militaires déployés dans différentes missions de maintien de la paix, ce qui représente 12% des effectifs de maintien de la paix des Nations Unies dans le monde.  Par ailleurs, le Pakistan a accueilli l’une des premières missions de maintien de la paix, tout en s’engageant en faveur de l’effort de consolidation de la paix, a fait observer le représentant.  Il a ensuite évoqué les actions indispensables pour assurer le succès des opérations actuelles et futures, notamment la nécessité d’adapter constamment le maintien de la paix à l’évolution des situations sur le terrain, d’appliquer une véritable approche holistique de la prévention des conflits et d’exploiter le potentiel offert par la coopération avec les organisations régionales.  Le représentant a aussi souligné l’importance de formuler des mandats clairs, réalistes et réalisables et d’encourager un élan politique et un engagement collectif des États Membres en faveur du maintien de la paix.  Ces questions pressantes devraient guider le processus de n’importe quelle surveillance stratégique, a dit le représentant.  Les notions de « déploiement » et d’« opération » devraient être complètement intégrées dans les travaux du Conseil de sécurité et du Comité des 34, où trop d’attention a été accordée à des questions secondaires, a-t-il souligné.  Tout en reconnaissant que le Conseil de sécurité est l’organe chargé de l’élaboration de mandats des opérations de maintien de la paix, le représentant a toutefois fait remarquer que ces mandats étaient exécutés par les pays contributeurs de troupes, dont la majorité de ces pays ne siègent pas au sein du Conseil.  C’est pourquoi, un partenariat véritable est nécessaire entre le Conseil et ces pays pour couvrir tous les aspects du maintien de la paix.  M. Amil a souligné en conclusion l’importance d’une gestion rationnelle des ressources, tout en affirmant que la prévention des conflits et le fait de sauver des vies devraient rester des priorités.


M. MOHAMMED F. AL-ALLAF (Jordanie) a réaffirmé que son pays attachait une grande importance au maintien de la paix et de la sécurité internationales.  Il a mis l’accent sur les trois points mis en exergue dans le document de réflexion élaboré conjointement par la France et le Royaume-Uni, à savoir la nécessité d’une supervision stratégique efficace, les contraintes en matière de ressources et les leçons apprises.  Le Conseil de sécurité doit, a-t-il dit, adopter des décisions relatives à la nature et à l’ampleur des menaces à la paix et à la sécurité internationales.  Ces menaces doivent s’inscrire dans le cadre d’une approche stratégique et être évaluées dans un contexte régional, a-t-il souligné, insistant sur la nécessité de s’appuyer sur les analyses fournies par les organisations régionales.  Il faut développer un système d’alerte rapide afin de déceler les signes précurseurs des crises, a-t-il expliqué.  Il a en outre mis l’accent sur la nécessité de travailler avec le Secrétariat pour adopter une approche graduelle comprenant toutes les composantes des mandats pour parvenir à une stratégie d’ensemble cohérente et intégrée. 


M. BUKUN-OLU ONEMOLA (Nigéria) a souligné la nécessité de renforcer la coopération triangulaire entre le Conseil de sécurité, les pays fournisseurs de contingents et la Commission de consolidation de la paix (CCP).  Il a aussi souligné le besoin urgent de synergie dans l’exécution des fonctions par le Représentant spécial du Secrétaire général et le commandant de la Force des Nations Unies.  En outre, a poursuivi le représentant, les contraintes de ressources demeurent le défi le plus important pour garantir un maintien de la paix vraiment efficace.  Mais il a estimé que ni la sous-traitance des activités de maintien de la paix par des entités externes aux Nations Unies, ni le déploiement d’une capacité civile sur les lieux du conflit ne sont des idées viables, car elles auraient pour conséquence d’entraîner des problèmes de confiance.  Le représentant a préconisé plutôt d’accroître les ressources disponibles pour renforcer des missions comme la MINUAD ou l’AMISOM et soutenir l’établissement de missions hybrides dans des pays comme la Somalie.  La réduction des effectifs d’une opération de maintien de la paix ou la fin de son mandat est nécessaire, a-t-il dit, en soulignant cependant l’importance d’envisager une stratégie de sortie comportant un mécanisme de consolidation de la paix.  Le représentant a également estimé que le Conseil de sécurité devrait continuer de soutenir les efforts régionaux et sous-régionaux de maintien de la paix, en particulier en renforçant les capacités des forces régionales en attente en Afrique.  Enfin, a préconisé M. Onemola, le Nigéria a appuyé l’appel lancé par d’autres pour intensifier le dialogue et les consultations entre la Cinquième Commission, la Commission de consolidation de la paix, le Comité spécial des opérations de maintien de la paix ou -Comité des 34- et le Groupe de travail du Conseil de sécurité sur les opérations de maintien de la paix.


M. JOSE LUIS CANCELA (Uruguay) a exprimé ses préoccupations devant la phase difficile que traversent les opérations de maintien de la paix, insistant plus particulièrement sur le fossé qui se creuse entre les personnels militaire et de police approuvés dans les mandats et la réalité des troupes effectivement déployées sur le terrain.  Il a affirmé qu’il n’y avait pas de solutions magiques aux problèmes actuels, comme en témoigne l’application des recommandations du rapport Brahimi de 2000, qui ont abouti à des réformes concrètes, mais dont les résultats commencent tout juste à être perceptibles.  « Tout en poursuivant l’amélioration des opérations existantes, nous ne devons pas négliger les aspects de la reconstruction et de la consolidation de la paix », a souligné le représentant.  Les difficultés du système des Nations Unies à répondre à toutes les situations de conflit, si elles venaient à se multiplier, rendent d’autant plus importants le travail de prévention et de reconstruction, ainsi que les efforts pour promouvoir le développement socioéconomique des zones de conflit.


L’Uruguay est engagé en faveur de ces efforts et c’est la raison pour laquelle il a souhaité siéger à la Commission de consolidation de la paix, a indiqué M. Cancela.  Un contrôle stratégique efficace, a estimé M. Cancela, exige la gestion d’une information fiable et la coopération entre toutes les parties concernées, notamment les pays contributeurs de troupes.  La plupart des pays en développement, a-t-il fait remarquer, ne bénéficient que d’une participation limitée à la gestion de ces opérations, en particulier dans la phase de planification.  Le représentant a souhaité que lorsque le Conseil de sécurité réexamine les mandats des opérations de maintien de la paix, les pays fournisseurs de contingents soient consultés, car, a-t-il dit, leur compréhension de l’environnement où sont déployés leurs soldats peut constituer une précieuse contribution aux travaux du Conseil.  Aussi, le représentant a-t-il préconisé la création d’un mécanisme qui permettrait une interaction entre le Conseil de sécurité et ces pays, dont l’Uruguay fait partie.


M. MARTIN PALOUS (République tchèque), au nom de l’Union européenne, a souligné l’importance qu’il y a à ce que les objectifs de chaque mission soient clairs et réalistes.  Les mandats doivent être élaborés en consultation étroite avec le Secrétariat de l’ONU et correspondre à la disponibilité des ressources.  Le Conseil doit définir clairement les différentes étapes d’une opération de maintien de la paix et établir des stratégies de sortie longtemps avant la fin de son mandat afin de permettre à la communauté internationale d’évaluer les progrès et de combler les lacunes éventuelles.  Le représentant a poursuivi en indiquant que pour l’Union européenne, la protection des populations civiles doit faire partie intégrante des mandats des opérations de maintien de la paix.  L’ONU doit donc renforcer ses capacités en la matière. 


Le représentant a aussi appelé l’ONU à se concentrer sur les causes sous-jacentes des conflits et à mettre l’accent sur l’appui à des processus politiques crédibles et aux efforts de consolidation de la paix, tels que la police, l’état de droit, le désarmement, la démobilisation et la réintégration (DDR).  L’Union européenne, a encore dit le représentant, souligne l’importance qu’il y a à recruter un personnel qualifié en temps voulu et à appuyer l’établissement d’une liste d’experts civils pouvant être déployés lorsque cela s’avèrerait nécessaire.  L’expérience a montré, a conclu le représentant, qu’une transition sans heurt du maintien de la paix à sa consolidation est essentielle.  Il a donc souligné l’importance du rôle de la Commission de consolidation de la paix. 


S’exprimant au nom du Mouvement des pays non-alignés, M. MOHAMMED LOULICHKI (Maroc) a d’emblée indiqué que toute opération de maintien de la paix devrait s’accompagner d’un processus de paix inclusif bien planifié et exécuté.  Il est donc temps pour l’ONU de repenser le processus de planification dans son ensemble pour que la dimension opérationnelle soit complétée par la dimension politique, a-t-il dit.  Certes, la « Préparation des missions intégrées de 2006 » constitue un effort appréciable en ce sens, mais il a été entravé par les défis majeurs qui se sont posés dans les domaines des ressources financières et humaines.  Des difficultés sont également liées à la manière dont les déploiements sont mandatés et planifiés, en particulier quand il n’y a pas de paix, ou très peu, à maintenir, a souligné M. Loulichki.  Un tel environnement exige non seulement des mesures adéquates pour prévenir des risques plus grands en matière de planification et de budgétisation, mais aussi d’améliorer la communication et la coopération entre le Secrétariat, les pays contributeurs de troupes et le Conseil de sécurité.


Le représentant du Maroc a fait observer que les pays contributeurs de troupes qui appartiennent au Mouvement des pays non alignés fournissent plus de 80% des troupes sur le terrain.  Ils devraient donc être pleinement associés aux processus de planification des opérations de maintien de la paix, a-t-il estimé.  Par ailleurs, le Mouvement des pays non alignés souligne que ces opérations devraient faire partie d’une approche globale qui s’efforce de répondre aux causes profondes des conflits en s’appuyant sur tous les instruments pertinents.  M. Loulichki a par ailleurs exprimé le soutien du Mouvement des pays non alignés aux efforts continus pour renforcer les capacités africaines de maintien de la paix.  Par ailleurs, le représentant a indiqué que le Mouvement des pays non alignés réitère l’obligation pour les opérations de respecter les principes de la Charte des Nations Unies qui régissent les opérations de maintien de la paix, en particulier le consentement des parties, l’usage de la force uniquement dans les situations de légitime défense et l’impartialité.


M. JOHN MCNEE (Canada) a déclaré que son pays était fier de soutenir une grande variété de missions d’opérations de paix mandatées par l’ONU, comme en Afghanistan, au Soudan ou en Haïti.  Il a estimé que les recommandations contenues dans le rapport Brahimi, y compris les changements structurels à apporter au Département des opérations de maintien de la paix, allaient dans la bonne direction et devraient permettre de mieux aider à la conduite des opérations de paix.  Le représentant a souligné le besoin urgent de se pencher sur l’importance du défi du financement et de la capacité de soutien du maintien de la paix et d’explorer des options pour résoudre les lacunes lorsqu’elles surviennent.  Il a, en outre, souligné le besoin d’approfondir la compréhension mutuelle entre l’ONU et les organisations régionales concernant les avantages comparatifs et la division efficace du travail afin d’assurer la durabilité de ces partenariats.  Le représentant a également estimé que pour garantir la crédibilité des activités de maintien de la paix des Nations Unies à l’avenir, il était important d’assurer la protection des civils.  De même, il convient, a-t-il dit, d’examiner à nouveau, et en toute franchise, comment le Conseil peut mieux s’acquitter de son mandat au regard de la prévention, conformément à sa responsabilité de veiller à la paix et à la sécurité internationales.  Enfin, pour que les objectifs de maintien de la paix des Nations Unies puissent se réaliser au cours des prochaines années, il est essentiel, a souligné le représentant, d’examiner la façon dont on peut, collectivement, améliorer les résultats au titre des dimensions politiques des opérations de paix. 


Mme LILA H. RATSIFANDRIHAMANANA, Observatrice permanente de l’Union africaine, a souligné la nécessité de s’attaquer aux causes profondes des différentes situations de conflit.  L’Union africaine, a-t-elle dit, a constamment mis l’accent sur les problèmes en amont, tels que la pauvreté, l’écart de développement, l’entorse à la démocratie, le déficit de bonne gouvernance, les crises alimentaire, énergétique et financière.  La multiplication des opérations de maintien de la paix signifie aussi la prolifération des armements, a-t-elle affirmé.  L’Observatrice s’est également interrogée sur les moyens à mettre en œuvre pour repenser le mandat des forces de maintien de la paix, mobiliser les pays donateurs, les pays contributeurs de troupes et tous les acteurs potentiels, motiver les troupes sur le terrain ou rationaliser le coût des opérations de maintien de la paix.  Elle a en outre mis l’accent sur la grande évolution née de la coopération entre l’Union africaine et les Nations Unies, avec l’établissement de la première opération hybride au Darfour (MINUAD).  La coopération croissante entre les deux organisations est également illustrée par le Groupe mis en place par le Secrétaire général en vue d’examiner en profondeur des questions liées aux opérations de maintien de la paix, a-t-elle poursuivi.  Mme Ratsifandrihamanana a estimé que le renforcement des liens entre les organes homologues de l’Union africaine et des Nations Unies était essentiel pour le développement à la fois de la doctrine et de la conduite sur le terrain des opérations de maintien de la paix.


Reprenant la parole, le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix s’est félicité de ce débat, qui rend optimiste sur la volonté collective de travailler pour améliorer les opérations de maintien de la paix.  Chacun, avec son angle, a pu exprimer ses préoccupations qui ont été bien prises en compte par le Département des opérations de maintien de la paix et le Département d’appui aux missions, a-t-il assuré.  Mme Malcorra et M. Annabi l’ont appuyé en ce sens.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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