CS/9573

L’ENVOYÉ SPÉCIAL, M. OLUSEGUN OBASANJO, SUSPEND TEMPORAIREMENT LE DIALOGUE ENTRE LE GOUVERNEMENT CONGOLAIS ET LE CNDP DE LAURENT NKUNDA

15/01/2009
Conseil de sécuritéCS/9573
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Conseil de sécurité

6067e séance – matin


L’ENVOYÉ SPÉCIAL, M. OLUSEGUN OBASANJO, SUSPEND TEMPORAIREMENT LE DIALOGUE ENTRE LE GOUVERNEMENT CONGOLAIS ET LE CNDP DE LAURENT NKUNDA


Il demande au Conseil d’établir un « mécanisme de surveillance »

de la cessation des hostilités dès qu’un accord sera conclu par les deux parties


Tout juste de retour de Nairobi, M. Olusegun Obasanjo, l’Envoyé spécial du Secrétaire général pour la région des Grands Lacs, a annoncé ce matin au Conseil de sécurité qu’il avait dû suspendre, aujourd’hui même, le Dialogue entre le Gouvernement de la République démocratique du Congo (RDC) et le Congrès national pour la défense du peuple (CNDP), le groupe rebelle de Laurent Nkunda, en raison des tractations et des désaccords qui, ces dernières 48 heures, ont émaillé ce Dialogue.


Après s’être félicité des progrès accomplis depuis la reprise, le 6 janvier, de ce Dialogue, et de la conclusion, le 12 janvier, des règles de base pour les discussions futures, l’Envoyé spécial a annoncé que les deux parties s’étaient à nouveau montrées intransigeantes, « le Gouvernement congolais en particulier ».  C’est pourquoi, il a demandé une brève suspension de ce Dialogue, qui devrait reprendre en fin de semaine prochaine.


L’enjeu immédiat est la signature d’une déclaration de cessation des hostilités, qui permettrait de franchir une étape déterminante, à condition toutefois qu’elle soit soutenue par un mécanisme efficace et indépendant de surveillance.  Dans cette perspective, M. Obasanjo a demandé au Conseil d’établir, « dès que possible », un tel mécanisme, qui ferait directement rapport à la médiation et bénéficierait du soutien logistique de la MONUC.


Dans ses remarques finales, l’Envoyé spécial a souligné l’importance d’élargir ce Dialogue, exclusivement bilatéral, -sur l’insistance du CNDP- aux autres groupes armés, plus d’une vingtaine au total, en activité en RDC, afin de parvenir à un accord.  « Prendre en compte l’ensemble des questions en suspens, qu’elles soient humanitaires, sécuritaires ou économiques, répond à une même nécessité », a-t-il souligné.



LA SITUATION DANS LA RÉGION DES GRANDS LACS


Exposé


M. OLUSEGUN OBASANJO, Envoyé spécial du Secrétaire général pour la région des Grands Lacs, a rappelé que le 7 novembre dernier, l’Union africaine et la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs, dont il est aussi le Facilitateur, ont organisé un Sommet extraordinaire à Nairobi, au cours duquel sa nomination au poste d’Envoyé spécial du Secrétaire général a été approuvée.  La tenue de ce Sommet répondait à une véritable urgence.  En effet, a expliqué M. Obasanjo, au cours des deux derniers mois de 2008, le Président Mkapa et moi-même avons rencontré les Présidents Kabila, Kagame, Dos Santos, Kibaki, Kikwete, Museveni et Sassou Nguesso.  « Nous nous sommes également entretenus à quatre reprises avec le chef du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP), Laurent Nkunda.  Un dialogue a été ouvert dans la foulée, le 8 décembre à Nairobi, entre ce groupe et le Gouvernement de la République démocratique du Congo (RDC), a précisé l’ancien Président du Nigéria.


M. Obasanjo a estimé que, même s’il reste beaucoup à faire, d’indéniables progrès ont été accomplis.  « Alors qu’en novembre, les relations entre Kinshasa et Kigali s’étaient considérablement détériorées, je peux vous assurer maintenant que les Présidents Kabila et Kagame parlent tous deux maintenant d’une amélioration des relations et d’un renforcement de coopération », a-t-il précisé.  Par ailleurs, alors qu’en novembre dernier, le CNDP était sur le point de prendre Goma, cette perspective ne semble plus être d’actualité, en dépit de la persistance d’une grave situation humanitaire dans ce secteur.  Concernant le dialogue, M. Obasanjo a indiqué que les progrès sont plus lents que ceux qui étaient souhaités et qu’au cours du mois écoulé, il est resté essentiellement axé sur des questions de procédure, a commenté M. Obasanjo.  De plus, à l’approche de la fin de l’année, le CNDP n’était pas disposé à se réengager en faveur d’un renouvellement de la cessation unilatérale des hostilités.  Il avait accusé le Gouvernement d’incursions dans des zones qu’il avait demandé à la MONUC d’occuper après les avoir désertées.


Insistant sur le fait qu’il était très encouragé par l’interaction entre les Présidents Kagame et Kabila, et l’amélioration notable des relations entre leurs deux pays, M. Obasanjo a expliqué que les deux hommes étaient tout particulièrement satisfaits des progrès réalisés dans la recherche d’un terrain d’entente sur les questions d’intérêts commun, en particulier celle des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR).  Ainsi, conformément au Communiqué de Nairobi de 2007, la RDC et le Rwanda se sont mis d’accord sur un plan militaire afin d’exercer une pression sur le FDLR, a souligné l’Envoyé spécial.


Par ailleurs, M. Obasanjo a rencontré, à Jomba, Laurent Nkunda et un groupe de ses « cadres politiques ».  Laurent Nkunda a posé comme condition préalable à la signature de la déclaration de cessation des hostilités le retrait des troupes gouvernementales de Kibati, près de Goma.  Il a cependant fait preuve de souplesse concernant sa précédente demande, qui voulait que les Présidents de l’Assemblée et du Sénat participent au Dialogue de Nairobi en qualité de facilitateurs, a relevé l’Envoyé spécial.  Ceux-ci ont donné au Président Kabila et à M. Obasanjo l’assurance que tout résultat du Dialogue qui exigerait une action de la législature congolaise serait examiné avec bienveillance, ce qui a permis à M. Obasanjo de rassurer M. Nkunda.


L’Envoyé spécial s’est félicité que, depuis sa reprise le 6 janvier, le Dialogue s’est poursuivi à un rythme soutenu.  Le 12 janvier, le dernier des trois documents a été agréé par les parties qui, de concert, ont fixé les règles de base des futures discussions.  Ces règles sont déterminantes, a-t-il expliqué, car elles réaffirment l’adhésion des deux parties aux principes du processus de Goma, mais appellent aussi à de nouveaux mécanismes de mise en œuvre, ainsi qu’à un « Accord global » qui prenne en compte les causes profondes du conflit actuel.  Cependant, a prévenu l’Envoyé spécial, au cours des dernières 48 heures, des informations ont fait état, dans la sous-région, de toute une série de plans et de « contre-plans », et de tractations sur des questions déjà résolues, ce qui a eu pour conséquence de freiner l’élan du Dialogue.  Les deux parties se sont à nouveau montrées intransigeantes, le Gouvernement en particulier.  Pour cette raison, l’Envoyé spécial a appelé aujourd’hui même à une brève suspension du Dialogue, qui devrait reprendre en fin de semaine prochaine.


Si les parties parviennent à signer une déclaration de cessation des hostilités, cela permettrait au Dialogue de franchir une étape déterminante, a estimé l’Envoyé spécial, qui a souhaité que cette cessation soit soutenue par un mécanisme efficace et indépendant de surveillance.  À cet égard, il a souhaité pouvoir compter sur l’appui du Conseil de sécurité pour aider à établir, dès que possible, un tel mécanisme qui ferait directement rapport à la médiation et bénéficierait du soutien logistique de la MONUC.  « Dans l’intervalle, a fait valoir M. Obasanjo, j’ai plaidé auprès des deux parties –le CNDP en particulier, car il se méfie de la MONUC– pour qu’elles acceptent que la Mission surveille et vérifie les déclarations de cessation des hostilités unilatérales actuellement en place.


L’Envoyé spécial a également demandé au Conseil de sécurité d’user des moyens à sa disposition pour convaincre les parties d’accélérer le Dialogue.  Si des obstacles continuaient de se poser, le Secrétaire général pourrait dès lors appeler le Conseil à envisager d’autres mesures susceptibles d’encourager les progrès.  Par ailleurs, sur l’insistance du CNDP, le Dialogue reste exclusivement bilatéral, entre cette formation et le Gouvernement, a rappelé M. Obasanjo, qui a précisé qu’il existait pourtant plus de 20 groupes armés dont les intérêts doivent être pris en compte à tout prix dans la recherche d’une solution globale.  En outre, la présence de longue date sur le sol congolais de groupes armés étrangers, qu’il s’agisse du FDLR ou de la LRA, pose un problème majeur, a assuré l’Envoyé.  « Pour que cet accord global, que nous appelons de nos vœux, ne reste pas lettre morte, nous devons veiller à que ce toutes les questions en suspens soient abordées pour qu’il puisse être réaliste et applicable de bonne foi par toutes les parties concernées », a-t-il dit en conclusion.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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