CCP/49

Réforme de la sécurité, État de droit et développement, axes prioritaires du Cadre stratégique pour la consolidation de la paix en République centrafricaine

06/05/2009
Assemblée généraleCCP/49
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Commission de consolidation de la paix

Troisième session 0

Formation République centrafricaine

3e séance - matin


RÉFORME DE LA SÉCURITÉ, ÉTAT DE DROIT ET DÉVELOPPEMENT, AXES PRIORITAIRES DU CADRE STRATÉGIQUE POUR LA CONSOLIDATION DE LA PAIX EN RÉPUBLIQUE CENTRAFRICAINE


La « formation République centrafricaine » de la Commission de consolidation de la paix (CCP) a adopté, ce matin, le Cadre stratégique 2009-2011 pour la consolidation de la paix, en présence de cinq Ministres centrafricains qui, à partir de Bangui, ont suivi la réunion par téléphone.  Aux côtés des membres de la CCP, les Ministres ont soulevé la question du financement des processus de désarmement, de démobilisation et de réintégration des groupes armés (DDR).


Le Président de la formation, M. Jan Grauls, de la Belgique, a en effet souligné que le Cadre a fixé comme axes prioritaires la réforme du secteur de la sécurité, y compris le désarmement, la démobilisation et la réintégration (DDR); la gouvernance et l’état de droit; et les pôles de développement.  Ce Cadre, a-t-il souligné, est le résultat d’un processus inclusif qui permettra de continuer de mener une action « cohérente et ciblée » en matière de consolidation de la paix en République centrafricaine (RCA). 


M. Grauls a souligné que le Cadre stratégique était non seulement une feuille de route pour les priorités en matière de paix et de développement, mais aussi le témoignage de la volonté du Gouvernement et des citoyens centrafricains de mettre fin « pour de bon » à une longue période de violence et d’isolement.  Le Cadre émane de consultations sur le terrain et comprend des recommandations issues du dialogue politique inclusif, a encore dit le représentant belge.


Immédiatement après l’adoption du Cadre, les Ministres centrafricains se sont félicités de cette avancée.  Le Ministre d’État au plan, à l’économie et à la coopération internationale, M. Sylvain Maliko, a déclaré que, depuis 2008, année marquée par la signature de l’Accord de paix global et le lancement du dialogue politique inclusif, son pays avait réussi le pari difficile de réunir les conditions propices à la consolidation durable de la paix. 


Si le Cadre stratégique restitue convenablement les axes prioritaires, il reste que la Centrafrique, orpheline de l’aide internationale est l’un des pays pauvres très endettés pour qui l’appui de la communauté internationale est indispensable afin de répondre aux aspirations de sa population, a lancé M. Maliko. 


Il a notamment souligné que l’allégement de la dette serait essentiel pour couvrir les dépenses nécessaires au financement de la réforme du secteur de la sécurité et des programmes de DDR.  Relever ce double défi constitue la première urgence du Gouvernement, en vue des élections de 2010 et de la relance de l’économie du pays, « frappée de plein fouet par les crises alimentaire et financière internationales ». 


Le Ministre d’État de la communication, du civisme, de la réconciliation nationale et du suivi du dialogue, M. Cyriaque Gonda, a emboîté le pas de son collègue en indiquant que le processus de DDR était d’ores et déjà lancé.  Il a, à son tour, évoqué l’urgence d’avancer dans ce chantier, en profitant du fait que le pays connaît une période relativement calme.  M. Gonda a estimé, à ce propos, que le nouveau Gouvernement centrafricain, dont sept de ses membres sont issus de l’opposition, de la société civile et des mouvements militaro-politiques, formait une « coalition d’ouverture » soucieuse d’appliquer strictement les recommandations en matière de sécurité, de rétablissement de l’état de droit et de développement. 


M. Cyriaque Gonda a ajouté que cinq mouvements militaro-politiques n’avaient pas encore rejoint la table des négociations, des tractations étant en cours avec les groupes les plus réfractaires.  Nous continuons de privilégier la voie du dialogue, forts de l’appui de la communauté internationale, pour réaliser la réconciliation nationale et remplir les objectifs fixés en matière de désarmement et démobilisation, a-t-il affirmé. 


Précisant ensuite que les listes de combattants à démobiliser et à réintégrer étaient prêtes et que les campagnes de sensibilisation dans l’arrière-pays allaient bientôt débuter, le Ministre centrafricain a signalé que la partie « réintégration » des programmes de DDR serait « sans conteste » la plus coûteuse.


La question des modalités de financement du processus de DDR a en effet été au cœur des débats.  Le Président de la « formation RCA » a informé les membres de la Commission qu’il se rendrait le 21 mai à Bangui dans l’optique d’obtenir des autorités centrafricaines et de leurs partenaires des éclaircissements sur la question.  Jan Grauls a notamment déclaré qu’il essaierait d’en savoir plus sur la proposition de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC), évoquée pendant la réunion par le représentant du Gabon, d’affecter 8 milliards de francs CFA aux activités de DDR.  Le représentant de la France a, d’emblée, salué l’initiative de la CEMAC et a préconisé que les ressources mobilisées au titre de l’aide au développement soient consacrées « exclusivement dans un premier temps » à l’effort de DDR.


Une mise en garde est venue du représentant de la Banque mondiale qui a prévenu, qu’à ce stade, le processus de DDR ne concernait que la démobilisation des forces qui ont signé l’Accord de Libreville.  La prise en charge d’« une myriade d’autres groupes, dont les éléments réclament notamment le versement de leur pension », n’est pas explicitement envisagée par le Gouvernement.  Sans une vision claire en matière de DDR, la définition des modalités de financement continuerait de poser des problèmes aux partenaires de développement, a-t-il averti. 


Nous sommes convaincus, a commenté le représentant des États-Unis, que le financement du DDR se fera naturellement si la communauté internationale, dans toutes ses composantes, reçoit l’engagement ferme de la part du Gouvernement de renforcer à terme l’état de droit et la bonne gouvernance en RCA.  Le temps presse, a-t-il prévenu, car la tension monte dans le nord du pays, une tension qui pourrait déboucher sur de très graves violences ethniques.


La Banque mondiale n’a pas alloué de ressources au DDR.  Son représentant a néanmoins rappelé qu’elle a œuvré, aux côtés de la Banque africaine de développement (BAD), à la mise en place d’un Fonds d’affectation spéciale pour soutenir les programmes de DDR menés dans la région des Grands Lacs, « et dont la RCA pourra bénéficier ».


Le Président de la « formation RCA » a fait savoir que lorsqu’il se rendra à Bangui, il s’entretiendra avec les représentants du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), « chef de file en matière de DDR dans le pays », sur les modalités de financement du processus de DDR.  Je leur demanderai, entre autres, quels sont les plans de la MICOPAX, Mission de consolidation de la paix en Centrafrique de la CEMAC, pour la mise en œuvre de la « démobilisation et du désarmement », étant donné que cette force n’est pas présente sur tout le territoire. 


M. Grauls s’est ensuite tourné vers les Ministres centrafricains pour leur demander des commentaires sur la dernière session du Conseil des droits de l’homme, au cours de laquelle a été examinée la question des enfants soldats en RCA. 


Le Ministre de la défense, M. Francis Bozizé, a argué que les observations du Conseil était fondées sur des informations à la fois « biaisées et datées ».  Depuis 2003, l’armée régulière ne tolère plus d’enfants dans ses rangs, a-t-il affirmé.  Pour ce qui est de la présence d’organisations d’autodéfense opérant dans des coins reculés du territoire national, le Ministre a expliqué que l’armée régulière n’avait pas les moyens d’agir « partout ».  Il a admis que certaines communautés s’étaient organisées pour chasser les braconniers, ainsi que des groupes rebelles étrangers employant « eux » des enfants. 


Des pays et organisations comme la Jamaïque au nom du Mouvement des pays non alignés, la République tchèque au nom de l’Union européenne (UE), la Commission européenne au nom de la Communauté européenne, le Maroc, l’Afrique du Sud, El Salvador et le Bénin, ont salué unanimement l’adoption du Cadre stratégique pour la consolidation de la paix en République centrafricaine. 


Selon eux, ce document servira de catalyseur aux efforts de paix et de développement dans les mois à venir et en prévision des élections de 2010.  Les États Membres ont en outre soutenu la proposition du Secrétaire général de créer un bureau intégré en Centrafrique, en remplacement du Bureau d’appui des Nations Unies pour la consolidation de la paix en République centrafricaine (BONUCA).  Ils ont aussi salué la décision du Secrétaire général de nommer un nouveau Représentant spécial. 


La prochaine réunion plénière de la Commission de consolidation de la paix sera annoncée dans le Journal de l’ONU.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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