ECOSOC/6346

L’ECOSOC OUVRE SA SESSION DE FOND DE 2008 EN INSISTANT SUR LA NÉCESSITÉ DE TROUVER DES SOLUTIONS DURABLES AUX CRISES ÉCONOMIQUES ET FINANCIÈRES MONDIALES ACTUELLES

30/06/2008
Conseil économique et socialECOSOC/6346
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Conseil économique et social

Session de fond de 2008

12e séance - matin


L’ECOSOC OUVRE SA SESSION DE FOND DE 2008 EN INSISTANT SUR LA NÉCESSITÉ DE TROUVER DES SOLUTIONS DURABLES AUX CRISES ÉCONOMIQUES ET FINANCIÈRES MONDIALES ACTUELLES


Le Conseil économique et social (ECOSOC) a ouvert aujourd’hui sa session de fond de 2008 en s’interrogeant sur les moyens qu’il faudrait mettre en œuvre pour assurer un développement durable, dans un contexte mondial marqué par la flambée des prix des denrées alimentaires et de l’énergie et une crise financière mondiale, phénomènes auxquels viennent s’ajouter les effets des changements climatiques. 


« Aucun ordre social ou économique n’est sûr dès lors qu’il échoue à faire bénéficier le plus grand nombre de ses retombées positives », a estimé le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, dont le message à la séance d’ouverture de la session de fond de l’ECOSOC a été transmis par le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, M. Sha Zukang.  Le Secrétaire général a plaidé pour le lancement d’une action internationale concertée afin de faire face à la crise actuelle et aux défis à venir, et il a insisté sur l’importance des solutions à long terme. 


« Le développement sera durable ou ne sera pas », a pour sa part déclaré M. Léo Mérorès, Président de l’ECOSOC, en lançant un avertissement contre les conséquences qu’aura sur le monde entier l’amenuisement des ressources naturelles.  Il a prévenu qu’il était impossible de garantir le sort des générations à venir et celui des générations actuelles si la communauté internationale ne se place pas dans une perspective à long terme. 


Pour répondre à ces défis, il a souligné le rôle crucial de l’ECOSOC qui, pour la première fois depuis son renforcement en 2005, voit toutes ses nouvelles fonctions traduites dans les faits.  Outre l’Examen ministériel annuel qui s’est déjà déroulé l’année dernière à Genève, le Conseil inaugurait en effet aujourd’hui la tenue de son premier Forum mondial pour le développement*. 


Examinant les moyens de garantir le développement durable, cette première journée du débat de haut niveau du Conseil économique et social a particulièrement mis en lumière la nécessité de lutter contre les changements climatiques.


Dans une déclaration liminaire, Rajendra K. Pachauri, Président du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), institution colauréate du prix Nobel de la paix 2007, a noté que la voie de développement choisie par la communauté internationale menait à des conséquences graves, telles que celles observées dans les changements climatiques.  Il a expliqué que 1,1 à 3,2 milliards de personnes devront faire face à la raréfaction de l’eau d’ici à 2080, que les revenus issus de l’agriculture et des récoltes pourraient chuter de 90% en Afrique d’ici à 2100, et que 20% à 30% des espèces de la planète étaient menacées d’extinction si le réchauffement climatique augmentait de plus de 1,5 à 2,5ºC.  Face à ces prévisions, M. Pachauri a insisté sur l’urgence de trouver des moyens d’atténuation, notamment en utilisant les technologies déjà disponibles ou celles qui seront commercialisées dans les décennies à venir. 


« Retarder la prise de mesures destinées à l’atténuation des effets du réchauffement climatique serait à la fois dangereux et coûteux », a renchéri M. Nicholas Stern of Brentford, économiste et auteur de la « Stern Review »,  qui s’exprimait également à l’ouverture de cette session de l’ECOSOC.  Il a estimé qu’il était désormais acquis que de telles mesures entraîneraient davantage de bénéfices en termes de sécurité énergétique, de réduction de la pollution, et d’opportunités en matière d’innovations technologiques et de création de nouveaux marchés.  Il a en outre particulièrement insisté sur la mise en place, par tous les pays, de politiques concertées et intégrées qui soient favorables au développement technologique et au partage équilibré des capacités. 


Après l’ouverture de ses travaux, le Conseil a tenu une concertation de haut niveau avec les institutions financières et commerciales internationales sur les faits nouveaux intervenus dans l’économie mondiale.


Constatant la complexité des défis actuels, M. Supachai Panitchpakdi, Secrétaire général de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), a prôné la prise de mesures elles-mêmes très élaborées pour relever le triple défi, alimentaire, énergétique et financier, auquel le monde fait face.  Il a noté, à l’instar de M. Justin Lin, économiste en chef de la Banque mondiale, la nécessité de s’attaquer au problème de l’inflation comme un souci prioritaire des pays en développement.  Toutefois, a pour sa part indiqué M. Murilo Portugal, Directeur général adjoint du Fonds monétaire international, le monde fait actuellement face à de nombreux défis qui, combinés, vont au-delà de la gestion de l’inflation ou du simple financement d’importations plus importantes. 


Enfin, Mme Valentine Rugwabiza, Directrice générale adjointe de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), a fait le point sur le Cycle de négociations commerciales de Doha.  Elle a à cet égard affirmé que sa conclusion réussie pouvait, avec d’autres mesures, créer l’élan nécessaire pour retrouver la voie de la croissance économique.  Face aux divergences qui persistent parmi les membres de l’OMC, elle a expliqué qu’une réunion ministérielle sera organisée à partir du 21 juillet prochain pour tenter de parvenir à un accord.  Elle a appelé les pays développés et les grands pays en développement à aller au-delà de la recherche des seuls gains mercantiles, et à résister à la pression protectionniste, afin de réaliser l’Agenda pour le développement du Cycle de Doha.


* Voir notre communiqué de presse ECOSOC6349 (de l’après-midi)


SEGMENT DE HAUT NIVEAU


Déclarations liminaires


M. LÉO MÉRORÈS (Haïti), Président du Conseil économique et social (ECOSOC), a déclaré que cette session de fond de l’ECOSOC revêtait une importance particulière.  « C’est la première fois que se traduisent dans les faits toutes les nouvelles fonctions que le Sommet mondial de 2005 a assignées à l’ECOSOC », a-t-il expliqué.  Il a noté que la réunion se tenait à un moment où le monde faisait face à de nouveaux phénomènes qui menacent la vague de prospérité et de croissance économique qu’il a connue au cours de la dernière dizaine d’années.  « Ayant subi la montée des prix des produits alimentaires et de l’énergie et assisté à une crise du crédit qui ne cesse de s’aggraver, à la persistance des déséquilibres mondiaux et du ralentissement de la croissance mondiale, nous constatons que de lourdes menaces pèsent sur l’action que nous menons pour faire échapper nos populations à la progression de la pauvreté », a déclaré M. Mérorès.  Il a souligné que les problèmes auxquels devaient faire face les pays en développement, et en particulier les pays les moins avancés et les petits États insulaires en développement, étaient encore plus aigus et qu’il n’était pas impossible que certains des progrès qu’ils avaient réalisés ces dernières années soient anéantis.  « Si nous n’agissons pas d’urgence et collectivement, nous risquons de voir ces pays sombrer dans la tourmente », a-t-il ajouté, en soulignant que la montée des prix alimentaires et du coût de l’énergie déstabilisait les sociétés. 


Le Président de l’ECOSOC a par ailleurs insisté sur la menace que posent les changements climatiques, notamment pour les États insulaires.  Tout en notant une prise de conscience dans ce domaine, il a dit qu’il fallait que celle-ci se traduise par une action concrète, concertée et collective.  Il a affirmé qu’il était impossible de garantir le sort des générations à venir et celui des générations actuelles sans se placer dans une perspective à long terme.  À cet égard, M. Mérorès a estimé qu’aucun mouvement important n’avait encore été lancé sur des problèmes tels que les changements climatiques, la déforestation, la perte de la diversité biologique ou la désertification.  Il a indiqué que l’Examen ministériel annuel (EMA) de cette année devrait permettre de « donner un coup de fouet » aux activités entreprises récemment.  « Je suis fermement convaincu que l’Examen ministériel annuel peut nous aider à élaborer une réponse cohérente à la difficulté de combiner trois éléments du développement durable », a-t-il assuré.  Il a indiqué que les gouvernements nationaux et les Nations Unies devaient mettre au point des plans d’attaque cohérents et intégrés en matière de développement.  « Vu les contraintes de plus en plus dures créées par l’amenuisement de la réserve de ressources naturelles, il semble que le développement sera durable ou ne sera pas », a-t-il insisté. 


Le Président de l’ECOSOC a aussi mis en avant le rôle du Forum pour la coopération en matière de développement (FCD), qu’il a qualifié de « tribune des Nations Unies ouverte à tous » et qui vise à assurer la cohérence dans la coopération en vue d’atteindre les objectifs de développement adoptés au niveau international.  M. Mérorès a estimé que le Forum était exceptionnellement bien placé pour faciliter la concertation sur l’action à mener entre les acteurs du développement les plus divers.  Par ailleurs, il a affirmé que la session de fond de l’ECOSOC était l’aboutissement des diverses activités menées au cours des six mois précédents.  Il s’est dit convaincu que l’Examen ministériel et le Forum contribueraient à la Réunion d’Accra sur l’efficacité de l’aide et à la Conférence de Doha sur le financement du développement.  Le Conseil a montré qu’il était de mieux en mieux à même d’évaluer les progrès accomplis sur le terrain et d’encourager l’action aux niveaux national, régional et international, a-t-il conclu.


Au nom de M. BAN KI-MOON, Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies, le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales (DESA), M. SHA ZUKANG, a déclaré à l’ouverture de la session de fond de l’ECOSOC que la crise du système financier mondial, la flambée des prix des denrées alimentaires, de l’énergie et des carburants, et les effets des changements climatiques contribuaient ensemble à fragiliser les économies du monde entier, qu’elles soient développées ou en développement.  Il a ajouté qu’aucun ordre social ou économique n’était plus sûr dès lors qu’il échoue à faire bénéficier le plus grand nombre de ses retombées positives.  Dans son message, Ban Ki-moon a estimé qu’il fallait repenser le système international actuel, dont l’essentiel des ressources est détenu par les 400 personnes qui sont les plus riches au monde et qui laisse de côté, dans la pauvreté abjecte, 1 milliard d’individus.  Il a cependant indiqué qu’il fallait continuer de miser sur la mondialisation et les opportunités qu’elle offre aux plus démunis. 


Le Secrétaire général de l’ONU a également souligné la nécessité d’engager une action internationale intégrant tous les acteurs de la mondialisation dans les processus de redressement économique.  C’est également à un effort concerté qu’il a appelé en vue de mettre fin à la crise alimentaire.  Indiquant que la production alimentaire, pour couvrir les besoins de l’humanité, doit augmenter de 50% d’ici à 2030, Ban Ki-moon a dit qu’un tel défi était une occasion historique de relancer l’agriculture, en particulier dans les pays en développement où les gains de productivité ont été insuffisants au cours des dernières décennies.  Pour ce qui est de la crise énergétique, le Secrétaire général a, là encore, plaidé pour la mise en œuvre de solutions à long terme, basées sur la production et l’utilisation efficace des énergies propres. 


Évoquant ensuite le déroulement de la session de fond de 2008 de l’ECOSOC, M. Ban Ki-moon a souhaité qu’elle permette de donner un élan à la réalisation intégrée des objectifs économiques, de développement social et de protection environnementale afin d’accroître concrètement la prospérité de l’humanité entière.  Il a affirmé que le Forum pour la coopération en matière de développement, qui entame aujourd’hui la première session de son histoire, était appelé à devenir la principale instance mondiale de dialogue et d’examen politique de l’efficacité et de la cohérence de la coopération internationale dans le domaine du développement.  Le Forum devra notamment se pencher sur les moyens visant à l’amélioration de la fourniture de l’aide internationale, a dit le Secrétaire général. 


Réaliser le développement durable


Déclarations liminaires


M. RAJENDRA K. PACHAURI, Président du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), a déclaré que la communauté internationale s’était lancée dans des modes de développement dont les résultats ne peuvent être considérés comme durables.  La voie de développement que nous avons choisie mène à des conséquences graves, telles que celles que nous observons dans les changements climatiques, a-t-il précisé.  Il a rappelé que le GIEC, qui travaille sous l’égide de l’Organisation météorologique mondiale (OMM) et le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), étudie les informations scientifiques, techniques et socioéconomiques pertinentes pour comprendre la base scientifique des changements climatiques, leurs impacts éventuels et les possibilités d’adaptation et d’atténuation du phénomène.  Il a mis en avant les aspects économiques et sociaux des changements climatiques, affirmant que le coût social de l’excès de carbone dans l’atmosphère augmenterait de 2% à 4% par année.  Il a illustré ce coût en notant que 1,1 à 3,2 milliards de personnes devront faire face à la raréfaction de l’eau d’ici à 2080, que les revenus issus de l’agriculture et des récoltes pourraient chuter de 90% en Afrique d’ici à 2100, et que 20% à 30% des espèces de la planète étaient menacées d’extinction si le réchauffement climatique augmentait de plus de 1,5 à 2,5ºC.  Les changements climatiques ont le potentiel d’entraîner des modifications abruptes des conditions permettant la vie dans le monde, a-t-il ajouté. 


Le Président du GIEC a par ailleurs fait part des projections de cet organisme en ce qui concerne la vulnérabilité des régions.  À cet égard, il a noté que, pour 2100, ces prévisions montraient qu’une grande partie du globe souffrirait de manière sévère des changements climatiques.  Face à ces estimations, il a insisté sur la nécessité urgente de trouver des moyens d’atténuation.  Il a notamment affirmé qu’il était possible de le faire en utilisant les technologies déjà disponibles ou celles qui seront commercialisées dans les décennies à venir.  Cela implique que des incitations efficaces soient mises en place pour leur développement et leur diffusion, a-t-il indiqué.  En outre, M. Pachauri a expliqué que l’adaptation aux changements climatiques et la promotion du développement durable partageaient les mêmes objectifs.  Il a souligné que l’industrialisation avait été caractérisée par de fortes émissions de gaz à effet de serre et par une forte pression sur les ressources naturelles.  S’engager sur une voie alternative de développement nécessitera des changements considérables, a-t-il noté, en citant entre autres les domaines du transport, de la distribution géographique des activités et des modes de consommation. 


Enfin, il a mis l’accent sur la campagne « Lighting a Billion Lives », rappelant que 1,6 milliard de personnes n’avaient pas accès à l’électricité dans le monde.  M. Pachauri a expliqué que, par cette campagne, on avait mis en place un système de lanterne solaire qui diminue la pollution et permet aux plus pauvres d’avoir accès à une forme d’éclairage. 


M. NICHOLAS STERN OF BRENTFORD, économiste et auteur de la « Stern Review, a affirmé que retarder la prise de mesures destinées à l’atténuation des effets du réchauffement climatique serait à la fois dangereux et coûteux.  Les changements climatiques et le développement sont intrinsèquement liés, a-t-il dit, ajoutant qu’il ne fallait séparer ces deux phénomènes ni sur le plan analytique ni sur celui de l’action.  Il a estimé qu’il était désormais acquis que de telles mesures entraîneraient davantage de bénéfices en termes de sécurité énergétique, de réduction de la pollution et d’opportunités en matière d’innovations technologiques et de création de nouveaux marchés.  M. Stern a indiqué qu’une augmentation de température de 5ºC aurait pour effet de transformer la planète, avec des incidences extrêmement graves sur la répartition géographique des populations et la multiplication de migrations massives.


M. Stern a estimé que la réponse au péril climatique exigeait la mise en place, par tous les pays, de politiques concertées et intégrées, favorables au développement technologique et au partage équilibré des capacités.  Il a ensuite ajouté que d’ici à 2020, les pays en développement devraient avoir défini des cibles claires à atteindre, en se basant sur les résultats obtenus par les pays riches en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre, de partage des technologies et d’efforts financiers.  Sur ce dernier point, M. Stern a estimé que l’objectif de deux tonnes d’émissions de carbone par habitant, en vue de parvenir à une diminution de 80% des émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2050 dans le monde pourrait coûter entre 50 à 200 milliards de dollars par an.  Il a plaidé pour le développement de systèmes d’échange de carbone afin de faciliter ce mouvement de transformation du système énergétique.


L’expert a par ailleurs soutenu que la Banque mondiale devait être l’arbitre et le catalyseur des actions entreprises au titre de la lutte contre la déforestation, du partage des technologies et de l’APD.  À cet égard, il a attiré l’attention sur le fait que le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) estimait que, dès 2015, le climat mondial deviendrait plus hostile au développement et que les efforts en vue d’y parvenir coûteraient encore plus cher qu’aujourd’hui.  L’urgence de la situation exige que les engagements de Monterrey soient tenus, et notamment que soit réalisé l’objectif de consacrer 0,7% du produit intérieur brut (PIB) de chaque pays riche à l’aide publique au développement, a encore dit M. Stern.


Échange de vues


Le représentant du Pakistan a indiqué que pour lutter contre la pauvreté, les pays en développement devaient avoir une croissance de 7% à 9% par année.  Jusqu’à présent, aucun modèle de croissance à 7% qui n’impliquerait pas davantage d’émissions de gaz à effet de serre ne leur a été présenté, a-t-il indiqué.  Il a estimé que ces modèles devaient être élaborés au niveau national, pays par pays.  Il a de plus souligné qu’il fallait déjà mettre en œuvre les programmes permettant d’aboutir aux objectifs de développement, et ne pas dire qu’« un accord sur les changements climatiques facilitera un accord sur le développement ».  Il a aussi estimé que les pays riches, responsables des changements climatiques, devaient faire preuve d’un plus grand engagement dans la lutte contre ce phénomène.  En matière de financement, il s’est enfin demandé si les marchés d’échanges de carbone étaient la meilleure solution à adopter. 


Le représentant de l’Indonésie a voulu savoir s’il existait d’autres options que les mécanismes de marché pour financer les efforts d’adaptation aux changements climatiques dans les pays plus vulnérables.  Il s’est aussi interrogé sur la manière d’obtenir des fonds additionnels sans mettre en cause les engagements pris en faveur du développement. 


Insistant sur l’importance de modifier le système énergétique actuel, la représentante de l’Autriche a pour sa part souhaité avoir des précisions sur le travail d’adaptation et d’atténuation au niveau régional. 


Enfin, le représentant d’Antigua-et-Barbuda a jugé essentiel de coopérer pour traiter des changements climatiques.  Il s’est demandé par ailleurs si le marché pouvait fournir toutes les solutions dans ce domaine. 


En réponse à ces commentaires et à ces questions, M. NICHOLAS STERN a estimé qu’il fallait progresser plus rapidement sur le front des avancées technologiques, notamment pour en réduire les coûts et partager ces outils.  Il a de plus estimé qu’il fallait combiner toute une gamme de sources de financement et d’instruments financiers, ainsi que de moyens technologiques pour lutter contre les changements climatiques.  Aucun mécanisme de financement ne peut se limiter aux seuls marchés, a-t-il précisé.  En outre, il a dit que la communauté internationale avait l’obligation de tenir les promesses faites en terme d’aide au développement jusqu’en 2015.  Au-delà de cette date, il faudrait mieux intégrer les changements climatiques dans l’équation, a-t-il préconisé. 


S’agissant des modèles de croissance économique à encourager, M. RAJENDRA PACHAURI a rappelé que le monde ne connaissait qu’un seul type de modèle de développement pour l’instant et que ce modèle avait été mis en place à un moment où les prix de l’énergie étaient très bas.  Les circonstances étaient alors très différentes de celles que nous vivons aujourd’hui, a-t-il poursuivi, affirmant qu’il était important que tous les pays se regroupent autour d’un modèle de développement moins consommateur d’énergie et notamment d’énergie fossile.  Il a toutefois reconnu qu’il fallait permettre aux pays en développement d’augmenter leur consommation d’énergie et a mis en avant, dans ce contexte, le rôle de la coopération Sud-Sud pour l’utilisation des meilleures technologies.  Enfin, il a déclaré qu’il fallait renforcer l’assistance au développement face aux changements climatiques et a espéré que la communauté internationale reconnaîtrait ce fait.


Concertation de haut niveau avec les institutions financières et commerciales sur les faits nouveaux importants survenus dans l’économie mondiale


Déclarations


M. SHA ZUKANG, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, qui agissait en qualité de modérateur, a souhaité que les différents échanges de vues permettent de mieux comprendre les défis mondiaux en matière alimentaire et financière et de leur apporter une réponse collective.  Il a dressé un tableau économique international marqué par la déréglementation des marchés financiers, par des systèmes de protection sociale fragilisés et par une incapacité endémique, de certains pays, à assurer un niveau de vie décent à leur population.


M. Sha Zukang a souhaité que la réaction de la communauté internationale soit forte et concertée, l’urgence étant d’apporter une aide accrue et améliorée aux pays en développement.  Ceux-ci doivent être en mesure de lutter efficacement et durablement contre les impacts négatifs des nouveaux périls qui pèsent sur leur développement économique, a-t-il dit.  Il a souligné que les États Membres devaient prendre leur responsabilité en vue de parvenir à la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement, en œuvrant notamment à maintenir une croissance soutenue par le biais de l’atteinte d’un nécessaire consensus afin d’empêcher une récession mondiale.


M. SUPACHAI PANITCHPAKDI, Secrétaire général de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), a estimé qu’après une période de cinq années consécutives marquée par une croissance forte, y compris dans les régions les plus fragiles comme l’Afrique subsaharienne, le monde faisait désormais face à des défis d’une extrême complexité.  Il a ainsi évoqué une confluence sans précédent de crises ayant des natures différentes.  À cette complexité doivent correspondre des mesures elles-mêmes très élaborées pour relever le triple défi, alimentaire, énergétique et financier, que nous avons à relever, a ajouté M. Panitchpakdi.


Selon lui, à eux seuls, les pays ne peuvent résoudre les crises actuelles.  Appelant au renforcement urgent du système d’aide internationale, il s’est félicité de ce que les négociations en cours dans le cadre de la Conférence d’examen de Doha aient récemment progressé, et ce alors que se profile la Conférence ministérielle du 21 juillet prochain.  Il a indiqué qu’à cette occasion, les États devront se pencher sur la question des flux financiers, dont une partie prennent des directions opposées à celles prévues et recommandées, notamment en allant de l’Asie vers les pays riches.


M. Panitchpakdi a ensuite évoqué la nécessité pour la communauté internationale de s’attaquer au problème de l’inflation.  Il a de nouveau pris pour exemple la situation en Asie, où 11 des économies les plus fortes de la région ont subi en un an une hausse des prix de 2%.  Certaines économies émergentes, très gourmandes en énergie, se voient maintenant plus ou moins sommées de consommer moins pour réduire la demande énergétique au niveau mondial et juguler la flambée des prix du pétrole, a dit le Secrétaire général de la CNUCED, ajoutant que de telles mesures allaient à l’encontre du soutien à des activités favorables à la lutte contre l’insécurité alimentaire et au lancement d’une véritable révolution verte.


Dans ce cadre, il a recommandé de renforcer les mécanismes internationaux de régulation, dont le Cycle de négociations commerciales de Doha, et de les compléter avec des pactes collectifs mondiaux visant à régler les crises commerciales et financières et à éviter la « stagflation » -stagnation de la croissance accompagnée d’une inflation hors de contrôle créant la récession-.  Le marché ne peut pas tout réguler et il revient aux nations d’être plus volontaristes en matière de développement, a encore dit M. Panitchpakdi.


M. MURILO PORTUGAL, Directeur général adjoint du Fonds monétaire international (FMI), a constaté que bien que l’économie mondiale ait connu un ralentissement des suites des perturbations financières et de la montée des prix des produits de base, l’activité internationale a mieux résisté au choc financier que ce qui avait été anticipé par le FMI.  Ainsi, il a indiqué que la croissance observée au cours des trois premiers mois de 2008 était meilleure que prévue.  Toutefois, il a indiqué que les prévisions pour 2009, selon lesquelles la croissance mondiale devrait passer en dessous de 4%, demeurent inchangées.  Il a expliqué que la mauvaise croissance enregistrée aux États-Unis reflétait la crise des secteurs immobilier et financier et le ralentissement de la consommation.  Il a aussi noté que la croissance devrait ralentir dans la zone euro, malgré un premier trimestre plus fort que prévu, et qu’il en était de même au Japon.  Il a constaté que les risques d’inflation, qui trouvent racine dans l’augmentation des prix des produits de base, progressaient et limitaient la capacité des banques centrales à soutenir la croissance.  M. Portugal a fait remarquer que, dans l’ensemble, la confiance envers les marchés demeurait fragile.  Il a aussi souligné le risque de changement dans les déséquilibres mondiaux alors que la baisse du dollar américain a affecté de manière disproportionnée les économies dont les devises ont des taux de change souples et flottants. 


Le Directeur général adjoint du FMI a indiqué que la réponse à ce ralentissement cyclique était considérablement compliquée par le comportement volatile des prix du pétrole et des produits de base.  Il a noté que dans la plupart des pays émergents, la priorité immédiate était de répondre à l’inflation.  Il a cependant noté que le monde faisait actuellement face à de nombreux défis qui, combinés, allaient au-delà de la gestion de l’inflation ou du financement d’importations plus importantes.  M. Portugal a ainsi rappelé que de nombreux pays en développement se demandaient comment la crise actuelle affecterait les perspectives de réalisation des Objectifs du Millénaire du développement (OMD), quelles étaient les bonnes politiques à mettre en œuvre, ou encore comment pouvaient-ils mobiliser des fonds supplémentaires sans nuire au financement de leurs efforts de développement.  M. Portugal a en outre indiqué que dans une économie mondialisée, aucun pays ne pouvait seul surmonter les défis complexes actuels, qui sont interconnectés.  La coopération et les institutions internationales sont nécessaires pour trouver des solutions mondiales, a-t-il avancé.  Il a précisé que les institutions internationales ne devaient pas travailler seules ou fragmenter le travail à accomplir sur les prix des denrées alimentaires, les changements climatiques, les biocarburants et les OMD, mais que tous ces efforts devaient être coordonnés. 


M. JUSTIN LIN, Économiste en chef de la Banque mondiale, a estimé qu’il fallait saluer la capacité de relèvement rapide de certains pays en développement dans un environnement économique très turbulent.  Il a noté que ces pays avaient accumulé des réserves financières considérables tirées des fruits des activités provenant d’investissements étrangers et avaient réduit le poids de leur dette extérieure.  Il a attiré l’attention sur la nécessité pour ces mêmes pays de diversifier leurs exportations en vue de faciliter les ajustements extérieurs.  M. Lin a reconnu que le type d’efforts consentis ne suffisait plus aux économies en développement pour garder la tête hors de l’eau et maintenir durablement des taux de croissance soutenus et efficaces. 


Il a, à son tour, indiqué que la lutte contre l’inflation devait être, dans l’immédiat, le cheval de bataille des pays en développement pour pouvoir sortir des crises qui bloquent actuellement leur essor socioéconomique.  Or, la difficulté à surmonter provient de ce que la lutte contre l’inflation risque aussi de compromettre les velléités de croissance des pays en développement, a signalé M. Lin.  Il a ainsi recommandé que les gouvernements se concentrent sur le renforcement de leur système de protection sociale et sur les aides aux plus démunis, au lieu de jongler dangereusement avec les prix en suivant aveuglément les ajustements du marché.  Dans un tel contexte, la communauté internationale doit, pour sa part, coordonner l’action humanitaire, et, à long terme, appuyer les stratégies de développement agricole, a dit M. Lin.  Une révolution verte, efficace, et soucieuse de l’environnement, est indispensable aux progrès économiques de l’Afrique et à la fin de l’extrême pauvreté qui mine l’essor du continent, a-t-il préconisé.


Mme VALENTINE RUGWABIZA, Directrice générale adjointe de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), a constaté que le ralentissement économique que connaissent de nombreux pays et la hausse des prix alimentaires notamment, avaient accentué l’attention portée aux négociations commerciales du Cycle de Doha.  Ce Cycle ne peut pas fournir de solutions immédiates à ces problèmes, mais sa conclusion réussie peut, avec d’autres mesures, créer l’élan nécessaire pour retrouver la voie de la croissance économique, a-t-elle assuré.  Rappelant que le Cycle de Doha avait été entamé il y a sept ans, elle a indiqué que l’on n’était pas encore parvenu à remplir complètement la promesse de développement qui doit être placée au centre de ses négociations et décisions.  Toutefois, elle a affirmé que des progrès importants avaient été faits.  Ainsi, elle a mis en avant l’accord visant à éliminer toutes formes de subventions à l’exportation d’ici à 2013, dont une large réduction des subventions d’ici à 2010.  L’élimination de cette forme artificielle de concurrence améliorera la capacité des pays en développement à échanger au sein d’un système commercial agricole alors rendu plus juste, a-t-elle dit.  S’agissant des produits non agricoles, elle a indiqué que les membres de l’OMC travaillaient à réduire les tarifs selon une nouvelle méthodologie.


Toutefois, Mme Rugwabiza a admis que des divergences persistaient.  C’est pourquoi le Directeur général de l’OMC a annoncé son intention d’organiser une réunion ministérielle, à Genève, à partir du 21 juillet, a-t-elle dit.  Elle a souligné que cette réunion ministérielle visait à trouver un accord sur les modalités de réduction des soutiens qui créent des distorsions dans l’agriculture, ainsi que sur les tarifs douaniers appliqués aux produits agricoles et aux biens industriels.  Elle a déclaré que tous les efforts devaient être faits pour pousser les limites de la souplesse et de la volonté politique des membres de l’OMC, afin de parvenir à un accord sur ces sujets d’ici à la fin du mois.  Elle a admis que les questions à régler étaient des sujets délicats, mais a soutenu que les membres de l’OMC pouvaient y parvenir, s’ils en ont la volonté politique nécessaire.


La Directrice générale adjointe de l’OMC a déclaré que ne pas achever les négociations de Doha pourrait avoir des conséquences graves pour le développement et pour l’investissement dans les pays en développement, particulièrement en ce qui concerne la réalisation des OMD.  Dans le contexte actuel d’incertitude financière, elle a indiqué que la conclusion du Cycle de Doha serait un message de confiance.  De plus, elle a affirmé que cela aurait un impact sur le prix des produits alimentaires puisque la crise qui a éclaté en ce secteur provient d’une question d’offre et de demande, et donc de commerce.  Avec une concurrence plus importante et plus équitable, le commerce international peut contribuer à la réduction des prix alimentaires, a-t-elle insisté.  Constatant l’urgence de conclure le Cycle de Doha, Mme Rugwabiza a dit que les pays développés et les grands pays en développement devaient aller au-delà de la recherche des seuls gains mercantiles et résister à la pression protectionniste.  C’est seulement ainsi que nous pourrons collectivement parvenir à notre objectif d’il y a sept ans: rééquilibrer le système commercial multilatéral en faveur du développement et de la réduction de la pauvreté, a-t-elle conclu.


M. RICARDO FRENCH-DAVIS, Président du Comité des politiques de développement, a regretté que le potentiel de développement des pays pauvres soit sous-évalué et sous-exploité.  Il a estimé qu’il fallait doter les pays en développement de moyens et de structures leur permettant de résister aux chocs extérieurs qui déséquilibrent aussi bien les économies les plus riches que les plus pauvres.  Le Comité souligne la nécessité de repenser l’architecture financière internationale, en rendant celle-ci plus soucieuse du développement, a poursuivi l’orateur.  Il est vital de mettre en place des systèmes de versements de liquidités rapides à destination des pays à faibles revenus lorsque ceux-ci sont soumis brutalement aux crises financières et aux catastrophes naturelles, a-t-il recommandé. 


M. French-Davis a ajouté qu’il était urgent d’améliorer les mécanismes financiers compensatoires, compte tenu notamment des prévisions très sombres fournies par le Fonds monétaire international en ce qui concerne la santé de l’économie mondiale en 2008-2009.  Il a soutenu que ces mannes pourraient jouer un rôle crucial en soulageant les économies en développement du coût qu’entraînent les rééquilibrages et réajustements macroéconomiques.  M. French-Davis a invité les participants à la discussion à consulter le rapport du Comité, qui examine différents projets d’instruments financiers compensatoires.  Notamment, a-t-il précisé, nous recommandons que l’édifice du FMI en la matière soit simplifié et que les conditions d’accès aux crédits d’aide soient levées quand la réalité l’impose.


M. ACHIM STEINER, Directeur exécutif du Programme des Nations Unies pour l’environnement, a indiqué qu’il avait souhaité s’exprimer au sein de l’ECOSOC, car cet organe permet de faire le lien entre de nombreuses questions.  Il a souligné qu’une grande partie du travail du PNUE s’intéressait aux perturbations économiques internationales.  Il est indispensable pour nous d’examiner ces orientations et ces tendances afin de notamment comprendre où se feront les investissements.  Il a indiqué, à titre d’exemple, que le PNUE avait publié un rapport sur les perspectives d’investissements en ce qui concerne l’énergie durable.  Il a précisé que ces investissements atteignaient l’année dernière 150 milliards de dollars, et qu’ils étaient donc en augmentation de 33 milliards de dollars depuis 2005.  Il a ajouté que ce chiffre n’était pas aussi élevé pour le début de 2008, en raison des perturbations financières, mais que la tendance positive devrait se poursuivre pour le reste de l’année.  M. Steiner a en outre indiqué que cette tendance s’observait non seulement dans les pays développés mais aussi dans des pays en développement comme la Chine, l’Inde et le Brésil où ces investissements s’accéléraient.  Il a estimé que la crise actuelle était l’occasion de voir les choses à travers le prisme de la durabilité.  C’est l’occasion de devenir plus efficace et d’utiliser plus intelligemment les ressources disponibles, a-t-il insisté.  Il a affirmé que si l’on souhaitait réellement fournir un accès à l’énergie qui soit plus équitable, il était indispensable de promouvoir les énergies renouvelables.  Il a de plus noté que ces combinaisons de sources d’énergie différentes permettraient de réduire la dépendance de pays à un ou deux types d’énergies et de les rendre donc moins vulnérables à la dépendance au pétrole.  Il a toutefois souligné que ces efforts doivent être appuyés par des cadres politiques incitatifs adéquats.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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