Conférence de presse

CONFÉRENCE DE PRESSE CONJOINTE EN VUE DE LA JOURNÉE INTERNATIONALE DES NATIONS UNIES POUR LE SOUTIEN AUX VICTIMES DE LA TORTURE (26 JUIN)

24/06/2008
Communiqué de presseConférence de presse
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

CONFÉRENCE DE PRESSE CONJOINTE EN VUE DE LA JOURNÉE INTERNATIONALE DES NATIONS UNIES POUR LE SOUTIEN AUX VICTIMES DE LA TORTURE (26 JUIN)


La question des perceptions et attitudes de l’opinion internationale à l’égard des libertés, notamment l’acceptation ou le rejet du recours à la torture à des fins politiques, était au centre de la conférence de presse tenue ce matin, au Siège de l’ONU, à New York, par des représentants de l’organisation WorldPublicOpinion.org.


M. Steven Skull, de l’Université du Maryland et Directeur de l’organisation et Mme Yvonne Terlingen, d’Amnesty International, ont commenté les nouvelles données d’enquête issues de sondages menés auprès de 19 000 ressortissants de 19 pays dans le cadre de la célébration du soixantième anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme. 


M. Skull a indiqué que l’opinion publique internationale rejetait le recours à la torture, même dans le cas où cette pratique s’appliquerait contre des terroristes détenant des informations susceptibles de sauver des vies humaines.  Seul quatre pays appuient l’utilisation d’actes de tortures dans le contexte de la lutte antiterroriste, a ajouté M. Skull.  Il s’agit de l’Inde (59%), du Nigéria (54%), de la Turquie (51%), et dans une moindre mesure de la Thaïlande (44%), a-t-il dit, précisant que cette tendance était à la hausse compte tenu des récentes attaques ayant frappé ces pays.  À l’inverse, des États comme l’Espagne ou le Royaume-Uni touchés il y a quelques années par des attaques terroristes, affichent désormais une position commune, en rejetant sans équivoque le recours à la torture contre le terrorisme, a encore expliqué M. Skull. 


Évoquant ensuite le cas des États-Unis, Mme Terlingen a relevé qu’en dépit des condamnations répétées de certaines mesures prises par l’actuelle Administration américaine dans le contexte de l’après 11 septembre, une faible majorité d’Américains était contre la torture à l’encontre des terroristes.  Si seulement 53% des Américains sont contre, cela résulte certainement du fait que le Gouvernement des États-Unis ait toujours nié avoir agi en violation du droit international à ce niveau, a déclaré Mme Yvonne Terlingen.  Elle a ajouté que la rhétorique de la guerre contre le terrorisme, très imprégnée de connotations morales et qui, en outre, a tendance à minimiser la portée des actes reprochés, influence très fortement une large partie de l’opinion américaine. 


Mme Terlingen a également déploré le déni et la complaisance affichés par l’Europe en ce qui concerne les détentions secrètes ou illégales pratiquées par les États-Unis.  Elle a même parlé de cas de complicité où des gouvernements européens facilitent la pratique américaine des détentions secrètes, en mettant par exemple à la disponibilité de la CIA des centres situés dans les aéroports et autres « sites obscurs » (black sites).  Il est établi que la coopération entre des gouvernements européens et les responsables américains de programmes de détention secrète renforce le besoin urgent de prendre des mesures concrètes pour empêcher d’autres cas de complicité, a dit Mme Terlingen. 


Elle a justifié cette nécessité en indiquant qu’Amnesty International avait montré que toutes les victimes de ces détentions illégales avaient déclaré avoir subi des actes de tortures et autres traitements cruels. 


Mme Terlingen a noté que malgré les démarches individuelles destinées à prouver des responsabilités européennes dans des affaires de détentions illégales aggravées d’actes cruels, des gouvernements des États membres de l’Union européenne invoquaient la sécurité nationale et le secret d’État pour contrecarrer des enquêtes à plus grande échelle. 


M. Craig Mokhiber, du Haut Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme, qui participait également à cette conférence de presse, a déclaré que les opinions publiques internationales entretenaient avec leurs gouvernants une défiance très marquée.  Il a jugé que si les gouvernements, mais également les grandes organisations internationales comme l’ONU, faisaient preuve de plus de transparence et de responsabilité dans le domaine des droits de l’homme, la confiance des peuples du monde dans les élites dirigeantes redeviendrait logiquement plus forte. 


Répondant à une question sur les allégations de tortures perpétrées au cours d’opérations de maintien de la paix de l’ONU, notamment en République démocratique du Congo (RDC), M. Mokhiber a déclaré qu’il incombait en premier lieu aux pays contributeurs de troupes incriminées de prendre des sanctions.


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