CS/9511

CONSEIL DE SÉCURITÉ: DISCUSSION SUR LA MODIFICATION DU MANDAT DE LA MISSION DE L’ONU EN RDC EN PRÉSENCE DU MINISTRE BELGE DES AFFAIRES ÉTRANGERES

26/11/2008
Conseil de sécuritéCS/9511
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Conseil de sécurité

6023e séance – matin


CONSEIL DE SÉCURITÉ: DISCUSSION SUR LA MODIFICATION DU MANDAT DE LA MISSION DE L’ONU EN RDC EN PRÉSENCE DU MINISTRE BELGE DES AFFAIRES ÉTRANGERES


Sur la base d’un rapport spécialdu Secrétaire général, le Conseil de sécurité, qui examinait ce matin la situation dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), a réfléchi sur la possibilité de modifier le mandat de la Mission des Nations Unies en RDC (MONUC), en présence du Ministre des affaires étrangères de la Belgique, Karel De Gucht. 


S’il a demandé que soit « réaffirmé le caractère prioritaire de la protection des civils », le représentant de la France a aussi réclamé une « clarification » des relations entre la Mission et les forces armées de la RDC (FARDC).  Avec d’autres, il a jugé indispensable que la MONUC s’attaque également à la question de l’exploitation des ressources naturelles par les parties aux combats. 


Le Ministre des affaires étrangères de Belgique, a en effet parlé d’un « cocktail mortel » alliant l’absence quasi totale de toute autorité de l’État, l’abondance des richesses naturelles et leur exploitation à des fins de guerre.  Il faut « pleinement tenir compte de ces causes dans la formulation du mandat de la MONUC afin de pouvoir maximiser son efficacité », a estimé M. Karel De Gucht.


Sur l’absence de l’autorité de l’État, le représentant de la France a voulu que les autres activités de la Mission ne soient pas menées au détriment de la protection des civils.  Un transfert progressif de certaines tâches actuelles de la MONUC à l’Équipe de pays des Nations Unies ou aux partenaires bilatéraux pourrait permettre à la Mission de concentrer davantage son action à l’est, a-t-il dit en annonçant que la France allait préparer un projet de résolution en ce sens.


La MONUC devrait pouvoir prendre seule des mesures contre les groupes armés, a insisté le représentant français.  L’armée congolaise, a renchéri le Ministre belge des affaires étrangères, peut « difficilement constituer le seul socle de notre stratégie contre les groupes armés, qu’ils soient étrangers ou congolais ». 


Le Ministre s’est dit favorable à une éventuelle action européenne en appui à la MONUC.  La Belgique, a-t-il affirmé, pourra prochainement annoncer une contribution au niveau des moyens de transport, de la collecte et du traitement des renseignements et dans le domaine de la formation. 


Quant à l’exploitation des ressources naturelles par les groupes armés, le chef de la diplomatie belge a estimé que l’action de la MONUC pourrait se faire dans un cadre plus large où la communauté internationale appuierait les autorités congolaises à rétablir leur contrôle sur les ressources naturelles.  Cela pourrait se concrétiser, a-t-il ajouté, par des « mécanismes de traçage ou de certification ». 


Le Représentant spécial du Secrétaire général en RDC et Chef de la MONUC, Alan Doss, a aussi souligné la nécessité d’aller aux racines du conflit, qui, selon lui, n’ont pas été traitées jusqu’ici.  Il s’est félicité des efforts actuels de l’ancien Président du Nigéria, Olusegun Obasanjo, que le Secrétaire général de l’ONU a nommé Envoyé spécial dans la région des Grands Lacs.  Tous les intervenants ont fait de même, plusieurs d’entre eux dont le représentant de la Fédération de Russie, estimant que ces efforts avaient déjà porté des fruits. 


Le représentant de la RDC l’a aussi reconnu avant de répéter que le processus de Nairobi et de Goma offre « des bases crédibles » de rétablissement de la paix dans une région dont il a attribué la crise à « un chef de guerre qui continue de défier en toute impunité la communauté internationale plus de six ans après avoir été désigné par la même communauté internationale comme criminel de guerre ».  Le représentant congolais a également dénoncé « d’autres responsabilités régionales » même s’il a jugé « encourageantes » les discussions avec le Rwanda. 


Par sa résolution 1843 du 20 novembre dernier, le Conseil avait autorisé l’augmentation temporaire des effectifs militaires et policiers de la MONUC pour faire face à la crise dans le Nord-Kivu.  Aujourd’hui, le Représentant spécial du Secrétaire général a fait observer que ces renforts ne seront pas sur le terrain avant deux mois. 


Outre les intervenants déjà cités, les membres suivants du Conseil de sécurité ont pris la parole lors du débat: Royaume-Uni, Jamahiriya arabe libyenne, États-Unis, Chine, Indonésie, Vietnam, Italie, Costa Rica, Rwanda, Afrique du Sud et Burkina Faso. 


LA SITUATION CONCERNANT LA RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO


Quatrième rapport spécial du Secrétaire général sur la Mission de l’Organisation des Nations Unies en République démocratique du Congo


Dans ce rapport spécial, qui porte sur les principaux faits nouveaux survenus dans le pays du 3 juillet au 18 novembre 2008, le Secrétaire général recommande au Conseil de sécurité de proroger le mandat de la MONUC pour une nouvelle période de 12 mois, jusqu’au 31 décembre 2009.  En outre, le Secrétaire général « estime fermement » que le Conseil de sécurité et le Secrétariat « devraient revoir soigneusement les hypothèses et les objectifs fondamentaux de la MONUC » pendant la prochaine période couverte par le mandat.  Après près de 10 ans d’existence, il faut procéder à un examen de la structure de la Mission et à une évaluation approfondie de ses activités civiles et de ses déploiements pour s’assurer de la complémentarité avec les autres partenaires, en vue d’une « transition sans heurt » de la responsabilité des tâches à plus long terme de la Mission, écrit M. Ban Ki-moon.


Au vu des événements survenus au Nord-Kivu durant les derniers mois, le Secrétaire général considère que la crise dans cette région est « entrée dans une phase critique » et ajoute que la population civile paie un lourd tribut humanitaire, en jugeant « inquiétants »  les déplacements forcés de populations et « le fait avéré que des civils sont pris pour cible ».  Selon lui, « dans le climat actuel, on ne peut écarter la possibilité de massacres de civils ». Le Secrétaire général se dit également profondément préoccupé par la perspective de voir les conflits ethniques se raviver dans l’est de la RDC si la crise devait perdurer et estime que les faits récents « ont aussi fait ressortir le risque de voir le conflit se propager dans toute la région », avec des conséquences considérables.


S’il se félicite de l’intensification des efforts déployés sur le plan politique pour résoudre la crise ces dernières semaines, le Secrétaire général déclare que, dans l’immédiat, la priorité serait de mettre fin aux combats en cours, engagés par le Congrès national pour la défense du peuple (CNDP) de Laurent Nkunda.  Il lance un appel à tous les pays voisins, en mesure de le faire, d’user de leur autorité morale pour persuader celui-ci de « respecter pleinement un cessez-le-feu complet, de revenir à l’application des Actes d’engagement et de cesser l’action militaire ».  Il estime par ailleurs que les récents événements ont démontré que le manque de moyens dont souffrent les Forces Armées de la RDC (FARDC) est un obstacle majeur à la paix dans la région et à l’exécution du mandat de la MONUC. 


Il répète qu’il « n’y a pas de solution militaire à la situation dans l’est de la République démocratique du Congo » et qu’il est donc « impératif que tous les groupes armés reviennent à l’application des accords politiques existants ».  Les parties prenantes doivent œuvrer de concert pour trouver des solutions aux causes profondes du conflit.  Le Secrétaire général affirme que, malgré les ressources limitées de la MONUC, « force est de reconnaître que la situation dans l’est de la RDC aurait été plus catastrophique n’eussent été la présence de la Mission et le rôle actif qu’elle a joué » pour protéger les civils, faciliter la fourniture de l’aide humanitaire et prévenir des violations graves des droits de l’homme.  Jugeant indispensable que la MONUC bénéficie de la coopération des autorités et du peuple congolais pour s’acquitter de son mandat, il demande à la population de « rejeter toute tentative d’incitation à l’hostilité ou de mobilisation de la population contre la MONUC et le personnel humanitaire ».


Lors des prochains 12 mois, la MONUC devrait, selon le Secrétaire général, continuer de se concentrer sur la tâche prioritaire consistant à protéger la population civile dans l’est de la RDC.  Elle devra aussi continuer d’apporter un appui global et cohérent aux processus de Goma et de Nairobi, qui, ajoute-t-il, « offrent le cadre politique indispensable pour aborder le problème posé par le CNDP et les FDLR (Forces démocratiques de libération du Rwanda) ».  La MONUC continuera en outre de soutenir le rapatriement volontaire des membres des FDLR au titre du processus de Nairobi, tout en appuyant les opérations des FARDC contre les FDLR.  Le Secrétaire général estime que « l’emploi de la force par la MONUC pourrait être nécessaire » pour contraindre les groupes armés étrangers récalcitrants présents sur le sol congolais à se conformer aux engagements de Nairobi.


La MONUC, conformément au mandat de la Mission continuera aussi d’apporter un appui à l’organisation des élections locales, mais « à condition que les autorités nationales prennent les mesures nécessaires pour que ces élections se tiennent au plus tard au milieu de 2009 ».  La MONUC devrait aussi poursuivre son action de surveillance et de promotion du respect des droits de l’homme et lutter contre l’impunité.


Estimant qu’après 10 ans d’existence de la MONUC, il faut « procéder à un examen de la structure de la Mission et à une évaluation approfondie de ses activités civiles et de ses déploiements » pour s’assurer de sa complémentarité avec les autres partenaires, le Secrétaire général déclare que la Mission collaborera avec les organismes des Nations Unies et les autres partenaires « à l’élaboration d’une stratégie propre à lui permettre de leur transférer progressivement la responsabilité de tâches à plus long terme », « afin d’assurer une transition sans heurt ».  Il cite en ce sens la réforme de la justice, le renforcement de la gouvernance et la décentralisation.


Déclarations


M. ALAN DOSS, Représentant spécial du Secrétaire général en République démocratique du Congo (RDC), a souligné la nécessité d’aller aux racines du conflit, qui n’ont pas été traitées jusqu’ici selon lui.  Il a appelé toutes les parties à respecter tous les accords signés.  Il s’est félicité des efforts actuels visant à mettre un terme à la crise, en particulier ceux de l’ancien Président du Nigeria Olusegun Obasanjo, qui doit retourner dès vendredi dans la région, a-t-il précisé.  M. Doss a ensuite évoqué le rôle de la Mission des Nations Unies en RDC (MONUC) au Nord-Kivu.  Les récents combats ont déplacé 250 000 personnes supplémentaires, a-t-il indiqué.


Il a exprimé sa reconnaissance au Conseil d’avoir autorisé l’augmentation temporaire des effectifs militaires et policiers de la MONUC.  Il a ensuite évoqué l’activité diplomatique actuelle visant à mettre un terme à la confrontation et à réanimer le processus de paix.  Mais ces renforts ne seront pas sur le terrain avant deux mois, a-t-il dit, en ajoutant que la MONUC ne peut remplacer les forces de sécurité nationales.  Il a dit attendre avec intérêt la réflexion que mènera le Conseil de sécurité sur les solutions à mettre en œuvre.     


M. ATOKI ILEKA (République démocratique du Congo) a remercié le Secrétaire général pour ses « efforts inlassables » pour résoudre la crise en RDC et pour avoir nommé l’ancien Président du Nigeria Olusegun Obansajo comme Envoyé spécial en RDC.  Rappelant les millions de morts dans la région des Grands Lacs, il a lancé « ça suffit ».  Il a jugé importante l’autorisation donnée par le Conseil de sécurité d’augmenter temporairement les effectifs militaires et de police la MONUC.  Il a rendu principalement responsable de la situation actuelle, sans le nommer, « un chef de guerre qui continue de défier en toute impunité la communauté internationale plus de six ans après avoir été désigné par cette même communauté criminel de guerre ».  Il a souligné que « d’autres responsabilités régionales existent ».  Les relations avec le Rwanda n’avaient « peut-être pas produit les résultats escomptés », mais les discussions sont « encourageantes », a révélé le représentant, en ajoutant qu’il fallait seulement « trouver le point d’équilibre entre les revendications rwandaises et les revendications légitimes congolaises ».  La RDC a besoin de la paix pour reconstruire un État performant soucieux des droits les plus élémentaires de ses citoyens et de bâtir, sur une base démocratique, un développement durable pour sa population, a-t-il conclu.


M. KAREL DE GUCHT, Ministre des affaires étrangères de la Belgique, a rappelé que des millions de personnes étaient mortes en RDC ces dix dernières années, la vague de violence actuelle venant y ajouter son lot de souffrance.  Il a salué les efforts des Nations Unies et le rôle joué par la MONUC.  Évoquant les causes de la crise, il a parlé d’un « cocktail mortel de deux ingrédients: « l’absence quasi-totale de toute autorité d’État effective combinée à l’abondance des richesses naturelles et leur exploitation à des fins de guerre ».  Il faut, à mon avis, pleinement tenir compte de ces causes du conflit dans la formulation du mandat de la MONUC afin de pouvoir maximiser son efficacité, a-t-il ajouté. 


Évoquant « le piteux état » de l’armée congolaise, il a constaté que l’État n’arrivait pas à établir son autorité sur de vastes zones dont certaines sont administrées par le Congrès national pour la défense du peuple (CNDP).  « Cette armée, qui est en partie désintégrée et dont certains éléments se tournent contre la population à défaut d’être proprement payée et soutenue, peut difficilement constituer à court terme le seul outil sur lequel la communauté internationale, à travers la MONUC, s’appuie afin de restaurer l’autorité de l’État ».  M. de Gucht a estimé qu’il faudrait se poser la question de savoir si la notion des opérations conjointes de la MONUC avec les Forces armées de la RDC ne devrait pas être revue.  Il ne s’agit pas certes de demander à la MONUC de faire la guerre à tous les groupes armés, a-t-il ajouté.  Mais, l’armée congolaise peut « difficilement constituer le seul socle de notre stratégie contre les groupes armés, qu’ils soient étrangers ou congolais », a-t-il souligné.  Mais, néanmoins, « la MONUC devrait davantage venir en premier plan et jouer un rôle plus proéminent dans ces opérations contre les groupes armés ».


Personne ne niant que les richesses naturelles constituant un des motifs principaux du conflit, « toute stratégie qui se veut efficace doit consacrer une attention prioritaire à cette dimension ».  En outre, « s’atteler aux sources du financement des groupes armés pourrait se révéler plus efficace que toute autre stratégie militaire », une considération qui mériterait d’être davantage prise en compte lors de la planification des opérations.  « La MONUC devrait également utiliser au maximum ses pouvoirs en matière d’inspection afin de mettre un terme non seulement au trafic illégal d’armes mais également à l’exploitation et au commerce illégaux de matières premières ».  Pour le chef de la diplomatie belge, « une telle action de la MONUC peut se faire dans un cadre plus large où la communauté internationale appuie les autorités congolaises à établir leur contrôle sur l’exploitation des ressources naturelles ».  Cela pourrait se faire par des « mécanismes de traçage ou de certification ». 


D’ici là, afin d’alléger les souffrances de la population qui « attend beaucoup de la MONUC », celle-ci « doit agir », ceci est « prioritaire » là où elle est présente alors même qu’elle ne peut certainement être partout, a souligné le Ministre.  La Belgique est favorable à une éventuelle action européenne en appui des efforts de la MONUC et elle serait prête à y contribuer.  « À l’heure actuelle, cependant, nous devons examiner d’urgence comment nous pouvons fournir à la MONUC les moyens qui lui ont été attribués au travers de la résolution 1843 », a ajouté M. de Gucht qui s’est dit « confiant que la Belgique pourra prochainement annoncer une contribution au niveau des moyens de transport, au niveau de la collecte et du traitement de renseignements et éventuellement en matière de formation.  


Mme KAREN PIERCE (Royaume-Uni) a réaffirmé son appui à l’Envoyé spécial du Secrétaire général, M. Obasanjo, estimant qu’il avait déjà « recentré le débat » sur la nécessité d’une solution politique dans l’est de la RDC.  Elle a donc appelé la communauté internationale à lui fournir tout le concours nécessaire. Elle a souligné l’importance de déployer au plus vite les quelque 3 000 militaires et policiers supplémentaires autorisés par le Conseil de sécurité par sa résolution 1843.  Constatant, que le Conseil de sécurité avait donné un délai d’environ deux mois pour ce faire, elle l’a jugé « un peu trop long » et s’est dite prête à aider les pays fournisseurs de ces nouveaux contingents à déployer leurs forces.


M. MICHEL KAFANDO (Burkina Faso) a déclaré que l’escalade de la violence armée depuis la reprise des hostilités en août dernier a provoqué une situation humanitaire « catastrophique ».  Il faut craindre des risques de carnage et une possible extension du conflit dans la sous-région, a-t-il ajouté.  Il a donc apporté son soutien à toutes les initiatives internationales, régionales ou sous-régionales pour sortir de la crise, notamment les missions de l’Envoyé spécial du Secrétaire général, M. Obasanjo et de celui de la SADEC.  Pour aller plus avant, ces Envoyés ont besoin du soutien ferme des parties et de la communauté internationale, a-t-il ajouté.  Il a jugé capital que la RDC et le Rwanda intensifient leurs efforts pour rendre effectifs les engagements pris dans le cadre du processus de Nairobi.  Les processus de Nairobi et de Goma offrent des bases crédibles pour une solution politique dans cette région, a-t-il ajouté.


Le représentant a estimé que la MONUC reste « le seul rempart » pour les populations civiles fuyant les combats.  C’est pourquoi, a-t-il dit, le Burkina Faso a soutenu l’adoption de la résolution 1843.  Il a estimé que si la MONUC dispose d’un mandat robuste, la faiblesse et l’inaction des FARC l’empêchent de mettre réellement en œuvre ce mandat.  Il a donc demandé que le mandat de la Mission soit réexaminé « avec circonspection » à l’occasion de son renouvellement, afin que la « MONUC renforcée » puisse faire face aux défis sécuritaires et humanitaires dans l’est de la RDC.    


M. IBRAHIM O.A. DABBASHI (Jamahiriya arabe libyenne) a souligné la nécessité de lutter contre l’impunité.  Il a estimé important que se poursuive la collaboration entre la MONUC et les ONG, alors que le nombre de personnes déplacées ne cesse de croître.  La communauté internationale doit condamner de la façon la plus ferme les exactions.  Nous sommes face à un conflit ethnique extrêmement complexe dont les causes n’ont pas été traitées depuis de nombreuses années, a-t-il souligné.  Et malheureusement, les divergences entre le Rwanda et la RDC ont entraîné une escalade non seulement en RDC proprement dite mais aussi dans la région des Grands Lacs.  Se félicitant des visites ministérielles réciproques, il a regretté qu’aucune rencontre entre les Présidents Joseph Kabila et Paul Kagamé n’ait eu lieu lors du dernier Sommet de Nairobi, ce qui aurait pu permettre d’avancer dans la recherche d’une solution. 


Le représentant libyen s’est félicité de la nomination de M. Obasanjo pour jouer les bons offices, souhaitant qu’il puisse favoriser un rapprochement des positions de la RDC avec celles de ses voisins.  Il a exprimé l’espoir que M. Doss pourrait progresser de son côté dans ses efforts en faveur de la paix.  Le représentant de la Jamahiriya arabe libyenne a souligné la nécessité de projets d’infrastructures et a rappelé que les personnes déplacées pouvaient difficilement rentrer chez elles à cause de la situation actuelle.  Il a souligné la situation délicate de la MONUC et émis l’espoir que les effectifs supplémentaires permettront à celle-ci de mieux fonctionner à compter de janvier prochain.  Au-delà, il a appelé les dirigeants du Rwanda et de la RDC à mettre en œuvre des solutions au règlement d’un conflit qui nuit à tous, la solution ne pouvant être militaire en tout état de cause.  Il a souhaité que le mandat de la MONUC soit renouvelé jusqu’au 31 décembre 2009, que ses moyens soient renforcés dans une région où l’absence de l’État a pour conséquence que ce sont les groupes armés qui comblent ce vide.


M. JEAN-MAURICE RIPERT (France) a estimé que, sans la présence de la MONUC, la situation serait encore pire dans l’est de la RDC.  Il a estimé qu’il faut « clarifier et hiérarchiser » le mandat de la MONUC.  La MONUC est la force de maintien de la paix la plus importante des Nations Unies mais la RDC est un pays immense, a-t-il rappelé, ajoutant que la solution au conflit ne sera pas militaire mais politique.  Celle-ci passe par les processus de Goma et de Nairobi, a-t-il souligné en soutenant pleinement les efforts du Président Obasanjo, Envoyé spécial du Secrétaire général dans la région.


Il faut réaffirmer dans le mandat de la MONUC le caractère prioritaire de la protection des civils en précisant que les autres activités ne sauraient être menées au détriment de cette protection, affirmé M. Ripert.  Nous savons tous, notamment par les rapports des ONG, que des atrocités ont été commises par toutes les parties, a-t-il ajouté.  Il a demandé à la MONUC de rapprocher ses forces des camps voire d’envisager qu’elles prennent position dans les camps.  Il a demandé que soit posée la question de la mise en œuvre de la responsabilité personnelle de ceux qui ont commis des crimes contre les populations civiles et a encouragé le procureur de la Cour pénale internationale à suivre la situation de très près.


Il faut que le lien entre les FARDC et la MONUC soit clarifié, a affirmé le représentant. Selon lui, la MONUC devrait pouvoir prendre seule des mesures contre les groupes armés qui prendraient des initiatives allant à l’encontre des processus de Goma ou de Nairobi.  Toutefois, a-t-il ajouté, la MONUC n’a ni les ressources ni le désir de se substituer aux FARDC.  Il faut, a poursuivi le représentant, s’attaquer clairement au problème de l’exploitation illégale des ressources de la RDC par les parties aux combats, a affirmé M. Ripert.  La réforme du secteur de sécurité constitue un aspect important du fait de la faiblesse, reconnue par les autorités du pays elles-mêmes, de leurs forces armées nationales.  Il faut donc passer par la mise en place d’une armée, d’une justice et d’une police efficaces et démocratiques, a ajouté le représentant.


M. Ripert a estimé qu’un « transfert progressif de certaines tâches » incombant à la MONUC  à l’équipe pays des Nations Unies et aux partenaires bilatéraux pourrait permettre à la MONUC de concentrer davantage son action à l’est.  Il a annoncé que la France allait préparer un projet de résolution retraçant ces grandes lignes et tenant compte des opinions exprimées lors du présent débat.


Mme ROSEMARY DI CARLO (États-Unis) a exprimé la préoccupation extrême de son pays face à la situation en RDC.  Elle s’est félicitée de l’adoption de la Résolution 1843 et a exprimé son appréciation quant à l’action de la MONUC dans la protection des personnes déplacées.  Dans le cadre du programme d’assistance et de formation, les États-Unis fournissent une aide à la MONUC, a-t-elle rappelé.  Soulignant qu’il n’y avait pas de solution militaire envisageable, elle a appelé toutes les parties à collaborer avec M. Obasanjo.


M. LA YIFAN (Chine) a fait part de la satisfaction de sa délégation face aux signes d’amélioration de la situation étant apparus ces derniers jours, de l’accalmie actuelle, obtenue grâce au Secrétaire général et à la mission de bons offices de M. Obasanjo.  La stabilité régionale est la clef du problème, a-t-il ajouté, soulignant les raisons complexes du conflit, notamment en matière de répartition des ressources.  Pour la paix, il faudra toujours les efforts inlassables de toutes les parties, a ajouté le représentant de la Chine qui a lancé un appel en leur direction pour qu’elles s’engagent enfin dans un processus de négociation.  La Chine appuie les efforts de médiation en cours et constate que les Nations Unies sont mises actuellement à l’épreuve pour être à la hauteur en matière de maintien de la paix.  Le représentant a exprimé l’espoir que la résolution 1843 renforçant la MONUC pourrait être mise en œuvre le plus vite possible.


M. BASO SANGQU (Afrique du Sud) a déclaré qu’au vu des exactions commises par les parties au conflit dans l’est de la RDC, il fallait soutenir le projet de reconfiguration de la MONUC et le renforcement de ses effectifs et de son mandat. L’Afrique du Sud appuiera donc une résolution en ce sens.  En même temps, un tel renforcement ne résoudra pas à long terme les causes profondes du conflit, a-t-il affirmé.  Il s’est donc félicité de la nomination du Président Obasanjo comme Envoyé spécial du Secrétaire général dans la région.  Tous les efforts doivent être mis en œuvre pour obtenir un cessez-le-feu et protéger les populations civiles, a-t-il dit, en souhaitant que soient jetées les bases d’un dialogue entre toutes les parties au conflit.


M. HASAN KLEIB (Indonésie) a souligné à son tour l’absence de solution militaire à ce conflit.  Il a affirmé que l’existence de groupes armés constituait le problème principal à traiter et la MONUC doit continuer à apporter son concours en la matière.  Il a rappelé que les pays voisins étaient gravement affectés, en particulier par l’afflux de réfugiés, ce qui donne une dimension régionale à un conflit nécessitant que soient traités les problèmes transfrontaliers.  L’Envoyé spécial a un rôle clef à jouer pour empêcher une poursuite de l’escalade, a-t-il ajouté.  Grâce à son mandat, la MONUC a toute latitude pour protéger les civils et la résolution 1843 devrait lui permettre d’améliorer son action en ce sens, a conclu le représentant de l’Indonésie.


M. HOANG CHI TRUNG (Viet Nam) a déclaré que toutes les parties prenantes en RDC devaient renoncer à la violence et relancer le processus de Goma.  Il s’est félicité de la nomination par le Secrétaire général de M. Obasanjo comme Envoyé spécial pour la région des Grands Lacs.  Il a rappelé le soutien de son pays à la MONUC, tout en estimant qu’elle pourrait mieux réaliser sa principale responsabilité en matière de protection des civils, notamment après l’adoption de la résolution 1843.


M. ALDO MANTOVANI (Italie) a souligné que la solution du conflit devrait être politique.  Les organisations de la société civile sont de plus en plus attachées au rôle que doit pouvoir jouer les Nations Unies avec l’aide de M. Obasanjo, a-t-il dit.  Le mandat de la MONUC doit être revu, a-t-il ajouté.  Nous devons réagir et si les populations du Kivu n’ignorent pas les contraintes de la MONUC, certains faits donnent parfois à penser que celle-ci manque de détermination.  La priorité doit aller à la protection des civils, a-t-il dit, et la MONUC doit être un instrument de protection contre l’impunité.  Ceux qui ont commis des crimes doivent savoir que la justice internationale s’appliquera y compris par le biais de la Cour pénale internationale.  La création d’une armée nationale crédible est à la base de tout retour à la normale, a conclu le représentant de l’Italie.


M. IGOR N. SHCHERBAK (Fédération de Russie) a déclaré appuyer les efforts diplomatiques internationaux visant à la stabilisation dans l’est de la RDC et a jugé important d’éviter toute extension du conflit à la sous-région.  Il ne peut y avoir de solution armée au conflit, a-t-il ajouté, demandant au CNDP de respecter le cessez-le-feu et de retirer ses troupes sur les lignes du 8 août.  Il faut créer un climat de confiance entre la RDC et le Rwanda, a ajouté le représentant, qui a estimé que les efforts de l’Envoyé spécial du Secrétaire général avaient déjà porté leurs premiers fruits.  Il faudra toutefois une démarche complexe avec un large éventail de discussions, de mesures politiques économiques, juridiques et autres, a affirmé M. XXXX.  Le représentant a également demandé une augmentation de l’assistance humanitaire, le respect des régimes de sanctions imposés par le Conseil de sécurité et la poursuite des responsables des crimes graves.  Il a estimé que la MONUC dispose déjà de suffisamment d’effectifs après l’adoption de la résolution 1843.  Il a jugé nécessaire d’examiner attentivement les divers aspects du mandat de la Mission et préciser quelles seront ses responsabilités.


M. JORGE URBINA (Costa Rica) a évoqué la réunion d’hier qui a permis aux membres du Conseil de réfléchir à la tragédie en cours en RDC.  Celui-ci a la responsabilité de protéger les populations, en particulier les femmes et les fillettes qui ont sont la cible d’actes extrêmes de cruauté, ainsi que les garçons et les adolescents qui eux sont enrôlés de force.  Puisque les responsabilités du Conseil sont claires, nous devons réfléchir à la façon de nous acquitter de notre responsabilité et veiller à ce que les renforts soient déployés rapidement face à l’effondrement des forces armées de la RDC.  La priorité essentielle de la MONUC est la protection des civils, a souligné le représentant en citant Alan Doss.  Il a demandé par ailleurs au Gouvernement de Kinshasa de prendre ses responsabilités sur la question de l’exploitation des ressources naturelles.


M. JOSEPH NSENGIMANA (Rwanda) a déclaré que toute solution au problème de sécurité en RDC repose sur une volonté politique ferme et « une information correcte sur la réalité qui y prévaut, notamment dans l’est ».  Il a souhaité que le Conseil de sécurité cesse de donner, « en l’absence de la délégation rwandaise », la parole à des intervenants « connus pour leur position anti-rwandaise », comme cela, a-t-il ajouté, a été le cas lors de la réunion à huis clos tenue la veille par le Conseil.  Il a donc demandé à ce que le Rwanda puisse s’exprimer, au titre de droit de réponse, durant une réunion du même format, et en présence si possible des « intervenants politiquement motivés » présents la veille.  Il a ensuite mis en cause les activités dans l’est de la RDC des FDLR, ex-Interhamwes.  Il a dit se réjouir des négociations menées dans la région des Grans Lacs notamment par M. Alan Doss, par la MONUC et par l’Envoyé spécial du Secrétaire général, Olusegun Obasanjo.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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