CS/9407

« LA SITUATION AU KOSOVO A RADICALEMENT CHANGÉ », AFFIRME LE REPRÉSENTANT SPÉCIAL DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DEVANT LE CONSEIL DE SÉCURITÉ

25/07/2008
Conseil de sécuritéCS/9407
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Conseil de sécurité

5944e séance – matin


« LA SITUATION AU KOSOVO A RADICALEMENT CHANGÉ », AFFIRME LE REPRÉSENTANT SPÉCIAL DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DEVANT LE CONSEIL DE SÉCURITÉ


Le Représentant spécial du Secrétaire général pour le Kosovo, M. Lamberto Zannier, a défendu, ce matin, devant le Conseil de sécurité, la « reconfiguration » de la présence internationale civile au Kosovo, lancée le mois dernier par M. Ban Ki-moon, notant que la situation sur le terrain avait « radicalement changé ».


La reconfiguration de la Mission d’administration intérimaire des Nations Unies au Kosovo (MINUK) devrait se faire en accord avec la Serbie et le soutien du Conseil de sécurité, qui demeure le « seul moyen d’œuvrer dans un cadre légitime et durable », a déclaré pour sa part le Ministre serbe des affaires étrangères, M. Vuk Jeremic.  Estimant que « saper la souveraineté où que ce soit dans le monde » était un « jeu dangereux, porteur de conséquences politiques majeures », il a affirmé que la Serbie ne pouvait accepter sa « partition forcée ».


Le Chef de la diplomatie serbe a en outre affirmé que « la seule voie vers la prospérité des Balkans occidentaux » passait par son intégration au sein de l’Union européenne.  « La Serbie est déterminée à assurer rapidement son adhésion à l’Union européenne », a-t-il dit, soulignant la volonté de son pays de « tourner la page des divisions d’un passé récent » et de s’ancrer, avec l’Union européenne, « dans une région tournée vers le futur avec optimisme, fière de ses multiples identités et confiante quant à ses chances ».


M. Skender Hyseni, du Kosovo, a, quant à lui, assuré que les autorités de Pristina étaient prêtes à « travailler en étroite collaboration » avec EULEX, la mission de l’Union européenne chargée d’assurer l’« état de droit », « afin de renforcer la sécurité et la stabilité au Kosovo et dans toute la région ».  « Le Kosovo continuera à coopérer avec la Serbie et les pays voisins », a-t-il également indiqué, appelant Belgrade à engager le dialogue avec Pristina « sur de nombreuses questions pratiques ou d’intérêts mutuels ».


Dans son dernier rapport, le Secrétaire général des Nations Unies, M. Ban Ki-moon, propose de poursuivre la reconfiguration de MINUK afin, notamment, de préserver ses réalisations.  « Une réalité totalement nouvelle se dessine », souligne-t-il, et, comme il l’avait déjà observé dans son rapport spécial sur le Kosovo, présenté le 20 juin dernier, « la MINUK ne peut désormais plus s’acquitter aussi efficacement que par le passé de la grande majorité des tâches qui lui incombent en tant qu’administration intérimaire ».


De fait, « la situation au Kosovo a radicalement changé » depuis l’entrée en vigueur, le 15 juin, de sa Constitution, a expliqué le nouveau Représentant spécial du Secrétaire général, lors de sa première intervention devant le Conseil de sécurité.  « Les autorités du Kosovo continuent de chercher à assumer des pouvoirs et des responsabilités d’un État souverain », a ajouté M. Lamberto Zannier, qui est également Chef de la MINUK.  Ainsi, l’exercice de ses pouvoirs juridiques en vertu de la résolution 1244 devient-elle « de plus en plus difficile », tandis que sa « capacité à imposer des solutions dans l’ensemble du territoire du Kosovo » a « disparu en pratique ».  « Ces pouvoirs ne pourront être exercés que s’ils sont acceptés par toutes les parties, par exemple dans le domaine de l’état de droit. »


Pour la France, qui préside actuellement l’Union européenne, la décision de reconfigurer la présence internationale « a contribué à maintenir un climat favorable à la poursuite de son action stabilisatrice dans l’ensemble du Kosovo ».  La MINUK peut compter « sur la pleine coopération de l’Union européenne », a indiqué le représentant français, précisant que la mission EULEX devrait être « opérationnelle à l’automne » et assumer « progressivement un rôle opérationnel accru, dans le cadre défini par le Secrétaire général ». 


Il a jugé « essentiel que le Gouvernement kosovar coopère pleinement avec cette présence internationale en vue de la consolidation d’un Kosovo démocratique, multiethnique et respectueux des droits des minorités » et a encouragé la Serbie « à continuer à développer une approche constructive vis-à-vis des efforts engagés par l’Union européenne pour contribuer à la paix et à la stabilité de la région des Balkans ». 


Le délégué de la France a par ailleurs exprimé sa certitude que « la Serbie deviendra membre de l’Union européenne », notant que c’était là « sa vocation ».  C’est dans cet esprit que l’Union européenne a déployé la mission EULEX et qu’elle s’efforcera, a-t-il ajouté, d’« avancer dans les mois qui viennent sur la voie d’un avenir commun pour les Serbes et les Kosovars, dans le cadre de l’Union européenne ».


Le représentant de la Fédération de Russie a estimé que « de véritables progrès dans les contacts entre la Serbie et les Nations Unies permettraient de détendre l’atmosphère ».  « La solution passe par des négociations, sur la base de la concorde entre les parties et du respect du droit international », a-t-il souligné. 


L’Ambassadeur russe, qui a rappelé que la « déclaration unilatérale d’indépendance du Kosovo et sa reconnaissance par certains États Membres » étaient, à ses yeux, en « contradiction avec le droit international », en particulier la Charte des Nations Unies, a jugé « indispensable d’appliquer la résolution 1244 » du Conseil de sécurité, laquelle « reste d’actualité ».  « Une reconfiguration de la MINUK sans l’autorisation du Conseil de sécurité est inadmissible », a-t-il rappelé.


La MINUK a été établie par la résolution 1244 (1999) du Conseil de sécurité, afin d’assurer au Kosovo une « administration intérimaire ».  Au 15 juin, elle comptait un effectif de police de 2 056 personnes et 39 officiers de liaison militaire.


Les représentants des pays suivants ont pris la parole: Belgique, Burkina Faso, France, Croatie, Chine, Italie, États-Unis, Fédération de Russie, Indonésie, Costa Rica, Royaume-Uni, Afrique du Sud, Panama, Jamahiriya arabe libyenne et Viet Nam.



RAPPORT DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL SUR LA MISSION D’ADMINISTRATION INTÉRIMAIRE DES NATIONS UNIES AU KOSOVO (MINUK) (S/2008/458)


Le Secrétaire général, M. Ban Ki-moon, dans ce rapport, considère que la reconfiguration de la Mission d’administration intérimaire des Nations Unies au Kosovo (MINUK), à laquelle il sera procédé dans le plein respect de la résolution 1244 (1999), est dans l’intérêt des Nations Unies et permettra de préserver les réalisations de la MINUK. 


M. Ban rappelle qu’il a demandé à la Mission de coopérer avec l’Union européenne, afin que cette dernière assume un rôle opérationnel accru au Kosovo dans le domaine de l’état de droit sous l’autorité générale de l’ONU, conformément à la résolution 1244 (1999), sous l’égide de l’ONU et la direction de son Représentant spécial.


Dans son rapport, qui traite des activités de la MINUK et de l’évolution de la situation au cours de la période allant du 1er mars au 25 juin 2008, le Secrétaire général explique que l’ONU a conservé une position de stricte neutralité à l’égard de la question du statut du Kosovo. 


M. Ban constate néanmoins, comme il l’avait fait dans son rapport spécial sur le Kosovo (S/2008/354), qu’après la déclaration de l’indépendance du Kosovo, la MINUK s’est trouvée face à une situation profondément différente et a vu son autorité et son rôle fondamentalement remis en question. 


À la lumière de ces faits nouveaux, il estime, comme il l’avait observé dans son rapport spécial et indiqué au Conseil de sécurité le 20 juin dernier, que la MINUK ne peut plus s’acquitter aussi efficacement que par le passé de la grande majorité des tâches qui lui incombent en tant qu’administration intérimaire sur l’ensemble du territoire du Kosovo.


Dans l’intérêt également du maintien de la paix et de la stabilité au Kosovo et dans la région, il affirme avoir décidé de poursuivre la reconfiguration de la présence civile internationale dans le cadre de la résolution 1244 (1999). 


De même, le Secrétaire général indique que son Représentant spécial, M. Lamberto Zannier, se tient prêt à travailler dans un esprit d’ouverture, de transparence et d’impartialité avec les autorités de Belgrade pour faire avancer le dialogue sur les questions d’intérêt commun, en vue de la mise en œuvre d’arrangements concrets dans les six domaines définis dans sa lettre au Président serbe Tadic, à savoir la police, les tribunaux, les douanes, les transports et les infrastructures, et le patrimoine serbe.  Il agira en coopération et en consultation étroites avec les autorités de Pristina et les parties prenantes concernées, précise-t-il.


Le Secrétaire général assure que la MINUK continuera de soutenir le Kosovo dans l’action qu’il a engagée pour étayer les institutions de gouvernance démocratique, promouvoir la croissance économique et progresser sur la voie d’un avenir au sein de l’Europe au titre de son appartenance aux Balkans occidentaux. 


L’édification d’une société dans laquelle toutes les communautés puissent coexister en paix reste un défi épineux et de longue haleine pour le Kosovo, souligne-t-il, engageant les autorités de Pristina et de Belgrade et les représentants de toutes les communautés du Kosovo à continuer d’œuvrer ensemble avec la MINUK.  Il engage également les États membres du Conseil de sécurité et la communauté internationale dans son ensemble à soutenir le Kosovo dans cette entreprise.


En annexe à ce rapport, figure notamment une « évaluation technique », établie le 15 juin par le Représentant spécial du Secrétaire général pour le Kosovo, des progrès accomplis dans l’application des normes pour le Kosovo, à savoir le fonctionnement des institutions démocratiques, l’état de droit, la liberté de circulation, les retours durables et droits des communautés, l’économie, les droits de propriété, le patrimoine culturel et le Corps de protection du Kosovo (CPK).


Déclarations


M. LAMBERTO ZANNIER, Représentant spécial du Secrétaire général et Chef de la Mission d’administration intérimaire des Nations Unies au Kosovo (MINUK), qui présentait le rapport du Secrétaire général, a affirmé que la situation au Kosovo avait radicalement changé depuis le 21 avril, date de présentation du précédent rapport.  Au cours de la période considérée, la capacité de la MINUK d’assumer la grande majorité des tâches relevant de son mandat d’administration intérimaire a été fondamentalement compromise du fait de mesures prises à la fois par les autorités de Pristina et par les Serbes du Kosovo, a-t-il souligné.  Une constitution du Kosovo est entrée en vigueur le 15 juin et, depuis, les autorités du Kosovo continuent de chercher à assumer des pouvoirs et des responsabilités d’un État souverain, a-t-il dit.  Par exemple, le Premier Ministre a annoncé son intention d’établir des ambassades dans un certain nombre d’États européens et à Washington, D.C.  De leur côté, les Serbes ont continué à s’opposer à une coopération avec les autorités de Pristina, affirmant qu’ils ne collaboreront qu’avec la MINUK.  En raison des voies divergentes que les communautés serbe et albanaise ont prises, l’espace dans lequel la MINUK peut opérer a changé.  Le Représentant spécial a expliqué que depuis l’entrée en vigueur de la Constitution du Kosovo, l’exercice de ses pouvoirs légaux en vertu de la résolution 1244 était devenu de plus en plus difficile.  Il a déclaré que sa capacité à imposer des solutions dans l’ensemble du territoire du Kosovo avait disparu en pratique.  Bien qu’il soit toujours investi d’une autorité exécutive conformément à la résolution 1244, il a précisé qu’il ne disposait plus d’outils pour l’exercer.  Ces pouvoirs ne pourront être exercés que s’ils sont acceptés par toutes les parties, par exemple dans le domaine de l’état de droit, a-t-il poursuivi.


Le Représentant spécial a également affirmé que la MINUK s’attachait à planifier une reconfiguration de sa présence au Kosovo tenant compte de ces circonstances et concentrant ses opérations en vue d’apporter une valeur ajoutée dans les secteurs où son rôle demeure essentiel.  Cette planification se fonde sur les instructions du Secrétaire général et conserve une position de stricte neutralité, a-t-il dit.  Un plan initial de reconfiguration a été élaboré et a été transmis au Siège des Nations Unies.  Ce plan préconise un certain nombre de mesures qui réduiraient la capacité de la MINUK dans des secteurs où elle ne peut plus fonctionner efficacement, par exemple l’administration civile, et qui la renforceraient dans d’autres, notamment en accordant une attention particulière aux minorités.  M. Zannier s’est ainsi dit particulièrement conscient de la nécessité de continuer à faire en sorte que les droits de toutes les communautés au Kosovo soient pleinement protégés.  Le Représentant spécial a en outre indiqué que des discussions avaient eu lieu avec des représentants de la mission « état de droit » de l’Union européenne au Kosovo (EULEX), au niveau technique, sur une future coopération.  Il a espéré que la mission de l’Union européenne sur l’état de droit soit déployée et puisse opérer sous l’autorité des Nations Unies, conformément à la résolution 1244 du Conseil de sécurité.  Il a également souhaité que la mission de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) au Kosovo puisse poursuivre son travail dans le cadre d’une MINUK reconfigurée.  Cela sera essentiel pour la promotion des valeurs démocratiques et la protection de tous les intérêts communautaires, a-t-il souligné, plaidant en faveur d’une interaction étroite avec l’OSCE à l’avenir.  Le Représentant spécial s’est, enfin, déclaré optimiste sur le fait que la MINUK puisse continuer à jouer un rôle important en facilitant le dialogue parmi les différentes parties sur des questions touchant la vie de toutes les communautés du Kosovo.


M. VUK JEREMIC, Ministre des affaires étrangères de la République de Serbie, a estimé que saper la souveraineté où que ce soit dans le monde était un jeu dangereux, porteur de conséquences politiques majeures.  M. Jeremic a déclaré que la Serbie ne pouvait accepter sa « partition forcée ».  « Je crois fermement qu’aucun pays dans cette salle ferait autrement », a-t-il fait remarquer.  Après avoir réaffirmé l’intention de son pays de parvenir à une solution durable par des moyens pacifiques en ce qui concerne la question du Kosovo, le Ministre serbe des affaires étrangères a déploré que le rapport du Secrétaire général sur la MINUK ne condamne nulle part l’adoption illégitime de la « constitution » par les autorités albanaises du Kosovo qui, a-t-il dit, tente d’éliminer tout rôle ou fonction des Nations Unies dans la province du sud de la Serbie.  Cette supposée constitution fait référence à la mise en œuvre de la Proposition Ahtissari, un document dénué d’autorité juridique aux yeux du Conseil de sécurité et encore moins de ceux de la République de Serbie, a encore dit M. Jeremic.


Le Ministre serbe des affaires étrangères a également déploré que la reconfiguration de la Mission instruite par le Secrétaire général l’ait été sans le consentement du Conseil de sécurité et, a-t-il précisé, en opposition directe avec la République de Serbie, pays hôte de la MINUK.  Il a estimé que cette reconfiguration, qui est désormais en cours, devrait se faire en accord avec la Serbie et le soutien du Conseil, seul moyen, selon lui, d’œuvrer dans un cadre légitime et durable.  La voix de la Serbie, concernant la reconfiguration de la MINUK et les autres questions, ne peut être plus longtemps ignorée, a-t-il encore dit.  Après avoir évoqué ses récents entretiens avec M. Lamberto Zannier, le Ministre serbe des affaires étrangères a fait valoir la détermination et l’engagement des autorités de son pays à trouver un accord acceptable et tourné vers l’avenir: un accord respectant l’autorité des Nations Unies tout en laissant une marge à l’inclusion institutionnelle des organisations régionales.  M. Jeremic a souligné que la reconfiguration ne devrait pas s’inscrire au-delà des limites fixées par la résolution 1244, ce qui risquerait d’enfreindre la souveraineté et l’intégrité territoriale de la République de Serbie. 


Aujourd’hui, la situation sur le terrain est loin d’être normale, a poursuivi M. Jeremic, évoquant des agissements qu’il a qualifiés d’actes relevant du nettoyage culturel.  Pour de nombreux Serbes du Kosovo, leur survie dépendra de leur capacité à répondre aux hostilités dont ils font l’objet de la part de leurs voisins immédiats, a-t-il estimé, ajoutant que le tracé de frontières artificielles pourrait créer des situations explosives.  M. Jeremic a ensuite affirmé que la seule voie vers la prospérité des Balkans occidentaux passait par l’adhésion à l’Union européenne.  La Serbie est déterminée à assurer rapidement son adhésion à l’Union européenne.  « Nous avons démontré cet engagement fondamental au cours des derniers jours, en coopérant pleinement avec le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie.  La Serbie croit fermement aux valeurs fortes du XXIe siècle que défend l’Europe, et leurs capacités à réconcilier d’anciens adversaires, a encore déclaré le Ministre serbe.  Il est temps de tourner la page des divisions d’un passé récent, a-t-il ajouté, estimant que la Serbie et l’Union européenne pourraient créer ensemble dans une région tournée vers le futur avec optimisme, fière de ses multiples identités et confiante quant à ses chances.  


M. SKENDER HYSENI, du Kosovo, a rappelé que depuis la proclamation en février dernier de l’indépendance du Kosovo, 43 États à travers le monde, y compris la majorité des pays de la région en Europe, avaient reconnu l’indépendance de son pays.  Nombre d’entre eux ont généreusement offert leur soutien pour construire un État démocratique, multiethnique et stable. « Nous nous attendons à ce que, dans les mois à venir, d’autres États reconnaissent le Kosovo comme État indépendant », a encore dit M. Hyseni.  Il s’est déclaré conscient que l’indépendance n’avait pas réglé tous les problèmes auxquels fait face son pays.  Le Kosovo va devoir restaurer une économie dévastée par le régime Milosevic, a-t-il dit, ajoutant que le plus jeune État du monde avait un besoin impérieux d’investissements étrangers et d’appui pour son développement. »  Il a également salué à ce propos le succès de la Conférence des donateurs du Kosovo, au cours de laquelle les participants se sont engagés à mobiliser 1,2 milliard d’euros pour la reconstruction de l’économie kosovare.


Après avoir évoqué les récentes initiatives menées pour avancer sur la voie de la démocratisation de son pays, notamment l’entrée en vigueur le 15 juin dernier de la Constitution du Kosovo, M. Hyseni a souligné la composition multiethnique de l’actuelle Coalition gouvernementale, formée de membres des communautés serbes et turques et d’autres minorités ethniques.  S’agissant de la reconfiguration de la MINUK, il a estimé que les autorités de son pays étaient prêtes à travailler en étroite collaboration avec l’EULEX, afin de renforcer la sécurité et la stabilité au Kosovo et dans toute la région.  Le Kosovo continuera à coopérer avec la Serbie et les pays voisins, le Kosovo et la Serbie étant liés par des attaches géographiques, commerciales ou encore culturelles, a-t-il en outre rappelé.  Pristina est prête à engager la discussion avec Belgrade, deux États indépendants et souverains, sur des nombreuses questions pratiques où nos intérêts mutuels sont en jeu, a encore indiqué Skender Hyseni.  Il a ajouté qu’il faudrait prendre en compte dans cette perspective la proposition du Secrétaire général de l’ONU que chaque pays envisage avec l’Organisation la conclusion d’accords pratiques. 


M. JAN GRAULS (Belgique) a souligné que la situation sur le terrain avait considérablement évolué depuis la présentation du dernier rapport sur la MINUK, citant en particulier l’entrée en vigueur de la Constitution du Kosovo.  Le Secrétaire général, en proposant une reconfiguration de la MINUK, a fait preuve de réalisme et d’une grande responsabilité, a-t-il dit, souhaitant que cette reconfiguration soit mise en œuvre sans délai, afin de permettre un déploiement de la mission EULEX, et dans l’intérêt de tous les Kosovars.  L’existence d’un environnement sûr est un élément préalable à la mise en place d’un État de droit démocratique, a-t-il poursuivi.  De l’avis de l’Ambassadeur Grauls, la sécurité et l’état de droit sont des conditions préalables à un développement économique durable.  Il s’est ainsi félicité de la Conférence des donateurs qui s’est tenue à Bruxelles le 11 juillet dernier.  La responsabilité première en revient aux autorités kosovares, a-t-il ajouté.  De même, le représentant a encouragé les autorités de Belgrade à favoriser une politique constructive et de bon voisinage à l’égard du Kosovo.  Il a félicité vivement les autorités de la Serbie pour l’arrestation, il y a quatre jours, de Radovan Karadzic.  Il les a encouragés dans cette voie en procédant à l’arrestation des deux derniers fugitifs, dont Ratko Mladic. 


M. MICHEL KAFANDO (Burkina Faso) a estimé que de nombreuses difficultés tant politiques que sécuritaires demeuraient des sources de préoccupations au Kosovo, dont le boycott par les Serbes du Kosovo des institutions du nouvel État et la mise en place par ceux-ci de structures parallèles.  Il a noté le trafic et la détention illicites d’une grande quantité d’armes dans le pays, estimant qu’il faudrait porter attention à ces signes avant-coureurs d’un conflit potentiel, notamment dans la partie nord du Kosovo.  Dans ce contexte, il a qualifié de « courageuses et réalistes » les propositions du Secrétaire général présentées au Conseil de sécurité le 20 juin dernier et visant à modifier la structure et le profil de la MINUK ainsi que les aspects opérationnels de la présence civile internationale dans le nouvel État. 


Le représentant a affirmé que ces propositions préservaient les acquis de la MINUK tout en garantissant la stabilité et la paix au Kosovo et dans la région.  Il a toutefois relevé une certaine ambiguïté entre l’acceptation par les autorités du maintien de la présence de l’ONU et la volonté d’assumer pleinement leur destinée en tant qu’État libre et souverain.  Le représentant a affirmé que ces propositions préservaient les acquis de la MINUK tout en garantissant la stabilité et la paix au Kosovo et dans la région.  Notant les progrès effectués dans les domaines de la bonne gouvernance et de la consolidation de l’État de droit, en particulier dans l’application des normes pour le Kosovo, M. Kafando a appelé la communauté internationale et surtout l’Union européenne, à appuyer le développement du Kosovo.  Sa délégation estime également que l’Union européenne peut jouer un rôle opérationnel accru au Kosovo dans le domaine de l’état de droit sous l’autorité générale de l’ONU, a-t-il ajouté.


M. JEAN-PIERRE LACROIX (France) a dit apprécier l’approche impartiale et pragmatique du Représentant spécial du Secrétaire général et sa volonté de coopérer activement, dans cette nouvelle phase, avec les autres acteurs internationaux présents au Kosovo, en particulier l’Union européenne.  Il a souligné qu’un mois après le lancement de la reconfiguration de la présence civile internationale au Kosovo, dans le cadre de la résolution 1244, la situation en matière de sécurité demeurait, sur le terrain, calme et que les institutions fonctionnaient de manière satisfaisante dans un cadre démocratique.  La décision de reconfigurer la présence internationale a contribué à maintenir un climat favorable à la poursuite de son action stabilisatrice dans l’ensemble du Kosovo, a-t-il dit, ajoutant que la MINUK pouvait compter, dans la période à venir, sur la pleine coopération de l’Union européenne.  La mission de l’Union européenne, EULEX, qui devrait être pleinement opérationnelle à l’automne, assume progressivement un rôle opérationnel accru, dans le cadre défini par le Secrétaire général, a-t-il déclaré. 


Le représentant a jugé essentiel que le Gouvernement kosovar coopère pleinement avec cette présence internationale en vue de la consolidation d’un Kosovo démocratique, multiethnique et respectueux des droits des minorités.  Il a également affirmé que le nouveau Gouvernement serbe avait fait du rapprochement avec l’Union européenne sa priorité.  Il a pris, à cette fin, des mesures courageuses que la France et ses partenaires de l’Union européenne ont accueillies positivement, a-t-il dit. C’est dans ce sens que M. Lacroix a encouragé le Gouvernement serbe à continuer à développer une approche constructive vis-à-vis des efforts engagés par l’Union européenne pour contribuer à la paix et à la stabilité de la région des Balkans.  Il est certain que la Serbie deviendra membre de l’Union européenne, a-t-il déclaré, notant que c’était là sa vocation.  L’Union européenne est pleinement consciente des responsabilités qui lui incombent pour accompagner le règlement de la question du Kosovo et surmonter les obstacles sur la voie d’un avenir stable et prospère pour les Balkans occidentaux, a-t-il ajouté, précisant que c’était dans cet esprit qu’elle avait déployé la mission EULEX et qu’elle s’efforçait d’avancer dans les mois qui viennent sur la voie d’un avenir commun pour les Serbes et les Kosovars, dans le cadre de l’Union européenne.


M. RONKA VILOVIC (Croatie) a tenu à féliciter le peuple et les autorités du Kosovo pour leurs engagements à assurer la transition sans heurt du rôle de la MINUK à la situation actuelle.  Cela souligne la maturité démocratique du Kosovo et le fait qu’il est désormais prêt à rejoindre la grande famille de l’Union européenne, a dit le représentant.  Il a ajouté qu’il était important de garantir le soutien au déploiement de la mission de l’Union européenne EULEX sur l’ensemble du territoire kosovar.  « Nous appuyons la reconfiguration de la MINUK, par laquelle l’Union européenne verra son rôle accru, notamment dans le domaine de l’état de droit, a encore noté M. Vilovic.  Belgrade et Pristina doivent soutenir les efforts ainsi déployés, a-t-il de plus préconisé.  Le représentant croate a ensuite estimé que les efforts de la communauté internationale seraient couronnés de succès si les parties sur le terrain restent déterminées à œuvrer ensemble à la paix et à la prospérité économique.  Avant de conclure, M. Vilovic s’est réjoui de l’arrestation et du transfert à La Haye de Radovan Karadzic, en soulignant que le la communauté internationale ne pourrait parler de succès complet uniquement lorsque les derniers fugitifs auront été arrêtés et traduits en justice.


M. LI KEXIN (Chine) a rappelé la position de son pays selon laquelle la solution durable au Kosovo ne saurait être trouvée que par les négociations afin de parvenir à un règlement acceptable par les deux parties.  Le représentant a mis l’accent sur la nécessité de redoubler d’efforts pour protéger les droits de toutes les minorités ethniques.  Le représentant a réaffirmé que la résolution 1244 continue d’être la base juridique pour régler la question du Kosovo.  La reconfiguration de la MINUK ne doit pas s’écarter du mandat que lui a confié la résolution, a-t-il ajouté, souhaitant que cette reconfiguration soit seulement technique.  Le représentant a également encouragé l’Union européenne à continuer de jouer un rôle constructif au Kosovo.


M. ALDO MANTOVANI (Italie) a affirmé que la question du Kosovo était une question européenne qui nécessite une solution européenne.  Un rôle accru doit être confié à l’Union européenne, a-t-il ajouté.  Le représentant a fait part, néanmoins, de sa préoccupation face aux lenteurs constatées dans le cadre de la reconfiguration de la MINUK, retards, a-t-il dit, qui entravent la capacité de la mission de l’Union européenne, EULEX, à se développer.  Le représentant a également salué le rôle joué par l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE).  Il a, enfin, réaffirmé l’engagement de son pays à contribuer aux efforts internationaux au Kosovo sur la voie de la stabilité régionale. 


M. ZALMAY KHALILZAD (États-Unis) s’est félicité du succès de la Conférence des donateurs qui s’était tenue à Bruxelles en juin dernier, et, à l’issue de laquelle, les participants se sont engagés à consacrer près de 2 milliards de dollars à la construction d’un État démocratique du Kosovo.  Il a également salué la composition multiethnique de l’actuelle Coalition gouvernementale kosovare.  Le Gouvernement du Kosovo et la vaste majorité des citoyens kosovars, issus de tous les groupes ethniques, ont démontré leur bonne volonté et de modération en dépit des provocations continuelles venues de la ligne dure des opposants à l’indépendance du Kosovo, a poursuivi le représentant des États-Unis.  Les menaces de violence contre ceux qui s’efforcent de rétablir l’ordre aux frontières doivent cesser, a-t-il ajouté, appelant Belgrade à mettre fin aux politiques de déstabilisation et à appuyer les efforts légitimes en faveur de la réconciliation et de la stabilité.  M. Khalilzad a souligné que son pays soutenait les recommandations du Secrétaire général de l’ONU de reconfigurer la MINUK à la lumière des derniers développements sur le terrain, en particulier au moment où la Constitution du Kosovo vient d’entrer en vigueur.  La Mission doit être adaptée à la nouvelle réalité du Kosovo indépendant et en vue de la création du bureau civil international et du déploiement de la mission « état de droit » menée par l'Union européenne au Kosovo, EULEX.


M. VITALY CHURKIN (Fédération de Russie) a affirmé qu’il partageait en grande partie le point de vue exprimé par le Ministre serbe des affaires étrangères.  Il s’est en revanche dit en désaccord avec certaines des conclusions du rapport du Secrétaire général.  La déclaration unilatérale d’indépendance du Kosovo et sa reconnaissance par certains États Membres sont en contradiction avec le droit international, en particulier de la Charte des Nations Unies et de la résolution 1244 du Conseil de sécurité.  Il a jugé indispensable d’appliquer la résolution 1244 qui, a-t-il précisé, reste d’actualité.  Il est indispensable, a estimé M. Churkin, de mettre en œuvre le mandat de la MINUK, conformément à cette résolution.  Une reconfiguration de la MINUK sans l’autorisation du Conseil de sécurité est inadmissible, a-t-il déclaré, estimant que le Secrétaire général avait, là, outrepassé ses prérogatives.  Le représentant a ainsi rejeté l’idée, selon lui, de légitimer une action qui s’efforcerait d’appliquer le Plan Ahtisaari qui n’a pas été approuvé par le Conseil de sécurité. 

Le représentant a également souligné que la situation sur le terrain se dégradait.  Entre janvier et mai 2008, seuls 49 Serbes du Kosovo sont revenus dans leurs foyers, ce qui prouve, a-t-il précisé, qu’il y a un ralentissement des retours.  Il s’est dit préoccupé par l’arbitraire qui continue d’exister au Kosovo concernant la confiscation de terres.  L’absence de progrès s’agissant des droits des minorités ainsi que les tentatives d’intégrer de force les Serbes du Kosovo dans un état indépendant ne feront qu’accroître les tensions, a-t-il estimé.  De même, M. Churkin a insisté pour que le Conseil de sécurité soit rapidement informé des résultats de l’enquête indépendante, évoquée par le Secrétaire général dans son rapport, sur les faits qui se sont produits durant l’opération lancée pour reprendre le contrôle du tribunal de Mitrovica.  Le représentant a estimé que de véritables progrès dans les contacts entre la Serbie et les Nations Unies permettraient de détendre l’atmosphère.  La solution passe par des négociations, sur la base de la concorde entre les parties et du respect du droit international, a-t-il conclu. 


M. MARTY NATALEGAWA (Indonésie) a estimé qu’à la lumière de l’évolution de la situation au Kosovo, l’impact du rôle de la MINUK devait être repensé.  Les parties doivent continuer à œuvrer avec la Mission pour lui permettre de s’acquitter de son mandat, en particulier dans le domaine de l’état de droit et en vue de la mise sur pied du Bureau civil international.  De l’avis de sa délégation, chaque nouvelle institution doit être reliée à la Mission.  Le Conseil de sécurité doit être tenu informé des activités de la Mission par le biais des exposés du Représentant spécial de l’ONU.  Le représentant indonésien a ajouté que son pays appuyait le dialogue avec Belgrade sur les questions d’intérêts communs en vue de la mise en œuvre d’accords définis sous l’égide des Nations Unies.  Il a conclu en estimant que la communauté internationale ne pourrait pas faire l’économie dans les prochains mois d’un examen de la question portant sur le statut final pour permettre une normalisation durable sur le terrain.  Il a, à cet égard, salué les efforts de la Serbie pour parvenir à une solution acceptable par tous par des moyens politiques.


M. SAUL WEISLEDER (Costa Rica) s’est dit conscient que la proclamation de l’indépendance du Kosovo avait modifié les conditions dans lesquelles œuvre la MINUK, comme l’indique le Secrétaire général dans son rapport sur la question.  L’ONU et MINUK ont permis de réaliser des progrès dans la normalisation de la situation au Kosovo, a-t-il noté, ajoutant que son pays appuyait les mesures préconisées par le Secrétaire général pour reconfigurer la MINUK dans le cadre de la résolution 1244 du Conseil de sécurité.  Il s’agit là de la meilleure solution possible pour permettre à la Mission de s’acquitter de son mandat.  Dans ce cadre, les contributions de l’Union européenne sont des piliers fondamentaux pour trouver une solution durable au Kosovo, a encore ajouté le représentant du Panama.  Il a salué, à son tour, la Serbie pour l’arrestation de Radovan Karadzic, un acte qui exprime, de l’avis de sa délégation, l’attachement de ce pays aux principes et valeurs que défend l’Union européenne.


M. JOHN SAWERS (Royaume-Uni) a salué chaleureusement le Gouvernement serbe d’avoir procédé à l’arrestation de Radovan Karadzic.  C’est une étape significative sur le chemin de l’adhésion de la Serbie à l’Union européenne, a-t-il ajouté.  Le représentant a souligné la nécessité de soutenir les efforts du Secrétaire général en vue de la reconfiguration de la MINUK.  La mission de l’Union européenne, EULEX, peut et pourra bientôt se déployer et jouer son rôle comme prévu, a-t-il dit.  M. Sawers a en outre noté avec intérêt le dialogue entre le Représentant spécial pour le Kosovo, M. Lamberto Zannier, avec le Gouvernement serbe sur les six questions proposées par le Secrétaire général.  À l’instar de ce qui a été dit par MM. Jeremic et Hyseni, le Conseil de sécurité doit désormais se tourner vers l’avenir, en vue de faciliter la voie vers la création d’une région prospère.


M. DUMISANI KUMALO (Afrique du Sud) a déclaré qu’en ce qui concerne la MINUK, il était important que la reconfiguration préconisée par le Secrétaire général s’effectue de la manière la plus transparente possible, conformément à la résolution 1244 du Conseil de sécurité.  Le représentant s’est dit encouragé par l’engagement du Secrétaire général de parvenir à l’adaptation des modalités d’action de la MINUK, à la lumière des nouvelles réalités du Kosovo.  Il a également appelé au dialogue entre Belgrade et Pristina, en vue de réaliser la réconciliation au niveau régional et de parvenir à une stabilisation durable entre tous les acteurs.  


M. ALFREDO SUESCUM (Panama) s’est dit rassuré d’apprendre que le Secrétaire général avait demandé à son Représentant spécial de procéder à la reconfiguration de la MINUK afin d’adapter la Mission aux nouvelles réalités et de faire face aux nouveaux besoins opérationnels.  Or, un problème demeure, a-t-il constaté.  Le Conseil de sécurité n’a pas pu donner d’orientation, a-t-il fait remarquer.  Si le Conseil de sécurité reste en marge de l’évolution des faits, cela ne fera qu’écorner sa crédibilité, a-t-il souligné.  Si le Conseil de sécurité n’adopte pas un nouveau mandat, et si la résolution 1244 demeure en vigueur, alors l’initiative du Secrétaire général paraît prudente et raisonnable, a-t-il estimé.  Le représentant a également félicité la Serbie d’avoir arrêté Radovan Karadzic, ce qui, a-t-il précisé, constitue un pas en avant pour mettre fin à l’impunité des auteurs des violations les plus graves du droit international humanitaire et des droits de l’homme.


M. ATTIA OMAR MUBARAK (Jamahiriya arabe libyenne) a indiqué que la résolution 1244 continuait de fixer le cadre juridique de la présence de la MINUK.  Il a également souligné que les groupes régionaux avaient un rôle crucial à jouer dans le maintien de la paix et de la sécurité dans la région et, au-delà, en Europe.  Saluant l’appui de l’Union européenne aux opérations de l’ONU au Kosovo, M. Mubarak a ensuite exprimé sa préoccupation face aux tensions persistantes ayant troublé la stabilité du Kosovo au cours des trois derniers mois, en particulier dans le nord de la province.  Il a ainsi appelé toutes les parties à travailler en collaboration étroite avec la MINUK en vue de refermer les plaies du passé et de s’engager dans l’avenir avec un esprit d’harmonie et de tolérance.  Le représentant libyen a en outre estimé que la Mission reconfigurée devrait redoubler d’efforts pour garantir le retour des réfugiés dans leur foyer et protéger les sites culturels et religieux de tout acte de vandalisme.


M. BUI THE GIANG (Viet Nam) a fait sien le contenu du rapport du Secrétaire général qui indique que les récents événements du Kosovo ont créé une nouvelle réalité posant des défis significatifs à la capacité de la MINUK d’exercer l’autorité administrative que lui a confiée la résolution 1244 (1999) du Conseil de sécurité.  Il s’est dit inquiet de constater que la Constitution du Kosovo ne fasse aucune mention du rôle des Nations Unies et ne contienne aucune référence à la résolution 1244 qui reste le cadre juridique de la présence civile internationale au Kosovo tant que le Conseil de sécurité n’en décidera pas autrement.  Il a estimé qu’il y avait un besoin pressant pour une solution consensuelle en vue de préserver la paix et la sécurité au Kosovo, alors que la tension monte entre les communautés albanaise et serbe du Kosovo.  Le représentant a exhorté les parties à s’abstenir de toute déclaration ou action de nature à mettre en danger la paix et à menacer la sécurité en Serbie, y compris au Kosovo. Il les a invitées à reprendre des négociations sur une solution durable de la question du Kosovo dans l’intérêt de la paix, de la sécurité et de la stabilité des Balkans.  S’agissant du futur de la MINUK, le représentant a pris note du menu des propositions du Secrétaire général et de la nécessité d’ajuster sa mission d’administration aux dernières évolutions.  Néanmoins, il a dit que toute reconfiguration de la présence civile internationale nécessitera l’aval du Conseil de sécurité en accord avec la résolution 1244 et toutes les parties concernées.  Il a remercié le Représentant spécial du Secrétaire général, M. Lamberto Zannier, pour ses efforts visant à engager les parties à un dialogue sur les questions pratiques comme en témoignent ses récentes réunions à Belgrade avec le Ministre des affaires étrangères de la Serbie, M. Vuk Jeremic, et avec M. Goran Bogdanovic.


Reprenant la parole, M. SKENDER HYSENI, du Kosovo, a souhaité que le dialogue avec la Serbie soit entamé le plus tôt possible.  Pristina et Belgrade, a-t-il estimé, devront dialoguer comme deux États indépendants et souverains.  Il s’est félicité une nouvelle fois du rôle de facilitation et de médiation du Représentant spécial du Secrétaire général.  Il est dans l’intérêt de Pristina et de Belgrade de dialoguer, a-t-il insisté.  Nul besoin d’attendre de régler tous les différends, a ajouté M. Hyseni, notant, par exemple, que Pristina n’avait pas besoin de reconnaissance de la part de Belgrade pour discuter de questions concrètes, comme l’énergie, l’infrastructure routière.  Il a affirmé que le Kosovo était disposé à discuter avec la Serbie de questions liées aux griefs de la communauté serbe.  Les institutions et le Gouvernement du Kosovo continueront à tendre la main à la communauté serbe, a-t-il ajouté.  M. Hyseni a invité Belgrade à cesser d’appuyer les institutions illégales au nord du Kosovo.  Il a demandé aux autorités de Belgrade de coopérer avec Pristina pour assurer un avenir meilleur à chaque citoyen du Kosovo.  Le Gouvernement de la République du Kosovo fera, a-t-il déclaré, tout ce qui est en son pouvoir pour protéger les droits des minorités, surtout les droits de la minorité serbe, et pour honorer et respecter le patrimoine de la communauté serbe du Kosovo. 


Reprenant la parole, le Représentant spécial du Secrétaire général pour le Kosovo a porté à l’attention du Ministre serbe des affaires étrangères que le Département des opérations de maintien de la paix tiendrait une réunion d’information la semaine prochaine sur les allégations d’utilisation excessive de la violence par des membres de la MINUK contre des manifestants serbes.


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