CS/9297

DE GRAVES PROBLÈMES ÉCONOMIQUES, SÉCURITAIRES ET INSTITUTIONNELS FRAGILISENT LA PAIX AU LIBÉRIA, INDIQUE LA REPRÉSENTANTE SPÉCIALE DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL

14/04/08
Conseil de sécuritéCS/9297
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Conseil de sécurité

5864e séance – matin


DE GRAVES PROBLÈMES ÉCONOMIQUES, SÉCURITAIRES ET INSTITUTIONNELS FRAGILISENT LA PAIX AU LIBÉRIA, INDIQUE LA REPRÉSENTANTE SPÉCIALE DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL


Les gains du Libéria en matière de consolidation de la paix dépendront avant tout des progrès qui seront accomplis dans l’avenir dans les domaines de la sécurité et des réformes institutionnelles et économiques, a expliqué ce matin, devant le Conseil de sécurité, Mme Ellen Margrethe Løj, Représentante spéciale du Secrétaire général pour le Libéria et Coordonnatrice des opérations des Nations Unies dans ce pays.


Venue présenter le dernier rapport périodique de M. Ban Ki-moon sur les activités de la Mission des Nations Unies au Libéria (MINUL)*, Mme Ellen Margrethe Løj, Représentante spéciale du Secrétaire général et Coordonnatrice des opérations des Nations Unies au Libéria, a longuement évoqué les trois priorités nationales auxquelles travaille actuellement le Gouvernement, conjointement avec la MINUL et l’Équipe de pays des Nations Unies: la réforme du secteur de la sécurité, et en particulier de la Police nationale libérienne, la réforme des institutions de l’État et la mise en œuvre de la nouvelle stratégie de réduction de la pauvreté et de lutte contre le chômage.


Mme Løj, a déclaré aux membres du Conseil de sécurité que des progrès significatifs avaient été accomplis depuis septembre dernier au Libéria.  Elle a estimé que nulle part ailleurs qu’au Libéria les liens entre consolidation et maintien de la paix, et entre sécurité durable et développement, n’étaient plus manifestes.  Bien que la situation soit calme dans l’ensemble du pays, les conditions de sécurité y demeurent fragiles et des avancées sont nécessaires pour consolider les gains acquis, a estimé la Représentante.  Les défis liés à la sécurité, à l’état de droit, à la gouvernance et au développement économique, sont fortement interdépendants, a-t-elle relevé.  Mme Løj a attiré tout particulièrement l’attention sur trois domaines prioritaires: la réforme du secteur de la sécurité, notamment la réforme de la Police nationale libérienne, la réforme des institutions de l’État, la mise en œuvre de la nouvelle stratégie de réduction de la pauvreté et la lutte contre le chômage.


En matière de sécurité, la situation est restée stable le long des frontières avec les trois pays limitrophes du Libéria au cours de la période à l’examen.  La surveillance opérée par la Mission des Nations Unies dans le pays reste cependant étroite, en raison des conséquences que pourraient avoir des incidents de part et d’autre, ainsi que des risques qui existent que la sous-région devienne une zone de transit pour le trafic de stupéfiants.  Mme Løj n’a pas manqué de souligner aussi les problèmes posés par les troubles publics suscités par la flambée des prix du riz et du carburant.  À l’intérieur du pays, les conditions de sécurité restent précaires et des incidents violents se produisent parfois dans les plantations d’hévéa et dans les sites de prospections minières.  Le taux de criminalité lié essentiellement aux vols à main armée et aux violences sexuelles reste élevé, et dans le cas des viols, la plupart des victimes sont des jeunes filles, souvent presque des enfants, a déploré la Représentante spéciale.  La multiplication d’attaques dirigées contre la police ou des suspects détenus par elle témoigne aussi du manque de confiance de la population civile dans les institutions judiciaires du pays.  La MINUL elle-même a récemment été la cible d’une attaque, au cours de laquelle trois membres de son personnel ont été blessés et des véhicules incendiés.


Ces incidents soulignent la nécessité pour le Gouvernement du Libéria de finaliser la stratégie de sécurité nationale et les réformes des institutions concernées.  Les efforts en cours se poursuivent à un rythme plus lent que prévu, ce qui pourrait compromettre l’opérationnalisation de l’armée libérienne avant la fin 2009, a prévenu la Coordonnatrice, et avoir de ce fait un impact sur le calendrier du retrait de la MINUL.  La réforme de la Police nationale du Libéria constitue un défi encore plus important à relever à ce stade, a-t-elle précisé.  Cette Police doit d’abord gagner la confiance de la population, a souligné Mme Løj.  Au 30 juin 2007, une formation avait été dispensée à près de 3 500 agents de police par la MINUL, a rappelé Mme Løj, mais il faut désormais améliorer le professionnalisme de ces agents et renforcer leur structure d’encadrement, ainsi que fournir les équipements et les ressources nécessaires pour permettre à la police de s’acquitter efficacement de son mandat.  Elle s’est cependant félicitée du développement du Groupe des interventions d’urgence, dont la première classe de 90 officiers a commencé à recevoir sa formation.


En matière d’État de droit, en dépit des efforts du Gouvernement du Libéria, les faiblesses du système judiciaire continuent de poser de sérieux défis dans tout le pays.  Le système judiciaire demeure entravé par le manque d’infrastructures, le nombre insuffisant d’agents judiciaires et de spécialistes juridiques qualifiés, une capacité insuffisante pour traiter les affaires, une gestion défectueuse des dossiers, l’insuffisance de la formation dispensée au personnel judiciaire, le faible niveau des salaires et aussi la corruption.  Cette situation exige une attention urgente, non seulement pour améliorer l’administration de la justice, mais aussi pour changer la perception qu’en a la population, qui de plus en plus s’est habituée à avoir recours à des solutions extrajudiciaires.


La fréquence des violences sexuelles à l’encontre des femmes et des filles au Libéria est tout simplement inacceptable, a ensuite dit la Représentante spéciale.  Elle s’est cependant déclarée satisfaire de pouvoir annoncer qu’avec le soutien de la MINUL et de l’Équipe de pays des Nations Unies, le Gouvernement libérien étaient en train de finaliser la politique nationale contre les violences sexuelles et d’entamer des poursuites contre leurs auteurs.  Là encore, au-delà des réformes judiciaires, il est indispensable de faire évoluer les mentalités des Libériens pour qu’ils comprennent que ces crimes, souvent commis contre des enfants, doivent cesser.  Mme Løj s’est ensuite félicitée des progrès notables accomplis par la « Commission vérité et réconciliation », qui a commencé à tenir des auditions publiques à l’échelle nationale, à Monrovia, le 8 janvier.  Si un certain nombre de témoins, y compris des victimes et des auteurs de violations, sont venus à la barre, il est en revanche décevant qu’aucun des acteurs principaux ne soit encore présenté durant les audiences pour expliquer leurs agissements pendant le conflit qui a déchiré le pays, a indiqué Mme Løj.  Elle a réitéré les appels lancés par le Secrétaire général au peuple libérien pour qu’il participe à ces auditions, ainsi que ceux adressés à la communauté internationale pour qu’elle fournisse des fonds à la Commission.


La Représentante spéciale a ensuite abordé la question de la nouvelle Stratégie nationale de lutte contre la pauvreté, qui vient d’être finalisée.  Elle soulève déjà cependant des préoccupations parmi les citoyens, qui veulent désormais en percevoir les fruits.  La mise en œuvre de cette Stratégie ne sera pas simple, étant donné les capacités nationales limitées dont dispose le Gouvernement pour y parvenir.  Une croissance économique digne de ce nom est indispensable de toute urgence pour réduire le taux de chômage élevé, qui pose aussi un réel problème de sécurité, a estimé Mme Løj.  Le soutien des partenaires internationaux est tout particulièrement important à cet égard, a-t-elle souligné, avant d’ajouter que le Forum prévu en juin prochain à Berlin constituerait une étape déterminante.


De son côté, la Mission et l’Équipe de pays des Nations Unies ont redoublé d’efforts pour prévenir et sanctionner l’exploitation et les abus sexuels, efforts qui se sont traduits par une baisse significative des incidents de ce type parmi le personnel de l’ONU déployé dans le pays, a indiqué Mme Løj.  S’agissant du retrait progressif de la MINUL, il se déroule dans les délais prévus, a expliqué la Représentante spéciale, qui a précisé que le personnel militaire de la Mission continuait de surveiller étroitement la situation le long des frontières.


Mme Løj a conclu en affirmant que le Libéria était un pays plein d’espoirs, même si la paix y est encore fragile.  Sa sécurité continue de dépendre de la présence des personnels militaires et policiers de la MINUL et de l’Équipe de pays de l’ONU, a-t-elle déclaré.


* S/2008/183

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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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