CS/9271

CONSEIL DE SÉCURITÉ: LA MINUAD NE PEUT SE SUBSTITUER À UN ENGAGEMENT POLITIQUE POUR UNE SOLUTION AU DARFOUR, ESTIME LE SOUS-SECRÉTAIRE GÉNÉRAL AU MAINTIEN DE LA PAIX

11 mars 2008
Conseil de sécuritéCS/9271
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Conseil de sécurité

5849e séance – matin


CONSEIL DE SÉCURITÉ: LA MINUAD NE PEUT SE SUBSTITUER À UN ENGAGEMENT POLITIQUE POUR UNE SOLUTION AU DARFOUR, ESTIME LE SOUS-SECRÉTAIRE GÉNÉRAL AU MAINTIEN DE LA PAIX


Le Sous-Secrétaire général aux opérations de maintien de la paix, Edmond Mulet, a dressé, ce matin devant le Conseil de sécurité, un tableau complet et actualisé de la situation sécuritaire, humanitaire et politique au Darfour, estimant, en particulier, que l’Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour (MINUAD) ne saurait se substituer à un engagement politique pour régler la crise.


La MINUAD ne constitue qu’un élément d’une stratégie internationale, a-t-il assuré, précisant que la Mission, chargée notamment de la protection des civils, ne sera pas un instrument visant à régler les causes du conflit.  La vitalité du processus politique est essentielle pour obtenir des progrès véritables et durables, a-t-il ajouté.


M. Mulet a fait le point sur la situation humanitaire et en matière de sécurité au Darfour, et a en particulier évoqué la dernière éruption de violence dans l’ouest du Darfour et ses conséquences sur les populations civiles.  Il a prévenu, par ailleurs, que les tensions entre le Tchad et le Soudan, ainsi que les combats que se livrent les forces rebelles peuvent favoriser une expansion régionale de la crise et faire dérailler les efforts de paix des deux côtés de la frontière.  La normalisation des relations entre les deux pays est donc essentielle, a-t-il dit, en soulignant l’importance du sommet entre les Présidents Bashir et Déby que le Président Wade a convoqué pour demain à Dakar. 


Le Sous-Secrétaire général aux opérations de maintien de la paix a aussi indiqué qu’après les opérations que le Gouvernement soudanais a menées dans l’ouest du Darfour, le 5 mars, le Secrétaire général, M. Ban Ki-moon, s’est entretenu avec le Ministre soudanais des affaires étrangères et lui a dit combien les souffrances infligées aux populations civiles étaient inacceptables.  Le Secrétaire général a aussi souligné que de telles opérations ne peuvent que compromettre les négociations politiques et la faculté de la MINUAD à remplir son mandat. 


De son côté, l’Envoyé spécial du Secrétaire général a parlé à la direction du Mouvement pour la justice et l’égalité (JEM) et de l’Armée de libération du Soudan (SLA-Abdul Wahid), a indiqué Edmond Mulet.  Le JEM a indiqué qu’il n’arrêtera pas les combats tant que le cessez-le-feu ne fera pas partie des discussions sur les arrangements en matière de sécurité.  S’inquiétant de cette position, le Sous-Secrétaire général a averti que la MINUAD ne pourra pas remplir sa mission tant qu’une masse critique de nouvelles troupes bien entraînées et bien équipées ne sera pas déployée. 


Le Commandant de la Force de la Mission a multiplié les contacts avec les parties pour permettre à la Mission de mieux évaluer les mouvements, les intentions et les capacités des parties, et les persuader du caractère impartial de la Mission.  Elle continue de travailler avec le Gouvernement, le JEM et le SLA-AW pour protéger les civils, a ajouté M. Mulet. 


Les combats au Darfour indiquent clairement que les négociations politiques ne sont pas la priorité du Gouvernement et des mouvements rebelles, et la Mission seule ne saura rétablir la sécurité, a estimé le Sous-Secrétaire général.  La Mission, a-t-il dit, déploie néanmoins tous les efforts possibles pour pouvoir mettre en œuvre les résolutions du Conseil de sécurité et améliorer la situation.  Mais il est important de reconnaître qu’elle est loin d’assurer une présence significative sur le terrain parce qu’elle reste confrontée à l’insécurité, au manque de coopération de la part du Gouvernement, aux obstacles logistiques et au manque d’effectifs.


Au 10 mars, la Mission comptait 9,178 hommes en uniformes; une unité formée de police, et 1 312 personnels civils, a indiqué le Sous-Secrétaire général aux membres du Conseil.  La plupart des militaires et du personnel de police est issue de la MUAS, a-t-il précisé.  L’équipe de techniciens chinois s’est installée à Nyala, où elle développe les infrastructures de la Mission.  Le déploiement à Nyala des 175 soldats prévus s’achèvera à la fin du mois d’avril, a indiqué le Sous-Secrétaire général, en ajoutant qu’une unité de police formée en provenance du Bangladesh est déjà à Nyala.  Dans les semaines à venir, on prévoit le déploiement de plusieurs unités et de compagnies d’infanterie, ainsi que le lancement des mouvements de rotation entre les troupes actuelles. 


Le temps de déploiement des différents bataillons dépendra, a indiqué M. Mulet, des efforts des pays donateurs visant à appuyer les États fournisseurs de contingents en leur octroyant équipements, formation et capacités d’autonomie.  Il a ainsi remercié les États-Unis et le Canada pour l’initiative qu’ils ont lancée en vue d’établir un groupe des « Amis de la MINUAD », lequel travaillera avec les pays contributeurs de troupes pour accélérer le déploiement de celles-ci.  La priorité est d’augmenter les capacités existantes des ex-troupes de la MUAS, ainsi que leurs rotations, qui doivent s’effectuer au cours des trois à quatre prochains mois, a expliqué M. Mulet.  Il est essentiel que ces contingents disposent des moyens nécessaires pour mener à bien leurs opérations, a-t-il affirmé.  Sans leur autonomie, les forces qui arriveront seront une charge pour la Mission et deviendront une partie du problème, et non pas la solution, a-t-il souligné, reprenant les propos du Commandant de la Force, le Général Luther Agwaï.


Le Sous-Secrétaire général aux opérations de maintien de la paix a par ailleurs mis l’accent sur le problème concernant le manque d’hélicoptères tactiques légers, d’avions de reconnaissance et des unités logistiques et de transport dont la mission conjointe a besoin.  L’absence d’une résolution à cette question rend extrêmement difficile le déploiement de la MINUAD, a dit M. Mulet.  Il a ainsi, une nouvelle fois, exhorté le Conseil de sécurité à soutenir les efforts déployés en vue de trouver dès que possible ces moyens indispensables.  M. Mulet a estimé que la capacité de la MINUAD à absorber de nouvelles unités était liée à ses moyens logistiques limités.  Au bout du compte, elle dépendra du niveau d’autonomie dont disposeront les unités qui seront mises à la disposition de la Mission dans l’avenir, a-t-il insisté.


Selon le Sous-Secrétaire général aux opérations de maintien de la paix, le Conseil de sécurité, en autorisant le déploiement de la MINUAD, a engagé des ressources importantes dans le cadre des efforts qu’il déploie pour contribuer à une solution à la crise du Darfour.  Cet investissement est menacé en raison d’un certain nombre de défis bien connus, a-t-il prévenu, citant en particulier la situation humanitaire et la détermination de quelques parties à poursuivre la réalisation de leurs objectifs par des moyens militaires, avec des conséquences qui sont extrêmement dévastatrices pour la population civile.


Sur le front politique, M. Mulet a fait état d’une situation « qui n’est guère encourageante ».  Il a également indiqué que Jan Eliasson et son homologue de l’Union africaine, Salim Salim, allaient tenir des consultations officieuses avec des partenaires régionaux et internationaux à Genève, les 17 et 18 mars.  Le Sous-Secrétaire général a souligné la nécessité d’une mobilisation internationale urgente et d’une action concrète afin, a-t-il dit, d’encourager les parties à déposer leurs armes et à s’engager sur la voie de la paix.


Le Conseil était également saisi ce matin d’un rapport du Secrétaire général sur le déploiement de la MINUAD*, en date du 14 février 2008.


* Rapport publié sous la cote S/2008/98


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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