AG/10795

L’ASSEMBLÉE ADOPTE UN TEXTE COMMÉMORATIF DE LA DÉCLARATION DES DROITS DE L’HOMME ET OUVRE À LA SIGNATURE LE PROTOCOLE FACULTATIF AU PACTE SUR LES DROITS ÉCONOMIQUES

10/12/2008
Assemblée généraleAG/10795
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Assemblée générale

Soixante-troisième session

65e et 66e séances- matin et après-midi   


L’ASSEMBLÉE ADOPTE UN TEXTE COMMÉMORATIF DE LA DÉCLARATION DES DROITS DE L’HOMME ET OUVRE À LA SIGNATURE LE PROTOCOLE FACULTATIF AU PACTE SUR LES DROITS ÉCONOMIQUES


Elle décerne à titre posthume à Benazir Bhutto le Prix des Nations Unies pour la cause des droits de l’homme


L’Assemblée générale a marqué aujourd’hui le soixantième anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme, en adoptant par acclamation une déclaration dans laquelle elle réaffirme sa volonté d’assurer la pleine réalisation des droits de l’homme pour chacun.


Elle a également décerné le Prix des Nations Unies pour la cause des droits de l’homme à plusieurs personnes et organisations qui se sont distinguées pour leur engagement dans ce domaine et adopté, sur recommandations de la Troisième Commission, une résolution dans laquelle elle souhaite que le protocole facultatif se rapportant au Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels soit ouvert à la signature en 2009.


Dans sa « Déclaration concernant le soixantième anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme »*, l’Assemblée générale déplore notamment le fait que les droits de l’homme et les libertés fondamentales ne sont encore « ni pleinement, ni universellement respectés » partout dans le monde.


Elle engage ainsi au renforcement de la coopération internationale et du dialogue dans le but de promouvoir et de protéger tous les droits de l’homme et affirme également sa détermination à œuvrer pour atteindre les objectifs du développement, convaincue du fait que leur pleine réalisation jouera un rôle déterminant dans la jouissance des droits de l’homme.


Outre ces adoptions, cette journée commémorative a été marquée par les interventions du Secrétaire général de l’ONU et du Président de l’Assemblée générale qui a proposé que ce troisième millénaire soit proclamé « Siècle des droits de l’homme ».  Le Président du Conseil des droits de l’homme et la Haut-Commissaire aux droits de l’homme sont également intervenus de même que 15 autres délégations. 


Le soixante anniversaire de la Déclaration universelle a également été l’occasion de décerner le Prix des Nations Unies pour la cause des droits de l'homme à un certain nombre de personnalités et organisations, à savoir Mme Louise Arbour, ancienne Haut-Commissaire aux droits de l’homme; M. Ramsey Clark, ancien Procureur général des États-Unis; Carolyn Gomes, Directrice exécutive de l’organisation « Jamaicans for Justice »; Denis Mukwege, cofondateur de l’hôpital général de Panzi, en République démocratique du Congo (RDC); ainsi qu’à l’organisation de défense des droits de l’homme « Human Rights Watch ». 


Ce prix a également été décerné à titre posthume à Mme Benazir Bhutto, ancienne Premier Ministre du Pakistan qui a été assassinée en décembre 2007, ainsi qu’à sœur Dorothy Stang de l’Ordre des Sœurs de Notre-Dame de Namur.


Cette journée de célébration avait débuté avec la tenue, ce matin, de deux tables rondes, l’une s’articulant autour du thème « Soixante ans après l’adoption de la Déclaration universelle des droits de l’homme: enseignements tirés de l’expérience », et l’autre sur « L’application intégrale de la Déclaration universelle des droits de l’homme: défis pour demain et moyens d’aller de l’avant ».


Au cours de ces évènements, Mme Mary Robinson, ancienne Présidente d’Irlande et ancienne Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme a notamment suggéré la création d’une cour internationale des droits de l’homme, tandis que Mme Maude Barlow, Conseillère principale sur l’eau auprès du Président de l’Assemblée générale a recommandé la création d’un pacte des Nations Unies pour garantir la répartition équitable de l’eau.


L’Assemblée générale poursuivra ses travaux demain, jeudi 11 décembre, à 10 heures.


* A/63/L.54


COMMÉMORATION DU SOIXANTIÈME ANNIVERSAIRE DE LA DÉCLARATION UNIVERSELLE DES DROITS DE L’HOMME


Table ronde I sur le t hème « Soixante ans après l’adoption de la Déclaration universelle des droits de l’homme: enseignements tirés de l’expérience »


Déclarations


À l’ouverture de cette table ronde, animée par Julia Dolly Joiner de la Gambie et à laquelle ont participé Carolyn Gomes de la Jamaïque et Mary Robinson de l’Irlande, le Président de la soixante-troisième session de l’Assemblée générale, MIGUEL D’ESCOTO BROCKMANN, a voulu que ce débat ne soit pas uniquement un espace de réflexion mais bien l’occasion de définir des plans d’action et des résolutions.  « Je souhaite encourager un dialogue entre toutes les parties prenantes », a-t-il expliqué.


Le Président a en effet fait remarquer que les droits de l’homme relèvent, certes, de la responsabilité des États mais également des individus, des entreprises, des banques, des institutions privées et publiques et des communautés.


La Déclaration universelle des droits de l’homme a lancé une « vision extraordinaire », a souligné la première panéliste, CAROLYN GOMES, avocate jamaïcaine spécialiste des droits de l’homme.  Soixante ans plus tard, cette vision demeure aussi fraîche que le jour de sa naissance, a-t-elle estimé, se félicitant tout particulièrement de la capacité de la Déclaration d’inspirer de nouvelles générations.


Mme Gomes a toutefois déploré un « certain malentendu » sur ces droits, qui se traduit par une différenciation, voire une hiérarchisation, entre eux.  Notre rêve doit être la réalisation de chacun de ces droits, a-t-elle rappelé, avant de relever également l’importance de veiller à mieux transmettre et communiquer cet idéal des droits de l’homme.


S’ils jetaient un regard sur ces 60 dernières années, les rédacteurs de la Déclaration universelle seraient frappés par l’ampleur de la diffusion de ces droits, a tempéré MARY ROBINSON, ancienne Présidente d’Irlande et ancienne Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme.  Les rédacteurs seraient également frappés par le manque de progrès imputable aux gouvernements et à la communauté internationale, a-t-elle fait remarquer, faisant notamment allusion au fossé énorme qui persiste entre riches et pauvres mais également à l’absence de mécanismes capables de mettre un terme aux conflits qui déchirent les nations.


L’ancienne Haut-Commissaire a estimé qu’il y a 10 ans, les droits de l’homme se trouvaient dans une meilleure posture qu’aujourd’hui.  Elle a déploré qu’à la suite des attaques du 11 septembre 2001, de nombreux gouvernements aient pris des mesures contre le terrorisme qui sapent ces droits.


En tant que membre d’un panel établi par la Commission internationale des juristes et chargé d’évaluer l’impact des mesures de lutte contre le terrorisme sur les droits de l’homme, elle a pu observer une « érosion alarmante » de ces droits et du respect de l’état de droit.  Mme Robinson a également déploré les lacunes dans la promotion des droits des femmes et a regretté que cet aspect ne soit pas suffisamment mis en exergue dans les processus multilatéraux.


Notant tout de même quelques progrès, durant ces dernières années, l’ancienne Présidente d’Irlande s’est notamment félicitée du lien qui s’est construit entre le monde des affaires et les droits de l’homme.  Elle s’est réjouie de la récente création, à l’initiative du Gouvernement suisse, d’un panel d’experts chargé de mettre au point un plan d’action pour la prochaine décennie.  Elle a espéré que les gouvernements coopéreront avec ce panel dont elle fait partie.


Elle a également enjoint ces gouvernements à réfléchir à l’éventuelle création d’une cour internationale des droits de l’homme.  Pour les années à venir, Mme Robinson a souhaité que chaque individu et organe de la société se souvienne qu’il a une responsabilité à l’égard des droits de l’homme.


Il faut en effet promouvoir une véritable culture des droits de l’homme, ont lancé les nombreux autres participants à la table ronde.  Parmi eux, le représentant de l’Italie a, à titre d’exemple, fait remarquer qu’on ne peut lutter contre la discrimination raciale et l’intolérance religieuse sans changer « les cœurs et les esprits ».  L’éducation aux droits de l’homme doit devenir prioritaire, a renchéri la représentante de la Slovénie, arguant qu’une telle initiative encouragera les individus à défendre leurs droits et ceux d’autrui.


L’éducation en matière de droits de l’homme est primordiale, a reconnu Carolyn Gomes, à l’issue de la discussion.  Elle a précisé que c’est la compréhension de ces droits qui permet de susciter le changement.


Au registre des avancées enregistrées depuis 60 ans, de nombreux intervenants se sont réjouis des structures et mécanismes mis en place par les Nations Unies.  Le représentant du Maroc s’est tout particulièrement félicité de la création du Conseil des droits de l’homme et des Tribunaux spéciaux pour le Rwanda et l’ex-Yougoslavie, autant de progrès dans la promotion et la mise en œuvre des droits de l’homme.


Les personnes qui ont commis des violations des droits de l’homme sont aujourd’hui mieux sanctionnées qu’il y a 60 ans, s’est réjoui le représentant de l’organisation non gouvernementale (ONG) Human Rights Watch, rendant notamment hommage à la création de la Cour pénale internationale (CPI).


Les personnes coupables de violations des droits de l’homme ne doivent pouvoir bénéficier d’aucune impunité, a insisté le Ministre des affaires étrangères de la Bosnie-Herzégovine, faisant valoir que poursuivre ces personnes en justice constitue le fondement de la réconciliation et le renforcement de la paix et des droits de l’homme dans le monde.


L’appel lancé par Mme Robinson en faveur des droits des femmes a été relayé par plusieurs participants de la table ronde et notamment par le représentant de la Belgique qui s’est tout particulièrement inquiété des « proportions dramatiques » de la violence sexuelle à l’égard des femmes dans les conflits armés.  Qualifiant ce problème d’« inacceptable », il a fait remarquer que la communauté internationale ne peut plus se limiter à constater et à déplorer.  Face à ce constat, le représentant de l’Irlande s’est réjoui que l’Assemblée générale ait convenu, en septembre dernier, par consensus, de prendre des mesures de fond pendant cette session pour mettre en œuvre les engagements pris en matière de parité et d’autonomisation des femmes.


Des intervenants se sont également fait écho de la préoccupation de l’ancienne Haut-Commissaire face aux débordements de la lutte contre le terrorisme.  Cette lutte est devenue une excuse pour des positions antidémocratiques et des violations claires des droits de l’homme, a déploré le représentant du Venezuela.  Celui de Human Rights Watch a également reconnu que ce problème est une source de grande préoccupation pour son organisation.  Mme Robinson a souhaité que l’Assemblée générale s’attaque à cette question.


La délégation néo-zélandaise ayant demandé quelques éclaircissements sur la création d’une éventuelle cour internationale des droits de l’homme, l’ancienne Haut-Commissaire a expliqué qu’il s’agit pour l’instant d’un élément figurant dans l’agenda lancé par le Gouvernement suisse et le panel d’experts pour la décennie à venir.  Elle a souligné qu’il faudra travailler davantage sur cette proposition qui, a-t-elle précisé, avait déjà été lancée en 1947 par l’Australie.  S’il y a des droits, il devrait y avoir des possibilités d’indemnisation et de réparation, a-t-elle fait valoir.  De même, si un tribunal constate une violation, il devrait pouvoir agir, a-t-elle ajouté.


À l’issue de la table ronde, Mme JULIA DOLLY JOINER de la Gambie, Commissaire aux affaires politiques de l’Union africaine et modératrice des débats, a rappelé que les conventions, traités et autres instruments des Nations Unies n’ont de sens que si tout le monde peut en bénéficier.  Il est illusoire de penser que ce sera possible sans l’engagement des gouvernements, a-t-elle fait remarquer, avant de lancer un appel à la mobilisation de tous les efforts pour surmonter les grands défis dans la promotion et la protection des droits de l’homme.


Table ronde II sur le t hème «  L’application intégrale de la Déclaration universelle des droits de l’homme: défis pour demain et moyens d’aller de l’avant »


Déclarations


Quelle est la voie à suivre pour assurer, à l’avenir, une pleine mise en œuvre de la Déclaration universelle des droits de l’homme?  C’est la question qu’a posée ce matin une table ronde sur les défis et moyens pour aller de l’avant. 


Animée par Eduardo Gonzalez du Pérou, sociologue et expert de la justice transitionnelle, avec la participation de Maude Barlow du Canada, de Lauri Mälksoo de l’Estonie, de Ghassan Salamé du Liban et de Denis Mukwege de la République démocratique du Congo (RDC), la discussion a souligné la centralité de la Déclaration universelle en tant que norme des droits de l’homme, tout en notant que ce texte devait rester en constante évolution.  Les participants ont insisté sur la nécessité de traduire en actes concrets, une fois pour toute, les aspirations et objectifs de la Déclaration. 


Mme MAUDE BARLOW, Conseillère principale du Président de l’Assemblée pour les questions de l’eau, a exhorté les États à étendre les droits de l’homme établis dans la Déclaration de 1949, au droit à l’eau.  Elle a rappelé que la crise mondiale de l’eau était une des plus importantes menaces écologiques et humaines.  Elle a souligné que l’eau était un bien public mondial, un « héritage commun des populations et de la nature ». 


La Conseillère spéciale a mis en avant l’émergence d’un mouvement mondial de justice dans ce domaine qui a déjà eu un profond impact sur les politiques liées à l’eau.  Elle a plaidé pour un mécanisme juridiquement contraignant pour que tous les États soient obligés de fournir de l’eau à leurs citoyens.  Mme Barlow a ainsi suggéré la création d’un pacte des Nations Unies qui servirait de cadre pour la répartition équitable de l’eau, dont les règles seraient applicables à toutes les nations. 


Elle a affirmé qu’un tel pacte permettrait aux citoyens de « demander des comptes » à leur gouvernement, et rendrait les infractions plus visibles.  Pour parvenir à un tel texte, la panéliste a expliqué qu’il faudrait rassurer les pays pauvres, en rendant « progressive » leur obligation de fournir de l’eau à leurs citoyens.  Ce traité, a-t-elle précisé, ne signifierait pas non plus que les pays pauvres seraient obligés de partager leurs ressources nationales avec d’autres États.  Elle a enfin insisté sur l’importance d’impliquer les groupes de la société civile afin de faire de l’accès à l’eau un droit humain.


Après les questions de l’eau, l’impact de la Déclaration universelle sur le processus de démocratisation en l’Europe de l’Est a été abordé par M. LAURI MÄLKSOO, Conseiller auprès du Bureau de l’Ombudsman de l’Estonie.  Il a noté qu’en Europe de l’Est, comme ailleurs, il avait fallu lutter pour le respect et la mise en œuvre de ces droits pour qu’ils constituent une véritable norme.  Soulignant le rôle positif des institutions européennes de droits de l’homme en la matière, il a indiqué qu’il existait dans cette région tout un réseau d’instruments très perfectionnés, héritiers de « l’esprit » de la Déclaration, qui permettaient d’assurer l’application des normes internationales. 


Quant à la voie à suivre, M. Mälksoo a affirmé que la Déclaration universelle « continuerait d’être un document vivant », donc en constante évolution.  Il ne répond pas, par exemple, aux problèmes « inédits » que les nouvelles technologies poseront à la notion fondamentale des droits de l’homme.  Mais sa force est d’être un instrument normatif commun qui permettra à l’humanité de répondre à ces questions et à ces défis, a-t-il estimé. 


Sur un plan plus conceptuel, GHASSAN SALAMÉ, professeur de relations internationales à l’Institut d’études des politiques publiques de Paris, a, par exemple, noté qu’au cours des années, la norme des droits humains avait été défiée par ceux qui y voyaient une approche individualiste ou encore laïque.  Un concept transformé en Déclaration universelle puis en norme et enfin en un mouvement mondial de la société civile ne peut être tout à fait marginal, a-t-il souligné.  Tous ceux qui pensaient que cette norme allait disparaître se sont trompés, a-t-il dit, parce qu’une de ses caractéristiques principales est son utilité fondamentale pour tous, même pour « ceux qui y sont opposés aujourd’hui et qui pourrait en avoir besoin demain ».  La norme des droits de l’homme permet d’y adhérer sans revenir sur ses propres convictions, a-t-il souligné. 


Mais, a-t-il tempéré, il faut rester ouvert à de nouvelles interprétations de la norme; la Déclaration universelle étant « une entreprise et non un fait accompli ».  M. Salamé a souligné les capacités d’adaptation de cette norme « qui sait tirer les leçons des erreurs précédentes ».  Le « principe d’égalité doit en être le socle », a-t-il jugé important.


Lauréat d’un des Prix des Nations Unies dans le domaine des droits de l’homme, DENIS MUKWEGE, a souhaité parler « au nom des femmes et des enfants dont le corps a été transformé en champ de bataille par les bandes armées qui ont perdu tout sens de l’humanité ».  Il a affirmé que violer une femme ou un enfant devant sa communauté, c’était détruire toute une structure sociologique et marquer, à vie, l’histoire d’une personne et d’une famille. 


Notant « l’aspect terroriste de ces actes barbares », il a estimé que la violence sexuelle dans la région des Grands Lacs était plus une stratégie de guerre qu’une simple arme de guerre.  Il a souligné qu’après un séjour forcé auprès de leurs bourreaux, les femmes revenaient soit enceintes soit infectées par le VIH et souffraient d’un rejet social, en plus de leur douleur. 


Une société se mesure à la place qu’elle accorde à la femme, a-t-il dit, en appelant la communauté internationale à protéger les femmes où qu’elles soient.  M. Mukwege a aussi attiré l’attention sur le sort des enfants témoins des violences subies par leur mère et des enfants nés de la violence sexuelle.  Arguant que la région des Grands Lacs était un « concentré de tous les malheurs », il a indiqué que les femmes attendaient que la communauté internationale mette en action tous les instruments juridiques existants pour les assister, dont la Déclaration universelle et la résolution 1325 du Conseil de sécurité. 


Enfin, il a constaté que la guerre dans les Grands Lacs avait fait plus de 5 millions de morts, et que 500 000 femmes avaient été violées.  Devant une telle tragédie, se taire revient à être complice de violations graves des droits humains, a-t-il conclu.


Dans la discussion qui a suivi, de nombreux intervenants ont souligné la nécessité d’accorder une place accrue aux droits culturels, sociaux et économiques.  Ces droits doivent avoir le même traitement que les droits civiques et politiques, ont par exemple soutenu les représentants de la Tunisie et de l’Égypte.  Le droit au développement devrait être universel et inaliénable, a insisté leur homologue de Cuba


De même, la représentante d’Amnesty International a demandé aux gouvernements de considérer les Objectifs du Millénaire du développement (OMD) comme des défis des droits de l’homme.  Le représentant des Maldives a, en outre, insisté sur la relation entre les droits de l’homme et les changements climatiques, se félicitant de ce que le Conseil des droits de l’homme ait reconnu ce lien. 


Parmi les suggestions pour assurer la pleine application de la Déclaration universelle, certains intervenants, comme les représentants de la Roumanie et du Maroc, ont souligné l’importance de la coopération internationale. 


Après la présentation de Denis Mukwege, la représentante du Canada s’est dite préoccupée par l’utilisation de la violence sexuelle en tant que « tactique » dans les situations de conflit.  Elle a argué que la communauté internationale devait aller au-delà de la simple condamnation de cette violence, et a appelé toutes les parties à appliquer pleinement les résolutions 1325 et 1820 du Conseil de sécurité. 


Y’a-t-il une différence sur le terrain depuis l’adoption de la résolution 1820, s’est inquiété le représentant des États-Unis, dont la question est restée sans réponse, faute de temps.  Le représentant de la RDC a tenu à réaffirmer que le conflit dans son pays est « purement économique » et « entretenu par certaines multinationales ». 


Clôturant cet échange de vues, le Président de l’Assemblée générale, Miguel d’Escoto Brockmann, a proposé que le XXIe siècle soit déclaré « Siècle des droits de l’homme », en souhaitant que ces droits guident l’édification d’un nouvel ordre économique mondial et d’une société plus inclusive, plus juste et plus équitable.


PROMOTION ET PROTECTION DES DROITS DE L’HOMME: PROJET DE RÉSOLUTION (A/63/L.54)


Déclarations


M. MIGUEL D’ESCOTO BROCKMANN, Président de la soixante-troisième session de l’Assemblée générale, a rappelé que la Déclaration universelle des droits de l’homme nous enseigne que les valeurs qui devraient gouverner le nouvel ordre socioéconomique sont la justice, la solidarité, l’égalité et la reconnaissance de notre appartenance commune à la famille humaine.  Aujourd’hui, nous réaffirmons que les droits de l’homme ne sont pas le droit d’aînesse d’un groupe particulier mais le bien de tous.  M. d’Escoto a exhorté les États Membres à accepter le fait que les droits de l’homme sont progressifs, évoluent et forment « une force vivante, dialectique et de transformation » pour nous unir face aux défis qui se posent à nos sociétés contemporaines. 


Les droits de l’homme sont le mot d’ordre du XXIe siècle, a-t-il plaidé, avant d’affirmer que nous devions redresser les torts historiques que nous avons causés à tous ceux qui ont souffert de violations dans le monde.  Un milliard de personnes vivent avec moins d’un dollar par jour, 2,8 milliards avec moins de deux dollars, 923 millions de personnes souffrent de la famine, des dizaines de milliers d’enfants sont victimes de la traite des êtres humains, a énuméré M. d’Escoto.


La Déclaration universelle des droits de l’homme, source du droit international, devrait nous guider dans le processus d’adaptation et de démocratisation des Nations Unies, a poursuivi le Président.  Toutes les dictatures doivent prendre fin, y compris celle qui existe dans cette maison, a-t-il lancé.  Le pouvoir ne devrait pas être concentré dans les mains de quelques-uns mais partagé par tous.  Aussi, continuons à renforcer le groupe de 192 États Membres qui forment cette Assemblée générale, a-t-il exhorté.  Au-delà des pactes, des protocoles, des accords, des plans, des programmes et des institutions que nous avons adoptés depuis 60 ans, nous devons redoubler d’efforts pour assurer le suivi, la surveillance et l’application des mécanismes de droits de l’homme afin de transformer des formules juridiques en réalités quotidiennes pour nos peuples. 


Nous devons, a encore dit le Président, travailler à la mise en œuvre des traités et des résolutions pertinents.  Il a rappelé que cette responsabilité incombe d’abord aux États Membres mais aussi à tous les individus et à toutes les institutions publiques, civiles et privées.  Il a ajouté qu’il fallait continuer d’œuvrer à la reconnaissance de nouveaux droits tels que le droit à l’eau et le droit au développement durable, ou encore la souveraineté et le multiculturalisme des peuples autochtones, en particulier ceux d’ascendance africaine.  Dans l’intérêt de la reconnaissance des nouveaux droits, nous allons adopter aujourd’hui le protocole facultatif au Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels, a annoncé le Président de l’Assemblée générale.


S’exprimant par vidéoconférence, M. BAN KI-MOON, Secrétaire général des Nations Unies, a remercié les États Membres de s’être rassemblés pour cette commémoration de la Déclaration universelle des droits de l’homme.  Se disant attristé par les violations des droits de l’homme qui touchent des millions de personnes, il a rappelé que les récentes crises alimentaire, économique et financière avaient des incidences terribles sur les populations les plus pauvres.  Après tout ce que nous avons vu au cours du siècle écoulé, nous avons une responsabilité collective de rejeter une telle situation, a affirmé le Secrétaire général.  Il a fait observer que la lutte pour les droits de l’homme ne serait pas possible sans les défenseurs des droits de l’homme, les experts, les juristes, la presse mais aussi les gens ordinaires qui y travaillent inlassablement.  Nous devons mettre en œuvre les instruments existants et le faire avec un sentiment d’urgence, a-t-il souligné.  La Déclaration universelle est un ensemble de normes communes valables pour tous les individus.  Sortons de cet anniversaire encore plus résolus pour soutenir sa mise en œuvre intégrale, a conclu Ban Ki-moon.


M. MARTIN IHOEGHIAN UHOMOIBHI, Président du Conseil des droits de l’homme, a déclaré que la célébration du soixantième anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme devait être l’occasion de raviver l’engagement de la communauté internationale en faveur de la réalisation et de l’universalité de tous les droits de l’homme.  Rappelant que cette Déclaration avait vu le jour à l’issue d’une guerre mondiale « terrible et dévastatrice », le Président a signalé qu’aujourd’hui, l’humanité ne manque plus d’instruments destinés à promouvoir, protéger et défendre les droits de l’homme et les libertés fondamentales. 


Ce qui fait gravement défaut, a-t-il cependant ajouté, c’est la mise en œuvre des différents instruments de protection des droits de l’homme par les États parties.  Qualifiant de « crise pernicieuse » ce manque de volonté politique, M. Uhomoibhi a regretté que le tableau ainsi brossé soit aussi pitoyable.  Il s’est notamment attardé sur le problème de la pauvreté endémique qui, a-t-il indiqué, réside au cœur du déni de nombreux droits de l’homme.  Les enfants sont exploités, les personnes âgées sont négligées et les femmes se voient dénier leurs droits les plus fondamentaux, a-t-il signalé, ajoutant que le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l’intolérance posent de réels défis à l’établissement d’une réelle équité, justice et liberté.  Il a également évoqué, entre autres, les changements climatiques, le VIH/sida et l’omniprésence des conflits politiques et civils.


M. Uhomoibhi a ensuite indiqué que depuis sa création, il y a trois ans, l’organe qu’il préside avait enregistré des avancées notables pour promouvoir les droits de l’homme.  De son avis, l’Examen périodique universel (EPU) est une initiative inédite voire révolutionnaire et capable de garantir la responsabilisation et l’engagement des États en faveur des normes internationales en matière de droits de l’homme.


Bien qu’une conscience internationale ait surgi au cours de ces 60 dernières années concernant le respect des droits de l’homme, nous n’avons pas encore atteint l’« Eldorado » de leur jouissance, a enchaîné le Président, pour qui briser ce « sort » relève de la responsabilité collective de tous les êtres humains.  Il nous incombe à tous de mettre nos ressources en commun en faveur de la défense et de la promotion des droits de l’homme.  N’épargnons aucun effort pour traduire ces droits en réalités, a-t-il dit en conclusion.


Mme NAVANETHEM PILLAY, Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, a déclaré que le pouvoir que les droits accordent avait permis à un nombre toujours plus important de personnes de faire valoir leur liberté, leur égalité, leur bien-être et la justice.  La Déclaration universelle des droits de l’homme a souligné les liens qui unissent les droits fondamentaux à la justice sociale et leur rapport avec la paix et la sécurité.  Ce document, a-t-elle ajouté, souligne notre désir de vivre dans la dignité et devrait être une force qui unit au lieu de diviser.  Mme Pillay a regretté que cette vision continue d’être sapée par la répression, la discrimination et l’inégalité.


Évoquant son enfance en Afrique du Sud où elle était considérée comme une citoyenne de deuxième classe, Mme Pillay s’est ensuite félicitée d’avoir pu être le témoin de la « transformation intégrale » de son pays.  Elle a cependant signalé que pour trop de personnes dans le monde, les droits de l’homme demeurent une promesse non tenue.  Elle a notamment évoqué la poursuite des crimes contre l’humanité, des viols et des meurtres de masse perpétrés dans l’impunité ainsi que la non-réalisation des droits économiques les plus essentiels.


La Haut-Commissaire a ensuite averti, à l’instar du Secrétaire général, que les plus démunis risquent de voir leurs droits bafoués du fait de la crise alimentaire, de la dégradation de l’environnement et de la crise financière.  Elle a ensuite souligné l’importance « singulière » que revêt le Protocole facultatif se rapportant au Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels et qui constitue, à ses yeux, une étape historique au sein du système des droits de l’homme.


Soixante ans après son adoption, les promesses contenues dans la Déclaration universelle des droits de l’homme n’ont pas été tenues pour la plupart des habitants de la planète, a-t-elle ajouté.  Notre défi actuel est de les mettre en œuvre sur le terrain.


S’exprimant au nom du Groupe africain, M. MOHAMMED LOULICHKI (Maroc) a souligné le caractère essentiel de la coopération internationale pour mettre en œuvre la Déclaration universelle des droits de l’homme.  Il a particulièrement insisté sur l’aide au renforcement des capacités.  Après avoir regretté que trop de personnes soient encore frappées par le colonialisme, la pauvreté, le sous-développement, la marginalisation, la faim, la discrimination, le racisme, l’intolérance religieuse et l’occupation étrangère, il a dit l’attachement du Groupe africain aux principes de souveraineté, de l’intégrité territoriale et de la non-ingérence dans les affaires intérieures des États.  Il a aussi jugé que le droit au développement doit être reconnu comme partie intégrante des droits de l’homme et des libertés fondamentales.  Il a ajouté que la tolérance et le respect de la diversité culturelle sont importants pour faciliter la jouissance des droits de l’homme par tous.  Soulignant l’importance de la Déclaration et du Programme d’action de Durban, il a appelé les États Membres à assurer le succès de la Conférence de suivi, prévue en 2009.  En concluant, le représentant a encouragé tous les États Membres ainsi que la société civile à contribuer activement à l’Année internationale de l’apprentissage des droits humains.


M. DON PRAMUDWINAI (Thaïlande), qui intervenait au nom du Groupe asiatique, a signalé que des progrès notables avaient été réalisés sur le continent asiatique où de nombreux pays sont devenus parties à différents instruments juridique de protection des droits de l’homme.  Il a estimé que cet anniversaire est l’occasion de réfléchir aux défis auxquels font face les droits de l’homme dans le monde.  Le représentant a ensuite souligné que pour son groupe, les droits de l’homme sont universels, indivisibles, interdépendants et liés.  Il a aussi souligné l’importance que son groupe attache au droit à l’autodétermination.  Il a également souligné l’urgence qu’il y a à s’attaquer à la pauvreté dans le monde.  Le représentant a aussi signalé que le Groupe asiatique est convaincu qu’un dialogue constructif, caractérisé par la non-politisation, et la coopération fondée sur le respect et la compréhension mutuels sont essentiels pour faire avancer la cause des droits de l’homme.  Il a enfin insisté sur la nécessité de créer un environnement propice au respect des droits de l’homme au sein de chaque société comme contribution à la paix, à la justice et à la tolérance.


S’exprimant au nom du Groupe des États d’Europe orientale, M. MARTIN PALOUŠ (République tchèque) a déclaré qu’aujourd’hui, alors que nous célébrons la Journée des droits de l’homme, nous pouvons prendre la pleine mesure de ce que signifie la Déclaration des droits de l’homme en songeant à ce que serait une vie sans droits ni libertés.  Il est clair que les « droits de l’homme pour tous » sont loin d’être réalisés et qu’il reste beaucoup de travail à faire pour qu’ils soient respectés universellement.  Dans ce contexte, a estimé le représentant, la promotion de ces droits et la sensibilisation des jeunes sont particulièrement importantes.


Mme CLAUDIA BLUM (Colombie), qui intervenait au nom du Groupe des États d’Amérique latine et des Caraïbes, s’est félicitée de la création du Conseil des droits de l’homme et de son Examen périodique universel, ainsi que des contributions apportées par le Pacte international relatif aux droits civils et politiques et par le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels.  Elle a également insisté sur l’importance d’éradiquer la pauvreté et de faire valoir le droit au développement, avant de souligner l’importance de la parité et de l’autonomisation des femmes.  La représentante a par ailleurs signalé que son groupe attachait une attention particulière à la promotion des droits de l’enfant et au renforcement des droits des migrants.  Elle a salué l’entrée en vigueur de la Convention relative aux droits des personnes handicapées et de la Convention internationale pour la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées.  De son avis, il est également impératif de mettre en œuvre la Déclaration et le Programme d’action de Durban.  Mme Blum s’est également attardée sur l’importance de l’éducation afin de promouvoir une culture qui favorise les droits de l’homme.


S’exprimant au nom du Groupe des États d’Europe occidentale et autres États, Mme GABRIELA SHALEV (Israël) a rappelé que la Déclaration avait été adoptée à la suite des horreurs de la Seconde Guerre mondiale et de l’Holocauste.  À l’occasion de son soixantième anniversaire, nous devons cependant reconnaître que pour des millions d’infortunés, elle demeure une promesse non tenue.  La représentante a réaffirmé le fait que chaque État devait remplir ses obligations de respecter et de protéger les droits de tous les individus.  Continuons, a-t-elle dit, à promouvoir le travail des organisations non gouvernementales (ONG) de défense des droits de l’homme qui ont joué un rôle majeur dans l’évaluation des violations et des lacunes en matière de protection de ces droits.  Au nom de son groupe, elle a également encouragé la communauté internationale à soutenir les mécanismes pertinents, tels que les traités des droits de l’homme, les juridictions internationales et régionales et la Cour pénale internationale (CPI).


M. ZALMAY KHALILZAD (États-Unis), s’exprimant en sa qualité de pays hôte, est revenu sur le contexte historique qui a donné lieu à la rédaction de la Déclaration universelle des droits de l’homme, faisant part, notamment, de la fierté de sa délégation devant le travail entrepris par Eleanor Roosevelt.  Pour lui, la Déclaration a permis aux membres de différentes cultures et religions de se rendre compte qu’ils avaient plus en commun qu’ils ne le pensaient.  Le représentant a insisté sur l’importance de faire valoir les droits de l’homme à tous les échelons de la société.  Si ces droits n’ont pas de sens dans les petites localités alors ils n’en ont nulle part, a-t-il lancé.  Pour réaliser la promesse de la Déclaration la communauté internationale ne peut se permettre de demeurer les bras croisés, a-t-il dit en dénonçant, entre autres, l’existence des prisonniers de conscience et les pressions exercées par certains gouvernements sur les médias.  Nous devons demander des comptes à tous les gouvernements, a-t-il dit avant de conclure.


S’exprimant au nom de l’Union africaine, M. MATHIAS MEINRAD CHIKAWE, Ministre de la justice et des affaires constitutionnelles de la République-Unie de Tanzanie, a déclaré que ce serait un euphémisme de dire que le bilan des droits de l’homme en Afrique après l’indépendance a été négatif.  Une telle situation ne devrait plus se produire, a-t-il souligné.  L’Union africaine s’efforce de relever ce défi en ouvrant la voie à l’instauration d’un cadre de protection et de promotion des droits de l’homme, consacré dans son Acte constitutif ou encore dans le Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique qui place les droits de l’homme au centre de la gouvernance démocratique et de l’état de droit.  Son Mécanisme d’examen par les pairs a été adopté par de nombreux pays soucieux d’institutionnaliser les droits de l’homme, s’est félicité le Ministre.  Il a ensuite fait observer que les défis multidimensionnels qui se posent au continent et aux peuples africains rendent difficile leur pleine jouissance des droits de l’homme et des libertés fondamentales.  Il serait donc futile de vouloir prêcher les droits de l’homme à des populations accablées par la pauvreté et affaiblies par la faim et les maladies, a relevé le Ministre.  Il nous faut au contraire relever conjointement ces défis pour rendre la Déclaration utile à l’amélioration de la vie quotidienne des gens ordinaires.


M. JEAN-MAURICE RIPERT (France), qui s’exprimait au nom de l’Union européenne, s’est félicité du fait que la Déclaration universelle des droits de l’homme soit reconnue par une partie de plus en plus importante d’États comme une contribution importance au développement du droit coutumier international.  Il a cependant déploré la persistance de violations flagrantes des droits de l’homme dans de nombreuses régions du monde, y compris sur la base de l’orientation sexuelle.  L’Union européenne continuera de dénoncer ces violations et d’œuvrer pour qu’elles cessent partout où elles surviennent, a-t-il déclaré.  Le représentant de la France a ensuite exhorté tous les États qui ne l’ont pas encore fait à adhérer aux principaux traités relatifs aux droits de l’homme, à la Convention internationale pour la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées et au Statut de Rome.  M. Ripert a par ailleurs signalé que les droits des femmes méritaient une attention toute particulière.


S’exprimant au nom du Mouvement des non-alignés, Mme ILEANA BÁRBARA NÚÑEZ MORDOCHE (Cuba) a insisté sur la nécessité de réaliser tous les droits de l’homme, en particulier le droit au développement, et de le faire notamment dans le respect de la souveraineté nationale, de l’intégrité territoriale et de la non-ingérence dans les affaires internes des États.  Le Mouvement, a-t-elle dit, a souligné que l’exploitation des droits de l’homme à des fins politiques devrait être interdite.  La représentante a réaffirmé son soutien au respect des droits fondamentaux et inaliénables de tous les peuples, y compris ceux des territoires non autonomes ou sous domination étrangère.


M. MAGED ABDELFATTAH ABDELAZIZ (Égypte), qui intervenait au nom du Groupe des États arabes, a déclaré que des efforts collectifs étaient actuellement en cours pour faire des droits de l’homme un dénominateur commun capable d’unir toutes les sociétés du monde, en écartant toute politisation, toute sélectivité et toute politique de « deux poids, deux mesures ».  Il incombe aux gouvernements nationaux, a-t-il insisté, de faire respecter les droits de l’homme.  Le représentant a également souligné l’importance de garantir le droit au développement et de renforcer l’équilibre institutionnel au sein des Nations Unies.  Il a jugé impératif de lutter contre l’extrémisme, la discrimination, le racisme et la xénophobie et a prôné le lancement d’un dialogue international capable d’établir un équilibre entre la liberté d’expression et la liberté de culte.


S’exprimant au nom du Groupe de Rio, M. CLAUDE HELLER (Mexique) a salué le rôle des Nations Unies, et en particulier celui du Conseil des droits de l’homme, dans la promotion et la protection des droits de l’homme, estimant que l’Examen périodique universel constituait une innovation significative.  Il a également relevé l’importance d’accorder une attention suffisante aux phénomènes de pauvreté, de sous-développement, de marginalisation et d’instabilité qui engendrent l’exclusion économique et sociale et les violations de la dignité humaine et des droits de l’homme.


Mme MARIA LUIZA RIBEIRO VIOTTI (Brésil), qui s’exprimait au nom des États membres du Marché commun du Sud (Mercosur); a signalé que la démocratie, le développement et le respect des droits de l’homme sont des concepts interdépendants qui se renforcent mutuellement.  Elle a indiqué que les pays du Mercosur attachaient une attention particulière à la prévention des violations des droits de l’homme et a ensuite passé en revue les principaux mécanismes de défense des droits de l’homme qui existent dans la région, notamment en matière de protection des droits des femmes, de ceux des migrants, des personnes handicapées et de ceux des homosexuels, des transsexuels et des bisexuels.


S’exprimant au nom des pays nordiques, M. HJÁLMAR HANNESSON (Islande) a rendu tout particulièrement hommage aux défenseurs de droits de l’homme du monde entier.  Il a ensuite affirmé que 60 ans après, aucun pays ne pouvait se prévaloir d’avoir pleinement réalisé les aspirations de la Déclaration.  À une époque où les génocides et d’autres violations des droits de l’homme de grande ampleur devraient être conjugués au passé, ils restent des crimes du présent, a-t-il déploré.  Aussi devons-nous passer à l’étape suivante.  Les gouvernements notamment devraient faire tout leur possible pour protéger tous les droits sans opérer de distinction fondé sur quelque critère que ce soit, y compris l’orientation sexuelle, a conclu le représentant.


M. JOHN MCNEE (Canada), qui s’exprimait également au nom de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande (Groupe de CANZ), a déclaré que la Déclaration universelle des droits de l’homme impose, entre autres, le devoir d’agir.  Soixante ans après son adoption, la discrimination et les violations des droits de l’homme persistent, a-t-il regretté.  Il a également relevé un « profond décalage » entre les normes qui y sont énoncées et la pratique dans toutes les régions du monde.  Il est temps, a-t-il dit, de mobiliser les  ressources collectives pour mettre en œuvre intégralement et effectivement la Déclaration.  Il a exhorté tous les États à redoubler d’efforts pour réduire le fossé entre ces normes et la réalité quotidienne de millions de personnes.


S’exprimant au nom de la Communauté des Caraïbes, M. GEORGE TALBOT (Guyana) a affirmé que les citoyens de la CARICOM vivaient aujourd’hui dans des sociétés libres, ouvertes et enracinées dans la tradition démocratique et le respect des droits de l’homme.  Mais des inégalités demeurent à tous les niveaux et pour y remédier, la CARICOM a appelé à une approche globale basée sur l’indivisibilité des droits de l’homme et sur l’interdépendance des efforts collectifs pour réaliser les conditions où la paix et la sécurité, ainsi que le développement et les droits humains pourront s’épanouir.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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