ECOSOC/6284

L'ECOSOC ENTAME SON DÉBAT SUR LES QUESTIONS DE COORDINATION, CONSACRÉ CETTE ANNÉE AU PLEIN-EMPLOI ET AU TRAVAIL DÉCENT

6/07/2007
Conseil économique et socialECOSOC/6284
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

L'ECOSOC ENTAME SON DÉBAT SUR LES QUESTIONS DE COORDINATION, CONSACRÉ CETTE ANNÉE AU PLEIN-EMPLOI ET AU TRAVAIL DÉCENT


Il tient une réunion-débat

sur la «panoplie d'outils» pour généraliser l'emploi et le travail décent


(Publié tel que reçu)


Genève, 6 juillet (Service de l’information des Nations Unies) -- Le Conseil économique et social a entamé, cet après-midi, son débat consacré aux questions de coordination.  Il a été saisi du rapport du Secrétaire général sur le rôle du système des Nations Unies dans la promotion du plein-emploi productif et d'un travail décent pour tous, thème retenu cette année pour ce débat.  Il a ensuite tenu une réunion-débat sur le thème de la «panoplie d'outils pour généraliser l'emploi et le travail décent».


Inaugurant le débat consacré aux questions de coordination, M. Hilario G. Davide, Vice-Président du Conseil, a souligné que les stratégies de promotion du plein-emploi doivent faire partie intégrante des stratégies nationales et internationales de développement.  La décision de placer ce thème au cœur des débats du segment de coordination va fournir l'occasion d'évaluer le rôle du système des Nations Unies et d'orienter la réflexion du Conseil s'agissant de la promotion de ces objectifs, a-t-il indiqué.


Le rapport du Secrétaire général sur le rôle du système des Nations Unies dans la promotion du plein-emploi productif et d'un travail décent pour tous plaide pour l'adoption par les institutions des Nations Unies d'un cadre d'action pour faciliter l'intégration des objectifs du plein-emploi et du travail décent dans leurs activités.  Les recommandations contenues dans le rapport du Secrétaire général mettent l'accent, entre autres, sur les moyens d'évaluer l'impact des politiques mises en œuvre aux fins de la réalisation du plein-emploi et sur les moyens de faciliter le partage de l'information, des connaissances et des compétences, afin de favoriser l'émergence d'une vision commune et de promouvoir une meilleure coopération à l'échelle nationale.


Des représentants de l'Organisation internationale du travail, du Programme des Nations Unies pour le développement, de l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture et de l'Organisation mondiale de la santé ont animé la réunion-débat qui a suivi, sur le thème de la panoplie d'outils élaborée par l'Organisation internationale du travail en collaboration avec d'autres organisations internationales pour aider les organisations à promouvoir les politiques d'emploi et de travail décent et à promouvoir le rôle du système des Nations Unies cet égard.  Cette panoplie d'outils constitue un suivi très concret de la Déclaration ministérielle adoptée par le Conseil économique et social en 2006, a-t-il été souligné.


Les représentants des pays suivants ont participé à la réunion-débat: Pakistan, Portugal au nom de l'Union européenne, Royaume-Uni, Mexique, Argentine, Algérie, Nigéria, Norvège, États-Unis et Tanzanie.  Nombre d'intervenants se sont réjouis de l'élaboration de cette panoplie d'outils, soulignant qu'elle constitue un outil essentiel pour la promotion du plein-emploi productif et du travail décent.  Certains ont souhaité que cet outil prenne également en compte la question de l'accès au travail décent des travailleurs migrants, ainsi que la question de l'éducation, celle de l'emploi dans le secteur informel ou encore l'importance de la productivité dans le travail.  Cette panoplie d'outils, pour l'heure destinée au système des Nations Unies, a vocation à s'étendre également aux pays et devrait donc évoluer au gré des apports suscités par les expériences nationales, a-t-il été souligné.


En fin de séance, le Conseil a décidé de poursuivre lundi ses négociations concernant le résultat du débat de haut niveau de cette année.


Lundi prochain, à 10 heures, le Conseil poursuivra son débat sur les questions de coordination en tenant une réunion-débat sur le rôle des Nations Unies dans la promotion du plein-emploi et d'un travail décent dans les cadres stratégiques nationaux.  Il abordera le cas de l'Amérique latine.


Ouverture du débat consacré aux questions de coordination et présentation du rapport du Secrétaire général sur le rôle du système des Nations Unies dans la promotion du plein-emploi productif et d'un travail décent pour tous


M. HILARIO G. DAVIDE JR, Vice-Président du Conseil économique et social, a ouvert le débat consacré aux questions de coordination en rappelant l'importance fondamentale des objectifs du plein emploi productif et du travail pour tous dans le cadre des stratégies nationales et internationales de développement.  La décision de placer ce thème au cœur des débats du segment de coordination du Conseil de cette année va fournir l'occasion d'évaluer le rôle du système des Nations Unies dans ce domaine et d'orienter la réflexion du Conseil vers la promotion de ces objectifs, a souligné M. Davide.  Parallèlement, a-t-il rappelé, la Commission du développement social consacrera son prochain examen aux mêmes objectifs du point de vue de leur interaction avec l'éradication de la pauvreté et les politiques d'intégration sociale, a-t-il souligné.  La Commission de la condition de la femme a déjà traité de la dimension «droits de l'homme» des objectifs.  Au niveau des pays, a par ailleurs rappelé M. Davide, le Secrétaire général a mené des travaux visant à intégrer ces objectifs aux programmes des différentes institutions des Nations Unies.  Nombre d'entre elles ont d'ailleurs intégré des stratégies de promotion de l'emploi aux efforts de reconstruction et de développement des pays sortant d'un conflit.  Il appartiendra au Conseil de formuler des recommandations concrètes sur la manière pour les Nations Unies d'intégrer les objectifs visés dans leurs programmes et activités et de les placer au centre des stratégies nationales de développement, a souligné le Vice-Président du Conseil.


Pour la première fois, a poursuivi M. Davide, le débat consacré aux questions de coordination se penchera sur le rôle du Conseil en matière d'intégration et de coordination des résultats et du suivi des grands sommets et conférences des Nations Unies.  Le Conseil s'efforce en effet depuis plusieurs années de promouvoir une approche intégrée du développement social et économique qui tienne compte des liens et synergies possibles entre les différents objectifs et résultats des conférences et sommets, a-t-il rappelé, faisant observer que les objectifs du Millénaire pour le développement en sont venus à encadrer l'ensemble de l'action du système des Nations Unies.  Les commissions techniques du Conseil ont mis en lumière les liens entre les objectifs convenus et offert des perspectives intéressantes sur les défis en matière de développement.  L'ECOSOC doit jouer un rôle de premier plan dans l'identification des moyens permettant d'améliorer la synergie entre les différents organismes existants.  C'est pourquoi le débat sur les questions de coordination devra tirer parti de l'apport des nouveaux instruments mis à disposition du Conseil, à savoir l'examen ministériel annuel et le Forum pour la coopération en matière de développement, a conclu M. Davide.


Présentant le rapport du Secrétaire général sur le rôle du système des Nations Unies dans la promotion du plein-emploi productif et d'un travail décent pour tous, M. JOMO KWAME SUNDARAM, Sous-Secrétaire général au développement économique du Département des affaires économiques et sociales, a souligné que les questions de la création d'emploi et du travail décent occupent une place centrale dans les travaux des Nations Unies.  La Déclaration ministérielle sur l'emploi adoptée en 2006 par le Conseil économique et social reconnaît clairement que la promotion du plein-emploi et du travail décent constitue un défi complexe qui requiert la mise en œuvre d'une large gamme de politiques économiques et sociales, aux niveaux international, régional et national, a-t-il rappelé.  De nombreux acteurs, et en particulier le système des Nations Unies, ont un rôle à jouer dans la définition de ces politiques, a-t-il ajouté.  Il a indiqué que le rapport du Secrétaire général fournit un aperçu des activités des Nations Unies en la matière et propose de possibles actions pour le futur.  Ce rapport s'intéresse à trois aspects des travaux des Nations Unies, à savoir les initiatives actuelles lancées au niveau politique et opérationnel; la contribution de ces dernières à la promotion du plein-emploi productif et du travail décent; et les défis qui attendent les Nations Unies dans leurs activités.  Le rapport souligne que les commissions régionales de l'ONU ont réalisé des progrès importants dans la formulation de politiques et de stratégies.  Ainsi, la Commission économique pour l'Afrique a-t-elle placé l'emploi dans le contexte du développement humain et l'a consacré comme moyen de répondre à la pauvreté, alors que la Commission économique pour l'Amérique latine et les Caraïbes a pour sa part élaboré, dans le contexte des stratégies destinées à accroître la stabilité politique et l'intégration sociale, un ensemble de propositions relatives à l'emploi.  Les institutions du système des Nations Unies ont également chacune abordé les dimensions et les problèmes liés à l'emploi et au travail décent, par le biais de programmes de soutien au développement national.  Le rapport du Secrétaire général fournit donc un aperçu du travail des différentes institutions du système des Nations Unies.


Le défi principal est de faire en sorte que ces institutions adoptent un cadre pour faciliter l'intégration de ces objectifs dans leur travail, a poursuivi M. Sundaram.  Il faut qu'elles partagent davantage leurs expériences, leurs connaissances et leurs analyses, a-t-il ajouté.  Bien qu'il existe déjà des initiatives de collaboration entre certaines institutions, les efforts en ce sens doivent être étendus à l'ensemble du système des Nations Unies, a-t-il insisté.  Il a souligné que les recommandations contenues dans le rapport du Secrétaire général mettent l'accent, entre autres, sur les moyens d'évaluer l'impact des politiques mises en œuvre aux fins de la réalisation du plein-emploi et sur les moyens de faciliter le partage de l'information, des connaissances et des compétences, afin de favoriser l'émergence d'une vision commune et de promouvoir une meilleure coopération à l'échelle nationale.  Le plein-emploi devrait susciter un effort à l'échelle du système, a affirmé M. Sundaram.  Cet effort requiert une vision commune des problématiques qui y sont liées, a-t-il conclu.


Le rapport de Secrétaire général sur le rôle du système des Nations Unies dans la promotion du plein-emploi productif et d'un travail décent pour tous (E/2007/49) fait ressortir la place centrale qu'occupent ces objectifs dans les stratégies nationales et internationales de développement, y compris les stratégies de réduction de la pauvreté, pour atteindre les objectifs de développement convenus à l'échelle internationale, comme cela a été souligné dans la déclaration ministérielle adoptée par le Conseil en 2006.  Il fait le point sur les initiatives lancées par les organismes des Nations Unies au niveau des politiques et au niveau opérationnel pour donner suite à la déclaration ministérielle.  Il s'intéresse notamment aux questions du renforcement des capacités et de l'emploi au lendemain de conflits.  Le rapport fait en outre part des progrès accomplis dans l'intégration des objectifs du plein-emploi productif et du travail récent, des objectifs du Millénaire pour le développement, et des documents de stratégies de réduction de la pauvreté et met en exergue les nouveaux problèmes rencontrés dans la poursuite de ces objectifs.  Il contient des recommandations sur la manière dont les organismes des Nations Unies peuvent traduire ces objectifs en cadres politiques et opérationnels et renforcer l'aide qu'ils apportent aux pays sur le plan de l'analyse et des programmes afin qu'ils puissent faire de ces objectifs une priorité.  Ces recommandations portent notamment sur les mesures de politique générale que peuvent prendre les commissions techniques et régionales; la collaboration interinstitutions nécessaire pour renforcer la capacité du système à promouvoir les objectifs de l'emploi et d'un travail décent; et les partenariats à mettre en place avec tous les acteurs concernés pour faciliter la réalisation concrète de ces objectifs.  Il préconise en outre que des indicateurs et outils soient établis à l'échelle du système pour déterminer les effets des politiques et programmes techniques sur l'emploi et les conditions de vie des pauvres, en s'intéressant surtout à leurs effets sur la prise en compte des sexospécificités.


Réunion-débat sur le thème: «Panoplie d'outils pour généraliser l'emploi et le travail décent»


Présentation de la réunion-débat


Le Vice-Président du Conseil économique et social, M. HILARIO G. DAVIDE JR, a ouvert la réunion-débat en rappelant que la déclaration ministérielle adoptée au terme du débat de haut niveau de l'ECOSOC en 2006 demandait aux institutions du système des Nations Unies d'intégrer à leurs activités les perspectives du plein emploi et de l'emploi décent.  L'Organisation internationale du travail (OIT), en particulier, a été priée de préparer une «panoplie d'outils» pour aider les organisations à promouvoir les politiques d'emploi ainsi que le rôle du système des Nations Unies à cet égard.  L'utilisation des outils de la panoplie devra s'accompagner d'un contrôle des résultats, d'une évaluation de ses lacunes et d'une réflexion sur les conditions de son utilisation, a indiqué le Vice-président.  La présente discussion a pour but de contribuer à l'effort dans ce domaine, en promouvant les objectifs poursuivis.


MME MARÍA ANGÉLICA DUCCI, Organisation internationale du travail, a souligné que l'élaboration d'une panoplie d'outils pour favoriser la réalisation du plein-emploi et du travail décent constitue un suivi très concret de la Déclaration ministérielle adoptée par le Conseil économique et social en 2006.  Cette Déclaration, a-t-elle rappelé, soulignait l'importance de l'emploi et du travail décent pour tous; elle exhortait le système des Nations Unies à promouvoir ces objectifs en cherchant à optimiser les différentes politiques et pratiques.  Cet objectif a été assumé et accepté par tous les pays, a fait observer Mme Dicci.  Elle s'est réjouie de ce que le Conseil ait fait sien le concept de travail décent mis au point par l'OIT.  L'objectif du travail décent passe par la réalisation du droit au travail, la création d'emploi, la protection sociale et le dialogue social, a-t-elle rappelé, se félicitant de nouveau que la Déclaration ministérielle de l'an dernier du Conseil ait consacré cette notion. 


Mme Duccia expliqué que l'OIT offre un soutien et une aide aux pays en vue de la réalisation des objectifs de plein-emploi et de travail décent.  Nous avons fait un pas en avant considérable depuis la Déclaration ministérielle, a-t-elle souligné.  Désormais - et ce, depuis le Sommet de 2005 - l'emploi a été consacré comme moyen de réaliser l'objectif de l'éradication de la pauvreté, a-t-elle fait observer.  Elle a indiqué que la panoplie d'outils, qui tient compte des perspectives des différents organismes internationaux, a pour objectif d'améliorer la cohérence du système.  Chacun des organismes disposant de ses propres connaissances en la matière, une base de données collective a été mise en place, a-t-elle précisé.  Cet effort collectif témoigne de la volonté du système multilatéral d'identifier des domaines prioritaires et d'améliorer la cohérence des actions et des politiques à mettre en œuvre, s'est-elle félicité.  Cette panoplie est pour l'instant destinée aux organisations internationales, a-t-elle relevé, avant d'exprimer l'espoir qu'elle puisse être rapidement testée au niveau national et que puisse être discutée avec les différents pays la meilleure manière de la mettre en œuvre au niveau national. 


Pour M. OLAV KIØRVEN, Administrateur assistant et Directeur du bureau de la politique du développement du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), l'emploi productif et le travail décent doivent être abordés sous l'angle non seulement de la subsistance, mais aussi de la dignité.  L'emploi est un ingrédient indispensable de la croissance équitable et inclusive, ainsi que du développement au sens large.  À cet égard, la coopération du PNUD avec l'Organisation internationale du travail (OIT) prend la forme d'analyses du rôle de l'emploi pour la croissance équitable.  Des enquêtes menées dans une dizaine de pays ont permis de dégager des stratégies de mise en œuvre.  Le PNUD cherche par ailleurs à faire participer d'autres organisations concernées à son action.  Dans le cadre d'un Plan de travail conjoint au niveau des États, le PNUD a organisé un séminaire de travail pour les coordinateurs résidents de l'OIT; et une mission de haut niveau avec l'OIT en Tanzanie, pour aider le système des Nations Unies à aider à la création d'un million d'emplois d'ici à 2010.


M. Kiørven a attiré l'attention sur un fond créé par le Gouvernement espagnol pour appuyer les efforts interinstitutions sur le terrain en vue de la réalisation des objectifs du Millénaire pour le développement, en particulier en matière de réduction de la pauvreté.  Il s'est agi d'une excellente occasion de travailler avec d'autres entités dans ce domaine.  Autre initiative notable: la création de la Commission sur la démarginalisation des pauvres, dont la prochaine réunion aura lieu prochainement à New York.  Il s'agira de formuler des recommandations en matière juridique, accessibles aux plus pauvres qui sont leurs propres employeurs dans le secteur informel, dans l'idée de les réintégrer au marché national du travail.  L'accent sera mis en particulier sur l'accès à la justice.  La situation des femmes fera également l'objet d'une action ciblée de la part de cette Commission.  S'agissant de sa contribution à la «Panoplie d'outils pour généraliser l'emploi et le travail décent», le PNUD a fourni de nombreux conseils dans les domaines en particulier des partenariats Nord-Sud.  Le PNUD édite aussi des outils méthodologiques.


M. THEMBA MASUKU, Directeur du Bureau de liaison à Genève de l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), a indiqué que la FAO et l'OIT ont signé un protocole d'accord en 2004 pour la promotion d'un travail décent et la création d'emplois dans le secteur de l'agriculture notamment.  La FAO prend très au sérieux la question du travail décent, a-t-il insisté.  Elle a d'ailleurs contribué à la création de la panoplie d'outils en apportant ses connaissances sur la réalité de l'emploi dans l'agriculture et les zones rurales.  L'organisation envisage d'utiliser cette panoplie d'outils pour effectuer un bilan des activités qu'elle mène en matière de promotion du travail décent.  Nous utiliserons systématiquement cette panoplie d'outils pour évaluer les programmes de la FAO en faveur du développement de l'agriculture et ainsi mieux comprendre les effets de ces diverses stratégies sur le plein-emploi et le travail décent.  L'objectif est également d'éviter toute conséquence négative.  Ces bilans permettront d'élaborer une nouvelle stratégie de la FAO pour l'emploi dans les zones rurales et dans le secteur proche des entreprises rurales, destinée à promouvoir des conditions d'emploi plus équitables.  M. Masuku a fait observer que la formation et la sensibilisation du personnel revêtent une importance considérable à cet égard.  Il a en outre indiqué que son organisation souhaite, elle aussi, participer à des programmes de développement conjoints dans des pays pilotes.  La FAO, en collaboration avec l'OIT, pourrait élaborer des outils et des indicateurs qui pourraient être utilisés pour évaluer les effets de son travail dans les zones rurales, a-t-il ajouté.


MME SUSANNE WEBER-MOSDORF, Sous-Directeur général, Développement durable et milieux défavorables à la santé, Organisation mondiale de la santé (OMS), a attiré l'attention sur la collaboration de l'OMS avec l'OIT pour l'amélioration de la santé des travailleurs.  Les rôles et mandats des deux organisations sont parfaitement complémentaires pour assurer des conditions de travail décentes sur les lieux de travail.  Dans ce contexte, la mise en œuvre du Plan mondial décennal pour la santé des travailleurs, adoptée en mai dernier, permettra d'assurer un travail décent à tous les travailleurs.  Il faut savoir que moins de 70% de la main-d'œuvre dans le monde a accès à des services de protection de la santé, a observé Mme Weber-Mosdorf; environ 2 millions de personnes décèdent chaque année dans le contexte professionnel, et 68 millions sont victimes d'accidents ou souffrent de maladies professionnelles, en général par manque de protection.  Plusieurs dizaines millions d'enfants travaillent sans aucune protection.  L'OMS et l'OIT, entre autres organisations, ont encore beaucoup à faire dans ce domaine.


En matière de travail décent, l'OMS s'emploie à renforcer les systèmes de santé accessibles aux travailleurs, en particulier ceux œuvrant dans le secteur informel, a poursuivi Mme Weber-Mosdorf.  Le dialogue social avec les employeurs doit tenir compte de cette réalité.  Des mesures spéciales sont prises en faveur des travailleurs des secteurs dangereux (mines par exemple).  L'OMS agit aussi en matière de prévention des accidents.  Deux campagnes visent en particulier la prévention des ravages de l'amiante (150 millions de personnes exposées) et l'immunisation des travailleurs contre l'hépatite B.  Toujours dans le cadre de la coopération avec l'OIT, une panoplie d'outils de gestion des risques encourus par les migrants, les femmes et les enfants, a été élaborée.  D'autres campagnes ponctuelles concernent la prévention de l'alcoolisme et des maladies contagieuses, par exemple. 


Les travailleurs de la santé eux-mêmes sont parmi les plus vulnérables, il faut donc les protéger, a rappelé Mme Weber-Mosdorf.  Les États sont rendus attentifs à la nécessité de dégager les investissements nécessaires pour renforcer leur main-d'œuvre pour la santé et pour lutter contre l'émigration des travailleurs de la santé, une perte terrible pour les pays qui ont formé ce personnel à grands frais.  L'OMS se félicite enfin des mesures prises pour assurer l'approvisionnement en eau et en électricité, deux facteurs indispensables à la santé.  À ce propos, on constate que la moitié de la population mondiale utilise des combustibles solides pour la cuisson des aliments, et l'on enregistre des dizaines de milliers de décès suite à des accidents impliquant ces matières, un problème mal connu, a encore indiqué Mme Weber-Mosdorf.


Questions et observations


Dans le cadre du débat qui a suivi les présentations des panélistes, de nombreux intervenants se sont réjouis de l'élaboration de cette panoplie d'outils, soulignant qu'elle est à même à apporter une contribution indispensable à la promotion du plein-emploi productif et du travail décent.  Des délégations ont toutefois posé la question de son efficacité réelle, des résultats effectifs qu'elle pourra avoir une fois appliquée aux pays.  Une délégation a souhaité que la question du travail décent soit élargie au thème des travailleurs migrants.  Dans quelle mesure l'accès à un travail décent est-il intégré dans le programme international en la matière, a-t-elle demandé?  Un participant a pour sa part fait observer qu'il ne faut être réduit à faire un choix entre productivité et emploi dans la définition de stratégies pour l'emploi, et a plaidé pour que l'accent soit également mis sur la productivité.  D'autres intervenants se sont demandé si des panoplies semblables se révèleraient utiles dans d'autres domaines pour évaluer la cohérence des activités des diverses organisations.  Enfin, un participant a souhaité savoir si les institutions envisagent de formuler des propositions à l'intention des gouvernements pour les aider à favoriser la création d'emploi et le travail décent.


Un représentant a salué l'importance de la panoplie, non seulement pour son aspect pratique et utile, mais aussi parce qu'elle se rapproche du concept de cohérence mis en avant par les Nations Unies.  L'emploi fait partie intégrante du processus de production et il est donc bon que la panoplie en tienne compte.  Cette panoplie se calque-t-elle sur un diagnostic de la situation et facilitera-t-elle les travaux futurs dans les domaines visés, s'est enquis le représentant?  Une autre délégation s'est réjouie que la panoplie d'outils facilitera le travail interdisciplinaire autour de la question de la création d'emplois en tant que facteur indispensable de la réduction de la pauvreté.  Elle souhaité que cette panoplie soit améliorée compte tenu des observations faites sur le terrain dans le cadre de son application et de la nécessaire priorité qui doit être accordée à l'emploi.


Un intervenant a demandé si des mécanismes d'octroi de microcrédits en faveur des pays africains ont été mis en place.  D'autres se sont enquis des projets existants ou envisagés afin d'encourager les partenaires à l'utilisation de la panoplie et des modalités de contrôle de son impact au niveau des États. 


Une délégation a fait observer que la notion de travail décent - qui n'est certes pas neuve - oblige à se pencher sur la question de l'éducation universelle.  Le travail décent exige la possession de qualifications, a-t-il en effet été souligné.  Il convient en outre de promouvoir l'octroi de microcrédits et de ne pas omettre de traiter les problèmes liés à l'emploi dans le secteur informel et à l'amélioration de la productivité du secteur agricole.


Réponses des panélistes


En réponse aux questions des délégations, M. KJØRVEN, du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), a tenu à souligner que les propositions faites aux pays pour favoriser la création d'emploi devraient être spécifiques à chacun d'entre eux, le PNUD étant appelé à travailler en étroite collaboration avec les gouvernements et avec les autres organisations pour évaluer les stratégies possibles.  D'une manière générale, a poursuivi M. Kjørven, le PNUD s'intéresse au lien qui existe entre le commerce et l'emploi.  Il faut promouvoir une croissance davantage génératrice d'emplois, a-t-il souligné.  L'importance du microcrédit et du libre accès aux services financiers est cruciale pour permettre aux entrepreneurs d'avoir accès au capital requis pour créer des emplois.  Saluant le premier pas que constitue le développement d'une panoplie d'outils, M. Kjørven a insisté sur la nécessité de poursuivre sur cette voie en donnant suite à l'engagement pris d'appliquer la panoplie au niveau national.  Il a reconnu l'importance qu'il y a à mettre dûment l'accent sur la dimension de la productivité.


Pour le PNUD, a précisé M. Kjørven, il ne s'agit pas de subventionner des programmes créateurs d'emplois, sauf dans des cas très particuliers.  Certains pays, où 90% de l'économie est informelle, font face à des problèmes spécifiques qui ne sont pas les mêmes que ceux auxquels sont confrontés d'autres pays où l'ampleur de l'économie informelle est bien moindre.  Dans de nombreux pays, l'accès et l'inclusion, en matière d'emploi, sont des questions plus importantes que celle de la productivité.


MME DUCCI, pour l'Organisation internationale du travail, a souligné qu'il appartient aux pays de décider quels outils retenir parmi ceux que l'OIT met à leur disposition: guides, documents et manuels, recherches sur les politiques ou encore études de cas.  D'une manière générale, pour atteindre les pays, il faut passer par une sensibilisation à l'échelle du système, a-t-elle affirmé.  La panoplie, qui constitue un document de base, doit encore être adaptée aux besoins des pays pris individuellement et cette tâche incombe aux équipes de l'OIT sur place.  Il faudra sans doute choisir des axes d'action prioritaires, car il n'est pas possible en l'état d'agir à tous les niveaux, a souligné Mme Ducci.  Au plan de la méthode, a-t-elle précisé, l'OIT émet des recommandations à l'intention des institutions qui utiliseront la panoplie.  Des retours d'information sont prévus pour l'adaptation et l'amélioration de l'outil, a ajouté Mme Ducci.  Progressivement, le processus va s'élargir et se simplifier, à mesure que les bases de données s'enrichiront, a-t-elle indiqué.


Le traitement des problèmes des migrants passe par l'application des quatre piliers du travail décent, a par ailleurs souligné Mme Ducci.  L'action dans le domaine des conditions d'emploi est un objectif prioritaire assigné à la panoplie, a-t-elle également fait savoir.  Est d'ores et déjà prévue la préparation d'autres panoplies qui s'enrichiront des expériences engrangées avec l'application, au niveau du système et des pays, de la panoplie présentée aujourd'hui.  La lutte contre la pauvreté est au cœur des préoccupations de l'ensemble de cette démarche, a confirmé Mme Ducci.  La qualité de l'emploi des travailleurs du secteur informel doit être garantie par des actions spécifiques, a-t-elle en outre souligné, avant d'indiquer que la panoplie serait très probablement renforcée à l'avenir de ce point de vue.  L'OIT prévoit d'engager l'ensemble des acteurs du système dans l'application de la panoplie à l'appui de l'action pour le travail décent, a conclu Mme Ducci.  Les premiers résultats intermédiaires seront diffusés cet automne et au printemps prochain, a-t-elle fait savoir.  Il sera alors possible d'affiner le processus, notamment en termes d'indicateurs, a-t-elle conclu.


M. MASUKU, de l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), a expliqué que son organisation effectue un travail analytique et fournit des conseils adaptés à un pays ou une région donnée.  Il a ensuite rappelé l'importance de la formation et de la sensibilisation à la notion de travail décent.  Cette notion est nouvelle pour certains, a-t-il souligné.  S'agissant des travailleurs migrants, il a fait observer que les mouvements de population sont complexes, tantôt internes, tantôt internationaux, avec une dimension sexospécifique parfois marquée.  Il faut être attentifs à ces enjeux lorsque nous présentons cette panoplie d'outils, a-t-il averti.  Pour conclure, il a tenu à rappeler que les organisations sont actuellement dans une dynamique d'apprentissage de cet outil novateur.


MME WEBER-MOSDORF, de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a estimé qu'il est important de collaborer davantage au niveau mondial et au niveau des pays, avec ou sans la panoplie; l'OMS ne se privera cependant pas d'utiliser.  L'important est de trouver des moyens de mesurer l'action et d'adopter des méthodes moins bureaucratiques.  L'OMS s'intéressera de près aux travailleurs migrants, qui sont les plus défavorisés.  La coordination des efforts autour de la mise en œuvre de la panoplie est très importante, a souligné Mme Weber-Mosdorf, citant des exemples de collaboration très fructueuse en Tanzanie notamment.  L'OMS est aussi d'avis qu'il faut renforcer les systèmes de santé en employant des travailleurs très qualifiés, car les seuls crédits ne suffisent pas à traiter les problèmes.  Le personnel de santé par exemple est à la pointe de la lutte contre les effets du changement climatique.  D'une manière générale, les pertes de productivité dues à la maladie et aux accidents sont évaluées chaque année à environ 4% du produit mondial brut: on voit ainsi que l'action pour la santé des travailleurs est un investissement important.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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