ECOSOC/6277

LE CONSEIL ÉCONOMIQUE ET SOCIAL ENTAME L'EXAMEN MINISTÉRIEL ANNUEL ET ENTEND DES EXPOSÉS DU BANGLADESH ET DE LA BARBADE

03/07/2007
Conseil économique et socialECOSOC/6277
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Conseil économique et social

Matin


LE CONSEIL ÉCONOMIQUE ET SOCIAL ENTAME L'EXAMEN MINISTÉRIEL ANNUEL

ET ENTEND DES EXPOSÉS DU BANGLADESH ET DE LA BARBADE


Il poursuit le débat général sur le renforcement de l'action visant à promouvoir une croissance économique durable favorable aux pauvres


(Publié tel que reçu)


Genève, 3 juillet (Service d’information des Nations Unies) –- Le Conseil économique et social a entamé ce matin le premier examen ministériel annuel de son histoire, consacré cette année au renforcement de l'action menée pour éliminer la pauvreté et la faim, notamment grâce au partenariat mondial pour le développement.  Des «présentations nationales volontaires» ont été faites par le Bangladesh et la Barbade, suivies d'échanges de vues.  Le Conseil a en outre poursuivi son débat thématique sur le renforcement de l'action visant à promouvoir une croissance économique durable favorable aux pauvres.


Ce débat, qui s'est tenu en début de séance, a donné lieu à un échange d'idées sur les principaux défis de l'économie mondiale.  L'attention a notamment été attirée sur les risques de marginalisation des pays pauvres et les principaux points d'achoppement des négociations de Doha ont été soulevés.   Ont participé au débat les représentants du Pakistan au nom du Groupe des 77 et de la Chine, du Portugal au nom de l'Union européenne, des États-Unis, de la Guinée-Bissau et de la Fédération de Russie.


Le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, M. Sha Zukang, a ensuite présenté le rapport du Secrétaire général sur le thème de l'examen ministériel annuel de 2007.  Rappelons que le Sommet mondial de 2005 avait demandé au Conseil de tenir un tel examen ministériel annuel afin d'évaluer les progrès effectués dans la réalisation des objectifs du Millénaire pour le développement.


Le débat au titre de l'examen ministériel annuel a été ouvert par le Ministre de la coopération et de l'action humanitaire du Luxembourg, M. Jean-Louis Schiltz, qui a notamment rappelé la nécessité pour tous les États de réaffirmer leurs engagements en matière de développement.  Rarement le cadre conceptuel pour une action internationale n'a été énoncé de manière aussi pertinente; rarement la communauté internationale ne s'est fixée un calendrier de suivi aussi contraignant, a-t-il souligné.


Les représentants de l'Angola, de la Guinée-Bissau, du Cap-Vert, des États-Unis et du Royaume-Uni ont participé au dialogue interactif qui s'est noué entre le Conseil et les délégations des deux pays - Bangladesh et Barbade - ayant fait une «présentation nationale volontaire» de leurs actions en vue de l'élimination de la pauvreté et de la faim.  La présentation de la Barbade a été faite par le Ministre de la transformation sociale, M. Trevor Prescod.


En début de séance, le Président du Conseil, M. Dalius Cekuolis, et le Sous-Secrétaire général au développement économique, M. Jomo Kwame Sundaram, ont présenté les conclusions des deux tables rondes tenues hier après-midi sur les thèmes «Croissance, réduction de la pauvreté et équité – une conception nouvelle» et «cohérence et coordination des politiques macroéconomiques – à tous les niveaux».


Le Conseil poursuivra son examen ministériel annuel cet après-midi, à 15 heures.  Il entendra les présentations nationales volontaires de l'Éthiopie, du Ghana, du Cambodge et du Cap-Vert.


Rapports des tables rondes et conclusion du débat thématique


M. DALIUS CEKUOLIS, Président du Conseil économique et social, a indiqué qu'au cours de la table ronde organisée hier après-midi sur le thème «Croissance, réduction de la pauvreté et équité – une conception nouvelle», les participants ont identifié le défi majeur que représente une économie mondiale qui connaît une croissance plus rapide que jamais alors que dans le même temps de nouvelles inégalités au sein des pays s'accroissent rapidement avec une forte concentration au sommet de la pyramide sociale.  Les panélistes ont souligné qu'il fallait se concentrer sur l'impact de la croissance et des débouchés.  Un nouveau paradigme est en train de naître pour ce qui est des objectifs.  Ces questions doivent être abordées ensemble.  Les diverses expériences des États membres conduisent à réaffirmer le constat qu'il n'existe pas de panacée pour atteindre la croissance, l'éradication de la pauvreté et l'équité et qu'il est important que les pays puissent adopter des mesures qui leur sont propres pour mettre en œuvre leurs politiques.  Il est également nécessaire de faire fonctionner les capitaux privés.  S'agissant du rôle du gouvernement, celui-ci doit éliminer les obstacles qui entravent la croissance.


Il convient aussi de cibler ceux qui sont au bas de la pyramide; pour aider les pauvres à sortir de la pauvreté, il faut libérer leur potentiel productif et fournir aux pauvres un accès au crédit.  La bonne gouvernance constitue également la pierre angulaire de la lutte contre la pauvreté.  Les politiques macroéconomiques doivent aussi prêter plus d'attention aux produits sociaux.  Les politiques fiscales devraient fournir plus de souplesse afin de permettre des dépenses à l'encontre du cycle.  Pour réussir à éradiquer la pauvreté, des efforts au plan intérieur doivent aussi pouvoir s'appuyer sur des aides internationales.  Il est également ressorti de cette table ronde le besoin d'avancer dans le cadre des négociations de Doha pour aider ces pays.  Enfin, l'aspect environnemental devrait être intégré dans l'équation.  Les questions du changement climatique peuvent poser de sérieuses menaces à nos efforts pour éradiquer la pauvreté, a conclu le Président.


M. JOMO KWAME SUNDARAM, Sous-Secrétaire général adjoint au développement économique, a présenté les conclusions de la deuxième table ronde qui portait sur le thème «Cohérence et coordination des politiques macroéconomiques – à tous les niveaux».  Il a expliqué que les discussions se sont basées sur le constat suivant: les conditions extérieures ont un impact direct sur l'efficacité des politiques.  La table-ronde a également relevé que la nature régionale des crises financières récentes renouvelle l'intérêt de la définition de politiques macroéconomiques régionales.  Il s'agit donc de renforcer la surveillance macroéconomique, notamment par le biais de consultations multilatérales.  Le rôle du Fonds monétaire international a en outre été souligné, puisqu'il offre des conseils et constitue un moyen efficace de dialogue avec les États. 


Un des panélistes a présenté l'exemple de l'Union européenne, qui constitue aujourd'hui un marché unique qui comprend plus de 500 millions de personnes.  La création de la zone euro offre de nombreux avantages, en particulier une faible inflation et davantage d'investissements.  Le Secrétaire général adjoint a également expliqué qu'une panéliste a souligné que l'interdépendance croissante entre les pays exige que les mécanismes financiers soient créés au niveau régional.  Dans le débat interactif qui a suivi, les délégations ont insisté sur la nécessité de parvenir à une cohérence et une coordination macroéconomique.  Une telle cohérence devrait être recherchée conformément aux objectifs de développement, a conclu M. Jomo.


Débat thématique


M. HAMID YAS HIRAJ (Pakistan, au nom du Groupe des 77 et la Chine) a estimé que ce débat de haut niveau doit contribuer à mettre en œuvre les nouvelles fonctions du Conseil économique et social.  Le Conseil doit continuer à promouvoir un dialogue mondial.  Au cours des consultations, le groupe des 77 et la Chine ont demandé une complémentarité des débats menés dans le cadre de la session de fond.  Les débats thématiques devraient aborder ces questions alors que l'examen ministériel annuel devrait étudier les chiffres et les données concrètes.  Il est approprié, au moment d'aborder ce nouveau processus, de réaffirmer nos attentes, a déclaré le représentant.


M. Akram a souligné qu'il n'est pas suffisant de parler de croissance économique quand il s'agit de développement, car la croissance ne peut pas à elle seule assurer la réalisation les principes fondamentaux de développement.  Une absence de politique en faveur des pauvres s'est traduite par une insuffisance du développement pour les pauvres du monde.  Le groupe des 77 et la Chine reconnaissent que chaque pays doit être responsable au premier chef de son développement.  La croissance économique doit être fondée sur une meilleure discipline fiscale.  Il faut améliorer la gouvernance.  Il convient de réaliser une croissance élevée à base large.  La réalisation des objectifs du Millénaire pour le développement devrait être intégrée dans les stratégies de développement.  Il est aussi indispensable d'investir dans le capital humain en mettant l'accent sur la fourniture de services sociaux.  S'agissant des régions pauvres et en retard, celles-ci doivent être intégrées dans le développement économique.  Il faut aussi mettre l'accent sur le pouvoir des femmes et l'égalité.  Enfin, les projets d'infrastructures devraient être développés et des mesures budgétaires devraient être entreprises pour développer le secteur du logement.


Outre ces actions nationales, une aide internationale est aussi nécessaire.  L'aide au développement est essentielle pour réaliser ces objectifs.  Les objectifs du Millénaire pour le développement ne seront que des mots en l'absence de financement.  Un régime commercial juste est indispensable pour promouvoir la croissance dans le monde.  Les négociations de Doha devraient conduire à l'abolition des subventions.  Il convient également de veiller à la sécurité alimentaire pour les pays les plus pauvres.  Enfin, pour assurer des avantages tangibles aux pays en développement, des mesures protectionnistes des pays développés devraient être examinées en urgence.  Il est également utile d'élargir la participation des pays en développement, a conclu le représentant pakistanais.


M. PEDRO MARQUES (Portugal, au nom de l'Union européenne) a rappelé que la question de l'élimination de la pauvreté est aujourd'hui au premier plan des préoccupations internationales.  La réalisation des objectifs du Millénaire pour le développement se trouve déjà à l'étape de mi-parcours, a-t-il averti.  Tous les jours, nous entendons des appels venant de la société civile, du monde académique, voire du monde des groupes rock.  Et si des progrès notables ont été effectués en Amérique latine et en Inde, par exemple, la situation en Afrique sub-saharienne et en Asie du Sud reste difficile.  Malgré la réduction du nombre de conflits dans le monde, la libéralisation politique et des améliorations dans la gouvernance, la pauvreté demeure une source de préoccupation grave.  À cet égard, M. Marques a rappelé que l'Union européenne accorde une attention toute particulière au continent africain.  Le Sommet Union européenne-Afrique, qui aura lieu en décembre 2007 à Lisbonne, doit encore approfondir le partenariat entre les deux continents. 


La croissance peut améliorer la vie des gens lorsqu'elle est associée à des politiques économiques, financières, fiscales, sociales et environnementales correctement gérées, a poursuivi M. Marques.  Il a fait observer, à cet égard, que la complexité des liens entre la croissance et la pauvreté revêt une importance particulière dans le cadre du présent débat thématique du Conseil.  Les bénéfices de la croissance ne seront offerts à la totalité de la population que si l'équité dans les revenus et l'accès équitable aux ressources productives sont assurés, a-t-il souligné.  Et les efforts pour éradiquer la pauvreté requièrent l'élaboration de stratégies de développement nationales élaborées avec la participation de toutes les parties prenantes, de manière à créer et entretenir des politiques économiques équitables qui améliorent les possibilités des pauvres.  À cet égard, M. Marques a insisté sur l'importance d'intégrer les pauvres dans les stratégies de réduction de la pauvreté, de leur permettre de participer au processus de décision politique.  Il a d'autre part rappelé que l'Union européenne assure plus de la moitié de l'aide internationale et s'est engagée à augmenter son aide, tant qualitativement que quantitativement. 


Enfin, le représentant de l'Union européenne a souligné que la réussite du cycle des négociations de Doha dépend autant des pays développés que des pays en développement.  Il est indispensable que tous les États Membres fassent preuve d'un ferme engagement pour éviter d'engendrer des coûts et de détériorer le système économique mondial.  M. Marques a à cet égard estimé que les coûts d'ajustement résultant de la libéralisation économique sont généralement moindres comparés aux bénéfices globaux de la libéralisation.  Pour conclure, il a tenu à attirer l'attention sur la dimension sociale de la mondialisation et souligné que la bonne gouvernance est essentielle pour assurer la transparence, le dialogue et la coopération entre les États.


M. RICHARD T. MILLER (États-Unis) a dit regretter que le Portugal et le Pakistan n'aient pas suffisamment parlé dans leurs déclarations de politiques macro-économiques.  Les États-Unis aimeraient un débat politique thématique sur les politiques macro-économiques.  À l'avenir, il serait plus utile de se contenter d'inscrire un point à l'ordre du jour permettant aux principaux groupes de faire des déclarations à cet égard.


M. ALFREDO CABRAL (Guinée-Bissau) a salué la délégation pakistanaise pour avoir clairement exposé la position du groupe des 77 et les attentes de ces pays.  Les États-Unis ont également été pertinents en disant qu'il aurait été préférable d'adopter une posture plus directe pour ce thème fédérateur afin que des mesures concrètes et énergiques soient prises.  Outre l'éradication de la pauvreté, nous aimerions voir la possibilité de rêver d'un avenir meilleur pour les générations futures.  S'agissant des politiques macro-économiques, il convient de mettre l'accent sur la bonne gouvernance car c'est à travers un processus démocratique que les populations peuvent participer et que les deniers publics peuvent être dépensés de manière transparente.  Des mesures énergétiques sont indispensables pour contrôler l'entrée des deniers publics, particulièrement s'agissant des taxes douanières.  Des mesures doivent être prises pour assurer la bonne transparence dans nos pays.  Il serait erroné de penser que la seule croissance économique pourrait inciter au développement.


M. MUNIR AKRAM (Pakistan) a souligné que le Groupe des 77 et la Chine sont attachés au renforcement de l'action pour promouvoir une croissance économique favorable aux pauvres.  En réponse à son homologue américain, il a déclaré que sa délégation était tout à fait disposée à avoir avec toutes les délégations une discussion animée et profonde sur les politiques macroéconomiques.  Il a expliqué que son pays a pu tripler la recette fiscale ces huit dernières années, par des mesures de mobilisation des ressources.  Nous serions tout à fait désireux de tenir une discussion sur les politiques commerciales de tous les pays et sur la manière dont ces politiques contribuent à la réduction de la pauvreté, a-t-il indiqué.  Il a toutefois tenu à connaître les raisons qui expliquent le maintien des crêtes tarifaires (droits de douane très élevés appliqués à certains produits) contre les pays en développement et les contraintes qui pèsent sur le développement des capacités technologiques.  Ce sont des questions vitales sur lesquelles nous aurions espéré que les délégations des pays du Nord s'expriment, a-t-il souligné, ajoutant qu'il espère que ces partenaires seront en mesure d'en parler de manière franche et ouverte.


M. MIKHAIL SAVOSTYANOV (Fédération de Russie) a déclaré que son pays appuyait les efforts de la communauté internationale pour parvenir à la réalisation des objectifs du Millénaire pour le développement.  Le dynamisme du développement de l'économie mondiale ces dernières années ouvre des possibilités pour répondre à l'éradication de la pauvreté.  Toutefois, la Russie demeure préoccupée par l'inégalité du développement économique dans différents pays.  La confirmation de ces tendances risque de marginaliser les pays pauvres.  Comme le fait observer le rapport du Secrétaire général des Nations Unies, le développement économique intensif en soi ne suffit pas pour surmonter la pauvreté.  La communauté internationale doit faire face à la nécessité de prendre un ensemble de mesures coordonnées à tous les niveaux visant à garantir une répartition équitable de la croissance économique.  Les spécificités des pays devraient également être prises en compte.  Les Nations Unies on un rôle clé à jouer dans l'élaboration de mesures équilibrées pour un développement économique mondial. 


Au plan national, la Russie a adopté des politiques pour renforcer la qualité de vie de sa population, pour développer le potentiel de l'être humain et les domaines de la santé et de l'éducation.  La Russie a adopté des mesures qui ont permis de maintenir le taux de croissance existant.  Les résultats sont tangibles.  Les revenus réels de la population ont été multipliés par deux.  Après cette période de transition en ayant assuré la croissance économique, la Russie porte de plus en plus attention à l'aide aux pays qui en ont besoin. 


M. RICHARD T. MILLER (États-Unis) a déclaré que c'est précisément ce type d'échange qu'il appelait de ses vœux au sein du Conseil, en réponse à la déclaration de son homologue pakistanais.  Il a salué les améliorations apportées par le Pakistan, soulignant que ce type d'exemple illustre bien l'importance que revêtent les politiques nationales.  Il a ensuite reconnu que les politiques nationales peuvent avoir des effets économiques au niveau international.  S'agissant des subventions agricoles, il a expliqué qu'elles sont issues de l'expérience de son pays de la grande dépression des années 30 qui a vu la production agricole réduite à néant.  Aussi, il a fallu mettre en place des mesures pour protéger le secteur agricole et empêcher qu'il pâtisse de ces effondrements désastreux.  Quant aux excédents importants de la production agricole, ils sont devenus partie de l'aide alimentaire humanitaire visant à lutter contre la famine dans le monde.  Une politique de cette nature a, certes, d'autres effets, a-t-il reconnu.  Et c'est une question dont nous devons débattre et dont nous débattons à l'Organisation mondiale du commerce. 


S'agissant des crêtes tarifaires, le représentant des États-Unis a expliqué que l'idée sous-jacente est de maintenir une économie la plus ouverte possible.  Sur ce sujet également, il a concédé que de telles mesures ont d'autres impacts, notamment pour d'autres pays, avant d'assurer que sa délégation est prête à négocier et à débattre sur le sujet.  Pour conclure, abordant la question du transfert des technologies, il a expliqué que la protection des droits de la propriété intellectuelle est essentielle.  Ces droits constituent une manière d'inciter la recherche et favoriser les investissements dans la recherche et le développement.  Si on ne protège pas ces droits, il y a un risque réel que les progrès techniques et technologiques se tarissent, a-t-il averti.


M. MUNIR AKRAM (Pakistan) a déclaré ne pas être d'accord avec un certain nombre d'observations faites par le délégué américain.  Concernant les subventions agricoles, elles entraînent la production d'excédents et l'impact commercial de ces subventions a un effet sur la capacité concurrentielle des pays en développement.  Ces subventions devraient être abandonnées car elles ont un effet de distorsion du marché.  En outre, le Pakistan estime que les États-Unis ne devraient rien demander en contrepartie de l'abandon des subventions agricoles. 


M. Akram a souligné que les crêtes tarifaires ont un effet négatif sur l'économie mondiale.  La nature discriminatoire de certains droits de douane est injuste et fait obstacle aux exportations les plus compétitives.  On ne devrait pas exiger une réciprocité et une baisse des droits de douane pour les pays en développement.


En ce qui concerne les transferts de technologie, la protection de la propriété intellectuelle incite les sociétés et les universités à investir dans la recherche et le développement.  La protection intellectuelle revêt des aspects négatifs car lorsque certaines technologies sont possibles, il n'est pas juste qu'il y ait des contraintes pour les pays en développement, alors que des gens meurent de faim ou de maladie.  En outre, le système des droits d'auteur a entraîné une accélération des efforts de recherche et développement dans les pays développés, réduisant d'autant l'espace réservé aux pays en développement.


Enfin, d'agissant des excédents sur les comptes en capitaux, le Pakistan reconnaît l'effet moteur de l'économie américaine pour le reste du monde.  Le consommateur américain doit être remercié car il contribue à entraîner l'économie mondiale.  Toutefois, le Pakistan demeure préoccupé par les déséquilibres mondiaux.  Les réponses ne sont pas à la portée de la plupart des pays en développement, a regretté le représentant pakistanais. 


M. RICHARD T. MILLER (États-Unis) a dit comprendre les préoccupations soulevées par son homologue pakistanais.  Il a rappelé que l'objectif des négociations est de trouver des politiques et des procédures permettant d'aider les pays en développement.  Pour conclure, il l'a remercié d'avoir participé à ce dialogue et l'a assuré avoir pris en considération les remarques qu'il a soulevées.


Examen ministériel annuel


Présentation du rapport du Secrétaire général


M. SHA ZUKANG, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales des Nations Unies, présentant le rapport du Secrétaire général, a souligné que le Conseil se trouvait à un carrefour important de ses travaux.  L'examen ministériel annuel vise à améliorer et à accélérer la mise en œuvre.  Aussi, convient-il de se concentrer sur l'action et sur les mesures à prendre, en évaluant ce qui marche et ce qui ne marche pas.  Il est nécessaire d'échanger les expériences et les enseignements tirés des échecs.  Le Conseil économique et social doit chercher à identifier les mesures pratiques qui contribuent directement au développement.  L'éradication de la pauvreté et de la faim constitue l'objectif primordial de nos conférences mondiales et il s'agit d'un thème approprié pour ce premier examen ministériel annuel, a souligné M. Sha.


M. Sha a indiqué que le rapport présenté par le Secrétaire général dans le cadre de ce premier examen dresse un vaste bilan des progrès accomplis dans la mise en œuvre des programmes de développement; il présente une synthèse des résultats de tous les grands sommets et souligne les principales lacunes voire les principaux obstacles existants.  Les résultats sont tout de même encourageants, a affirmé M. Sha.  L'objectif de réduire la pauvreté de moitié semble atteint dans la plupart des régions, à l'exception de l'Afrique subsaharienne où la proportion de pauvres diminue, mais de manière insuffisante.  Même s'il n'existe pas de données exhaustives récentes sur la question, la faim demeure un fléau dans les zones en proie aux troubles, a poursuivi M. Sha.  Il a rappelé que la pauvreté - en tant que défi - comporte bien d'autres dimensions que le seul niveau de revenus.  Les progrès dans le domaine de la santé se sont accélérés, a-t-il ajouté.  Toutefois, les progrès ont été inégaux d'un pays à l'autre.  Dans l'ensemble, les données disponibles indiquent un nouveau mouvement dans de nombreuses voies positives, mais qui demeurent des exceptions s'agissant de situations où règnent des conflits internes qui font reculer le développement.  Dans les cas où un soutien extérieur s'avère nécessaire, la communauté internationale doit réunir ses efforts, a souligné le Secrétaire général adjoint.


Une exception majeure à cette évolution caractérisée par un progrès généralisé concerne l'environnement physique de la terre, a déclaré M. Sha.  La question du changement climatique rappelle la gravité de la menace et l'urgence de définir une action au niveau mondial.  La stratégie mondiale pour atteindre les objectifs que s'est fixés la communauté internationale doit être améliorée et renforcée afin de permettre à toutes les couches de la population de prendre leur part de succès.  Le Conseil économique et social peut y contribuer grâce à la possibilité d'évaluation et d'apprentissage qu'offre l'examen ministériel annuel.  Tous les pays doivent continuer à mettre en œuvre des actions concertées, a insisté M. Sha.  Le partenariat mondial pour le développement, a-t-il rappelé, repose sur deux principes: il faut que les pays en développement acceptent leur responsabilité première pour ce qui est de leur propre développement; et il faut que les pays développés acceptent de fournir une assistance et fassent en sorte que les conditions au plan mondial soit propices.  M. Sha a insisté sur le caractère multiforme de ce partenariat qui doit mêler les actions des Nations Unies, celles des autres institutions internationales et aussi celles de la société civile.  Ce processus devrait devenir universel, a affirmé le Secrétaire général adjoint.  Chacune des stratégies de développement doit avoir un caractère spécifique adapté aux pays concernés, a-t-il ajouté.  Les besoins nationaux en matière de développement doivent être gérés de manière efficace et les femmes doivent avoir la possibilité de contribuer au développement.  En outre, les efforts visant à réduire la pauvreté doivent continuer à tenir compte d'autres éléments que les seuls revenus, a souligné M. Sha.  L'intensification de l'action visant à créer des emplois et à fournir un travail décent est aussi une priorité, a-t-il déclaré.  Pour aider à concevoir des stratégies répondant à ces critères, le Département des affaires économiques et sociales a conçu une série de notes sur les politiques générales dont peuvent s'inspirer les États, a indiqué le Secrétaire général adjoint.


Chaque pays en développement devrait bénéficier d'une projection année par année des quantités d'aide possibles, a poursuivi M. Sha.  Les partenaires du développement ont progressé dans l'accomplissement de leur engagement à réduire la pauvreté; mais il reste encore beaucoup à faire pour tenir les engagements.  Un progrès a été fait pour réduire la dette extérieure des pays en développement, a ajouté M. Sha.  Dans l'ensemble, a-t-il affirmé, le monde jouit d'une période de bonne fortune; cette période de prospérité relative est un moment opportun pour que les pays renforcent leurs efforts afin de mettre un terme à la pauvreté.  Les partenaires du développement doivent tenir leurs engagements envers les pays en voie de développement, a insisté M. Sha.  Il convient de laisser de côté les intérêts commerciaux étroits, a-t-il déclaré.  Les régimes de gouvernance au plan mondial doivent aussi être rendus plus propices au développement.  Le rôle et la participation des pays en développement dans les instances internationales devraient aussi être accrus de manière équitable.  Nous sommes confrontés à des défis multiformes qui nécessitent des actions de toutes les parties prenantes, y compris la société civile et les entreprises, a souligné M. Sha.  Les Nations Unies sont résolues à promouvoir des partenariats intégrant l'ensemble des parties prenantes - partenariats dont la Foire aux innovations ne constitue qu'une première manifestation.  Les Nations Unies ont proposé que chaque ministre puisse annoncer au cours de ce premier examen ministériel annuel une initiative que son pays pourrait prendre pour réduire la pauvreté et la faim, a rappelé M. Sha. 


Le rapport du Secrétaire général sur le renforcement de l'action menée pour éliminer la pauvreté et la faim, notamment grâce au partenariat mondial pour le développement (E/2007/71) présente les progrès réalisés et les principaux obstacles à surmonter pour éliminer la pauvreté et la faim et atteindre les objectifs de développement connexes convenus au niveau international.  Il indique qu'à l'échelle de la planète, la pauvreté absolue continue de reculer et en 2015, dans l'ensemble des principales régions du monde, à l'exception de l'Afrique subsaharienne, la proportion de la population vivant dans l'extrême pauvreté devrait être ramenée à moins de la moitié de ce qu'elle était en 1990.  Il n'en reste pas moins que cette amélioration n'est pas suffisamment rapide pour atteindre les objectifs de la Déclaration du Millénaire, souligne le Secrétaire général.  Par ailleurs, l'environnement continue de se dégrader, et il paraît de plus en plus clair que le changement climatique atteint un point de non-retour, avec des conséquences potentiellement dévastatrices pour la population pauvre du monde. 


Le rapport souligne que ces progrès ont été rendus possibles par un renforcement du partenariat mondial en faveur des pays en développement.  L'aide publique au développement reste toutefois toujours en deçà de l'engagement pris par les pays développés, et les retombées de négociations commerciales qui seraient axées sur le développement se font toujours attendre.  Les politiques et les actions des Nations Unies en matière de développement ont contribué à la réalisation des résultats souhaités, mais à un degré encore insuffisant, insiste le Secrétaire général.  Il faut mettre l'accent sur le renforcement et l'accélération des mesures en faveur du développement.  Les pays en développement doivent y contribuer en élaborant et en mettant en œuvre des stratégies nationales de développement qui contribueront à accélérer les progrès.  Les partenaires du développement doivent pour leur part veiller à tenir leur engagement d'accroître l'aide publique au développement de manière prévisible et devraient en outre accélérer les progrès réalisés dans le cadre du cycle de négociations commerciales de Doha. 


Le rapport préconise que toutes les parties prenantes saisissent l'occasion qui leur est offerte de consolider leurs acquis car les progrès réalisés au prix de grands sacrifices peuvent souvent être éphémères et il est facile de régresser, surtout dans les pays pauvres.  Les gouvernements en particulier, à la fois individuellement et collectivement, doivent mettre à profit le climat économique mondial qui est actuellement propice à la consolidation et au maintien des acquis récents en réaffirmant énergiquement leur volonté résolue de mener à bien toute la série d'activités interdépendantes qui permettra de réaliser les objectifs de développement convenus à l'échelon international.  Dans cet esprit, chaque participant est invité à marquer le premier examen ministériel annuel en prenant au moins un engagement qui contribuera d'une manière directe et concrète à réduire la pauvreté et la faim.


Débat sur le rapport du Secrétaire Général


M. JEAN-LOUIS SCHILTZ, Ministre de la coopération et de l'action humanitaire du Luxembourg, a estimé que le rapport du Secrétaire général - qui brosse un tableau de la situation complexe de la pauvreté et de la faim dans le monde - est très complet.  Il s'est dit inquiet et frustré face au constat qui revient tout au long du rapport, à savoir qu'alors que des progrès encourageants sont enregistrés vers la réalisation des objectifs du Millénaire pour le développement et que de par le monde la faim et la pauvreté régressent, l'Afrique subsaharienne ne participe pas à cet élan positif.  Et comme s'il ne suffisait pas que certains pays africains piétinent sur place dans leur développement, d'autres reculent même, s'est-il désolé.  Comment, dans ces conditions, parler de partenariat mondial, s'est-il demandé ?  Il a dit refuser d'admettre que les bailleurs de fonds se seraient détournés de l'Afrique et de croire que les dirigeants africains auraient renié la bonne gouvernance.  En Afrique, pour une myriade de raisons, internes et externes, la route du développement est plus longue et semée de davantage d'embûches.  C'est pourquoi, il faut persévérer et redoubler d'efforts, tout autant en termes de contributions financières qu'en termes de partenariat.  M. Schiltz a rappelé que les États sont aujourd'hui réunis non seulement pour échanger des expériences et identifier des obstacles, mais également pour réaffirmer leur volonté politique de faire résonner à nouveau l'écho de la Déclaration du Millénaire et pour faire avancer la mise en œuvre de l'agenda des Nations Unies pour le développement. 


Cette volonté politique, a poursuivi le Ministre luxembourgeois, doit en premier lieu s'exprimer au niveau national, car la responsabilité première du développement, avec son pendant de bonne gouvernance, incombe d'abord aux pays en voie de développement.  La communauté internationale doit, quant à elle, se tenir prête aux côtés de ces pays - surtout les moins avancés d'entre eux - afin de les conseiller, de les accompagner et de les appuyer financièrement.  Le Ministre a fait observer que rarement le cadre conceptuel pour une action internationale n'a été énoncé de manière aussi pertinente et que rarement la communauté internationale ne s'est fixée un calendrier de suivi aussi contraignant.  À cet égard, il s'est félicité de ce que les membres de l'Union européenne se soient engagés à porter leur aide publique au développement (APD) à 0,7% du revenu national brut d'ici à 2015.  Il s'est toutefois alarmé de ce que l'évolution actuelle de l'APD ne permette pas d'atteindre les objectifs du Millénaire pour le développement en 2015.  Il a en outre attiré l'attention sur l'embellie toute conjoncturelle des statistiques de 2003 concernant l'APD, causée par l'annulation des dettes extérieures de l'Iraq et du Nigéria, alors que la tendance alarmante à la baisse a repris le dessus.  Le Ministre a ensuite réaffirmé la volonté de son Gouvernement de porter l'APD à 1% du revenu national brut dans les années à venir.  S'il y a bien un combat qui vaut la peine d'être mené avec acharnement et ténacité, c'est bien celui contre la pauvreté, a conclu M. Schiltz.


En sa qualité de modérateur du débat, M. JAMES RUBIN, ancien ministre adjoint des affaires étrangères de l'administration du Président Bill Clinton et commentateur des questions internationales à la télévision américaine, a indiqué qu'il souhaitait encourager un dialogue franc sur les questions intéressant le Conseil à l'occasion de ce premier examen ministériel annuel.  Un des principaux défis moraux de notre temps consiste à savoir comment traiter de la pauvreté, a-t-il affirmé.  Le Conseil porte son attention sur cette question à un moment où, sur les grands piliers susceptibles de soutenir l'aide aux pays en développement, seul celui de l'allègement de la dette semble fonctionner correctement, les autres ne tenant pas leurs promesses.  M. Rubin a dit espérer entendre ici parler de mauvaises nouvelles, car il le faut bien, mais aussi de bonnes nouvelles, avec des exemples de programmes d'assistance qui fonctionnent.  Il a souhaité que des enseignements puissent être tirés de ce débat, de manière à «faire avancer la balle sur le terrain, comme on dit aux États-Unis». 


Présentation nationale volontaire du Bangladesh et examen


M. IFTEKHAR AHMED CHOWDHURY, Conseiller auprès du Ministre des affaires étrangères du Bangladesh, a expliqué que le rapport que présente aujourd'hui sa délégation consiste en un compte-rendu détaillé des efforts déployés par le pays pour éradiquer la pauvreté.  Il a fait observer que la réalisation du premier objectif du Millénaire pour le développement (réduction de moitié d'ici 2015 de l'extrême pauvreté et de la faim) relève d'un processus qui ne s'achèvera pas en 2015.  Il faudra veiller à assurer une continuité des résultats obtenus, a-t-il insisté, avant de préciser que le rapport de son pays contient des perspectives pour aller au-delà de 2015.  Il s'est dit fier de la position de leader mondial tenue par son pays dans les domaines de la recherche et de la formation et s'est réjoui de ce que la pauvreté y ait été réduite de manière importante.  Il s'est en outre réjoui que son pays compte deux lauréats de prix Nobel décorés pour leurs contributions remarquables à la lutte contre la pauvreté. 


La pauvreté n'est pas uniquement l'absence de richesses, mais l'absence de droits, a fait observer M. Chowdhury.  Il a ensuite évoqué les résultats positifs obtenus par son pays en matière de lutte contre la pauvreté.  Ces résultats ne nous rendent pas complaisants mais nous font prendre conscience des impératifs associés à la réalisation des autres objectifs du Millénaire pour le développement, a-t-il indiqué.  Il a tenu à souligner que la stabilité et la bonne gestion des affaires publiques sont des préalables fondamentaux à une lutte efficace contre la pauvreté.  La pauvreté au Bangladesh est passée de 58,8% en 1990 à 48% en 2005, a-t-il souligné.  Ce résultat atteste de l'importance accordée par le Gouvernement à la lutte contre la pauvreté, a-t-il ajouté.  Il a par ailleurs attiré l'attention sur le lien qui existe entre la pauvreté et la faim, soulignant que lutter contre la faim est une composante essentielle de la lutte contre la pauvreté.  Aussi, le Bangladesh a-t-il mis en place des programmes d'alimentation et des programmes de développement en faveur des groupes vulnérables, a-t-il expliqué.  Il a ensuite passé en revue les divers progrès enregistrés et souligné que la politique de microfinancements mise en œuvre par son pays porte ses fruits.  Il a également passé en revue les progrès effectués sur la voie de la réalisation d'autres objectifs du Millénaire pour le développement.  M. Chowdhury a en outre attiré l'attention sur les effets positifs des migrations, arguant notamment que les transferts de fonds des migrants peuvent contribuer à la lutte contre la pauvreté.  Il s'est également alarmé du réchauffement climatique, qui constitue une menace importante dans le contexte de la lutte contre la pauvreté à partir de 2015.  Pour conclure, il a insisté sur l'importance de ne pas ménager ses efforts et d'agir au plus vite.  S'il y a une montagne à grimper, attendre ne va pas en diminuer la taille, a-t-il conclu.


M. JAMES RUBIN, modérateur du débat, relevant que dans la liste dressée par l'association Transparency International, qui lutte contre la corruption, le Bangladesh occupe le 156e rang sur 163 pays, a souhaité savoir comment les pays donateurs devraient réagir vis-à-vis d'une telle liste. 


M. IFTEKHAR AHMED CHOWDHURY (Bangladesh) a répondu que tout pays en développement doit être aux commandes et prendre sa destinée en mains.  La corruption est devenue un problème contre lequel le Gouvernement s'efforce de lutter, a-t-il assuré.  Le Gouvernement bangladais s'est efforcé de cerner le problème et entend s'y attaquer; mais il aura certainement besoin de l'aide internationale pour l'assister dans ce combat. 


M. Chowdhury a souligné qu'il est indispensable pour son pays que les produits nationaux puissent avoir accès aux marchés mondiaux.  Il a ainsi souhaité que soient levés les obstacles et que les produits du Bangladesh puissent avoir un libre accès aux marchés.


M. KIM HAK-SU, Secrétaire exécutif de la Commission économique et sociale pour l'Asie et le Pacifique (CESAP), a fait observer que 14 des pays les moins avancés se trouvent en Asie.  Sans la réalisation des objectifs du Millénaire pour le développement dans cette partie du monde, on ne peut pas parler de réduction de la pauvreté à l'échelle mondiale, a-t-il souligné.  Il a félicité M. Chowdhury pour sa présentation et salué les progrès réalisés par le Bangladesh, qu'il a estimé prometteurs.  S'adressant à la délégation du Bangladesh, il a souhaité savoir comment le pays compte tirer parti de ses ressources démographiques.  S'agissant de l'industrie bangladaise du vêtement, il a fait observer que les accords multifibres qui ont été signés sont très positifs pour le Bangladesh mais qu'ils desservent d'autres pays comme Sri Lanka.  Il a ainsi plaidé pour un meilleur accès aux marchés pour tous les pays en développement.


M. ARCANJO DO NASCIMENTO (Angola) a demandé d'où venaient les fonds pour financer les différents programmes de lutte contre la pauvreté et comment expliquer le déclin démographique que connaît le Bangladesh?  Il faut favoriser l'autonomie des pays en développement, et il est bon que les pays maîtrisent leur programme de développement, mais la réalité est un peu différente; des obstacles se dressent contre cette autonomie, a fait remarquer le représentant angolais.


M. CHOWDHURY (Bangladesh) a indiqué que si tous les partenaires en matière de développement tenaient leurs promesses, les pays concernés pourraient sortir de la dépendance.  La grande histoire à succès c'est le partenariat public-privé pour mobiliser l'effort de développement.  Ainsi, le microcrédit a entraîné un bouleversement positif dans la société bangladaise.  L'intégration des femmes est aussi une réalité dans le pays, car elle favorise le développement.  Les statistiques montrent les progrès accomplis.  Nous essayons de fonctionner en tirant parti à la fois de la liberté de marché et sur des filets de sécurité.  S'agissant des questions posées par l'Angola, le but du Bangladesh est de s'affranchir de la dépendance et de maîtriser sa politique de développement, a expliqué le représentant.  Il a par ailleurs souligné que le pays a remporté des succès en matière de limitation de la croissance démographique depuis les années 1970 et le premier programme démographique de la Banque mondiale. 


Présentation nationale volontaire du Bangladesh et examen


M. TREVOR PRESCOD, Ministre de la transformation sociale de la Barbade, a estimé que la création de cet examen ministériel annuel, ainsi que celle du Forum pour la coopération en matière de développement, joueront un rôle central dans les travaux du Conseil.  Il a fait observer que le thème choisi pour ce premier examen ministériel est tout à fait approprié.  Nul objectif n'est plus fondamental pour parvenir au développement que celui de l'éradication de l'extrême pauvreté et de la faim.


M. Prescod a expliqué que son pays est confiant quant à sa capacité à atteindre les objectifs du Millénaire pour le développement.  Le Gouvernement a mis en place un plan national stratégique de développement qui définit la voie pour le développement économique et social d'aujourd'hui à 2025.  Et il s'est fixé pour objectif numéro un l'éradication de la pauvreté.  Pour ce faire, il a procédé au renforcement du cadre institutionnel et à la mise en place d'agences supplémentaires qui se sont vues conférer des mandats spécifiques dans la lutte contre la pauvreté.  Le Ministre a ainsi expliqué que des commissions de développement urbain et rural ont été mises sur pied.  En outre, un Comité d'élimination de la pauvreté et un Bureau d'allègement de la pauvreté ont été créés pour faire face aux cas de pauvreté critiques.  Le ministère de la transformation sociale a été établi pour redéfinir le paysage social du pays.  M. Prescod a attiré l'attention sur les victimes de la pauvreté les plus vulnérables, comme les personnes âgées ou les personnes handicapées.  Il a à cet égard indiqué qu'une unité nationale a été créée pour assister le développement de programmes et de politiques en faveur des personnes handicapées.  S'agissant des personnes âgées, des mesures ont été prises pour leur offrir un soutien social et des activités.


Le Ministre barbadien a tenu à faire part des avancées de son pays dans la réalisation des autres objectifs du Millénaire pour le développement.  En matière d'éducation, il a expliqué que le pays a réussi à assurer l'école obligatoire pour les enfants de 5 à 16 ans.  Le Gouvernement s'est aujourd'hui engagé à scolariser les enfants de 3 à 5 ans.  S'agissant de l'égalité entre les sexes, il a assuré qu'une attention particulière est accordée maintenant à la prévention de la violence et du trafic d'êtres humains.  Il a en outre fait valoir que les taux de mortalité infantile et maternelle soient particulièrement bas.


Le Ministre s'est ensuite intéressé au défi posé par le changement climatique.  Il a rappelé que ce dernier pose une menace sérieuse au développement des petits États insulaires en développement (PEID).  La Barbade, à l'instar d'autres PEID, a pris des mesures pour développer et mettre en œuvre des stratégies en la matière.  Mais ces mesures resteront inutiles en l'absence d'une action mondiale urgente et ambitieuse.  Il est indispensable d'engager au plus vite des négociations formelles sur un accord d'après-Kyoto, a-t-il ajouté.  Le Ministre s'est ensuite inquiété des disparités dans la réalisation des objectifs du Millénaire pour le développement.  Il a à cet égard estimé que les besoins des pays à revenu intermédiaire ne sont pas suffisamment pris en compte par le Consensus de Monterrey et espéré que le suivi de la conférence internationale sur le financement du développement qui aura lieu en 2008 va remédier à cette situation.  Il a également regretté que le fardeau de la mise en œuvre de la stratégie de Maurice soit en majorité assumé par les PEID, alors que la communauté internationale entière s'est accordée sur ces buts.  Quel héritage allons-nous laisser aux générations futures si nous échouons dans la réalisation des objectifs du Millénaire pour le développement, a-t-il demandé?  L'échec n'est pas une option, a-t-il conclu.


M. JAMES RUBIN, modérateur, a relevé que les difficultés pour atteindre certains objectifs sont malheureusement une réalité et que le doublement de l'assistance à l'Afrique ne se réalise pas.  M. Rubin a demandé ce que cela changerait si les objectifs définis concernant le VIH-sida étaient pleinement atteints, si l'argent, les compétences et les médicaments étaient apportés dans votre région combien pourrait-on sauver de vies humaines ?


M. PRESCOD, Ministre de la transformation sociale de la Barbade, a indiqué en réponse à cette question que cela permettrait de réduire le taux de mortalité.  L'économie de la Barbade est basée sur le tourisme, il s'agit d'une économie à petite échelle et les fonds sont à présent épuisés.  Si le pays pouvait exploiter des marchés extérieurs, comme celui de la canne à sucre aux États-Unis, il serait mieux à même de financer ses programmes pour le VIH-sida, a ajouté le représentant.


M. ALFREDO CABRAL (Guinée-Bissau) a souligné que le présent débat montre bien que la pauvreté n'est pas une fatalité.  La lutte contre la pauvreté est d'abord une responsabilité qui revient aux gouvernements et à tous les citoyens d'un pays.  Il faut certes augmenter l'aide au développement mais il faut surtout donner la capacité au pays bénéficiaire de sortir de cette dépendance.  Là où la démocratie est présente, il y a inévitablement des progrès réels.  Des pays réussissent car ils refusent que la pauvreté soit une fatalité, il faut mettre l'accent sur la responsabilité qui incombe aux pays pauvres, une responsabilité en tant que premiers pays concernés.  Le représentant bissau-guinéen a également demandé de plus amples informations sur le Pacte entre le gouvernement et les syndicats barbadiens pour promouvoir les progrès dans le pays. 


MME FATIMA VEIGA (Cap Vert) a dit comprendre pleinement les limites que l'insularité impose au développement.  S'agissant de la question de la fuite des capitaux humains, que peut-on faire pour contrer ce phénomène?  Avez-vous engagé des mesures, avec l'aide de partenaires, pour lutter contre ce phénomène?  S'agissant du VIH-sida, le représentant capverdien a souligné qu'il s'agissait de la plus grande menace pour le secteur de la santé.  Que peut-on faire pour changer cette situation, existe-il un plan de coopération au plan régional pour lutter contre la maladie?


M. RUBIN a fait observer que les États-Unis devraient fournir un certain montant supplémentaire chaque année jusqu'en 2010 s'ils veulent tenir leurs engagements.  Aussi, il a voulu savoir si le représentant des États-Unis pouvait donner aujourd'hui l'assurance que cet engagement sera pris.


M. RICHARD T. MILLER (États-Unis) a dit avoir l'impression d'être plus dans une conférence de presse que dans un débat tel qu'il devrait se tenir au sein du Conseil.  Il a estimé que cet esprit ne correspond pas à celui qui devrait prévaloir au sein du Conseil économique et social et souhaité que les discussions continuent dans un autre esprit.  Il a ensuite dit avoir demandé la parole non pour répondre à la question du modérateur, mais pour féliciter le Ministre de la Barbade pour la présentation de son rapport et les progrès réalisés par son pays dans la lutte contre la pauvreté.  S'intéressant plus précisément à l'objectif de développement n°6 (Combattre le VIH/sida, le paludisme et d'autres maladies), il a souligné que le sujet est particulièrement sensible et a estimé que le risque existait de ne pas atteindre l'objectif désiré.  Cette problématique touche au comportement culturel et social et il est important d'effectuer un important travail de prévention, a-t-il précisé.


M. ALISTAIR FERNIE (Royaume-Uni) s'est inquiété des effets du changement climatique, et notamment des défis qu'il pose à la croissance économique.  Aussi, il a voulu savoir si le pays aurait besoin d'aide supplémentaire et, le cas échéant, si cette aide devrait être dirigée pour faire face à une menace particulière.


M. PRESCOD, Ministre barbadien de la transformation sociale, a notamment reconnu que la question du VIH/sida était un problème culturel.  Il a ajouté qu'avec son industrie touristique, la Barbade compte plus de personnes étrangères qui viennent sur l'île que le nombre de ses habitants.  Excepté ses responsabilités humanitaires, la Barbade doit d'abord prendre en considération ses propres besoins.  Mais la communauté internationale devrait aussi accepter sa responsabilité à cet égard.


M. HUGH SEALY (Barbade) a indiqué que le changement climatique requiert une action urgente, mais que, s'agissant de la mise en œuvre de politiques d'ajustement, des pays comme la Barbade ont besoin de l'assistance de la communauté internationale.


M. CHRISTOPHER HACKETT (Barbade), à titre de représentant de la société civile barbadienne, a déclaré que le niveau le plus élevé de partenariat social entre le gouvernement et le monde du travail a été établi dans les années 1990 et que cela a été un succès pour stabiliser l'économie.


Répondant à une question sur la fuite du capital humain de son pays, le Ministre PRESCOD a indiqué que cela ne concerne que les enseignants et les infirmières.  À ce sujet, une coopération a été mise en œuvre avec d'autres pays qui a permis de replacer ceux qui avaient quitté le pays. 


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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