CS/9163

LE CONSEIL DE SÉCURITÉ SOULIGNE LA CONTRIBUTION UTILE DES ORGANISATIONS RÉGIONALES DANS LE MAINTIEN DE LA PAIX ET DE LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES

6/11/2007
Conseil de sécuritéCS/9163
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Conseil de sécurité

5776e séance – matin & après-midi


LE CONSEIL DE SÉCURITÉ SOULIGNE LA CONTRIBUTION UTILE DES ORGANISATIONS RÉGIONALES DANS LE MAINTIEN DE LA PAIX ET DE LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES


« Les partenariats avec les organisations régionales et sous-régionales

sont aujourd’hui plus forts et plus actifs que jamais », affirme Ban Ki-moon


Le Conseil de sécurité, à la faveur d’un nouveau débat ouvert sur le rôle des organisations régionales et sous-régionales dans le maintien de la paix et de la sécurité internationales, a mis aujourd’hui l’accent sur leur « contribution de plus en plus importante », laquelle « peut utilement venir appuyer » son action à condition qu’elle s’inscrive dans le cadre du Chapitre VIII de la Charte des Nations Unies.


Tout en rappelant sa « responsabilité principale » du maintien de la paix et de la sécurité internationales, le Conseil de sécurité, dans une déclaration de son Président, le Ministre des affaires étrangères de l’Indonésie, M. Hassan Wirajuda, « encourage les organisations régionales et sous-régionales à intensifier et à resserrer la coopération entre elles, y compris en vue de renforcer leurs moyens de maintien de la paix et de la sécurité internationales ».


Dans cette déclaration, lue à l’issue du débat, le Conseil « encourage la coopération régionale », y compris par le biais de la participation d’organisations régionales et sous-régionales au règlement pacifique des différends et « insiste sur la nécessité d’instaurer » avec ces organisations « un partenariat efficace qui permette de réagir rapidement en cas de différends et de crises nouvelles ». 


En outre, il « souligne le rôle que les organisations régionales et sous-régionales pourraient jouer dans la lutte contre le trafic illicite d’armes légères » et « exhorte les organisations régionales et sous-régionales compétentes à accroître l’efficacité de leur action antiterroriste dans le respect de leurs mandats et du droit international ». 


Le Conseil prie enfin le Secrétaire général de lui faire « une recommandation au sujet des moyens concrets de développer et de renforcer la coopération entre l’ONU et les organisations régionales et sous-régionales dans le domaine du maintien de la paix et de la sécurité internationales ».


Le Secrétaire général, qui a ouvert le débat public du Conseil de sécurité, a estimé que les partenariats avec les organisations régionales et sous-régionales étaient « aujourd’hui plus forts et plus actifs que jamais ».  « Les Nations Unies se sont engagées à aider à renforcer les capacités des organisations régionales et sous-régionales en matière de prévention des conflits et de maintien de la paix pour leurs régions respectives », a expliqué M. Ban Ki-moon, assurant que ses propositions à l’Assemblée générale pour renforcer le Département de maintien de la paix avaient déjà accru la capacité de l’ONU en ce sens.  Cette initiative, qui s’ajoute à celle du renforcement du Département des affaires politiques, « reflète l’engagement pris par l’Organisation de travailler davantage avec ses partenaires régionaux », a-t-il poursuivi.


Lors du débat public qui a suivi, auquel ont pris part, outre le Ministre indonésien des affaires étrangères, les représentants d’une trentaine d’États Membres et les observateurs de plusieurs organisations régionales, se sont attachés à démontrer le rôle de ces dernières dans le maintien de la paix et de la sécurité internationales, à la fois directement, en renforçant leurs capacités à affronter les menaces qui pèsent sur les objectifs visés dans leurs régions respectives, et indirectement, en aidant le Conseil à s’acquitter de ses responsabilités.


Pour l’Observatrice de l’Union africaine, il est également temps de mettre en œuvre les engagements contenus dans le Programme décennal de renforcement des capacités de l’Union africaine et de l’ONU, en évitant les chevauchements et doubles emplois.  Elle a également souhaité une harmonisation des procédures de prise de décisions, une analyse stratégique conjointe et des échanges d’information systématiques.  Le représentant de la Belgique, évoquant les dangers inhérents à tout processus d’institutionnalisation des relations, a souhaité le développement de synergies pragmatiques et flexibles plutôt que l’élaboration de cadres théoriques souvent rigides et peu fonctionnels.  Le représentant du Qatar a, quant à lui, déploré que le rôle de certaines organisations régionales ait été marginalisé, voire ignoré.


Ce débat thématique était le quatrième sur cette question depuis 2003, le dernier en date remontant au 28 mars 2007.  Il visait, comme l’indique le document de réflexion préparé par l’Indonésie*, à « faire connaître le potentiel et les capacités que possèdent actuellement les organisations régionales et sous-régionales dans le domaine de la paix et de la sécurité », puis à « aider à recenser et élaborer plus avant les modalités » qui leur permettront de « contribuer davantage aux travaux du Conseil, s’agissant du maintien de la paix et de la sécurité internationales ».


Au fil des années, de nombreux efforts ont été déployés au service de la coopération entre l’ONU et les organisations régionales et sous-régionales.  Dans sa résolution 1631 (2005), le Conseil de sécurité se déclare ainsi « résolu à prendre les mesures appropriées » pour renforcer cette coopération et « recommande une meilleure communication », en particulier par la « tenue de consultations à tous les niveaux pertinents ».


* Document de réflexion publié sous la cote S/2007/640



LE R ÔLE DES ORGANISATIONS RÉGIONALES ET SOUS-RÉGIONALES DANS LE MAINTIEN DE LA PAIX ET DE LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES


Déclarations


M. BAN KI-MOON, Secrétaire général des Nations Unies, a affirmé que le fait que le Conseil de sécurité tienne cette année son deuxième débat ouvert sur cette question démontre l’importance que ses membres lui accordent, ainsi qu’il l’est reflété dans la résolution 1631.  Il a indiqué avoir constaté, depuis avoir pris ses fonctions il y a 10 mois, les contributions importantes d’un certain nombre d’organisations régionales et sous-régionales, et a précisé avoir participé aux délibérations de certains de leurs sommets.  Ces échanges se sont avérés très utiles puisqu’ils ont permis de se doter d’un forum commun et d’un ordre du jour pour la coopération.  Ils aideront à alimenter le rapport qu’il doit présenter au Conseil de sécurité sur les moyens d’améliorer la coopération des Nations Unies avec les organisations régionales dans le cadre des dispositions du Chapitre VIII de la Charte de l’ONU, a-t-il déclaré.  Les partenariats avec les organisations régionales et sous-régionales sont aujourd’hui plus forts et plus actifs que jamais, a-t-il ajouté, citant entre autres la création, cette année, de l’opération hybride de maintien de la paix Nations Unies-Union africaine et la médiation politique au Darfour et le travail effectué avec l’OTAN en Afghanistan et au Kosovo ou l’Association des Nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE) au Myanmar.


Selon le Secrétaire général, ces activités politiques et opérationnelles, qui vont de la prévention des conflits au maintien de la paix, en passant par la consolidation de la paix, apportent des résultats sur le terrain et permettent aussi de tirer des leçons pour l’avenir, de comprendre les forces et avantages respectifs.  Les Nations Unies se sont engagées à aider à renforcer les capacités des organisations régionales et sous-régionales en matière de prévention des conflits et de maintien de la paix pour leurs régions respectives, a-t-il expliqué.  Il a ainsi assuré que ses propositions à l’Assemblée générale visant à renforcer le Département de maintien de la paix ont déjà accru la capacité de l’ONU à travailler davantage avec ses partenaires en matière de maintien de la paix.  De même, il a évoqué ses propositions à l’Assemblée générale en vue de renforcer le Département des affaires politiques.  Ces deux initiatives, a-t-il poursuivi, reflètent l’engagement pris par l’Organisation de travailler davantage avec ses partenaires régionaux.  Les Nations Unies sont déterminées à travailler ensemble de manière plus étroite et plus efficace, dans l’intérêt mutuel des organisations, des États Membres et, par-dessus tout, des peuples de toutes les régions du monde, a-t-il assuré avant de conclure. 


M. ZALMAY KHALILZAD (États-Unis) a rappelé que le Conseil de sécurité avait la responsabilité première du maintien de la paix.  Il a cependant ajouté que les organisations internationales jouaient un rôle primordial dans ce domaine, très clairement énoncé dans le Chapitre VIII de la Charte des Nations Unies.  Elles comprennent mieux les causes sous-jacentes des conflits et ont souvent une influence sur les parties au conflit, a-t-il noté, en se déclarant favorable au versement de contributions volontaires pour participer à leur financement.


M. Khalilzad a salué le rôle particulier de certaines organisations régionales.  Il a notamment cité l’ANASE qui, par sa déclaration sur le Myanmar en septembre, a souligné la menace régionale que faisait peser la répression des manifestations pacifiques.  Il a également rappelé le rôle essentiel joué par l’Union africaine au Darfour, à travers la MUAS, malgré les conditions très difficiles.  L’Union africaine jouera aussi un rôle essentiel au sein de la MINUAD, a-t-il ajouté, particulièrement lors de la période de transition entre les deux forces de maintien de la paix.  M. Khalilzad a par ailleurs salué la récente approbation par le Conseil de sécurité d’une force pluridimensionnelle, sous l’égide de l’Union européenne, au Tchad et en République centrafricaine.  Il a rappelé la contribution de l’Organisation des États américains dans le processus de paix en Haïti, après la démission du Président Aristide.  Il s’est félicité du rôle de l’OSCE dans le processus d’observation des élections.


Les organisations régionales vont jouer un rôle croissant, a-t-il estimé, en invitant le Conseil de sécurité à faire preuve de souplesse dans sa coopération avec chacune des organisations régionales, en tenant compte de leur spécificité.  Il a appelé le Conseil à améliorer leurs capacités pour faire face aux défis qui les attendent.


M. MARCELLO SPATAFORA (Italie) a indiqué que son pays accordait la plus haute importance au rôle que jouent les organisations régionales et sous-régionales dans le maintien de la paix et de la sécurité internationales.  Le représentant s’est félicité des initiatives prises par le Président du Conseil de sécurité et du Secrétaire général.  Les organisations régionales et sous-régionales, a-t-il insisté, doivent être en mesure de participer à toutes les étapes du maintien de la paix.  Il a ainsi cité, entre autres, les mesures de désarmement, de démobilisation et de réintégration (DDR) ou le renforcement de l’État de droit.  Les organisations régionales connaissent mieux les réalités locales et ont intérêt à ce que les conflits qui font rage dans leurs régions soient réglés, a-t-il estimé.  Le représentant a également rappelé que les Nations Unies étaient responsables au premier chef du maintien de la paix et de la sécurité internationales, mais, a-t-il fait remarquer, la nature multidimensionnelle des conflits exige que la communauté internationale œuvre dans une démarche collective et multilatérale.  Il a affirmé que l’Italie accordait une importance particulière au renforcement des capacités des organisations régionales et sous-régionales.  Il a ainsi mis l’accent sur la nécessité de réfléchir à la manière dont on peut aider ces organisations, notamment dans le domaine de la logistique et de la formation. 


M. MUTLAQ MAJED AL-QAHTANI (Qatar) a estimé que le rôle des organisations régionales avait été récemment mis en péril par les doutes exprimés au sein du Conseil de sécurité.  Il a rappelé la priorité que leur a accordée la Charte des Nations Unies.   Notant qu’il n’existait pas de partenariat concret, le représentant a invité les membres du Conseil à éviter d’adopter une approche sélective et la politique des « deux poids deux mesures », en déplorant que le rôle de certaines organisations régionales ait été marginalisé, voire tout simplement ignoré.  Estimant qu’elles devaient se voir accorder la priorité dans le règlement des conflits, il a constaté qu’il n’existait pas de partenariat concret entre les organisations régionales et l’ONU.


Le représentant a regretté que le Conseil de sécurité n’accorde aucune attention particulière aux initiatives de la Ligue des États arabes et du Conseil de coopération du Golfe, dont son pays est membre, notamment sur la question israélo-palestinienne.  Il a rappelé que le Conseil de coopération du Golfe, dont le prochain sommet aura lieu à Doha en décembre, s’était vu accorder le statut d’observateur par l’Assemblée générale.  Il a déploré également le sort réservé à l’Union africaine, dont l’accord de partenariat avec l’ONU n’a pas été suffisamment mis en œuvre, selon lui, pour des raisons politiques.


M. BASO SANGQU (Afrique du Sud) a estimé que les organisations internationales servaient la cause de la paix et de la sécurité internationales, grâce notamment à leur proximité avec le terrain et leur compréhension informée des situations de conflit spécifiques.  Ces organisations, a-t-il ajouté, ont la flexibilité requise pour intervenir au début des conflits et peuvent également jouer le rôle de médiateur.  Le représentant a noté que l’Union africaine est ainsi intervenue de manière rapide lorsque les Nations Unies n’étaient pas en mesure de le faire.  Évoquant les mécanismes développés par l’Union africaine, M. Sangqu a rappelé que le Conseil de paix et de sécurité devait coopérer étroitement avec le Conseil de sécurité de l’ONU.  Au niveau sous-régional, a-t-il ajouté, la Communauté de développement pour l'Afrique australe (SADC) continue de jouer un rôle crucial dans le maintien de la stabilité. 


La portée des opérations régionales de paix est limitée par le manque de ressources financières et de capacités logistiques, a ensuite affirmé le représentant.  Il a expliqué que l’Union africaine avait demandé à l’ONU d’explorer de nouvelles pistes de financement, y compris une approche basée sur le partage équitable des coûts.  Estimant que les causes des conflits en Afrique sont liées à l’évolution des relations internationales, le représentant a poursuivi en disant que l’adoption de la résolution 1769 du Conseil de sécurité décidant de la mise en place de l’opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour (MINUAD) était un exemple de coopération entre l’UA et l’ONU.  Cette mission, a expliqué M. Sangqu, représente l’un des modèles de coopération les plus novateurs, les deux organisations pouvant collaborer ensemble aux plans politique, logistique et financier en vue de résoudre l’un des plus inextricables conflits de notre temps. 


M. LUC JOSEPH OKIO (Congo) a estimé que la question essentielle qui se posait aujourd’hui, notamment en Afrique, était celle de savoir si les organisations régionales et sous-régionales bénéficiaient de suffisamment d’appuis de la part de la communauté internationale.  Si tel était le cas, comment les soldats de l’Union africaine se retrouveraient-ils en première ligne au Darfour sans moyens d’action dignes d’une telle mission? s’est-il interrogé.  Il a regretté que cet appui irremplaçable dont a eu besoin l’Afrique dans ce cas ne soit pas aux yeux de tous apparu comme un devoir impérieux.  La situation de la Mission d'observation militaire de l'Union africaine en Somalie (AMISOM) est également là pour en témoigner, a-t-il ajouté.  L’Afrique est, malgré tout, en train de développer des capacités sous-régionales et régionales en matière de maintien de la paix qui, si elles sont bien soutenues par la communauté internationale, pourraient contribuer davantage à l’amélioration de la situation sur le continent, a-t-il souligné.  la prise en main du destin de l’Afrique par l’Union africaine, malgré la modicité des ressources dont elle dispose, a-t-il souligné, est une contribution inestimable qu’elle apporte à l’ensemble de la communauté internationale en matière de maintien de la paix et de la sécurité internationale.  Le représentant a également indiqué que son pays avait toujours plaidé pour le renforcement des partenariats entre les Nations Unies et l’Union africaine afin que les décisions du Conseil de sécurité prennent en compte les préoccupations des pays africains et soient de ce fait légitimes et applicables.  Il a en outre toujours soutenu la nécessité d’un dialogue permanent entre le Conseil de sécurité et l’Union africaine à travers le Conseil de paix et de sécurité de cette dernière, a-t-il poursuivi.  Les accords de paix n’effacent pas pour autant les causes des conflits, a-t-il fait remarquer.  Ainsi convient-il, a-t-il dit, non seulement de les appliquer, mais surtout de prendre des mesures d’accompagnement indispensables à la reprise du dialogue, à l’instauration de la confiance, au respect du droit et à la reprise économique, conditions sine qua non au maintien de certains équilibres souvent fragiles dans les pays en développement.


M. JORGE VOTO-BERNALES (Pérou) a constaté que les organisations régionales participaient désormais aux opérations de maintien de la paix et aux efforts de reconstruction après un conflit.  Il a noté les pièges qui pouvaient survenir dans l’interaction entre les organisations régionales et l’ONU, comme en témoigne la diversité des expériences menées.  Il a rappelé la responsabilité principale du Conseil de sécurité pour les questions de paix et de sécurité.  Il a cependant estimé que ce rôle pouvait être amélioré grâce à une coopération accrue avec les organisations régionales.  La coopération entre l’ONU et les organisations régionales et sous-régionales offre des possibilités prometteuses, a-t-il estimé, en invitant à prendre en compte les particularités de chaque région et à respecter le principe de subsidiarité établi dans la Charte des Nations Unies.


M. JOHN SAWERS (Royaume-Uni) a estimé que les organisations régionales et sous-régionales n’avaient jamais été aussi actives qu’aujourd’hui.  Il a ainsi cité le rôle de l’Association des Nations du Sud-Est de l’Asie (ANASE), qui a réussi à mobiliser l’attention internationale sur le Myanmar, grâce également aux efforts du Secrétaire général et de son Conseiller spécial, M. Ibrahim Gambari.  Il a, de même, souligné le rôle de l’Union africaine au cours des événements les plus importants de ces dernières années.  Le représentant a jugé qu’au Darfour, ce partenariat était confronté à une véritable mise à l’épreuve.  Il convient, selon lui, d’accorder toute la priorité au déploiement de la force hybride ONU-Union africaine.  Il a espéré que le Gouvernement soudanais l’acceptera sans réserve.  Au Moyen-Orient, des organisations régionales, comme la Ligue des États arabes ou l’Organisation de la conférence islamique (OCI), jouent un rôle précieux, a-t-il dit.  Le représentant a par ailleurs souhaité que les efforts de la Communauté de développement de l’Afrique australe et du Gouvernement de l’Afrique du Sud aboutiront au Zimbabwe.  Il a mis l’accent sur la nécessité de soutenir tout processus visant à améliorer le sort de la population dans ce pays, où, selon lui, les violations des droits de l’homme, les intimidations brutales et l’effondrement de l’économie ont transformé une des nations les plus riches en une des zones qui connaît, à l’heure actuelle, une situation des plus désespérées.  Le représentant également a mis l’accent sur le rôle de l’OTAN, qui, par exemple, assure le gros du travail en Afghanistan.  Les Nations Unies et l’Union européenne travaillent main dans la main en Afghanistan, s’est-il félicité, se déclarant toutefois bouleversé par l’attentat commis ce matin contre le Parlement afghan qui a causé de nombreuses pertes en vies humaines dont des parlementaires.  De l’avis du représentant, les Nations Unies et les organisations régionales et sous-régionales sont des partenaires pour la paix.  Les défis sont plus complexes que jamais, a-t-il conclu, relevant néanmoins des occasions de progrès.


Aucun pays ni organisation internationale ne peut faire face seul aux nouveaux défis sécuritaires tels que le terrorisme, la propagation de maladies et les changements climatiques, a estimé M. WANG GUANGYA (Chine).  Il est donc impératif de promouvoir le multilatéralisme et de renforcer la coopération entre les Nations Unies et les organisations régionales et sous-régionales, a-t-il poursuivi.  Le représentant a souligné la contribution remarquable de ces dernières dans la prévention et la résolution des conflits, la reconstruction postconflit, la lutte contre le terrorisme et la gestion des crises humanitaires.  Il a souhaité que la Charte des Nations Unies, et plus particulièrement son Chapitre VIII, restent la référence en la matière.


Le représentant a appelé l’ONU à fournir une assistance aux organisations régionales telles que l’Union africaine, afin d’accroître leurs capacités.  Les questions africaines dominent le programme de travail du Conseil de sécurité, a-t-il constaté.  Il a noté parallèlement les efforts déployés par l’Union africaine, ainsi que par la CEDEAO, l’IGAD et la SADC, pour faire face aux conflits continentaux, malgré leurs moyens limités.  Il a salué à cet égard le prochain déploiement de la force hybride Union africaine-ONU au Darfour, qu’il a présenté comme un modèle de renforcement de la coopération entre organisations, qui pourrait être suivi pour d’autres conflits.  Il a souligné également les efforts de l’ANASE et de l’Organisation de coopération de Shanghai.


M. IGOR BARTHO (Slovaquie) a estimé que l’objectif qui devait être visé était celui de la création de partenariats efficaces, avec une distribution plus équitable des tâches.  Il s’est notamment félicité que le Secrétaire général se soit impliqué personnellement dans ce dossier, et a dit attendre avec intérêt le rapport qu’il doit présenter au Conseil de sécurité.  Si le Conseil de sécurité a la responsabilité première du maintien de la paix et de la sécurité internationales, les organisations régionales et sous-régionales ont également des atouts qu’elles peuvent exploiter dans les domaines de la prévention et du règlement des conflits, a-t-il souligné.  Le représentant a précisé que la Slovaquie était favorable à ce que l’ONU, les organisations régionales et sous-régionales coopèrent davantage dans les domaines de la prévention des conflits, du maintien de la paix et de la consolidation de la paix.  Il faut ancrer cette coopération sur la base d’une démarche pragmatique qui vise des résultats concrets, quel que soit l’agenda, a-t-il assuré. 


M. JOHAN VERBEKE (Belgique) a estimé que la condition de base pour une coopération efficace entre l’ONU et les organisations régionales était la connaissance des capacités respectives et la création de canaux de communication rapides.  Il a ainsi souhaité que davantage de rapports entre secrétariats et de rencontres de haut niveau soient mis en place, en citant l’exemple fructueux de la visite du Conseil de sécurité au quartier général de l’Union africaine à Addis-Abeba (Éthiopie) le 16 juin dernier.  Il a par ailleurs appelé à une réflexion particulière sur les capacités de prévention et de médiation des organisations régionales, dans le cadre de la réforme du Département des affaires politiques des Nations Unies.


En ce qui concerne les opérations de maintien de la paix, de grands progrès ont été réalisés, a-t-il noté, en citant notamment la coopération de l’ONU avec l’Union européenne et avec l’Union africaine.  Il a appelé à moduler la coopération selon les capacités en présence, en veillant scrupuleusement à atteindre les meilleurs critères de qualité et la clarté des lignes de commandement.  À cet égard, M. Verbeke a estimé que le schéma de la force hybride pour le Darfour ne devait pas nécessairement mener à un modèle généralement applicable.


Soulignant les dangers inhérents à tout processus d’institutionnalisation des relations, M. Verbeke a souhaité la mise en place de synergies pragmatiques et flexibles, plutôt que l’élaboration de cadres théoriques souvent rigides et peu fonctionnels.  « Une approche pragmatique qui vise la pratique plutôt que la doctrine, en prenant en compte les enseignements tirés d’opérations en cours, peut servir de cadre » pour renforcer la relation entre les Nations Unies et les organisations régionales et sous-régionales, a-t-il conclu.


M. IGOR N. SHCHERBAK (Fédération de Russie) s’est félicité du rôle accru des organisations régionales et sous-régionales pour le maintien de la paix et de la sécurité internationales.  Il a souhaité que la coopération entre les Nations Unies et les organisations régionales et sous-régionales se développe de manière intégrée et collective, respectant strictement les dispositions de la Charte des Nations Unies.  Il a ainsi mis l’accent sur la nécessité de préserver les responsabilités du Conseil de sécurité en matière de paix et de sécurité.  Le représentant a énuméré les expériences positives de coopération entre l’ONU et les organisations régionales et sous-régionales.  L’expérience accumulée prouve qu’il faut accorder la priorité aux moyens politiques et diplomatiques de règlement des conflits, a-t-il dit.  Les activités entreprises par l’Union africaine doivent jouir de la responsabilité du Conseil de sécurité, a-t-il également estimé.  Le représentant a rappelé en outre la mission du Conseil de sécurité sur le continent africain et ses entretiens avec des dirigeants africains qui, a-t-il dit, ont permis de passer en revue les situations de crise et de discuter de la coopération entre le Conseil et l’Union africaine, et de jeter les bases d’un mécanisme d’échanges de vues réguliers concernant les questions à l’ordre du jour commun.  Le représentant a de même mis l’accent sur la coopération de la Fédération de Russie avec la mission de l’ONU en Géorgie.  Il a également constaté le rôle de l’Organisation de coopération de Shanghai dans le maintien de la stabilité et de la sécurité de la zone euro-asiatique.  L’ONU et ses partenaires régionaux et sous-régionaux doivent continuer à aller les uns au devant des autres, a-t-il dit, et ce, en veillant à une bonne répartition des tâches, ainsi qu’au respect des principes de l’ONU et du Conseil de sécurité. 


M. LESLIE KOJO CHRISTIAN (Ghana) a déclaré que l’importance croissante des organisations régionales et sous-régionales dans la résolution et la prévention des conflits n’était pas seulement le résultat des dispositions de la Charte de l’ONU mais également la conséquence de l’échec de la communauté internationale à appréhender certains conflits.  Il a souligné le fait que les organisations régionales et sous-régionales pouvaient avoir une meilleure connaissance des dynamiques présentes et des parties impliquées dans le conflit.  Par conséquent, elles constituent une source indispensable d’informations qui peut permettre à l’ONU d’accroître son efficacité dans la gestion des conflits.  Il a estimé que le rôle de ces organisations trouvait également sa justification dans l’absence de capacités militaires onusiennes propres alors que la demande relative au maintien de la paix était croissante. 


Le représentant a déclaré que le recours aux organisations régionales et sous-régionales était parfois la solution adoptée par des membres du Conseil de sécurité qui sont eux-mêmes réticents à engager leurs contingents, ou qui s’inquiètent de la difficulté à atteindre un consensus au sein de la communauté internationale.  Ces organisations, dont le rôle croissant est le résultat des évolutions précédemment mentionnées, ne doivent pas se substituer aux opérations de l’ONU, a-t-il rappelé.  Elles doivent être comprises comme faisant partie d’un effort global de partage des responsabilités basé sur les avantages comparatifs et sur la notion de complémentarité.  En conclusion, il a rappelé que le Conseil de sécurité était l’organe responsable du maintien de la paix et de la sécurité internationales et que c’était dans ce contexte-là qu’il faudrait établir la coopération entre cet organe et les organisations.


M. RICARDO ALBERTO ARIAS (Panama) a estimé qu’il aurait été préférable d’entendre les représentants des organisations régionales avant les membres du Conseil de sécurité.  Les organisations régionales et sous-régionales représentent un mécanisme naturel; elles sont dépositaires des connaissances les plus directes et complètes sur les causes profondes des conflits, a-t-il dit.  Le représentant a ainsi salué le savoir-faire de l’Organisation des États américains, notamment en Haïti.  Les Nations Unies n’accordent pas d’appui financier suffisant aux organisations régionales, a-t-il regretté, en citant le cas de la Somalie, tout en saluant, à l’inverse, la coordination entre l’ONU et l’Union africaine dans le cas du Darfour, qui bénéficie d’une plus grande attention de la part de la communauté internationale.  Il a enfin appelé à clarifier le rôle des Nations Unies et des organisations régionales, en estimant qu’il était impossible de laisser la place à l’improvisation quand il s’agit de déterminer la responsabilité et la prise en charge financière d’une mission de maintien de la paix.


M. JEAN-PIERRE LACROIX (France) a estimé que l’évolution du rôle des organisations régionales et sous-régionales constituait un défi, lequel représente un atout formidable, ces organisations apportant des capacités critiques pour faire face aux crises.  Le représentant a ainsi cité deux exemples de coopération, l’Union européenne et l’Union africaine.  L’Union européenne, a-t-il indiqué, a apporté une contribution exemplaire à la paix et à la sécurité, en premier lieu sur le continent européen lui-même.  Il a également cité le rôle de l’UE notamment au Kosovo, en République démocratique du Congo (RDC), au Soudan, au Tchad ou en République centrafricaine.  S’agissant de l’Union africaine, M. Lacroix s’est dit favorable au renforcement de ses capacités et de celles de ses membres, afin que cette organisation puisse prendre une plus grande part au maintien de la paix.  Le Conseil de sécurité doit prendre pleinement en compte cette montée en puissance de l’Union africaine, a-t-il souligné, rappelant ainsi l’importance de la présence du Président Konaré au débat du Conseil de sécurité au niveau des chefs d’État et de gouvernement sur la paix et la sécurité en Afrique, qui s’était tenu en septembre dernier.  Le représentant a en outre mis l’accent sur les opportunités qu’il convient de saisir en matière de lutte contre la prolifération des armes de destruction massive, de lutte contre le terrorisme ou de trafic illicite des armes légères.  Il convient également de demeurer vigilant, a-t-il dit, car, l’ONU demeure une organisation universelle fondée sur le refus du relativisme.  Il ne doit pas y avoir de zone du monde où les Nations Unies soient hors jeu, a-t-il assuré.  L’ONU doit rester au cœur du système de sécurité collective, a-t-il déclaré.  C’est, a-t-il ajouté, une question de légitimité, mais aussi d’efficacité.  La coopération avec les organisations régionales et sous-régionales ne doit pas aboutir à la situation où les Nations Unies ne se contentent que de fournir des ressources ou des capacités, a-t-il ajouté.


M. HASSAN WIRAJUDA, Ministre des affaires étrangères de l’Indonésie, a estimé que son pays, en tant que membre fondateur de l’ANASE, pouvait attester de l’importance des organisations régionales et sous-régionales dans le domaine de la paix et de la sécurité, dont le potentiel est encore sous-estimé.  Elles peuvent changer la dynamique d’une région, en facilitant la compréhension, en transformant des relations d’inimité en relations d’amitié en apportant la paix et la stabilité, a-t-il dit, en rappelant que lors de la création de l’ANASE, en 1967, l’Asie du Sud-Est était ravagée par une guerre.  Depuis 40 ans, la région vit en paix, ce qui lui a permis de se concentrer sur son développement économique, a-t-il fait remarquer.


Le Ministre indonésien des affaires étrangères a appelé les organisations régionales à s’adapter à de nouveaux défis.  Il a ainsi expliqué que l’ANASE, qui était au départ une association d’États aux liens lâches,  se transformait en une communauté reposant sur trois piliers, sécuritaire, économique et socioculturel.  La charte de l’ANASE doit être signée dans deux semaines, a-t-il indiqué.  M. Wirajuda a par ailleurs estimé que l’influence des organisations régionales pouvait dépasser leur cadre géographique.  Il a notamment cité la coopération ANASE+3 avec la Chine, le Japon et la Corée du Sud; le lancement, en 2005, du Sommet est-asiatique, réunissant en outre l’Australie, l’Inde et la Nouvelle-Zélande; le dialogue entamé avec l’Amérique latine et la participation de l’Union européenne à la restauration de la paix dans la province indonésienne d’Aceh en 2005-2007.


M. ALBERTO ROMULO (Philippines) a mis en exergue le rôle indispensable des organisations régionales et sous-régionales pour promouvoir la paix et la sécurité.  Il a poursuivi en rappelant qu’un dixième de la population philippine vivait à l’étranger, dans presque toutes les régions du monde, et a, à cet effet, affirmé qu’il est dans l’intérêt vital de son pays que ces régions restent pacifiques et stables.  Une coopération accrue entre les Nations Unies et les organisations régionales et sous-régionales doit être engagée pour régler les différends et maintenir la paix et la sécurité, a-t-il ajouté.


Dans cette perspective, le représentant a suggéré de renforcer l’échange d’informations sur la paix et la sécurité au niveau régional, celle-ci visant à constituer l’ossature principale de coordination entre l’ONU et les organisations régionales.  Par ailleurs, il a plaidé pour la mise en œuvre d’accords formels de collaboration entre ces dernières pour les responsabiliser et renforcer cette coopération.  Il a d’ailleurs précisé, qu’en ce sens, l’ANASE a signé un protocole d’accord le 27 septembre 2007 pour établir le cadre de ce partenariat.  En troisième lieu, M. Romulo a appelé à un renforcement de la coopération entre les Nations Unies et les organisations régionales afin que les meilleures pratiques servent de référence dans le futur.  Enfin, il a souhaité que des consultations régulières soient menées entre les organisations régionales et l’ONU, et plus particulièrement le Conseil de sécurité.


Par ailleurs, le représentant a rappelé que l’ANASE a pris plusieurs initiatives qui ont fortement contribué à la paix, à la sécurité et à la stabilité de la région.  Celles-ci incluent notamment la déclaration pour une zone de paix, le traité sur les relations amicales et la coopération en Asie du Sud-Est, le traité sur la zone exempte d’armes nucléaires en Asie du Sud-Est, l’établissement du Forum régional de l’ANASE, le processus de dialogue de l’ANASE, ainsi que des actions régionales mises en œuvre, en coopération avec les Nations Unies, concernant le Cambodge et le Timor-Leste.  Il s’est également inquiété de la situation au Myanmar, et a conclu en réitérant l’appui des Ministres des affaires étrangères de l’ANASE au rôle et activités du Secrétaire général et de son Envoyé spécial dans le pays, M. Ibrahim Gambari.


M. YAHYA MAHMASSANI, Observateur permanent de la Ligue des États arabes, a affirmé que la Ligue des États arabes s’employait inlassablement à promouvoir la paix et la sécurité internationales dans la région du Moyen-Orient, en prenant des mesures qui visent à renforcer la coopération avec les Nations Unies.  L’Observateur a souligné en outre le rôle efficace que peut accomplir la Ligue des États arabes en matière de maintien de la paix et de la sécurité en étroite collaboration avec l’Unions africaine et les Nations Unies comme au Soudan ou en Somalie.  Le Conseil de sécurité, a-t-il dit, est confronté à des défis sans précédent en matière de maintien de la paix et de la sécurité internationales.  De l’avis de M. Mahmassani, le Conseil doit pouvoir se tourner vers les organisations régionales et sous-régionales en les associant au règlement des questions relevant de leurs régions respectives.  L’Observateur de la Ligue des États arabes a mis l’accent sur la nécessité de développer les capacités des organisations régionales et sous-régionales pour contrer les menaces mettant en péril la paix et la sécurité internationales.  Il convient, a-t-il ajouté, d’exploiter de manière optimale le potentiel de certaines de ces organisations du fait de la plus valeur qu’elles représentent dans leurs régions. 


M. JOAO SALGUEIRO (Portugal) a estimé que la longue expérience de l’Union européenne, au nom de laquelle il s’exprimait, sa nature même, ses multiples instruments et ses ressources considérables pouvaient être mis à profit dans la prévention des conflits, la consolidation de la paix, la lutte contre le terrorisme, le désarmement et la non-prolifération.  Il a salué les progrès notables dans la coopération entre les Nations Unies et l’Union européenne, illustrés par la signature, en juin 2007, d’une déclaration conjointe sur la gestion des crises, qui recense quatre domaines concrets: la planification, la formation, la communication et les pratiques de référence.


M. Salgueiro a estimé que l’opération militaire de l’Union européenne au Tchad et en République centrafricaine, récemment approuvée par le Conseil de sécurité, prolongeait les précédentes coopérations avec les Nations Unies, comme la mission de police de l’Union européenne en Bosnie-Herzégovine et la mission européenne Artémis dans l’est de la République du Congo en 2003.  Il a également mentionné les importantes contributions financières de l’Union européenne à la mission de maintien de la paix de l’Union africaine.


L’Union européenne recommande une approche pragmatique et orientée vers l’action, dans le cadre de la coopération entre l’ONU et les organisations régionales, a-t-il poursuivi.  Il a souhaité un dialogue plus fréquent entre les Nations Unies et l’Union européenne, par le biais du Secrétariat et du Conseil de sécurité, l’établissement de mécanismes de coopération et de coordination pour les situations de crise, l’organisation systématique de séances pour tirer les leçons des expériences passées et le renforcement de la participation de l’Union européenne à la Commission de consolidation de la paix. 


M. ABDUL WAHAB, Observateur permanent de l’Organisation de la Conférence islamique (OCI), a estimé que les organisations régionales et intergouvernementales étaient mieux placées pour évaluer les causes des conflits et élaborer des stratégies spécifiques pour tenter de les régler.  Ces organisations ont des intérêts intrinsèques importants et ont une compréhension approfondie des conditions sous-jacentes socioculturelles, politiques et économiques de tels conflits et ont des capacités de mobiliser des mécanismes sur place pour les affronter de manière efficace.  Il a mis l’accent sur la nécessité d’engager ces organisations lors des premières phases de conflits, lorsqu’apparaissent les premiers signes d’instabilité.  Un accent plus fort doit être mis sur le multilatéralisme, a-t-il dit.  Selon l’Observateur de l’OCI, une approche sous le seul angle de la sécurité ne peut conduire à des solutions durables et globales.  Il a ainsi pris l’exemple de l’engagement de l’OCI à régler les problèmes sociaux et économiques, qui constituent souvent la cause des conflits, lorsque celle-ci a lancé un fonds spécial pour la réduction de la pauvreté.  En travaillant activement avec les mécanismes de l’ONU, l’OCI attache une importance particulière à sa collaboration avec la Commission de consolidation de la paix, a-t-il également souligné. 


Mme LILA HANITRA RATSIFANDRIHAMANANA, Observatrice permanente de l’Union africaine, a évoqué les acquis et les expériences concluants de coopération entre l’ONU et son organisation, en citant notamment la force hybride au Darfour, la Mission d’observation de l’Union africaine en Somalie (AMISOM) et le rôle prépondérant de la CEDEAO en Côte d’Ivoire.  Des leçons sont à tirer pour une meilleure efficacité, a-t-elle dit, en estimant qu’il était plus que temps de mettre en œuvre les engagements déjà contenus dans le Programme décennal de renforcement des capacités de l’Union africaine et de l’ONU, en évitant les chevauchements et doubles emplois.  Elle a souhaité une harmonisation des procédures de prise de décisions, une analyse stratégique conjointe et des échanges d’information systématiques.


L’Union africaine a démontré sa volonté d’assumer sa part de responsabilité et ses États membres ont prouvé leur disponibilité à répondre aux appels à contribution en troupes et en personnel, a-t-elle noté.  Elle a cependant souligné la nécessité de mettre en place des mécanismes durables pour le financement des opérations de maintien de la paix menées par les organisations régionales, au nom du Conseil de sécurité.  Les retards enregistrés dans ce domaine risquent d’encourager la reprise des hostilités, a-t-elle prévenu, en citant les exemples de la Somalie et du Soudan.  Elle a ainsi appelé le Conseil de sécurité à redoubler d’efforts pour créer un mécanisme de financement de l’ONU.


M. NURBEK JEENBAEV (Kirghizistan), qui s’exprimait au nom de l’Organisation du Traité de sécurité collective, a estimé qu’il était important d’améliorer la coopération entre les Nations Unies et les organisations régionales et sous-régionales.  Les activités entreprises par ces organisations contribuent au renforcement des perspectives et des succès que peut rencontrer l’ONU dans ses différentes tâches, a-t-il souligné.  Le représentant a rappelé que le Conseil de sécurité collective de l’organisation œuvrait en faveur de la sécurité collective et de la stabilité dans sa zone de responsabilité, tout en restant attaché à la Charte de l’ONU et à la responsabilité du Conseil de sécurité des Nations Unies. 


L’Afrique a été le théâtre d’expériences utiles dans le domaine du maintien de la paix, a déclaré M. ISMAEL GASPAR MARTINS (Angola), en citant le cas du Burundi et de la Côte d’Ivoire, ainsi que la MINUAD et la force européenne de la MINURCAT.  Ces expériences ont eu des conséquences positives sur la réforme des Nations Unies, notamment celle du Département des opérations de maintien de la paix, a-t-il dit, ajoutant qu’elles devaient servir de catalyseur à des partenariats stratégiques avec les organisations régionales.  Il a également souhaité que des leçons soient tirées des expériences passées, notamment la nécessité d’un délai raisonnable entre la prise de décisions et sa mise en œuvre.  Il a par ailleurs appelé la communauté des donateurs à appuyer les efforts en cours et notamment l’initiative du Cameroun intitulée « École internationale de sécurité », pour former le personnel africain de maintien de la paix.  Il y a une claire valeur ajoutée à renforcer et à coordonner les actions du Conseil de sécurité et des organisations régionales, afin de rendre cette coopération plus réelle et plus centrée sur l’action, a-t-il conclu.


Mme BYRGANYM AITIMOVA (Kazakhstan) a estimé que la question du rôle des organisations régionales et sous-régionales dans le maintien de la paix et de la sécurité internationales était une priorité pour l’Organisation des Nations Unies et que le Conseil de sécurité devait encourager la coopération entre les Nations Unies et les organisations régionales.  Faisant référence à la résolution du Conseil de sécurité 1631 de 2005, elle s’est félicitée des efforts déployés au cours de ces dernières années pour promouvoir une telle coopération, telle que la tenue de débats sur le sujet au Conseil de sécurité.  Le Kazakhstan se félicite du rôle croissant des Nations Unies dans le maintien de la paix et de la sécurité internationales et est convaincue que les opérations de maintien de la paix placées sous l’égide des Nations Unies demeurent l’instrument le plus efficace pour prévenir et régler les différentes crises et pour garantir la stabilité aux niveaux mondial et régional, a-t-elle déclaré.  Dans les cas de déclenchement de crise, les Nations Unies devraient accorder une attention particulière à la possibilité de renforcer la participation des organisations régionales dans les opérations de maintien, a-t-elle déclaré.  C’est pourquoi, Mme Aitimova a encouragé le Conseil de sécurité à élaborer des stratégies opérationnelles communes et cohérentes et des programmes de planification des missions intégrés en étroite coopération avec les partenaires régionaux de l’Organisation.  Une meilleure compréhension des spécificités locales et régionales contribuera au maintien de la paix dans le monde, a-t-elle souligné.  La représentante s’est félicitée à cet égard de l’engagement croissant des Nations Unies avec les organisations régionales et a rappelé que son pays, au nom de 18 États membres, avait demandé à l’Assemblée générale l’octroi du statut d’observateur à la Conférence sur l’interaction et les mesures de confiance en Asie.


M. MARTIN GARCIA MORITAN (Argentine) a cité quatre cas de figure dans lesquels l’ONU et les organisations régionales peuvent jouer un rôle complémentaire: lors du déploiement de missions conjointes, lorsque les Nations Unies prennent le relais d’une mission commencée par une organisation régionale, dans la situation inverse et enfin lorsque l’ONU délègue à une organisation régionale le déploiement d’une mission de maintien de la paix, dans un souci d’efficacité.  Quelle que soit la situation, le représentant a rappelé la responsabilité première du Conseil de sécurité.  Il a salué la décision du Conseil d’aider l’Union africaine à améliorer ses capacités dans le domaine du maintien de la paix, dans l’objectif d’établir, d’ici à 2010, une force de réserve africaine permanente.


Concernant la région des Amériques, le représentant a estimé que le cas d’Haïti, présentait un modèle de partenariat stratégique entre l’Organisation des États américains et les Nations Unies pour la mise en œuvre du mandat de la MINUSTAH.  M. Garcia Moritan a indiqué qu’une plus grande déconcentration et une délégation des opérations de maintien de la paix aux organisations régionales permettrait, non seulement d’alléger la charge des troupes de maintien de la paix de l’ONU, mais aussi, selon le principe de subsidiarité, d’accroître l’efficacité des missions autorisées par le Conseil de sécurité.  Il a souhaité, dans cette optique, un meilleur équilibre dans la distribution des capacités et des ressources entre toutes les régions du monde.


M. ELBIO ROSSELLI (Uruguay) a regretté qu’au cours de débats comme celui d’aujourd’hui, les représentants principaux des délégations des États Membres aient pris l’habitude de quitter la salle du Conseil de sécurité au bout d’environ 90 minutes.  Le représentant a abordé la question de la fonction des organisations régionales lorsqu’elles participent déjà à une mission de maintien ou de consolidation de la paix.  C’est au sein de la région que l’on sent le plus fort les conséquences des conflits, a-t-il dit, les États de la région disposant des meilleures informations.  Il a ainsi cité l’exemple contemporain des États des Caraïbes.  Le représentant a également souligné les efforts réalisés par l’Organisation des États américains (OEA) au sein des institutions financières internationales, comme la Banque interaméricaine de développement.


M. TAKAHIRO SHINYO (Japon) a souligné que la prévention des conflits exigeait des efforts continus et que les signes de succès étaient parfois difficiles à discerner.  Le travail des organisations régionales et sous-régionales vient en complément des efforts du Conseil de sécurité et en soutien des bons offices du Secrétaire général, comme le démontrent les missions de terrain de l’OSCE, a-t-il noté.  La contribution des organisations régionales est également essentielle pour les missions de maintien de la paix, a estimé M. Shinyo, ajoutant que la capacité de ces organisations de déployer des forces à la demande du Conseil ou de la communauté internationale est un véritable atout.  À cet égard, le représentant a espéré que les préparatifs pour un déploiement de la Mission des Nations Unies au Darfour s’accélèreront.


Le soutien des Nations Unies et de la communauté internationale aux organisations régionales est lui aussi décisif, a expliqué M. Shinyo, notamment lorsqu’il s’agit de renforcer les capacités d’une organisation comme l’Union africaine.  Le soutien des Nations Unies, mais aussi d’autres organisations régionales et sous régionales à l’Union africaine doit ainsi être encouragé, tout en gardant à l’esprit que chaque organisation est responsable de ses propres coûts, surtout lorsqu’elle participe à des opérations de maintien de la paix, a précisé M. Shinyo.  Le soutien des Nations Unies doit alors être décidé au cas par cas, et les règles de conduite de ces opérations doivent être identiques à celles qui se pratiquent à l’ONU, a-t-il poursuivi.  S’agissant de la consolidation de la paix, M. Shinyo a indiqué que les organisations régionales et sous-régionales pouvaient là aussi faire la différence, par le biais d’une approche holistique développée par la Commission de consolidation de la paix que préside actuellement le Japon.  Enfin, ces organisations peuvent aussi jouer un rôle important en matière de lutte contre le terrorisme, en mettant en œuvre les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, a affirmé M. Shinyo, en rappelant le rôle décisif du Japon en matière de consolidation de la paix en Afrique, en particulier dans le cadre de la Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (TICAD). 


M. ALPHA IBRAHIMA SOW (Guinée) a déclaré qu’après 15 ans de violence armée, les États et les peuples de la sous-région du bassin du fleuve Mano se trouvaient aujourd’hui à un moment charnière de leur histoire.  Il a salué les avancées dans la consolidation de la paix au Libéria et en Sierra Leone, la relance du processus de réconciliation en Côte d’Ivoire et le renforcement du dialogue national dans son propre pays.  « Nous ne devons pas baisser la garde », a-t-il cependant prévenu.  Le représentant s’est félicité des perspectives de réactivation de l’Union du fleuve Mano, qui vient de célébrer ses 30 ans d’existence.  Les pays du bassin visent notamment à renforcer leur collaboration transfrontalière, grâce à un projet de pacte sur les relations de bon voisinage, initié par la Guinée, a-t-il poursuivi.


L’adoption d’une optique véritablement régionale pour faire avancer l’agenda de la paix est indispensable pour empêcher la reprise des conflits, a affirmé le représentant, ajoutant que les priorités arrêtées par les pays membres devaient être appuyées par les organismes de l’ONU, les donateurs et tous les acteurs concernés.  Se félicitant de la réussite de la Commission de consolidation de la paix, le représentant a souligné l’importance de soutenir les pays voisins, fragilisés par les conséquences des conflits à leurs frontières.  Il a enfin appelé à affirmer davantage le rôle de la Commission en tant qu’instance de coordination entre le système des Nations Unies et les organisations régionales et sous-régionales.


M. ARMEN MARTIROSYAN (Arménie) a mis l’accent sur le rôle de deux organisations régionales, le Conseil de l’Europe et l’Organisation de la sécurité et la coopération en Europe.  Les activités du premier ont été utiles en particulier pour les nouvelles démocraties nées au lendemain de la fin de la guerre froide.  La seconde joue elle aussi un rôle essentiel en créant les conditions permettant le retour de la sécurité dans la région.  Selon lui, le Traité sur les armes conventionnelles en Europe a contribué à doter l’organisation d’une série unique de mécanisme de contrôle en matière de maîtrise des armements.  Le représentant a mis l’accent sur le fait que le système de décision de l’OSCE reposait sur le consensus, formule qui garantit, à ses yeux, des solutions durables à des problèmes qui semblaient au préalable inextricables. 


M. ÍÑIGO DE PALACIO ESPAÑA (Espagne) a estimé que l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), dont son pays assure actuellement la présidence, jouait un rôle important d’appui au Conseil de sécurité.  Elle a largement contribué aux efforts des Nations Unies dans la prévention et la résolution des conflits, de maintien et de consolidation de la paix, en facilitant le règlement de conflits non résolus dans son aire géographique, a-t-il poursuivi.  Il a évoqué l’action de l’OSCE en Géorgie, en Moldavie, au Kosovo, ou encore dans la lutte contre le terrorisme et la non-prolifération des armes de destruction massives.  Il s’est félicité de l’invitation lancée chaque année au Président en exercice de l’OSCE par le Conseil de sécurité afin qu’il vienne exposer les activités de l’Organisation.


Chaque organisation régionale possède une expertise unique, en vertu de son mandat et des instruments dont elle dispose, et représente à ce titre un partenaire inestimable pour les Nations Unies et le Conseil de sécurité, a-t-il déclaré.  Il a réaffirmé l’engagement de l’OSCE à poursuivre le dialogue avec ses onze partenaires méditerranéens et asiatiques.  Compte tenu des risques de propagation des menaces aux régions voisines, il a fait part, en outre, de la disponibilité de son organisation à renforcer l’échange d’expériences et d’expertise avec l’Union africaine, la Ligue des États arabes ou encore l’Organisation de la conférence islamique.


M. HOANG CHI TRUNG (Viet Nam) a estimé que la nature multidimensionnelle des défis à laquelle est confrontée l’Organisation des Nations Unies nécessite une approche multidisciplinaire impliquant de multiples acteurs.  Il s’est dit convaincu que la proximité géographique et les liens culturels et historiques étroits entre leurs membres donnent aux organisations régionales l’avantage d’une meilleure compréhension des causes profondes des conflits régionaux et facilitent l’adoption de solutions pacifiques à ces problèmes.  De l’avis de sa délégation, les expériences récentes en Asie, en Afrique, en Amérique latine et dans les Balkans le prouvent.  M. Hoang Chi Trung a estimé que les organisations régionales devraient concentrer davantage leurs efforts sur la diplomatie préventive, les mécanismes d’alerte, la création d’institutions et la promotion du développement et du bien-être.  Les organisations régionales, a estimé le représentant, devraient être encouragées à jouer un rôle crucial pour faire parvenir les informations du terrain et à aider à formuler les stratégies de maintien et de rétablissement de la paix du Conseil de sécurité, de la Commission du rétablissement de la paix et d’autres organismes.  Il a jugé que l’expertise et les ressources de l’OSCE, de l’OEA, de la Ligue des États arabes, de l’Union européenne, du Commonwealth, de l’Union africaine, et de l’ANASE, entre autres, ont fourni des contributions louables aux opérations de maintien de paix et aux activités de reconstruction postconflit des Nations Unies.  Le représentant du Viet Nam a estimé que les relations entre les Nations Unies et les organisations régionales devraient être approfondies.  Les organisations régionales, notamment celles en Afrique, a-t-il dit, devraient pouvoir compter sur le soutien politique, financier et logistique des Nations Unies.  Il a enfin salué le statut d’observateur accordé récemment à l’ANASE par l’Assemblée générale et l’accord de coopération ANASE-ONU.  Il a souligné qu’il existe un grand potentiel pour élargir la coopération entre les Nations Unies et l’ANASE.


M. COLLIN BECK (Îles Salomon) a estimé que l’évolution de la situation internationale avait une incidence sur tous les mécanismes de sécurité, tant international que régional.  Le représentant a également déploré le fait que l’on ne respecte pas l’article 54 de la Charte des Nations Unies, qui exige que le Conseil de sécurité soit tenu régulièrement informé des activités des organisations régionales et sous-régionales au titre du maintien de la paix internationale.  Le maintien de la paix et de la sécurité internationales coûte énormément d’argent, a-t-il souligné.  Le représentant a fait remarquer que si les mécanismes régionaux ne sont pas gérés convenablement ou ont une approche non équilibrée, les organisations régionales ne seront réduites qu’à régler les symptômes des conflits plutôt que leurs causes.


M. JORGE SKINNER-KLEE (Guatemala) a estimé que les Nations Unies disposaient désormais d’une expérience importante, grâce à sa coopération avec l’Union africaine pour la force hybride au Darfour, avec l’Union européenne pour la force multidimensionnelle au Tchad et en République centrafricaine, avec l’OTAN en Afghanistan et au Kosovo ou encore avec l’Organisation des États américains en Haïti.  Ces expériences ont permis une intervention plus rapide, a-t-il noté.  Le représentant a cependant ajouté que de nombreux problèmes devaient encore être surmontés, pour que la relation entre l’ONU et les organisations régionales soit plus substantielle et plus efficace, notamment en établissant une distinction plus claire des responsabilités respectives du Conseil de sécurité et des organisations régionales.


M. Skinner-Klee s’est félicité de l’adoption d’une Stratégie de sécurité pour l’Amérique centrale et le Mexique, dont l’objectif est de coordonner les efforts, notamment dans la lutte contre la criminalité transnationale organisée, le trafic des stupéfiants et le trafic d’armes.  Il a par ailleurs émis des doutes sur la possibilité d’appliquer un modèle unique de coopération entre l’ONU et les organisations régionales pour tous les conflits et toutes les régions.  La proximité géographique entre ses membres donne à une organisation régionale des avantages comparatifs pour trouver des solutions pacifiques aux problèmes de la région, a-t-il poursuivi.  Il a ainsi proposé que les organisations régionales concernées soient associées aux décisions du Conseil de sécurité sur l’envoi d’une mission de maintien de la paix.


M. JOHAN L. LOVALD (Norvège) a affirmé que son pays soutenait le Conseil de sécurité dans ses efforts visant à promouvoir une coopération plus étroite et plus complète entre les Nations Unies et les organisations régionales dans le maintien de la paix et de la sécurité internationales.  Il a salué les efforts entrepris par l’Union africaine qui assume des responsabilités toujours plus grandes pour la sécurité et la stabilité du continent africain.  Le représentant a estimé que les vieilles habitudes et le protectionnisme institutionnel devraient être remplacés par une approche plus ouverte et plus souple, adaptée à la situation particulière du terrain.  S’il y a une leçon à tirer avec la Mission de l’Union africaine au Soudan (MUAS), c’est que la coopération sur le terrain ouvre la voie à un engagement mutuel renforcé, a-t-il souligné.  Il a rappelé que l’Union africaine et les Nations Unies s’étaient engagées dans une direction conjointe qui vise à établir la plus importante des opérations de paix jamais déployée, la MINUAD.  Cette force hybride, a précisé le représentant, constitue un nouveau modèle de coopération entre les Nations Unies et les organisations régionales.  Son succès sera mesuré à l’aune de son impact sur le terrain et de sa capacité à développer une coopération efficace entre les Nations Unies et l’Union africaine, a-t-il ajouté.  Le représentant a par ailleurs assuré que la Norvège se tenait prête à fournir des contingents aux personnels militaire et de police de la MINUAD et à apporter des ressources financières et humaines aux pourparlers de paix sur le Darfour.


M. HAMIDON ALI (Malaisie) a noté que le rôle des organisations régionales et sous-régionales dans le maintien de la paix et de la sécurité était une question pertinente, compte tenu des pressions de plus en plus fortes qui s’exercent sur le budget des Nations Unies, et comme le démontre le rôle accru de l’Union africaine ou de l’Association des Nations de l’Asie du Sud Est (ANASE) dans leur région respective.  Ces institutions régionales chargées de la médiation et du règlement des conflits doivent être considérés comme complémentaires aux efforts des Nations Unies, a noté M. Ali.  Pour les pays de l’Asie du Sud-Est, l’ANASE a contribué à la solidarité régionale, a-t-il expliqué.  Les principes de souveraineté, de non-ingérence et de règlement pacifique des différends avaient été réaffirmés par les signataires du Traité d’amitié et de coopération en Asie du Sud-Est (TAC). 


La communauté internationale ne s’attaque que rarement aux causes profondes des conflits, a poursuivi M. Ali, et l’ANASE a tiré les leçons d’autres conflits régionaux en investissant sérieusement dans la prévention des conflits et la consolidation de la paix.  L’une de ces causes profondes, a-t-il souligné, est la lutte pour des ressources économiques limitées.  L’approche de l’ANASE s’est donc concentrée sur la coopération économique, sociale et culturelle au profit de tous ses membres, faisant de l’Asie du Sud-Est une zone de développement économique et social.  C’est pourquoi la Malaisie considère le succès de l’ANASE comme une nécessité économique, mais aussi comme une obligation stratégique, a-t-il conclu.


M. VANU GOPALA MENON (Singapour), s’exprimant au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est, s’est félicité de voir un membre de son organisation présider le Conseil de sécurité.  L’ANASE a beaucoup évolué depuis sa création, il y a 40 ans, à Bangkok, dans un contexte de conflit lié à la guerre froide, a-t-il rappelé.  Fondée essentiellement aujourd’hui sur la coopération économique, l’ANASE a l’ambition de se transformer d’ici à 2015 en communauté, incluant également les dimensions sécuritaire, sociale et économique, a-t-il poursuivi.  Il a estimé que, pour prospérer, l’ANASE devrait maintenir de bonnes relations avec toutes les puissances régionales, ce qui nécessite de développer un dialogue avec les États-Unis, l’Union européenne, la Fédération de Russie, la Chine, le Japon, la République de Corée, l’Inde, le Canada, l’Australie et la Nouvelle-Zélande.  La stratégie des pays membres de l’ANASE est simple: elle consiste à donner à tous une part importante dans la stabilité, l’unité et le développement de la région, a-t-il déclaré, en indiquant que certaines des voies maritimes les plus fréquentées du monde passaient par les eaux territoriales de ces pays et qu’un tiers du commerce mondial, la moitié du commerce d’hydrocarbures et 80% de celui destiné à la Chine et au Japon passaient par les détroits de Malaca et de Singapour.


Le représentant a admis que l’ANASE n’avait pas suffisamment de poids pour être un acteur international de premier plan, mais a souligné l’importance de son rôle pour unifier l’Asie et l’ouvrir au reste du monde.  Sans l’ANASE, aucun des défis auxquels ses membres doivent faire face ne pourrait être résolu, a-t-il estimé, ajoutant que l’ANASE ne pouvait y faire face seule.  Le représentant a souligné en conclusion la nécessité pour son organisation de travailler en collaboration avec d’autres pays et organisations telles que les Nations Unies.


M. IVAN ROMERO MARTINEZ (Honduras) a rappelé que le Conseil de sécurité, dans sa résolution 1631 (2005), s’est déclaré résolu à prendre les mesures appropriées pour renforcer la coopération entre les Nations Unies et les organisations régionales.  Le renforcement des contacts et des rencontres profite à la paix et à la sécurité internationales, a-t-il ajouté, précisant que ceci avait conduit à des résultats positifs dans sa propre région.  Le représentant a souligné le rôle précieux joué par les organisations régionales dans leurs régions respectives.  Il a en outre mis l’accent sur le rôle d’autres acteurs sous-régionaux, comme le Système d’intégration en Amérique centrale (SICA). 


M. JEAN-MARIE EHOUZOU (Bénin) a estimé que la reconnaissance de l’importance des capacités des organisations régionales nécessitait une révision de la doctrine des opérations de maintien de la paix.  Il a affirmé que la mise en place d’opérations hybrides constituait une phase transitoire, en attendant l’achèvement de la constitution de capacités régionales pleinement opérationnelles, telles que la constitution de forces en attente.


« L’autre nom de la paix est le développement », a-t-il rappelé, en souhaitant que l’appui aux organisations régionales vise aussi la promotion de leur vocation d’intégration économique.  Il a ainsi souhaité une meilleure coopération entre le Conseil de sécurité et le Conseil économique et social pour plus d’efficacité dans la prévention des conflits et la consolidation de la paix, à travers les structures existantes ou à instituer.  « L’on doit constamment faire un discernement entre le pouvoir de décision qu’exerce le Conseil par la définition des mandats et la supervision de leur exécution d’une part et la capacité opérationnelle que les organisations régionales doivent assumer dans toute la mesure du possible, d’autre part », a-t-il conclu.


M. DON PRAMUDWINAI (Thaïlande) a déclaré que la coopération régionale a toujours été au cœur de la politique étrangère de la Thaïlande qui a milité avec constance pour une intégration régionale plus étroite.  Depuis sa création en 1967, a-t-il rappelé, l’ANASE a été la pierre angulaire de la politique étrangère thaïlandaise et continuera de l’être à l’avenir.  Le régionalisme, a-t-il dit, peut transformer des ennemis en amis en gérant les différends et en insistant sur les points communs.  Le représentant a rappelé qu’avant la création de l’ANASE, l’Asie du Sud-Est était une zone de conflits.  Aujourd’hui, elle s’est transformée en une zone de paix et de sécurité relative.  La Thaïlande, a-t-il estimé, considère que l’ANASE a beaucoup à offrir à la communauté internationale, notamment ses méthodes de travail et ses processus de construction institutionnelle graduelle.  De l’avis de sa délégation, la culture de l’ANASE de consultation honnête et d’élaboration de consensus, appelée « la méthode ANASE », a permis d’assurer la croissance collective et la cohésion de tous ses membres.  Le représentant de la Thaïlande a estimé qu’il était crucial qu’un sentiment d’appartenance à une communauté soit cultivé et il a souligné que son pays militait fortement pour que ce soit le cas au sein de l’ANASE.  Cette organisation doit travailler avec d’autres partenaires régionaux.  Le représentant a estimé que l’organisation a réussi à jouer un rôle central dans la gestion de différends régionaux dans la zone Asie-Pacifique.  Il a souligné aussi que son pays avait joué un rôle central dans la création de relations plus étroites entre l’ANASE et d’autres régions du monde comme l’Europe, l’Amérique latine, l’Afrique et les pays du Golfe.  M. Pramudwinai a enfin appelé l’ONU à encourager le développement de blocs régionaux, sous-régionaux et transrégionaux.  En devenant observateur à l’ONU, a-t-il fait remarquer avant de conclure, l’ANASE a clairement indiqué son intention d’amener sa coopération avec l’ONU à un plus haut niveau.


M. ILGAR MAMAMDOV (Azerbaïdjan) a constaté que la coopération des Nations Unies avec les organisations régionales et sous-régionales s’était récemment renforcée, ainsi que le montrent l’établissement de la force hybride au Darfour, l’opération de l’Union européenne au Tchad, les activités de l’OTAN en Afghanistan et au Kosovo et le soutien de l’Organisation des États américains à Haïti.  Selon le représentant, dans le but de donner un nouvel élan aux processus de paix et au règlement final des conflits qui figurent à l’ordre du jour de l’OSCE, les Nations Unies devraient examiner ces conflits non résolus.  Leur examen par l’Assemblée générale, a-t-il assuré, devrait avoir un impact positif sur les négociations en cours.  Il a également ajouté que, à la suite de l’occupation, plusieurs zones de son pays échappaient au contrôle du Gouvernement, ce qui a contribué à laisser des « trous noirs » où un nombre significatif d’armements sont déployés, une situation qu’il a jugé préoccupante.  Le représentant a estimé que l’existence de ce genre de problème justifiait un renforcement de la coopération entre les Nations Unies et les organisations régionales. 


Déclaration présidentielle


Le Conseil de sécurité réaffirme que la Charte des Nations Unies lui a assigné la responsabilité principale du maintien de la paix et de la sécurité internationales.


Le Conseil reconnaît le rôle important joué par les organisations régionales et sous-régionales dans la prévention, la gestion et le règlement des conflits, en vertu du Chapitre VIII de la Charte des Nations Unies, de ses résolutions pertinentes, en particulier ses résolutions 1625 (2005) et 1631 (2005), ainsi que de précédentes déclarations de son président touchant la coopération avec les organisations régionales et sous-régionales.


Le Conseil souligne que la contribution de plus en plus importante des organisations régionales et sous-régionales, agissant en coopération avec l’Organisation des Nations Unies, peut utilement venir appuyer l’action de l’ONU en faveur du maintien de la paix et de la sécurité internationales et souligne à cet égard que cette contribution doit s’inscrire dans le cadre du Chapitre VIII de la Charte des Nations Unies.


Le Conseil considère par ailleurs que les organisations régionales et sous-régionales sont bien placées pour appréhender les causes profondes de nombreux conflits et autres problèmes de sécurité d’ordre local, ainsi que pour aider à les prévenir ou à les régler, car elles connaissent la région.


Le Conseil redit qu’il est déterminé à prendre toutes mesures appropriées pour resserrer la coopération entre l’Organisation des Nations Unies et les organisations régionales et sous-régionales au maintien de la paix et de la sécurité internationales.  Il se félicite à cet égard des mesures récentes de coopération entre l’ONU, l’Union africaine et l’Union européenne.


Bien que restant au premier chef responsable du maintien de la paix et de la sécurité internationales, le Conseil encourage les organisations régionales et sous-régionales à intensifier et resserrer la coopération entre elles, y compris en vue de renforcer leurs moyens de maintien de la paix et de la sécurité internationales.  Il insiste sur l’importance de l’appui politique et des compétences techniques des Nations Unies à cet égard.


Le Conseil encourage la coopération régionale, y compris à la faveur de la participation d’organisations régionales et sous-régionales au règlement pacifique des différends, et entend mener des consultations étroites avec celles-ci, s’il y a lieu, au sujet de leur rôle dans de futures opérations de maintien de la paix et les missions politiques et intégrées qu’il autoriserait.


Le Conseil insiste sur la nécessité d’instaurer, entre lui-même et les organisations régionales et sous-régionales, un partenariat efficace qui permette de réagir rapidement en cas de différends et de crises nouvelles.


Le Conseil insiste sur le fait qu’il importe de mesurer le potentiel et les capacités existantes des organisations régionales et sous-régionales en matière de paix et de sécurité, notamment de prévention des conflits, de renforcement de la confiance, de règlement des conflits, de l’établissement de la paix, de maintien de la paix et de consolidation de la paix après un conflit, et encourage l’ouverture d’un dialogue régional ainsi que la promotion de normes communes comme d’approches régionales communes du règlement des différends et d’autres questions touchant la paix et la sécurité.


Le Conseil souligne le rôle que les organisations régionales et sous-régionales pourraient jouer dans la lutte contre le trafic illicite d’armes légères et la nécessité de tenir compte, dans les mandats des opérations de maintien de la paix, s’il y a lieu, des instruments régionaux qui permettent aux États d’identifier les armes légères illégales et d’en remonter la filière.


Le Conseil se félicite des efforts faits par ses organes subsidiaires compétents en matière de lutte contre le terrorisme pour développer la coopération avec les organisations régionales et sous-régionales, note avec satisfaction les efforts consentis par un nombre de plus en plus important d’organisations régionales et sous-régionales dans la lutte antiterroriste et exhorte les organisations régionales et sous-régionales compétentes à accroître l’efficacité de leur action antiterroriste dans le respect de leurs mandats et du droit international, en vue notamment de se donner les moyens d’aider les États Membres à faire face à la menace que les actes de terrorisme représentent pour la paix et la sécurité internationales.


Le Conseil considère qu’il importe d’encourager à dégager et affiner des modalités qui permettent aux organisations régionales et sous-régionales de contribuer davantage à ses travaux dans le domaine du maintien de la paix et de la sécurité internationales, sous l’empire du Chapitre VIII de la Charte des Nations Unies.  À cette fin, il considère qu’il serait utile d’envisager de resserrer encore ses contacts et sa coopération avec ces organisations, sous l’empire du Chapitre VIII de la Charte des Nations Unies.  Il considère par ailleurs que la Commission de consolidation de la paix constitue, dans son domaine de compétence, le lieu de coordination des activités à mener au lendemain de conflits par le système des Nations Unies, d’une part, et les organisations régionales et sous-régionales, d’autre part, conformément à sa résolution 1645 (2005) et à la résolution 60/180 de l’Assemblée générale.


Le Conseil prie le Secrétaire général de lui faire, dans le rapport qu’il lui présentera en application de la déclaration de son président en date du 28 mars 2007 (S/PRST/2007/7), une recommandation au sujet des moyens concrets de développer et de renforcer la coopération entre l’Organisation des Nations Unies et les organisations régionales et sous-régionales dans le domaine du maintien de la paix et de la sécurité internationales.


Le Conseil invite tous les États Membres à contribuer plus activement à donner aux organisations régionales et sous-régionales, partout dans le monde, les moyens de traiter des questions liées au maintien de la paix et de la sécurité internationales.


*   ***   *

À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.