CS/9061

LA DERNIÈRE MISSION DU CONSEIL EN AFRIQUE MARQUÉE PAR L’ACCORD « INCONDITIONNEL » DE KHARTOUM AU DÉPLOIEMENT D’UNE FORCE HYBRIDE AU DARFOUR

26/06/2007
Conseil de sécuritéCS/9061
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Conseil de sécurité

5706e séance – matin


LA DERNIÈRE MISSION DU CONSEIL EN AFRIQUE MARQUÉE PAR L’ACCORD « INCONDITIONNEL » DE KHARTOUM AU DÉPLOIEMENT D’UNE FORCE HYBRIDE AU DARFOUR


Le Conseil de sécurité a entendu, ce matin, un exposé des représentants de l’Afrique du Sud, du Royaume-Uni, du Pérou et de la France qui ont conduit, du 14 au 21 juin, la mission du Conseil à Accra, Abidjan, Addis-Abeba, Khartoum et à Kinshasa, dans le but de soutenir les efforts de paix en cours.  Le Représentant permanent du Royaume-Uni, Emyr Jones Parry, s’est notamment dit encouragé par le fait que le Président soudanais Omar El-Béchir ait accepté sans condition le déploiement de la force hybride des Nations Unies et de l’Union africaine au Darfour.


Le ton des discussions était beaucoup plus positif que l’an passé, a observé le représentant du Royaume-Uni, estimant que Khartoum en était arrivé à ce stade de coopération grâce à la pression constante exercée par la communauté internationale au Soudan.  La même pression doit continuer d’être exercée sur les rebelles, a-t-il ajouté, mettant également l’accent sur l’importance de relancer le processus politique au Darfour et d’assurer le bon acheminement de l’aide humanitaire.


Son collègue de l’Afrique du Sud, Dumisani Kumalo, a pour sa part qualifié l’acceptation par les autorités soudanaises de la force hybride d’avancée très importante et de vraie percée.  Il reste à appliquer cet accord, a-t-il dit, soulignant la nécessité d’établir un calendrier et des échéances afin de déterminer ce que feront l’Union africaine, le Conseil de sécurité et le Département des opérations de maintien de la paix.


MM. Jones Parry et Kumalo ont tous deux dirigé la mission du Conseil de sécurité qui s’est rendue à Addis-Abeba, à Khartoum et à Accra.  L’Afrique est un continent qui a été négligé partiellement par la communauté internationale, a relevé le représentant du Royaume-Uni, précisant néanmoins qu’elle représentait 60% des activités du Conseil de sécurité.


Pour M. Kumalo, la mission a permis notamment d’avoir avec l’Union africaine des échanges de vues très détaillés sur les différentes questions dont est saisi le Conseil de sécurité.  Le représentant sud-africain a notamment plaidé en faveur de réunions régulières, sur une base annuelle, entre le Conseil de sécurité et le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine.  Ces réunions conjointes seraient très utiles, a-t-il estimé. 


De façon croissante, le Conseil de sécurité devra se pencher sur la question des acteurs régionaux dans les domaines de la paix et de la sécurité, a affirmé M. Jones Parry.  Selon lui, travailler ensemble sur des objectifs communs est indispensable, pas seulement avec l’Union africaine mais également avec les autres organes régionaux.


S’agissant de la Somalie, M. Jones Parry a constaté un souhait réel d’arriver à la réconciliation dans le pays.  Le Gouvernement fédéral de transition devrait saisir l’opportunité d’aboutir à un accord plus large, a-t-il déclaré.


Lors de cette réunion du Conseil de sécurité, que présidait le Ministre belge des affaires étrangères, Karel de Gucht, Luis Enrique Chavez du Pérou a rendu compte de la mission effectuée par le Représentant permanent péruvien, Jorge Voto-Bernales, à Abidjan, les 18 et 19 juin, au cours de laquelle ses membres ont rencontré un représentant du facilitateur du processus de paix, le Président du Burkina Faso.  Les membres de la mission ont également rencontré le nouveau Premier Ministre de Côte d’Ivoire, Guillaume Soro, le Président ivoirien, Laurent Gbagbo, et le Représentant spécial adjoint du Secrétaire général pour la Côte d’Ivoire, Abou Moussa.


Dans le domaine de la sécurité, les interlocuteurs de M. Voto-Bernales lui ont signalé que la situation s’était grandement améliorée.  Le risque d’un retour à la confrontation est minime, a souligné celui-ci dans son exposé lu par M. Chavez.  Le représentant péruvien a néanmoins remarqué plusieurs facteurs de préoccupation.  Dans l’ouest du pays, les milices demeurent actives, note-t-il, tandis que la criminalité, même si elle est stable, reste élevée.  Le troisième motif d’inquiétude est alimenté par le peu de progrès enregistrés dans le cadre du processus de désarmement, de démobilisation et de réintégration (DDR).  Plusieurs membres de la mission ont exprimé des doutes sur l’opportunité de lever l’embargo sur les armes tant que la réforme du secteur de la sécurité et le désarmement n’étaient pas achevés, a indiqué le représentant du Pérou.


Le but de cette mission consistait à saluer l’appropriation du processus de paix par les différentes parties ivoiriennes dans le cadre de l’accord de paix de Ouagadougou et d’examiner les conséquences de cet accord sur le rôle des Nations Unies au cours des prochains mois.  L’accord de Ouagadougou a permis de susciter une nouvelle atmosphère, a souligné M. Voto-Bernales.  S’il n’a pas permis immédiatement de résoudre les problèmes de fond, il a déclenché une nouvelle dynamique, a-t-il remarqué.  Les différents interlocuteurs de la mission du Conseil de sécurité ont lancé un appel aux Nations Unies pour qu’elles continuent d’accompagner la Côte d’Ivoire, a-t-il en outre affirmé. 


La présence continue des Nations Unies a également été réclamée par les autorités congolaises, a indiqué le Représentant permanent de la France, qui a mené la mission du Conseil en République démocratique du Congo (RDC).  Jean-Marc de La Sablière a rappelé que la mission intervenait au lendemain de l’adoption de la résolution 1756, par laquelle le Conseil avait décidé de prolonger la présence de la MONUC, en adaptant son mandat à la période de post-transition. 


Les nouvelles autorités se sont aussi montrées réceptives à l’invitation du Conseil à établir un dialogue politique régulier avec les principaux partenaires internationaux, le Président Kabila reconnaissant l’utilité d’un tel dialogue et considérant que le choix de lui donner un caractère formel ou informel n’était qu’une question technique.  Le Premier Ministre par intérim a souligné que les relations de la RDC avec la communauté internationale devaient être désormais des relations de partenariats.


Le représentant français a poursuivi en précisant que la mission avait rencontré, outre le Président de la République et le Premier Ministre, plusieurs membres du Gouvernement, la Conférence des présidents du Sénat et la Conférence des présidents de l’Assemblée nationale.  Elle a aussi tenu deux réunions thématiques avec les responsables congolais, l’une sur la réforme du secteur de la sécurité et l’autre sur la région des Kivu.


Concernant les Kivu dont l’instabilité est due à l’activité des troupes de Laurent Nkunda et des ex-FAR/Interahamwes, le Président Kabila a fait part de son intention de chercher une solution prioritairement par des voies pacifiques et diplomatiques, sans pour autant exclure totalement de recourir à des actions militaires, compte tenu du caractère inacceptable de la poursuite des exactions.  Sur le plan politique, a ajouté M. de La Sablière, les autorités prévoyaient d’organiser une table ronde afin d’associer l’ensemble de la population des Kivu à la recherche d’une solution. 


Les autorités gouvernementales se sont montrées conscientes que l’amélioration continue des relations avec le Rwanda était nécessaire pour régler en profondeur les problèmes de l’est.  Les responsables du Parlement congolais ont exprimé leur plein soutien à cette approche prioritairement politique et diplomatique.  Ils ont fait observer que l’impatience d’une population durement éprouvée pouvait conduire à chercher des solutions rapides, mais qu’en réalité l’option militaire avait montré ses limites.  Concernant les brigades opérant au Nord-Kivu, la mission du Conseil est repartie convaincue que seul le brassage était une option au contraire du mixage qui s’est avéré être une forme néfaste de contournement du processus d’intégration de l’armée.


La réforme du secteur de la sécurité doit rester une priorité et selon le représentant de la France davantage de progrès avaient été faits jusqu’à présent du côté de la police que du côté de l’armée, même si un certain nombre de brigades intégrées avait été déjà mis en place.  Il faut bâtir une vraie armée professionnelle et la mission a appelé les autorités congolaises à élaborer un plan qui définisse la taille et le type d’armée dont le pays a besoin, a précisé le représentant.  La mission, a-t-il poursuivi, a aussi appelé les autorités à prendre les mesures nécessaires pour mettre un terme aux exactions commises par les éléments des forces de sécurité nationales. 


Durant cette visite d’un jour, d’autres questions ont été abordées, comme la mise en œuvre rapide du programme du Gouvernement, en particulier le contrat de gouvernance, et de la feuille de route pour les élections locales; les relations avec les partis d’opposition; et la nécessité pour tous les partis politiques de rester engagés dans le processus politique et la réconciliation nationale.  Nous avons noté, a précisé le représentant, que l’opposition jouait un rôle significatif au Parlement et que l’Assemblée nationale venait d’adopter une proposition de loi sur le statut de l’opposition politique, qui a été transmise au Sénat.  Nous avons aussi relevé, a conclu le représentant de la France, l’engagement des autorités en faveur de la lutte contre l’impunité et de la réforme judiciaire.


*   ***   *

À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.