CS/8895

LE REPRÉSENTANT SPÉCIAL POUR L’IRAQ APPELLE À L’IMPLICATION DES PAYS DE LA RÉGION DANS LE RÈGLEMENT D’UNE SITUATION « AU BORD DU CHAOS ET DE LA GUERRE CIVILE »

11/12/2006
Conseil de sécuritéCS/8895
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Conseil de sécurité

5583e séance – matin


LE REPRÉSENTANT SPÉCIAL POUR L’IRAQ APPELLE À L’IMPLICATION DES PAYS DE LA RÉGION DANS LE RÈGLEMENT D’UNE SITUATION « AU BORD DU CHAOS ET DE LA GUERRE CIVILE »


Le Conseil de sécurité a été unanime, ce matin, à constater que l’Iraq se trouve à la croisée des chemins et que la communauté internationale, les pays voisins en premier lieu, doivent s’impliquer activement pour aider le Gouvernement de Bagdad à rétablir la situation.  Les membres du Conseil et le représentant de l’Iraq se sont exprimés après un exposé du Représentant spécial du Secrétaire général pour l’Iraq.


Ashraf Jehangir Qazi a souligné que le rapport de Kofi Annan, qu’il présentait, constitue un avertissement aussi sombre qu’urgent que l’Iraq est « au bord du chaos et de la guerre civile ».  « Une approche plus large et plus inclusive impliquant tous les principaux voisins de l’Iraq, ainsi que les cinq membres permanents du Conseil de sécurité s’impose », a estimé le Représentant spécial, en évoquant aussi la nécessité d’impliquer « toutes les principales forces politiques à l’intérieur de l’Iraq », du moins celles qui sont « prêtes à renoncer à la violence comme outil politique et à venir à la table de négociations ». 


Une démarche d’exclusion, sur les plans interne ou externe ne peut conduire à un progrès vers la paix et la stabilité, a prévenu Ashraf Qazi.  Le rapprochement opéré par l’Iraq avec l’Iran et la Syrie a été mentionné par plusieurs délégations.  Le Représentant spécial a attiré l’attention du Conseil sur la proposition de Kofi Annan de créer un groupe de contact régional, assisté des Nations Unies, pour servir de « catalyseur » à un forum où les principales questions pourront être débattues et progressivement résolues.


Parmi ces questions, il a cité la formation d’une vision politique du nouvel Iraq, le partage équitable des revenus pétroliers, une répartition réaliste des pouvoirs, la création de forces de sécurité fiables, le démantèlement des milices ou encore la mise en place d’un système de protection des droits de l’homme et d’un système judiciaire digne de ce nom. 


Les membres du Conseil ont reconnu l’urgence de la situation, des représentants comme celui de la Grèce appelant même à un changement d’orientation stratégique et à une étude détaillée du contexte historique des violences sectaires observées aujourd’hui.  Quelques éléments, qui vont dans le bon sens, ont tout de même été relevés comme l’organisation, le 16 décembre, d’une conférence de réconciliation nationale et la mise sur pied d’un Pacte international pour l’Iraq. 


Mais sans sécurité, a tempéré le Représentant spécial, les réformes politiques, économiques, sécuritaires et sociales requises resteront lettre morte. Le Pacte international exige un environnement sécuritaire et politique viable, a-t-il insisté, en illustrant ses propos par le fait que la Mission d’assistance des Nations Unies pour l’Iraq (MANUI) a vu ses effectifs diminuer sur le terrain à cause de la violence.


Les Nations Unies et la Force multinationale de sécurité continuent de jouer un rôle crucial, a plaidé le représentant des États-Unis, en jugeant essentiel que la MANUI maintienne une présence, pour poursuivre son travail, que ce soit dans l’examen du projet de réforme constitutionnelle que pour l’organisation des élections. Quant à la Force multinationale, le représentant de l’Iraq a rappelé que son Premier ministre vient d’insister sur l’importance qu’il y a à transférer la responsabilité de la sécurité aux services iraquiens, en particulier en ce qui concerne le recrutement, la formation, l’équipement et l’armement des forces nationales. 


L’idée d’une conférence internationale ayant été évoquée par le représentant de la France, son homologue iraquien y a mis un bémol.  Il faut éviter, a-t-il dit, qu’une telle conférence soit un moyen de contourner le processus politique iraquien, ce qui serait inacceptable au regard des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.


LA SITUATION CONCERNANT L’IRAQ


Exposé


M. ASHRAF JEHANGIR QAZI, Représentant spécial du Secrétaire général pour l’Iraq, a déclaré d’emblée que le rapport de Kofi Annan constitue un avertissement sombre et urgent indiquant que le pays est au bord de la guerre civile et du chaos.  Il a dit que les efforts de la Force multinationale et du Gouvernement de Bagdad n’ont pas empêché une détérioration continue de la situation en matière de sécurité qui, si elle n’est pas arrêtée, pourrait saper progressivement toute perspective politique.  M. Qazi a rappelé les récentes initiatives prises à la fois en Iraq et par des institutions telles que l’Organisation de la Conférence islamique et a noté qu’elles n’ont eu aucun impact sur une violence désormais hors de contrôle.


S’il est vrai que seulement huit provinces sur 18 ont subi 80% des attaques, lesdites provinces représentent une proportion importante de la population.  Compte tenu de l’absence d’unité politique, de la fragmentation de la société iraquienne et des niveaux paralysants de violence, il n’est pas réaliste d’attendre du Gouvernement et du Parlement qu’ils enregistrent des progrès sans la coopération active des organisations régionale et internationale.   Il n’est pas non plus réaliste de croire, a insisté le Représentant spécial, que le Pacte international pour l’Iraq réalise son potentiel puisqu’il se fonde sur la capacité du Gouvernement iraquien de mettre en œuvre les réformes politiques, sécuritaires, économiques et sociales nécessaires.


Selon lui, la mise en place de forces de sécurité autonomes, professionnelles et politiquement disciplinées prendra plusieurs années.  Mais les problèmes auxquels est confronté l’Iraq ne se résoudront pas uniquement par la force.  Un recours excessif à la force pourrait même saper les négociations qui sont la seule base solide de la stabilité.  L’échec n’est une option ni pour l’Iraq, ni pour les pays voisins ni pour la communauté internationale, a prévenu le Représentant spécial qui a relevé une unanimité chez les dirigeants iraquiens et leurs voisins pour estimer qu’on ne peut compter uniquement sur la dynamique politique interne de l’Iraq. 


En conséquence, une approche plus large et plus inclusive incluant tous les principaux voisins de l’Iraq et les cinq membres permanents du Conseil de sécurité est nécessaire, s’est avancé M. Qazi.  Une approche d’exclusion aux niveaux interne ou externe ne permettra aucun progrès vers la paix et la stabilité.  Le Représentant spécial s’est donc félicité que Bagdad ait envoyé des émissaires dans les capitales des pays voisins pour ouvrir la voie à une conférence régionale.


Il a poursuivi en estimant que le processus de révision de la Constitution pourrait fournir le cadre de la réconciliation nationale.  Les questions clefs qui doivent faire l’objet d’un consensus sont connues.  Il s’agit d’une vision politique du nouvel Iraq, d’un partage équitable des revenus pétroliers, d’un partagé réaliste des pouvoirs, de la création de forces de sécurité, du démantèlement des milices, de la mise en place d’un système de protection des droits de l’homme et d’un système judiciaire fiable ou encore du renforcement de la société civile.  M. Qazi s’est dit encouragé par la convocation d’une conférence nationale de réconciliation, le 16 décembre prochain.  Il a aussi estimé que la mise sur pied d’un groupe de contact régional, épaulé par les Nations Unies, pourrait servir de catalyseur pour créer un forum crédible dans lequel les questions clefs pourraient être traitées et progressivement résolues. 


La situation est urgente, a insisté le Représentant spécial, en citant certaines estimations selon lesquelles la crise humanitaire en Iraq est déjà la plus grave dans le monde.  Plus de 5 000 Iraquiens sont tués chaque mois.  Depuis l’attentat de Samara, le 22 février, près de 500 000 Iraquiens ont dû partir de chez eux.  Quant à l’exode, il représente d’ores et déjà un fardeau pour les pays voisins.  La crise iraquienne est un impératif moral et stratégique qu’aucun membre de la communauté internationale ne peut se permettre d’ignorer, a conclu le Représentant spécial.


Déclarations


S’exprimant au nom de la Force multinationale, Mme JACKIE SANDERS (États-Unis) a salué l’adoption de la résolution 1723 (2006), qui proroge le mandat de la Force et les arrangements en ce qui concerne le Fonds de développement pour l’Iraq et le Conseil international consultatif et de contrôle.  La Force multinationale continue de jouer un rôle vital pour la sécurité et la stabilité dans le pays et partage avec le Gouvernement iraquien trois objectifs principaux à savoir permettre le recrutement, la formation, l’équipement et l’armement d’Iraquiens, transférer aux Iraquiens le contrôle de leurs forces et transférer la responsabilité de la sécurité au Gouvernement iraquien.  Saluant ensuite les progrès accomplis ces derniers mois, en particulier l’adoption le 10 septembre d’une loi sur l’investissement étranger et la mise en place d’un comité d’examen constitutionnel, la représentante a cependant déclaré que la sécurité demeure une grave préoccupation. 


Les attaques perpétrées par les insurgés, les extrémistes et les terroristes se poursuivent, avec une augmentation de 22% au cours de la période à l’examen, culminant durant la période du Ramadan.  Le risque de violence sectaire est devenu désormais la première source de préoccupation sur le plan sécuritaire, en particulier à Bagdad et aux abords immédiats, où sont commises 80% des attaques.  Face à cette situation, le Gouvernement a annoncé un plan en quatre points censé réunir Sunnites et chiites et a parrainé une série de conférences sur la réconciliation nationale, tandis que l’Organisation de la conférence islamique a organisé de son côté un rassemblement de sunnites et de chiites à La Mecque.  Saluant les progrès accomplis par les services de sécurité iraquiens, la représentante a indiqué que le 21 septembre dernier, la Force multinationale a fait transférer la province de Dhi Qar au Gouvernement iraquien.  En outre, le nombre d’opérations menées par les autorités iraquiennes contre les insurgés ne cesse d’augmenter.  La Force multinationale poursuit également la formation des forces de police et son plan de structure est conçu de façon à mettre en place un environnement sûr pour les civils.


De leur côté, les Nations Unies continuent de jouer un rôle crucial dans le maintien de la sécurité et le développement en Iraq.  Aussi la MANUI doit pouvoir maintenir une présence sur le terrain, pour poursuivre son travail, que ce soit dans l’examen constitutionnel ou l’organisation des élections provinciales.  Concluant, la représentante américaine a insisté à nouveau sur le fait que la mise en œuvre du plan de réconciliation nationale en Iraq sera déterminante dans le contrôle de la violence sectaire, au même titre que le transfert de la sécurité aux autorités iraquiennes.


Après avoir rappelé les statistiques concernant les violences meurtrières en Iraq, M. JEAN-MARC DE LA SABLIÈRE (France) a déclaré que la violence prend un tour de plus en plus interconfessionnel, menaçant l’intégrité et la cohésion interne du pays.  Il a évoqué la nécessité de rechercher de nouvelles solutions, autour de trois axes en citant d’abord la relance du processus politique iraquien.  Il a émis l’espoir que la prochaine tenue d’une conférence d’entente nationale aboutirait.  Il a aussi espéré que la Conférence constitutionnelle constitue un élément clef du consensus national et a salué, par ailleurs, le dialogue que M. Qazi entretient avec les partis politiques en présence en Iraq.  Le représentant a ensuite cité le retour de la souveraineté avec le retrait des forces étrangères envisagé pour la première fois dans la résolution 1723.  La restauration de l’autorité de l’État se heurte au problème crucial des milices, a-t-il noté, à son tour.  Comme troisième axe, il a cité l’appui des pays de la région et de la communauté internationale.  Il a rappelé que le Ministre français des affaires étrangères, Philippe Douste-Blazy, a déclaré la nécessité d’associer les pays de la région.  La France, a souligné le représentant, est favorable à une conférence internationale avec toutes les parties iraquiennes sur le modèle de la conférence de Charm el-Cheikh de 2004.  Mesurant l’ampleur de la difficulté, la France entend prendre toute sa place dans la recherche d’une solution, a promis le représentant.


M. ADAMANTIOS VASSILAKIS (Grèce) a fait état de sa préoccupation devant la situation inacceptable en Iraq, en dépit du processus de transition politique lancé en vertu de la résolution 1546.  Il s’est demandé ce qu’il faut faire pour y remédier, ajoutant que ces dernières années, sa délégation a toujours été convaincue que les efforts pour réaliser la réconciliation nationale constituent la meilleure solution.  Le représentant a suggéré une analyse détaillée de la situation sur le terrain pour comprendre les raisons profondes de la violence sectaire et déterminer les outils appropriés pour y mettre fin.  Appelant les Iraquiens à prendre leur destin en main, quelles que soient leurs sensibilités religieuses, il a assuré que la Grèce, dont le mandat au Conseil de sécurité expire à la fin du mois, continuera d’appuyer tous les efforts déployés pour ouvrir la voie à un Iraq pacifique, prospère et démocratique.


M. MATEO ESTREMÉ (Argentine) a préconisé une nouvelle stratégie tant aux niveaux interne qu’international compte tenu de l’échec subi jusqu’à présent et de la nécessité d’empêcher une guerre civile.  La situation montre que les choses ne sont pas aussi simples et que l’on est confronté à un conflit sectaire entretenu par des milices souvent liées à des formations politiques, a ajouté le représentant. Malgré les efforts entrepris depuis trois ans, il n’a pas été possible de consolider les forces iraquiennes, a-t-il regretté.  La communauté internationale doit appeler au respect du droit humanitaire et des droits de l’homme.  Ce qui est en jeu c’est la viabilité de l’Iraq, a insisté le représentant.  Ce panorama désolant montre que s’il l’on ne parvient pas à inverser la tendance, ce pays glissera vers la guerre civile.  Le Gouvernement iraquien, a souligné le représentant, a la responsabilité première de faire avancer le processus politique, notamment en assurant une répartition équitable des ressources naturelles.  Pour l’Argentine, un effort supplémentaire doit être entrepris dans le sens de la réconciliation. Une participation active au niveau régional est indispensable, a-t-il estimé à son tour.  Au niveau international, il faut soutenir les efforts qui se font à deux autres niveaux.  Toutes les parties en présence, y compris tous les voisins sans exception, doivent être inclues dans tout processus auquel la MANUI doit fournir un appui actif. 


M. JORGE VOTO-BERNALES (Pérou) a relevé que l’on est encore de la réconciliation nationale et du relèvement économique de l’Iraq, espérés au moment de l’adoption de la résolution 1546.  Il faut de toute urgence modifier l’orientation stratégique, a-t-il préconisé pour mettre fin à la violence sectaire et venir en aide à une population civile qui a le sentiment légitime d’avoir été abandonnée.  Il est en outre nécessaire d’aborder l’ensemble des sensibilités religieuses présentes dans le pays, et au-delà, pour lancer un dialogue politique véritablement inclusif.  Dans ce contexte, le Pérou appuie les initiatives visant à restaurer la confiance.  Condamnant toutes les attaques ou actes terroristes, le représentant a également prévenu qu’il n’y aurait pas de démocratie en Iraq, tant que la reconstruction n’aura pas progressé.  Le manque d’investissement dans le service public, l’éducation et la santé est particulièrement décourageant, à cet égard, a regretté le représentant, qui a demandé que soient poursuivis les efforts pour stimuler les initiatives, notamment dans le cadre du Pacte international pour l’Iraq.


M. EMYR JONES PARRY (Royaume-Uni) a préconisé un processus politique pour aboutir à une véritable réconciliation nationale.  Il a appuyé le plan de réconciliation du Premier Ministre, en soulignant l’importance de l’appui des pays voisins.  Une présence significative de la MANUI est indispensable, a-t-il ajouté, en insistant particulièrement sur l’appui technique de la Mission à la commission technique pour les prochaines élections provinciales et les référendum de révision constitutionnelle ainsi que pour le statut de Kirkouk.  Le représentant a aussi estimé utile que la Mission donne des conseils en matière de droits de l’homme au Gouvernement pour qu’il puisse se départir du sectarisme.  Il s’est enfin félicité des discussions entamées avec les pays voisins.


M. VITALY CHURKIN  (Fédération de Russie) s’est déclaré préoccupé par l’aggravation de la situation en Iraq ces derniers jours.  Vu les tensions persistantes entre le Gouvernement et les communautés religieuses, il a jugé indispensable de rétablir un dialogue inclusif.  Devant le nombre de réfugiés et de personnes déplacées, qui ne cessent de s’accroître, il s’est déclaré convaincu de la nécessité de trouver les prémisses d’un règlement final dans le cadre de la réconciliation nationale initiée par le Gouvernement.  La Fédération de Russie a ensuite estimé que la MANUI et le Représentant spécial du Secrétaire général doivent réfléchir conjointement aux mesures à prendre, à cet égard.  Dans le rapport du Secrétaire général, il est question de la création d’un groupe de contact régional avec les cinq membres permanents du Conseil de sécurité, a rappelé le représentant.  Selon lui, il serait également important de recourir aux initiatives telles que celle de Charm el-Cheikh, dans le cadre de laquelle les pays qui le souhaitent peuvent échanger leurs vues sur la question.  Il a, en conclusion, appelé les Iraquiens à ne pas se laisser entraîner dans la spirale de la violence sectaire.


Mme KARIM TAJ (République-Unie de Tanzanie) a appelé au renforcement des efforts nationaux et internationaux.  La guerre a divisé des gens qui semblent être unis et entraîné des violences sectaires qui n’existaient pas auparavant.  Il faut donc faire des efforts dans le sens de la démocratie et de l’état de droit, a voulu la représentante, en appuyant les efforts du Premier Ministre, en particulier en direction des pays voisins de l’Iraq.  Le renforcement du consensus doit à la fois prendre en compte les différentes communautés et religions, a-t-elle ajouté, avant de saluer l’organisation de la prochaine conférence de réconciliation.


M. LIU ZHENMIN (Chine) a déclaré qu’au cours des trois dernières années, le peuple iraquien a parcouru un long chemin et a atteint plusieurs des indicateurs mentionnés dans la résolution 1546.  Toutefois, malgré les progrès importants accomplis dans le processus politique en Iraq, l’insécurité, le retard pris dans la reconstruction économique et les violations des droits de l’homme ont placé le pays aux portes de la guerre civile.  Devant la recrudescence des violences sectaires, la Chine pense que l’Iraq devrait continuer de promouvoir l’inclusivité du processus de réconciliation nationale.  Le Gouvernement devrait en outre renforcer la sécurité afin de rétablir la confiance de son peuple dans ses services de sécurité.  Affirmant qu’il est impossible de résoudre la question violence du seul
point de vue militaire, le représentant a voulu que les autorités progressent rapidement dans la reconstruction économique, en s’appuyant sur le Pacte international pour l’Iraq.  La communauté internationale et les pays de la région devraient travailler de concert pour aider le pays à atteindre la stabilité, dont dépend celle de la région, a-t-il conclu.


M. TAKAHIRO SHINYO (Japon) a constaté que l’Iraq se trouve à la croisée des chemins et qu’il fait face à des défis internes de plus en plus complexes.  La détérioration de la situation sécuritaire est particulièrement préoccupante pour le Japon qui condamne les derniers attentats et enlèvements.  Si la sécurité est nécessaire pour la reconstruction et le développement, la stabilité politique permet quant à elle à l’amélioration de la sécurité, a noté M. Shinyo.  Il a salué l’annonce faite récemment sur la normalisation des relations avec l’Iraq et la Syrie et s’est félicité des visites que le Président a effectuées dans ces deux pays.  Le Japon est aussi très satisfait du fait que les forces iraquiennes soient de plus en plus en charge de la sécurité.  Il espère que la présence des forces multinationales contribuera à ce processus.  Il se félicite aussi du rôle important de la MANUI dans trois domaines à savoir la promotion du dialogue national, la facilitation de la coordination et de la fourniture d’une assistance à la reconstruction et au développement ainsi que  l’assistance aux processus électoraux et constitutionnels.


Le Japon considère que les trois éléments que sont la stabilité politique, l’amélioration de la sécurité, et la reconstruction économique sont étroitement liés.  À cet égard, il se félicite de la progression du Pacte international pour l’Iraq mis sur pied avec l’aide de la MANUI.  Une participation plus large de la communauté internationale sera la clé du succès, a estimé le représentant avant de rappeler que son pays fournit une aide importante à l’Iraq et à la MANUI, dont des moyens de transports aériens.  L’appui à la reconstruction se concrétise par différents projets d’un montant de 1,5 milliard de dollars.  Un prêt de 3,5 milliards est aussi en cours d’étude, en particulier pour améliorer les infrastructures.  Le Japon, a-t-il ajouté, a annoncé sa contribution à plusieurs projets hier, notamment dans les secteurs pétrolier et électrique, en espérant qu’ils seraient lancés très vite.


M. NANA EFFAH-APENTENG (Ghana) a rejoint le Secrétaire général, pour qui le succès du Pacte international pour l’Iraq dépendra des efforts déployés par le Gouvernement de ce pays et de la communauté internationale.  Il s’est ensuite déclaré préoccupé par la recrudescence de la violence sectaire, qui ne fait qu’accroître le nombre de personnes déplacées et de réfugiés qui s’élève désormais à 1,6 million.  Compte-tenu de cet environnement précaire, le Gouvernement n’a pas été en mesure d’honorer sa promesse d’améliorer la protection des droits de l’homme dans le pays, a constaté le représentant en espérant que le projet de loi sur la Commission nationale des droits de l’homme sera bientôt promulgué.  Soulignant que la dégradation de la situation en Iraq a rendu difficile la mission des Nations Unies sur le terrain, il a félicité la MANUI pour son rôle important dans le développement des institutions nationales et pour l’aide qu’elle a prêtée aux populations en détresse.


Mme ELLEN MARGRETHE LØJ (Danemark) a déclaré que la situation en Iraq continue de poser un grave défi à la communauté internationale.  Dans ce contexte difficile, les efforts du Gouvernement iraquien pour atteindre la réconciliation nationale, mettre fin à la violence et accélérer le développement économique du pays sont insuffisants, a-t-elle regretté.  Devant le nombre de personnes déplacées, la représentante a cependant exhorté les autorités à faire davantage pour protéger les droits de tous les Iraquiens.  À la suite du rapport du Secrétaire général, elle a souligné l’importance pour le Gouvernement de mettre également en place un processus politique réellement participatif et de monopoliser l’usage de la force face à la violence sectaire qui règne dans le pays.  La délégation danoise a ensuite souligné que la communauté internationale doit s’efforcer de poursuivre son assistance au Gouvernement, notamment dans le domaine de la reconstruction, au travers du Pacte international pour l’Iraq.  Soulignant que la sécurité et la stabilité de l’Iraq relèvent de la responsabilité du Gouvernement et des forces de sécurité iraquiennes, Mme Løj a souligné la nécessité de renforcer celles-ci, avec l’appui de la Force multinationale.  Elle a enfin affirmé que son pays continuera de maintenir sa présence sur le terrain, ayant contribué à hauteur de 90 millions de dollars jusqu’à présent.


M. DUŠAN MATULAY (Slovaquie) a rappelé l’engagement de la population iraquienne en faveur de la transition politique.  Mais de nouvelles démarches sont nécessaires, a-t-il reconnu en appelant à un environnement régional propice et à la réforme de la Constitution.  Soulignant la faculté du Pacte international pour l’Iraq à permettre le relèvement du pays, le représentant a voulu que les processus en faveur du dialogue et de la réconciliation reçoivent un appui prioritaire, en particulier avec l’aide des pays voisins.  Des mesures concrètes doivent êtres prises par le Gouvernement pour juguler la violence actuelle, a-t-il poursuivi avant de promettre que la Slovaquie, qui a un contingent en Iraq, restera engagée en faveur de la transition actuelle.


M. JUSTIN BIABAROH-IBORO (République du Congo) a demandé que des solutions novatrices soient apportées au problème de la violence en Iraq, qui a amené le pays au bord de la guerre civile.  Il a donc souligné la nécessité d’une approche politique inclusive, qui permettrait la participation de tous les Iraquiens à l’exercice du pouvoir et au partage des ressources naturelles.  Il est tout aussi nécessaire que le Gouvernement iraquien reprenne le monopole de la force face aux attaques perpétrées par les milices et les groupes terroristes, a ajouté le représentant avant d’exhorter la communauté internationale à continuer de lui prêter assistance au travers du Pacte international pour l’Iraq.


M. NASSIR ABUDULAZIZ AL NASSER (Qatar) a d’abord constaté une détérioration sans précédent de la situation, donnant le chiffre d’une centaine de morts par jour ces derniers temps.  Cette situation, a-t-il affirmé, fait de l’Iraq la pire crise dans le monde sur le plan de la sécurité.  Quel que soit le nom qu’on lui donne, la situation prend des formes toutes plus dangereuses les unes que les autres, notamment sur le plan ethnique et communautaire, a noté le représentant du Qatar, en jugeant  indispensable que se conjuguent les efforts nationaux, régionaux et internationaux.  Les pays voisins peuvent jouer un rôle stabilisateur clef, a-t-il insisté avant de souligner l’importance de l’initiative « Pacte international pour l’Iraq ».  Il est tout aussi important d’améliorer la vie de la population que de rétablir la sécurité, a-t-il insisté.  Concernant la sécurité, il est essentiel que ce soient les Iraquiens eux-mêmes qui assurent l’ordre, même s’il ne faut pas laisser l’Iraq se débattre seul dans sa crise, a conclu le représentant.


M. HAMID AL BAYATI (Iraq) a déclaré que, comme l’indique le rapport du Secrétaire général, les actes de violence sectaire et de terrorisme se sont multipliés au cours de la période à l’examen, en plus des enlèvements, précipitant le pays dans une situation proche de la guerre civile.  Les responsables de ces actes, a-t-il accusé, sont des criminels dont l’objectif est de saper le processus politique.  Le Gouvernement y fera face de façon ferme et décisive pour permettre la tenue du référendum constitutionnel qu’appelle de ses vœux la résolution 1546, a-t-il assuré.  Pour parvenir à atteindre une participation élargie au processus politique, le Gouvernement a adopté le 25 juin dernier un programme national fondé sur le dialogue et la réconciliation, a précisé le représentant.  Mettre fin aux violences sectaires ne sera en effet possible que lorsque les belligérants se rendront compte qu’il n’y a ni vainqueurs ni vaincus dans de tels affrontements.  Notant ensuite la proposition de convoquer une conférence internationale sur l’Iraq, le représentant a déclaré qu’il faut éviter qu’une telle conférence soit un moyen de contourner le processus politique iraquien, ce qui serait inacceptable au regard des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité. 


Par ailleurs, il a rappelé que le Premier Ministre a récemment insisté sur l’importance du transfert de la responsabilité aux services de sécurité iraquiens, en particulier en ce qui concerne le recrutement, la formation, l’équipement et l’armement de ces forces de sécurité.  Le représentant a en outre estimé que les violations collatérales des droits de l’homme résultant des affrontements entre les forces de sécurité iraquiennes et les insurgés ne peuvent être mises au même niveau que les attaques terroristes délibérément commises contre des civils.  Les défis que doit relever l’Iraq sont énormes, a-t-il conclu, ajoutant que sans l’aide de la communauté internationale, l’Iraq ne sera pas en mesure d’assurer la reconstruction économique, préalable à l’avènement d’un État pacifique, prospère et démocratique, en mesure de jouer le rôle qui est le sien dans la région.


Reprenant la parole, le Représentant spécial du Secrétaire général pour l’Iraq a réitéré le fait que le niveau de violence rend difficile les initiatives qui ont été annoncées.  Il va falloir trouver un remède à ce niveau de violence beaucoup trop élevé.  On attend beaucoup du Pacte international pour l’Iraq et de la MANUI, a-t-il relevé, en particulier dans la promotion du dialogue.  S’engageant à faire plus, il a néanmoins prévenu que cela dépendra de l’amélioration de la sécurité.  En effet, a-t-il remarqué, les effectifs de la MANUI ont diminué car la priorité est donnée à la sécurité du personnel.  Quand le personnel est redéployé, il est envoyé en Jordanie et au Koweït et demeure donc en partie opérationnel.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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