CS/8874

LES AUTORITÉS AFGHANES ET LA COMMUNAUTÉ INTERNATIONALE DOIVENT RÉPONDRE À LA FRUSTRATION CROISSANTE DE LA POPULATION, SELON LA MISSION DU CONSEIL DE SÉCURITÉ À KABOUL

22/11/2006
Conseil de sécuritéCS/8874
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Conseil de sécurité

5570e séance – matin


LES AUTORITÉS AFGHANES ET LA COMMUNAUTÉ INTERNATIONALE DOIVENT RÉPONDRE À LA FRUSTRATION CROISSANTE DE LA POPULATION, SELON LA MISSION DU CONSEIL DE SÉCURITÉ À KABOUL


De retour d’Afghanistan, la mission dépêchée par le Conseil de sécurité pour faire le point de la situation dans ce pays a dressé un bilan en demi-teinte aujourd’hui, avertissant que le maximum devait être fait à la fois par les autorités de Kaboul et par la communauté internationale pour rétablir la sécurité et combattre la corruption, si l’on veut que la population retrouve un minimum de confiance dans ses représentants et dans le processus de reconstruction.


Cette mission, qui a eu lieu entre le 11 et le 16 novembre, était dirigée par le Représentant permanent du Japon, M. Kenzo Oshima.  Composée des représentants de 10 membres du Conseil de sécurité, elle a aussi eu des entretiens avec les autorités pakistanaises à Islamabad. 


Bien que la violence ait apparemment diminué ces deux derniers mois, la situation en matière de sécurité demeure très précaire, a expliqué M. Oshima.  Celui-ci a constaté le rôle central des Nations Unies en Afghanistan et estimé que l’une des clefs de sortie de la crise résidait dans le développement des relations de ce pays avec ses voisins, l’un des objectifs affiché par le Président afghan Hamid Karzaï.  Le Pakistan a assuré les membres de la mission du Conseil qu’un Afghanistan stable faisait partie de ses priorités.


MISSION DU CONSEIL DE SÉCURITÉ EN AFGHANISTAN


Exposé du Chef de la mission


M. KENZO OSHIMA (Japon) a fait aujourd’hui le bilan de la mission du Conseil de sécurité qu’il a conduite en Afghanistan et à laquelle ont participé les représentants de neuf autres membres du Conseil du 11 au 16 novembre.  Installée à Kaboul, la capitale afghane, la mission s’est rendue en province, à Qalat près de Kandahar dans le sud, et Mazar-i-Sharif dans le nord.  Il n’a pas été possible de se rendre à Kandahar pour des raisons de sécurité.  Au retour, la mission s’est arrêtée à Islamabad où elle a été reçue par des responsables pakistanais.  La précédente mission du Conseil de sécurité remontait à 2003.


En Afghanistan, les membres de la mission ont eu des discussions approfondies avec le Président Hamid Karzaï, avec le Ministre des affaires étrangères Spanta, ainsi qu’avec d’autres ministres dont celui de la justice, avec des députés, des gouverneurs de province et d’autres dirigeants locaux, a expliqué M. Oshima.  Des rencontres ont aussi eu lieu avec des représentants des Nations Unies, d’ONG et de la société civile.


Kenzo Oshima a expliqué que lors de ces réunions, les membres du Conseil s’étaient efforcés de faire passer un message en cinq points: réaffirmer le soutien de la communauté internationale aux autorités afghanes dans leurs efforts de parvenir à la stabilité et de reconstruire le pays; souligner la haute appréciation du Conseil concernant la façon dont le Gouvernement de Kaboul a conduit la transition politique; souligner qu’une approche globale était nécessaire pour faire face aux défis multiples auxquels le pays est confronté, notamment l’aggravation de la situation en matière de sécurité, la corruption, les droits de l’homme, le trafic de drogues; affirmer le rôle central et impartial de l’ONU en Afghanistan; et encourager la coopération régionale avec les pays voisins, question de la plus haute importante pour régler les défis auxquels est confronté le pays.


M. Oshima a indiqué qu’un rapport complet est en préparation et sera remis à tous les États Membres.  Une réunion publique est envisagée pour le 6 décembre.  Il a ensuite fait un rappel du processus entrepris à Bonn à la fin 2001.  Il a noté que la confiance de la population afghane envers les autorités semblait avoir été ébranlée.  M. Oshima a voulu souligner deux choses essentielles: la fermeté de l’engagement international en faveur de l’Afghanistan et le fait que le Pacte pour l’Afghanistan, décidé et mis en œuvre par les Afghans eux-mêmes, devait être mis en œuvre intégralement car il reste le meilleur cadre stratégique de coopération entre le Gouvernement de Kaboul et la communauté internationale.


Kenzo Oshima a ensuite évoqué la question de l’insécurité, qu’il considère comme un  sujet de préoccupation numéro un.  Celle-ci serait en diminution en octobre et novembre, selon la Force internationale d’assistance à la sécurité (FIAS).  L’insurrection se limite en gros à un tiers du pays, au sud, sud-est et à l’est, les deux tiers restants étant relativement calmes.  La situation en matière de sécurité demeure néanmoins précaire dans l’ensemble du pays.  M. Oshima a rendu hommage aux efforts entrepris par les autorités afghanes, la FIAS et les forces de la coalition.  L’élargissement de la FIAS à l’ensemble du pays, a-t-il estimé, est une bonne chose en l’absence d’une armée et d’une police suffisamment fortes et fiables.


Pour le porte-parole de la mission du Conseil de sécurité, des mesures doivent être prises pour répondre à la frustration croissante de la population.  Le Président Karzaï, ainsi que d’autres responsables afghans conviennent que l’incapacité des autorités à assurer la sécurité et le redressement économique suscite un sentiment de désillusion dans les campagnes et contribue en partie à la montée de la violence et à la perte de confiance de la population.  Le Chef de l’État afghan a aussi reconnu que la tolérance affichée envers les seigneurs de la guerre, ainsi que la poursuite de leur influence, avait aussi contribué à la perte de confiance.  Tous les interlocuteurs ont souligné la gravité du problème de la drogue, ce qui, selon Hamid Karzaï, est le résultat du désespoir de la population.  Il convient de donner la priorité à ces questions afin de regagner la confiance de la population.


L’Afghanistan ne redémarre pas de zéro mais d’un niveau inférieur à zéro, comme l’a souligné le Président Karzaï devant les membres de la mission du Conseil.  Face à ces défis, le Pacte pour l’Afghanistan demeure le meilleur cadre de coopération, au sein duquel les Afghans doivent jouer tout leur rôle en luttant contre la corruption, en poussant au respect de l’état de droit, envers les droits des femmes plus particulièrement, a souligné M. Oshima.  En même temps, il est tout à fait clair que l’Afghanistan a tout à fait besoin d’un appui international.  Sans un tel appui, selon le chef de la mission, il n’y a aucune garantie que l’Afghanistan ne retombera pas dans la guerre.  Le Pacte pour l’Afghanistan devrait maintenant passer à une action plus sérieuse, avec la mise en place du Conseil conjoint de coordination et de suivi (JCMB), le mécanisme de mise en œuvre du Pacte.


Concernant les droits de l’homme, les ONG sont particulièrement inquiètes de la situation en matière de sécurité qui a des retombées négatives sur leur respect, en particulier celui des droits des femmes.  Le Gouvernement de Kaboul et la communauté internationale doivent mettre l’accent sur cette question, selon Kenzo Oshima.


Il est clair, selon lui, que la solution des problèmes afghans exige que soit prise en compte la dimension régionale de la question.  Concernant la coopération régionale, d’autres initiatives sont nécessaires à l’instar de la Conférence de coopération économique régionale sur l’Afghanistan qui vient de se tenir à New Delhi, même s’il se situe en dehors du mandat du Conseil de sécurité.  M. Oshima a émis l’espoir qu’il y aurait des retombées concrètes de cette réunion en matière de coopération régionale.  Cette approche visant à susciter la confiance et la coopération entre l’Afghanistan et ses voisins est essentielle pour la paix et la sécurité dans la région, a-t-il rappelé, notant que les interlocuteurs afghans de la mission avaient insisté sur ce point.  Il s’agit de questions complexes et délicates mais nous avons été rassurés parce que nous a dit M. Karzaï et le Ministre pakistanais des affaires étrangères, a expliqué le représentant du Japon.  Le premier souhaite une intensification des relations avec son voisin, tandis que le Pakistan est favorable à ce que son voisin soit un pays stable, a dit le second.  Quant au rôle de la MANUA, celui-ci doit être renforcé et nous appuyons son élargissement à la province, a conclu Kenzo Oshima. 


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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