SG/SM/9966-GA/10365

LE SOMMET MONDIAL DOIT NOUS DONNER L’OCCASION DE SERVIR LA CAUSE DU DÉVELOPPEMENT, LA SÉCURITÉ ET LES DROITS DE L’HOMME, SOULIGNE KOFI ANNAN

27/06/2005
Communiqué de presse
SG/SM/9966
GA/10365


LE SOMMET MONDIAL DOIT NOUS DONNER L’OCCASION DE SERVIR LA CAUSE DU DÉVELOPPEMENT, LA SÉCURITÉ ET LES DROITS DE L’HOMME, SOULIGNE KOFI ANNAN


Vous trouverez ci-après le texte de l’allocution faite par le Secrétaire général de l’ONU, M. Kofi Annan, à l’occasion du dialogue de haut niveau de l’Assemblée générale sur le financement du développement, à New York, le 27 juin:


C’est un plaisir pour moi de vous accueillir à l’Organisation des Nations Unies.


Nous sentons tous, je crois, que nous vivons une période porteuse de promesses extraordinaires, que vos décisions pourraient changer le cours de l’histoire.


Plus précisément, elles pourraient faire de la pauvreté une histoire ancienne.


Des années de travail acharné en faveur du développement et du respect de la dignité humaine nous ont amenés à deux pas d’une victoire décisive.


Il n’y a pas si longtemps, beaucoup craignaient que le développement des pays les plus pauvres du monde ne soit en danger de devenir une cause perdue. Certains affirmaient que la misère était un aspect certes regrettable, mais inévitable, de la condition humaine. Cette vision des choses est aujourd’hui considérée, à juste titre, comme intellectuellement indéfendable et moralement inacceptable. Il est désormais généralement admis que la pauvreté doit être vaincue, et qu’elle peut l’être.


Il existe aujourd’hui un espoir réel car beaucoup de pays en développement ont réussi à tirer des millions de personnes du dénuement et du désespoir.


Qui plus est, il existe une véritable force d’entraînement car les membres de la communauté internationale ont uni leurs forces pour mener une action soutenue d’une ampleur sans précédent.


Les conférences et réunions au sommet des Nations Unies ont défini de grandes orientations.


Les objectifs du Millénaire pour le développement sont un point de ralliement comme il n’y en a jamais eu auparavant, une référence mondiale en fonction de laquelle les politiques doivent être façonnées et les progrès mesurés.


Le Consensus de Monterrey a été le point de départ d’un partenariat entre les pays riches et les pays pauvres.


Le Projet Objectifs du Millénaire nous a donné un plan d’action.


Et tout au long du chemin, les appels insistants de dirigeants, de citoyens, de groupes de la société civile et de l’une ou l’autre star de la musique ou du cinéma ont sensibilisé le public et donné naissance à un mouvement populaire qui a exercé une énorme pression sur vous-mêmes et sur vos collègues gouvernants.


Aujourd’hui, à quelques jours du sommet du G-8, et à moins de 12 semaines du Sommet mondial qui se tiendra ici à l’ONU, la question est de savoir si nous mènerons les choses à leur terme.


La décision prise ce mois-ci par les ministres des finances du G-8 est très encourageante. Pendant trop longtemps, certains des pays les plus pauvres du monde ont dû faire face à la dure nécessité de choisir entre servir le peuple et servir la dette. À présent, le choix qui a été fait est d’annuler la dette.


Il est aussi extrêmement encourageant de savoir que l’Union européenne a adopté un calendrier précis pour la réalisation de l’objectif qui consiste à ce que les pays consacrent 0,7% de leur PNB à l’aide publique au développement d’ici à 2015. Le déficit de ressources qui maintient des millions et des millions de personnes dans le dénuement le plus total devrait pouvoir être enfin comblé.


Les décisions de ce type permettent de rattraper le temps perdu. Elles doivent s’accompagner de mesures tout aussi énergiques dans les domaines jusqu’ici négligés. Les riches et les pauvres doivent chacun faire leur part. Les responsabilités sont à double sens.


Les pays en développement se sont engagés à faire respecter la légalité, à combattre la corruption et à développer leurs institutions. Ils ont promis d’investir dans leur capital humain, de mobiliser leurs ressources nationales et d’ouvrir plus grand leurs portes aux entreprises. Beaucoup d’entre eux s’acquittent de ces promesses.


Les pays développés se sont engagés à les aider. Il faudrait par exemple qu’ils créent un mécanisme de financement international et qu’ils doublent le montant de l’aide qu’ils apportent à l’Afrique. Il faudrait aussi qu’ils s’efforcent d’atténuer les effets pervers des transferts de capitaux privés volatiles et qu’ils permettent aux pays en développement de se faire mieux entendre et d’être associés de plus près aux décisions relatives à l’économie mondiale.


Les pays développés doivent aussi ouvrir la voie à la création d’un régime de commerce favorable au développement. Si les pays en développement pouvaient lutter à armes égales et n’avaient pas à faire face à des subventions injustes ou à des tarifs douaniers prohibitifs, ils en tireraient des avantages infiniment plus grands que ceux que l’aide et les autres mesures peuvent leur apporter.

Mesdames et Messieurs,


Longtemps, les plus pauvres et les plus vulnérables ont dû se contenter d’une multitude de mesures sans envergure, de gouttes d’eau dans l’océan de leurs besoins, alors qu’ils espéraient des décisions concrètes et ambitieuses. Aujourd’hui, nous devons et nous pouvons faire mieux.


Malgré les engagements récemment pris en ce qui concerne la dette et l’APD, nous ne sommes pas au bout du chemin. Les fonds promis n’ont pas encore été versés. L’engagement n’est pas encore universel, ni parmi les donateurs, ni parmi les pays en développement, ni au sujet d’une question aussi essentielle que le commerce.


Jamais, peut-être, quelques semaines n’ont été aussi importantes, pour les pauvres du monde, que vont l’être celles qui viennent. Les décisions que vous prendrez, et les mesures que vous adopterez en 2006, détermineront l’avenir du développement pour la décennie à venir.


Ce sont vos intérêts communs qui doivent vous guider. Tous les pays y gagneraient à ce que les sociétés soient plus stables, les marchés plus forts et l’économie mondiale bien réglementée.


L’idée de la responsabilité mutuelle devrait dissiper les doutes qui subsistent. Le principe cardinal du Consensus de Monterrey, et l’essence même du partenariat pour le développement, est que les États sont responsables non seulement vis-à-vis du peuple qu’ils servent, mais aussi vis-à-vis les uns des autres.


Ensemble, faisons donc le nécessaire pour que le Sommet mondial donne des résultats. Saisissons cette occasion de servir la cause du développement, ainsi que celles de la sécurité et des droits de l’homme, qui y sont étroitement liées. Manifestons notre refus d’une misère inutile et absurde qui n’a pas sa place dans notre monde.


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