CS/8471

LE CONSEIL CONDAMNE SANS RÉSERVE ET AVEC LA PLUS GRANDE FERMETÉ LES ATTENTATS EN IRAQ EN SE DÉCLARANT PLUS DÉTERMINÉ QUE JAMAIS À COMBATTRE LE TERRORISME

04/08/2005
Conseil de sécuritéCS/8471
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Conseil de sécurité

5246e séance - matin


LE CONSEIL CONDAMNE SANS RÉSERVE ET AVEC LA PLUS GRANDE FERMETÉ LES ATTENTATS EN IRAQ EN SE DÉCLARANT PLUS DÉTERMINÉ QUE JAMAIS À COMBATTRE LE TERRORISME


Le Conseil a condamné, ce matin, sans réserve et avec la plus grande fermeté les attentats terroristes perpétrés en Iraq, en se déclarant plus déterminé que jamais à combattre le terrorisme ainsi que la Charte des Nations Unies lui en confie la responsabilité.  Par cette résolution 1618 (2005), adoptée à l’unanimité, le Conseil prend acte en particulier des attentats cyniques et effroyables perpétrés ces dernières semaines, qui ont causé la mort de plus de cent personnes dont un membre et un expert conseiller de la Commission chargée de rédiger une constitution permanente pour un Iraq nouveau et démocratique, Mijbil Sheikh Isa et Dhamin Hussin Ubaidi.


Le Conseil affirme qu’il ne faut pas permettre que les actes de terrorisme viennent compromettre la transition politique et économique en cours en Iraq et prie instamment les Etats Membres d’empêcher le transit de terroristes à destination ou en provenance de l’Iraq, celui d’armes destinées à des terroristes et les opérations de financement à l’appui des terroristes.  Il demande instamment à tous les Etats de coopérer activement aux efforts visant à retrouver et traduire en justice les auteurs, organisateurs et commanditaires de ces actes inqualifiables et souligne à nouveau combien il est important de renforcer la coopération des pays de la région, singulièrement les voisins de l’Iraq.  L’Iran et la Syrie ont été nommément cités par les coauteurs de la résolution, les Etats-Unis et le Royaume-Uni.


Après avoir souhaité au nouveau représentant des États-Unis, John Bolton, une bienvenue « chaleureuse et sincère » et promis leur étroite collaboration, les représentants de l’Algérie, de la France, de l’Argentine, du Royaume-Uni, de la Fédération de Russie, du Brésil, de la Chine, de la Roumanie et du Japon se sont félicités de l’adoption de la résolution.  Le représentant de l’Iraq en a fait de même en rejetant la logique de ceux qui affirment que le terrorisme s’est déchaîné en Iraq parce que le pays est occupé.  Il a imputé aux Etats Membres qui continuent de confondre terrorisme et lutte pour l’autodétermination, l’impasse dans la définition globale du terrorisme.



Texte du projet de résolution (S/2005/494)


Le Conseil de sécurité,


Réaffirmant toutes ses résolutions antérieures concernant l’Iraq, en particulier la résolution 1546 (2004) du 8 juin 2004,


Réaffirmant son soutien sans faille au peuple iraquien durant la transition politique comme il l’a souligné dans la résolution 1546 (2004), réaffirmant également l’indépendance, la souveraineté, l’unité et l’intégrité territoriale de l’Iraq et appelant la communauté internationale à soutenir le peuple iraquien dans sa quête de paix, de stabilité et de démocratie,


Réaffirmant également les buts et principes énoncés dans la Charte des Nations Unies et ses résolutions sur la question, en particulier ses résolutions 1373 (2001) du 28 septembre 2001, 1566 (2004) du 8 octobre 2004, ainsi que sa résolution 1267 (1999) du 25 octobre 1999 et ses résolutions ultérieures,


Réaffirmant qu’il est impératif de combattre par tous les moyens, conformément à la Charte des Nations Unies, les menaces que les actes de terrorisme font peser sur la paix et la sécurité internationales,


Saluant le courage du peuple iraquien qui œuvre vaillamment à soutenir la transition politique et économique en cours malgré la grave menace que fait peser le terrorisme,


Accueillant avec satisfaction les mesures résolues prises par le Gouvernement iraquien en vue d’instaurer un dialogue national et de réaliser l’unité nationale et encourageant la poursuite de ces efforts,


1.    Condamne sans réserve et avec la plus grande fermeté les attentats terroristes perpétrés en Iraq, et considère que tout acte de terrorisme constitue une menace contre la paix et la sécurité;


2.    Prend acte en particulier des attentats cyniques et effroyables perpétrés ces dernières semaines, qui ont causé la mort de plus de cent personnes, dont trente-deux enfants, d’employés de la Commission électorale indépendante iraquienne ainsi que d’un membre et d’un expert conseiller de la Commission chargée de rédiger une constitution permanente pour un Iraq nouveau et démocratique, Mijbil Sheikh Isa et Dhamin Hussin Ubaidi;


3.    Note également avec une profonde préoccupation que les attaques contre des diplomates étrangers en Iraq se sont multipliées et ont entraîné le meurtre ou l’enlèvement de ces derniers,


4.    Exprime sa vive émotion et présente ses condoléances aux familles des victimes de ces attentats terroristes, ainsi qu’au peuple et au Gouvernement iraquiens;


5.    Affirme qu’il ne faut pas permettre que les actes de terrorisme viennent compromettre la transition politique et économique en cours en Iraq, notamment la procédure de rédaction de la Constitution et la procédure référendaire y afférente, comme indiqué dans la résolution 1546 (2004);


6.    Réaffirme les obligations qui incombent aux États Membres en vertu des résolutions 1373 (2001) du 28 septembre 2001, 1267 (1999) du 15 octobre 1999, 1333 (2000) du 19 décembre 2000, 1390 (2002) du 16 janvier 2002, 1455 (2003) du 17 janvier 2003, 1526 (2004) du 30 janvier 2004 et 1617 (2005) du 29 juillet 2005 et les autres obligations internationales, concernant notamment les actes de terrorisme menés en Iraq, à partir de l’Iraq ou contre des citoyens iraquiens et, en particulier, prie instamment les États Membres d’empêcher le transit de terroristes à destination ou en provenance de l’Iraq, celui d’armes destinées à des terroristes et les opérations de financement à l’appui des terroristes, et souligne à nouveau combien il est important de renforcer la coopération des pays de la région, singulièrement les voisins de l’Iraq, à cet égard;


7.    Demande instamment à tous les États, conformément aux obligations mises à leur charge par la résolution 1373 (2001), de coopérer activement aux efforts visant à retrouver et traduire en justice les auteurs, organisateurs et commanditaires de ces actes inqualifiables;


8.    Se déclare plus déterminé que jamais à combattre le terrorisme, ainsi que la Charte des Nations Unies lui en confie la responsabilité.


9.    Demande à la communauté internationale d’appuyer pleinement le Gouvernement iraquien dans l’exercice de ses responsabilités en ce qui concerne la protection de la communauté diplomatique, du personnel des Nations Unies et des autres personnels civils étrangers travaillant en Iraq;


10.   Décide de demeurer saisi de la question.


Déclarations


M. JOHN BOLTON (Etats-Unis) s’est dit heureux que la première réunion du Conseil à laquelle il participe soit celle de l’adoption à l’unanimité de cette résolution.  L’appui au Gouvernement iraquien est important, a-t-il dit en soulignant que depuis 15 ans, le Conseil ne s’est jamais dessaisi de la question iraquienne.  Il s’est donc félicité de la collaboration du Conseil avec le Gouvernement démocratiquement élu en Iraq.  Ce pays, a-t-il poursuivi, s’approche d’une date historique qui est celle de la fin de la rédaction de sa constitution.  Il est important que ce processus soit transparent, participatif et ouvert à tous.  Le peuple iraquien a décidé de créer une nouvelle réalité malgré les attentats et les menaces d’attentats.  Le projet de résolution, s’est réjoui le représentant, reconnaît que l’Iraq fait face aux menaces transnationales qui pèsent sur une grande partie du monde.  Il a appelé les Gouvernements de la Syrie et de l’Iran à respecter leurs engagements envers l’Iraq, lesquels ont été pris en vertu de la résolution 1546 et lors de la conférence des pays voisins de l’Iraq.  Ces deux pays doivent appuyer la stabilité en Iraq, a-t-il insisté en invitant les Etats Membres de l’ONU, en particulier les Etats arabes, à appuyer le Gouvernement iraquien qui œuvre à la mise en place d’institutions pleinement représentatifs et démocratiques.


M. ABDALLAH BAALI (Algérie) a déclaré que son pays avait voté en faveur du projet de résolution.  Les attentats qui font des centaines de victimes en Iraq sont intolérables, et l’Algérie est en faveur d’une lutte sans merci contre le terrorisme, qui tiendrait compte des causes sous-jacentes de ce phénomène.  La lutte contre le terrorisme en Iraq doit s’accompagner d’une intensification des efforts en vue de conduire le processus politique à son terme et d’assurer une transition, de nature à permettre à ce pays frère de recouvrer sa pleine souveraineté et de préserver son unité et son intégrité territoriale, a dit M. Baali.  Il est impérieux à cet égard que le texte de la nouvelle constitution soit finalisé dans les délais impartis et de manière inclusive, et soumis à l’Assemblée puis au peuple iraquien pour approbation.  L’Algérie, qui vient de perdre deux de ses fils en Iraq, continuera à se tenir aux côtés du peuple iraquien dans la phase difficile qu’il traverse.


M. MICHEL DUCLOS (France) a déclaré que la France avait apporté son plein soutien à la résolution adoptée par le Conseil.  La France condamne avec la plus grande fermeté les attentats terroristes qui sont commis en Iraq à un rythme presque quotidien.  La France se déclare également convaincue que seule une solution politique est de nature à rendre à l’Iraq des perspectives de paix et de stabilité.  Cette solution, conforme à la résolution 1546, doit être fondée sur la réconciliation nationale, le rejet de toute forme d’exclusion ou de discrimination et sur l’association de tous les Iraquiens à la transition, a dit le représentant.  À cet égard, il est essentiel que le projet de constitution qui sera soumis au vote de l’Assemblée, puis ultérieurement au référendum populaire, fasse l’objet au préalable d’un consensus entre toutes les composantes de la population iraquienne au sein du Comité constitutionnel.


M. CESAR MAYORAL (Argentine) a réaffirmé qu’il n’existe aucune justification à la perpétration d’actes terroristes.  Les responsables doivent être traduits en justice et la communauté internationale doit collaborer à ces efforts conformément aux résolutions du Conseil et aux autres mesures internationales pertinentes.  Il est essentiel, pour le succès du processus politique iraquien, qu’il soit le plus inclusif possible.  Tous les secteurs ethniques et religieux doivent se joindre au dialogue authentique, en vue de la réconciliation nationale.  Dans la lutte contre le terrorisme, a encore dit le représentant, il ne faut pas perdre de vue la nécessité de protéger la population civile.  Il a lancé un appel à toutes les forces intervenant en Iraq pour qu’elles prennent les précautions nécessaires pour protéger la population civile et respecter les droits de l’homme et le droit international humanitaire.


Sir EMYR JONES PARRY (Royaume-Uni) a estimé que les attentats commis en Iraq étaient éhontés et horribles.  La Syrie et l’Iran peuvent et doivent faire plus d’efforts pour aider l’Iraq à combattre le terrorisme, au lieu de fermer les yeux sur ce qui se passe.  La communauté internationale doit aider les Iraquiens en soutenant le dialogue national en Iraq, a dit le représentant.


M. ALEXANDER V. KONUZIN (Fédération de Russie) a souligné que toute violence à l’égard d‘une population pacifique est un crime qui ne saurait avoir aucune justification.  Il s’est réjoui que la résolution comprenne des dispositions condamnant l’assassinat de diplomates et qu’elle contienne un appel à la protéger de tous les acteurs étrangers.  Le représentant a, par ailleurs, rejeté toute idée d’accorder aux terroristes une tribune dans les médias pour la diffusion.  La liberté d’expression a des limites, en particulier lorsqu’il s’agit de la propagation d’idéologies dangereuses, a-t-il dit en appelant les médias à ne pas céder à la tentation commerciale de faire la propagande de bandits aux mains couvertes de sang.  La question de l’Iraq ne pourra être résolue que si nous engageons des efforts globaux dans le contexte de l’Iraq, a dit le représentant.  Il a prôné la réconciliation nationale, en arguant qu’il faut un règlement politique juste sur la question de la participation de toutes les forces du pays.  La Loi fondamentale doit être acceptable pour tous les Iraquiens.  Ces derniers doivent s’entendre sur la date de départ de toutes les forces étrangères et celle du transfert aux forces de défense du pays.  Sans un règlement de ces questions, la situation en Iraq ne saurait s’apaiser, a prévenu le représentant.


M. RONALDO MOTA SARDENBERG (Brésil) a rappelé que son pays avait perdu l’un de ses fils les plus brillants, Sergio Vieira de Mello, lors d’un attentat terroriste à Bagdad.  Il a ensuite déclaré que des efforts doivent se porter sur le processus politique en cours en ce moment en Iraq.  Ce processus doit être inclusif et représentatif, accordant à tous les groupes qui veulent y participer le droit de prendre part à la prise de décision.  Le Brésil réitère son soutien au peuple iraquien, qui a le droit de décider de son avenir politique, a dit le représentant.


M. CHENG JINGYE (Chine) s’est félicité de l’adoption de la résolution.  Il a espéré que les parties concernées pourront redoubler d’efforts pour améliorer la situation en matière de sécurité.  Il a souhaité que les parties iraquiennes aboutissent à un accord constitutionnel en faveur de tous les Iraquiens.


M. MINHEA IOAN MOTOC (Roumanie) a jugé important que le Conseil envoie un message de solidarité au peuple iraquien face à la menace terroriste.  La résolution permet d’actualiser les décisions du Conseil et constitue une réaction appropriée à la demande formelle faite par le Gouvernement iraquien lui-même, a-t-il dit.


M. KENZO OSHIMA (Japon) s’est félicité de l’adoption à l’unanimité du texte soumis aux délégations du Conseil de sécurité.  Cette adoption est un signe de l’accord qui existe au niveau international contre les actes et la menace posés par les terroristes, a-t-il estimé.  Il a espéré qu’en dépit de la disparition de Mijbil Sheikh Issa et de Thamen Hossein Obeidi, le processus constitutionnel retrouvera son rythme.


M. SAMIR S. SUMAIDA (Iraq) s’est réjoui que le Conseil ait parlé d’une seule voix sur une question qui est au cœur même de ses fonctions.  Le terrorisme est un des plus grands défis à la paix et à la sécurité internationales, a-t-il poursuivi en citant les villes et les endroits qui ont été frappés récemment par ce fléau.  Le terrorisme n’est nulle part aussi virulent qu’il ne l’est en Iraq qui œuvre donc à sa reconstruction dans des conditions très difficiles.  L’Iraq assume ce fardeau pour le monde et ce monde doit en retour l’aider, a estimé le représentant en se félicitant, une nouvelle fois, de l’adoption de la résolution.  Il a rejeté la logique de ceux qui affirment que le terrorisme s’est déchaîné en Iraq parce que le pays est occupé.  Cette logique, a-t-il dit, est « une logique inversée».  L’Iraq nouveau est ouvert à tous ses citoyens et à toutes les opinions.  Les Iraquiens s’expriment librement aujourd’hui et l’ont fait par millions le jour des élections.  Des débats animés ont lieu sur la future constitution, a-t-il aussi affirmé.  Or, le terrorisme vise tout le contraire.  Il vise à limiter le choix des citoyens et à fouler au pied les droits de l’homme et toutes les valeurs chères à l’humanité.  Il ne suffit pas de condamner le terrorisme.  Il faut aller au-delà, comprendre sa nature et le vaincre.


L’ONU n’a pas encore de définition globale du terrorisme, a-t-il reconnu en regrettant que certains continuent de confondre la lutte pour l’autodétermination et le terrorisme et ne pas voir là où l’un et l’autre s’arrêtent.  Aucun combattant pour l’indépendance ou l’autodétermination ne peut cibler son propre peuple et ses services de base fondamentaux ou les travailleurs humanitaires.  Il faut rejeter toute notion qui légitime cette violence quelle que soit la direction qu’elle veut imprimer au monde.  Dans le cas de l’Iraq, le discours des terroristes contre « les forces d’occupation » est en contradiction avec leurs actes qui précisément prolongent la présence des forces étrangères.  Le représentant a appelé à plus de ressources pour l’étude et l’analyse du terrorisme, et en particulier les attentats-suicides.  Il faut allouer plus de ressources pour démanteler les structures terroristes.  Cet effort ne peut être assuré par un seul pays.  Il exige la coopération internationale, d’où l’importance de la résolution du Conseil de sécurité, a-t-il conclu.


*   ***   *

À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.