CS/8455

CONSEIL DE SÉCURITÉ: À L’AUBE DU RETRAIT ISRAÉLIEN DE GAZA, LES ÉTATS MEMBRES S’INQUIÈTENT DE LA NOUVELLE FLAMBÉE DE VIOLENCE AU MOYEN-ORIENT

21/07/2005
Communiqué de presse
CS/8455


Conseil de sécurité

5230e séance – matin & après-midi


CONSEIL DE SÉCURITÉ: À L’AUBE DU RETRAIT ISRAÉLIEN DE GAZA, LES ÉTATS MEMBRES S’INQUIÈTENT DE LA NOUVELLE FLAMBÉE DE VIOLENCE AU MOYEN-ORIENT


La poursuite de la construction du mur de sécurité

et les colonies de peuplement au centre des déclarations


« Le Quatuor considère que le respect des obligations énoncées dans la Feuille de route et la concrétisation de la vision de deux États, Israël et la Palestine, vivant côte à côte dans la paix et la sécurité, sont la voie à suivre pour trouver une issue à la question du Moyen-Orient », a déclaré aujourd’hui au Conseil de sécurité M. Alvaro de Soto, Coordonnateur spécial des Nations Unies pour le processus de paix au Moyen-Orient dans une présentation sur la situation dans la région.


M. de Soto a indiqué que l’Envoyé spécial du Quatuor –composé des États-Unis, de la Fédération de Russie, de l’Union européenne et de l’ONU-, M. James  Wolfensohn, déploie en ce moment des efforts soutenus en vue de faciliter la reconstruction économique et sociale de Gaza après le désengagement israélien.  Les efforts de M. Wolfensohn portent notamment sur la mise en place de mesures favorisant les échanges commerciaux entre Gaza et sa proche région, a-t-il précisé.


Regrettant la récente recrudescence des tensions et de la violence au moment où Israël s’apprête à procéder à l’évacuation des colons de la bande de Gaza, M. Alvaro de Soto a souhaité que l’Autorité palestinienne impose son contrôle sur les zones relevant de la juridiction de ses forces de sécurité.  Concernant le désengagement israélien, le Coordonnateur spécial des Nations Unies a noté les progrès rapides accomplis par le Gouvernement sur la question, malgré l’opposition de certains groupes, et il a relevé le soutien apporté par la Knesset, qui a rejeté toute idée de report de la date du retrait.


Ouvrant le long débat qui a suivi, à la demande du Groupe des États arabes, l’Observatrice permanente de la Palestine, Mme Somaia Barghouti, a appelé le Conseil de sécurité à dénoncer « la politique expansionniste et coloniale qu’Israël cache derrière son retrait de Gaza ».  Déplorant l’approbation par le Gouvernement israélien du tracé de son mur de séparation à l’intérieur de Jérusalem-Est, elle a estimé que c’était un défi lancé à la communauté internationale au moment du premier anniversaire de l’Avis consultatif rendu par la Cour internationale de Justice sur cette question, un avis dans lequel la CIJ jugeait illicite la situation résultant de la construction de l’ouvrage.  Attirant l’attention du Conseil sur les violences dont sont victimes les Palestiniens, la représentante a dit que plus de 3 000 d’entre eux ont été tués par les forces israéliennes depuis l’année 2000.  Malgré les torts subis, la direction palestinienne souhaite le succès du désengagement israélien de Gaza, la mise en œuvre de la Feuille de route, et le démarrage de négociations sur le statut final, a dit Mme Barghouti qui a ensuite demandé la reprise de la dixième session extraordinaire de l’Assemblée générale, relative aux mesures illégales prises par les autorités israéliennes à Jérusalem-Est occupé ainsi que dans le reste du Territoire palestinien occupé, pour examiner un rapport de la Suisse, dépositaire des Conventions de Genève.


De son côté, le représentant d’Israël, M. Dan Gillerman, a estimé qu’il était temps de mettre fin aux débats stériles et de passer à des actions pouvant réellement mettre fin à la violence et favoriser l’instauration de la paix.  Déclarant que 24 000 attentats terroristes ont été commis contre Israël au cours des cinq dernières années, le représentant a relevé qu’en dépit de ces faits, son Gouvernement avait décidé, de son plein gré, d’assumer ses obligations envers le processus de paix en se désengageant de Gaza.  Israël aurait préféré opérer ce désengagement de manière concertée s’il avait eu en face de lui une Autorité palestinienne réellement responsable, a affirmé M. Gillerman, ajoutant que son Gouvernement a toujours souhaité voir les Palestiniens se gouverner eux-mêmes dans un cadre sûr et démocratique.  Concernant la construction du mur dénoncée par les Palestiniens et de nombreuses délégations, le représentant a dit qu’Israël protégeait ainsi sa population, et que la construction de cette barrière de sécurité avait permis de réduire de 95% le nombre d’attaques terroristes.  Soulignant que son pays collaborait avec l’Envoyé spécial du Quatuor, le représentant israélien a indiqué que cette coopération avait déjà permis d’accorder de meilleures conditions de circulation aux Palestiniens, et que le tracé du mur avait été modifié à la suite d’une saisine de la Haute Cour de justice israélienne.


Faisant connaître leurs positions sur la construction du mur, le représentant de la France, puis celui du Royaume-Uni, qui s’exprimait au nom de l’Union européenne, ont exprimé leur désapprobation sur le tracé actuel qui confisque des terres palestiniennes et semble préjuger des négociations qui devraient avoir entre Israël et les Palestiniens sur le statut final.  Pour le représentant des États-Unis, il faudrait plutôt, au-delà des accusations et des blâmes, travailler à la coordination du plan de retrait de Gaza et à la revitalisation de la Feuille de route.  Le désengagement de Gaza n’est que le début de cette relance, a dit le représentant de la Fédération de Russie qui a imputé la montée des tensions aux extrémistes qui veulent saper les accords passés entre l’Autorité palestinienne et Israël.  De nombreuses délégations ont rappelé que dans son Avis consultatif émis il y a un an, la CIJ avait demandé à Israël de réparer les dommages causés aux Palestiniens par la construction du mur.


LA SITUATION DU MOYEN-ORIENT, Y COMPRIS LA QUESTION PALESTINIENNE


Déclarations


M. ALVARO DE SOTO, Coordonnateur spécial des Nations Unies pour le processus de paix au Moyen-Orient, a déclaré que le Quatuor a condamné la montée de la violence dans la bande de Gaza et exhorté les parties à y mettre fin et à éviter toute escalade.  Le Quatuor considère que la Feuille de route et la vision de deux Etats vivant côte à côte dans la paix, sont la voie à suivre pour trouver une issue à la question du Moyen-Orient.  L’Envoyé spécial pour Gaza, M. James Wolfensohn, a reçu le soutien total du Quatuor dans les efforts qu’il déploie pour soutenir la mise en oeuvre des aspects, non liées à la sécurité, des conséquences du retrait israélien.  M. Wolfensohn a passé beaucoup de temps sur le terrain en vue de redonner un espoir aux Palestiniens et aux Israéliens.  Le travail qu’il mène se concentre sur six points essentiels ayant trait à la sécurisation de points de passage en vue de favoriser les échanges commerciaux ; créer un lien entre Gaza et la Cisjordanie ; favoriser les mouvements à l’intérieur de la Cisjordanie ; favoriser la remise en état de l’aéroport et du port de Gaza ; régler la question des maisons israéliennes dans le territoire de Gaza ; et développer les serres et l’élevage laitier dans les lieux où sont actuellement implantées les colonies israéliennes.  L’Envoyé spécial a d’autre part mis un accent particulier sur la nécessité de redresser les finances de l’Autorité palestinienne et de mettre en place un plan fiscal à incorporer et mettre en œuvre dans le cadre du budget de 2006.


Concernant la sécurité, M. de Soto a regretté l’érosion, au cours des dernières semaines, du cessez-le-feu qui avait été mis en place depuis la dernière rencontre de Charm el-Cheikh et l’accord que le Président Abbas avait conclu avec les factions palestiniennes.  Plusieurs attentats ont été perpétrés, des militants palestiniens s’en prenant aux colonies israéliennes en tirant des roquettes et en commettant des attentats suicides.  Ainsi, le 20 juin dernier, une jeune femme de Gaza transportant 10 kilos d’explosifs dans le but de commettre un attentat a été arrêtée par les forces israéliennes au point de passage d’Eretz.  Un attentat suicide a fait 5 morts le 12 juillet dans la ville de Tulkarem.  Israël a réagi par des actions ciblées de ses forces de sécurité, qui ont arrêté de nombreux militants.  Du côté de l’Autorité palestinienne, qui s’est retrouvée sous pression par l’évolution de la situation, le Président Abbas a réaffirmé sa volonté d’imposer son autorité et de donner aux forces de sécurité de l’Autorité le monopole de l’usage de la force et du maintien de l’ordre à Gaza et en Cisjordanie.  Il est urgent que l’Autorité impose son contrôle sur l’ensemble du Territoire palestinien, a indiqué M. de Soto.  Le 23 juin, a-t-il indiqué, un policier palestinien a été tué par des tirs de militants qui attaquaient un poste de police.  Nous regrettons les déclarations du Hamas, qui lancent un défi à l’Autorité palestinienne et rejettent l’offre qu’a faite le Président Abbas au Hamas de se joindre aux structures de direction de l’Autorité.  Un dirigeant du Hamas a été jusqu’à prôner une confrontation avec l’Autorité palestinienne et a déclaré qu’il était du devoir de tout Palestinien de continuer des attaques contre Israël « en vue de libérer la Cisjordanie et Jérusalem ».  Néanmoins, le 23 juin, un accord a été conclu par l’Autorité palestinienne sur la question du désarmement de militants à Naplouse.  L’accord prévoit que 200 militants de cette localité remettront leurs armes à l’Autorité.  Il fait suite à des agréments du même genre conclus à Tulkarem et Jéricho.


Concernant la question des élections au sein de l’Autorité palestinienne, M. de Soto a déclaré que le 18 juin, le Conseil législatif palestinien avait adopté à une très grande majorité, une nouvelle loi électorale incluant des amendements proposés par M. Abbas, qui a demandé que soit créé un poste de Vice-Président de l’Autorité.  Mais à ce jour, a précisé M. de Soto, aucune date n’a encore été avancée sur la tenue des élections législatives.  Une des dates potentielles pourrait être celle du mois de janvier 2006.


Abordant la question du désengagement israélien, M. De Soto a indiqué que le Gouvernement faisait des progrès rapides, malgré les protestations de certains groupes de colons et d’organisations civiles israéliennes.  Parmi les mesures prises par le Gouvernement de M. Sharon figure la clôture de la bande de Gaza à tout israélien qui n’en est pas résident à la date du 13 juillet.  La Knesset a pour sa part rejeté toutes les demandes de reporter le retrait à la date du 19 juillet, malgré les protestations et manifestations de certains groupes qui s’opposent à ce retrait.  Sur une autre question importante, celle de la construction de la barrière de sécurité, M. de Soto a rappelé qu’Israël en avait accéléré les travaux en Cisjordanie.  Le 10 juillet, le Cabinet israélien a approuvé le tracé de la construction du mur autour de Jérusalem.  Ce tracé isolera 55.000 Palestiniens de l’est de la ville du reste de Jérusalem.  Le Gouvernement israélien a décidé que la construction de l’édifice devait s’achever le 1er septembre prochain.


Après ces précisions, M. de Soto a présenté au Conseil l’état de la situation qui prévaut au Liban et notamment à Beyrouth, où des assassinats d’hommes et de dirigeants politiques se sont poursuivis au cours des derniers mois.  Après la victoire des forces d’opposition à la Syrie aux législatives, le Gouvernement libanais qui était dirigé par M. Nejib Mikati, est désormais dirigé par M. Fuad Siniora, et M. Nabih Berri a été réélu à la tête du Parlement, a rappelé M. de Soto.  Hier, M. Siniora a annoncé qu’un accord avait été trouvé sur la composition du nouveau gouvernement.  Dans le Sud, des incidents ont continué de se produire le long de la Ligne bleue, notamment les 29 juin et 12 juillet.  La communauté internationale appelle les acteurs de la région à faire preuve de retenue.


Mme SOMAIA S. BARGHOUTI, Observatrice permanente de la Palestine, a souhaité que, concentrée sur le retrait d’Israël de Gaza et de certaines régions du nord de la Cisjordanie, la communauté internationale ne perde pas de vue la poursuite par Israël de son plan expansionniste et colonial, notamment dans la partie est de Jérusalem.  L’approbation par le Gouvernement israélien du tracé du mur de séparation à l’intérieur de Jérusalem-Est est un fait grave, a-t-elle souligné en arguant qu’il s’agit d’un défi flagrant qu’Israël lance à la communauté internationale au moment même où elle célèbre le premier anniversaire de l’avis de la Cour internationale de Justice (CIJ).  La réticence de la communauté internationale à exercer des pressions sur le Gouvernement israélien, sa passivité devant les activités menées par Israël dont les implantations de colonies, l’isolement des territoires palestiniens et la construction du mur, ne saurait contribuer à la mise en œuvre de la Feuille de route.  Bien au contraire, la région s’achemine vers une catastrophe réelle aux graves conséquences. 


Le peuple palestinien connaît l’état de siège, l’oppression, les tueries et des conditions sociales et économiques déplorables, a encore souligné la représentante en accusant la politique d’Israël.  Depuis 2000, près de 3 270 Palestiniens sont morts et 5 000 autres ont été blessés.  Israël a semé la destruction dans les territoires occupés et la Palestine a informé toutes les instances de l’ONU de l’évolution terrifiante de la situation sur le terrain.  Contrairement à Israël, a affirmé la représentante, l’Autorité palestinienne a pris un grand nombre de mesures pour respecter les engagements pris à Charm el-Cheikh.  La direction palestinienne s’engage à trouver un règlement pacifique dans le respect du droit international et, à cet égard, elle souhaite le succès du désengagement d’Israël de Gaza pour passer à la mise en œuvre de la Feuille de route et aux négociations sur le statut final. 


Ce désengagement doit intervenir avant la fin de l’année, a voulu la représentante en demandant à la communauté internationale de ne tolérer aucun retard.  Elle lui a demandé de prendre des mesures immédiates pour mettre fin à la politique d’expansion israélienne qui est contraire à tous les engagements pris.  La Palestine lance un appel pour que soit respecté l’avis d la CIJ et pour que les différents organes des Nations Unies dont le Conseil de sécurité accélèrent la mise en œuvre des engagements pris dont la résolution ES-10/15 de la session extraordinaire de l’Assemblée générale sur l’établissement de la liste des dommages et des dégâts causé par la construction du mur.  La représentante a aussi demandé la reprise de la dixième session extraordinaire pour examiner le rapport de la Suisse en tant que garant des Conventions de Genève. 


M. DAN GILLERMAN (Israël) a estimé que la période des accusations et des diatribes stériles sur la question du Moyen-Orient était dépassée.  La situation qui prévaut sur le terrain est difficile, a estimé le représentant en soulignant que 24 500 attentats terroristes avaient été commis contre son pays en moins de cinq ans.  Ces attentats et les tentatives d’en commettre se poursuivent, a-t-il dit, en ajoutant que l’impasse dans laquelle se trouve la question du Moyen-Orient résulte du refus d’une partie à assumer ses responsabilités et ses engagements.  À la frontière nord d’Israël, a-t-il poursuivi, la seule force contrôlant le territoire est une organisation terroriste, qui est soutenue par deux Etats Membres des Nations Unies.  Pour sa part, Israël se prépare courageusement à remplir les obligations qu’il a lui même prises en annonçant son retrait de la bande de Gaza.  L’initiative de désengagement n’est pas la meilleure option qu’Israël aurait choisie s’il avait eu en face de lui un interlocuteur responsable.  Israël aurait préféré un accord pleinement négocié avec l’Autorité palestinienne, comme notre Premier Ministre l’avait indiqué en 2003 au moment où il annonçait le plan de désengagement de Gaza.  Il avait alors clairement déclaré qu’Israël voulait que les Palestiniens se gouvernent eux-mêmes dans un cadre démocratique.  Israël a toujours voulu que l’Autorité palestinienne assume les engagements qui lui reviennent dans le cadre de la mise en œuvre de la Feuille de route du Quatuor.


Israël relève que c’est l’Autorité palestinienne qui a demandé au Conseil de sécurité de se réunir aujourd’hui, a dit le représentant.  Ce fait ne devrait pas occulter les mesures courageuses prises par notre Gouvernement, a-t-il dit en estimant que la dégradation de la situation, observée ces dernières semaines, est due au refus de l’Autorité palestinienne d’assumer ses engagements en matière de lutte contre le terrorisme et aux activités des groupes militants qui se croient libres d’agir à leur guise.  Face à cette situation, Israël protègera sa population, a dit le représentant en indiquant que la construction de la barrière de sécurité répondait à ce besoin.  La barrière a réduit de 90% le nombre d’attaques terroristes, ce qui a permis de réduire de 70% le nombre d’Israéliens victimes d’attentats et de 85% celui des blessés, a dit M. Gillerman.  Israël demeure sensible à l’impact des mesures nécessaires en matière de sécurité qu’il a été contraint de prendre.  C’est pourquoi, a précisé M. Gillerman, Israël coordonne avec les responsables de l’Autorité palestinienne les efforts visant à faciliter l’accès de l’assistance humanitaires à toutes les zones.  Au moment où nous nous exprimons, a-t-il précisé, des équipes israéliennes et des experts des Nations Unies examinent les conséquences de ces mesures sur la liberté de mouvement des civils palestiniens.  Israël et l’Envoyé spécial du Quatuor pour le désengagement, James Wolfensohn, oeuvrent en étroite coopération pour renforcer la communication entre les villes palestiniennes.  En effet, la construction du mur a été modifiée, soit en raison de la saisine par la Haute Cour de justice d’Israël de cette question – la seule instance judiciaire dans la région qui permet à un Arabe ou à un Palestinien d’exercer un recours contre son propre Gouvernement, demander réparation, plutôt que d’être jeté en prison ou décapité - soit à des fins humanitaires.  Notre pays assume ses responsabilités et rappelle que la Feuille de route exige que les deux parties à la question du Moyen-Orient tiennent les engagements pris dans le cadre de cette Feuille de route.  Israël respecte donc le Conseil de sécurité et l’invite à ne pas se laisser divertir par de faux arguments et des tentatives de désinformation, a dit M. Gillerman.


Déplorant l’aggravation de la situation au Moyen-Orient, M. ABDALLAH BAALI (Algérie) a dénoncé la récente décision du Gouvernement israélien d’agrandir les colonies de peuplement en Cisjordanie, notamment autour d’Al-Qods et d’accélérer les travaux du tracé du mur autour de cette ville.  Selon le représentant de l’Algérie, l’objectif d’Israël est de rompre l’ultime lien géographique encore existant entre la ville sainte et le reste du Territoire palestinien.  À ses yeux, cette mesure montre qu’Israël profite d’une impunité à l’intérieur même du Conseil de sécurité bafouant au passage les principes de droit international et les résolutions du Conseil.


Par conséquent, comme le préconise la Cour internationale de Justice, a dit le représentant, le Conseil de sécurité devrait considérer quelles actions devraient être entreprises pour mettre fin à la situation illégale résultant de la construction du mur.  Il devrait également considérer les mesures à prendre pour amener Israël à cesser les exécutions extrajudiciaires et la démobilisation des maisons, à démanteler les colonies de peuplement ainsi que la destruction de la barrière illégale de séparation.  Enfin, il a exhorté le Quatuor à intervenir d’urgence pour dissuader Israël d’élargir ses colonies de peuplement et pour l’amener à honorer ses engagements au titre de la Feuille de route afin de garantir l’établissement d’un État palestinien indépendant avec pour capital Al-Qods.  Par ailleurs, M. Baali a exprimé sa préoccupation concernant la situation au Golan où la poursuite de la politique israélienne de colonisation dans cette région continue d’entraver les efforts régionaux et internationaux déployés en vue de parvenir à une paix juste et globale dans la région, ainsi qu’au Liban où en dépit des résolutions du Conseil de sécurité, les violations et agressions contre la souveraineté de ce pays ainsi que les provocations se sont poursuivies au cours des dernières semaines.


M. Baali a conclu en rappelant que la communauté internationale était appelée à se mobiliser afin de parvenir à un règlement juste et durable du conflit au Moyen-Orient, fondé sur le respect des résolutions 242, 338 et 1397 du Conseil de sécurité.


M. ALEXANDER V. KONUZIN (Fédération de Russie) a imputé la situation actuelle à Gaza aux tentatives des forces extrémistes d’empoisonner l’atmosphère à la veille du retrait d’Israël de Gaza et d’une partie de la Cisjordanie.  Ces extrémistes veulent saper les accords passés entre l’Autorité palestinienne et Israël, a-t-il estimé en jugeant que les moyens de les contrecarrer seraient pour les parties de faire preuve de retenue et de prendre des mesures concertées pour lutter contre l’anarchie et la flambée de violence.  Les parties doivent s’en tenir aux accords de Charm el-Cheikh et œuvrer de manière coordonnée au retrait d’Israël de Gaza et des parties de la Cisjordanie.  Le représentant a appelé les parties à s’abstenir de prendre des mesures qui pourraient déterminer l’issue des négociations sur le statut final.  Parmi ces mesures, il a cité le mur de séparation dont le tracé viole les droits des Palestiniens.  Il s’est également dit préoccupé par la question des colons, ajoutant que son pays attend d’Israël qu’il respecte les engagements pris dans le domaine de la réinstallation.  Le plan de désengagement n’est que le début de la relance de la mise en œuvre de la Feuille de route, a-t-il considéré en réitérant la proposition de son pays de convoquer une conférence d’experts pour examiner le résultat du désengagement et déterminer l’action de la communauté internationale dans la perspective de la paix.


M. JEAN-MARC DE LA SABLIÈRE (France) a regretté que la situation au Moyen-Orient demeure un sujet de vive préoccupation à l’aube du désengagement israélien de Gaza.  Il est essentiel de préserver la trêve mise en place depuis un certain temps et il faut qu’il soit mis fin aux violences.  La France condamne l’attentat commis il y a une semaine à Netanya, ainsi que les tirs de roquettes contre des cibles israéliennes.  Il appartient à l’Autorité palestinienne d’imposer la loi et l’ordre dans les zones qui sont sous son contrôle.  De son côté, Israël doit faire preuve de retenue en recourant à la force.  Tout en se félicitant du retrait israélien de Gaza, le Quatuor doit assumer toutes ses responsabilités sur la question du processus de paix, et la France est à cet égard favorable à la tenue d’une conférence internationale sur la question. 


Concernant la construction de la barrière de sécurité, la France reconnaît le droit d’Israël à protéger sa population, mais le tracé actuel de l’ouvrage empiète largement sur les terres palestiniennes et menace de ce fait la création d’un État palestinien viable, a relevé M. de La Sablière.  Le mur menace l’avenir économique et social d’un futur État palestinien.  La France appelle donc Israël à démanteler les parties du mur qui s’inscrivent en faux contre le droit international tel qu’énoncé par l’Avis consultatif de la CIJ.  L’Union européenne, a souligné le représentant, n’entérinera aucun accord sur la question du Moyen-Orient qui ne s’appuierait pas sur un tracé modifié de cette barrière de sécurité et qui voudrait imposer à la communauté internationale un fait accompli.


M. TUVAKO N. MANONGI (République-Unie de Tanzanie) a déclaré que les élections présidentielles de janvier, suivi par les mémorandums d’entente de Charm el-Cheikh en février, et la réunion de Londres en mars avaient offert aux dirigeants israéliens et palestiniens une opportunité de mettre un terme aux violences et de réussir le désengagement israélien de la Bande de Gaza et d’une partie de la Cisjordanie d’ici août.  Il s’est inquiété des récents actes de violence venus jeter une ombre sur les avancées du processus en cours.  Il a particulièrement condamné le récent attentat suicide de Netanya et les tirs de roquettes qui ont tué plusieurs civils israéliens.  Il a félicité l’Autorité palestinienne pour ses actions préventives pour éviter de nouvelles attaques contre des civils israéliens et pour que le processus de retrait se passe dans les meilleures conditions.  Il a salué la volonté du Gouvernement d’Israël et sa fermeté contre toute proposition de report du désengagement.


Néanmoins, il a regretté la décision d’Israël de poursuivre la construction du mur de séparation autour de Jérusalem Est.  Il a déclaré que la poursuite de cette construction et des colonies de peuplement était contraire aux mesures de confiance si nécessaires à l’avènement de la paix.  Il a souligné l’obligation de la communauté internationale d’encourager les parties israélienne et palestinienne dans leurs efforts de paix.  S’agissant de la Ligne bleue entre Israël et le Liban, il s’est dit inquiet des violations observées des deux côtés ayant entraîné des morts et des blessés.  Il a exhorté le Gouvernement libanais à exercer son autorité sur l’ensemble de son territoire et Israël de cesser de violer l’espace aérien libanais.


M. RONALDO MOTA SARDENBERG (Brésil) a déclaré que les peuples israélien et palestinien se trouvaient à un moment décisif marqué par une véritable possibilité de mettre un terme à la paralysie qui a caractérisé le processus de paix ces dernières années.  Il a estimé que le retrait des Israéliens de la Bande de Gaza et du nord de la Cisjordanie représentait un premier pas très important de la fin de l’occupation vers la réalisation d’un projet de deux États - Israël et Palestine - vivant côte à côte en paix en toute sécurité.  Il a souhaité que le Gouvernement israélien soit encouragé dans ses efforts vers un désengagement dans les délais impartis en insistant sur le caractère essentiel d’une bonne coordination avec l’Autorité palestinienne.  Il a également fait sien l’avis du Quatuor selon lequel le soutien coordonné de la communauté des donateurs internationaux était crucial pour la réussite de la Mission de M. James Wolfensohn, Envoyé spécial chargé d’observer le désengagement de Gaza.  Il a aussi souhaité que les États arabes s’engagent dans ce processus.


Rappelant que le processus de retrait des forces israéliennes nécessitait calme et stabilité sur le terrain, il a regretté les récentes escalades de violence.  Il a demandé qu’Israël mette un terme aux exécutions extrajudiciaires reprises ces derniers jours et s’est dit très inquiet de la persistance de tirs de roquettes sur des civils israéliens par des groupes armés palestiniens.  Il a appelé toutes les parties palestiniennes à respecter le cessez-le-feu et à apporter tout leur soutien aux initiatives de l’Autorité.  Par ailleurs, il a regretté les conséquences de la construction du mur autour de Jérusalem qui affecte la vie quotidienne de 55 000 personnes.  Il a exhorté Israël à cesser cette construction et à se conformer à l’avis de la Cour internationale de Justice.  En outre, le représentant s’est dit très inquiet de la situation humanitaire dans le territoire occupé.  Il a indiqué la volonté du Brésil de fournir assistance et expertise pour la mise en oeuvre de programmes sociaux sur le terrain, en rappelant la responsabilité d’Israël en matière de circulation des biens et des personnes.  S’agissant de la situation au Liban, il s’est félicité de la nomination du nouveau gouvernement et a déclaré que son pays soutiendra le renouvellement pour une durée de six mois de la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL) dont le mandat sera examiné dans les prochains jours par le Conseil.


M. ZHANG YISHAN (Chine) a jugé que les événements récents dans la région sont réellement préoccupants.  Le Gouvernement israélien accélère la construction du mur de séparation sans craindre d’exacerber les tensions, a-t-il regretté en rappelant les résolutions pertinentes de l’ONU.  Il a appelé les parties à maintenir la bonne atmosphère qui a régné cette année.  Il s’est dit inquiet de la multiplication récente des affrontements violents entre les deux parties.  Il a pris note avec satisfaction du fait que le Président de l’Autorité palestinienne s’est rendu à Gaza et qu’Israël a reporté son action militaire.  Se réjouissant de cette attitude, le représentant a encouragé les parties à poursuivre dans cette voie et a exhorté le Conseil de sécurité et les acteurs internationaux à faire davantage pour assurer une mise en œuvre effective de la Feuille de route.


M. KENZO OSHIMA (Japon) a estimé que le désengagement d’Israël de la bande de Gaza devait s’effectuer dans le calme, et ce, afin de faciliter une revitalisation de la Feuille de route.  À cette fin, il est de la plus haute importance que les deux parties fournissent les efforts nécessaires et que la communauté internationale les appuie, ce soutien devant comprendre, en particulier, l’assistance financière des pays arabes, a dit le représentant.  Selon lui, l’Autorité palestinienne doit faire cesser les violences non seulement en vue de parvenir à la paix avec Israël, mais également pour démontrer qu’elle dispose de la capacité de base indispensable au bon fonctionnement d’un État.  Le Japon soutient donc la politique de réforme menée par le Président Abbas et les efforts faits par le général Ward.


Le Japon appuie les efforts de coordination déployés par M. Wolfensohn pour assurer la sécurité dans les transports et les voies de communication entre Gaza et le monde extérieur, a poursuivi M. Oshima.  Dans ce contexte, nous souhaitons vivement qu’Israël adopte rapidement une attitude plus souple afin de garantir la liberté de circulation des personnes et des biens palestiniens.  À l’occasion de la visite au Japon en mai dernier du Président Abbas, il a été annoncé que l’assistance du Japon à la Palestine s’élèverait désormais à 100 millions de dollars affectés pour faciliter le désengagement de Gaza et la réhabilitation de cette zone, a fait savoir le représentant.  Le Japon continuera à fournir toute son assistance à l’effort de développement de l’économie palestinienne.  L’intervenant a rappelé que l’Envoyé spécial du Japon pour le Moyen-Orient s’était rendu en Israël et en Palestine pour souligner que la revitalisation de la Feuille de route passe par le succès du désengagement de Gaza


En ce qui concerne la question du mur de sécurité, le représentant a jugé que la décision prise en février d’en changer une partie du tracé avait été positive.  Mais il a regretté que sa construction se poursuive dans d’autres lieux à l’intérieur de la Ligne verte.  Il a rappelé la position prise par le Japon: l’Autorité palestinienne doit faire tous les efforts possibles pour mettre fin au terrorisme; deuxièmement, la construction du mur affecte la vie quotidienne des Palestiniens et est préjudiciable à une issue positive des négociations de paix entre les parties.  Elle doit donc cesser.  Le représentant a dit que son pays était particulièrement inquiet des conséquences éventuelles de l’édification du mur de sécurité dans la région de Jérusalem-Est, alors que la plus grande prudence est nécessaire pour assurer le succès du désengagement de Gaza.  Le règlement de la question du mur de sécurité, comme celle des activités de peuplement, n’est possible que par une mise en œuvre continue de la Feuille de route, a jugé M.Oshima.


Mme ELLEN MARGRETHE LOJ (Danemark) a affirmé que le retrait réussi des forces israéliennes de la bande de Gaza et du nord-ouest de la Cisjordanie pouvait ouvrir la voie vers une paix juste, durable et globale au Moyen-Orient.  Pour cela, ce retrait doit s’effectuer en conformité avec la Feuille de route et en coordination avec l’Autorité palestinienne et la communauté internationale.  La représentante a salué le courage politique démontré par les dirigeants des deux parties, exprimant l’espoir qu’à la date fixée pour le désengagement, la coordination sera renforcée.  Le Danemark a encouragé l’Autorité palestinienne à accélérer les réformes et Israël à mettre en place les conditions indispensables à une croissance économique viable pour le peuple palestinien.  Il est d’une importance capitale que les deux parties redoublent d’efforts pour mettre en œuvre les engagements pris dans le cadre du Sommet de Charm el-Cheikh et s’abstiennent de prendre des mesures unilatérales, qui pourraient s’avérer préjudiciables à un règlement négocié du conflit.  À cet égard, le Danemark reste préoccupé par la poursuite de la construction du mur de séparation israélien sur le Territoire palestinien, qu’il juge contraire au droit international.  La représentante a ensuite réaffirmé que son pays ne reconnaissait aucun changement apporté aux frontières d’avant 1967 à l’exception de ceux qui ont fait l’objet d’un accord entre les deux parties.  En conclusion, elle a réaffirmé la condamnation par son pays aussi bien des récentes attaques terroristes perpétrées contre Israël que des violences commises par des militants palestiniens contre le personnel palestinien chargé de la sécurité.  Par ailleurs, tout en reconnaissant le droit d’Israël à protéger ses citoyens, le Danemark s’oppose à la pratique des assassinats extrajudiciaires, qui sont contraires au droit international.


M. MIHNEA IOAN MOTOC (Roumanie) a déclaré qu’Israël et la Palestine devraient remplir les obligations qui sont les leurs dans le cadre de la Feuille de route.  Israël doit mettre fin à toute activité de colonisation et éviter de prendre des initiatives contraires à l’esprit du processus de paix.  À cet égard, tout en permettant de protéger des vies israéliennes, la construction de la barrière de sécurité est, dans certaines parties de son tracé, contraire au droit international.  Afin de progresser vers la paix, et au-delà du retrait de Gaza, les parties doivent mieux coopérer et coordonner étroitement leurs actions afin de permettre la création de conditions favorables à la reconstruction économique de la bande de Gaza.  Concernant les autres développements de la situation de la région, la Roumanie soutient l’application totale de la résolution 1559 au Liban afin de permettre à ce pays d’être politiquement libre, indépendant et souverain.  Notre délégation appuie d’autre part l’enquête concernant les responsabilités à établir dans l’assassinat de Rafik Hariri, a dit le représentant.


M. CÉSAR MAYORAL (Argentine) a estimé que les évènements des derniers jours sont une preuve de plus de la fragilité extrême de la situation au Moyen-Orient, notamment pour ce qui a trait aux relations israélo-palestiniennes.  Après plusieurs mois de calme relatif, les niveaux de violence ont augmenté de manière marquée, affectant la population civile des deux parties.  Cette nouvelle vague de violence risque de remettre en cause les acquis et pourrait fortement saper la confiance entre les parties.  Il ne faut pas sous-estimer la gravité de la situation, a-t-il ajouté en s’adressant au Conseil et à la communauté internationale.  Il a condamné tous les actes terroristes commis récemment, en particulier l’attentat du 12 juillet dernier et les attaques à la roquette.  Il n’existe aucune justification à ces actes et il revient aux autorités palestiniennes de prendre des mesures décisives contre les terroristes et d’empêcher que son territoire ne soit utilisé pour lancer des attaques contre Israël.  Rendant hommage au Président Abbas, il l’a appelé à déployer davantage d’efforts pour faire comprendre aux groupes concernés que la violence ne sera plus tolérée.  Reconnaissant à Israël le droit d’assurer sa sécurité, il l’a exhorté à respecter, ce faisant, le droit international.  Il a donc prévenu ce dernier contre les assassinats ciblés et contre le non-respect des droits de l’homme de la population palestinienne et du droit international.


Le représentant a aussi invoqué ce droit pour s’opposer, une nouvelle fois, à la construction de la barrière de séparation.  Il a demandé à Israël de respecter l’Avis consultatif de la CIJ et la résolution de l’Assemblée générale.  La décision du Cabinet israélien d’accélérer la construction de la barrière à Jérusalem-Est est contraire aux appels de la communauté internationale.  Il a aussi appelé à la cessation de toutes les activités liées aux colonies de peuplement et à la suppression des postes avancés.  Les deux parties ont un véritable avenir de coexistence pacifique, a-t-il ajouté en soulignant la nécessité de poursuivre le plan de désengagement d’Israël comme premier pas pour mettre fin à l’occupation engagée en 1967.  En l’occurrence, il a jugé essentielle une action coordonnée et la participation activité de la communauté internationale.  À ce stade, toutes les énergies doivent se concentrer sur ce désengagement, a-t-il dit en félicitant le Premier Ministre Sharon d’avoir maintenu une position ferme et résolue dans ce domaine.  Le représentant a conclu en saluant la formation récente du nouveau Gouvernement libanais et en appelant au respect de la Ligne bleue.


M. WILLIAM BRENCICK (États-Unis) a rappelé que le Président Bush avait présenté, il y a trois ans, sa vision de la création de deux États au Moyen-Orient vivant dans la paix et la sécurité, Israël et la Palestine.  Au-delà des accusations et des blâmes, il faudrait plutôt travailler à la coordination du plan de retrait de Gaza.  L’Envoyé spécial du Quatuor travaille avec les deux parties, le retrait de Gaza offrant l’occasion de revitaliser la Feuille de route, que les États-Unis soutiennent, a dit le représentant.  Le Président Abbas a pris un certain nombre de mesures sur la sécurité des zones contrôlées par l’Autorité, mais les résultats actuels des actions palestiniennes sont très insuffisants.  Concernant le Liban, les États-Unis demandent au Gouvernement d’assurer le contrôle de tout le territoire du pays et d’appliquer les aspects de la résolution 1559 concernant le désarmement des milices.  Les États-Unis regrettent d’autre part les mesures prises par la Syrie à sa frontière avec le Liban.  La fermeture de la frontière opérée par la Syrie, qui déclare que c’est un acte entrant dans la lutte contre le terrorisme, porte préjudice aux échanges commerciaux du Liban avec les autres pays de la région.  Il s’agit d’une tentative pour suffoquer l’économie libanaise, et les États-Unis estiment que ce genre d’opération ne devrait pas se faire sans consultation bilatérale entre les deux pays.


M. EMYR JONES PARRY (Royaume-Uni), s’exprimant au nom de l’Union européenne, a donné lecture des conclusions agréées par le Conseil des relations extérieures de l’Union européenne qui a examiné le 18 juillet dernier la situation au Moyen-Orient.  Dans ses conclusions, le Conseil a souligné que les Palestiniens et les Israéliens ne doivent en aucun cas retourner dans le cycle de violence qui a caractérisé la région pendant les dernières années.  Il a appelé Israël à faire preuve de retenue et l’Autorité palestinienne à prendre des mesures immédiates et efficaces contre les responsables des attaques.  Le Conseil a aussi demandé à Israël d’assurer le retrait complet de Gaza et de certaines parties du nord de la Cisjordanie et à le coordonner avec les Palestiniens et la communauté internationale.  Le Conseil a appelé à une intensification de la coordination entre Israël et les Palestiniens, comme élément essentiel de l’obtention de résultats tangibles pour ce qui de l’accès à Gaza.  Concernant les questions liées au statut final, le Conseil a rappelé que l’Union européenne ne reconnaîtra aucun changement des frontières existant avant 1967, autres que ceux agréés par les deux parties.  Le Conseil a réitéré le point de vue selon lequel la seule manière de réaliser une paix durable et une solution viable de deux Etats vivant côte à côte et ce, par la pleine mise en œuvre des engagements pris en vertu de la Feuille de route.  Tout en reconnaissant le droit d’Israël à protéger ses citoyens contre des attaques terroristes, le Conseil a demandé à Israël d’arrêter la construction de la barrière de séparation dans le Territoire palestinien occupé, y compris dans et autour de Jérusalem, ce qui est en contradiction avec les dispositions pertinentes du droit international.


M. JEAN-FRANCIS RÉGIS ZINSOU (Bénin) a déclaré que sa délégation se félicitait du rôle joué par le Quatuor dans le désengagement israélien de Gaza, ainsi que par la décision de la Knesset de ne pas permettre un report de ce retrait, qui est une étape cruciale de la Feuille de route dont le résultat final devrait être la fin de l’occupation.  Le Bénin regrette la récente montée des violences à Gaza et dans le reste du Territoire palestinien.  L’aggravation des tensions ne peut que retarder ou faire dérailler la mise en œuvre de la Feuille de route, a estimé le représentant.  Le Bénin regrette les violences contre la population palestinienne, notamment les assassinats ciblés, auxquels Israël doit mettre fin, a-t-il poursuivi.  Concernant la construction du mur de sécurité, le Bénin invite Israël à en arrêter la construction et à tenir compte de l’Avis consultatif rendu par la Cour internationale de Justice. 


M. BAYANI S. MERCADO (Philippines) s’est dit alarmé par la recrudescence de la violence dans la région.  Il a nié le droit à Israël de prendre des mesures extrajudiciaires, tout en condamnant les tirs de roquettes contre les cibles israéliennes.  Appelant à des progrès dans le processus de paix, il a invité les deux parties à respecter les accords de Charm el-Cheikh, en appelant Israël à ne pas porter atteinte aux tentatives de l’Autorité palestinienne de faire régner l’ordre dans le Territoire.  Le Président Abbas mérite le soutien de la communauté internationale, compte tenu des efforts qu’il déploie six mois après son investiture, a estimé le représentant qui a poursuivi en saluant les efforts de l’Envoyé spécial du Quatuor.  Par ailleurs, il a estimé que le désengagement de Gaza doit être complet pour faciliter la quête d’un règlement durable de la question palestinienne.  Il a, en outre, demandé à Israël de mettre fin aux implantations de colonies et à la construction du mur de séparation.


M. ADAMANTIOS VASSILAKIS (Grèce) a déclaré que les résultats du désengagement israélien de Gaza seraient jugés sur le long terme.  Il faudrait donc que soient mises en place des dispositions favorisant le retour à la normale après cette opération, a estimé le représentant en notant que les chances de succès seraient multipliées par le développement de conditions politiques, économiques et sécuritaires harmonieuses.  La reconstruction économique des territoires palestiniens sera cruciale, si on veut assurer l’équilibre de Gaza après le retrait israélien.  La mise en place de mesure de confiance entre les parties s’impose, a dit le représentant en rappelant les accords pris le 8 février à Charm el-Cheikh, que les parties devraient rapidement appliquer.  La Grèce est préoccupée par la poursuite des activités de colonisation, et par celle de la construction de la barrière de séparation israélienne, dont l’exécution a des conséquences humanitaires sur les populations palestiniennes, et regrette la décision du Gouvernement d’achever sa construction autour de Jérusalem le plus rapidement possible.


M. JASEM IBRAHIM AL-NAJEM (Kowait), au nom du Groupe des Etats arabes, a commencé son intervention par une condamnation claire du terrorisme, sous toutes ses formes et ses manifestations.  Il a demandé des efforts renouvelés pour combattre ce fléau.  Le représentant a ensuite appelé au respect des accords de Charm el-Cheikh, en soulignant les conditions difficiles dans lesquelles vit le peuple palestinien.  Il a dénoncé la politique israélienne, qui utilise des armes contre les civils et impose des restrictions au peuple et aux dirigeants palestiniens.  Ce mesures, a-t-il souligné, sont prises au vu et au su de tout le monde, sans qu’Israël n’ait à répondre de ses actes.  Les destructions des infrastructures et des terres palestiniennes se poursuivent tout comme la construction du mur de séparation, a accusé le représentant, en mettant l’accent sur leur parfaite contradiction avec le droit international et les résolutions du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale.  La construction de ce mur a été rejetée, à plusieurs mesures, par les pays arabes qui constatent, une nouvelle fois, que par ses pratiques, Israël s’oppose à une paix juste et durable dans cette région.


Un an après l’Avis consultatif de la CIJ, Israël n’y a toujours pas donné suite, bien au contraire, a répété le représentant.  Lorsqu’il sera achevé, ce mur empiétera sur le Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-est.  Le représentant a, par ailleurs, souhaité que le désengagement de Gaza se fasse selon les règles énoncées dans la Feuille de route, soit en coordination avec les parties palestiniennes concernées.  Il s’est félicité, à cetégard, des efforts déployés par le Quatuor.  Il a appelé les Etats Membres de l’ONU à adopter une position claire et à faire appliquer le droit international.  La sécurité ne sera assurée que lorsqu’on aura trouvé une solution juste et durable fondée sur les toutes les résolutions pertinentes, l’initiative des pays arabes et toutes les obligations découlant de la Feuille de route qui appellent à la création de deux Etats vivant côte à côte dans la paix et dans des frontières reconnues internationalement.


M. YAHYA MAHMASSANI (Observateur permanent de la Ligue des États arabes) a déclaré que le Conseil devrait porter son attention sur les conséquences de la construction du mur de séparation israélien sur les conditions de vie des Palestiniens.  Il y a exactement un an, la CIJ a déclaré la construction de cet ouvrage illégale au regard du droit international.  L’occupation de nouveaux territoires palestiniens à travers la construction de ce mur, sous des arguments fallacieux de sécurité, est en totale violation de la vision de créer un États palestinien viable, a dit le représentant en accusant Israël de profiter du fait que la communauté internationale a le regard tourné vers son retrait de Gaza pour s’emparer de nouvelles terres palestiniennes.  La Ligue des États arabes estime que seul un retour aux frontières de 1967 sera acceptable, le désengagement de Gaza n’étant qu’une petite étape.  La paralysie actuelle du processus de paix incombe à M. Sharon, dont la stratégie actuelle ne tient compte que des intérêts israéliens, et qui se soucie très peu d’instaurer un véritable dialogue avec la partie palestinienne, a estimé le représentant.


M. AMR ABOUL ATTA (Égypte) a d’abord décrit la situation difficile dans laquelle vivent les Palestiniennes en raison d’une politique délibérée d’Israël.  Il a regretté que le Gouvernement israélien ait décidé de poursuivre la construction du mur de séparation qui aura une incidence négative sur les négociations relatives au statut final et compromet la faculté des Palestiniens à créer un État indépendant et souverain.  Le climat positif du désengagement ne peut être assombri par la construction du mur de séparation, a-t-il insisté en rappelant que le Sommet de Charm el-Cheikh a défini les modalités du dialogue entre les Palestiniens et les Israéliens.  Le représentant a réaffirmé que le retrait de Gaza et d’une partie de la Cisjordanie doit s’appuyer sur une mise en œuvre équilibrée et précise des accords de ce Sommet.  L’Égypte continuera ses efforts auprès des deux parties pour que les Palestiniens puissent assurer le contrôle de Gaza et que ses forces de sécurité puissent prendre le relais.  L’Égypte, a insisté le représentant, continuera de jouer son rôle à tous les niveaux pour que le Moyen-Orient devienne une région de paix, de sécurité et de stabilité.  Le Conseil doit envoyer un message clair et réaffirmer que la paix exige que l’on tienne compte de l’Avis consultatif de la CIJ et des Conventions de Genève.  Les deux parties doivent travailler ensemble en se fondant sur la Feuille de route, a encore dit le représentant.


M. ABDULLAH M. ALSAIDI (Yémen) a déclaré que l’aggravation de la situation au Moyen-Orient était due à la poursuite des activités de colonisation israéliennes et à la construction du mur de séparation, qui a pourtant été jugée illégale par la CIJ.  La pauvreté et le chômage se sont aggravés dans les zones palestiniennes, du fait des attaques incessantes des forces israéliennes contre les personnes, les structures et les ressources palestiniennes, a estimé le représentant.  Le retrait de la bande de Gaza ne doit pas servir de couverture à la poursuite de la colonisation d’Israël, qui s’accentue sur d’autres parties du Territoire palestinien, a-t-il dit en invitant le Conseil à soutenir la revendication palestinienne sur Jérusalem comme future capitale d’un Etat palestinien souverain.


M. XOLISA MFUNDISO MABHONGO (Afrique du Sud) a estimé qu’il y avait des signes clairs que les parties et la communauté internationale n’avaient pas exploité toutes les opportunités de paix.  Il a regretté la reprise des attaques terroristes, des incursions militaires, des exécutions extrajudiciaires, des actes de provocations directs d’un côté comme de l’autre, qui sont autant d’éléments qui viennent nuire aux progrès réalisés jusqu’ici.  Il a rappelé qu’une année s’était écoulée depuis que la Cour internationale de Justice (CIJ) avait mis un terme au débat sur le bien-fondé du mur de séparation en contestant sa légitimité comme moyen de lutte contre le terrorisme.  Il a fait sienne l’analyse de la CIJ selon laquelle chaque État Membre, et en particulier les Parties à la quatrième Convention de Genève, était tenu de respecter les Conventions de Genève et le droit international.  Il a rappelé que le Secrétaire général était chargé de répertorier les dégâts causés par la construction du mur.  Il a constaté avec regret qu’Israël continuait de défier la communauté internationale.  En menant des actions contraires à la fois au droit international et aux objectifs de réalisation de deux États vivant côte à côte en paix et en toute sécurité.  À titre d’illustration, il a cité la décision du Gouvernement israélien en date du 10 juillet de procéder à une nouvelle extension du mur de séparation, cette fois-ci autour de Jérusalem-Est, coupant 55 000 personnes de leurs familles, de leurs écoles, de leurs hôpitaux ou de leur lieu de travail.  Par ailleurs, il s’est inquiété des conséquences de cette construction et des implantations de colonies de peuplement sur les conditions économiques et sociales du peuple palestinien.  Il a dénoncé l’échec collectif de la communauté internationale en ce qui concerne l’aide et le soutien nécessaires à l’Autorité palestinienne pour rétablir la loi et son autorité dans le Territoire occupé.  Il a estimé que le temps était venu de soutenir les modérés des deux camps en disant clairement que la construction du mur et les implantations de colonies ne pouvaient plus durer.  C’est pourquoi, il a souhaité le respect immédiat de l’Avis consultatif de la CIJ et la mise en œuvre du mandat du Secrétaire général en ce qui concerne l’inventaire des dégâts causés par la construction du mur.


M. ALI HACHANI (Tunisie) s’est dit préoccupé par une situation qui ne cesse de se détériorer à cause des mesures prises par la partie israélienne, qui construit, entre autres, un mur de séparation s’enfonçant très loin dans le Territoire palestinien.  L’existence de ce mur est non seulement inutile mais contraire au droit international et à la paix, a estimé le représentant en soulignant que cette paix ne devra résulter que d’une volonté politique véritable de s’acheminer vers elle.  Le représentant a appelé la communauté internationale à intervenir pour aider le peuple palestinien et pour forcer Israël à cesser l’adoption de décisions unilatérales.  Il a souhaité la reprise des négociations sur la base de la Feuille de route, en appelant le Quatuor à redoubler d’efforts à cette fin.  Revenant à la logique de la paix, il a estimé que les Nations Unies ont une responsabilité permanente vis-à-vis du peuple palestinien puisqu’elles sont le garant de la légalité internationale.  L’ONU doit continuer à jouer son rôle politique jusqu’à ce que l’on trouve une solution juste et durable, s’est-il expliqué.


M. PAUL BADJI, Président du Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien, a déclaré que la poursuite des implantations israéliennes sur des terres palestiniennes, et celle de la construction du mur de séparation sont une menace grave à la paix au Moyen-Orient.  Les implantations israéliennes dans le grand Jérusalem, qui visent à créer une majorité juive dans l’est de la ville, sont une violation flagrante de la Feuille de route, a dit M. Badji.  Ces derniers mois, Israël a accordé des permis immobiliers visant la construction de plusieurs immeubles et résidences dans Jérusalem et ses environs immédiats, a-t-il noté.  La construction du mur et le régime associé à cet ouvrage sont contraires au droit international, a dit M. Badji en reprenant l’Avis consultatif rendu par la CIJ sur la question.  La construction du mur et ses conséquences sapent toute perspective de création d’un État palestinien viable, a estimé le représentant.  Regrettant la lenteur de l’application de la Feuille de route et des accords de Charm el-Cheikh, M. Badji a souhaité qu’Israël respecte les engagements pris dans ces cadres.  Il a ensuite dénoncé les nombreuses violations des Conventions de Genève, et a exhorté Israël à démanteler le mur de séparation, en construction, et à dédommager les Palestiniens qui souffrent des conséquences de la mise en place de cet ouvrage.


M. FAYSSAL MEKDAD (République arabe syrienne) a rappelé que chaque jour d’occupation qui passe augmente la souffrance de milliers de Palestiniens.  Les événements récents, a-t-il estimé, ne sont que le maillon d’une chaîne de violations du droit international qu’Israël perpétue.  Au lieu de respecter l’avis de la CIJ, Israël a poursuivi la construction du mur, illustrant ainsi, une nouvelle fois, sa politique de défi.  Notant la décision récente du Cabinet relative à ce mur, le représentant a dit qu’il fallait suivre également de très près la déclaration d’Israël sur les colonies de peuplement qui, en toute vraisemblance, conduirait à une annexion pure et simple de Jérusalem-est.  Le représentant a aussi dénoncé le fait qu’Israël n’a pas renoncé à l’extension des colonies de peuplement.  On décèle là l’hypocrisie d’Israël quant à son attachement à la paix, et il est choquant que 49 personnes tuées délibérément par Israël aient été des membres du personnel de l’UNRWA, sans que cela émeuve beaucoup la communauté internationale.  A propos du plan de désengagement, il a souhaité qu’il soit complet et global, aux niveaux terrestre, maritime et aérien.


La nature réelle de ce conflit est l’occupation d’un autre peuple depuis plus de quatre décennies, a-t-il poursuivi avant d’appeler le Conseil à prendre des mesures courageuses et ambitieuses pour qu’Israël respecte toutes ses résolutions.  Revenant aux propos tenus ce matin, le représentant a répondu aux Etats-Unis en soulignant que les mesures concernant la frontière entre la Syrie et le Liban sont de nature temporaire.  Les deux pays coopèrent et entendent continuer à le faire sans ingérence et sans médiation, a-t-il souligné, en ajoutant que le problème s’achemine vers une solution.  Il est étrange que les Etats-Unis multiplient les pressions sur la Syrie pour qu’elle sécurise ses frontières et qu’ils la condamnent dès lors qu’elle le fait, a constaté le représentant.


M. RADZI RAHMAN (Malaisie) a déclaré que sa délégation était préoccupée par la dégradation de la situation au Moyen-Orient, et notamment par la destruction de nombreuses vies palestiniennes.  Tout en condamnant la violence et le terrorisme, la Malaisie peut comprendre que les souffrances que vivent les Palestiniens amènent certains d’entre eux à commettre des actes désespérés.  La politique menée en ce moment par Israël est une menace grave à un véritable règlement de la question du Moyen-Orient, a estimé le représentant.  La poursuite de la construction du mur est un acte délibéré d’Israël, qui vise à priver les Palestiniens de toute véritable perspective d’avenir.  Ce mur, dans son tracé actuel, rendra impossible la création d’un Etat palestinien viable.  La Malaisie condamne cette violation du droit international, qu’Israël commet au vu et au su de toute la communauté internationale, a dit le représentant malaisien.  Concernant Gaza, a-t-il poursuivi, le retrait israélien devrait s’opérer dans un cadre consensuel, sous le parrainage du Quatuor, et avec l’assentiment et la participation des Palestiniens.  La Malaisie soutient la création  d’un Etat palestinien ayant pour capitale Jérusalem-Est.


M. A. GOPINATHAN (Inde) a jugé important que les Israéliens et les Palestiniens coordonnent les aspects économiques, civils et sécuritaires du retrait d’Israël.  Il a espéré que le retrait se fera à temps et qu’il sera suivi de négociations sur les questions concernant le statut final.  Malheureusement, a-t-il regretté, les derniers évènements ont compromis les espoirs de progrès.  Il a donc appelé l’Autorité palestinienne à n’épargner aucun effort pour prévenir des actes comme ceux perpétrés à Netanya, et Israël à y répondre de manière proportionnée et en conformité avec le droit international.  Se déclarant également préoccupé par la construction du mur de séparation, le représentant a souligné que personne ne s’y serait opposé s’il avait suivi les contours de la Ligne verte.  Il a rappelé à Israël, dans ce contexte, l’Avis consultatif de la CIJ et la résolution que l’Assemblée général a adoptée le 2 août 2004.  Il a aussi rappelé au Secrétaire général que la résolution le prie d’établir le registré des dommages causés par la construction du mur.  Le représentant a conclu en lançant un autre appel à Israël pour qu’il mette fin à sa politique d’implantations de colonies de peuplement, ce qui contribuerait à rétablir la confiance.  A ce stade, il a jugé important que la communauté internationale, en particulier le Quatuor, surveille attentivement la situation et travaille étroitement avec les parties pour les encourager à honorer leurs obligations.  La communauté internationale ne peut accepter que d’étroits intérêts viennent faire dérailler le processus.


M. IBRAHIM ASAAF (Liban) a dénoncé la poursuite de la construction du mur de séparation israélien qui, « sous des prétextes sécuritaires », « détruit des communautés palestiniennes entières ».  Si ce mur répondait vraiment à des besoins de sécurité, pourquoi Israël ne le construit-il pas le long de la ligne de sécurité de 1949, a demandé le représentant en insistant sur l’illégalité de cette construction.  L’Assemblée générale et la CIJ ayant condamné l’édification du mur, et le Conseil de sécurité ayant mis en garde Israël à ce sujet, le Gouvernement israélien devrait le démanteler, a estimé le représentant libanais.


M. REZLAN ISHAR JENIE (Indonésie) s’est dit particulièrement alarmé de la poursuite par Israël de la construction illégale du mur de séparation dans le Territoire palestinien, y compris à Jérusalem-Est et aux alentours, en violation flagrante du droit international et de l’Avis consultatif rendu par la Cour internationale de Justice (CIJ) et de la résolution ES-15 (2004) de l’Assemblée générale.  Selon lui, l’édification de cette barrière a de graves conséquences sur les droits économiques et sociaux du peuple palestinien.  Or, Israël envisage d’étendre ce mur autour des colonies de peuplement illégales situées dans l’est de Jérusalem, ce qui conduira à la confiscation de terres palestiniennes supplémentaires.  Si la poursuite de telles politiques et pratiques étaient autorisées, la question du statut final de Jérusalem-Est occupée dans les négociations de paix serait compromise, comme la solution de deux États indépendants et même l’existence d’un État palestinien.  La délégation a estimé que la seule manière de remédier à cette situation serait de mettre un terme à l’occupation israélienne du Territoire palestinien, y compris Jérusalem et du Golan syrien.  Ce retrait intégral devrait alors être suivi de négociations sur la question du statut final.  Un « désengagement unilatéral » de la bande de Gaza ne devrait pas être pris comme prétexte pour poursuivre la colonisation du reste du Territoire palestinien occupé, a conclu le délégué.


M. FAWZI BIN ABDUL MAJEED SHOBOKSHI (Arabie saoudite) a mis l’accent sur le fait que le Territoire occupé continue de connaître des conditions économiques et sociales insupportables, en raison de la politique d’oppression d’Israël.  Ce pays a toujours contesté la légalité internationale, comme en témoigne sa décision d’accélérer la construction du mur de séparation, un an après l’avis de la CIJ et sous le regard passif du Conseil de sécurité.  Le but avoué est de faire fuir le plus grand nombre de Palestiniens possible, a estimé le représentant en regrettant que ce mur ait donné une nouvelle dimension à la situation dans la région, en risquant de saper la mise en œuvre de la Feuille de route et de compromettre la viabilité d’un État palestinien indépendant.  La communauté internationale ne peut plus fermer les yeux.  Elle doit faire preuve de solidarité envers les Palestiniens.  En l’occurrence, l’ONU et son Conseil de sécurité doivent exiger d’Israël le respect de l’Avis consultatif de la CIJ.  Les actes d’Israël, a poursuivi le représentant, sont contraires à l’esprit même des principes de la Charte.  Ces actes relèvent du racisme.  Le désengagement unilatéral d’Israël, a encore dit le représentant, cache mal sa volonté de poursuivre sa politique d’expansion.  Si tel n’est pas le cas, il faudra voir alors si ce retrait est suivi de négociations sur le statut final.  Le représentant a conclu en demandant au Conseil d’œuvrer de bonne foi en faveur d’une paix juste et globale, fondée sur les résolutions pertinentes, le droit international et l’initiative des pays arabes.


Selon M. MEHDI DANESH-YAZDI (République islamique d’Iran), le fait que le cabinet israélien soit tombé d’accord sur un programme de construction d’une partie du mur de béton à travers Jérusalem représente le dernier défi en date lancé par Israël à la communauté internationale.  Il a rappelé que la loi internationale interdisait à toute puissance d’occupation de modifier les caractéristiques des territoires qu’elle occupe.  Or, selon lui, le régime israélien s’emploie à l’équilibre démographique de Jérusalem, dans le but de judaïser la ville.  L’édification du mur est une violation de la justice et des valeurs humaines fondamentales, et tous ceux qui affirment posséder de telles valeurs ne devraient pas y être indifférents.


M. Danesh-Yazdi a rappelé que la vie du peuple palestinien était insupportable car il continue de souffrir et de subir les épreuves imposées par les pratiques et politiques illégales d’Israël.  Le représentant a noté que l’attitude impitoyable et belligérante d’Israël avait ruiné tous les efforts mis en œuvre pour résoudre le conflit palestinien.  Si les droits légitimes des palestiniens ne sont pas réhabilités, et notamment leur droit à un État indépendant et le retour sur leur terre de tous les réfugiés palestiniens, une solution juste et durable ne sera jamais trouvée a-t-il prévenu.  En conclusion, le représentant a regretté que l’exercice du droit de veto ait empêché jusqu’ici le Conseil de sécurité de s’acquitter de ses responsabilités envers la question palestinienne.  Le représentant a estimé en effet que la volonté affichée de manière sélective, selon les cas, pour faire appliquer les résolutions du Conseil de sécurité entachait la crédibilité de cet organe et avait un fort impact sur le système international de sécurité collective.


Mme MONA JULL (Norvège) a indiqué que le retrait d’Israël de la bande de Gaza devait avoir un effet significatif sur la revitalisation de l’économie palestinienne, sur l’accélération de la mise en œuvre de la Feuille de route et, partant, donner un second souffle au processus de paix.  En tant que Présidente du Comité spécial de liaison, la Norvège salue le travail important réalisé par l’Envoyé spécial du Quatuor pour le désengagement, James Wolfenshon, en vue d’assurer le succès du retrait.  Dans ce cadre, le Comité spécial se tient prêt à appuyer l’effort de mobilisation des ressources engagées par M. Wolfensohn auprès de la communauté des donateurs.  Nous nous félicitons également du courage politique dont font preuve les dirigeants des deux parties, a dit la représentante.  Cependant, il est essentiel que les parties coopèrent effectivement avec M. Wolfensohn au processus de retrait.  À cette fin, l’Autorité palestinienne devrait accélérer la mise en œuvre de son programme de réformes et Israël devrait œuvrer activement pour établir les conditions nécessaires au développement d’une économie palestinienne viable dans le contexte de l’après-retrait de la bande de Gaza.


Poursuivant, Mme Jull a exprimé l’inquiétude de sa délégation à la suite de la décision d’Israël d’achever la construction du mur de sécurité à l’intérieur et autour de Jérusalem-Est.  Israël doit stopper cette construction, a-t-elle dit, aucune remise en question de la frontière d’avant 1967 autre que celle convenue dans le cadre d’accords entre les parties ne pouvant être acceptée.  Nous condamnons sans réserve les récentes attaques terroristes perpétrées contre Israël et celles commises par des militants palestiniens contre les forces de sécurité palestiniennes, a encore déclaré Mme Jull.  Tout en réaffirmant le droit d’Israël de protéger ses citoyens contre ce type d’attaques, la représentante a rappelé que le droit international interdit les exécutions extrajudiciaires.  C’est pourquoi, nous exhortons Israël à faire preuve de la plus grande retenue pour recourir à la force, et à l’Autorité palestinienne de prendre sans délais les mesures qui s’imposent contre les auteurs des attaques terroristes.


M. MANNAN (Soudan) a déclaré que la question de la Palestine était le baromètre des tensions sous lesquelles vit la communauté internationale.  Le Soudan condamne les politiques menées par Israël contre le peuple palestinien, notamment les démolitions de maisons, les assassinats ciblés, et la construction d’un mur de séparation.  Le Soudan appelle la communauté internationale à rappeler Israël à l’ordre, a dit le représentant en se référant à l’Avis consultatif rendu par la CIJ sur la question du mur de séparation.  Le retrait israélien de Gaza doit être intégral, et Israël doit s’engager dans des négociations sur le statut final du Territoire palestinien, afin de rendre au peuple palestinien le droit qui lui appartient de créer un Etat souverain ayant pour capitale Jérusalem, a dit le représentant.


M. YURI ARIEL GALA LOPEZ (Cuba) les derniers actes hostiles d’Israël viennent s’ajouter à un dossier lourd dans le domaine des violations des droits de l’homme du peuple palestinien.  Malgré les protestations de la communauté internationale, la crise ne cesse de s’aggraver alors qu’augmente le nombre de morts et de blessés.  Le représentant a souligné qu’Israël devait respecter le droit international humanitaire, y compris la quatrième Convention de Genève de 1949.  Un an s’est écoulé depuis l’adoption de la résolution ES-10/15 de l’Assemblée générale et cela n’a pas empêché Israël de poursuivre la construction de son mur de séparation, a-t-il relevé.  La construction de ce mur doit être arrêté et ce qui a été construit, démoli, a souhaité le représentant en dénonçant les autres aspects de la politique israélienne à l’égard du peuple palestinien.  Il a imputé la situation actuelle au manque de transparence du Conseil de sécurité qui se voit paralysé par le veto des États-Unis.  Il a demandé à ce pays de suspendre sa coopération militaire avec Israël, et a appuyé la cause des peuples arabes, en particulier le peuple israélien, contre l’agression israélienne.  Cuba condamne aussi les attaques-suicide à la bombe et autres actes dirigés contre les civils israéliens, victimes, a-t-il souligné, de la politique de violence de  leur Gouvernement.  Il a réaffirmé qu’une paix juste et durable ne saurait prévaloir sans la fin de l’occupation israélienne et sans l’exercice du droit des Palestiniens à créer un État indépendant.


M. MUNIR AKRAM (Pakistan) a souligné que la construction par Israël d’un mur de séparation dans les territoires palestiniens met en danger le processus de paix, et en péril l’application de la Feuille de route.  Il représente un obstacle majeur à la création d’un État palestinien.  M. Akram s’est dit inquiet de constater qu’un an après l’Avis consultatif rendu par la Cour internationale de Justice et après la résolution adoptée par l’Assemblée générale, non seulement la construction du mur continue, mais elle s’accélère.


Par ailleurs, la situation sur le terrain continue d’être préoccupante à ses yeux.  Par ailleurs, il a dit apprécier l’engagement du président de l’Autorité palestinienne M. Mahmoud Abbas à mettre en œuvre des réformes en matière de sécurité, et les mesures pratiques effectuées par l’Autorité palestinienne pour améliorer l’ordre et la législation.  Il a également apprécié les récents engagements envers les Palestiniens, notamment lors du Sommet du G-8.


Le retrait d’Israël de la bande de Gaza et d’une partie de la Cisjordanie est un pas en avant selon M. Akram, mais il a estimé que ce retrait devait être plein et entier, en accord avec l’Autorité palestinienne.  Il a également estimé qu’Israéliens et Palestiniens devaient renforcer leur dialogue et que le Conseil de sécurité devait remplir pleinement son rôle en favorisant le processus.  Enfin, affirmant que la Feuille de route offrait la solution la plus viable vers une paix durable, le représentant a affirmé qu’il fallait travailler de concert afin de réaliser la vision de l’initiative de paix arabe de deux États, Israël et la Palestine, vivant côte à côte dans la paix et la sécurité.


M. ABDUSALAM F. ELYOUNSI (Jamahiriya arabe libyenne) a estimé que les actions menées actuellement par les forces israéliennes étaient contraires au droit international.  Israël continue à perpétrer des assassinats ciblés et à détruire les ressources du Territoire palestinien, a dit le représentant en mettant en doute le discours du Gouvernement israélien sur le processus de paix.  Le retrait de Gaza n’est qu’un leurre, a-t-il estimé, au vu de la poursuite de la construction du mur de séparation, sur des terres palestiniennes.  A cet égard, Israël doit se plier à l’Avis consultatif de la CIJ, détruire cet ouvrage, et indemniser les Palestiniens pour les dommages subis.  Le désengagement de Gaza n’est qu’une manœuvre de diversion, a ensuite dit le représentant en déclarant que pendant que la communauté internationale avait son regard tourné vers la bande de Gaza, Israël s’emparait de nouvelles portions du Territoire palestinien, notamment en Cisjordanie et à Jérusalem.


M. MOHAMED BENNOUNA (Maroc) a souligné, que lorsqu’ils viennent à ce Conseil, les Palestiniens ne demandent que l’application égale pour tous du droit international, y compris le respect du droit humanitaire, de même que la garantie du droit à l’existence étatique des deux peuples concernés par un conflit, au moins aussi ancien que les Nations Unies.  Ils demandent, a-t-il poursuivi, de rendre l’espoir aux enfants, quelle que soit leur nationalité et leur origine.  Or, a-t-il regretté, les Palestiniens sont malheureusement confrontés à un désespoir au quotidien qui les pousse inévitablement vers la marginalisation et l’extrémisme.  Elle a condamné tous les actes de terrorisme d’où qu’ils viennent et quelles que soient leurs motivations, tout en soulignant que pour combattre ce fléau, il faudrait redonner espoir aux Palestiniens dans la création de leur propre Etat.  Et pour ce faire, Israël devrait saisir la main qui lui est tendue par l’Autorité palestinienne.


Le représentant a mis en garde contre toutes les actions entreprises actuellement pour l’implantation de nouvelles colonies de peuplement.  Il a, en revanche, espéré que le retrait de Gaza sera mené à son terme et qu’il sera suivi immédiatement de l’ouverture de négociations réelles et franches pour la poursuite de l’application de la Feuille de route.  Un an après l’Avis consultatif de la CIJ, le représentant a souligné que ce qui est cause c’est bien le fait que le tracé du mur aille au-delà de la ligne verte, au mépris du droit humanitaire et des droits fondamentaux des Palestiniens.  Le démantèlement du mur construit en territoire occupé doit s’inscrire dans l’entreprise de rétablissement de la confiance entre Israéliens et les Palestiniens, a déclaré le représentant.  Il a conclu en exhortant Israël à démanteler le mur et les colonies de peuplement en Territoire palestinien occupé et à ouvrir un véritable chantier pour le dialogue et la construction d’un avenir commun entre les deux peuples.


M. AHMAD HAJIHOSSEINI (Organisation de la Conférence islamique) a affirmé que le Gouvernement israélien avait poursuivi, en violation flagrante de la volonté de la communauté internationale, la construction du « mur de l’Apartheid », malgré l’Avis consultatif rendu il y a un an par la Cour internationale de Justice (CIJ).  Il a ensuite rappelé que le Secrétaire général de l’OIC avait souligné à quel point les politiques expansionnistes et colonialistes illégales d’Israël portaient atteinte à la contiguïté géographique du Territoire palestinien, rendant de fait virtuellement impossible la solution de deux États indépendants vivant côte à côte.  L’OIC a donc lancé un appel à la communauté internationale, en particulier au Conseil de sécurité et au Quatuor pour le Moyen-Orient, pour prendre les mesures visant à faire respecter le droit international et mettre un terme à l’établissement de colonies de peuplement et à la construction du mur, qui sont à l’origine de graves problèmes pour le peuple palestinien, notamment sur le plan économique.  S’agissant du désengagement des forces israéliennes, l’OIC a réitéré la nécessité d’un retrait total, non seulement de la bande de Gaza, mais aussi du reste des territoires palestiniens occupés, y compris de Jérusalem-Est.  En conclusion, l’OIC a affirmé qu’elle attachait la plus haute importance à un règlement rapide de la question de Palestine et à la réalisation d’une paix juste, durable et globale, sur la base de la Feuille de route, de l’Initiative de paix arabe, du droit international et des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale.


Intervenants


Outre les personnalités et délégations ci-dessus citées, les délégations dont la liste suit ont aussi pris part au débat: Algérie, Argentine, Brésil, Bénin, Chine, Etats-Unis, Fédération de Russie, Grèce, Philippines, Danemark, Japon, Roumanie, République-Unie de Tanzanie, Kowait, Egypte, Yémen, Afrique du Sud, Tunisie, République Islamique d’Iran, République arabe syrienne, Inde, Liban, Indonésie, Cuba, Arabie saoudite, Norvège, Pakistan, Malaisie, Tunisie, Maroc, Jamahiriya arabe libyenne, Soudan.  Le Président du Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien, et les Observateurs permanents de l’Organisation de la conférence islamique et de la Ligue des Etats arabes se sont également exprimés.


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