CS/8383

CONSEIL: L’ONU EST DISPOSÉE À JOUER UN RÔLE CLEF DANS L’AUGMENTATION ET LA COORDINATION DE L’AIDE INTERNATIONALE À LA MISSION DE L’UNION AFRICAINE DÉPLOYÉE AU DARFOUR (MUAS)

12/05/2005
Communiqué de presse
CS/8383


Conseil de sécurité

5176e séance – matin


CONSEIL: L’ONU EST DISPOSÉE À JOUER UN RÔLE CLEF DANS L’AUGMENTATION ET LA COORDINATION DE L’AIDE INTERNATIONALE À LA MISSION DE L’UNION AFRICAINE DÉPLOYÉE AU DARFOUR (MUAS)


L’Union africaine accepte les propositions du Secrétaire général

relatives à l’assistance technique et en matière de formation


À l’issue de consultations sur la situation au Soudan, la Présidente du Conseil de sécurité pour le mois de mai, Mme Ellen Margrethe Løj, du Danemark, a fait, au nom des membres du Conseil, une déclaration dans laquelle ils soulignent l’importance que revêtent pour l’initiative prise par l’Union africaine l’augmentation et la coordination de l’aide internationale.  Ils soulignent, à cet égard, que l’ONU est disposée à assumer un rôle clef.  L’Union africaine a décidé, entre autres, de porter les effectifs de la Mission qu’elle a déployée au Darfour (MUAS) à 7 731 hommes d’ici à septembre 2005.  Les membres du Conseil ont d’ailleurs accueilli avec intérêt les propositions formulées dans le rapport pertinent du Secrétaire général concernant l’appui que l’ONU pourrait apporter à la MUAS.  Ils rappellent que dans la résolution 1590 (2005), ils avaient prié la Mission des Nations Unies au Soudan (MINUS) de coordonner son action à tous les niveaux avec la MUAS.


Avant la lecture de la déclaration présidentielle, le Conseil a entendu M. Hédi Annabi, Sous-Secrétaire général aux opérations de maintien de la paix, qui a présenté les deux rapports du Secrétaire général sur la situation au Darfour et sur l’assistance des Nations Unies à la Mission de l’Union africaine au Darfour.  M. Annabi a ainsi annoncé que la Commission de l’Union africaine avait accepté les modalités d’aide des Nations Unies décrites dans le second rapport, qui précise les domaines où l’ONU et la Mission des Nations Unies au Soudan (MINUS) peuvent apporter leur concours.  Celles-ci proposent notamment d’aider l’Union africaine à élaborer un plan d’opérations détaillé pour l’élargissement de la Mission de l’Union africaine au Soudan, de lui fournir des avis techniques dans le domaine de la logistique, de la planification et de la gestion, de contribuer à la formation du personnel engagé par l’Union africaine et d’aider à sélectionner le personnel de police pour la phase II du déploiement, qui devrait s’étendre de juin à août 2005 (les effectifs militaires passeraient à 5 887 et ceux de la police à 1 560).


Lors de son intervention, le Sous-Secrétaire général a souligné que la violence au Darfour avait continué tout le mois d’avril et qu’aucun progrès tangible n’avait été constaté à Abuja.  Toute solution durable à la crise au Darfour ne peut passer que par un règlement négocié, a-t-il estimé, précisant que tous les efforts devaient être faits pour amener les parties à la table des prochains pourparlers à Abuja.



Déclaration présidentielle


Le Conseil de sécurité accueille avec intérêt le rapport du Secrétaire général sur l’assistance de la Mission des Nations Unies au Soudan (MINUS) à la Mission de l’Union africaine au Soudan (MUAS) du 3 mai 2005 (S/2003/285), ainsi que les propositions qui y sont formulées concernant l’appui que l’ONU pourrait apporter à la MUAS.


Le Conseil de sécurité félicite vivement l’Union africaine pour le rôle vital de chef de file qu’elle assume au Darfour et la MUAS pour le travail qu’elle accomplit sur le terrain.  Il souscrit aux conclusions de la mission d’évaluation conjointe, effectuée du 10 au 22 mars 2005 sous la direction de l’Union africaine, mission qui était composée de représentants de l’ONU et d’autres partenaires.  Il souscrit également à la décision prise ultérieurement, le 28 avril 2005, par le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine de porter à 7 731 hommes l’effectif de la MUAS au Darfour d’ici à la fin de septembre 2005.


Le Conseil de sécurité se félicite du déploiement en cours de la MINUS et se réjouit à la perspective d’une coordination et coopération étroites entre la MINUS et la MUAS.  À ce sujet, il rappelle que, dans sa résolution 1590 (2005), il a prié la Mission des Nations Unies au Soudan de se tenir en rapport étroit et permanent et de coordonner son action à tous les niveaux avec la Mission de l’Union africaine au Soudan en vue de renforcer promptement l’action menée pour apporter la paix au Darfour, spécialement en ce qui concerne le processus de paix d’Abuja et la Mission de l’Union africaine au Soudan.


Le Conseil prend note avec satisfaction du rôle joué par les partenaires de l’Union africaine dans le soutien apporté à la MUAS et souligne le rôle actif joué par l’Union européenne et d’autres donateurs bilatéraux.


Le Conseil souligne l’importance que revêtent pour l’initiative prise par l’Union africaine au Darfour l’augmentation et la coordination de l’aide internationale et souligne que l’ONU est disposée à assumer un rôle clef.  Dans ce contexte, il prend note avec intérêt de la deuxième mission d’évaluation conjointe, effectuée du 1er au 4 mai 2005, qui se composait de représentants de l’Union africaine, de l’ONU et d’autres partenaires.  Il compte sur la poursuite de ces contacts qui doivent faciliter la fourniture de l’aide comme l’a demandé l’Union africaine.  À cet égard, il se félicite de l’initiative prise par le Secrétaire général et de son intention d’examiner en étroite concertation avec l’Union africaine la portée et la nature d’un éventuel soutien de l’ONU à la MUAS.


Exposé


M. HÉDI ANNABI, Sous-Secrétaire général aux opérations de maintien de la paix, présentant les deux rapports du Secrétaire général sur la situation au Darfour, l’un sur la situation au mois d’avril (S/2005/305), le second (S/2005/285) sur les moyens dont disposent les Nations Unies pour renforcer les efforts de paix grâce à une assistance appropriée à la Mission de l’Union africaine au Soudan (MUAS), a souligné qu’ils étaient complémentaires.  Le rapport mensuel, le huitième sur le sujet, indique clairement que l’instabilité, la violence et les souffrances des civils dans cette région perturbée continuent, et qu’une solution durable ne pourra être trouvée que par le biais d’un engagement des parties en faveur du processus d’Abuja.  Le rapport d’avril sur le Darfour confirme également que la stabilité dans la région exigera sur le court terme un renforcement considérable de la Mission de l’Union africaine au Soudan (MUAS).  Cette question est traitée dans le second rapport soumis au Conseil de sécurité, qui décrit les mesures prises par l’Union africaine pour renforcer la MUAS et propose les moyens d’assistance que peuvent mettre en œuvre les Nations Unies à cet effet.


Comme l’indique le rapport mensuel, la violence organisée continuait au Darfour.  Les attaques contre des civils, les viols, les enlèvements et le banditisme se sont accrus.  S’il n’y a pas de preuve d’implication directe de la part des forces régulières gouvernementales, des informations font état en revanche d’abus commis par les milices.  Il s’agit d’activités de petite envergure, a indiqué M. Annabi, avec, toutefois, une exception sérieuse: le raid, le 7 avril, contre le village de Khor Abeche au Sud-Darfour.  Toute la population du village, soit 10 000 civils, a été déplacée lors de cette attaque, tandis que de nombreuses maisons ont été brûlées ou pillées.  Les enquêtes réalisées par l’administration locale après cette attaque se poursuivent, a-t-il ajouté, précisant que les responsables devaient être traduits en justice. 


Au cours de la période d’examen, a également déclaré le Sous-Secrétaire général, les deux mouvements rebelles, l’Armée de libération du Soudan/Mouvement pour l’égalité et la justice (ALS et le MEJ), ont attaqué la police.  Une espèce de tendance se dégage, a-t-il dit, en expliquant que les milices s’emparaient sous la menace d’armes de véhicules, y compris de véhicules d’organisations humanitaires.  Les personnels humanitaires sont en outre la cible de harcèlement par les autorités locales, en particulier dans le Sud-Soudan, une situation qu’il a jugée préoccupante. 


Selon M. Annabi, l’adoption des résolutions 1591 et 1593 du Conseil de sécurité, les 29 et 31 mars derniers, ont également eu un impact lors de la période d’examen, en ce sens qu’elles ont provoqué un accroissement des tensions dans la région du Darfour parmi ceux qui se considèrent eux-mêmes comme impliqués par l’action du Conseil.  Le Gouvernement soudanais doit fournir un appui sans réserve à ces deux résolutions afin de minimiser tout risque d’action hostile par ces individus et leurs partisans contre les Nations Unies au Soudan, a-t-il affirmé.


La violence au Darfour a continué tout le mois d’avril et aucun progrès tangible n’a été constaté à Abuja, a-t-il poursuivi.  Nous ne savons pas encore si les parties sont prêtes à s’engager et à entreprendre des négociations réelles, a-t-il souligné, assurant que les parties devaient rendre le processus d’Abuja opérationnel.  Le renforcement de la MUAS constitue une véritable gageure, a-t-il par ailleurs observé, souhaitant un véritable appui des pays de l’Union africaine.  Les propositions figurant dans le rapport sur l’assistance à la MUAS sont basées sur les résultats et les recommandations d’une mission d’évaluation de l’Union africaine au Darfour conduite au mois de mars.  Cette mission d’évaluation, qui inclut la participation des Nations Unies, de l’Union européenne et des États-Unis, a conclu que l’insécurité au Darfour demeurait inacceptable.  Il a ainsi été recommandé que la MUAS soit renforcée, initialement en deux phases, avec une possible mission de suivi qui pourrait être décidée en septembre 2005.  La mission a également recommandé que l’appui logistique pour cette extension devait tenir compte des systèmes existants par lesquels les donateurs individuels fournissent leur soutien à la MUAS. 


Le rapport décrit les domaines où les Nations Unies et la Mission des Nations Unies au Soudan (MINUS) peuvent apporter leur concours: sélectionner le personnel de police qualifié pour l’exécution de la phase I, aider l’Union africaine à élaborer un plan d’opération détaillé pour l’élargissement de la MUAS, fournir des avis techniques dans le domaine de la logistique, de la planification et de la gestion, contribuer à la formation du personnel engagé par l’Union africaine, aider à sélectionner le personnel de police pour la phase II, aider à organiser des conférences d’annonce de contributions et de fourniture de contingents.


Le Sous-Secrétaire général a annoncé que la Commission de l’Union africaine avait accepté les modalités d’aide des Nations Unies décrites dans le rapport, le personnel des Nations Unies œuvrant actuellement avec la MUAS et l’Union africaine pour élaborer un concept détaillé des opérations d’extension de la Mission de l’Union africaine.  Ce concept constituera la base d’une demande détaillée en ressources que présentera l’Union africaine lors d’une réunion, le 26 mai avec les différents partenaires qui, a-t-il souhaité, comprendront le Canada, l’Union européenne, l’OTAN, le Royaume-Uni, les États-Unis et les Nations Unies.


Toute solution durable à la crise au Darfour ne peut passer que par un règlement négocié, a-t-il conclu, estimant que tous les efforts devaient être faits pour amener les parties à la table des prochains pourparlers à Abuja.


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