CS/8365

CONSEIL DE SÉCURITÉ: LA COOPÉRATION DES PALESTINIENS EST INDISPENSABLE À LA MISE EN ŒUVRE DU DÉSENGAGEMENT DES FORCES ISRAÉLIENNES, SOULIGNE KIERAN PRENDERGAST

21/04/2005
Communiqué de presse
CS/8365


Conseil de sécurité

5166e séance - matin


CONSEIL DE SÉCURITÉ: LA COOPÉRATION DES PALESTINIENS EST INDISPENSABLE À LA MISE EN ŒUVRE DU DÉSENGAGEMENT DES FORCES ISRAÉLIENNES, SOULIGNE KIERAN PRENDERGAST


Dans le cadre de son exposé mensuel devant le Conseil de sécurité, le Secrétaire général adjoint aux affaires politiques, Kieran Prendergast, a rendu compte, ce matin, de l’évolution de la situation au Moyen-Orient, y compris la situation palestinienne.  Il a salué à cette occasion les efforts déployés par les parties israélienne et palestinienne en vue de mettre en œuvre le désengagement des forces israéliennes de la bande de Gaza et du nord-ouest de la Cisjordanie, qui constituerait, selon lui, un pas important vers la réalisation de la vision de deux États, vivant côte à côte dans la paix et la sécurité.  M. Prendergast a en outre estimé qu'une coopération entre les deux parties serait indispensable à un désengagement réussi, y compris lors de la période de transition qui suivra.


Le Conseil de sécurité a poursuivi en consultations officieuses l’examen de la situation au Moyen-Orient, y compris la question palestinienne.


Exposé


M. KIERAN PRENDERGAST, Secrétaire général adjoint aux affaires politiques, a rappelé que les récents évènements au Moyen-Orient confirmaient un potentiel pour la paix, mais que le processus était encore fragile en raison du regain de suspicion quant à la volonté respective des parties israélienne et palestinienne.  C’est dans ce contexte qu’Israël prépare le démantèlement, cet été, de ses colonies de peuplement dans la bande de Gaza et dans le nord-ouest de la Cisjordanie.  Un retrait intégral constituerait un pas important vers la réalisation de la vision de deux États vivant côte à côte dans la paix et la sécurité.  Le défi pour les parties et la communauté internationale est maintenant d’entreprendre toutes les actions possibles pour que ce désengagement ait lieu, a poursuivi M. Prendergast.  À cette fin, le Quatuor pour le Moyen-Orient a nommé le 14 avril dernier James Wolfsensohn pour assumer les fonctions d’Envoyé spécial.  Celui-ci aura pour tâche de coopérer avec les deux parties et d’aider à la relance de l’économie palestinienne au lendemain du retrait, relance pour laquelle M. Wolfsensohn est, selon le Secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan, le candidat le plus qualifié.  Pour sa part, le Premier Ministre israélien, Ariel Sharon, a surmonté les obstacles au désengagement.  Le 28 mars dernier, la Knesset a rejeté un projet de loi visant à introduire un référendum national sur la question.  Le lendemain, le budget de l'État pour l'année 2005 était approuvé, évitant ainsi la tenue de nouvelles élections.  Cependant, en dépit du soutien de la Knesset et de l’opinion publique, certains éléments de la société israélienne ont manifesté leur opposition au projet du retrait du Gouvernement.  L’Autorité palestinienne a affirmé de son côté qu'elle était prête à coopérer avec les autorités israéliennes pour mettre en œuvre le désengagement, en dépit de préoccupations politiques sur l'unilatéralisme de cette initiative.  Mahmoud Abbas a ainsi établi un comité ministériel pour la coordination, dirigée par le Premier Ministre palestinien, qui aura pour mission de préparer le retrait et de réfléchir à des stratégies de long terme pour la période qui suivra.


Le Secrétaire général adjoint a par ailleurs prévenu que la communication serait indispensable pour réussir le retrait, notamment au lendemain de la période de transition.  La préoccupation porte aujourd'hui sur les difficultés que traverse une société palestinienne extrêmement appauvrie.  L’Autorité palestinienne et la société civile doivent s'employer à rétablir l’état de droit et la sécurité, a-t-il souligné.  Face à une réduction du nombre de morts, résultant de violences et d'opérations militaires, l’optimisme et l’espoir continuent de prévaloir.  Mais il faut cependant mettre un terme au cycle de violences vengeresses, a prévenu M. Prendergast, auxquelles se livrent les deux parties.  Il n’y pas de solution magique à ce conflit, a-t-il affirmé, et les parties doivent mettre en œuvre les obligations qui leur incombent en vertu des dispositions prévues par la Feuille de route et des engagements pris récemment dans le cadre de Sommet de Charm el-Cheikh, en Égypte.  Israël poursuit de son côté ses opérations militaires, ses campagnes d'arrestations, le maintien du couvre-feu et restreint les déplacements des populations civiles pour se prémunir contre toute atteinte à sa sécurité.  Accusés de ne pas prendre les mesures qui s'imposent, les dirigeants palestiniens affirment le contraire, mais prétendent que c'est un processus long et délicat.  Les militants d'Al-Aqsa sont ceux qui s’opposent farouchement à l'Autorité palestinienne.  C'est pourquoi, le Président Abbas a déclaré l'état d'alerte et entamé le redéploiement de ses forces de sécurité en Cisjordanie, qui seront prochainement réorganisées en trois agences placées directement sous la direction du Ministère de l'intérieur, comme l'exige la Feuille de route.


M. Prendergast a cependant considéré qu’Israël pouvait faire beaucoup plus pour soutenir le Président Abbas dans cette voie.  Il a relevé qu'en dépit des obligations prévues par la Feuille de route, les comités israélo-palestiniens chargés des fugitifs, des prisonniers et du transfert des grands centres urbains en Cisjordanie ne s'étaient pas rencontrés le mois dernier.  De plus, le contrôle de la sécurité n’a été transféré à aucune ville palestinienne au cours de cette même période et aucun prisonnier n’a été libéré.  Le Secrétaire général adjoint s’est toutefois félicité des efforts renouvelés du général Ward, qui a apporté son aide à la réforme des services de sécurité palestiniens.


M. Prendergast a ensuite rappelé qu’une des principales obligations d’Israël, en application de la Feuille de route, est de mettre un terme à toute activité liée aux colonies de peuplement et de démonter les avant-postes installés depuis mars 2001.  Il s’est inquiété du fait qu’Israël n’avait pas encore honoré ces obligations.  Malgré les protestations de l'opinion internationale, le Premier Ministre Sharon a publiquement réitéré sa volonté de mettre en œuvre le plan E1 qui vise à relier Jérusalem avec la plus grande colonie de la Cisjordanie, Maale Adumim, a-t-il indiqué.  Il a ajouté que l’Administration israélienne du domaine public (Israeli Lands Authority) avait lancé un appel d’offre pour la construction de 50 unités de logements à Elkana, en Cisjordanie.


Le Président George Bush, lors de sa réunion avec M. Sharon, a déclaré qu’Israël ne devrait entreprendre aucune activité qui contrevienne aux obligations découlant de la Feuille de route, a rappelé le Secrétaire général adjoint.  Cette position, a-t-il dit, est réaffirmée par le Quatuor. 


La nature fragile de la situation se reflète dans l’économie palestinienne, qui subit toujours une crise, a poursuivi M. Prendergast.  Il a cité le taux de chômage particulièrement élevé (entre 36% et 41% dans la bande de Gaza).  Le mois de mars a cependant vu une amélioration dans les échanges commerciaux entre Israël et Gaza.  Sur le plan fiscal, le Conseil législatif palestinien (PLC) a approuvé le plan budgétaire pour 2005.  En ce qui concerne la réforme de la structure de coordination des donateurs, le Secrétaire général adjoint a précisé que les discussions se sont poursuivies après l’examen du budget palestinien lors de la Conférence de Londres du 1er mars 2005.


Abordant la question de la situation au Liban, M. Prendergast a fait part de ses inquiétudes, notamment quant aux nombreux attentats qui provoquent la peur parmi la population.  Faisant référence à la situation politique dans le pays, il a salué le changement de Gouvernement, le 19 avril dernier, à l'initiative du nouveau Premier Ministre, Najib Mikati.  Sa tâche principale sera maintenant d’établir un projet de loi électorale acceptable par tous et de superviser les élections parlementaires.  Quant à la Commission d’enquête internationale indépendante créée par le Conseil de sécurité le 7 avril 2005, par sa résolution 1595, le Gouvernement libanais se dit prêt à coopérer pleinement avec elle pour lui permettre de s’acquitter efficacement de ses travaux, qui devraient commencer très prochainement.


M. Prendergast a indiqué que les Libanais ont commémoré le 13 avril le 30e anniversaire du début de la guerre civile, en organisant un rassemblement pour l’unité nationale.  Ils ont aussi entendu l’appel lancé par la sœur de l’ancien Premier Ministre Hariri, qui invitait les citoyens à revenir travailler dans le centre de Beyrouth pour relancer l’activité économique.  Sur la situation au Sud-Liban, le Secrétaire général adjoint s'est dit satisfait du calme qui semble y régner depuis un certain temps, malgré les violations aériennes de la « Ligne bleue » par Israël et le Hezbollah.  Le 11 avril, a-t-il aussi indiqué, le Représentant spécial du Secrétaire général récemment nommé, M. Geir Pedersen, est arrivé à Beyrouth, invitant toutes les parties à mettre fin à ces violations répétées.


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