AG/EF/3122

DEUXIÈME COMMISSION: L’IMPACT DES MIGRATIONS INTERNATIONALES SUR LE DÉVELOPPEMENT EST INDÉNIABLE, DÉCLARENT PLUSIEURS DÉLÉGATIONS

28/10/05
Assemblée généraleAG/EF/3122
Department of Public Information • News and Media Division • New York

Deuxième Commission

14e & 15e séances – matin & après-midi


DEUXIÈME COMMISSION: L’IMPACT DES MIGRATIONS INTERNATIONALES SUR LE DÉVELOPPEMENT EST INDÉNIABLE, DÉCLARENT PLUSIEURS DÉLÉGATIONS


Important pour la réduction de la pauvreté, le rôle des transferts de fonds des migrants ne doit pas être confondu avec celui de l’APD, soulignent des États


Dans la perspective du Dialogue de haut niveau sur les migrations internationales et le développement, prévu en septembre 2006 en marge de la 61ème session de l’Assemblée générale, la Commission économique et financière (Deuxième Commission) s’est penchée aujourd’hui, dans le cadre de son débat sur la mondialisation et l’interdépendance, sur l’impact des migrations internationales sur le développement.  Dans un monde où près d’un milliard d’êtres humains sont au chômage, le phénomène des migrations constitue l’une des caractéristiques inhérentes à la mondialisation, a observé le représentant de l’Organisation internationale du Travail, ajoutant que le défi à relever ne consistait pas à stopper les flux migratoires mais à les structurer afin, entre autres, de renforcer la protection des travailleurs migrants et de lutter contre les trafics d’êtres humains. 


En l’espace de trente ans, le nombre de migrants est passé de 82 millions, en 1970, à 200 millions aujourd’hui, a constaté le délégué du Pakistan, qui a estimé que le Dialogue de haut niveau de 2006 sur les migrations internationales devait avant tout servir à démystifier ce phénomène et à fournir le cadre d’une réflexion sur une approche humaine de cette question multidimensionnelle.  La responsabilité de la gestion de la migration doit être partagée entre les pays d’émigration et les pays d’immigration, a jugé pour sa part le représentant de l’Équateur, en faisant valoir que les migrants contribuaient à la croissance économique des sociétés qui les accueillent et en insistant sur le fait que les travailleurs migrants qui quittent leur pays et répondent aux demandes du marché du travail dans un autre pays doivent bénéficier d’une protection, d’un salaire digne et de postes de travail correspondant à leur niveau de formation et de compétence.


Nous sommes convaincus que les migrations ont un impact certain sur la réduction de la pauvreté dans les pays d’origine des travailleurs, a déclaré le représentant des Philippines.  Prenant l’exemple de son propre pays, qui compte près de 7 millions de travailleurs émigrés, le délégué philippin a indiqué que les transferts de fonds des migrants s’élevaient annuellement à près de 8 milliards de dollars.  Le Dialogue de haut niveau de 2006 devra se pencher sur cette question des transferts de fonds, ont estimé de nombreuses délégations, dont celle du Cap-Vert, qui a indiqué que ces virements de fonds représentaient 15% du PNB de son pays et finançaient la scolarisation de la majorité des enfants du Cap-Vert et y soutenaient la création de nombreuses petites entreprises.  Le représentant de Fidji a pour sa part jugé utile de mieux canaliser ces fonds, soulignant qu’en 2004, les Fidjiens expatriés avaient officiellement envoyé 450 millions de dollars dans leur pays, tandis que 150 millions de dollars avaient transité par des circuits informels. 


Toutefois, tout en reconnaissant que les migrants contribuaient par ces envois de fonds au bien-être de leur famille, des délégations, comme celles du Pérou et de l’Équateur, ont estimé que la communauté internationale devait reconnaître à la fois le bien-fondé de la réduction des coûts des transferts de fonds, et le fait que ces ressources appartiennent aux familles et ne peuvent donc être orientées de force par les États vers le financement du développement.  Les transferts de fonds des migrants ne remplaceront jamais l’aide publique au développement, ont-elles souligné.  Le représentant du Pérou s’est par ailleurs interrogé sur la notion de « gestion des migrations » en souhaitant qu’il ne s’agisse pas là de définir une stratégie visant à imposer davantage de restrictions aux mouvements de personnes à travers la planète. 


Préoccupée par les flux importants d’immigration clandestine dont son pays a été victime ces derniers mois, la délégation de Malte a indiqué que Malte avait atteint les limites de sa capacité d’absorption et a souhaité que, dans le cadre du Dialogue de haut niveau de 2006, la coopération internationale soit renforcée dans la lutte contre l’immigration illégale en y associant les pays d’origine, les pays de transit et les pays d’accueil.  La Suisse et la Norvège ont estimé que les recommandations contenues dans le rapport de la Commission mondiale sur les migrations internationales constituaient une base de travail intéressante dans la perspective du Dialogue de haut niveau de 2006, la Norvège appuyant à cet égard le principe de la création d’une facilité pour les migrations internationales mais suggérant qu’un délai supplémentaire soit accordé aux parties prenantes afin qu’elles puissent mieux examiner la proposition. 


Les représentants des pays et organismes suivants se sont exprimés au cours du débat: République islamique d’Iran, Pérou, Jamahiriya arabe libyenne, Équateur, Pakistan, Suisse, Philippines, Papouasie-Nouvelle-Guinée, Indonésie, Saint-Marin, Malte, Bélarus, Croatie, Kenya, Fidji, Iraq, Venezuela, Cap-Vert, Colombie, Guatemala, Barbade (au nom de la CARICOM), Salvador, Uruguay, Soudan, Sri Lanka, Qatar, Norvège, Mexique, Nigéria, Banque mondiale, Organisation internationale du travail, Union interparlementaire, et Centre international sur le génie génétique et la biotechnologie. 


La Deuxième Commission entamera le lundi 31 octobre à 9 h 30 l’examen du point de son ordre du jour intitulé « commerce international et développement ».


MONDIALISATION ET INTERDEPENDANCE


Mondialisation et interdépendance


Science et technique au service du développement


Migrations internationales et développement


Action préventive et lutte contre la corruption et le transfert de fonds d’origine illicite et restitution de ces fonds et avoirs aux pays d’origine


Suite du débat général


M. JAVAD AMIN-MANSOUR (République islamique d’Iran) est intervenu sur le thème de la science et de la technique au service du développement.  Il a à cet égard rappelé que les pays en développement avaient besoin de renforcer leurs capacités pour pouvoir développer leur accès aux technologies de l’information et de la communication.  Il s’est félicité du rôle de UN-Biotech, qui agit dans des domaines clefs comme l’environnement, la santé, l’agriculture, la sécurité alimentaire, et le commerce et le développement.  Il a souhaité que cet organe serve de point focal en ce qui concerne l’accès des pays en développement aux nouvelles technologies en matière de biotechnologies.  Le représentant de l’Iran a ensuite insisté sur le respect de l’éthique dans le domaine des biotechnologies et a rappelé que son pays avait accueilli, du 26 au 28 mars 2005, un congrès de l’UNESCO sur la bioéthique.  M. Amin-Mansour a invité le Secrétaire général à accorder une attention spéciale à la bioéthique dans la mise en œuvre des progrès accomplis dans le domaine de la science et de la technologie. 


M. OSWALDO DE RIVERO (Pérou) a estimé que les migrations humaines actuelles étaient complexes et dues en grande partie à des facteurs socioéconomiques.  Aujourd’hui, dans le monde, une personne sur 35 est un migrant, a-t-il précisé.  Il a estimé que les migrations offraient des bénéfices et posaient des défis aux pays d’origine et de destination.  D’une part, les migrations vers les pays développés sont une solution pour les pays dont la population urbaine augmente considérablement; d’autre part, elles contribuent à réduire le problème du vieillissement de la population dans les pays développés en maintenant notamment les niveaux de production économique.


M. De Rivero a indiqué que pour son pays la question des migrations devait être placée au centre de l’agenda international.  Le Pérou a décidé de convoquer, avec l’appui du Groupe des 77 et de la Chine, une conférence internationale spéciale, au niveau ministériel, des pays en développement qui ont des flux importants de migrations, à Lima en avril 2006.  Parmi les sujets qui y seront abordés, le représentant a cité la régularisation des travailleurs migrants dans la société d’accueil, le respect des droits de l’homme des migrants, le trafic criminel des travailleurs migrants et le coût des transferts de fonds de ces migrants vers leur pays d’origine.  Sur ce dernier point, il a insisté sur le fait qu’on ne pouvait considérer ces envois de fonds comme une source de financement du développement.  Il a reconnu que les migrants contribuaient par ces envois de fonds au bien-être de leur famille mais qu’il fallait faire une différence entre la réduction du coût de ces transferts et leur orientation obligatoire vers le financement du développement.  Enfin, il s’est interrogé sur le terme « gestion des migrations », espérant qu’il ne s’agissait pas là de chercher à imposer plus de restrictions aux mouvements de personnes à travers la planète.

M. ELMAHDI SALEH ELMEJERBI (Jamahiriya arabe libyenne) a estimé que les résultats mitigés du processus de mondialisation exigeaient une adaptation des institutions et des règles afin de faire en sorte qu’elle bénéficie davantage aux pays en développement.  Les mécanismes du marché ne suffisent pas en eux-mêmes pour inverser les tendances actuelles et réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement, a-t-il dit, en exigeant l’établissement de règles économiques internationales basées sur plus de transparence, plus d’équité dans les échanges commerciaux, et davantage de participation des pays en développement au processus de prise de décision.  Les pays en développement doivent également bénéficier, à coûts réduits, d’un accès aux nouvelles technologies de l’information et de la communication, a déclaré le représentant de la Libye, qui a souhaité que cet aspect de la question soit abordé le mois prochain à Tunis au cours de la seconde phase du Sommet mondial sur la société de l’information.  Abordant ensuite la question des migrations internationales, il a salué la tenue en 2006 du Dialogue de haut niveau sur les migrations internationales et le développement.  Le représentant libyen a ensuite invité la communauté internationale à accroître la coopération internationale dans le domaine de la lutte contre la corruption, et a indiqué que son pays avait ratifié la Convention des Nations Unies contre la corruption le 5 juin 2005. 


M. DIEGO CORDOVEZ (Équateur) a souligné la responsabilité qui doit être  partagée par tous les pays sur la question complexe des migrations.  Il faut coopérer activement pour l’aborder de manière globale, a-t-il insisté.  Il a noté que, pour l’Équateur, cette question revêtait une importance capitale et s’est dit confiant que le Dialogue de haut niveau de 2006 permettrait d’adopter des mesures concrètes et des recommandations politiques pour faire face de façon positive aux défis des migrations.  Il a insisté sur le fait que les migrants contribuaient à la croissance économique des sociétés qui les reçoivent.  De plus, il a défendu la protection intégrale des droits des migrants qui quittent leur pays et répondent aux demandes du marché du travail dans un autre pays.  Ainsi, il a lancé un appel pour que les pays qui reçoivent des migrants concentrent leurs efforts sur la protection de ces groupes, notamment en leur assurant un salaire digne, la possibilité d’accéder à un poste de travail correspondant à leurs connaissances, et le respect de leurs droits sociaux.  S’agissant des envois de fonds par les migrants, il a fait valoir que ces fonds étaient des ressources privées et devaient être utilisés par les migrants eux-mêmes comme ils le désirent.  Il a souhaité que les entités qui bénéficiaient de ces transferts offrent des conditions de virement plus souples pour les migrants.  Le coût des transferts est un obstacle véritable qui compromet l’investissement et l’épargne dans les pays d’origine, a-t-il indiqué.  Il a ainsi appuyé tous les efforts qui peuvent être accomplis pour faire baisser ces coûts et a espéré que cette question serait abordée dans un esprit de concertation politique et de justice sociale lors du Dialogue de haut niveau. 


M. AIZAZ AHMAD CHAUDHRY (Pakistan) a observé que l’ère de la mondialisation n’avait fait qu’intensifier le phénomène des migrations internationales, le nombre de migrants étant passé de 82 millions en 1970 à 200 millions aujourd’hui.  Le Pakistan est attaché à un traitement humain du phénomène multidimensionnel des migrations internationales, a-t-il dit, souhaitant que le Dialogue de haut niveau de 2006 sur ce thème serve à démystifier le débat sur les migrations.  Les migrations pourraient être inclues dans la problématique générale du développement, a-t-il poursuivi, avant de rappeler que les gens quittaient leur pays parce qu’ils y sont le plus souvent forcés par les disparités en matière de développement.  Le manque d’investissements, les distorsions aux échanges commerciaux au niveau mondial et les subventions agricoles pratiquées par les pays développés sont autant d’éléments qui viennent aggraver les disparités, a-t-il observé.  Il a invité les États Membres à explorer les causes des migrations, à protéger les droits des migrants, et à lutter contre l’exploitation des êtres humains.  Nous avons besoin de volonté politique pour agir, a-t-il dit en souhaitant une cohésion et un appui institutionnel sur la question des migrations, y compris par la création d’une facilité internationale sur les migrations. 


Concernant la question des sciences et des techniques au service du développement, M. Ahmad Chaudhry a exhorté les pays en développement, dans le prolongement des décisions prises par le Sommet mondial 2005 à New York, à adopter des stratégies pour renforcer leurs institutions et leurs connaissances en matière de nouvelles technologies; à intégrer l’innovation scientifique et technologique dans les stratégies nationales de développement; à établir des pôles de développement des technologies et à créer des zones d’exportation; et enfin, à structurer leurs politiques commerciales.  Le représentant du Pakistan a également plaidé pour la création d’un Fonds de développement pour la recherche mondiale, ainsi que pour la mise en place de programmes de bourses dans le domaine des nouvelles technologies par les pays développés.  Enfin, s’inquiétant de l’impact de la corruption et des effets de la fuite des capitaux sur le développement économique, le représentant a rappelé que, selon le FMI, les fonds blanchis annuellement s’élèvent entre 600 et 1 800 milliards de dollars, d’où la nécessité d’agir pour faire cesser une telle hémorragie. 


Mme NICOLE RUDER (Suisse) a déclaré que la complexité et l’ampleur des migrations exigeaient davantage de coopération et de coordination entre les États.  Elle a rappelé les mesures prises par la Suisse dans ce sens, soulignant que son pays avait fait partie des cinq États à l’origine de la Commission mondiale sur les migrations internationales, dont le rapport, transmis le 5 octobre dernier, aidera à mieux analyser ce phénomène.  Elle a qualifié le Dialogue de haut niveau de 2006 de « phase essentielle du débat sur les migrations ».  Rappelant que les États étaient les premiers responsables de la politique générale sur les migrations, elle a relevé que les Nations Unies étaient un cadre privilégié pour l’examen de certains aspects de ce phénomène.  Nous sommes confiants que le Dialogue de haut niveau ouvrira des pistes novatrices pour tirer le meilleur parti des migrations sur le développement, a-t-elle dit.  À cet égard, elle a souhaité que le rapport de la Commission mondiale sur les migrations internationales soit une source d’inspiration pour ce Dialogue, et a estimé que ce document proposait des orientations pertinentes pour examiner la question des migrations sous tous ces aspects.  Enfin, elle a souhaité qu’à cette occasion, l’échange interactif, suggéré par le Secrétaire général, permette de traiter des aspects les plus difficiles et les plus sensibles de la migration dans un cadre ouvert et positif. 


M. LAURO L. BAJA (Philippines) a évoqué la tenue du Dialogue de haut niveau sur les migrations internationales et le développement, prévu en 2006, et a suggéré que les États Membres s’appuient sur les conclusions du Sommet mondial 2005 afin de traiter cette question de manière coordonnée et exhaustive.  M. Baja a estimé que les dimensions politique, sociale, culturelle, ainsi que l’impact économique des migrations méritaient d’être traités.  Malgré le peu de données disponibles, a-t-il dit, le rapport du Secrétaire général établit clairement que les migrations ont un impact sur la réduction de la pauvreté.  Il a souhaité que la question des transferts de fonds soit abordée, afin de réduire les coûts de ces transferts.  Il faut également protéger les droits des migrants, a-t-il dit, et mettre en place des approches cohérentes de gestion des flux migratoires, sous la houlette de l’Organisation pour les migrations internationales.  Pays d’émigration, les Philippines, qui comptent 7 millions de travailleurs à l’étranger, ont vu leur taux de chômage diminuer tandis que les retours financiers opérés par le biais des transferts de fonds, s’élèvent à près de 8 milliards de dollars par an, a-t-il dit.  Toutefois, bien que notre pays s’efforce de forger des arrangements bilatéraux avec les pays d’accueil, nous sommes en faveur d’un cadre multilatéral, a poursuivi M. Baja, afin de garantir une bonne gouvernance et une réglementation des migrations internationales pouvant permettre l’établissement de filets de sûreté.  La concurrence mondiale au niveau des migrations doit tenir compte des compétences et de la productivité de la main-d’œuvre, a-t-il dit, ajoutant que la capacité d’adaptation culturelle des migrants constitue également un atout. 


M. SAKIAS TAMEO (Papouasie-Nouvelle-Guinée) a rappelé que les pays en développement avaient du réformer et mettre en place de nouvelles institutions pour faire face aux défis de la mondialisation.  À cet égard, il a appelé les Nations Unies et les partenaires de développement à fournir l’assistance nécessaire pour compléter ces efforts nationaux.  Il a souhaité que la communauté internationale fasse preuve de souplesse s’agissant des petits États insulaires en développement (PEID) et a insisté sur l’importance des efforts régionaux de coopération.  Par ailleurs, il a mis en avant le rôle de l’aide publique au développement (APD) ainsi que de la participation des pays en développement au processus de décisions des institutions monétaires et financières internationales.  Enfin, il a insisté sur l’engagement de son pays à combattre la corruption, obstacle majeur à la croissance économique.  Il a dit qu’il existait dans son pays des institutions et des lois destinées à cette lutte mais que ces efforts ne suffisaient pas, faute de capacité technique et financière.  Il a demandé l’assistance de la communauté internationale dans ce domaine, et a annoncé que son pays s’apprêtait à ratifier la Convention des Nations Unies contre la corruption.


M. DJANKOU NDJONKOU, Représentant de l’Organisation internationale du Travail, a estimé que les migrations internationales étaient inhérentes à la mondialisation dans la mesure où la répartition inégale de ses bénéfices fait que plus d’un milliard d’êtres humains sont au chômage, la plupart vivant dans les pays en développement.  Cela a conduit plus de 120 millions de migrants à quitter leur pays pour aller trouver du travail à l’étranger, a-t-il constaté.  Il a estimé que le défi à relever aujourd’hui n’est pas celui d’un arrêt des migrations, mais plutôt celui de leur structuration.  Les migrations internationales doivent être un moyen d’intégration économique et sociale au niveau régional, a-t-il dit, en expliquant que l’OIT vise avant tout le renforcement des capacités et la protection des droits des travailleurs migrants.  Comme cela a été dit dans la déclaration de 1998, les dispositions des huit Conventions internationales de l’OIT s’appliquent à tous les travailleurs migrants, en particulier pour ce qui est de l’interdiction du travail des enfants et de la non-discrimination, a dit M. Ndjonkou.  Nous entendons, au niveau de l’OIT, promouvoir une approche orientée vers la protection des migrants, ceci dans le cadre de partenariats stratégiques, l’objectif étant de fournir un travail décent aux migrants et de gérer le phénomène des migrations dans l’intérêt de tous, a-t-il indiqué. 


M. MAKARIM WIBISONO (Indonésie) a estimé que la mondialisation devait être gérée pour produire des résultats qui soient positifs pour tous les pays.  Il a insisté sur la mise en place des institutions, qui dépend de la volonté politique des gouvernements et de la participation d’autres parties prenantes.  Ces institutions peuvent jouer un rôle efficace pour s’attaquer aux défis de la mondialisation, a-t-il estimé.  Mais en raison de la nature même de la mondialisation, les pays ne peuvent agir seuls pour adopter les réformes nécessaires, a-t-il admis.  Il a mis en relief l’importance de la coopération à tous les niveaux. Il a particulièrement insisté sur les efforts conjoints en ce qui concerne la lutte contre la corruption qui est un phénomène transnational.  Tous les gouvernements doivent agir ensemble pour s’en débarrasser, a-t-il plaidé.  Il a dit que l’Indonésie prenait les mesures nécessaires à la ratification de la Convention des Nations Unies contre la corruption et qu’elle ferait tous les efforts indispensables à la libération et à la restitution des ressources détournées et déposées dans ses institutions financières ou ailleurs.  M. Wibisono a aussi souhaité plus de coopération dans le domaine des migrations.  Il a fait savoir que son pays avait signé la Convention sur la protection des travailleurs migrants et s’attaquait au trafic de personnes.  Ces mesures peuvent être complétées par d’autres actions aux plans régional et international, a-t-il ajouté.  Il a enfin émis l’espoir que le Dialogue de haut niveau soit l’occasion de prendre de nouveaux engagements sur la question des migrations.


M. DANIELE D. BODINI (Saint-Marin) a rappelé que 60 ans après la fondation des Nations Unies, le fossé entre pays riches et pays pauvres continue de s’accroître, la moitié de la population mondiale vivant sur moins de 3% de la surface de la terre.  D’ici 2050, la population mondiale devrait progresser entre 2 et 4 milliards de personnes, a-t-il ajouté, en indiquant que cela devrait toucher principalement les pays en développement et les zones urbaines.  M. Bodini s’est interrogé sur la viabilité d’une telle progression démographique.  Les transferts de technologie opérés vers certains pays en développement, d’Asie notamment, menacent pour la première fois les économies des pays industrialisés, a constaté le représentant de Saint-Marin.  Il a invité les Nations Unies à s’assurer que les pays en développement réduiraient les disparités qui existent au sein de leurs sociétés, et que la communauté internationale assurerait une meilleure répartition des bénéfices de la mondialisation aux pays les moins avancés.  Les pays développés devraient quant à eux avoir la garantie que leurs niveaux de vie ne s’effondreront pas du fait de la compétitivité de nouveaux pays émergents, a dit le représentant de Saint-Marin. 


M. CAGLAR OZDEN, Représentant de la Banque mondiale, a indiqué que la Banque mondiale avait lancé un programme majeur sur les migrations internationales et la recherche du développement il y a 18 mois.  Ce programme vise à élargir nos connaissances dans ce domaine et à identifier des politiques et des réformes qui assureront des résultats positifs pour tous les pays concernés par les migrations, a-il expliqué.  Il a affirmé que les recherches menées dans le domaine économique montraient les gains potentiels de la libéralisation des politiques d’immigration.  Il a estimé qu’au vu de la complexité de la question, il fallait être très prudent avant d’élaborer des politiques dans ce domaine, et qu’il était essentiel de collecter d’abord des données.  Dans cette perspective, il a indiqué que la Banque menait des recherches et avait publié différentes études sur ce sujet.  Parmi les informations récoltées par la Banque, il a insisté sur le phénomène de l’exode des cerveaux, notant que plus de la moitié des citoyens hautement éduqués des pays pauvres vivaient à l’extérieur de leur pays d’origine.  Il a aussi souligné le « gaspillage des cerveaux » en faisant valoir qu’une grande partie des migrants éduqués dans les universités des pays en développement et qui habitent aujourd’hui des pays de l’OCDE y occupent des emplois peu qualifiés.  Il a d’autre part évoqué les conséquences graves que pourrait avoir l’exode massif de cerveaux sur les perspectives de croissance à long terme des pays en développement.


M. ALBERT GHIGO (Malte), a fait part à la Commission des préoccupations de son pays face à l’immigration clandestine qui a augmenté ces derniers mois en direction de Malte.  Il a indiqué que son pays avait atteint les limites de sa capacité d’absorption et se trouve aujourd’hui confronté à une augmentation des besoins humanitaires.  Il a salué la coopération de l’Union européenne sur la question de l’immigration clandestine, avant d’indiquer que Malte souhaitait, dans le cadre du Dialogue de haut niveau de 2006 sur les migrations internationales, insister sur le rôle que peut jouer la coopération internationale dans la lutte contre l’immigration clandestine et celle contre les trafics d’êtres humains.  Les pays d’origine et les pays de transit devraient être associés à toute initiative prise sur ces questions, a dit le représentant. 


M. ULADZIMIR A. GERUS (Bélarus) a rappelé que le Document final du Sommet de septembre 2005 accordait une place importante à l’élaboration de programmes nationaux et de stratégies pour le développement.  Il a toutefois souligné que les pays industrialisés avaient la responsabilité de mener une politique macroéconomique efficace et bien fondée.  Il a affirmé que son pays faisait sa part pour l’intégration des pays en développement dans l’économie mondiale par le biais de ses liens économiques dans différentes régions.  Il a par ailleurs souhaité que la communauté internationale accorde davantage d’attention aux pays à revenu moyen.  Suivant l’efficacité de l’appui qu’ils recevront, a-t-il ajouté, ils pourront réaliser les OMD et pourront accéder à la catégorie de pays développés.  Le représentant a demandé que la communauté internationale reconnaisse les problèmes qui préoccupent tout particulièrement les pays à économie en transition afin de les aider à s’intégrer dans l’économie mondiale.  Une ONU réformée doit créer les conditions qui permettraient à chaque pays de bénéficier des gains de la mondialisation et doit s’atteler à la réduction des effets néfastes de ce phénomène, surtout en matière sociale, a dit le représentant du Bélarus.


Mme IRENA ZUBCEVIC (Croatie) est intervenue sur le thème de la lutte contre la corruption, et a rappelé que ce phénomène sapait les perspectives d’investissements et détruisait progressivement le tissu économique des États qui en souffrent.  Il faut établir des règles de bonne gouvernance ainsi qu’un cadre juridique solide pour prévenir la corruption, a-t-elle dit.  Elle a indiqué que son pays avait criminalisé la corruption, qu’elle concerne des fonds publics ou privés, et qu’il avait adhéré aux principaux instruments multilatéraux de lutte contre la corruption.  Au niveau du Ministère de l’intérieur croate, des mesures ont été prises, conjointement avec le Ministère des finances, pour lutter contre le blanchiment d’argent, a déclaré Mme Zubcevic.  « Le Gouvernement croate entend mettre sur pied un organe chargé de lutter contre la corruption avec la participation de représentants de la société civile et du secteur privé », a-t-elle ajouté en soulignant par ailleurs que le Conseil de l’Europe avait mené plusieurs enquêtes en Croatie pour valider les programmes de lutte contre la corruption et le blanchiment d’argent. 


M. SOLOMON KARANJA (Kenya) a noté que certains pays ont beaucoup de difficultés à bénéficier des gains potentiels de la mondialisation.  Il a estimé que le renforcement de l’intégration de ces pays aux échanges pouvait se faire par la création d’un système commercial multilatéral juste, équilibré, et qui réduit les barrières à l’accès des biens aux marchés.  Certains produits doivent être protégés par un traitement spécial et différentié pour encourager leurs exportations, a-t-il ajouté.  Il a souligné l’importance des investissements étrangers direct et de l’APD.  Rappelant que les petites économies des pays en développement n’attiraient pas les investissements, il a souhaité la mise en place d’un cadre négocié et équilibré pour favoriser les pays désavantagés dans ce secteur.  Il a par ailleurs indiqué que les faiblesses institutionnelles étaient un obstacle majeur aux investissements.  M. Karanja a ensuite déclaré que la création de bons cadres macroéconomiques devait être étayée par la promotion d’infrastructures, notamment dans les secteurs de l’énergie, des routes et des télécommunications.  La capacité à construire ces équipements faisant défaut à beaucoup de pays, il a demandé que les autres leur accordent un soutien dans ce secteur critique.


M. ISIKIA R. SAVUA (Fidji) a souligné que les migrations internationales étaient une des caractéristiques de la mondialisation, et a rappelé que les migrants sont parfois prêts à sacrifier leur vie pour assurer le bien-être des leurs.  L’impact des transferts de fonds des migrants sur la lutte contre la pauvreté et le développement est important, a-t-il dit, en indiquant qu’en 2004, les Fidjiens expatriés avaient officiellement envoyé 450 millions de dollars dans leur pays, tandis que 150 millions de dollars avaient transité par des circuits informels.  Les migrations internationales n’ont pas retenu suffisamment l’attention de la communauté internationale en ce qui touche à la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement, a poursuivi M. Savua, avant d’insister sur la vulnérabilité des travailleurs migrants et sur la nécessité de protéger leurs droits.  Ils ne peuvent pas en ce moment tirer parti de toutes les possibilités qui s’offrent à eux, a-t-il constaté en souhaitant que le Dialogue de haut niveau sur les migrations internationales et le développement, prévu en 2006, permette de définir un cadre cohérent qui prévienne, entre autres, le trafic d’êtres humains et les flux clandestins de migrants. 


Mme KURDISTAN KITTAN (Iraq) a déclaré que les pays en développement devaient entamer sans délais la réforme de leurs institutions pour faciliter leur intégration dans l’économie mondiale.  Elle a noté que les risques et les défis de la mondialisation avaient plongé les pays en développement dans une situation critique et les avaient marginalisés dans les domaines financiers et technologiques notamment.  Elle a jugé impératif de réduire les disparités qui caractérisent l’ordre mondial actuel et rendent les pays en développement plus vulnérables aux chocs extérieurs.  Ces mesures sont indispensables et doivent être examinées dans la perspective de la réforme des structures économiques des pays en développement, a-t-elle ajouté.  Elle a aussi déclaré que ces pays devaient assumer leurs responsabilités en matière de mobilisation des ressources par des pratiques adéquates et adaptées à la mondialisation.  La représentante a rappelé que son pays avait été privé du processus de mondialisation pendant des années.  Nous sommes cependant optimistes et pensons que l’Iraq  reconstruira son économie et rattrapera le temps perdu, a-t-elle dit.  Faisant valoir les réformes entreprises par l’Iraq, notamment dans les secteurs monétaires et financiers, elle a espéré que ces réformes permettraient à son pays de parvenir au résultat souhaité.


M. GABRIEL SALAZAR-PINEDA (Venezuela) a estimé que les orientations imposées au monde d’aujourd’hui favorisent une domination de la civilisation occidentale, qui se manifeste aujourd’hui par le phénomène de la mondialisation après s’être distinguée, pendant cinq siècles, par un pillage sans retenue des ressources des colonies.  Aujourd’hui, la répartition asymétrique des bénéfices de la mondialisation, qui sont partagés entre un petit groupe de pays, d’entreprises, et d’individus, condamne 300 millions d’enfants à aller chaque soir au lit le ventre creux, a déploré le représentant.  50% des langues du monde sont en voie d’extinction et 90% des langues de la planète ne sont pas représentées sur l’Internet, a-t-il poursuivi, en regrettant que les rapports soumis par le Secrétaire général abordent les problèmes de façon unidimensionnelle et ignorent totalement les causes profondes de la pauvreté.  « Il faut promouvoir la coopération Sud-Sud en matière de formation, notamment au niveau universitaire », a-t-il dit, avant de souligner le rôle que doit jouer le Centre international sur le génie génétique.  S’inquiétant de la fuite des cerveaux, le représentant du Venezuela a souhaité que cette question soit traitée prioritairement dans le cadre du Dialogue de haut niveau sur les migrations internationales prévu en 2006. 


M. JOSÉ MARIA SILVA (Cap-Vert) a parlé de l’impact des migrations sur le développement de son pays.  La moitié de la population du Cap-Vert vit à l’étranger et renvoie des fonds qui représentent 15% du PNB du pays, a-t-il précisé.  Il a noté que, pour cette raison, le Cap-Vert considérait les migrants comme un atout pour son développement.  Il a indiqué que les envois de fonds de migrants finançaient la scolarisation de la majorité des enfants du Cap-Vert et y soutenaient la création de nombreuses petites entreprises.  Il a indiqué qu’au Cap-Vert, des traitements spéciaux avaient été accordés aux émigrants afin de les encourager à investir dans leur pays d’origine, notamment en facilitant les prêts.  M. Silva a aussi insisté sur la question de l’exode des cerveaux, et a noté que son pays souffrait d’une des plus fortes émigrations de ce genre en Afrique.  Ceci veut dire, a-t-il poursuivi, que le Cap-Vert pourrait éventuellement parvenir à un plus meilleur développement s’il pouvait retenir ou faire revenir ses travailleurs migrants éduqués et qualifiés.  Pour y arriver, il faut déployer des efforts aux niveaux national, régional et international, a-t-il estimé.  Il s’est félicité de la tenue du Dialogue de haut niveau sur les migrations l’année prochaine, et émis l’espoir que cet évènement identifie les moyens d’optimiser les bénéfices de ce phénomène. 


Mme MARIA ANGELA HOLGUIN CUELLAR (Colombie) a souligné les défis posés par les migrations internationales dans le contexte de la mondialisation.  Elle a souligné la responsabilité conjointe et partagée des pays d’origine, des pays d’accueil et des pays de transit, ce dans la perspective du Dialogue de haut niveau en 2006.  Elle a par ailleurs salué la décision du Gouvernement péruvien d’accueillir une conférence régionale sur ce thème en 2006, une réunion d’intérêt pour la Colombie, qui compte 4 millions de citoyens émigrés.  La contribution des transferts de fonds à certaines actions est importante, a-t-elle dit en jugeant toutefois difficiles à admettre les idées qui recommandent de canaliser ces flux vers l’économie et l’investissement dans le financement du développement.  En Colombie, nous avons mené des enquêtes pour déterminer l’impact microéconomique et macroéconomique de ces transferts de fonds, et nous avons fixé à 3% les prélèvements à opérer sur ces virements de fonds, a-t-elle indiqué.  Les Colombiens qui vivent à travers le monde ont la possibilité d’envoyer des fonds pour certains projets à caractère social, a-t-elle dit, mais cela se fait sur une base volontaire.  Elle a plaidé pour le dialogue et la coopération au niveau international afin de faire en sorte que la question des migrations internationales contribue au mieux au développement. 


M. JORGE SKINNER-KLÉE (Guatemala) a constaté les torts que peut causer la corruption à la société et a déclaré qu’il fallait aborder cette question de manière globale.  Il a indiqué que le fléau de la corruption impliquait des groupes puissants comme les narcotrafiquants et les réseaux de crime organisé, qui sont capables d’affaiblir les institutions du gouvernement et en éroder la légitimité.  Pour y faire face, il a souligné l’importance de la coopération régionale et internationale, qui est indispensable pour renforcer les politiques internes visant à lutter contre la corruption et ses effets.  Il a cité les différentes mesures prises par son pays pour combattre la corruption, dont la création d’instances juridiques et la mise en place de réformes pour renforcer l’État.  Il a aussi indiqué l’engagement de son pays dans la lutte contre la corruption aux niveaux régional et international.  Le Guatemala a entamé le processus de ratification de la Convention des Nations Unies contre la corruption, a-t-il précisé.  S’agissant des migrations internationales, outre la tenue du Dialogue de haut niveau dans le cadre de l’ONU, le représentant a appuyé les différentes possibilités qui s’offrent pour des discussions et une recherche de consensus sur la question, notamment au stade régional.  Il a rappelé la tenue de la Conférence régionale sur les migrations qui s’est achevée la semaine dernière au Guatemala et s’est félicité de l’initiative du Pérou de convoquer une conférence internationale spéciale sur ce sujet en avril prochain.  Il a fait part des mesures prises par son pays pour la protection des droits des travailleurs migrants, dont la création de groupes d’aide et de protection des migrants originaires du Guatemala au Mexique.  Constatant la complexité et le caractère délicat de ce sujet, il a appelé à la prudence avant l’adoption de politiques dans ce domaine.  Il a émis l’espoir que le Dialogue de haut niveau soit l’occasion d’échanger les expériences et les leçons apprises sur cette question et permette de résoudre les malentendus qui existent sur la question des migrations et du développement. 


M. CHRISTOPHER HACKETT (Barbade), qui intervenait au nom des pays de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), a insisté sur la nécessité de créer les conditions d’une bonne intégration des pays en développement à la mondialisation.  La mondialisation s’est intensifiée et les économies fragiles de la CARICOM ont connu de nombreuses perturbations, a fait valoir le représentant, soulignant entre autres le démantèlement en cours des arrangements préférentiels sur la banane, alors même que l’Union européenne a réduit unilatéralement les coûts d’importation du sucre de la région des Caraïbes.  Nous accordons une importance particulière à voir les pays en développement disposer de structures institutionnelles viables et pouvant faciliter l’intégration des pays en développement dans l’économie mondiale, a-t-il dit.  Il faut mieux reconnaître les spécificités et les besoins particuliers des petits États insulaires en développement et des autres membres de la CARICOM, a-t-il dit, en particulier pour ce qui est de l’intégration aux marchés internationaux.  Dans un esprit de partenariat mondial, les États de la CARICOM lancent un appel à la mise en œuvre soutenue de la Stratégie de Maurice, de même que pour l’harmonisation des règles du commerce mondial, dit le représentant de la Barbade.  M. Hackett a également demandé à la communauté internationale de créer, au niveau des institutions multilatérales, les conditions d’une intégration des membres de la CARICOM au système mondial.  Abordant ensuite la lutte contre la corruption, il a assuré que la CARICOM luttait contre les transferts illicites de fonds qui entravent l’investissement étranger direct et aggravent la pauvreté.  Il a salué à cet égard l’entrée en vigueur, le 14 décembre 2005, de la Convention des Nations Unies contre la corruption. 


Mme VANESSA INTERIANO (El Salvador) a estimé qu’il était indispensable pour les pays en développement de réduire la fracture digitale.  Le recours à la science et à la technologie est essentiel pour faire face aux diverses exigences du développement national, a-t-elle expliqué, en citant, entre autres, l’apport que ce secteur peut fournir à la lutte contre la pauvreté et à l’expansion des services de base.  Dans cette perspective, elle a fait part de la création dans son pays d’un Vice-Ministère des sciences et de la technologie, dont le mandat vise à favoriser le développement et l’application des technologies en vue d’un meilleur développement.  En ce qui concerne les migrations, elle a constaté que tous les pays souffraient de phénomènes sociaux dus à ces mouvements de population et que ce sujet devait être débattu de manière intégrale. 


Notant l’intérêt croissant de nombreux pays sur les envois de fonds des migrants, elle a déclaré que ces fonds ne remplaceraient jamais l’APD.  Elle a reconnu que dans le cas d’El Salvador, ces envois avaient contribué au bien-être des familles des migrants.  Elle a dit que son pays avait adopté des mesures pour favoriser une meilleure gestion de cette activité, notamment en encourageant l’investissement de ces fonds plutôt que leur dépense à des fins de consommation.  El Salvador souhaite aussi que les opérations de transfert de ces fonds soient facilitées, a dit Mme Interiano.  Elle a souhaité que le Dialogue de haut niveau détermine les moyens pouvant renforcer les bénéfices des migrations et encourage la coopération entre pays d’origine, de transit et de destination.  El Salvador est prêt à y faire part de son expérience dans ce domaine, a-t-elle conclu.


Mme NURY BAUZAN DE SENES (Uruguay) a, en évoquant le thème de la science et de la technique au service du développement, déploré que l’écart se creuse entre pays en développement et pays développés dans la mesure où les technologies restent concentrées entre les mains de ces derniers.  La fonction vitale des technologies de l’information et de la communication dans l’augmentation de la productivité et de la compétitivité des pays en développement a été reconnue à de nombreuses reprises par l’Assemblée générale, a poursuivi Mme Bauzan de Senes.  Elle a insisté à cet égard sur le rôle clef joué par le Centre international sur le génie génétique en faveur des pays en développement.  L’Uruguay a bénéficié de contributions très précieuses en matière de formation et de transferts de technologies dans les domaines de la biotechnologie et de la biologie moléculaire, a-t-elle ajouté, estimant que UN-biotech permettait aux pays en développement de bénéficier des progrès accomplis dans ce domaine. 


M. YASIR ABDEL SALAM (Soudan) a centré son intervention sur l’emploi de la science et de la technique pour les mettre au service du développement.  Il a exprimé la satisfaction de son pays sur l’étendue des activités menées par le système de l’ONU dans le domaine des biotechnologies, et a souligné le rôle joué par le Centre international pour le génie génétique et les biotechnologies.  Rappelant l’importance de la science et de la technologie pour les pays en développement, il a indiqué que la mise en oeuvre d’initiatives dans ce domaine devait s’adapter aux circonstances spécifiques et aux besoins de chaque pays.  Il a fait part du désir de son pays de poursuivre sa coopération avec le Centre et a espéré que l’intensification de leurs liens générerait des gains importants pour le Soudan.


Mme YASOJA GUNASEKERA (Sri Lanka) a déploré l’asymétrie dans la répartition des bénéfices générés par la mondialisation, estimant que la mise en place d’institutions viables et efficaces devait permettre de mieux garantir l’équité dans les échanges commerciaux au niveau mondial, et dans la représentativité au sein des institutions internationales.  Évoquant ensuite les migrations internationales, elle a plaidé pour une protection des migrants, indiquant qu’ils sont à l’origine de transferts de fonds importants pour le Sri Lanka.  Les banques publiques ont encouragé l’épargne des migrants en ouvrant des agences dans plusieurs villes et en autorisant l’ouverture de comptes en devises, a-t-elle dit ensuite, estimant que des mécanismes d’intégration et de gestion des populations migrantes devaient être initiés.  Le Dialogue de haut niveau prévu en 2006 devra replacer l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) au cœur de la gestion des questions liées aux migrations internationales, a estimé Mme Gunasekera.  Elle a ensuite abordé le thème de la lutte contre la corruption, jugeant que celle-ci suppose une coopération accrue au niveau international pour garantir l’application de la Convention des Nations Unies contre la corruption, qui entrera en vigueur le 14 décembre prochain. 


M. FAISAL ABDULLA AL-ATHBA (Qatar) a affirmé qu’il fallait revoir certaines politiques économiques internationales afin de donner un visage humain à la mondialisation.  Il a estimé qu’un modèle unique de développement, excessivement basé sur les mécanismes du marché et un rôle restreint de l’État, ne pouvait pas répondre aux défis de l’économie mondiale.  Il a déclaré que les pays en développement devaient bénéficier d’une marge politique dans les secteurs du commerce, des investissements et de l’industrie.  Il a noté la relation entre l’efficacité des institutions et la performance économique, et a insisté sur la nécessité de renforcer les capacités institutionnelles dans le processus de développement.  Il a aussi souligné le rôle que doivent jouer les institutions pour construire les activités économiques et favoriser le développement.  Les institutions doivent être choisies en tenant compte des besoins spécifiques de chaque pays, a-t-il ajouté.  Il a aussi déclaré que ces institutions devaient répondre aux besoins des pauvres et promouvoir la cohésion sociale, notamment en favorisant la participation des femmes et les groupes vulnérables à l’activité économique.  


M. LARS SELMAR ALSAKER (Norvège) a estimé, en intervenant sur le thème des migrations internationales et le développement, que le rapport de la Commission mondiale représentait une base de travail intéressante orientée vers l’action.  Le rapport souligne le besoin d’une meilleure coordination entre les différentes organisations impliquées dans le domaine des migrations internationales, a-t-il dit.  « Au niveau national, en Norvège, nous avons prévu de mettre en place une instance chargée du suivi des recommandations de ce rapport », a dit le représentant en saluant, entre autres, les propositions faites conjointement par les Nations Unies et la Banque mondiale.  Ces propositions concernent la canalisation des transferts d’argent des travailleurs migrants à des fins de développement.  Il a soutenu le concept d’une facilité des migrations internationales, mais a estimé qu’il fallait accorder aux États un délai supplémentaire pour leur permettre d’examiner cette question en profondeur.


M. CARLOS G. RUIZ MASSIEU (Mexique) s’est exprimé sur la question des migrations internationales et a déclaré que, pour son pays, le Dialogue de haut niveau était une occasion d’optimiser les bénéfices des migrations pour le développement des pays qui sont concernés par ce phénomène.  Il a estimé qu’il était indispensable de s’assurer que le Dialogue prenne en compte toutes les dimensions des migrations.  S’agissant de la protection des droits des travailleurs migrants, il a souhaité intensifier la coopération internationale dans ce domaine et renforcer les mesures déjà prises dans ce sens.  Au sujet des envois de fonds par les migrants, il a proposé que les pays partagent leurs expériences sur cette question, et que des mesures globales soient envisagées pour que ces ressources aient un impact encore plus positif sur le bien-être des familles.  Il a souligné l’importance des mécanismes bilatéraux et régionaux pour traiter des sujets des migrations.  Toutefois, il a expliqué que, par leur nature, les migrations exigeaient l’adoption d’une perspective mondiale intégrée et s’est ainsi félicité de la tenue du Dialogue de haut niveau, en espérant qu’il serait l’occasion de prendre des décisions globales sur cette question. 


Mme JOY OGWU (Nigéria) a déploré que les mécanismes actuels de la mondialisation aient contribué à accentuer les inégalités au niveau mondial.  Les transferts nets de ressources du Sud vers le Nord, estimés en 2004 à 350 milliards de dollars, font qu’aujourd’hui ces sommes font défaut aux pays en développement, a-t-elle dit.  Elle a estimé que cette injustice résultait de l’ouverture excessive des marchés du Sud aux produits des pays riches, et des contraintes posées par le service de la dette.  Le Nigéria considère, comme le Secrétaire général, qu’il faut renforcer, et dans certains cas créer, des institutions de régulation qui permettraient une meilleure répartition des bénéfices de la mondialisation et tiendraient compte des spécificités nationales.  Mme Ogwu a plaidé pour une appropriation des politiques de développement par les pays du Sud et pour un renforcement de l’architecture financière internationale afin de mieux gérer les chocs et l’instabilité cyclique des marchés de capitaux.  « Notre stratégie économique nationale de développement et de lutte contre la pauvreté devrait nous permettre d’assurer une durabilité du développement », a-t-elle ajouté, plaidant pour des normes plus justes et plus équitables au niveau commercial et financier.  De même, Mme Ogwu a demandé la conclusion de l’agenda de Doha pour le développement et la mise en place de normes différenciées pour les pays en développement. 


Les sciences et les technologies constituent la base pour le lancement du développement, a-t-elle dit, mettant en avant les efforts déployés par le Nigéria pour s’intégrer dans la technologie numérique.  Nous espérons que tous les efforts seront faits pour lever les entraves aux transferts de technologies, a-t-elle dit.  S’agissant des migrations et du développement, elle a indiqué que la plupart des pays du monde étaient soit des pays d’origine, soit des pays de transit, soit des pays d’accueil de migrants, et a insisté sur la nécessité de réduire les impacts négatifs des migrations lors du Dialogue de 2006 sur les migrations internationales et le développement.  Elle s’est félicitée ensuite de l’entrée en vigueur, le 14 décembre 2005, de la Convention des Nations Unies contre la corruption, rappelant que depuis 2004, le Nigéria avait engagé une campagne de lutte contre la corruption qui vise toutes les couches de la population, y compris les membres du Gouvernement.  Le Nigéria insiste sur la nécessité de coopérer pour la restitution des avoirs pillés, a-t-elle dit, saluant la décision du gouvernement suisse de restituer en partie les fonds pillés au Nigéria. 


M. ANDA FILIP, Observateur permanent de l’Union interparlementaire (UIP) auprès des Nations Unies, a dit que l’UIP venait de tenir un débat sur les migrations lors de sa 113ème  Assemblée à Genève.  Ce débat a montré la complexité de cette question, a-t-il précisé, et la difficulté de parvenir à une approche commune pour y faire face, la question étant hautement politisée.  Il a rappelé que les parlementaires étaient en première ligne de ce débat car ils devaient légiférer sur les lois d’immigration ainsi que sur d’autres de sujets liés aux migrations, comme les droits sociaux pour les migrants, ou les règles de travail.  Il a noté que le débat avait soulevé la nécessité pour les parlementaires d’avoir un rôle actif pour augmenter la prise de conscience sur les nombreux défis posés par les migrations, en allant à l’encontre des stéréotypes courants.  M. Filip a insisté sur la migration des femmes et des enfants et a déclaré qu’une nouvelle approche politique devait être mise au point pour prendre en compte les circonstances particulières de ces groupes vulnérables.  À cet égard, il a appelé les gouvernements à adopter une approche sexospécifique des migrations et du trafic d’êtres humains.  Il a aussi souligné la nécessité d’une cohérence politique, en s’attachant d’abord à y parvenir au niveau national, entre les différents départements gouvernementaux.  Enfin, il a fait valoir que les parlementaires devaient être considérés comme des partenaires clefs dans la mise en œuvre des solutions existantes et l’élaboration de nouvelles politiques sur les migrations.


M. ADOLFO TAYLHARDAT, Observateur du Centre international sur le génie génétique et la biotechnologie, a salué le contenu du rapport du Secrétaire général, qui reconnaît clairement les bénéfices du génie génétique sur la santé, l’environnement, et l’agriculture, en particulier pour les pays en développement.  Nous sommes l’unique Centre des Nations Unies à travailler dans ce domaine éminemment scientifique, a-t-il poursuivi, indiquant que le rôle du Centre est d’encourager les États Membres à développer des programmes de recherche scientifique dans le domaine des biotechnologies.  Nous dispensons également des formations en biologie moléculaire, ce qui représente un atout important dans le domaine de la santé, a-t-il dit.  Nous avons actuellement 52 États membres, mais nous sommes en cours d’intégration de 16 États membres supplémentaires, a-t-il dit.  Le centre dispose de deux antennes, l’une à Trieste, en Italie, l’autre à New Delhi, en Inde, a-t-il indiqué.  Il a invité les délégations à consulter le site Web du Centre à l’adresse électronique: www.icgeb.org.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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