AFR/1274-ECOSOC/6179

LE MONDE DISPOSE DES MOYENS SUFFISANTS POUR ÉVITER LES CRISES ALIMENTAIRES EN AFRIQUE, SOULIGNENT LES PARTICIPANTS À UNE RÉUNION SPÉCIALE DE L’ECOSOC

27/10/2005
Communiqué de presseAFR/1274
ECOSOC/6179
Department of Public Information • News and Media Division • New York

LE MONDE DISPOSE DES MOYENS SUFFISANTS POUR ÉVITER LES CRISES ALIMENTAIRES EN AFRIQUE, SOULIGNENT LES PARTICIPANTS À UNE RÉUNION SPÉCIALE DE L’ECOSOC


L’Afrique a-t-elle les moyens de se sortir de l’insécurité alimentaire chronique dont elle souffre ?  Une manifestation spéciale, intitulée « Crises alimentaires en Afrique », organisée aujourd’hui par le Conseil économique et social (ECOSOC), a permis d’identifier certaines des actions à entreprendre et des approches à adopter par les États, la communauté internationale et le système des Nations Unies pour tenter d’éradiquer un mal endémique qui frappe plus de 200 millions d’Africains.


L’insécurité alimentaire chronique de l’Afrique et le nombre croissant de crises alimentaires d’urgence constituent un frein à la réalisation des objectifs de développement à long terme.  Tel est le premier constat dressé par les participants à cette réunion spéciale, parmi lesquels des responsables du système des Nations Unies.


La faim représente la crise humanitaire la plus grave dans l’Afrique d’aujourd’hui, a ainsi souligné, dans un discours d’ouverture, Munir Akram (Pakistan), Président de l’ECOSOC, pour qui l’humanité est confrontée à un paradoxe immense et tragique.  Nous paraissons en effet impuissants à faire face à cette catastrophe alors que nous disposons des moyens, des connaissances, de l’expérience et des ressources nécessaires.  Jan Eliasson (Suède), Président de la soixantième session de l’Assemblée générale, a jugé pour sa part honteux que tant de tâches restent à accomplir en Afrique.  Il est indispensable, selon lui, de mettre en œuvre les réformes qui ont été préconisées afin de rendre plus efficace la présence de l’ONU.  De même, il convient de renforcer l’efficacité de l’intervention humanitaire.  Comme pour les conflits, a-t-il dit, il vaut mieux prévenir les pénuries alimentaires que de tenter d’y répondre. 


Selon l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture, (FAO), depuis 1998, il y a eu, chaque année en Afrique, près de 20 cas de crises alimentaires.  Les dernières estimations portent à 35 millions le nombre d’Africains se trouvant en situation d’urgence et nécessitant une aide alimentaire.  Ce chiffre est la pointe de l’iceberg et la partie visible d’une crise profonde des économies de la région résultant d’une longue évolution, a observé Henri Carsalade, Directeur général adjoint de la FAO.  Le reste, la partie immergée, ce sont les 204 millions de personnes, soit près d’un Africain sur trois, qui survivent avec peine, ne disposent pas suffisamment de nourriture et qui, demain, du fait d’un conflit, d’une sècheresse ou d’un quelconque autre choc, pourront se retrouver dans une situation où leur survie dépendra d’une aide alimentaire d’urgence.


La faim et la malnutrition causent davantage de décès et fait plus de ravages que le VIH/sida, la tuberculose et le paludisme réunis, a rappelé Simeon A. Adekanye (Nigéria), qui s’exprimait au nom de l’Union africaine.  Selon lui, les priorités identifiées par le Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD) doivent être mises en œuvre sans délai.  Le Programme global du développement de l’agriculture de l’Afrique, s’il était complètement appliqué, permettrait de réaliser une révolution verte dont le continent a tant besoin.  En outre, des actions concrètes devraient être entreprises pour relever les défis de la santé, de l’éducation, du renforcement des capacités et des institutions, et permettre aux produits africains d’accéder aux marchés.  Les gouvernements africains ont pris l’engagement d’allouer au moins 10% de leurs budgets annuels au développement de l’agriculture, de même qu’ils ont promis de promouvoir la bonne gouvernance, la responsabilité, la transparence dans la gestion de leurs ressources et des institutions, et, surtout, de protéger les droits de l’homme et l’état de droit.  Si ces engagements sont remplis, la communauté internationale, en particulier les pays donateurs, devraient accorder une aide plus importante au développement rural et de l’agriculture.  Autre impératif relevé par le représentant du Nigéria: des mesures urgentes doivent être prises pour assurer la représentation de l’Afrique dans les institutions économiques et financières internationales. 


Lorsque 170 chefs d’État et de gouvernement se sont retrouvés à New York, pour le Sommet de septembre, seuls 18 ont cité la faim comme défi sérieux à relever, a regretté James T. Morris, Directeur exécutif du Programme alimentaire mondial (PAM), précisant que 2,1 millions d’enfants africains étaient morts cette année de la faim et des maladies qui lui sont liées.  M. Morris a également mis l’accent sur l’une des causes les plus importantes des crises alimentaires: les conflits.  L’ONU a pu montrer que depuis 20 ans, les conflits ont réduit la production agricole d’environ 20% par an, a-t-il dit.  En Afrique centrale, région troublée par la guerre en République démocratique du Congo (RDC), le taux de malnutrition est passé de 53% en 1995 à plus de 70% aujourd’hui. 


Les conflits coûtent plus de 120 milliards de dollars en production agricole, a déclaré Mark Bowden, Chef du Service de l’élaboration des politiques et des études du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA), pour qui on ne peut régler le problème de la faim sans s’attaquer aux conséquences des conflits sur les civils.  M. Bowden a également évoqué l’impact des catastrophes naturelles.  Celles-ci exigent que l’on renforce et maintienne des mécanismes d’alerte et de prévention solides, des réseaux et des moyens de communications.


L’incidence de la pandémie du VIH/sida sur l’agriculture a en outre été mise en exergue par les intervenants, notamment par M. Morris, qui a souligné que la maladie avait déjà coûté la vie à plus de huit millions de producteurs agricoles africains.


L’agriculture compte pour 30% du PNB de l’Afrique subsaharienne, 40% de ses exportations et concerne 70% de sa main d’oeuvre.  Pour Lennart Bäge, Président du Fonds international de développement agricole international (FIDA), l’une des raisons pour lesquelles les efforts dans la poursuite des Objectifs du Millénaire pour le développement peinent à porter leurs fruits, c’est que l’agriculture et le développement rural ne recueillent pas les ressources et l’attention qu’ils méritent.  La tâche collective des gouvernements, des agences et des institutions internationales est de créer les conditions à partir desquelles les agriculteurs pauvres pourront être productifs et sortiront de l’ornière de la faim et de la pauvreté, a-t-il considéré, affirmant que les pauvres devaient disposer d’un accès à la terre et à l’eau, à la technologie, aux services financiers et aux marchés. 


Le Programme spécial pour la sécurité alimentaire, programme phare de la FAO  mis en œuvre dans 102 pays dont 42 en Afrique, a démontré qu’il était possible d’accroître rapidement la production agricole si l’on mobilisait les ressources financières et humaines nécessaires, a indiqué M. Carsalade.  Il faut encourager les efforts en cours en Afrique.


Les représentants du Royaume-Uni, qui s’exprimait au nom de l’Union européenne, du Malawi, de la Jamaïque, qui s’exprimait au nom du Groupe des 77 et de la Chine, de la Communauté européenne, du Mozambique et de la Namibie ont également pris la parole.


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