SG/SM/9376-SC/8129

LE PARTENARIAT ENTRE L’ONU ET LA SOCIÉTÉ CIVILE N’EST PAS UN CHOIX, C’EST UNE NÉCESSITÉ, DÉCLARE LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DEVANT LE CONSEIL DE SÉCURITÉ

22/06/2004
Communiqué de presse
SG/SM/9376
SC/8129


LE PARTENARIAT ENTRE L’ONU ET LA SOCIÉTÉ CIVILE N’EST PAS UN CHOIX, C’EST UNE NÉCESSITÉ, DÉCLARE LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DEVANT LE CONSEIL DE SÉCURITÉ


Vous trouverez ci-après le texte que le Secrétaire général, Kofi Annan, a prononcé ce matin lors de la réunion du Conseil de sécurité consacré au « rôle de la société civile dans la consolidation de la paix après les conflits » :


Je voudrais commencer en disant combien nous sommes heureux de vous voir, Madame la Ministre, parmi nous aujourd’hui et vous féliciter, ainsi que votre délégation, d’avoir organisé ce débat opportun. Étant donné le thème abordé, je suis très heureux que des représentants de la société civile y prennent part.


Le partenariat entre l’ONU et la société civile s’est considérablement accru ces dernières années. Ceci reflète le rôle croissant de la société civile qui aide à façonner et à examiner attentivement les politiques gouvernementales et à tenir les gouvernements responsables de leurs actes. Cela reflète aussi la nécessité pour la société civile, dans une époque marquée tant par l’intégration mondiale que par la fragmentation et l’incapacité des États, de contribuer à la prise de décisions au niveau international.


A l’évidence, les acteurs de la société civile se présentent sous toutes les formes et tailles possibles. Beaucoup apportent une contribution remarquable à la paix. D’autres, que j’ai par le passé appelées des sociétés inciviles, alimentent les conflits. Pour que les missions de consolidation de la paix soient efficaces, elles devraient collaborer et renforcer, dans le cadre d’une stratégie politique claire, les forces de la société civile qui aident les citoyens ordinaires à exprimer leurs préoccupations et à agir de manière pacifique. De la même façon, elles devraient chercher à réduire l’influence des forces qui favorisent les politiques d’exclusion ou qui encouragent le recours à la violence.


L’objectif doit être de créer une synergie avec les groupes de la société civile qui favorisent la communication et recherchent la vérité, et avec ceux qui sont des gendarmes, des défenseurs des droits de l'homme et  des agents de la protection sociale et de la relance économique. Cela peut favoriser la réconciliation et réduire l’attrait exercé par ceux qui pourraient essayer de rallumer des conflits. Cela peut contribuer à ce que les acteurs nationaux et internationaux soient tenus responsables. Cela peut permettre de forger un consensus national sur la conception des structures et des programmes après les conflits. Cela peut aider à préparer les communautés locales à accueillir, à leur retour, les soldats démobilisés, les réfugiés et les personnes déplacées, et cela peut permettre de faire entendre les préoccupations des personnes marginalisées. C’est pourquoi il faut qu’un dialogue s’instaure dans les deux sens entre l’Organisation des Nations Unies et la société civile, non pas pour que l’un dirige l’autre mais pour que nos efforts se complètent.


Toutefois, nous ne devons pas considérer les groupes de la société civile comme des partenaires de la consolidation de la paix seulement après notre arrivée dans un pays avec un mandat dans les poches. Au contraire, les organisations de la société civile, tant locales qu’internationales, ont un rôle à jouer dans les processus de délibération de l’Organisation, y compris du Conseil. Ces dernières années, les conflits civils et les situations d’urgence complexes ont occupé une place centrale dans les activités du Conseil. Cela a confirmé la nécessité pour le Conseil d’avoir une réelle compréhension des lieux et des situations dans lesquels il intervient.  Je pense que les membres du Conseil pourront tirer profit des compétences, de la concentration et de la pénétration de vues que les groupes de la société civile apportent au débat. Je me félicite donc des efforts que le Conseil a déployés pour renforcer ses relations informelles avec des groupes de la société civile. Mais le moment est peut-être venu pour le Conseil d’approfondir son dialogue avec eux et de donner à ses relations avec eux une meilleure assise.


Je voudrais à cet égard demander au Conseil d’examiner attentivement le rapport publié hier par le Groupe de personnalités éminentes sur les relations entre l’Organisation des Nations Unies et la société civile. Je suis extrêmement reconnaissant aux membres du Groupe et à tous ceux qui ont contribué à la rédaction du rapport. Ce dernier contient des recommandations pratiques et tournées vers l’avenir. Au Secrétariat, nous les étudions attentivement. Je suis sûr que les membres du Conseil – et, d’ailleurs, tous les Etats Membres – feront de même.


Je suis particulièrement heureux que le Groupe ait proposé un certain nombre de mesures concrètes en vue de renforcer la participation de représentants de la société civile de pays en développement et le rapport contient un grand nombre d’idées novatrices en vue de renforcer le partenariat avec la société civile dans nos activités humanitaires et en faveur du développement.


Le rapport contient également un certain nombre de suggestions pratiques sur la façon dont le Conseil de sécurité pourrait avoir des échanges plus efficaces avec la société civile, allant d’un meilleur usage de la formule Arria, à la tenue de séminaires sur de nouvelles questions importantes, en passant par la convocation de commissions d’enquête indépendantes après des opérations mandatées par le Conseil.


Le Conseil de sécurité est, bien entendu, un conseil de Gouvernements souverains s’occupant des questions les plus délicates relatives à la guerre et à la paix. Il doit considérer l’apport d’organisations de la société civile non pas comme une tentative en vue d’usurper le rôle des Gouvernements, mais bien plutôt comme un moyen de valoriser ses décisions et de faire en sorte que celles-ci soient réellement mises en œuvre.


Je voudrais rappeler au Conseil que de nombreuses organisations de la société civile – pas uniquement du nord, mais également du sud, et pas uniquement internationales, mais également locales – ont montré qu’elles peuvent apporter une véritable contribution aux activités de l’Organisation des Nations Unies en matière de paix et de sécurité.


J’ai donc de grands espoirs pour la conférence internationale sur la prévention des conflits que des groupes de la société civile ont décidé de tenir l’an prochain comme suite à la recommandation figurant dans mon rapport de 2001 sur la prévention des conflits.


Le partenariat avec la société civile n’est pas une fin en soi; il n’est pas non plus une panacée, mais il est indispensable si nous voulons tenir les promesses que nous avons faites dans nos accords de paix et avoir des sociétés pacifiques et des Etats viables. Le partenariat entre l’Organisation des Nations Unies et la société civile n’est donc pas un choix, c’est une nécessité. J’espère que, grâce à ce débat, le Conseil pourra mettre au point des stratégies plus globales et plus concrètes pour renforcer son partenariat avec la société civile.


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