OBV/445-SAG/304

JOURNÉE MONDIALE DE l’ALIMENTATION: LA PRÉSERVATION DE LA DIVERSITÉ BIOLOGIQUE EST INDISPENSABLE À LA LUTTE CONTRE LA FAIM

18/10/2004
Communiqué de presse
OBV/445
SAG/304


JOURNÉE MONDIALE DE l’ALIMENTATION: LA PRÉSERVATION DE LA DIVERSITÉ BIOLOGIQUE

EST INDISPENSABLE À LA LUTTE CONTRE LA FAIM


« Il est possible de parvenir à la sécurité alimentaire des populations de la planète sans pour autant porter atteinte à la biodiversité », a estimé cet après-midi M. Jean Ping, Président de la 59ème session de l’Assemblée générale à l’occasion de la célébration de la Journée mondiale de l’alimentation.  Notant l’entrée en vigueur du Traité international sur les ressources phytogénétiques pour l’alimentation et l’agriculture, dont l’initiative a été lancée  par la FAO, le Président de l’Assemblée générale s’est félicité que ces dispositions reconnaissent le savoir des populations autochtones en matière d’utilisation et de conservation de la biodiversité, et leur assurent un accès aux ressources biogénétiques dont elles ont besoin.


Dans la déclaration qu’elle a faite au nom du Secrétaire général, Mme Louise Fréchette, Vice-Secrétaire générale des Nations Unies, a souligné qu’il était inacceptable que 800 millions de personnes vivent dans la faim et la malnutrition dans un monde où règne pourtant la surabondance.  Il est indispensable que la communauté internationale fasse plus d’efforts sur les plans politique, économique, scientifique et logistique pour promouvoir une véritable lutte contre la faim et permettre la réalisation du premier Objectif du Millénaire pour le développement, qui préconise de réduire de moitié, d’ici à 2015, le nombre de personnes souffrant de malnutrition dans le monde, a dit Mme Fréchette.  


Dans leurs interventions, la Présidente du Conseil économique et social (ECOSOC), Mme Marjetta Rasi (Finlande) et le Directeur général de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), M. Jacques Diouf, qui organisait cette célébration, ont eux aussi  mis l’accent sur l’importance de la préservation de la biodiversité, qui permet aux populations pauvres des pays en développement de trouver, dans leur environnement, les ressources animales et végétales nécessaires à leur équilibre nutritionnel.  À cet égard, a souligné M. Diouf, la destruction des forêts et la surexploitation des cours d’eau et des océans posent un danger mortel à la survie des populations, du fait de la disparition accélérée des ressources offertes par ces environnements aux personnes pauvres sous forme de produits alimentaires et de plantes médicinales.


Un échange interactif a eu lieu, par voie de vidéoconférence, entre d’une part, les participants à la célébration de la Journée mondiale de l’alimentation à New York, dont un groupe d’enfants, et d’autre part, des universitaires et des enfants de la ville de Guadalajara au Mexique, sur l’impact du programme « Growing Connection » lancé par l’ONU, à travers l’Association des États-Unis pour le soutien à la FAO, en vue de répondre aux besoins des populations du monde en matière d’alimentation.  Dans le cadre de cet échange, les participants ont suivi un documentaire vidéo réalisé par « Growing Connection » sur la promotion de l’agriculture à travers des activités de partenariats et d’éducation des jeunes en Afrique, en Amérique latine, et aux États-Unis.  


JOURNÉE MONDIALE DE L’ALIMENTATION


Déclarations


M. JEAN PING (Gabon), Président de la 59ème session de l’Assemblée générale, a déclaré qu’il était possible de réaliser l’autosuffisance alimentaire sans pour autant porter atteinte à la biodiversité.  Il est urgent de mettre fin à la misère et à la faim dans le monde, a-t-il déclaré.  La biodiversité de la planète pourrait nous permettre de satisfaire les besoins alimentaires de la population du monde.  Mais, a-t-il estimé, l’humanité a cependant besoin qu’on lui rappelle qu’elle doit partager la diversité biologique de la planète avec d’autres espèces.  Nous devons protéger notre écosystème dans son ensemble, non seulement en ce qui concerne le domaine de l’agriculture, mais aussi celui de la préservation générale de l’environnement naturel.  Les conséquences d’un échec en ce domaine seraient trop graves, a dit M. Ping.  Le premier Objectif du Millénaire pour le développement (OMD) est de réduire de moitié le nombre de personnes, c’est-à-dire 800 millions qui vivent actuellement dans la faim à travers le monde, a poursuivi M. Ping.  À l’allure des progrès accomplis, cet objectif ne sera pas atteint, a-t-il constaté.  Il faudrait donc promouvoir un environnement plus favorable et plus porteur pour rendre l’agriculture mondiale viable et durable.  Nous nous félicitons cependant de l’entrée en vigueur de certaines mesures proposées par la FAO, et notamment le Traité sur les ressources génétiques tirées des plantes en vue de leur usage agricole, a dit M. Ping.  Ce Traité reconnaît les connaissances et les contributions des populations autochtones à l’agriculture, et leur assure un accès aux ressources génétiques dont ils ont besoin.


Mme MARJATA RASI (Finlande), Présidente du Conseil économique et social (ECOSOC), a indiqué que la sécurité alimentaire était urgente pour près d’un milliard de personnes sous-alimentées et mal nourries dans les pays en développement.  Un des huit Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) vise, à juste titre, à réduire de moitié le nombre de personnes qui souffrent de la faim d'ici à 2015, a-t-elle rappelé.  Elle a déclaré que la biodiversité aidait à fournir de la nourriture de manière durable et a souligné son rôle dans le maintien de différents écosystèmes, comme base de l'agriculture, ou encore, comme source de variété d'espèces végétales et animales.  Elle a souligné que la relation entre biodiversité et sécurité alimentaire était complexe et englobait les aspects scientifiques, écologiques mais aussi sociaux et politiques.  Ces aspects sont indispensables aux communautés locales pour qu'elles puissent préserver leur diversité écologique et aussi pour développer des politiques de protection et de sauvegarde de la diversité de la nature, a-t-elle précisé. 


En outre, Mme Rasi a expliqué que la diversité des espèces végétales peut donner des alternatives supplémentaires aux communautés locales qui font face à la sécheresse ou à des maladies, par exemple.  Ainsi, la biodiversité diminue les risques de l’agriculture et augmente la sécurité alimentaire.  Un engagement mondial pour éradiquer la faim et assurer la sécurité alimentaire passe par un fort engagement envers la biodiversité, a-t-elle insisté.  Par ailleurs, elle a fait remarquer qu’il fallait considérer avec soin l'impact de la pauvreté et de la faim sur la biodiversité puisqu’elles peuvent être la cause d’une exploitation de l’environnement qui empêche la nature de se renouveler.  Dans l'élaboration et la mise en œuvre des politiques, il faut développer une manière de penser à long terme qui prend en compte les relations entre économie et écologie, société et environnement, politique et sécurité à long terme, tout en étant responsables pour cette génération et celles à venir.  Elle a enfin souhaité que ce débat représente une contribution au Segment de haut niveau de l’ECOSOC en 2005 sur la réalisation des OMD et a invité toutes les parties concernées à participer aux travaux du Conseil.


Mme LOUISE FRÉCHETTE, Vice-Secrétaire générale des Nations Unies, a rappelé que près de 840 millions de personnes à travers le monde souffrent de la faim.  Ce niveau de malnutrition est inacceptable, a-t-elle souligné, surtout dans un monde d’extrême abondance comme celui d’aujourd’hui.  Nous devons faire mieux, politiquement, économiquement, scientifiquement, et sur le plan de la logistique, pour épargner les populations de monde de la faim et permettre la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) et réduire de moitié, d’ici à 2015, le nombre de personnes souffrant de la faim, a dit la Vice-Secrétaire générale. 


Le thème de la Journée mondiale de l’alimentation cette année, « La biodiversité pour la sécurité alimentaire », souligne le rôle essentiel que joue la diversité biologique.  Elle fournit les plantes, les animaux, et les ressources génétiques microscopiques qui permettent la production agricole et une bonne productivité.  Elle fournit aux écosystèmes des services comme la fertilisation des sols, la régulation des maladies et le contrôle de l’érosion.  La connaissance de la biodiversité par les fermiers et autres agricultures leur permet de disposer des ressources alimentaires nécessaires quand il faut faire face à des crises comme les conflits civils, les calamités naturelles et les pandémies, a dit Mme Fréchette.  En 2002, les États parties à la Convention sur la diversité biologique se sont engagés à réduire le rythme auquel la biodiversité et les différentes espèces sont mises en danger à l’heure actuelle.  D’ici à 2010, nous parviendrons à une réduction significative de la perte de biodiversité à laquelle nous assistons actuellement, a conclu la Vice-Secrétaire générale.


M. JACQUES DIOUF, Directeur général de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l'agriculture (FAO), a d’abord salué la présence de M. Steven C. Rockefeller et de son épouse, en insistant sur le rôle qu’ils jouent depuis des années dans les bonnes pratiques agricoles et en les remerciant pour leurs efforts et leur soutien.  Alors que le monde célèbre la Journée mondiale de l'alimentation, a-t-il fait remarquer, cette journée n’a rien d’une fête pour ceux qui n’ont rien à manger.  Il a expliqué que le thème de la biodiversité pour la sécurité alimentaire avait été choisi pour célébrer les richesses de notre planète mais aussi pour tirer la sonnette d'alarme.  La FAO estime que les trois quarts de la variété des espèces végétales ont été épuisés au siècle dernier, a-t-il précisé.  Il a affirmé que l'érosion de la diversité écologie était une menace pour la sécurité alimentaire.  Par ailleurs, M. Diouf a indiqué que les espèces végétales perdent leur faculté d'adaptation aux changements environnementaux.  Pourtant, a-t-il fait observer, pendant des milliers d'années, les fermiers ont sélectionné des plantes et des animaux en prenant en compte les spécificités de leur environnement et leur ingéniosité a permis de préserver la biodiversité.  L'agriculture doit être basé sur l'échange et non sur une utilisation exclusive du matériel génétique, a-t-il insisté, notant que chaque région du monde avait participé à la diversité biologique.  Affirmant qu’il fallait garantir à tous un accès aux ressources génétiques mondiales, le Directeur général de la FAO a indiqué que les agriculteurs et les éleveurs contribuaient à la sécurité alimentaire de tous en augmentant le socle des ressources génétiques de la planète.


Les contributions des agricultures n’ont pas été appréciées à leur juste valeur, a-t-il poursuivi, précisant que les agriculteurs doivent avoir accès au matériel génétique dont ils ont besoin et doivent recevoir la part juste et équitable des avantages dérivés de leurs activités.  De plus, a-t-il indiqué, la recherche d’espèces à haut rendement s’est traduite par l'abandon de systèmes de production traditionnels et diversifiés, résultant à son tour par une perte d’identité culturelle.  La diversité de l’agriculture et celle culturelle sont

étroitement liées, a-t-il déclaré.  M. Diouf a également mis en lumière la valeur de la diversité animale, de celle des forêts ainsi que celle des milieux aquatiques.  Préserver la biodiversité revient à comprendre et à préserver de nombreux écosystèmes dont ceux d’organismes invisibles mais dont les interactions sont complexes et indispensables aux agriculteurs pour produire des denrées alimentaires, a-t-il affirmé.  Notant la formidable diversité biologique de notre planète et la promesse qu’elle détient d’éloigner à jamais le spectre de la faim, il a affirmé que pour que ceci devienne réalité, le soutien de tous est indispensable.  Comme dans la nature, notre force réside dans notre diversité, a-t-il conclu.


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