CS/8264

CONSEIL DE SÉCURITÉ: EXAMEN DES MOYENS D’ASSURER LE SUCCÈS DES PROCESSUS DE TRANSITION AU BURUNDI ET EN RDC ET APPELS À UN RÈGLEMENT PACIFIQUE DU DIFFÉREND ENTRE LA RDC ET LE RWANDA

08/12/2004
Communiqué de presse
CS/8264


Conseil de sécurité

5096e séance – matin


CONSEIL DE SÉCURITÉ: EXAMEN DES MOYENS D’ASSURER LE SUCCÈS DES PROCESSUS DE TRANSITION AU BURUNDI ET EN RDC ET APPELS À UN RÈGLEMENT PACIFIQUE DU DIFFÉREND ENTRE LA RDC ET LE RWANDA


Après avoir exprimé hier, dans une Déclaration présidentielle, sa très vive préoccupation devant les multiples rapports d’opérations militaires de l’armée rwandaise dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), le Conseil de sécurité est revenu, ce matin, à l’examen du rapport de la mission qu’il a envoyée à Kigali, à Kinshasa, à Bukavu, à Bujumbura et à Entebbe, entre le 21 et le 26 novembre(1)


Chef d’une mission qui avait pour but d’évaluer l’état d’avancement des processus de transition au Burundi et en RDC, le représentant de la France, Jean-Marc de La Sablière, a réitéré le fait que ces pays sont résolument engagés dans une phase nouvelle qui doit conduire à des élections, l’année prochaine.  Il a, dans ce contexte, jugé indispensable que les responsables des deux pays prennent les mesures qui s’imposent pour rendre irréversible leur processus de transition.  Jean-Marc de La Sablière a jugé tout aussi essentiel que les Burundais et les Congolais reçoivent le soutien de la communauté internationale qui, pour la RDC, doit viser, entre autres, l’intégration de l’armée et de la police pour accélérer le processus de désarmement, de démobilisation, de réinsertion, de réinstallation et de rapatriement (DDRRR) des ex-FAR et des Interahamwés dites forces négatives. 


À ce propos, le représentant français s’est félicité que la Déclaration présidentielle adoptée hier suive à la lettre les recommandations contenues dans le rapport de la mission du Conseil.  Tout en adhérant à cette Déclaration, la représentante de la RDC, Booto Nduku, a prévenu le Conseil que son gouvernement entend renforcer ses dispositifs de sécurité à la frontière rwandaise en vue de protéger les populations civiles.  Elle a averti ainsi le Conseil que toute incursion des forces étrangères notamment rwandaises, appelle de la part de son gouvernement la stricte application de l’article 51 de la Charte de l’ONU relatif à la légitime défense « jusqu’à ce que le Conseil de sécurité ait pris les mesures nécessaires pour maintenir la paix et la sécurité internationales ». 


Ces propos ont été suivis des dénégations du représentant du Rwanda, Stanislas Kamanzi qui a précisé que compte tenu des attaques transfrontalières incessantes lancées par les forces négatives comme en témoigne l’arrestation de 600 de leurs membres à l’intérieur du Rwanda, son gouvernement a décidé de déployer son armée à la frontière entre les deux pays.  Il a affirmé que les allégations de la présence de troupes rwandaises du RDC sont fausses.  Malgré les nombreuses résolutions adoptées durant les 10 dernières années, a encore dit le représentant, ces forces continuent de lancer leurs activités criminelles, de recevoir des armes, de recruter et de former des soldats et de promouvoir une rhétorique génocidaire auprès de la nouvelle génération.


Les membres du Conseil de sécurité et les autres délégations qui se sont exprimés, ce matin, se sont montrés d’autant plus préoccupés par ce regain de tension entre la RDC et le Rwanda qu’il intervient après que le Sommet des chefs d’État de la région des Grands Lacs eut adopté, le 20 novembre dernier, la Déclaration sur la paix, la sécurité, la démocratie et le développement qui contient l’engagement des pays concernés à régler leurs différends de manière pacifique.  « Ce ne sont pas les bonnes idées qui manquent aujourd’hui », a rétorqué le représentant de Rwanda mais bien la volonté politique de la RDC et de la Mission de l’ONU dans ce pays (MONUC) de procéder à la neutralisation des forces négatives. 


Face à ces positions, les participants au débat ont multiplié les références au plan en deux phases établi avec l’assistance de la MONUC par la RDC pour régler le problème des ex-FAR et des Interahamwés.  Ils ont encouragé les deux pays à recourir plus systématiquement au Mécanisme conjoint de vérification et à la Commission tripartite.  De manière générale, les membres du Conseil et autres intervenants ont argué que la stabilisation de la situation à l’est de la RDC dépendra de la rapidité avec laquelle le Gouvernement d’unité nationale de ce pays procèdera à la réforme du secteur de la sécurité.  Compte tenu des défis que la RDC a encore à relever avant les élections de juin 2005 –intégration des forces armées et de la police, adoption de la Constitution et d’autres textes législatifs essentiels et préparatifs techniques des élections– les participants ont souscrit à l’idée que l’espace présidentiel congolais se réunisse régulièrement avec le Comité international d’accompagnement de la transition (CIAT) pour « hiérarchiser les priorités » de la feuille de route établie par le Gouvernement de transition. 


S’agissant du Burundi, le satisfecit qu’a reçu le pays pour les importantes avancées du processus de paix s’est accompagné d’appels urgents concernant la nécessité de réfléchir plus avant à l’obstacle que constitue le FNL d’Aghaton Rwasa, à la possibilité de mettre sur pied une commission judiciaire internationale pour lutter contre l’impunité et à l’importance d’une aide financière et technique pour lancer le pays sur la voie d’un développement durable, objectif ultime après les élections d’octobre 2005, des efforts de paix de la communauté internationale, ont souligné de nombreuses délégations.


Ont pris la parole les membres du Conseil suivants: Angola, Bénin, Brésil, France, Allemagne, Pakistan, Philippines, Roumanie, Espagne, Royaume-Uni.  N’ont pas pris la parole les membres suivants: Algérie, Chili, Chine, États-Unis, Fédération de Russie.  Ce sont aussi exprimés la RDC, le Rwanda, l’Ouganda, le Burundi, les Pays-Bas, au nom de l’Union européenne et le Japon.


(1) Pour la présentation du rapport (S/2004/934), voir notre communiqué de presse CS/8255 du 30 novembre 2004.


MISSION DU CONSEIL DE SÉCURITÉ EN AFRIQUE CENTRALE


Déclarations


Mme BOOTO NDUKI (République démocratique du Congo) s’est félicitée que, pour la deuxième fois, le Conseil ait pris l’initiative d’envoyer une mission en Afrique centrale.  Elle a salué le fait que la mission ait suivi l’adoption de la Déclaration sur la paix, la sécurité, la démocratie et le développement dans la région des Grands Lacs, qui aux yeux des États de la région est un grand espoir pour la stabilité, la paix et la démocratie.  La représentante a noté avec satisfaction que les membres du Conseil ont reconnu les progrès enregistrés par la région.  Elle a donc regretté qu’au lendemain de l’adoption de la Déclaration, le Président du Rwanda ait fait une « déclaration de guerre » en prenant pour prétexte la poursuite des forces dites négatives.  Il est passé à l’acte, a-t-elle annoncé, en dénonçant le redéploiement des troupes rwandaises dans certaines localités des provinces du Nord et du Sud Kivu.  Mon pays constate, a-t-elle poursuivi, que le Président de Rwanda a confirmé sa volonté d’assumer la responsabilité du déclenchement des hostilités contre la RDC en violation de tous les accords conclus et du principe de l’intangibilité des frontières.  Elle a appelé le Conseil à stigmatiser l’attitude arrogante et irresponsable du Président rwandais. 


Le Président de la RDC, a-t-elle souligné, a fait la démonstration de la bonne volonté des autorités congolaises depuis 1999, de collaborer étroitement avec les autorités rwandaises et la communauté internationale en vue d’extirper du territoire congolais les forces négatives.  Elle a averti que toute incursion des forces étrangères notamment rwandaises, appellent de la part du Gouvernement d’Union nationale de la RDC, la stricte application de l’article 51 de la Charte de l’ONU qui stipule qu’aucune disposition de cette Charte ne porte atteinte au droit naturel de légitime défense dans le cas où un Membre des Nations Unies est l’objet d’une agression armée jusqu’à ce que le Conseil de sécurité ait pris les mesures nécessaires pour maintenir la paix et la sécurité internationales.  Tout en adhérant à la Déclaration présidentielle du Conseil, a-t-elle encore prévenu, le Gouvernement de la RDC entend renforcer ses dispositifs de sécurité à la frontière rwandaise en vue de protéger les populations civiles.  Elle a, en effet, accusé les soldats rwandais de pratiquer la politique de la terre brûlée. 


M. FRANCIS BUTAGIRA (Ouganda) a apprécié l’optimisme exprimé par la mission du Conseil de sécurité qui a noté les efforts faits par la région en vue de promouvoir la paix et la sécurité.  Les pays d’Afrique centrale ont largement travaillé à la stabilisation de la région, a-t-il précisé.  Il appartient à la communauté internationale de non seulement suivre de près les activités des pays de la région mais aussi de s’impliquer activement dans les affaires de la région, en coopération avec les Nations Unies.  Selon lui, pour que l’on puisse parvenir à une paix durable en RDC, il faut un gouvernement central fort, avec une armée efficace, afin d’étendre son autorité sur tout le territoire, ce qui permettra de résoudre beaucoup de problèmes et d’assurer la stabilité de la région.  Sur la question des groupes armés en Ituri, le représentant a déclaré qu’ils devaient tous être intégrés dans le gouvernement de transition.  D’autre part, l’Ouganda n’est certes pas favorable à l’impunité mais considère qu’il faut aussi agir avec prudence.  Enfin, a-t-il ajouté, sur la situation humanitaire dans le nord de l’Ouganda, la campagne militaire menée a déjà prouvé une certaine réussite.  Bientôt les activités de ces rebelles ne seront plus qu’un souvenir historique, a-t-il conclu.


M. MARC NTETURUYE (Burundi) a souligné que dans son pays, le dialogue doit se poursuivre pour que le consensus le plus large possible soit atteint sur les questions politiques, en particulier le partage du pouvoir et l’adoption des lois qui régiront l’après-transition.  La communauté internationale est invitée à encourager les Burundais à bâtir un Burundi pour tous et par tous.  Le représentant a aussi souligné que la question des FNL mérite une attention particulière de la part du Conseil.  Il lui a demandé non seulement d’appuyer la décision des chefs d’État de la sous-région d’isoler ce mouvement mais d’aller au-delà en promettant l’assistance qui sera requise pour empêcher les dirigeants des FNL, alliés aux forces négatives présentes en RDC, de torpiller le processus de paix au Burundi et de perturber la paix sur la frontière.  S’agissant de la lutte contre l’impunité, il a aussi demandé au Conseil de rendre public le rapport sous embargo de la mission d’évaluation du Secrétariat sur la faisabilité d’une Commission d’enquête judiciaire internationale au Burundi.  Concluant sur l’assistance internationale, le représentant a souligné que son pays n’a pas les moyens de s’en sortir seul.  Il a invité le Groupe consultatif spécial du Conseil économique et social à aller sur le terrain constater encore une fois le « lien entre le pain et la paix ». 


M. DIRK JAN VAN DEN BERG (Pays-Bas), au nom de l’Union européenne, a rappelé les termes de la Déclaration sur la paix, la sécurité et le développement dans la région des Grands Lacs, en voyant là la volonté des pays de la région de passer à la concertation et à la coopération.  Il les a donc appelés à mettre en œuvre ces principes.  Reconnaissant qu’il sera impossible de tout faire en même temps, il a souligné la nécessité de hiérarchiser les tâches.  Il s’est ensuite dit préoccupé des informations faisant état de la présence de troupes rwandaises en RDC.  Il a condamné toute violation de l’intégration territoriale de la RDC et demandé au Rwanda de retirer ses forces.  Il a aussi demandé au Gouvernement de la RDC de faire preuve de retenue pour éviter une escalade militaire et de faire appel aux mécanismes existants.  Dans le même temps, il a estimé que le problème du désarmement et de la démobilisation devrait être considéré d’urgence.  La présence continue des forces négatives en RDC constitue d’abord une menace pour les populations locales.  Il a demandé à la RDC d’intensifier ses efforts dans ce domaine en encourageant la MONUC à appuyer le Gouvernement par tous les moyens possibles.  Le représentant a conclu en saluant les progrès réels enregistrés par le Burundi et appelé la communauté internationale à fournir tout l’appui possible, en particulier, en empêchant le FNL de saper les efforts.  Revenant à la RDC, il a prôné une coopération plus étroite entre l’espace présidentiel et la CIAT.  Il s’est dit inquiet des lenteurs enregistrées dans la réforme du secteur de la sécurité, en rappelant l’appui que l’Union européenne a apporté dans ce domaine et compte apporter.  Il a aussi souligné l’importance de la lutte contre la corruption, en se félicitant des signaux envoyés récemment par le Gouvernement de la transition et en l’encourageant à intensifier les efforts en la matière.  Il a conclu sur la nécessité pour la RDC et le Burundi de rompre le cycle de l’impunité.


M. STANISLAS KAMANZI (Rwanda) s’est déclaré favorable à des visites sur le terrain comme celle récente de la mission du Conseil de sécurité.  Il a espéré que le processus entamé à Dar es-Salaam le 20 novembre culminera par une paix et une démocratie durable dans la région des Grands Lacs.  Les membres du Conseil de sécurité doivent savoir que mon pays pâtit depuis 10 ans du problème relatif aux ex-FAR/Interahamwe basées sur le territoire de la République démocratique du Congo, a-t-il poursuivi, précisant qu’ils constituent une source d’insécurité pour le Rwanda, la République démocratique du Congo et les autres pays de la région.  Sur les allégations concernant la présence de forces rwandaises sur le territoire de la République démocratique du Congo, il a affirmé qu’elles sont fausses, et que les forces rwandaises se tiennent seulement à la frontière.  De nombreux civils ont été blessés par les ex-FAR/Interahamwe, a-t-il poursuivi.  Il a indiqué que ces forces continuent de pratiquer des activités criminelles en République démocratique du Congo, à recevoir de l’équipement militaire et recrutent et forment une nouvelle génération, imposant une idéologie génocidaire, a-t-il regretté.  La volonté politique doit permettre de régler ce problème, selon lui, rapidement et de façon déterminée, par la MONUC et le Gouvernement de la République démocratique du Congo.  Nous attendons que tous les représentants soient nommés afin que le mécanisme puisse entrer en action le plus rapidement possible, a-t-il précisé.  M. Kamanzi a enfin lancé un appel au Conseil pour que les droits des populations de Banyamulenge et des autres groupes persécutés soient protégés, en leur qualité de citoyens de la République démocratique du Congo.


Pour ce qui est de la situation au Burundi, le représentant a apprécié les efforts faits en faveur de la paix, de la stabilité et de la démocratie, déclarant continuer à appuyer le processus de transition. Enfin, il a demandé que des mesures décisives soient prises contre le FNL qui, suite à l’attaque menée conjointement avec les ex-FAR/Interahamwe contre les réfugiés à Gatumba, a été déclaré « mouvement terroriste ».  Il a appelé la communauté internationale à travailler étroitement avec le gouvernement burundais et la sous- région pour traduire en justice ce groupe.


M. SHINICHI KITAOKA (Japon), après avoir salué les recommandations de la mission du Conseil, s’est dit préoccupé par les informations concernant les incursions des troupes rwandaises en RDC.  Il a appelé le Rwanda à recourir aux moyens politiques pour régler ses problèmes de sécurité.  Il a jugé essentiel le désarmement des ex-FAR/Interahamwe en appelant à des efforts accélérés notamment de la part du Gouvernement de la RDC.  Venant à la situation du Burundi, le représentant a salué le rôle de l’Initiative régionale et de l’Union africaine.  Il a condamné le FNL ainsi que le massacre de Gatumba.  Il s’est donc félicité de l’intention du Gouvernement burundais de renvoyer la question à la Cour pénale internationale.  Enfin, le représentant a encouragé le Conseil à examiner attentivement de manière approfondie, la manière dont les deux opérations de maintien de la paix peuvent contribuer à la réussite des élections en RDC et au Burundi et mettre au point une stratégie de sortie claire.  Il a aussi évoqué la question d’actes de violence sexuelle dont se sont rendus coupables des membres de la MONUC, en demandant au Secrétariat de dévoiler toutes les informations disponibles et de prendre les mesures disciplinaires et préventives qui s’imposent.


M. JEAN-MARC DE LA SABLIÈRE (France) a fait référence aux recommandations que la mission du Conseil de sécurité à l’intention de ce dernier.  Il a rappelé que la mission du Conseil est arrivée à un moment où la République démocratique du Congo et le Burundi s’étaient engagés dans la préparations des élections prévues dans les deux pays l’année prochaine.  La transition dans les deux pays doit être irréversible, a-t-il souhaité, demandant que les responsables mènent une action déterminée.  Les Congolais comme les Burundais doivent recevoir le soutien essentiel de la communauté internationale.  Les commissions mixtes autorités congolaises/Comité international d’accompagnement de la transition (CIAT) doivent se mettre au travail très vite, a-t-il recommandé.  En ce qui concerne le désarmement des ex-FAR/Interahamwe, il faut aider à développer une armée intégrée et une police intégrée en RDC, a-t-il dit.


Pour le Burundi, il a demandé que soit fournie une aide financière tenant compte de la capacité d’absorption du pays.  S’agissant des relations entre le Rwanda et l’est de la RDC, il a rappelé la déclaration présidentielle du 7 décembre du Conseil de sécurité, précisant que le conseil a suivi les recommandations de la mission.  Quant au Burundi, a dit M. de La Sablière, l’esprit de réconciliation est  très présent.  Il a estimé que le Conseil de sécurité a réagi de manière appropriée au massacre de Gatumba, a-t-il estimé.  Selon lui, la Conférence sur la région des Grands Lacs est un événement important, rappelant que les engagements pris doivent rapidement être mis en œuvre. 


M. WOLFGANG F. H. TRAUTWEIN (Allemagne) a déclaré s’associer à la déclaration faite au nom de l’Union européenne.  La mission du Conseil de sécurité a constitué un plein succès selon lui, mais il a regretté la persistance d’un manque de confiance entre les pays de la région.  Il a rappelé la mise en garde adressée au Rwanda car les mesures prises par celui-ci risquent d’affecter les efforts de paix.  Le Rwanda doit assurer le retour des rapatriés dans de bonnes conditions, a-t-il demandé.  M. Trautwein s’est dit heureux des initiatives prises par l’Ouganda.  Les efforts entrepris en faveur de la paix durable bénéficient aux populations, a-t-il conclu, et les activités menées sont pour nous une source d’inspiration.


M. GHEORGHE DUMITRU (Roumanie) a commenté le rapport de la mission du Conseil.  Il s’est félicité, entre autres, que l’approche régionale ait été poursuivie.  Il a noté le fort déficit de confiance qui continue de prévaloir au niveau des responsables politiques, des groupes et des communautés ainsi que dans les relations entre les principaux acteurs régionaux.  Il s’est félicité de la Déclaration de Dar es-Salam et compte tenu du regain de tension entre la RDC et le Rwanda, il a prôné l’identification des mesures politiques et des mécanismes concrets de nature à renforcer les relations de bon voisinage et de parvenir à une coopération régionale véritable et plurisectorielle.  Il a jugé, en l’occurrence, essentielle une étroite coordination entre les deux opérations de maintien de la paix en vue régler les problèmes transfrontaliers.  Il a invité les partenaires de la région à opter pour une vision allant au-delà de la préparation et de l’organisation des élections en 2005; la stabilité, la paix et la sécurité étant conditionnées par ce qui se passera durant la phase postélectorale et post-transition sur les plans politique et du développement.


M. HENRIQUE R. VALLE (Brésil) a réitéré son appui à la nature de ce type de missions, notamment parce qu’elles prouvent clairement l’engagement du Conseil de sécurité à l’égard de la paix.  Il s’est félicité des efforts déployés en RDC pour tenir des élections en 2005, prenant note des préoccupations logistiques.  M. Valle a aussi retenu les efforts déployés par les autorités burundaises.  Sa délégation a bien noté les éléments qui pourraient menacer le processus de paix en République démocratique du Congo, a poursuivi le représentant qui s’est dit conscient des problèmes.  Il a continué à appuyer le programme de désarmement et de démobilisation, ainsi que les recommandations figurant au rapport, en raison de leur pertinence.  La communauté internationale doit aider notamment à la préparation des élections en RDC et au programme DDRRR, a-t-il rappelé.  Il a aussi apprécié la demande de mise en place du mécanisme de vérification conjointe.


M. ADAM THOMSON (Royaume-Uni) a jugé essentiel que le Gouvernement de la RDC respecte la feuille de route de la transition.  L’espace présidentiel, a-t-il dit, doit coopérer avec les autres acteurs, en particulier avec la CIAT.  Il a considéré que les trois commissions conjointes de ces deux entités doivent entamer leurs activités rapidement aussi bien pour les élections que pour le travail législatif.  Il s’est ensuite dit préoccupé par le fait que la question de l’exploitation sexuelle ne soit pas traitée plus rapidement.  Il est également essentiel, a-t-il dit, que la MONUC utilise efficacement ses ressources, en mettant l’accent sur la réforme du secteur de la sécurité et les élections et, en catalysant les efforts en la matière de la communauté internationale. 


Évoquant la situation dans l’est de la RDC, il a estimé que l’instabilité dans cette partie du pays a des répercussions sur l’ensemble de la région.  Il a donc appelé à la collaboration des dirigeants de la région et à l’abandon des menaces et déclarations incendiaires.  « Ce qui s’est passé au Rwanda » pendant la mission du Conseil est inacceptable, a estimé le représentant avant de reconnaître que la présence des forces négatives est un vraie source d’instabilité.  Il a rappelé l’existence d’un plan de désarmement, avant de souligner que dans l’est, la paix dépendra de l’existence en RDC d’une véritable armée intégrée.  Concluant sur la situation au Burundi, il a réitéré la confiance de la mission du Conseil dans l’avenir.  Les élections, a-t-il prévenu, ne sont pas une fin en soi.  Il a souhaité une bonne préparation de la période postélectorale, en particulier dans le secteur de la lutte contre l’impunité.  Il a encore dit sa satisfaction devant les discussions que le Conseil a eues avec le Président de l’Ouganda quant à la manière de régler le conflit qui secoue le nord du pays.


M. BAYANI S. MERCADO (Philippines) a noté que le processus de paix et de transition progresse en République démocratique du Congo et au Burundi, invitant les gouvernements des deux pays à poursuivre leurs efforts en ce sens.  Les problèmes liés aux mouvements transfrontaliers et aux combattants étrangers doivent être réglés rapidement, a-t-il ajouté.  À son avis, le Conseil de sécurité devrait user de son influence pour appeler les pays donateurs à s’engager pour réduire la pauvreté.  Le représentant a relevé le lien direct qui existe entre la paix et la sécurité, comme cela a été évoqué au Burundi.  Les élections ne constituent pas une fin en soi, a-t-il poursuivi, et il faut prévoir la situation postélectorale.  Le représentant a conclu en félicitant la MONUC et l’ONUB pour leur rôle constructif.  Enfin, M. Mercado a espéré que la Déclaration de Dar es-Salaam pourra être mise en œuvre progressivement.


M. MUNIR AKRAM (Pakistan) a appelé à des efforts renforcés pour consolider un Gouvernement unifié en RDC.  Il faut, a-t-il aussi dit, des efforts efficaces pour désarmer les groupes armés locaux et étrangers.  Ces efforts doivent être accompagnes d’actions pour assurer l’autorité de l’État sur l’ensemble du territoire.  Il a appelé le Rwanda à retirer sans retard toutes les forces qu’il pourrait avoir sur le territoire de la RDC, en suggérant une stratégie plus efficace pour désarmer et démobiliser les forces négatives.  Au Burundi, a-t-il poursuivi, le processus de transition est sur la bonne voie.  Il a pris note de la menace posée par le FNL, en souhaitant le règlement urgent de ce problème.  Le déploiement de l’ONUB et le renforcement de la MONUC devraient contribuer à améliorer la confiance mutuelle entre le Rwanda, le Burundi et la RCD, a-t-il dit, avant de détailler la contribution des forces de son pays à ces opérations.  Reconnaissant le problème de l’exploitation illégale des ressources de ce pays, il a souligné que la plupart des profits réalisés se retrouvent souvent bien loin des pays de la région.  Tant que ce vol ne cessera pas, a-t-il prévenu, les problèmes continueront.  Pour y mettre fin, le Conseil de sécurité ou un autre organe des Nations Unies doit enquêter sur les personnes associées à cette exploitation.  La paix et le développement sont indissociables, a-t-il dit en concluant sur les questions de développement.


M. JOEL W. ADECHI (Bénin) a considéré que le message du Conseil de sécurité est clairement d’accompagner le processus de paix dans la région des Grands Lacs.  Les défis les plus sérieux à relever au Burundi et en République démocratique du Congo sont, à ses yeux, ceux de la tenue du calendrier des élections et de la mise en place des institutions.  Une solution urgente à son avis est aussi à apporter au problème des ex-FAR/Interahamwe, notamment pour donner au Rwanda les garanties de sécurité à sa frontière avec la République démocratique du Congo.  L’ambassadeur a souhaité que le Conseil approfondisse la réflexion sur les ex-FAR/Interahamwe et la menace de génocide.  Il faut comprendre toute la dimension « droits de l’homme » de la problématique, à ses yeux.  Il nous faut adopter une approche de la responsabilité personnelle plutôt que celle de la « démonétisation » d’un groupe, a-t-il souhaité.  Il a aussi estimé que les parties doivent s’abstenir de toute action unilatérale, en contribuant plutôt aux efforts de la communauté internationale pour renforcer le processus de paix dans la région.  Il faudrait aussi se pencher, selon lui, sur l’exploitation des ressources naturelles en République démocratique du Congo, car il y a des problèmes de corruption qui risquent d’avoir une incidence sur les institutions qui vont être mises en place.  Il a conclu que les éléments existent pour mettre en place la paix dans la région, demandant que le conseil s’astreigne à un suivi régulier de la situation, comme une évaluation trimestrielle.


M. JUAN ANTONIO YÁÑEZ-BARNUEVO (Espagne) a estimé que le processus de transition en RDC nécessite l’adoption urgente des textes législatifs permettant la tenue des élections et la réforme du secteur de la sécurité.  La tenue des élections, s’est-il expliqué, exige un environnement sûr.  Et pour faire face à l’instabilité dans l’est du pays, le déploiement de forces congolaises est essentiel.  Venant à la situation au Burundi, le représentant a estimé que les priorités sont aussi l’adoption des textes législatifs en suspens, le respect de l’échéance électorale et l’avancée rapide du processus de désarmement.  Les élections sont nécessaires mais elles ne sont pas une fin en soi, a également argué le représentant.  La période postélectorale dans ces deux pays sera d’une importance capitale pour la réconciliation, la paix et le développement durable.  Le représentant a conclu en se félicitant des accords signés, ces derniers jours par les États concernés, et en les encourageant, au lieu de prendre des mesures unilatérales, à s’appuyer sur les mécanismes existants.


M. ISMAEL ABRAÃO GASPAR MARTINS (Angola) a noté que la mission du Conseil de sécurité a eu lieu à un moment crucial, alors que la paix dépend essentiellement de ce que feront les acteurs de la communauté internationale dans la période actuelle.  Il s’est dit très préoccupé par l’évolution de la situation dans la partie Est de la République démocratique du Congo.  Il a noté que la question des ex-FAR/Interahamwe a été pleinement discutée aux niveaux appropriés au Rwanda et en RDC, et que les ex-FAR/Interahamwe sont considérés comme une source d’insécurité dans la région.  Il a relevé à cet égard la volonté commune de trouver une solution, en passant par le dialogue, comme dans le cadre de l’accord tripartite.  Les pays de la région devraient, à son avis, s’abstenir de toute action qui attiserait les tensions locales.  Il a invité à faire tous les efforts possibles pour que les élections en République démocratique du Congo et au Burundi aboutissent, tout en prévoyant le partage du pouvoir dans la période postélectorale.  Enfin, l’ambassadeur a déclaré appuyer pleinement les recommandations figurant au rapport.


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