CS/8247

À NAIROBI, LE CONSEIL DE SÉCURITÉ APPELLE VIVEMENT À LA SIGNATURE D’UN ACCORD DE PAIX GLOBAL AU SOUDAN D’ICI LA FIN DE L’ANNÉE

18/11/2004
Communiqué de presse
CS/8247


Session du Conseil de sécurité à Nairobi                   

5080e séance – matin                                       


À NAIROBI, LE CONSEIL DE SÉCURITÉ APPELLE VIVEMENT À LA SIGNATURE D’UN ACCORD DE PAIX GLOBAL AU SOUDAN D’ICI LA FIN DE L’ANNÉE


L’ONU prépare déjà une vaste opération multidimensionnelle


NAIROBI, 18 novembre -- Le Conseil de sécurité a ouvert la réunion qu’il tient exceptionnellement à Nairobi, au Kenya, en appelant vivement les parties au long conflit soudanais à signer, d'ici à la fin de l'année, un accord de paix global.


La plupart des membres du Conseil se sont félicités de la décision de tenir une réunion en dehors du Siège de l’ONU à New York.  Ils ont affirmé que la décision de se réunir en Afrique, est, comme l’a affirmé le Secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan, un « fait rare et hautement symbolique », une preuve supplémentaire de la détermination du Conseil à mettre fin aux conflits qui affectent le continent.


Le chef d’État kényen, Mwai Kibaki, a appelé la communauté internationale à ne pas tourner le dos au Soudan et à la Somalie, en l’invitant à continuer sa collaboration avec l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) et l’Union africaine afin que les négociations de paix soient couronnées de succès.  Se référant plus particulièrement au Soudan, le Secrétaire général a souhaité que les protocoles d’accord de Naivasha soient appliqués sans plus tarder.  Il a ajouté que les atermoiements quant à leur application ont de graves répercussions dans le sud du pays, mais aussi ailleurs, comme au Darfour.


Les membres du Conseil ont également entendu Ali Othman Taha, Vice-Président du Soudan, réitérer la promesse selon laquelle son pays s’engage à mettre fin à la crise qui l’affecte.


Pour sa part, John Garang, le chef du Mouvement de libération du peuple soudanais, a souhaité que les parties au conflit offrent au Soudan, à l’Afrique et au monde, un « cadeau de Noël et de fin d’année, » en signant bientôt un accord de paix global.  Le Président du Conseil de sécurité, John Danforth (États-Unis), a, quant à lui, réaffirmé la détermination du Conseil à appuyer le Soudan.  Il a souhaité que ce pays connaisse enfin un avenir viable et une paix durable.


La communauté internationale a été appelée à soutenir le processus de paix, en mobilisant des ressources, afin notamment que l’Union africaine puisse réaliser au Soudan une opération efficace permettant aux Soudanais de recueillir concrètement les dividendes de la paix.  Le Secrétaire général a déclaré que, pour sa part, l’ONU prépare déjà une vaste opération multidimensionnelle propre à favoriser une paix durable.  Il a affirmé que la situation au Soudan, et dans d’autres pays d’Afrique comme la Côte d’Ivoire, est une sérieuse épreuve pour le continent africain et la communauté internationale.  L’Organisation des Nations Unies, a dit le Secrétaire général, doit tout faire pour faire en sorte que les efforts soient à la hauteur des défis.


Déclarations


Le Président du Conseil de sécurité, JOHN DANFORTH (États-Unis), a relevé l’importance de cette session qui se tient en dehors de New York pour la quatrième fois depuis 1952.  Ceci, a-t-il dit, témoigne de l’intérêt que le Conseil de sécurité accorde à l’avenir du Soudan et aux processus de paix en cours en Afrique.  Il a ensuite salué la présence du chef d’État kényen et remercié le Gouvernement du Kenya.


Le Président kényen, MWAI KIBAKI, a noté qu’en se réunissant à Nairobi pour examiner la situation au Soudan et en Somalie, le Conseil de sécurité démontre son engagement ferme en faveur de la Corne de l’Afrique.  Le Kenya, a-t-il souligné, a également souffert des conflits au Soudan et en Somalie, ayant accueilli de nombreux réfugiés des deux pays.  Le pays tout entier a connu une insécurité grandissante due au trafic d’armes illicites.  Il a également mis en exergue le rôle que son pays a longtemps joué dans la recherche de solutions durables à ces conflits.


En dépit de la crise au Darfour, a-t-il poursuivi, le processus de paix au Soudan est en bonne voie grâce aux négociations de paix de Naivasha.  En Somalie, l’évolution de la situation est encore plus encourageante.  Les députés du Parlement somalien ont été élus, le Président a prêté serment le 14 octobre 2004, un gouvernement fédéral de transition est en place et le Premier Ministre nommé. Toutefois, il reste beaucoup à faire.  Le processus ne sera complété que lorsque les structures définitives seront en place.  En conclusion, le Président Kibaki a exhorté la communauté internationale à continuer ses efforts de paix et de sécurité aux côtés de l’IGAD et de l’Union africaine.


Pour sa part, le Secrétaire général de l’ONU, KOFI ANNAN, a affirmé que la décision prise par le Conseil de sécurité de se réunir en Afrique, « fait rare et hautement symbolique », est tout a fait appropriée, précisant que cette session avait pour but principalement d’examiner la situation au Soudan, le plus grand pays du continent et aussi, malheureusement, un de ceux que les conflits touchent le plus durement.  Grâce à l’habilité et à la patience de l’IGAD, le processus de paix de Naivasha offre au Soudan un réel espoir d’échapper à ce long cauchemar, et une chance de transformer son paysage politique et son système de gouvernance, a-t-il indiqué.  M. Annan a souligné par ailleurs que le Gouvernement soudanais et le SPLM/A avaient déjà convenu que les principes du Protocole de Machakos serviraient de base au règlement des conflits dans d’autres régions, dont le Darfour.


Le Secrétaire général a, en effet, invité le Conseil à se pencher, au cours de cette réunion, sur le conflit au Darfour.  Il a regretté que les conditions de sécurité continuent de se détériorer dans cette région, malgré les accords de cessez-le-feu signés à N’Djamena et renforcés à Abuja.  Il a ajouté que tant que le gouvernement, ses milices et les groupes rebelles violent ces accords, les activités humanitaires de l’ONU et de ses partenaires risquent d’être difficiles, voire impossibles à mener à bien.  Le Secrétaire général a exhorté les parties à respecter strictement ces accords, et insisté pour que les autres questions en suspens trouvent une solution rapide.  Déplorant les conséquences subies par beaucoup de civils innocents, le Secrétaire général a déclaré que l’impunité doit être combattue.  M. Annan a indiqué que l’ONU préparait une vaste opération multidimensionnelle propre à favoriser une paix durable avec l’appui des pays donateurs et de l’Union africaine.


Au nom du Président de l’Union africaine, M. ALHADJI AMINU WALI (Nigéria) a réitéré le souhait de l’Union africaine de voir toutes les parties adhérer aux engagements de désarmer les milices janjaouites, d’assurer la sécurité des civils et de traduire en justice ceux qui auraient commis des crimes contre les populations civiles.  Il a salué le fait que le Gouvernement du Soudan ait respecté ses engagements relatifs à l’accès humanitaire.  L’action positive du Gouvernement de Khartoum a notamment permis à plus de 40 organisations non gouvernementales, à la Croix Rouge internationale et aux agences de l’ONU d’y opérer, a-t-il dit.


Il a annoncé également que son pays s’engageait dans le cadre de l’Union africaine à augmenter à 3 320 l’effectif de son personnel au Darfour.  Ce contingent comprendrait 2 341 militaires, 450 observateurs et 815 membres de la police civile.  Il a également salué le fait que le mandat de l’Union africaine ait été élargi, lui permettant de veiller au mécanisme de contrôle et de suivi, de vérification et de sécurité des personnes déplacées.


Pour JOHN GARANG, chef du Mouvement pour la libération du peuple soudanais (SPLM/A), a estimé que la réunion du Conseil de sécurité à Nairobi est un moment historique dans la perspective d’un accord global pour le Soudan.  M. Garang a indiqué que l’essentiel était déjà en place pour un tel accord, ajoutant qu’il reste simplement à le mener à bon terme.  M. Garang a affirmé qu’il appartient au Gouvernement soudanais et au SPLM/A de signer les accords et de les appliquer afin de mettre un terme définitif au conflit.  Le SPLM/A est déterminé à travailler avec toutes les parties pour ne pas retarder le processus et à signer l’accord global dès que possible, a-t-il assuré.  Il a relevé que deux questions importantes demeuraient cependant en suspens, notamment celle du financement des forces armées ; étant entendu que les deux forces seraient traitées sur un pied d’égalité.


Pour résoudre ces problèmes et instaurer une paix juste et durable dans le pays, il est important que l’accord central soit signé, a-t-il précisé.  Le SPLM/A pour sa part participera de manière active au gouvernement de coalition, et s’engage également à participer à un processus électoral libre et équitable, à préserver la paix et l’intégrité territoriale du pays pendant la période de transition, tout en mettant en œuvre tous les aspects de l’accord de paix.


Évoquant la situation dans le Darfour, M. Garang a affirmé que le Soudan risquait d’imploser si rien n’était fait, en prédisant des graves conséquences sur l’ensemble de la sous-région.  Il a pressé le Conseil de sécurité de voter une résolution au cours de cette session, considérant que les accords de Naivasha ne peuvent être renégociés et qu’ils devraient être signés le plus rapidement possible.


M. YOWERI MUSEVENI, Président de l’Ouganda, également Président en exercice de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD), a préconisé une approche nationale et régionale pour ramener la paix sur le continent, qui passe par la connaissance du problème et l’accès à l’information, la réunion de toutes les parties prenantes et l’appel à la solidarité internationale.  Rappelant que le Soudan est le point de convergence des différents groupes ethniques africains, il a ajouté que les dirigeants de ce pays avaient longtemps refusé les conseils qui leur étaient prodigués dans la sous-région.  Pour ce qui est de la Somalie, il a appelé l’IGAD, l’Union africaine et l’ONU à appuyer le processus de paix en cours. La solution, a-t-il dit, doit être collective.


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