CS/8230

QUATRE ANS APRÈS L’ADOPTION DE LA RÉSOLUTION 1325, LE CONSEIL AFFINE LES MOYENS DE PROTÉGER LES FEMMES DANS LES CONFLITS ARMÉS, EN PARTICULIER DE LA VIOLENCE SEXISTE

28/10/2004
Communiqué de presse
CS/8230


Conseil de sécurité

5066e séance – matin et après-midi


QUATRE ANS APRÈS L’ADOPTION DE LA RÉSOLUTION 1325, LE CONSEIL AFFINE LES MOYENS DE PROTÉGER LES FEMMES DANS LES CONFLITS ARMÉS, EN PARTICULIER DE LA VIOLENCE SEXISTE


Avant de rendre publique la Déclaration présidentielle marquant le quatrième anniversaire de la résolution 1325 sur les femmes, la paix et la sécurité, les 15 membres du Conseil de sécurité ont d’abord invité de nombreux représentants des États Membres et responsables du système des Nations Unies, dont la Haut-Commissaire aux droits de l’homme, Louise Arbour, à évaluer, en présence du Secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan, le degré de mise en œuvre de ce « texte historique » visant à garantir la protection des femmes dans les conflits armés et assurer leur participation aux processus de prévention des conflits, de maintien et de consolidation de la paix. 


Se fondant sur le rapport pertinent du Secrétaire général, les intervenants ont salué les « progrès indéniables » réalisés jusqu’ici tout en relevant la persistance « de graves lacunes et difficultés ».  En la matière, c’est surtout l’incapacité de la communauté internationale de prévenir « le nombre considérable de cas de violence sexiste pendant les conflits armés » qui les a préoccupés.  Les exemples ne sont que trop nombreux, note le rapport du Secrétaire général, en pointant du doigt l’Afghanistan, le Burundi, la Côte d’Ivoire, le Tchad, la région du Darfour au Soudan et la République démocratique du Congo.


En République démocratique du Congo, on estime à 35 000 le nombre de femmes et de filles victimes de violence sexiste depuis le début de la guerre, en 1996, a indiqué la représentante du Réseau congolais pour la défense des droits et la paix, Agathe Rwankuba.  Cette dernière a appelé le Conseil à agir immédiatement pour mettre fin à l’impunité, en aidant d’une part son pays à harmoniser ses normes des droits de l’homme avec les normes internationales dont celles du Statut du Rome, et d’autre part en lançant des enquêtes internationales pour établir les responsabilités individuelles et collectives.


Les commissions d’enquête et les observateurs des droits de l’homme, déclarent les membres du Conseil dans leur Déclaration présidentielle, doivent avoir les compétences et la formation nécessaires en ce qui concerne les crimes à motivation sexuelle et la conduite des enquêtes.  Ils demandent au Secrétaire général de s’en assurer et lancent le même appel aux tribunaux nationaux et internationaux spécifiquement créés pour poursuivre les crimes de guerre.  Ils leur demandent, en particulier, d’élaborer des programmes soucieux de l’égalité entre les sexes pour la protection des victimes et des témoins.


La politique de tolérance zéro vis-à-vis de la violence sexiste prônée par toutes les délégations, et, en conséquence, l’importance d’une mise en œuvre accélérée de la résolution 1325, a donné lieu à un foisonnement de propositions sur les mécanismes de suivi à mettre en place.  L’attribution au Conseil de sécurité d’un rôle catalyseur de l’action de la communauté internationale a toutefois fait craindre à des États comme l’Algérie « le risque de déborder le cadre de la résolution 1325 ».  Pour ces délégations, la conception de l’action multidimensionnelle qu’exige la mise en œuvre de ce texte revient de droit à l’Assemblée générale, organe universel déjà doté des mécanismes traitant de la condition de la femme et des droits de l’homme.  Dans la déclaration présidentielle, les membres du Conseil s’engagent à une coopération active avec l’Assemblée et le Conseil économique et social.  Ils prient le Secrétaire général de leur présenter en octobre 2005, un plan d’action assorti d’un calendrier précis pour l’application de la résolution 1325 dans l’ensemble des organismes des Nations Unies. 


Outre les 15 membres du Conseil, 27 représentants d’États Membres, la Haut-Commissaire aux droits de l’homme et la représentante de l’ONG congolaise, le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, la Directrice exécutive du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), la Directrice exécutive du Fonds de développement des Nations Unies pour la femme (UNIFEM), la Directrice de l’Institut international de recherche et de formation pour la promotion de la femme (INSTRAW) et l’Observateur du Secrétariat du Commonwealth ont pris la parole.


LES FEMMES, LA PAIX ET LA SÉCURITÉ


Rapport du Secrétaire général (S/2004/814)


      Dans ce rapport, le Secrétaire général fournit des exemples représentatifs des progrès accomplis jusqu’à présent dans l’application de la résolution 1325 (2000).  Il y recense les difficultés et formule des recommandations sur les mesures que pourraient prendre le Conseil de sécurité et d’autres intervenants.  Le Secrétaire général constate d’emblée, malgré des progrès indéniables, de graves lacunes et difficultés dans tous les domaines, en particulier en ce qui concerne la participation des femmes à la prévention des conflits et aux processus de paix, la prise en compte des questions liées à l’égalité des sexes dans les accords de paix, l’attention portée aux contributions et aux besoins des femmes dans les opérations humanitaires et les opérations de maintien de reconstruction, et la représentation des femmes aux postes de décision. 


Il ajoute que l’augmentation de la violence sexiste, notamment des sévices sexuels, est une préoccupation majeure.  Le Secrétaire général consacre à la question tout un chapitre à l’issue duquel il recommande, entre autres, aux États Membres, aux organismes des Nations Unies et autres organes compétents de mettre fin à l’impunité et de s’assurer que les tribunaux internationaux et nationaux disposent des ressources nécessaires et ont mis en place des programmes sexospécifiques pour la protection des victimes et des témoins.  Il demande aussi à l’Assemblée générale d’allouer les ressources humaines et financières nécessaires aux programmes qui fournissent soins et soutien à ces victimes, par l’intermédiaire de services juridiques, économiques, psychosociaux et d’hygiène sexuelle.


Avant cela, le Secrétaire général passe en revue ce qui a été accompli par les processus intergouvernementaux dont le Conseil de sécurité et l’Assemblée générale.  Il passe ensuite à la prévention des conflits et à l’alerte rapide, pour, après avoir expliqué les activités menées, dire son intention d’élaborer une stratégie globale à l’échelle du système assortie d’un plan d’action pour que l’on prête une plus grande attention au rôle que peuvent y jouer les femmes.  En la matière, il prie les États Membres, les entités des Nations Unies, les ONG et d’autres parties intéressées d’agir ensemble.  Concernant l’implication des femmes dans les processus et négociations de paix, le Secrétaire général donne plusieurs exemples avant d’engager les États, les entités de l’ONU et la société civile à élaborer des lignes directrices détaillées et des plans de formation à partir des dispositions types consacrées à la promotion de l’égalité des sexes dans les accords de paix.  Il dit son intention d’examiner les processus de paix récents et d’analyser les obstacles ou les occasions manquées qui ont empêché les femmes de participer pleinement aux négociations.


C’est dans le domaine du maintien de la paix, affirme par la suite le Secrétaire général, que les progrès les plus importants ont été accomplis en ce qui concerne la mise en œuvre de la résolution 1325.  Aujourd’hui, tous les mandats des nouvelles missions prennent en compte le problème de l’équité entre les sexes et 10 conseillers pour la parité des sexes ont été affectés à temps plein aux opérations de maintien de la paix en cours.  Après avoir expliqué les activités de ces conseillers, le Secrétaire général détaille la manière dont les États Membres, l’ONU et la société civile ont accordé une attention soutenue aux activités visant à sensibiliser la composante militaire, la police civile et le personnel civil aux problèmes de protection, aux droits et aux besoins des femmes ainsi qu’à la nécessité d’associer ces dernières à tous les efforts de maintien de la paix.  Là aussi, le Secrétaire général exprime son intention d’élaborer une stratégie et un plan d’action complets pour l’intégration des questions de sexospécificité dans les activités de maintien de la paix menées au Siège et dans le cadre des missions, en particulier la planification de nouvelles opérations, qui s’accompagneraient de mécanismes de contrôle et de suivi précis. 


Le Secrétaire général cite ensuite différents exemples de la manière dont les divers acteurs se sont employés à renforcer la participation des femmes dans les interventions humanitaires et à faciliter la prise en compte des sexospécificités.  Il engage, entre autres, les États Membres et les organismes, fonds et programmes de l’ONU de mettre en place un système coordonné de suivi des interventions humanitaires, doté d’indicateurs spécifiques qui permettent de déterminer dans quelle mesure les sexospécificités sont prises en compte sur le terrain.  Quant à l’implication des femmes dans les processus de reconstruction après les conflits, le Secrétaire général illustre ses propos par plusieurs exemples dont les activités de la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA).  Parmi ses cinq recommandations, il engage les États Membres, les organismes, fonds et programmes de l’ONU ainsi que la société civile à incorporer systématiquement une démarche soucieuse d’égalité entre les sexes à la planification, la mise en œuvre et le suivi de tous les programmes et budgets de reconstruction.  En matière de désarmement, de démobilisation et de réinsertion, le Secrétaire général appelle les États Membres, les organismes du système des Nations Unies et les ONG à élaborer des directives visant à accorder davantage d’attention aux besoins et à la contribution des femmes, à contrôler l’application de ces directives et à rendre compte régulièrement des progrès accomplis. 


Après son chapitre exhaustif sur la prévention de la violence sexiste dans les conflits armés, le Secrétaire général énonce des mesures pour améliorer la mise en œuvre de la résolution 1325.  Il défend, par exemple, l’idée de constituer une réserve de candidatures féminines présélectionnées pour les postes hors classe afin d’accélérer le déploiement dans les activités menées dans le domaine de la paix et de la sécurité.  Pour prévenir la violence sexiste, il appelle à une mise en œuvre plus systématique de sa circulaire sur les dispositions spéciales.  Il explique, en l’occurrence, que le Département des opérations de maintien de la paix a pu progresser, en améliorant la qualité des supports de formation, en rendant les procédures de plainte plus efficaces et en publiant une compilation de ses directives disciplinaires pour le personnel civil, militaire et de police civile.  De plus, indique encore le Secrétaire général, des postes de responsables du comportement du personnel, chargé d’aider les missions à prévenir et sanctionner les fautes commises par le personnel ont été créés dans les missions en Haïti, en République démocratique du Congo et au Burundi. 


Le Secrétaire général prône encore la coordination des activités et des partenariats, une prise en compte systématique de la question de la parité dans les procédures de contrôle et d’établissements des rapports et le renforcement de la diffusion et de l’échange d’informations.  


Déclarations


M. JEAN-MARIE GUÉHENNO, Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, a fait part d’un changement net et positif dans la manière dont on conçoit l’incidence des conflits armés sur les femmes, depuis l’adoption de la résolution 1325.  Il est également désormais admis que l’on ne peut reconstruire la paix en excluant la moitié des protagonistes.  Le Secrétaire général adjoint s’est dit fier que ce soit au sein du Département des opérations de maintien de la paix que les progrès les plus marquants aient été enregistrés.  Rappelant les informations contenues dans le rapport du Secrétaire général, il a estimé que les institutions humanitaires et de développement ont également de quoi se sentir fières.  Tous ces éléments des Nations Unies ne travaillent pas isolément, a-t-il souligné en rendant hommage à des acteurs tels que la Division pour la promotion de la femme ou encore le Bureau du Haut Commissaire aux droits de l’homme. 


Le Secrétaire général adjoint a ensuite souligné tout ce qui reste à faire.  Il a, par exemple, souhaité une meilleure coordination de l’action, une meilleure compréhension de la manière dont les commissions vérité et réconciliation répondent aux besoins des femmes ou encore une plus grande représentation des femmes dans les négociations de paix ou dans les missions de maintien de la paix.  Concluant sur la question de la violence fondée sur le sexe, il a estimé que pour atteindre les résultats voulus, la question ne doit pas être traitée de manière isolée.  La résolution de cette question exige un véritable partenariat entre les hommes et les femmes.  Quant aux plaintes contre le personnel du maintien de la paix, il a affirmé que des enquêtes sont systématiquement menées mais que pour atteindre des résultats plus probants, les Nations Unies doivent travailler main dans la main avec les États Membres.  En la matière, un seul incident est tout simplement inacceptable, a-t-il assuré pour souligner l’importance de la question.  Il a terminé en souhaitant que l’attention voulue soit accordée au rapport du Secrétaire général sur des victimes des conflits qui bien souvent détiennent les clefs de la reconstruction durable de pays qu’elles connaissent bien.


Mme LOUISE ARBOUR, Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, rappelant son récent exposé devant le Conseil de sécurité sur la situation des droits de l’homme au Darfour, en particulier des femmes, a souligné que l’objectif de la résolution 1325 (2000) est précisément de faire face aux besoins des femmes et des filles lors de telles crises.  Les femmes continuent d’être victimes d’une forme particulière de sévices, a-t-elle déploré.  Les conflits exacerbent en outre les actes de violence sexistes et la possibilité d’impunité des auteurs de ces actes, a-t-elle noté.  Ces 20 dernières années, la communauté internationale a reconnu l’importance de ce problème et s’est assurée que les auteurs de ces violences rendent des comptes.  À la suite des violences sexuelles commises en ex-Yougoslavie et au Rwanda, des normes ont été établies pour faire en sorte que ces pratiques soient considérées comme des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité par les Tribunaux pénaux internationaux spéciaux, a-t-elle poursuivi, ajoutant que ces initiatives se reflétaient à présent dans le Statut de la Cour pénale internationale (CPI).


Mais la communauté internationale doit redoubler d’efforts contre l’impunité, en mettant en place des systèmes de justice plus efficaces.  Ces derniers reçoivent rarement l’appui financier nécessaire.  En outre, l’appui à la construction de tout système de justice doit inclure les femmes et des procédures concernant les questions liées à la sexospécificité, a-t-elle expliqué.  Sans la pleine participation des femmes, les efforts pour reconstruire des sociétés dévastées par la guerre seront vains.  Mme Arbour a également mis l’accent sur la traite des êtres humains, qui rend à présent les femmes encore plus vulnérables face à ceux qui leur promettent un environnement plus sûr et des possibilités d’emploi.  Il ne peut y avoir aucune tolérance pour l’exploitation sexuelle des populations vulnérables, a-t-elle ajouté.  Par ailleurs, l’exploitation sexuelle des femmes et des enfants vulnérables est un crime aggravé par l’abus d’autorité qui accompagne son contexte, a-t-elle dit.  À ce titre, Mme Arbour a salué les initiatives du Secrétaire général en ce sens, estimant qu’elles permettront de clarifier la situation de tous ceux qui participent à des opérations de maintien de la paix. 


Alors que le Conseil de sécurité fête le quatrième anniversaire de l’adoption de la résolution 1325 (2000), la Haut-Commissaire aux droits de l’homme a invité ses membres à fournir des explications concernant l’application de tous les aspects de cette résolution, notamment l’obligation de protéger les femmes et les filles en période de conflit; de leur permettre une participation équitable au processus de paix ainsi que dans la prévention des conflits; l’assurance d’un accès à la justice et l’intégration des perspectives sexospécifiques dans toutes les missions de maintien de la paix ainsi que dans les activités humanitaires.  Mme Arbour a également exhorté le Conseil de sécurité d’assurer que tous les mécanismes futurs de justice transitionnelle soient fondés sur les normes en vigueur, tout en recrutant des juges et conseillers possédant une expertise en matière de droits des femmes, et s’assurant que les procureurs respectent les intérêts et la situation des femmes qui viennent témoigner et prennent en compte la nature particulière des crimes sexistes.  Mme Arbour a en outre exhorté le Conseil de sécurité à utiliser toute son influence pour générer une volonté politique ainsi qu’un soutien financier en faveur de la protection des droits des femmes et l’accès à la justice par la reconstruction d’un secteur de justice qui réponde à leurs besoins.


Mme THORAYA AHMED OBAID, Directrice exécutive du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), a dénoncé, à son tour, les effets de la violence sexuelle.  Les conséquences psychologiques de cette violence s’ajoutent à des maladies comme le VIH/sida.  Pour les femmes concernées, ces préoccupations sont loin d’être marginales et touchent le cœur même de leur existence.  Les réactions sont insuffisantes, a-t-elle prévenu en appelant à faire plus.  Il est temps, a-t-elle dit, de mettre en place un système de responsabilités au sein des Etats Membres et des Nations Unies en ce qui concerne la mise en œuvre de la résolution 1325.  En la matière, il faut de la volonté politique, des mesures pour punir la violence sexuelle, une police et du personnel humanitaire formés, des programmes de formation pour le personnel de santé, la fourniture d’une aide exhaustive aux victimes et des campagnes de sensibilisation au sort des victimes.  Au Rwanda, deux tiers des femmes qui ont été violées pendant les évènements de 1994 sont aujourd’hui séropositives, a-t-elle indiqué pour souligner l’urgence du problème.  Ces violations se poursuivront tant que les coupables ne craindront pas d’être punis pour les crimes commis.  Pour cela, il faut s’attacher à mobiliser les ressources nécessaires à l’application des décisions, en particulier la résolution 1325 du Conseil de sécurité.


Mme ANNE WOODS PATTERSON (États-Unis) a estimé que les Nations Unies devaient renforcer leur réaction face aux actes de violence sexiste dont sont victimes les femmes dans les situations de conflit.  S’agissant de la traite des personnes, la représentante a rappelé que ce problème était aggravé en situation de conflit, mais empirait encore avec la présence d’opérations de maintien de la paix.  Affirmant que les États-Unis sont résolus à lutter contre le trafic de personnes organisé par des groupes criminels, la représentante a expliqué que des normes et des peines rigoureuses avaient été définies pour lutter contre ce fléau.  En outre, les États-Unis apportent des contributions généreuses à plus de 110 pays en la matière, a-t-elle précisé.  En juillet 2004, M. Guéhenno et le Secrétaire général ont approuvé une politique contre l’exploitation et la traite des êtres humains dans le cadre des opérations de maintien de paix, a poursuivi la représentante.  Celle-ci fixe les normes pour le comportement personnel des Casques bleus, en interdisant notamment des activités sexuelles avec les personnes de moins de 18 ans.  La représentante s’est également félicitée que l’ONU ait réaffirmé qu’elle appliquerait une politique de tolérance zéro en la matière.  Mme Patterson a souligné que les États-Unis avaient appuyé financièrement la production d’un manuel sur le sujet qui sera traduit dans 10 langues de pays qui fournissent des contingents.  Il faut que l’ONU joue un rôle de leader en la matière et soit à l’avant-garde de la lutte contre la violence fondée sur le sexe.


M. HERALDO MUÑOZ (Chili) a lui aussi souligné l’énormité de la tâche qu’il reste à accomplir pour répondre aux besoins des femmes dans les conflits et les processus de reconstruction.  Il a, à son tour, mis l’accent sur l’urgence qu’il y a à lutter contre la violence sexuelle.  Il faut mettre fin à l’impunité, a-t-il préconisé en souhaitant que les tribunaux disposent de la formation nécessaire.  Soulignant l’implication de son pays dans la recherche de solutions à ce problème, le représentant a attiré l’attention sur un rapport qui fait la somme des travaux de l’atelier que son pays a organisé avec le Canada.  Il s’est aussi attardé sur les différentes initiatives prises par la société civile.  Beaucoup d’informations existent sur le problème des femmes et des filles, a-t-il fait remarquer avant d’estimer qu’il faut désormais développer des mécanismes de surveillance efficaces permettant de contrôler de manière plus systématique l’application de la résolution 1325. 


M. JOEL W. ADECHI (Bénin) a rappelé qu’en adoptant, en 2000, la résolution 1325, la volonté du Conseil de sécurité avait été de se doter d’un instrument commun dans la lutte contre les violences sexuelles.  Le rapport du Secrétaire général sur les femmes, la paix et la sécurité insiste cependant sur la persistance de la violence et de la traite des êtres humains dont sont victimes les femmes en situation de conflit ou post-conflit, a-t-il fait remarquer.  Dans les conflits internes, qui se déroulent souvent à rideaux fermés, les femmes sont d’autant plus vulnérables à ces actes de violence, a-t-il noté.  La lutte contre ce type de violence doit être pleinement renforcée, notamment par l’introduction dans le cadre juridique de règles et de normes pour juger de ces cas et en faisant pression sur les parties pour qu’elles respectent les normes internationales en matière de droits de l’homme.  L’ONU devra rechercher les voies à suivre pour mieux intégrer l’application de sa résolution 1325, a estimé le représentant.  À cet égard, il a estimé que les opérations de maintien de la paix, à travers leur composition et leur mandat, sont un instrument utile et déterminant pour la mise en œuvre de ces mesures.


M. LAURO BAJA (Philippines) a souligné que d’une manière générale, une grande signification a été accordée à la résolution 1325.  Pour renforcer la réponse des Nations Unies à la question de la violence fondée sur le sexe, a-t-il dit, entre autres, il faut une stratégie d’intégration de la sexospécificité dans tous les domaines d’action de l’ONU, en particulier le maintien de la paix.  Il faut, en la matière, tenir compte du rôle du Conseil économique et social ainsi que des recommandations du Haut Commissaire aux droits de l’homme.  Il faut aussi, a ajouté le représentant, un effort conscient pour sensibiliser les protagonistes sur le terrain.  Après avoir prôné un système de suivi et d’établissement de rapports efficace, le représentant a demandé dans quelle mesure l’ONU peut faire un inventaire des ressources nécessaires à l’application de la résolution 1325.  Il faut, a-t-il dit, que les États Membres progressent dans la mise en œuvre de leur plan d’action national et ils doivent pour cela disposer des informations nécessaires.  Il faut donc renforcer la coopération aux fins de l’application de la résolution 1325. 


M. JUAN ANTONIO YANEZ-BARNUEVO (Espagne), s’associant à la déclaration faite par le représentant des Pays-Bas au nom de l’Union européenne, a noté que tout au long des quatre années écoulées, la communauté internationale avait souligné l’importance du rôle des femmes dans la prévention, la gestion et la consolidation de la paix.  Il a toutefois estimé que beaucoup restait à faire dans l’application de la résolution 1325 (2000).  Se félicitant de l’inclusion des crimes sexuels dans le statut de la CPI, le représentant a cependant déploré que les femmes et les filles demeurent victimes d’actes de violence sexuelle sur le terrain.  Dans ce contexte, il a invité la communauté internationale à adopter des mesures supplémentaires, notamment en ce qui concerne la formation en matière de parité, du personnel des Nations Unies participant à des opérations de maintien de la paix; en multipliant les efforts pour mettre fin à l’impunité des auteurs de tels actes; en augmentant les services et les soins aux victimes; en garantissant une meilleure coordination du système des Nations Unies et la mise en place de mécanismes de suivi; et en améliorant la qualité et le volume des informations obtenues pour planifier davantage la réaction de la communauté internationale.  La résolution 1325 constitue une promesse pour les femmes du monde entier que leurs droits seront protégés, a-t-il déclaré, déplorant qu’au cours des quatre années écoulées, elle n’ait pas été appliquée dans tous les domaines.  Dans ce contexte, le représentant de l’Espagne a estimé que le Conseil de sécurité devait envisager la création en son sein d’un mécanisme permanent de suivi de l’application de la résolution 1325.


M. ABDALLAH BAALI (Algérie) a estimé que les efforts déployés jusqu’ici pour la mise en œuvre de la résolution 1325 restent insuffisants et que les résultats demeurent très en deçà des ambitions de la résolution.  Il a estimé que la création d’un système de surveillance placé sous l’autorité du Conseil risque de déborder le cadre de la résolution 1325.  Il s’est demandé si le Conseil est le cadre le plus approprié pour mener une action multidimensionnelle de par ses implications et qui met en relation, pour sa mise en œuvre, une multitude d’acteurs gouvernementaux et non gouvernementaux.  La tentation du Conseil de s’ériger en concepteur et superviseur de la stratégie des Nations Unies dans ce domaine peut se heurter à des difficultés objectives.  Il est clair que la réalisation des objectifs de la résolution 1325 implique une action collective et une solidarité qui a souvent fait défaut lorsqu’il s’est agi de traiter de la dimension économique et sociale dans la prévention des conflits et dans l’instauration d’une paix et d’une stabilité durables.  Il faut réfléchir aux implications qui découleraient d’un dépassement par le Conseil de ses compétences et se rendre compte du risque d’affaiblissement de l’autorité des organes et mécanismes traitant de la condition de la femme et des droits de l’homme en général.  Cela montre, a conclu le représentant, le besoin d’une stratégie cohérente dans son élaboration et coordonnée dans sa mise en œuvre.  L’Assemblée générale, a-t-il dit, représente le cadre auquel doit revenir la conception d’une telle politique.


M. JEAN-MARC DE LA SABLIÈRE (France), s’associant à la déclaration qui sera prononcée par la présidence néerlandaise de l’Union européenne, a estimé qu’il fallait veiller à ce que les rapports écrits mais également oraux ne passent pas sous silence la question des violences que subissent les femmes dans les conflits armés.  Toutefois, des contraintes techniques limitent le volume des informations sexospécifiques dans les rapports, a-t-il fait remarquer, et le Conseil de sécurité pourrait donc obtenir des éléments plus détaillés sous une forme à définir.  S’agissant du contenu sexospécifique du mandat des opérations de maintien de la paix, le représentant a rappelé que la France s’était mobilisée pour que celles-ci intègrent systématiquement une dimension sexospécifique et visent explicitement la résolution 1325 (2000), telles que les mandats de l’ONUCI et de l’ONUB.  Concernant les missions du Conseil de sécurité sur le terrain, le représentant de la France s’est en outre engagé à ce que la prochaine mission dans la région des Grands Lacs prévoie des contacts avec les associations de femmes comme cela avait été le cas l’an passé à Bunia et à Bujumbura.  Pour éviter les drames que constituent les violences contre les femmes, le représentant de la France a estimé que la communauté internationale ne faisait sans doute pas assez attention aux signaux annonciateurs de violences sexistes.  Par ailleurs, lorsque des informations préoccupantes nous sont communiquées, nous devons réagir plus efficacement, a-t-il estimé.  La communauté internationale doit également s’assurer que les coupables de telles violences soient punis et que les victimes obtiennent protection et réparation, a-t-il conclu.    


M. JULIO HELDER DE NOURA LUCAS (Angola) a estimé que la résolution 1325 a reconnu trois réalités, à savoir l’immense potentiel des femmes dans la résolution des conflits, leur place de victimes les plus flagrantes dans les conflits armés et la nécessité d’intégrer la dimension sexospécifique aux processus de paix et de reconstruction.  Il reste encore beaucoup à faire pour appliquer complètement la résolution, a-t-il reconnu à son tour, en appelant les États Membres, le système des Nations Unies et la société civile à trouver ensemble des moyens novateurs de faire du plaidoyer et de la mobilisation.  Le Conseil pourrait, a-t-il aussi souhaité, envisager un mécanisme pour suivre l’application de la résolution 1325.  Le représentant a conclu en faisant part des efforts déployés par son pays au niveau national et dans le cadre de la Communauté des États d’Afrique australe (SADC).  Il a affirmé que les élections prévues pour 2006 seront l’occasion pour les femmes angolaises de jouer le rôle qui leur revient dans les structures de prises de décisions du pays.  


M. MUNIR AKRAM (Pakistan) a souligné que l’histoire montre que les femmes et les filles subissent de manière disproportionnée la violence lors de conflits.  Notant le chemin à accomplir pour parvenir aux objectifs de la résolution 1325 (2000), il a cependant souligné que les meurtres et les viols systématiques se poursuivent, et ce, à cause de l’impunité dont bénéficient leurs auteurs.  Les enquêtes sur les actes de violence sexiste n’aboutissent presque jamais et les femmes n’ont pas accès à la justice, a-t-il regretté.  Notant par ailleurs les progrès réalisés dans l’application des dispositions de la résolution 1325 relatives au rôle des femmes dans les opérations de maintien de la paix, le représentant du Pakistan a rappelé que les contingents déployés par son pays comprenaient des femmes, qui servent comme officiers, médecins ou infirmières dans des environnements difficiles en Afrique et dans les Balkans.  Par ailleurs, le Pakistan incorpore les deux modules de formation génériques des Nations Unies dans la formation de son personnel, a-t-il expliqué.  Cependant, la mise en œuvre de la résolution 1325 (2000) demeure un défi énorme pour la communauté internationale, a-t-il estimé.  Pour y parvenir, il faudra une prise de conscience universelle à l’égard de cette résolution, un engagement soutenu et à long terme du Conseil de sécurité, des États Membres et des organismes internationaux ainsi que des ressources financières suffisantes, a-t-il estimé.  Le représentant a ensuite développé une stratégie en 10 points, insistant notamment sur la nécessité de renforcer les dispositions et le plein respect du droit international, l’inclusion de la problématique hommes/femmes dans les programmes, le développement de moyens pour faire face aux besoins des femmes et permettre leur participation dans le règlement des conflits et la reconstruction. 


M. WOLFGANG TRAUTWEIN (Allemagne) a prévenu que la violence sexiste ne peut être combattue que par l’habilitation des femmes dans toutes les sphères de la société qu’elles soient publiques ou privées.  Le fait que les femmes représentent la grande majorité des victimes des conflits tout en étant sous-représentées à tous les niveaux de prises de décisions montre la nécessité d’outils et d’instruments efficaces pour la mise en œuvre de la résolution 1325.  Le représentant a plaidé pour l’intégration de l’approche sexospécifique dans les négociations de paix, en particulier pour le conflit du Darfour.  Il s’est félicité des « excellentes » propositions contenues dans le rapport du Secrétaire général.  Tout en adhérant à ces dernières, il a estimé que l’Unité pour la parité du Département des opérations de maintien de la paix n’est pas une structure suffisante.  Compte tenu de l’ampleur du problème, il faut davantage de spécialistes et d’experts, a-t-il dit en encourageant l’ONU à former son personnel et les États à apporter leur aide.  Il a aussi souligné l’urgence qu’il y a à lutter contre l’impunité et rappelé, en la matière, le potentiel de la Cour pénale internationale qui doit compléter les mécanismes nationaux.  Le représentant a conclu en jugeant que le Groupe de travail sur le maintien de la paix place au centre de son ordre du jour la question de la parité entre les sexes et en saluant le rôle et la contribution de la société civile et des ONG.


M. MARTIN GARCIA MORITAN (Brésil) a souligné que la tâche du Conseil de sécurité était d’améliorer la résolution 1325 (2000) afin de la rendre universelle.  Son pays accorde une importance particulière à cette question, a-t-il ajouté, reconnaissant le rôle d’initiative que les femmes peuvent avoir dans le règlement des conflits.  Les femmes sont les victimes les plus vulnérables des conflits mais elles peuvent également participer activement aux processus de paix visant le règlement des conflits et la consolidation de la paix dans leur pays, a-t-il estimé.  La communauté internationale doit utiliser tous les instruments disponibles pour lutter contre les violences sexuelles, mais également la traite des femmes, a-t-il estimé.  À cet égard, le Brésil appuie l’intégration dans les législations nationales, en collaboration avec la communauté internationale, de mesures  condamnant les crimes sexistes.  Outre la ferme condamnation de ces crimes, la communauté internationale doit faire en sorte que les femmes puissent contribuer pleinement à l’adoption de politiques visant la mise en œuvre des programmes et projets dans ce domaine.  Les femmes demeurent minoritaires dans les opérations de maintien de la paix ainsi qu’aux postes importants au Secrétariat, a fait observer le représentant, encourageant à cet égard les efforts pour renforcer leur présence. 


M. MIHNEA MOTOC (Roumanie) a déclaré que son pays, dont les troupes participent aux opérations de maintien de la paix dans les Balkans, se félicite de la décision prise par l’OTAN lors de son sommet à Istanbul, d’adopter une politique de tolérance zéro contre les abus sexuels commis par les soldats de l’OTAN.  De telles mesures répondent parfaitement aux demandes contenues dans la résolution 1325, a estimé M. Motoc.  Les forces de maintien de la paix opérant dans les Balkans devront travailler étroitement avec les autorités locales et les responsables de la police en Bosnie-Herzégovine, au Kosovo et en ex-République yougoslave de Macédoine, afin de lutter contre le trafic de femmes, a insisté le représentant.  Des cours sur cette question devraient être dispensés aux personnels de ces opérations de maintien de la paix.  Les organisations internationales et les institutions locales devront pour leur part être mobilisées pour protéger et offrir un abri à ces femmes, le personnel de maintien de la paix devant rester en contact étroit avec ces organisations.  Enfin, a souligné M. Motoc, il est indispensable de développer des méthodes permettant d’évaluer les progrès accomplis dans la lutte contre les trafics de femmes, et de mettre en place un système confidentiel au sein des forces armées en vue d’y recueillir des informations sur toute violation de la politique de tolérance zéro.


M. ZHANG YISHAN (Chine) a souligné, à son tour, qu’il reste encore beaucoup à faire pour atteindre les objectifs fixés par la résolution 1325.  Adhérant aux recommandations contenues dans le rapport du Secrétaire général, le représentant a souhaité une meilleure coordination des efforts entre les États Membres, les organisations nationales et le système des Nations Unies.  Pour sa part, le Conseil de sécurité doit renforcer ses efforts de prévention des conflits et les pays donateurs doivent apporter toute l’aide possible aux pays qui risquent de basculer dans un conflit.  Ce n’est que dans un environnement de paix et de sécurité qu’il sera possible de protéger réellement les intérêts des femmes et leur permettre de jouer le rôle constructif qui leur revient dans le développement de leur pays.


M. SERGEY KAREV (Fédération de Russie) a noté avec satisfaction que les questions liées à la parité entre les sexes font l’objet de toute l’attention de l’activité des Nations Unies.  Le rapport du Secrétaire général sur les femmes, la paix et la sécurité contient de précieuses recommandations en la matière, a-t-il estimé, saluant l’initiative du Secrétaire général visant à élaborer une stratégie et un plan d’action pour l’intégration de ces questions dans les activités et programmes de l’ONU.  En outre, dans le contexte du relèvement à l’issue d’un conflit, la Fédération de Russie appuie également la recommandation visant à travailler sur la base de la Convention contre l’élimination de toute forme de discrimination à l’égard des femmes, a-t-il ajouté.  Le représentant a souhaité que les organes des Nations Unies et de l’ensemble de la communauté internationale continuent de porter leur attention sur la question.  


M. EMYR JONES PARRY (Royaume-Uni) a rappelé que l’objectif ultime de la réunion est d’examiner la manière d’assurer une paix durable grâce à l’application de la résolution 1325.  Cette résolution, a-t-il dit, doit être mise en œuvre au niveau national et le Royaume-Uni, a-t-il indiqué, étudie la manière de tirer parti de sa prochaine présidence du G-8 et de l’Union européenne pour accélérer la mise en œuvre de la résolution.  Au niveau national, des mesures sont prises, entre autres, au niveau de la sensibilisation de l’armée, donnant les exemples des initiatives lancées par son pays en faveur des Afghanes, des Iraquiennes, des Congolaises de la RDC et des Timoraises.  Le plus important, a-t-il estimé, est de reconnaître le rôle d’appui que la société civile peut jouer.  C’est la raison pour laquelle le Royaume-Uni coopère avec les ONG dans de nombreux domaines et de nombreuses parties du globe.  Le représentant a poursuivi sur la question de la lutte contre l’impunité, en appelant le Conseil à assumer la responsabilité de mettre en œuvre sa résolution et de faire en sorte que tous ses aspects soient dûment intégrés dans les mandats des opérations de maintien de la paix et des activités de l’ONU.  Il faut aussi, a-t-il encore dit, établir sa responsabilité dans la situation des femmes après les conflits.  Les incertitudes économiques et sociales forcent trop souvent les femmes à la prostitution et à l’esclavage sexuel.  Il faut donc, a dit le représentant, créer un environnement qui donne de l’espoir et impliquer les femmes dans la reconstruction et les structures institutionnelles des pays sortant de conflit.  Concluant sur le personnel de l’ONU sur le terrain, il a souligné qu’il représente le Conseil et qu’à ce titre, lorsqu’il abuse de son pouvoir, il abuse dans le même temps de la volonté de la communauté internationale.  Le représentant a espéré que la déclaration présidentielle constituera une première étape vers la solution des problèmes par le Secrétaire général dans son rapport.


Mme MOBINA JAFFER (Canada) a rappelé qu’en juin dernier, dans son rapport sur la protection des civils dans les conflits armés, le Secrétaire général avait fait valoir que la communauté internationale manquait à l’obligation collective de protéger les femmes et les enfants contre les violences sexuelles et sexistes.  Il incombe au Conseil de sécurité de coopérer avec les pays et les gouvernements, là où il en existe, pour donner suite à ces crimes, a dit Mme Jaffer.  Des progrès ont été réalisés en vue d’établir un cadre international pour remédier à la violence sexiste dans les conflits armés, a-t-elle noté.  Ces 10 dernières années, on s’est attaché de façon plus systématique à l’élaboration de normes internationales visant à enrayer la violence à l’égard des femmes, et à développer le droit international humanitaire.  Le résultat le plus tangible, a souligné Mme Jaffer, est le Statut de la Cour pénale internationale, qui définit le viol et d’autres formes de violence à l’égard des femmes en tant que crimes de guerre et crimes contre l’humanité.  Le développement de la jurisprudence et l’exercice de poursuites pénales contre les auteurs de violences à l’égard des femmes et des filles devant les institutions judiciaires internationales, régionales et nationales revêtent une importance capitale dans la lutte contre l’impunité.  Nous engageons vivement l’ONU à renforcer l’ensemble des procédures et mécanismes permettant de faire enquête et rapport sur les cas de violence à l’égard des femmes dans les conflits armés, et d’intenter des poursuites pénales, a insisté Mme Jaffer. 


M. DIRK JAN VAN DEN BERG (Pays-Bas), s’exprimant au nom de l’Union européenne, des pays candidats et des pays associés, a souligné l’impact considérable qu’avait eu l’adoption de la résolution 1325 (2000) en dehors de l’ONU.  Ce texte a en effet été utilisé efficacement par la société civile comme instrument de plaidoyer et de surveillance, a-t-il expliqué.  Le représentant s’est ensuite interrogé sur l’incidence qu’avait eu le texte au sein même de l’ONU.  Malgré des réalisations importantes, il subsiste de nombreux défis et lacunes dans plusieurs domaines, a-t-il poursuivi, citant le rapport du Secrétaire général sur les femmes, la paix et la sécurité.  Onze des 191 États Membres des Nations Unies seulement sont représentés par des femmes, a-t-il fait remarquer.  Cependant, la prise de conscience en faveur d’une perspective sexospécifique a sensiblement évolué, a noté le représentant.  La plupart des missions de maintien de la paix ont désigné des conseillers pour les questions liées à la sexospécificité, s’est-il félicité. 


Le représentant a salué l’intention annoncée par le Secrétaire général de mettre en place une stratégie et un plan d’action à l’échelle de l’ensemble de l’Organisation, accompagné d’un mécanisme de suivi et de rapports.  À cet égard, il a également demandé au Conseil de sécurité d’envisager les moyens nécessaires pour suivre l’application de la résolution 1325, notamment la création éventuelle d’un point focal sur cette question.  Dans les situations de conflit, la civilisation s’arrête, le viol et l’esclavage sexuel sont utilisés comme armes de guerre afin d’humilier les femmes et la communauté à laquelle elles appartiennent, a poursuivi le représentant.  Rappelant que l’Union européenne condamnait fermement ces pratiques, il a engagé les parties à des conflits à respecter les droits de l’homme et le droit international humanitaire et s’est félicité que ces crimes aient été inclus dans le Statut de la Cour pénale internationale. 


M. JOHN DAUTH (Australie) a rappelé les initiatives prises par son pays pour faire connaître la résolution 1325 et a expliqué qu’après des études menées en Asie et dans le Pacifique, des directives avaient été élaborées afin d’encourager le rôle des femmes dans les projets de consolidation de la paix.  L’Australie a intégré les concepts de cette résolution dans ses programmes de coopération pour le développement, en finançant aux Philippines, par exemple, une enquête nationale sur le rôle des femmes dans les institutions nationales, dans les processus de paix et le développement.  M. Dauth a salué les progrès accomplis au niveau national, insistant toutefois sur la participation effective des femmes à tous les stades des opérations et des processus de paix.  Il a affirmé qu’il était tout aussi important que les hommes reçoivent une formation afin de comprendre les droits des femmes et leur rôle dans la consolidation de la paix.  La dimension sexospécifique dans les processus de paix est essentielle pour parvenir à une paix durable, a-t-il insisté.  Il faut s’assurer que les principes fondamentaux de la prévention des conflits, la participation des femmes aux processus de paix et à la sécurité et la protection des femmes soient inscrites à l’ordre du jour du Conseil de sécurité, des autres institutions des Nations Unies, de la communauté internationale en général et des États Membres en particulier, a-t-il conclu.  


Mme PATRICIA OLAMENDI (Mexique) a félicité le Département des opérations de maintien de la paix pour les efforts qu’il a déployés en vue de mettre en œuvre la résolution 1325.  Saluant aussi l’UNIFEM, la représentante a souligné l’urgence de mettre au point une stratégie globale et coordonnée.  La perspective sexospécifique doit imprégner chacun des organes qui forment les Nations Unies.  La stratégie doit inclure une réforme interne reflétant une plus grande présence des femmes aux postes clefs de l’Organisation.  Il faut une coordination constante entre les organisations régionales, les gouvernements et la société civile pour que les principes de la résolution 1325 soient connues des communautés les plus éloignées du monde.  La représentante a aussi voulu la mise au point de mécanismes de suivi efficaces.  La femme est de plus en plus un objet de guerre, a-t-elle regretté en rappelant qu’il ne sera pas possible de demander des comptes aux responsables sans l’existence de lois envisageant des peines sévères.  Elle s’est félicitée que la violence contre les femmes en temps de guerre ait été reconnue comme un crime contre l’humanité dans le droit international, avant d’insister sur l’importance de l’éducation des femmes et des hommes aux droits des uns et des autres.


M. FAYSSAL MEKDAD (République arabe syrienne) a affirmé qu’aucun progrès concret n’a été enregistré en situation de conflit en ce qui concerne les violations des droits des femmes ou des dispositions pertinentes du droit international et humanitaire ainsi que des conventions de Genève, a-t-il poursuivi.  Le représentant a également fait remarquer que les dispositions de la résolution 1325 (2000) traitaient de la situation des droits des femmes en conflit armé mais également des femmes qui vivent sous occupation.  Soulignant que les femmes syriennes sont présentes dans tous les processus de prise de décisions de son pays, qu’elles occupent des fonctions de haut niveau et participent aux processus électoraux, il a mis l’accent sur le fait que ces facteurs empêchent toute violation de leurs droits.  Le représentant a également informé le Conseil des résultats d’un colloque ayant récemment réuni à Beyrouth des experts pour discuter de la situation des femmes arabes dans les conflits armés.  Il a souhaité que les recommandations émises à cette occasion soient prises en considération.  


M. NIRUPAM SEN (Inde) a estimé que les questions thématiques qui ont une dimension multisectorielle doivent être discutées dans les instances universelles de l’ONU telles que l’Assemblée générale.  Commentant ensuite le rapport du Secrétaire général, le représentant a indiqué qu’en tant que pays contributeur de troupes, l’Inde est consciente de la nécessité d’incorporer les principes de la résolution 1325 dans la formation de ses soldats déployés sur le terrain.  Concernant la faible représentation des femmes dans les opérations de maintien de la paix, le représentant a annoncé la décision de son pays de déployer deux observateurs-femmes à la Mission de l’ONU en RDC.  En la matière, il a estimé qu’améliorer artificiellement le nombre de femmes dans les négociations de paix, en particulier dans les sociétés où les hommes détiennent le pouvoir, doit se faire avec précaution et surtout avec la réelle collaboration des communautés.  Toujours sur cette question, le représentant a jugé que le Secrétaire général devrait prévoir des ressources pour la formation des femmes.  De même, a-t-il poursuivi, la traduction en justice des coupables de violence sexiste ne peut être assurée par des initiatives extérieures d’imposer la justice.  Le risque est grand de voir le conflit resurgir, a-t-il prévenu en préconisant que la communauté internationale apporte une réelle assistance à la réhabilitation des infrastructures judiciaires dans les pays concernés.  Pour ce qui est du code de conduite du personnel de maintien et de consolidation de la paix de l’ONU, le représentant a estimé que la circulaire du Secrétaire général ne va pas assez loin.  Concluant sur la mise au point d’indicateurs et de directives sur l’intégration de la problématique hommes/femmes sur le terrain des opérations, le représentant a jugé qu’il s’agit d’une question sérieuse et délicate qui mérite d’être examinée par des instances intergouvernementales.


M. XOLISA MABHONGO (Afrique du Sud) a déclaré que la mise en application de la résolution 1325 devait être soutenue par les États Membres.  Selon lui, il est aussi essentiel que soient créés des partenariats avec la société civile en vue de promouvoir les droits des femmes et leur participation aux processus de paix.  L’Afrique du Sud est en faveur d’une inclusion, à tous les niveaux, d’experts en matière de sexospécificité dans les opérations de maintien de la paix, a dit M. Mabhongo.  Les femmes étant victimes de toutes sortes d’actes atroces, nous devons faire plus d’efforts afin de mieux surveiller et rapporter ces violations, a dit le représentant.  Des mesures pratiques doivent être prises pour mettre fin à l’impunité et traduire les auteurs des crimes commis contre les femmes et les filles devant la justice.  Les États doivent adapter leur législation en y incorporant les clauses du droit international relatives aux droits de l’homme, au droit humanitaire et au droit pénal.  L’Afrique du Sud est d’avis que la création de la Cour pénal internationale (CPI) a renforcé le cadre juridique multilatéral en ce qui concerne les offenses faites aux femmes et qu’elle ouvre de nouvelles perspectives concernant le traitement des crimes commis contre les femmes en temps de conflit.  Cependant pour que les mesures proposées soient suivies de succès, il faudra que soient fournies des ressources voulues, une expertise pertinente et une formation adéquate à tous les personnels, ainsi que des programmes de protection aux victimes. 


M. IFTEKHAR AHMED CHOWDHURY (Bangladesh) a souligné que son pays accordait la plus grande attention aux questions liées à la sexospécificité et a pris des mesures novatrices dans ce sens, notamment l’octroi de microcrédits aux femmes.  En prenant compte des dimensions sexospécifiques, on marginalise les extrémistes, a-t-il ajouté.  C’est la raison pour laquelle il n’y a pas eu de cas lié au terrorisme international au Bangladesh.  Soulignant que la présidence du Conseil de sécurité par le Bangladesh avait été à l’origine de la déclaration sur les femmes, la paix et la sécurité en mars 2000, le représentant a rappelé que l’adoption de la résolution 1325 (2000) était un événement historique et une norme essentielle.  La parité entre les sexes est une question universelle et préoccupe aussi bien les pays en développement que les pays développés.  Le représentant a cependant estimé que beaucoup restait encore à faire pour que toutes les activités liées à la paix favorisent l’égalité entre les hommes et les femmes.  C’est pourquoi, nous devons respecter les objectifs de la résolution 1325 (2000), a-t-il ajouté, et ce, grâce à une volonté politique et à un partenariat avec les ONG et la société civile.


Nous connaissons tous les violences qui ont été faites aux femmes en République démocratique du Congo (RDC), a déclaré Mme AGATHE RWANKUBA du Réseau des femmes pour la défense des droits et la paix, une ONG de la RDC.  Aujourd’hui, a-t-elle indiqué, on estime à 35 000 le nombre de femmes et de filles qui ont été violées depuis l’éclatement de la guerre en 1996.  Elle a recommandé que les financements des Sections « droits de l’homme » et « parité entre les sexes » de la Mission de l’ONU dans son pays soient augmentés afin de leur permettre d’établir un véritable partenariat avec les organisations féminines locales.  Avec ces organisations, a-t-elle expliqué, la Section « droits de l’homme » a pu, depuis 2002, mener des programmes pour permettre aux victimes des violences de recouvrer leurs droits.  Les organisations locales peuvent en effet atteindre les communautés les plus reculées.  En revanche, la Section « parité entre les sexes » qui est basée à Kinshasa, soit à 2 000 km à l’est du pays où les cas de violence se sont multipliés, n’a jamais pu intervenir véritablement auprès des organisations locales. 


La représentante de l’ONG a aussi recommandé au Conseil de sécurité, aux États Membres, aux Nations Unies et autres organisations internationales de faire pression sur les parties au conflit pour qu’elles mettent un terme aux violations des droits fondamentaux des femmes.  Elle a indiqué que certaines milices locales et étrangères continuent de répandre la terreur à l’est du pays.  Le renforcement de la MONUC a suscité un immense espoir et il faut espérer que les forces de maintien de la paix parviendront à normaliser la situation.  Au vu de l’étendue du territoire national, a-t-elle néanmoins souligné, le nombre des Casques bleus demeure insuffisant.  Elle a donc souhaité qu’une aide soit apportée à la RDC et qu’une pression soit exercée sur les pays voisins pour qu’ils rapatrient les troupes toujours stationnées en RDC.  Certains groupes, a-t-elle poursuivi, continuent de détenir des filles soldats comme esclaves sexuelles en les soustrayant ainsi aux programmes de désarmement.  La MONUC doit mieux cibler ses programmes pour prendre en compte la situation de ces filles, a-t-elle dit.  Elle a ensuite appelé le Conseil à agir immédiatement pour mettre fin à l’impunité en lançant une enquête internationale pour établir les responsabilités et en faisant appel aux Sections « droits de l’homme » et « parité entre les sexes » de la MONUC pour qu’elles aident la RDC à harmonier ses normes avec les normes internationales, notamment celles du Statut de la Cour pénale internationale.  Elle a conclu en encourageant la communauté internationale à débloquer des fonds pour les femmes rurales et à tenir compte de leur point de vue dans le processus de reconstruction.  Elle a réservé son dernier mot à la nécessité de prévoir des ressources pour fournir soins et soutien aux victimes de la violence sexuelle.


Mme NOELEEN HEYZER, Directrice exécutive du Fonds de développement des Nations Unies pour la femme (UNIFEM), a rappelé que la violence faite aux femmes dépasse le drame personnel, comme nous avons pu le constater en République démocratique du Congo, au Rwanda, en Bosnie et aujourd’hui au Darfour.  La Cour pénale internationale reconnaît que ces violences constituent des crimes de guerre, des crimes contre l’humanité et de génocide.  La communauté internationale est consciente que la violence faite aux femmes est utilisée de manière systématique comme arme de guerre, a-t-elle expliqué.  Toutefois, il faut davantage pour garantir que les personnes responsables de crimes et de violence contre les femmes ne puissent pas accéder au pouvoir après la signature d’un accord de paix.  C’est pourquoi, une place doit être donnée aux femmes à la table des négociations.  La violence a pour origine la discrimination et l’inégalité, qui sont accentuées en temps de guerre, a ajouté Mme Heyzer.  Malgré l’existence de nombreuses mesures efficaces pour lutter contre cette violence, le défi est à présent de les mettre en œuvre.  Dans ce contexte, il faut créer ou réformer les juridictions pénales pour qu’elles soient sensibles aux femmes victimes.  Il est également nécessaire de forger des partenariats avec des organisations gouvernementales féminines.  Grâce au Fonds des Nations Unies pour lutter contre la violence faite aux femmes, géré par UNIFEM, plusieurs initiatives ont été prises en ce sens, a-t-elle ajouté.  Mais il faut poursuivre la promotion des droits de l’homme, lutter contre les lois qui empêchent les femmes d’être propriétaires de leurs biens et mettre sur pied une justice qui soit plus attentive aux questions sexospécifiques. 


Au Rwanda, les femmes participent davantage aux politiques gouvernementales grâce à UNIFEM, s’est félicité sa Directrice exécutive.  Ce pays dispose aujourd’hui du plus grand nombre de femmes aux postes politiques ou de magistrats.  Par ailleurs, le Fonds de développement des Nations Unies pour la femme a également contribué à la réunion des femmes qui s’est tenue dans le cadre des préparatifs de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs.  Les femmes, a-t-elle insisté, doivent être en mesure de participer au processus électoral, en tant qu’électrices mais également en tant que candidates.  Ce n’est que par ce biais que nous pourrons lutter contre la violence faite aux femmes, a-t-elle expliqué.  Estimant que la communauté internationale se trouve à présent à la croisée des chemins, Mme Heyzer a déclaré qu’il reste encore beaucoup à faire en matière de participation des femmes, d’intégration des questions sexospécifiques dans tous les programmes des Nations Unies et les opérations de maintien de la paix ainsi qu’en matière de justice sexospécifique.


M. KIM SAM-HOON (République de Corée) a appuyé l’idée de mettre en place une stratégie globale cohérente afin d’assurer une meilleure mise en œuvre de la résolution 1325.  Il s’est dit, en effet, préoccupé par le fait que les efforts de reconstruction ne suivent pas toujours une démarche soucieuse d’équité.  Il s’est également dit préoccupé par le fait que la communauté internationale ne soit pas parvenue à prévenir les actes de violence contre les femmes, pendant les conflits armés.  Il a donc espéré un résultat positif dans cette lutte continue contre ce type de violence.  Il a, en l’occurrence, salué le travail des Tribunaux spéciaux et l’entrée en vigueur du Statut de Rome.  Il faut, a-t-il dit, faire savoir clairement aux belligérants que la violence contre les femmes sera sévèrement punie.  La meilleure manière de prévenir de tels actes est d’envoyer un signal clair aux criminels potentiels.  Pour les pays sortant d’un conflit, il est important de mettre en place un système juridique national permettant de traduire les coupables en justice. 


Mme CARMEN MARIA GALLARDO (El Salvador) a rappelé que les femmes et les enfants de son pays avaient vécu de grandes souffrances pendant plus d’une décennie de conflit armé.  Les femmes luttent pour la survie quotidienne, transmettent les valeurs, créent des espaces de dialogue et de concertation, a-t-elle expliqué.  Par conséquent, elles savent identifier plus facilement les zones d’intolérance et de tension.  Dans ce contexte, les femmes doivent en outre avoir accès à l’information afin d’identifier toute montée de l’intolérance, il s’agit d’une des leçons les plus instructives que nous ayons apprises, a-t-elle déclaré.  Les femmes peuvent contribuer à la résolution des tensions, car bien souvent elles vont au-delà de leurs préoccupations personnelles, a-t-elle expliqué.  La représentante a également estimé indispensable que les personnels des opérations de maintien de la paix bénéficient d’une formation en matière de protection des droits des femmes.  Par ailleurs, El Salvador a invité le Secrétaire général à poursuivre ses efforts afin d’accroître la participation des femmes au travail des Nations Unies sur le terrain ainsi qu’au Siège.  À cet égard, El Salvador appuiera toute action visant à promouvoir la participation des femmes en situation post-conflit, a-t-elle affirmé. 


M. CHRISTIAN WENAWESER (Liechtenstein) a noté que malgré les progrès réalisés, les femmes continuent d’être les plus grandes victimes des conflits et que leur voix n’est toujours pas entendue.  Il a jugé utile, par exemple, d’assurer leur présence aux postes de haut niveau à l’ONU.  Il faut établir, a-t-il préconisé, des mécanismes permettant d’intégrer les dispositions de la résolution 1325 dans le travail du Conseil.  Le représentant a ainsi appuyé l’idée de l’Union européenne de nommer un coordonnateur à cette fin.  Il a ensuite soulevé la question de l’impunité en rappelant que le Statut de Rome qualifie les violences contre les femmes de crimes contre l’humanité.  Il faut, dans ce cadre, encourager les États à faire de même dans leur législation nationale.  Le message selon lequel la violence ne doit pas rester impunie doit être adressé clairement, a poursuivi le représentant en appelant à la mise au point d’indicateurs qui permettraient de lutter beaucoup plus rapidement contre la violence sexiste.  La crédibilité de l’ONU, a-t-il conclu, dépend de sa capacité à donner l’exemple.  Le représentant a prôné la tolérance zéro pour les cas de mauvaise conduite des soldats de la paix et proposé, pour les prévenir, de leur dispenser une formation adéquate.


M. HJÁLMAR HANNESSON (Islande) a déclaré que sa délégation appuyait les conclusions du rapport du Secrétaire général concernant le rôle important qu’ont joué les tribunaux spéciaux internationaux sur le Rwanda et l’ex-Yougoslavie en matière de jurisprudence internationale sur la violence sexuelle.  Le Statut de Rome reconnaît l’impact des conflits armés sur les femmes en pénalisant la violence à caractère sexuel, a dit le représentant.  Cependant, bien que la communauté internationale a créé des mécanismes pour y faire face, la responsabilité de la répression de ces actes horribles relèvent en premier lieu des Etats au sein desquels éclatent des conflits armés, a estimé M. Hannesson.  C’est à ces Etats de traduire en justice les auteurs de violences sexuelles, a-t-il ajouté.  Le Gouvernement de l’Islande est profondément choqué par les informations faisant état d’exploitation et d’abus sexuel commis par le personnel de l’ONU, a dit le représentant en estimant cette attitude inacceptable.  Il a ensuite mentionné le soutien que son pays apporte à l’application de la résolution 1325 et a indiqué que l’Islande avait mis à la disposition du Bureau de l’UNIFEM au Kosovo une experte en sexospécificité dont le mandat a été prorogé l’été dernier jusqu’au mois de février 2005. 


M. SIDI DIARRA (Mali) a souligné que les mesures prises depuis quatre ans au sein du Conseil de sécurité sur la question des femmes, de la paix et de la sécurité relèvent d’une démarche plus globale dont la finalité est d’accorder à la femme sa juste place dans nos sociétés.  Dans les situations de conflits, les femmes et les jeunes filles peuvent être victimes d’enlèvements, d’actes de violence sexistes, en particulier le viol et d’autres formes de violence.  En outre, les pratiques d’enrôlement forcé des femmes se sont répandues, malgré l’existence de la Convention pour l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes.  Le contenu de la résolution 1325 a été traduit dans 60 langues, a-t-il souligné, ce qui indique l’importance du sujet et l’intérêt qu’il suscite.  La résolution a été mise en œuvre par les États Membres, le système des Nations Unies, les organisations régionales comme l’Union africaine, ainsi que par la société civile, s’est-il félicité.  Le mouvement se dessine aussi au sein de l’Union africaine pour la promotion et la protection des droits des femmes, a-t-il poursuivi.  Avec la mise en place de la Direction sexospécificité et développement, l’Union africaine cherche par ailleurs à élaborer une stratégie efficace pour l’intégration des questions de sexospécificité dans les activités de la Commission de l’UA et de celles des États Membres, a-t-il expliqué.  Le représentant s’est déclaré convaincu que l’Afrique réussira à mieux protéger les femmes et les jeunes filles, en renforçant l’arsenal juridique contre les violences faites aux femmes, en leur assurant leur indépendance économique et en favorisant l’accès à l’éducation de qualité. 


M. TOSHIRO OZAWA (Japon) a voulu que la communauté internationale fasse beaucoup plus pour s’attaquer aux problèmes soulevés dans la résolution 1325.  Les femmes ont un rôle important à jouer dans la prévention des conflits et la consolidation de la paix.  Les femmes ont besoin d’aide pour pouvoir jouer le rôle qui est le leur au sein des communautés.  C’est dans ce cadre que le représentant a insisté sur le concept de sécurité humaine et a rappelé l’initiative de son pays de créer un fonds d’affectation des Nations Unies sur la sécurité humaine qui a permis de lancer des projets dans plusieurs pays dont le Rwanda.


Mme JOYCE KAFANABO (République-Unie de Tanzanie) a estimé que le rapport du Secrétaire général fournit des recommandations qui devraient être prises au sérieux par tous les États Membres.  Tout en reconnaissant les progrès réalisés dans la mise en œuvre de la résolution 1325, Mme Kafanabo a noté les défis importants qui restent à relever, comme la participation des femmes à la prévention des conflits ou encore l’utilisation de la violence sexuelle en tant qu’arme de guerre.  Elle a appelé à une collaboration étroite entre le système des Nations Unies et des organisations régionales, notamment avec l’Union africaine.  Il est important de développer la capacité des communautés locales, y compris les groupes de femmes, à devenir les avocates dans leurs domaines.  La représentante a souhaité que les femmes soient associées au processus de paix dès le début et que leur nombre dans la police, l’armée et dans les postes décisionnels augmente.  Elle a fait sien l’avis d’UNIFEM qui observe que sans la participation égale des femmes dans l’édification de la paix, ni la justice ni le développement ne seront possibles dans une société en transition vers une situation de paix.  Mme Kafanabo a évoqué la déclaration des femmes sur le processus de paix dans la région des Grands Lacs faite à l’issue de la réunion régionale tenue à Kigali, au Rwanda, et qui sera lue à la réunion de chefs d’État prévue en novembre.  Enfin, la représentante a rappelé combien le VIH/sida affecte les situations de conflit et les efforts de paix.  Les femmes sont infectées au cours de violences sexuelles et les troupes de maintien de la paix contribuent à répandre la maladie.  Rappelant que les femmes paient les conséquences de cette pandémie, elle a invité la communauté internationale à s’assurer que les efforts de maintien de la paix prennent en compte la lutte contre le VIH/sida.


U KYAW TINT SWE (Myanmar) a estimé que la meilleure manière de protéger les civils, en particulier les plus vulnérables dont les femmes et les enfants, est de régler les conflits de manière pacifique.  Après avoir rejeté de la manière la plus catégorique les accusations portées contre ce pays sur la violence sexiste, le représentant a affirmé qu’aujourd’hui son pays s’était engagé dans une voie historique en convoquant la Convention nationale qui a réuni des représentants de toute les sphères de la société et des 17 grands groupes armés.  De nombreuses femmes ont participé à ce processus historique qui apportera paix, stabilité, développement et démocratie à tous les peuples du Myanmar, a-t-il conclu.


M. MARTIN ANDJABA (Namibie) a rappelé que la résolution 1325 appelle à la participation sur un pied d’égalité des femmes aux efforts en faveur de la paix et de la sécurité.  Or, les femmes et les enfants sont les premières cibles des conflits, car ils sont exposés aux violences sexuelles ou utilisés comme armes de guerre.  La communauté internationale doit être conscience que si elle n’axe pas ses efforts sur la participation des femmes aux processus de paix, c’est la paix en général qui risque d’en pâtir, a-t-il rappelé.  La Namibie accorde une attention particulière à la mise en œuvre de la résolution 1325, a-t-il précisé, car c’est au cours de la présidence namibienne du Conseil de sécurité, en octobre 2000, que s’est tenu un débat public avant l’adoption de ce texte.  À ce titre, le représentant s’est réjoui que la résolution ait permis certains progrès et le lancement d’initiatives en faveur de la lutte des femmes pour la paix dans le monde.  La violence sexuelle et les actes sexistes continuent en Afrique, a-t-il cependant regretté, notamment dans la région du Darfour.  À ce titre, il a souhaité faire écho à l’appel lancé par le Secrétaire général dans son rapport sur les femmes, la paix et la sécurité visant à mettre en œuvre une stratégie et un plan d’action en matière de questions sexospécifiques, accompagnée d’un mécanisme de suivi et de rapports.    


M. ANDERS LIDÉN (Suède) a préconisé une augmentation des ressources financières pour mettre en œuvre les recommandations contenues dans le rapport du Secrétaire général.  Il a recommandé au Médiateur des Nations Unies d’inclure dans son mandat la promotion de l’implication des femmes dans le processus de paix.  Il faut aussi, a-t-il dit, redoubler d’efforts pour assurer la protection des femmes dans les conflits, par la multiplication des programmes adéquats de sensibilisation et de formation.  Prônant une lutte impitoyable contre l’impunité, il a, par ailleurs, jugé essentiel que les femmes victimes de violence puissent interagir avec des membres féminins des opérations de maintien de la paix.  Pour ce faire, le représentant a recommandé d’inclure des observateurs civils dans les composantes militaires des opérations qui bien souvent sont les seules présentes dans les régions les plus reculées.  Stigmatisant le manque d’obligations redditionnelles, il a prôné la mise en place d’un plan d’action global assorti d’un calendrier précis et d’objectifs clairs.  C’est dans ce contexte, a-t-il dit, que la question de la représentation des femmes au sein de l’ONU devrait être examinée.  Pour le suivi, le représentant a proposé la création d’un groupe de travail ou d’un poste élevé au sein du Département des opérations de maintien de la paix.  À leur niveau, a-t-il conclu, les États doivent aussi assumer leurs responsabilités, tout en expliquant certaines des initiatives prises dans son pays.


Déclarant que la violence contre les femmes dans les situations de conflit atteignait des proportions épidémiques, M. SELWYN HEATON (Nouvelle-Zélande) a avancé les priorités de son pays afin de répondre à cette situation.  En ce qui concerne le système des Nations Unies, il s’est dit en faveur d’un nouveau plan d’action pour une mise en œuvre coordonnée de la résolution 1325 à tous les niveaux et a souligné le besoin urgent d’inclure une perspective soucieuse de l’égalité des sexes à tous les aspects des opérations de maintien de la paix.  Nous continuons à exhorter le Conseil de sécurité à inclure systématiquement la dimension sexospécifique des conflits dans ses travaux, a-t-il indiqué.  M. Heaton a aussi rappelé qu’il ne fallait pas uniquement aborder ce domaine sous l’angle des femmes en tant que victimes mais également reconnaître leur rôle dans la résolution des conflits et la consolidation de la paix.  Souhaitant que les Nations Unies abordent les difficiles questions de la protection des femmes et des filles, il a enfin déclaré que l’impunité dont jouissent les responsables de la violence faite aux femmes ne peut être tolérée et que le cadre juridique en place doit être respecté. 


M. FILIMONE KAU (Fidji) a félicité l’UNIFEM et d’autres acteurs tels que la société civile pour les efforts qu’ils ont déployés dans la mise en œuvre de la résolution 1325 (2000).  Les Fidjiennes dans la vie politique du pays ont contribué considérablement au bien-être et au progrès.  Elles ont été des facteurs de stabilisation et de médiation dans la prévention des conflits et ont participé activement aux efforts récents de consolidation de la paix post-conflit et dans les processus de réconciliation.  Fidji consacre une semaine au processus de paix et de réconciliation nationale, précédée d’un atelier national sur la prévention des conflits, qui souligne le rôle clef joué par les femmes et les enfants.  Le représentant a rappelé que son pays est un grand contributeur aux opérations de maintien de la paix et souhaite élargir le rôle des femmes dans ce domaine.  Les forces de maintien de la paix en Iraq comprennent six femmes de Fidji, a-t-il précisé.  En ce qui concerne la capacité à construire la paix, M. Kau a estimé qu’on doit déployer davantage d’efforts.  La formation ne doit pas viser seulement les femmes et les fillettes mais aussi les hommes et les garçons, a-t-il estimé.  Le représentant a aussi souligné la nécessité de coordination et de partenariats plus efficaces, du fait que des pays comme le sien manquent d’experts.  Il s’est enfin félicité de la coopération d’UNIFEM et d’autres institutions des Nations Unies avec les organisations régionales comme le Forum des îles du Pacifique.  M. Kau a aussi reconnu le rôle important que peuvent jouer les femmes autochtones en tant que médiatrices dans le règlement résolution des conflits.


M. CESAR MAYORAL (Argentine) a rappelé qu’en 2000, son pays avait participé, en tant que membre du Conseil de sécurité à la rédaction de la résolution 1325.  Soulignant que les crimes de guerre qui visent les femmes et les filles ne peuvent rester impunis, le représentant a exhorté les parties aux conflits armés à adopter des mesures spéciales pour protéger ces catégories de la population contre les violences sexistes.  Dans ce cadre, le Gouvernement argentin appuiera la mise en place de tout mécanisme qui aurait pour objectif de prévenir cette forme de violence, a-t-il affirmé.  Lorsqu’un conflit touche les femmes, il menace gravement les générations futures, car il constitue l’un des pires scénarios pour la survie morale et politique de toute communauté.  La communauté internationale doit comprendre que la femme a un rôle important à jouer.  Il faut être à leur écoute lorsque sont prises les décisions concernant l’avenir des communautés touchées par la guerre.  Le représentant de l’Argentine a en outre encouragé le Secrétaire général à faire en sorte que les femmes soient ses porte-parole dans le cadre de missions de maintien de la paix.  Quatre ans après l’adoption de la résolution 1325, des progrès ont été réalisés par les États Membres, le système des Nations Unies et les organisations civiles dans son application.  Toutefois, il a ajouté que les violences que subissent les femmes sur le terrain démontrent que beaucoup reste à faire.  Il a estimé que seule une volonté politique de la part des États Membres permettra aux femmes de participer réellement aux processus de paix.     


M. JORGE SKINNER-KLEE (Guatemala) a annoncé qu’un contingent guatémaltèque de 70 officiers militaires dont cinq femmes allait bientôt s’intégrer à la Mission de l’ONU en Haïti.  Au Guatemala, a-t-il dit, l’expérience a montré la nécessité de renforcer la présence des femmes dans les processus de prises de décisions relatives à la paix.  Une femme éduquée est la principale garantie d’une cohabitation pacifique et harmonieuse et d’un développement durable.  Apportant son ferme appui à tout effort visant à mettre fin à l’impunité dans les cas de violence sexiste, le représentant a dit qu’en la matière, la priorité doit être de protéger les victimes mais aussi les témoins qui dénoncent les crimes.  Il a conclu en félicitant l’UNIFEM pour sa base de données centralisée ainsi que l’INSTRAW pour la collecte d’informations concernant les conflits et la paix.  Il a aussi appelé à une meilleure coordination des efforts entre les États Membres, les organismes des Nations Unies et la société civile.


M. WEGGER STROMMEN (Norvège) a déclaré soutenir la proposition du Secrétaire général de développer une stratégie globale et un plan d’action pour promouvoir les perspectives sexospécifiques dans les efforts de maintien de la paix.  Il a ainsi estimé que les Etats Membres devraient recruter plus de femmes dans les services nationaux afin qu’elles puissent obtenir une expérience de travail, expérience qu’elles pourront ensuite appliquer au service international.  Il a salué les efforts du Département des opérations de maintien de la paix pour encourager les candidatures féminines, soulignant que la dimension sexospécifique devait être incluse dans tous les domaines de ces opérations, de la planification initiale jusqu’à la mise en œuvre.  Il a également mis l’accent sur le rôle primordial des partenariats et du renforcement de la coordination, notamment avec les groupes et réseaux de femmes au niveau local, afin de mettre en œuvre cette résolution.  Par ailleurs, M. Strommen s’est félicité de la participation du système des Nations Unies, notamment du Département des opérations de maintien de la paix, des fonds, des programmes et institutions spécialisées, à la mise en œuvre de la résolution 1325.  Il a enfin souligné les efforts concertés du Fonds de développement des Nations Unies pour la femme (UNIFEM), insistant sur son rôle de catalyseur dans ce domaine au sein des Nations Unies. 


Mme ADIYATWIDI ADIWOSO ASMADY (Indonésie), a indiqué que la résolution 1325 du Conseil de sécurité soulignait l’importance du traitement égalitaire entre hommes et femmes pour bâtir une culture de la paix globale.  Ce traitement égalitaire est à la fois un moyen de prévention des conflits et de règlement de ceux-ci, a-t-elle déclaré.  La représentante a affirmé que son pays soutenait cette résolution qui est en phase avec les politiques nationales de son pays qui, entre autres, encouragent une intégration accrue des femmes dans les opérations de maintien et de consolidation de la paix des Nations Unies.  La représentante a poursuivi en déclarant que, parce que la résolution n’a pas encore été intégralement mise en œuvre, les femmes continuent d’être particulièrement exposées aux dangers multiples qu’entraînent les conflits armés, en particulier les actes de violence sexuels.  L’Indonésie condamne fermement le recours à une telle pratique comme arme de guerre.  Elle a continué en affirmant que la protection des femmes et des filles victimes des conflits armés était un défi lancé à l’ensemble des sociétés civilisées.  Dans ce cadre, il faut empêcher que les soldats de la paix et les personnels de police civile ne participent à de telles exactions qui constituent, de leur part, une trahison de la confiance placée en eux.  À cette fin, il est important et nécessaire de s’assurer que les soldats de la paix aient bien suivi, dans le cadre de leur formation, les programmes de sensibilisation à la problématique hommes/femmes.


Mme DENISE VARGAS (Honduras) a estimé qu’il ne pouvait y avoir de paix sans justice.  Par conséquent, sans appui tangible aux efforts de justice, la femme continuera à être victime de violence, a ajouté la représentante.  Elle a indiqué que la femme ne jouait pas encore de nos jours un rôle actif dans les prises de décisions en matière de paix, mais même pas dans celles concernant sa propre famille ou sa communauté.  Rappelant que plusieurs plans stratégiques avaient été détaillés au cours du débat, la représentante a souligné que les actions en matière de promotion de la femme dans les négociations de paix faisaient encore défaut.  Dans ce contexte, elle a affirmé que le Gouvernement du Honduras s’engage à soutenir toute initiative allant en ce sens.


Mme JUDITH MBULA BAHEMUKA (Kenya) a affirmé que les femmes désiraient la paix et qu’elles en détenaient la clef.  La résolution 1325 du Conseil a réaffirmé leur rôle dans la recherche de cette paix en reconnaissant leur vulnérabilité particulière lors des conflits et en mettant l’accent sur leur participation égale dans les efforts en faveur du maintien de la paix et de la reconstruction, a-t-elle dit.  La représentante a ensuite souligné que les femmes étaient souvent empêchées de jouer un rôle significatif en raison de lois discriminatoires.  Les aider dans leur combat peut rapporter des bénéfices à cette Organisation, a-t-elle affirmé, tout en se félicitant des initiatives énumérées par le rapport du Secrétaire général.  Rappelant que les préoccupations des femmes doivent s’inscrire dans les processus de paix, elle a salué la mise au point de dispositions types consacrées à la promotion de l’égalité des sexes dans les accords de paix.  La représentante a ensuite déclaré apprécier les efforts fournis par le Département des opérations de maintien de la paix en matière d’égalité des sexes parmi son personnel.  L’établissement d’opérations multidimensionnelles a attiré efficacement l’attention sur cette question et la création de conseillers en parité a été très utile, a-t-elle précisé.  Le Département doit disséminer ces principes aux États fournisseurs de contingents, a-t-elle suggéré.  La représentante a en revanche regretté que les femmes ne représentent que 1% du personnel militaire et 5% de la police civile des opérations de maintien de la paix, et que seuls deux des 27 opérateurs de paix soient des femmes.  Le Département doit encourager les candidatures féminines et il faut agir contre les obstacles socioculturels, a-t-elle proposé.  Le Kenya a envoyé des femmes en uniforme dans six des huit missions auxquelles il prend part, a indiqué la représentante, avant d’affirmé que la parité devait être prise en considération pour les procédures d’appel globales.  Enfin elle a évoqué les violences faites aux femmes lors des conflits et notamment les viols.  À son avis, les auteurs d’exactions doivent être traduits en justice pour mettre fin à l’impunité.  Cela relève en premier de la juridiction de chaque État et il faut donc renforcer leurs institutions judicaires à cet effet, a-t-elle conclu.


M. AMINU BASHIR WALI (Nigéria) a estimé que l’adoption de la résolution 1325 avait constitué un événement historique car ce texte réaffirme notamment le rôle des femmes dans les efforts de reconstruction, de maintien et de promotion de la sécurité.  Au lendemain d’un conflit, les femmes vivent généralement dans des conditions très difficiles, a dit le représentant.  Il a estimé que la communauté internationale devait alors renforcer le cadre de l’état de droit et le système judiciaire.  Il a également réaffirmé l’appui de son pays à la mise en œuvre de la résolution.  Il s’est aussi réjoui que le cadre international considère les actes de violence commis contre les femmes dans des conflits, comme des crimes contre l’humanité.  La communauté internationale ne peut en outre oublier le sort des femmes face au VIH/sida et doit accorder son attention au manque d’infrastructures qui permettent de soigner ces maladies, a-t-il poursuivi.  C’est pourquoi les efforts de reconstruction doivent être appuyés, a ajouté le représentant, qui a estimé que la communauté internationale devait également s’assurer que tout accord de paix tient compte des conséquences du conflit sur la vie des femmes et leur assure une participation au règlement.  Se félicitant de la création d’un Bureau d’un conseiller spécial sur les questions sexospécifiques, le représentant a toutefois fait remarquer que celui-ci ne disposait pas encore des ressources nécessaires à son fonctionnement.  Il a émis le souhait que ce Bureau ne dépende plus de contributions volontaires mais soit financé à partir du budget ordinaire des Nations Unies.  Saluant les efforts réalisés par le Département des opérations de maintien de la paix, M. Wali a encouragé le partage des bonnes pratiques et a émis le souhait d’une présence accrue d’expertes de la sexospécificité dans le système des Nations Unies.  


M. WINSTON COX, Secrétaire général adjoint du Secrétariat du Commonwealth, a déclaré que les femmes devaient jouer un rôle positif dans la consolidation de la paix et la résolution des conflits, et que les efforts visant à inclure la dimension sexospécifique dans ces processus devaient se poursuivre.  Dans ce but, a-t-il expliqué, les femmes ne peuvent être traitées comme des simples victimes de conflits: elles doivent être considérées comme des actrices dont les diverses ressources peuvent bénéficier à tous les domaines de la consolidation de la paix, des négociations, de la gestion des conflits et de la reconstruction post-conflit.  M. Cox a ainsi affirmé que le Commonwealth avait développé une approche intégrée qui impliquait hommes, femmes et jeunes afin de promouvoir la culture de la paix, de résoudre les conflits et d’accroître la représentation et la participation des femmes à tous les niveaux des processus de consolidation de la paix.  Après avoir souligné le rôle essentiel de l’éducation et du dialogue, le Secrétaire général adjoint a conclu en plaidant pour que les voix des femmes soient entendues et leurs contributions reconnues, notamment en leur permettant de participer aux négociations et en continuant à progresser sur la résolution 1325. 


Mme CARMEN MORENO, Directrice de l’Institut international de recherche et de formation pour la promotion de la femme (INSTRAW), a expliqué que cet organisme avait lancé un processus de refonte profonde afin de travailler en synergie et en collaboration avec les autres entités du système des Nations Unies, notamment avec le Fonds de développement des Nations Unies pour la femme (UNIFEM) et la Division de la promotion de la femme.  Mme Moreno a estimé qu’il était nécessaire de mettre en œuvre les normes internationales relatives aux droits de l’homme afin de faire respecter les femmes et fillettes, comme le demande la résolution 1325 (2000).  Par ailleurs, la tolérance zéro est fondamentale vis-à-vis des auteurs d’actes de  violence à l’égard des femmes, a-t-elle ajouté.


Dans ses efforts en faveur de la promotion de la femme, l’Institut a publié un document intitulé « Partenariat dans le changement: travailler avec les hommes afin de mettre fin aux violences sexistes », qui est disponible sur leur site Internet.  En outre, l’INSTRAW a lancé des recherches et poursuivi ses efforts en matière de prévention et de résolution des conflits, répertoriant les lacunes et identifiant des moyens d’améliorer les processus de consolidation de la paix, a-t-elle expliqué.  Mme Moreno s’est par ailleurs jointe à l’idée lancée par plusieurs délégations en faveur de la création d’un point focal au sein des Nations Unies qui serait chargé du suivi de l’application de la résolution 1325, insistant sur la nécessité, au plan national, de rapports annuels et de plans stratégiques. 


Déclaration du Président du Conseil de sécurité


Le Conseil de sécurité réaffirme son engagement vis-à-vis de la poursuite de la stricte application de sa résolution 1325 (2000) et se félicite que l’accent soit de plus en plus placé sur la situation des femmes et des petites filles dans les conflits armés depuis l’adoption de cette résolution en octobre 2000. Il rappelle la déclaration faite le 31 octobre 2002 par son président (S/PRST/2002/32) et la réunion tenue le 29 octobre 2003, qui attestent de son engagement.


Le Conseil rappelle également la Déclaration et le Programme d’action de Beijing (A/52/231) et le document adopté par l’Assemblée générale à l’issue de sa vingt-troisième session extraordinaire intitulée « Les femmes en l’an 2000 : égalité entre les sexes, développement et paix pour le XXIe siècle » (A/S-23/10/Rev.1), en particulier les engagements qui concernent les femmes et les conflits armés.


Le Conseil accueille avec satisfaction le rapport du Secrétaire général sur les femmes, la paix et la sécurité (S/2004/814) et exprime son intention d’étudier ses recommandations. Il se félicite des efforts faits par le système des Nations Unies, les États Membres, la société civile et les autres acteurs intéressés pour promouvoir la participation des femmes, dans des conditions d’égalité, aux efforts visant à bâtir une paix et une sécurité durables.


Le Conseil condamne vigoureusement la poursuite des actes de violence sexuelle dans les situations de conflit armé. Il condamne également toutes les violations des droits fondamentaux des femmes et des petites filles dans de telles circonstances ainsi que l’exploitation, la violence et les abus sexuels. Il demande instamment que toutes les parties fassent cesser immédiatement et entièrement de tels actes. Il souligne la nécessité de mettre fin à l’impunité à l’égard de ces actes, dans le cadre d’une démarche globale visant à rétablir la paix, la justice, la vérité et la réconciliation nationale. Il se félicite des efforts faits par les organismes des Nations Unies pour élaborer et appliquer des stratégies et des programmes visant à prévenir la violence sexuelle et présenter des rapports à ce sujet, et demande instamment au Secrétaire général de poursuivre dans cette voie. Il prie le Secrétaire général de faire en sorte que les observateurs des droits de l’homme et les membres des commissions d’enquête aient les compétences et la formation nécessaires en ce qui concerne les crimes à motivation sexuelle et la conduite des enquêtes, notamment d’une manière qui soit sensible aux diverses cultures et favorable aux besoins, à la dignité et aux droits des victimes. Il demande instamment à tous les tribunaux internationaux et nationaux spécifiquement créés pour poursuivre les crimes de guerre de fournir à tout le personnel des compétences et une formation en matière de sexospécificités et d’élaborer des programmes soucieux de l’égalité entre les sexes pour la protection des victimes et des témoins. Il souligne la nécessité urgente de mettre en place des programmes qui assurent un appui aux rescapés des actes de violence sexuelle. Il demande en outre que l’attention voulue soit accordée à la question de la violence sexuelle dans tous les rapports qui lui seront présentés à l’avenir.


Le Conseil réaffirme le rôle important des femmes dans la prévention des conflits et appuie l’intention du Secrétaire général d’élaborer une stratégie et un plan d’action d’ensemble à l’échelle du système afin qu’une attention accrue soit accordée aux questions sexospécifiques dans la prévention des conflits. Il demande instamment à tous les acteurs intéressés de travailler de concert, y compris grâce à une interaction renforcée avec les organisations de femmes, afin d’assurer la pleine participation de ces dernières et l’incorporation d’une démarche sexospécifique dans toutes les activités consacrées à la prévention des conflits.


Le Conseil se félicite aussi de l’intention du Secrétaire général d’élaborer une stratégie et un plan d’action d’ensemble pour intégrer une démarche sexospécifique dans toutes les activités et opérations de maintien de la paix et incorporer une telle démarche dans chaque rapport thématique et rapport de pays présenté au Conseil. À l’appui de ce processus, il réaffirme sa volonté d’intégrer pleinement une démarche soucieuse de l’égalité entre les hommes et les femmes dans le mandat de toutes les missions de maintien de la paix. Il reconnaît la contribution qu’apporte la Conseillère pour l’égalité des sexes au Département des opérations de maintien de la paix afin de faire progresser l’application de la résolution 1325 (2000) et prie le Secrétaire général d’envisager un dispositif équivalent au Département des affaires politiques afin de renforcer le soutien à l’application de cette résolution.


Le Conseil estime qu’il est nécessaire d’accroître d’urgence la représentation des femmes dans tous les domaines de la prévention des conflits, des opérations de maintien et de rétablissement de la paix et de l’action humanitaire. À cet effet, il demande instamment au Secrétaire général de redoubler d’efforts afin d’identifier des candidates appropriées, y compris, selon qu’il convient, dans les pays fournisseurs de contingents, conformément à l’Article 101 de la Charte des Nations Unies et compte tenu du principe de la répartition géographique équitable. Ces efforts devraient consister à appliquer des stratégies de recrutement ciblées et à chercher aussi à identifier des candidates à des postes de niveau élevé, y compris dans les secteurs militaire et de la police civile.


Le Conseil reconnaît la contribution fondamentale des femmes à la promotion de la paix et leur rôle dans le processus de reconstruction. Il se félicite de l’intention du Secrétaire général d’élaborer des stratégies afin d’encourager la pleine participation des femmes à toutes les étapes du processus de paix. Il prie aussi le Secrétaire général d’encourager l’intégration d’une démarche sexospécifique dans les programmes de désarmement, de démobilisation et de réinsertion en établissant des directives permettant de mettre davantage l’accent sur les besoins des femmes et des petites filles dans ces programmes. Il demande par ailleurs au Secrétaire général d’intégrer une telle démarche dans tous les aspects des programmes de reconstruction après les conflits, y compris en renforçant les groupes thématiques sur les femmes dans les pays sortant d’un conflit, et de faire en sorte que toutes les politiques et tous les programmes à l’appui des réformes constitutionnelles, judiciaires et législatives après les conflits, y compris les processus électoraux et les processus d’établissement de la vérité et de réconciliation, encouragent la pleine participation des femmes, l’égalité entre les sexes et les droits fondamentaux des femmes.


Le Conseil reconnaît l’importante contribution qu’apporte la société civile à l’application de la résolution 1325 (2000) et encourage les États Membres à continuer de collaborer avec elle, en particulier avec les organisations et les réseaux locaux de femmes, afin de renforcer la mise en œuvre de ce texte. À cet égard, le Conseil se félicite des efforts faits par les États Membres afin d’appliquer cette résolution au niveau national, notamment en élaborant des plans d’action nationaux, et encourage les États Membres à poursuivre dans cette voie.


Le Conseil considère que des progrès sensibles ont été accomplis vers l’application de la résolution 1325 (2000) dans certains domaines d’action des Nations Unies en matière de paix et de sécurité. Il se déclare prêt à continuer à promouvoir la mise en œuvre de cette résolution, en particulier grâce à une coopération active avec le Conseil économique et social et l’Assemblée générale. Afin de renforcer encore ces progrès, il prie le Secrétaire général de lui présenter en octobre 2005 un plan d’action, assorti d’un calendrier, en vue d’appliquer ladite résolution dans l’ensemble des organismes des Nations Unies, afin de renforcer aux niveaux les plus élevés l’engagement et la responsabilité et de pouvoir améliorer la responsabilisation, le suivi et la présentation de rapports sur les progrès accomplis dans la mise en œuvre de la résolution au sein du système des Nations Unies.


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