CS/8185

LE CONSEIL PROLONGE DE SIX MOIS LA MISSION DES NATIONS UNIES EN ÉTHIOPIE ET EN ÉRYTHRÉE, EN APPORTANT DES AJUSTEMENTS À SES EFFECTIFS

14/09/2004
Communiqué de presse
CS/8185


LE CONSEIL PROLONGE DE SIX MOIS LA MISSION DES NATIONS UNIES EN ÉTHIOPIE ET EN ÉRYTHRÉE, EN APPORTANT DES AJUSTEMENTS À SES EFFECTIFS 


Le Conseil de Sécurité a décidé ce matin de proroger le mandat de la Mission des Nation Unies en Éthiopie et en Érythrée jusqu’au 15 mars 2005.  Par la résolution 1560, adoptée à l’unanimité, le Conseil approuve les ajustements apportés à la MINUEE, y compris à sa présence et à ses opérations selon les recommandations faites par le Secrétaire général dans son rapport.


Le Conseil souligne qu’il incombe au premier chef à l’Éthiopie et à l’Érythrée d’appliquer les Accords d’Alger.  Il demande instamment aux deux parties de faire preuve de volonté politique pour normaliser leurs relations, en coopérant pleinement et sans retard avec la Commission du tracé de la frontière afin que l’opération de démarcation se déroule avec célérité.


LA SITUATION ENTRE L’ÉRYTHRÉE ET L’ÉTHIOPIE


Texte du Projet de résolution S/2004/728


Le Conseil de sécurité,


Réaffirmant toutes ses résolutions et déclarations antérieures concernant la situation entre l’Éthiopie et l’Érythrée ainsi que les exigences qu’elles contiennent, et notamment la résolution 1531 (2004) du 12 mars 2004,


Réitérant son engagement sans faille en faveur du processus de paix, traduit notamment par le rôle joué par la Mission des Nations Unies en Éthiopie et en Érythrée (MINUEE), et de l’application prompte et intégrale de l’Accord de paix global signé par les Gouvernements éthiopien et érythréen (ci-après dénommés « les parties ») le 12 décembre 2000, de l’Accord de cessation des hostilités du 18 juin 2000 qui l’a précédé (S/2000/1183 et S/2000/601 respectivement, ci-après collectivement dénommés « les Accords d’Alger »), et de la décision sur la délimitation prise par la Commission du tracé de la frontière, en date du 13 avril 2002 (S/2002/423), adoptée par les parties comme étant définitive et contraignante aux termes des Accords d’Alger,


Rappelant que la paix ne peut durablement s’instaurer entre l’Éthiopie et l’Érythrée ainsi que dans la région sans démarcation complète de la frontière entre les parties,


Notant avec préoccupation à cet égard l’absence de progrès dans la démarcation de la frontière, ainsi qu’il est indiqué dans le quatorzième rapport sur les travaux de la Commission du tracé de la frontière entre l’Érythrée et l’Éthiopie, en date du 20 août 2004, qui conclut que, dans les circonstances actuelles, la Commission n’est pas en mesure de poursuivre les activités de démarcation,


Exprimant la préoccupation que lui inspire le fait que l’Éthiopie continue de rejeter des parties importantes de la décision de la Commission du tracé de la frontière et qu’elle ne coopère pas avec la Commission à l’heure actuelle,


Exprimant sa déception face au refus persistant de l’Érythrée de coopérer avec l’Envoyé spécial du Secrétaire général pour l’Éthiopie et l’Érythrée, dont les bons offices offrent aux deux parties une occasion concrète de faire progresser le processus de paix,


Rappelant la multiplication récente des activités menées par l’Organisation des Nations Unies dans le domaine du maintien de la paix et la nécessité de répartir le plus efficacement possible les ressources disponibles à cette fin, et rappelant à cet égard le fardeau supplémentaire résultant des retards dans l’opération de démarcation,


Ayant examiné le rapport du Secrétaire général (S/2004/708) et approuvantpleinement les observations qu’il contient,


1.    Décide de proroger le mandat de la MINUEE jusqu’au 15 mars 2005;


2.    Approuve les ajustements apportés à la MINUEE, y compris sa présence et ses opérations, que le Secrétaire général a recommandés aux paragraphes 13 à 18 de son rapport;


3.    Demande aux deux parties de coopérer pleinement et sans retard avec la MINUEE pour lui permettre de s’acquitter de son mandat, d’assurer la sécurité de tout le personnel de la Mission et de lever, immédiatement et sans conditions, toutes les restrictions et tous les obstacles à ses activités et à l’entière liberté de mouvement de la Mission et de son personnel;


4.    Prend note de l’évolution positive, dans certains domaines, des relations entre la Mission et les deux parties, se félicite à cet égard en particulier de la décision prise récemment par l’Éthiopie de permettre l’établissement d’une liaison aérienne directe à haute altitude entre Asmara et Addis-Abeba, sans détour, engage l’Éthiopie et l’Érythrée à prendre immédiatement des mesures, en consultation avec la MINUEE, pour assurer des vols directs entre les deux capitales, et, à cet égard, demande à l’Érythrée de rouvrir la route entre Asmara et Barent;


5.    Souligne qu’il incombe au premier chef à l’Éthiopie et à l’Érythrée d’appliquer les Accords d’Alger et la décision de la Commission du tracé de la frontière entre l’Érythrée et l’Éthiopie et demande instamment aux deux parties de faire preuve de volonté politique pour normaliser pleinement leurs relations, notamment en adoptant de nouvelles mesures de confiance;


6.    Demande aux deux parties de coopérer pleinement et sans retard avec la Commission du tracé de la frontière et de créer les conditions nécessaires pour que l’opération de démarcation se déroule avec célérité, ce qui suppose notamment quel’Éthiopie verse sa contribution à la Commission et que des chargés de liaison sur le terrain soient nommés;


7.    Engage l’Éthiopie à faire preuve de volonté politique et à réaffirmer sans équivoque qu’elle accepte la décision de la Commission du tracé de la frontière, et à prendre les mesures nécessaires pour permettre à la Commission de procéder à la démarcation de la frontière sans plus tarder;


8.    Renouvelle son plein appui à l’Envoyé spécial du Secrétaire général pour l’Éthiopie et l’Érythrée, Lloyd Axworthy, qui déploie des efforts pour faciliter l’application des Accords d’Alger, de la décision de la Commission du tracé de la frontière et la normalisation des relations diplomatiques entre les deux pays grâce à ses bons offices, et souligne que cette nomination ne constitue pas un mécanisme alternatif;


9.    Demande à l’Érythrée d’engager le dialogue et de coopérer avec l’Envoyé spécial du Secrétaire général pour l’Éthiopie et l’Érythrée;


10.   Décide de continuer à suivre de près les mesures prises par les parties en vue d’honorer les engagements qu’elles ont souscrits aux termes des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité et des Accords d’Alger, notamment par l’intermédiaire de la Commission du tracé de la frontière, et d’examiner toutes incidences qui en résulteraient pour la MINUEE;


11.   Prie le Secrétaire général de continuer à suivre la situation de près et de réexaminer le mandat de la Mission compte tenu des progrès accomplis dans le processus de paix et des changements apportés à la MINUEE;


12.   Décide de demeurer activement saisi de la question.


Rapport d’activité du Secrétaire général sur l’Éthiopie et l’Érythrée (S/2004/708)


Le Secrétaire général informe le Conseil de sécurité de l’évolution du processus de paix depuis la publication du rapport du 7 juillet 2004 (S/2004/543) et décrit les activités de la Mission des Nations Unies en Éthiopie et en Érythrée (MINUEE) dont le mandat vient à expiration le 15 septembre 2004.


La situation dans la zone de sécurité temporaire est restée stable, indique-t-il, mais le processus politique n’a pas connu de progrès.  S’agissant des relations entre les autorités érythréennes et la MINUEE, elles se sont légèrement améliorées, tandis que la coopération avec les autorités militaires du côté éthiopien est restée satisfaisante.  De même, la liberté de mouvement du personnel de la Mission s’est améliorée.   C’est le général Rajender Singh (Inde) qui occupe les fonctions de Commandant de la Force, forte de 3 879 militaires.


Le Secrétaire général indique avoir procédé à un examen de l’efficacité de la Mission afin de soumettre des recommandations au Conseil en vue de réajuster et rationaliser les opérations.  Rappelant les contributions majeures de la MINUEE au cessez-le-feu et à l’exécution d’activités humanitaires, il indique que s’il était possible de sortir de l’impasse dans laquelle le processus de paix se trouve actuellement et de procéder à la démarcation de la frontière, il recommanderait le renforcement temporaire de la Mission dans certains domaines comme le domaine humanitaire. 


Dans la situation actuelle cependant, il recommande des ajustements en deux phases.  La phase I, déjà en cours, doit permettre de réduire l’effectif de l’état-major de la MINUEE de 30%.  Au cours de la phase II, le bataillon d’infanterie et les éléments d’appui du secteur oriental seraient rapatriés et les trois secteurs existants regroupés en deux, avec une réduction parallèle des effectifs civils.  Ces ajustements permettraient d’économiser près de 20 millions de dollars.  De nouvelles réductions pourraient ensuite être justifiées, mais le Secrétaire général avertit qu’un retrait progressif des troupes pourrait aussi réduire la capacité de la MINUEE à répondre de manière adéquate a tous les incidents qui peuvent se produire dans l’ensemble de la zone de sécurité temporaire.


Regrettant que la Commission du tracé de la frontière ne soit toujours pas en mesure de s’acquitter des travaux de démarcation de la frontière dont elle a été chargée dans l’Accord d’Alger (décembre 2000), le Secrétaire général évoque la fermeture de ses antennes sur le terrain.  En ce qui concerne la lutte antimines, il signale que des dispositions sont prises à l’heure actuelle pour employer une petite équipe de personnel recruté dans le privé.


En Éthiopie, à cause de la sécheresse, le soutien des donateurs est crucial pour répondre au besoin d’assistance humanitaire de la population, tandis qu’en Érythrée on a enregistré une augmentation du montant des contributions annoncées au titre de l’aide alimentaire.  Sur la zone de sécurité temporaire et les zones adjacentes, le Secrétaire général demande instamment aux donateurs de continuer à appuyer des projets à impact rapide en versant des contributions supplémentaires au Fonds d’affectation spéciale pour l’appui au processus de paix en Éthiopie et en Érythrée.


En conclusion, le Secrétaire général note les progrès enregistrés, même si la situation entre les deux pays est « loin d’être idéale ».  Il affirme être toujours préoccupé par le statut général du processus de paix, surtout par l’absence d’espoir de sortir de l’impasse concernant la démarcation de la frontière entre les deux parties.  Les deux dirigeants, que le Secrétaire général a rencontrés, n’ont pas proposé d’idée nouvelle et se sont contentés de réaffirmer leurs positions.  De plus, il semblerait que les deux pays continuent à s’armer.  Le Secrétaire général recommande donc au Conseil de sécurité de proroger le mandat de la MINUEE pour une nouvelle période de six mois, jusqu’au 15 mars 2005, et d’autoriser la mise en oeuvre des ajustements énoncés plus haut.


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