CS/2717

LE CONSEIL EXAMINE LES MOYENS DE RENFORCER LA COLLABORATION ENTRE L’ONU ET LES ORGANISATIONS RÉGIONALES DANS LE PROCESSUS DE STABILISATION

20/07/2004
Communiqué de presse
CS/2717


Conseil de sécurité

5007e séance – matin & après-midi


LE CONSEIL EXAMINE LES MOYENS DE RENFORCER LA COLLABORATION ENTRE L’ONU ET LES ORGANISATIONS RÉGIONALES DANS LE PROCESSUS DE STABILISATION


Il entend les représentants des grandes organisations régionales


Présidée par le Premier Ministre roumain Adrian Nastase, en présence du Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies (ONU) et du Ministre des affaires étrangères du Mexique, cette réunion du Conseil de sécurité sur le renforcement de la coopération entre l’ONU et les organisations régionales dans les processus de stabilisation a été l’occasion pour la plupart des délégations de rappeler l’importance des partenariats stratégiques pour faire face à la nature des nouvelles menaces pour la sécurité. 


Si ces discussions doivent avoir un sens, a insisté le Premier Ministre roumain, dont le pays préside le Conseil au mois de juillet, elles doivent porter sur les avantages comparatifs des organisations.  Cela doit se traduire par un processus constant d’évaluation des apports, avec la mise en place de réseaux de communications pour promouvoir la coopération au Siège et sur le terrain. 


Dans une déclaration liminaire, le Secrétaire général de l’ONU -tout en soulignant la nécessité de renforcer le réseau de mécanismes efficaces et complémentaires aux niveaux régional et mondial pour réagir de façon souple aux nouvelles menaces- a insisté sur la légitimité de l’ONU quand les organisations régionales ne peuvent soutenir des déploiements à long terme. 


Le Ministre des affaires étrangères mexicain, Luis Ernesto Derbez, dont le pays avait initié ce débat au Conseil de sécurité en avril 2003, a estimé que les organisations régionales étaient les partenaires incontournables de l’ONU dans la prévention, la gestion et le règlement des conflits.  Illustrant leur contribution, il a indiqué que la Conférence spéciale de sécurité de l’Organisation des États américains (OEA) avait pris à Mexico en octobre 2003 des engagements pour renforcer ses instruments de coopération. 


Outre les membres du Conseil de sécurité, cette réunion a vu la participation des représentants de neuf organisations régionales.  Si les représentants de la Communauté des États indépendants(CEI) et de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) ont cité en exemple leur collaboration avec les Nations Unies en suggérant que le cadre de coopération ainsi développé serve d’exemple à d’autres organisations, les représentants de l’Union africaine (UA) et de la Communauté des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) ont souligné l’importance de renforcer les capacités des organisations régionales pour optimiser leur contribution au processus de stabilisation. 


De son côté, le représentant de la Ligue des États arabes a souhaité que le Chapitre VIII de la Charte de l’ONU qui énonce les principes régissant le rôle des accords et des organismes régionaux soit amendé, afin de répondre aux nouveaux objectifs en matière de coopération.  Dans le même ordre d’idées, le représentant du Royaume-Uni a reconnu que les organisations régionales ne pouvaient être considérées comme de simples sous-traitants de nos objectifs sécuritaires.  


Plusieurs organisations régionales ont souhaité que s’applique le principe de subsidiarité dans les situations où l’ONU n’était pas en mesure de faire face aux défis en matière de paix et de sécurité.  Un principe qui doit s’accompagner de celui de la complémentarité et de solidarité, a insisté le Commissaire à la paix et à la sécurité de l’UA, ce qui implique un niveau intense d’échange d’informations.


Si certaines délégations ont noté que les organisations régionales pouvaient intervenir plus rapidement que l’ONU le représentant de l’Espagne qualifiant ces organisations d’ « œil de l’ONU sur le terrain » la plupart ont insisté sur les trois conditions de cette intervention.  La première est que cette intervention se fasse sous les auspices du Conseil de sécurité; la deuxième, qu’elle soit complémentaire et se fasse en appui et non à la place de l’ONU; et enfin, que la coopération s’adapte aux particularités de chaque situation.  Illustrant ce propos le représentant de la France a estimé que la mise en place d’un cadre de coopération ou de répartition rigides de tâches présenterait plus de contraintes que d’avantages. 


Parmi les exemples cités de contributions d’organisations régionales au maintien de la paix ont figuré l’intervention de l’Union européenne à Bunia, en République démocratique du Congo, de l’OTAN en Afghanistan dans le cadre de la Force internationale d’Assistance à la sécurité (FIAS), de la CEDEAO au Libéria et en Côte d’Ivoire, de la CEI en Azerbaïdjan, au Tadjikistan et en Géorgie, mais aussi l’intervention conjointe de l’Union africaine, de l’Union européenne et de l’ONU au Darfour.


En fin de séance, le Président du Conseil de sécurité a lu une déclaration aux termes de laquelle le Conseil de sécurité invite les organisations régionales à prendre les mesures nécessaires pour resserrer la collaboration avec l’ONU en vue de maximiser l’efficacité du processus de stabilisation et encourage également une coopération et une coordination accrues entre les organisations régionales et sous-régionales elles-mêmes, en particulier sous la forme d’échange d’informations et de mise en commun de données d’expérience et de pratiques optimales.  La Déclaration invite également les États Membres à contribuer au renforcement de la capacité des organisations régionales et sous-régionales dans toutes les parties du monde, notamment grâce à un apport en personnel et à l’octroi d’une aide technique et financière. 


Sont intervenus au cours de ce débat le Secrétaire général des Nations Unies, Kofi Annan, le Premier Ministre de la Roumanie, Adrian Nastase, ainsi que le Ministre des affaires étrangères du Mexique, Luis Ernesto Derbez, et le Ministre des affaires étrangères de la Bulgarie, qui intervenait en sa qualité de Président en exercice de l’Organisation pour la coopération et la sécurité en Europe. 


Sont également intervenus les représentant des pays suivants: Chili, Bénin, Chine, Allemagne, Fédération de Russie, Brésil, Algérie, Pakistan, Philippines, Espagne, États-Unis, Angola, Royaume–Uni, France et Roumanie, ainsi que les représentants des organisation régionales ou intergouvernementales suivantes: Commissariat pour la paix et la sécurité et les affaires politiques de l’Union africaine; Direction générale de la sécurité européenne et de la politique de défense de l’Union européenne; Ligue des États arabes; Association des États d’Asie du Sud-Est (ANASE); Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN); Communauté des États indépendants (CEI); Organisation de la Conférence islamique; Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE); Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO); et la Présidence de l’Union africaine. 


COOPÉRATION ENTRE L’ORGANISATION DES NATIONS UNIES ET LES ORGANISATIONS RÉGIONALES DANS LES PROCESSUS DE STABILISATION


Déclarations


M. KOFI ANNAN, Secrétaire général des Nations Unies, a rappelé qu’il avait, lors de la dernière réunion du Conseil de sécurité sur la coopération entre l’ONU et les organisations régionales en avril 2003, souligné la nécessité de renforcer le réseau de mécanismes efficaces et complémentaires aux niveaux régional et mondial permettant de réagir de façon souple aux problèmes que nous connaissons aujourd’hui.  Il s’agit notamment d’engager un dialogue de haut niveau régulièrement en vue d’échanger des informations.  Il a rappelé que les Nations Unies coopèrent avec les organisations régionales dans le processus de stabilisation de nombreux pays.  C’est le cas au Libéria, ou en Côte d’Ivoire où la Communauté des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) joue un rôle déterminant alors que l’Union européenne a joué un rôle crucial à Bunia, en République démocratique du Congo (RDC).  Au Burundi, c’est l’Union africaine qui est présente pour appliquer et faire respecter l’accord de cessez-le-feu alors qu’au Soudan, l’ONU a œuvré avec l’Union africaine et l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) pour appuyer le déploiement d’observateurs du cessez-le-feu.  En Haïti, a-t-il précisé, nous travaillons en étroite coopération avec les organisations régionales, notamment pour la planification des élections de 2005, et plus particulièrement avec la Communauté des Caraïbes (CARICOM).


Dans de nombreux cas, a fait remarquer le Secrétaire général, les organisations régionales peuvent intervenir sur le terrain beaucoup plus rapidement que l’ONU, même si la légitimité de l’ONU est souvent souhaitable quand les organisations régionales ne peuvent soutenir des déploiements à long terme.  Il a noté que la participation de nombreuses organisations peut être une source de richesse mais aussi de faiblesse en fonction de la nature de leurs mandats respectifs et de leur complémentarité ou non.  Il a souligné l’importance de partenariats stratégiques qui répondent aux défis d’aujourd’hui et de demain.  Nous avons encouragé les chefs d’organisations régionales à tenir des échanges de vues sur des questions d’intérêts communs, comme la prévention des conflits, le renforcement de la paix ou encore la lutte contre le terrorisme.  Nous sommes engagés à mettre en œuvre les éléments spécifiques contenus dans le cadre qui a été présenté et des décisions adoptées lors des réunions précédents.  Enfin, le Secrétaire général a souhaité la tenue de réunions annuelles sur cette question dans le souci de resserrer la coopération entre les organisations régionales et les Nations Unies. (Pour la version intégrale du texte, voir notre communiqué de presse SG/SM/9424)


M. LUIS ERNESTO DERBEZ, Ministre des affaires étrangères du Mexique, a estimé que les organisations régionales étaient les partenaires des Nations Unies dans la prévention, la gestion et le règlement des conflits, de même que dans le processus de consolidation de la paix.  Il est essentiel, a-t-il dit, que la communauté internationale accorde une même attention au processus de stabilisation afin d’éviter que les crises ne se reproduisent.  M. Derbez a souligné l’importance des créations d’alliances dans le processus de stabilisation.  Ces alliances, a-t-il indiqué, devraient comprendre les institutions de Bretton Woods ainsi que d’autres entités qui peuvent permettre le développement.  Le Ministre mexicain est également revenu sur la Conférence spéciale de sécurité de l’Organisation des États américains (OEA), qui s’est tenue à Mexico en octobre 2003, la qualifiant d’évolution politique parmi les plus importantes de l’Organisation.  Lors de cette Conférence, les États américains ont adopté une nouvelle conception de la sécurité, a-t-il précisé, notamment en identifiant des mécanismes de coopération régionale et en prenant des engagements concrets pour renforcer ces instruments de coopération.


M. SAID DJINNIT, Commissaire pour la paix, la sécurité et les affaires politiques de l’Union africaine, a déclaré que ce débat était d’autant plus à propos qu’il intervenait alors que l’Union africaine vient de mettre en place son Conseil de la paix et de la sécurité qui se présente comme un système continental de sécurité collective.  En ce qui concerne la coopération avec les organisations régionales, il convient aujourd’hui de mettre en place le cadre et le format de ces réunions périodiques.  Mais, a-t-il rappelé, le débat sur la coopération entre les Nations Unies et les organisations régionales, ne peut être isolé de celui sur la relation entre l’Union africaine et ses propres organisations régionales.  Le représentant a invité le Conseil de sécurité à s’adapter aux préoccupations du monde d’aujourd’hui.  Dans les situations où le Conseil de sécurité ne peut pas faire face aux défis en matière de paix et de sécurité, il est important que s’applique dans les relations entre l’ONU et les organisations régionales, le principe de subsidiarité qui doit s’accompagner de celui de la complémentarité et de solidarité, a-t-il dit.  Cela implique à son avis un niveau élevé d’échange d’informations.  M. Djinnit a également insisté sur la nécessité d’une meilleure prise en charge de la reconstruction postconflit dans la coopération entre les Nations Unies et les organisations régionales. 


M. CRISTIAN BARROS, Vice-Ministredes affaires étrangères du Chili, a affirmé que le combat pour la paix devait être mené sur deux fronts: au niveau de la sécurité et sur le plan économique et social.  Seule une victoire sur ces deux fronts nous permettra de garantir la stabilité et la cohésion, qui sont les conditions préalables d’une paix durable, a-t-il précisé.  Selon M. Barros, il est vital que soit renforcée l’interaction entre les organisations régionales et le système mondial afin de réaliser la complémentarité qu’envisageaient les auteurs de la Charte des Nations Unies.  Les organisations régionales, a-t-il souligné, présentent l’avantage d’une proximité physique face aux menaces.  Elles ont aussi l’avantage de mieux les identifier et de mieux connaître les sensibilités politiques en jeu.  L’action régionale permet de trouver de nouvelles modalités pour faire face aux conflits qui peuvent enrichir le débat et aider à élargir la gamme des instruments pour le maintien de la paix.  La coordination et la coopération avec les organismes régionaux constituent un moyen de renforcer la légitimité des actions pour maintenir la paix et la sécurité, a-t-il souligné.  Le Ministre chilien a proposé que soient recherchées des formules pour incorporer la vision des organisations régionales au sein des débats du Conseil de sécurité portant sur les Chapitres VI et VII de la Charte, que le Secrétariat des Nations Unies soit encouragé à soutenir et coordonner les activités des organisations régionales sur les questions concernant la paix et la sécurité, sous la forme par exemple d’un mécanisme de consultation et d´échange d’informations, et que soient coordonnées et facilitées, au niveau du Secrétariat des Nations Unies, les ressources financières provenant d’organisations internationales.


M. JOËL ADECHI (Bénin) s’est félicité de cette occasion qui nous permet de réfléchir aux stratégies communes visant à promouvoir la coopération entre les organisations régionales et les Nations Unies dans l’intérêt de la stabilisation.  Il a rappelé que les organisations régionales ont eu à assumer des responsabilités accrues.  C’est pourquoi, il est important que sous l’angle de la subsidiarité, les organisations régionales se dotent de capacités de réaction rapides.  Il faudrait que les Nations Unies n’interviennent que lorsque les capacités régionales sont dépassées.  Les organisations régionales peuvent présenter un avantage comparatif.  Il faut un partenariat stratégique pour une interaction et une coopération plus efficaces.  La division du travail ne portera ses fruits que si elle s’accompagne du renforcement des capacités du continent africain en matière de maintien de la paix et de la sécurité internationales.  L’interaction entre l’ONU et les organisations devra s’établir sur la base d’une utilisation rationnelle des ressources et des moyens disponibles et une division rationnelle des tâches.  Il s’est félicité de la mise en œuvre du Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD) et de la CEDEAO, qu’il a qualifiés d’exemples de prise de conscience des liens entre la paix et le développement économique et social.  À cet égard, il a souligné la coopération entre le Bureau de coordination des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et de la CEDEAO pour la résolution des conflits dans la sous-région et des possibilités que cette collaboration offre aux pays de la région pour régler les problèmes transfrontières. 


M. PETER FEITH, Directeur général adjoint de la Politique de sécurité et de défense de l’Union européenne, a affirmé que l’Union était fermement engagée dans le renforcement du dialogue avec tous les interlocuteurs impliqués dans le règlement des conflits.  La sécurité de l’Europe dépendra d’un système multilatéral efficace et d’une institution internationale qui fonctionne efficacement, a-t-il constaté.  Ce n’est pas là le refuge des faibles, mais le refuge des sages, a-t-il ajouté, précisant que l’Union européenne obéissait, dans sa stratégie, aux principes de défense du droit international.  On ne peut pas faire face aux menaces uniquement par des moyens militaires, a également dit M. Feith.  La solution politique des conflits régionaux ou l’aide au développement constitue, selon lui, des moyens possibles. 


Notant que l’Union européenne était engagée dans trois opérations, toutes civiles, dans les Balkans et en Géorgie et qu’elle avait mené l’an dernier une opération autonome en République démocratique du Congo (RDC), il a souligné l’importance de compter sur une volonté politique et des mécanismes souples pour intervenir rapidement et apporter des secours immédiats aux populations.  L’Union européenne ne doit pas, néanmoins, intervenir dans chaque zone de crise potentielle, a-t-il estimé.  Selon lui, la coopération avec les Nations Unies est également essentielle.


M. YISHAN ZHANG (Chine) s’est félicité de la volonté de l’Onu de renforcer régulièrement sa coopération avec les organisations régionales.  Il a rappelé que la Charte des Nations Unies donnait au Conseil de sécurité la responsabilité première pour le maintien de la paix et de la sécurité internationale, mais a-t-il souligné, les organisations régionales peuvent également contribuer à cette activité.  Le représentant a par ailleurs souligné que l’article 53 de la Charte des Nations Unies précisait qu’aucune action coercitive ne pourrait être engagée par les organisations régionales sans l’accord préalable du Conseil de sécurité.  En ce qui concerne le renforcement des capacités, le représentant a invité la communauté internationale à renforcer les moyens du continent africain en matière de maintien de la paix et de la sécurité.  En matière de coopération en Asie, il a cité en exemple le rôle de l’Association des Nations d’Asie du Sud-Est (ANASE) qui continue de jouer un rôle actif dans la région. 


M. AMRE MOUSSA, Secrétaire général de la Ligue arabe, a affirmé que la coopération entre les organisations régionales et les Nations Unies, en particulier le Conseil de sécurité, devait être renforcée, car à son avis les menaces internationales ne se limitent plus uniquement aux actions militaires.  M. Moussa a souligné la nécessité d’amender le chapitre VIII de la Charte des Nations Unies afin de prendre en compte les développements internationaux et le rôle des organisations régionales.  M. Moussa a également jugé qu’il était important de développer la coopération entre les Nations Unies et la Ligue arabe en tant qu’organisation régionale et plaidé en faveur d’une coopération horizontale entre les organisations régionales, citant notamment les relations avec l’Union africaine qui comprend de nombreux membres de la Ligue arabe.  Ces relations spéciales ont abouti à beaucoup d’avantages, a-t-il dit, en particulier dans le processus de négociations de paix au Soudan et dans le règlement de la crise au Darfour. 


Notant l’importance du multilatéralisme, M. Moussa, a déploré les tentatives internationales ou régionales pour marginaliser les Nations Unies, citant les exemples des conflits au Moyen-Orient.  Le Secrétaire général de la Ligue arabe a lancé un appel pour la tenue d’une conférence internationale consacrée à l’examen des questions qui menacent la paix et la sécurité internationales.


M. GÜNTER PLEUGER (Allemagne) a rappelé que la politique étrangère de la République fédérale d’Allemagne a été fondée il y a 55 ans sur le principe de l’intégration régionale et celui du multilatéralisme.  Ces principes fondateurs de l’unité allemande nous guident dans nos relations avec les Nations Unies, a déclaré le représentant.  Soulignant la pertinence du multilatéralisme, le représentant a cité pour exemple les récents accords sur les zones de conflit et la gouvernance démocratique entre le PNUD et la Commission européenne.  Ce nouveau partenariat est nécessaire car la stabilisation ne vise pas seulement à consolider la paix après les conflits, mais aussi une action quotidienne en faveur du développement », a-t-il précisé.  Afin de maximiser les efforts de stabilisation, le représentant a prôné une coopération accrue entre toutes les parties aux situations post-conflictuelles.  Dans ce contexte, la tenue de réunions de haut niveau entre les Nations Unies et le Secrétariat et les dirigeants des organisations régionales est nécessaire, et l’Allemagne soutient l’idée d’augmenter le nombre de ces réunions, a indiqué le représentant.  La terrible crise humanitaire qui sévit actuellement au Darfour a montré que l’action d’une institution telle que l’Union africaine, maintenant dotée de son propre mécanisme de prévention des conflits, était essentielle, a poursuivi le représentant.  Ainsi, après avoir encouragé le développement en Afrique, l’Union africaine accroît son action dans le domaine de la sécurité, s’est-il félicité.  De ce point de vue, le Sommet d’Accra sur la Côte d’Ivoire, qui se tiendra le 29 juillet prochain, sera particulièrement intéressant à suivre, a conclu le représentant.   


M. ALEXANDER V. KONUZIN (Fédération de Russie) a estimé que le renforcement de la coopération entre les organisations régionales et les Nations Unies semblait incontournable à un moment où nous avons à faire face à des défis sans précédent en matière de maintien de la paix et de sécurité internationales.  Il a rappelé que l’intervention de toute organisation régionale devait avoir un mandat préalable du Conseil de sécurité notamment lorsqu’elle devait intervenir de manière coercitive.  Il s’est félicité de l’expérience considérable qui s’est développée en matière de coopération entre le Conseil de sécurité et les organisations régionales.  Il a indiqué que son pays a contribué à favoriser la coopération entre l’ONU et la communauté des États indépendants (CEI), notamment pour le maintien de la paix en Azerbaïdjan et en Géorgie.  Les organisations régionales, a-t-il ajouté, doivent faire davantage d’efforts pour mettre en évidence leurs avantages comparatifs tout en respectant les prérogatives des Nations Unies, et notamment du Conseil de sécurité.


M. ALOUNKEO KITTIKHOUN (République démocratique populaire lao), Président du Comité directeur de l’Association des nations d’Asie du Sud-est (ANASE), s’est déclaré convaincu qu’une coopération efficace entre les Nations Unies et les organisations régionales pourrait renforcer et faciliter la création de mécanismes institutionnels pour la prévention des conflits régionaux et la consolidation de la paix.  En matière de consolidation de la paix, l’ANASE prend note des quatre domaines principaux que les organisations régionales ont identifiés lors de la quatrième réunion de haut niveau organisée par l’ONU, à savoir l’identification des situations où la consolidation de la paix est requise, la définition des objectifs politiques, le développement d’une réponse opérationnelle par le biais de consultations mutuelles et l’implication de toutes les parties dans le processus de consolidation.  Le représentant a poursuivi en soulignant que la résolution 57/35 de l’Assemblée générale des Nations Unies sur la coopération entre l’Organisation et l’ANASE, adoptée le 21 novembre 2002, continue d’encourager une plus active coopération entre ces deux parties.  Cette résolution a pour objectif d’encourager des activités communes entre l’ONU et l’ANASE, notamment dans les domaines politique et de sécurité, a conclu le représentant.   


M. HENRIQUE VALLE (Brésil) a estimé que les organisations régionales doivent jouer un rôle accru dans les efforts internationaux en faveur de la paix et la sécurité.  Leur structure est plus souple et, par définition, elles sont confrontées de plus près aux menaces sur la sécurité et à leurs causes, a-t-il souligné.  Les organisations régionales, a-t-il ajouté, occupent une meilleure position pour détecter plus tôt les symptômes des conflits et agir rapidement.  La coopération entre les Nations Unies et les organisations régionales est essentielle, bien que le Conseil de sécurité demeure le seul organe légitime pour déterminer les mesures à prendre.  Selon M. Valle, les gouvernements, les organisations internationales et la société civile doivent être impliqués dans la lutte contre les causes inhérentes des conflits, à savoir la pauvreté, la faim et le sous-développement.  La communauté internationale peut apporter son soutien pour renforcer les capacités des organisations régionales de manière à leur permettre de répondre immédiatement aux menaces.


M. ABDALLAH BAALI (Algérie) a déclaré que le rôle des organisations régionales et leurs activités en relation avec l’ONU, qui sont indéniables, ont connu une avancée qualitative depuis que l’Agenda pour la paix a prôné la coopération entre les Nations Unies et ces organisations en vue de renforcer les capacités de l’ONU en matière de diplomatie préventive, de rétablissement et de maintien de la paix.  Cette avancée ouvre des perspectives à l’exploitation du Chapitre VIII de la Charte des Nations Unies, au moment où la mondialisation des menaces impose une définition globale du concept de sécurité et requiert une riposte collective et concertée.


Toutefois, a précisé le représentant, le Conseil de sécurité demeure l’enceinte majeure de gestion des conflits internationaux, ce qui est primordial pour la préservation des fondements du droit international.  Il est, par conséquent, impératif que les opérations de sécurité régionale se fassent sous mandat du Conseil, étant entendu qu’un dialogue régulier doit se tenir entre le Conseil et certaines organisations telles que l’Union africaine et la CEDEAO, a dit le représentant.  L’Union africaine, plus particulièrement, s’est dotée depuis deux ans des institutions indispensables au développement d’une démarche globale en matière de sécurité.  Par ailleurs, les différences de parcours et de contextes régionaux ne devraient pas empêcher la mise en place d’échange systématique d’expériences, a-t-il précisé.  Dans le cas précis de l’Afrique, a poursuivi le représentant, le processus de stabilisation doit se faire en conjonction avec la promotion du développement et requiert une démarche coordonnée sur les plans économique et politique.  Dans ce cadre, la riche expérience de la complémentarité des efforts entre l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) et l’ONU nous semble une source d’inspiration utile et prometteuse, a conclu le représentant. 


M. ROBERT SIMMONS, Sous-Secrétairegénéral adjoint aux affaires politiques de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN), a estimé que la diversité des défis auxquels nous avons à faire face ne pourra être prise en compte de façon efficace si l’on n’adopte pas un vaste concept qui va au-delà des questions militaires.  Il faut la coopération de toutes les grandes institutions mondiales, régionales et sous-régionales, pour fixer des objectifs communs et surtout pour les mettre en oeuvre ensemble.  L’OTAN, bien que n’étant pas une organisation régionale mais une organisation de défense, soutient les efforts des Nations Unies en matière de maintien de la paix et de la sécurité internationales.  Nous menons des opérations mandatées par les Nations Unies dans les Balkans et en Afghanistan.  Fort de cette expérience, M. Simmons a souligné la nécessité de progresser en matière d’échange d’informations, notamment dans le domaine de la lutte contre le terrorisme.  Il a précisé que l’OTAN avait mis en place des cadres de coopération sur le terrain avec l’ONU, dans les Balkans et en Afghanistan, et nous informons régulièrement le Conseil de sécurité sur l’évolution de la situation sur le terrain.  Face à la diversité des défis, il est urgent d’examiner les options qu’offre l’avenir.  Et c’est dans ce contexte qu’une équipe des Nations Unies est venue récemment s’enquérir de la manière dont l’OTAN pourrait contribuer davantage aux efforts de maintien de la paix.  L’expérience montre qu’il faut faire preuve d’imagination pour nous adapter à la diversité des situations locales que d’imposer des cadres uniformes. 


M. AIZAZ AHMAD CHAUDHRY (Pakistan) a rappelé que la Charte des Nations Unies identifiait le rôle des organisations régionales pour préserver la paix et de la sécurité internationales.  Selon lui, les organisations régionales ont assumé une part importante dans la promotion de la paix et de la sécurité régionales, citant par exemple, le rôle joué en Europe par l’Organisation de la sécurité et de la coopération en Europe (OSCE) et l’OTAN, en Afrique par l’Union africaine (UA), ou sur le continent américain par l’Organisation des États américains (OEA).  M. Chaudhry a également souligné que l’Organisation de la Conférence islamique (OCI), composée de 56 États membres couvrant quatre continents et représentant un quart des États Membres des Nations Unies, avait joué un rôle significatif dans plusieurs conflits ou situations de crise.


La participation d’organisations régionales dans le maintien de la paix et de la sécurité dans leurs régions respectives doit être impartiale, a insisté M. Chaudhry.  Les expériences issues des différentes situations de conflits nous ont enseigné que la stabilisation ne vise pas simplement à cesser les hostilités ou consolider la paix, mais vise aussi à restaurer une paix durable.  La stabilisation, a-t-il ajouté, est une tâche complexe qui associe les deux principales priorités des Nations Unies, à savoir la paix et le développement.  Les organisations régionales, a-t-il observé, doivent seconder les Nations Unies dans la phase postconflit de restauration de la paix non seulement sur le plan politique mais également sur le plan économique.


M. LAURO L. BAJA (Philippines) a souligné que la coopération entre les Nations Unies et les organisations régionales était cruciale dans le cadre du maintien de la paix et de la sécurité internationales.  Cette coopération, a dit le représentant, exige un cadre de travail qui inclut les questions de la complémentarité et des avantages comparatifs pour répondre au mieux aux situations de conflit.  S’agissant de la prévention et du règlement des conflits, le représentant a estimé que les Nations Unies doivent là aussi étendre leur coopération en établissant un lien entre leurs moyens pacifiques et les mécanismes régionaux déjà en place.  Le Conseil de sécurité exerce sa pleine autorité lorsque toutes les solutions pacifiques ont échoué, a-t-il précisé.  Pour leur part, les mesures postconflit devraient être prises collégialement sous l’égide des Nations Unies. 


Poursuivant, le représentant a rappelé que l’échange d’informations ayant trait au maintien de la paix et de la sécurité au niveau régional n’est pas simplement l’objet de l’Article 54 de la Charte des Nations Unies.  Il devrait aussi servir d’ossature au cadre de travail sur la coopération entre les Nations Unies et les organisations régionales.  En tant que pays membre de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE), les Philippines considèrent que les consultations sur le règlement des conflits ne devraient pas être limitées aux Nations Unies et aux organisations régionales concernées.  La société civile et les groupes de réflexions régionales ont prouvé leur utilité dans le processus de renforcement entre les parties en conflit, a conclu le représentant.


M. DMITRY BOULAKHOV, Secrétaire exécutif de la Communauté des États indépendants (CEI), a présenté les activités de son Organisation pour intervenir en matière de maintien de la paix dans les pays de la communauté conformément au Chapitre VIII de la Charte des Nations Unies.  À la suite de l’effondrement de l’Union soviétique, nous avons connu une longue période de contradictions ponctuée de conflits armés.  Le système de prévention et de règlement des conflits et de la consolidation de la paix est sur le point d’être créé au sein de la CEI.  Il a cité en exemple la coopération entre l’ONU et la CEI en matière de règlement des conflits en Azerbaïdjan en 2000.  Il a souligné l’importance de la coopération pour gagner en efficacité dans des domaines comme la lutte contre le terrorisme, les stupéfiants ou la criminalité.  Il a suggéré que l’ONU examine les cadres offerts par la CEI en matière de coopération en faveur du maintien de la paix et de la sécurité.  Il a estimé que l’expérience de la CEI pourrait servir aux autres organisations régionales pour leur permettre de renforcer leur base juridique et normative en matière de collaboration dans les processus de stabilisation. 


M. INIGO DE PALACIO (Espagne) a estimé qu’il existait un consensus de la communauté internationale sur la nécessité d’appuyer les Nations Unies dans le processus de stabilisation des conflits.  Il ne s’agit plus seulement de conflits internationaux mais de conflits internes, conséquences parfois d’États en déliquescence, a-t-il estimé.  Ce sont des défis nouveaux pour la communauté internationale qui nécessite des réponses nouvelles en respectant les règles du droit international.  Il faut, selon le représentant espagnol, renforcer les relations entre le Conseil de sécurité et les organisations régionales de même qu’entre les organisations régionales elles-mêmes.  Il convient également, a-t-il ajouté, d’intensifier l’échange d’informations, pour qu’il soit plus régulier et dynamique, entre le Conseil de sécurité et les organisations régionales.  Selon lui, des critères généraux devraient être mis au point permettant aux organisations régionales de contribuer aux travaux du Conseil de sécurité.  Il a néanmoins reconnu qu’il restait beaucoup à faire dans ce domaine.  Le représentant de l’Espagne a par ailleurs considéré que les processus de stabilisation devaient être conçus de manière très large et ne pas se limiter à la cessation des hostilités.  Il faut, a-t-il assuré, consentir un effort dans le cadre des politiques de développement pour s’attaquer aux causes des conflits.


M. MOKTHAR LAMANI, Observateur permanent de l’Organisation de la Conférence islamique (OCI), a souligné que son organisation était vivement préoccupée par diverses questions à l’ordre du jour du Conseil de sécurité comme entre autres la situation en Iraq, en Afghanistan, en Bosnie-Herzégovine, en Sierra Leone, en Somalie et d’autres conflits en Afrique, la situation au Moyen-Orient, en Palestine, et au Jammu-et-Cachemire.  Il a souligné que ni l’ONU ni l’OCI ne pouvaient ignorer la montée de l’islamophobie dans plusieurs parties du monde et a estimé que si cette injustice n’était pas réparée, l’instabilité continuerait à ébranler plusieurs régions de la planète.  Il a souligné l’importance de la coopération entre l’ONU et l’OCI pour s’attaquer aux conséquences des conflits régionaux que sont la menace du terrorisme et la prolifération des armes de destruction massive.  Cette coopération doit inclure les autres organisations régionales pour faire obstacle aux objectifs des extrémistes et des idéologues qui cherchent à promouvoir un clash des civilisations au lieu d’encourager la tolérance et la coopération.  L’OCI est convaincue que les initiatives prises dans le cadre du dialogue entre les civilisations, notamment la création de relations institutionnelles entre les différentes organisations régionales, devaient être relayées et renforcées au sein des organisations intergouvernementales.  Les Nations Unies, a-t-il dit, doivent jouer un rôle de chef de file et faciliter la formulation de stratégies complémentaires permettant une stabilisation dans toutes les régions du monde. 


M. SOLOMON PASSY, Ministre des affaires étrangères de la Bulgarie et Président en exercice de l’Organisation pour la coopération et la sécurité en Europe (OSCE), a fait part de l’expérience et des compétences de son Organisation pour tirer la sonnette d’alarme en cas de menaces.  Il a souligné la nécessité pour les organisations régionales de se transformer et de s’adapter aux nouveaux défis que posent les menaces pour soutenir les efforts de l’ONU en matière de prévention des conflits et de l’aide à la gestion des crises.  Notre priorité, a-t-il insisté, est la lutte contre le terrorisme, domaine dans lequel nous coopérons avec l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) et l’Office des Nations Unies pour la drogue et le crime.  L’OSCE depuis longtemps travaille en étroite collaboration avec l’ONU au Kosovo où nous sommes partie intégrante de la MINUK, a rappelé M. Passy.  Les modes d’opérations sur le terrain en matière de collaboration établies entre différentes organisations, a-t-il estimé, peuvent servir de modèles pour d’autres organisations régionales.  Il a déclaré que des progrès devaient être accomplis pour la gestion conjointe des crises et dans ce cadre, nous avons proposé la mise en place d’un mécanisme permettant de consulter les autres organisations régionales.  Nous approuvons la tenue de réunions de haut-niveau entre le Secrétaire général et les chefs d’organisations régionales pour améliorer la collaboration dans les processus de stabilisation. 


M. STUART HOLLIDAY (États-Unis) a souligné que les organisations régionales devaient jouer un rôle clef pour régler les conflits dans leur zone géographique.  Il a estimé que la coopération entre l’ONU et les organisations régionales, comme en Afghanistan et en Haïti, avait montré son efficacité.  En 2000, a-t-il rappelé, le Conseil a adopté la résolution 1318 dans laquelle il souligne la nécessité de renforcer la communication entre l’ONU et les organisations régionales et sous-régionales, en particulier en Afrique.  Il a mentionné les diverses opérations dans lesquelles sont impliquées les différentes organisations régionales africaines ou des Caraïbes, notamment de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et la mise en place d’une brigade multinationale en attente (SHIRBRIG) qui peut intervenir dès les premiers signes d’aggravation d’une crise et avant l’arrivée de l’ONU.  Le représentant américain a souligné le défi que constitue la situation du Darfour, au Soudan, qu’il a qualifiée de menace à la stabilisation de la région.  À cet égard, il a souligné le rôle de catalyseur que doit jouer l’Union africaine et l’a invitée à continuer à faire pression sur les parties concernées pour poursuivre les pourparlers à Addis-Abeba.  Il a également souligné que les États-Unis continueront d’appuyer les initiatives au Burundi et au Darfour.  Il a souligné la nécessité d’encourager la conclusion d’accords régionaux de contribution de troupes.  Il a par ailleurs insisté sur l’importance de tenir compte des résolutions du Conseil de sécurité sur le rôle des femmes en tant qu’acteurs du processus de paix et sur la lutte contre le VIH/sida dans le contexte des opérations de maintien de la paix.  Concluant, M. Holliday a souligné la nécessité de mener une réflexion critique sur la façon de gérer très efficacement la coopération entre l’ONU et les organisations régionales dans les processus de stabilisation. 


M. ISMAEL ABRAÃO GASPAR MARTINS (Angola) s’est félicité de l’occasion qu’offrait ce débat de reconnaître le rôle joué par les organisations régionales dans la prévention des conflits et les processus de stabilisation.  Il a rappelé le cadre que constitue la Charte des Nations Unies qui énonce les principes qui régissent le rôle des accords et des organismes régionaux.  Illustrant l’importance des organisations régionales, il a souligné la contribution de l’Union africaine (UA), de la Communauté économique des États de l’Afrique australe (SADEC), de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) ou encore de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) sur le terrain.  Il a rappelé que les Ministres des affaires étrangères de l’UA se sont réunis dès septembre 1997, afin de voir comment on pouvait promouvoir la paix et la sécurité en Afrique.  Cette rencontre a conclu que la coopération entre les Nations Unies et les organisations régionales pouvait considérablement contribuer à améliorer l’efficacité du Conseil de sécurité et à l’approche globale d’intégration des perspectives économiques et sociales.  De nombreux enseignements peuvent être tirés du Liberia, de la Côte d’Ivoire ou encore du Burundi en matière de contribution d’organisations régionales à la paix et la sécurité dans le souci de la stabilité politique et économique de l’Afrique.  Nous sommes conscients que les Africains ne peuvent réaliser leurs objectifs en matière de maintien de la paix et de la sécurité sans l’appui des Nations Unies.  Mais l’exemple de l’engagement récent au Darfour du Conseil de la paix et de la sécurité créé par l’UA, a-t-il insisté, montre combien les organisations régionales peuvent être efficaces lorsqu’elles sont appuyées par la communauté internationale.  C’est pourquoi, a-t-il ajouté en citant en exemple la coopération entre l’Union africaine et l’Union européenne, il est important de renforcer les moyens d’action des organisations régionales pour que nos forces se complètent les unes et les autres. 


M. NANA EFFAH-AFENTENG (Ghana), représentant de la présidence de la Communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) a déclaré que les Nations Unies devaient aider la CEDEAO à mettre en œuvre son Mécanisme pour la prévention et le règlement des conflits, le maintien de la paix et la sécurité régionale.  Dans ce contexte, plusieurs initiatives ont été prises en vue d'établir un cadre approprié pour la coopération entre les Nations Unies et la CEDEAO, dans des domaines tels que l'échange de l'information, le renforcement des capacités et la collecte de fonds.  S'agissant de la prévention des conflits, il a indiqué que la CEDEAO privilégiait la promotion de la bonne gouvernance et de la démocratie et son Système d'alerte rapide comme deux des volets décisifs de sa politique en la matière.  Il a en outre fait valoir l'action du Conseil des sages, composé de personnalités éminentes de la région, qui constitue un des autres mécanismes majeurs de la diplomatie préventive de la CEDEAO. 


Abordant ensuite la question du règlement et de la gestion des conflits, le représentant a indiqué que la politique de la CEDEAO en ce domaine était axée sur la capacité à mettre en place une réponse rapide et à assurer une paix durable.  L'un des organes lui permettant de développer une telle capacité est l'ECOMOG, qui consiste en modules de réserves polyvalents civil et militaire, basés dans leurs pays d'origine et prêts à être déployés à tout moment.  M. Effah-Afenteng a affirmé que la création du Mécanisme de la CEDEAO avait facilité les interventions militaires ces dernières années, notamment en Côte d'Ivoire et au Libéria.  Toutefois, il a conclu en attirant l'attention sur les difficultés que la CEDEAO connaît en matière de maintien de la paix, soulignant la nécessité de travailler de concert avec les Nations Unies sur les programmes de désarmement, de démobilisation et de réinsertion, en particulier dans ces deux pays.


M. EMYR JONES PARRY (Royaume-Uni) a souligné qu’il n’y avait pas de modèle unique de partenariat entre les Nations Unies et les organisations régionales.  Dans certains cas, elles peuvent agir en tant que sous-traitants dans le cadre du Chapitre VIII de la Chartre des Nations Unies.  Dans d’autres, ce sont les Nations Unies qui joueront un rôle spécifique dans le cadre d’un effort de stabilisation dirigé par une organisation régionale.  Dans les deux cas, les rôles respectifs de chacun évolueront dans le temps, a-t-il insisté.  Il a souligné la nécessité d’adopter une approche flexible au cas par cas et d’améliorer la coordination, en particulier sur le terrain et entre les composantes militaires et civiles, comme en témoigne la situation au Kosovo.  Il a également insisté sur la nécessité d’améliorer la continuité entre les efforts des missions de l’ONU et les efforts plus étendus de stabilisation, comme les efforts de désarmement, démobilisation et réintégration, notamment en matière de financement.  La transparence dans le processus de décision entre l’ONU et les organisations régionales afin de garantir l’intégration des efforts de stabilisation. 


Pour tirer parti au mieux des partenariats entre l’ONU et les organisations régionales, a préconisé le représentant, il est important que l’ONU assume sa responsabilité particulière vis-à-vis des structures régionales ne disposant pas de toutes les capacités nécessaires pour gérer à elles seules les crises.  C’est particulièrement le cas en Afrique, où les Nations Unies doivent s’atteler à rendre opérationnelles les structures de maintien de la paix et de la sécurité de l’Union africaine.  Il a par ailleurs souligné l’importance de veiller à la compatibilité des activités régionales de l’ONU avec celles des organisations régionales correspondantes, ainsi que le besoin pour l’ONU d’assurer la cohérence des approches adoptées, en particulier en matière de doctrine de maintien de la paix, afin d’accroître l’interaction des forces des différentes régions.  Le représentant britannique a également souligné que la présidence britannique du G-8 et de l’Union européenne en 2005 serait l’occasion d’avancer dans la réflexion.  Dans cette perspective, il est important de poursuivre les efforts de coopération entrepris par l’Union européenne et l’ONU dans le domaine de la gestion des crises; de continuer à renforcer les capacités africaines de soutien aux opérations de consolidation de la paix.  Il a rappelé l’important rôle que doivent jouer les organisations régionales en matière de justice et d’état de droit en collaborant avec les Nations Unies, les tribunaux internationaux et en appuyant tous les efforts de promotion de l’état de droit.  Le défi revient aussi à dépasser l’idée selon laquelle les organisations régionales ne sont que des sous-traitants du maintien de la paix dans le cadre du Chapitre VIII de la Charte et à élaborer un partenariat entre les Nations Unies et les organisations régionales en évitant la duplication des efforts, en tirant parti des complémentarités, en assurant la mobilisation des ressources financières, humaines et matérielles requises pour assurer la bonne marche des initiatives régionales. 


Intervenant au nom de la présidence de l’Union africaine, AMINU B. WALI (Nigéria), rappelant l’obligation des Nations Unies aux termes de la Charte d’encourager l’adoption de mesures collectives contre toute menace à la paix, a indiqué que l’Article 52 de la Charte souligne le rôle que peuvent jouer les organisations régionales en ce domaine.  Nous devons faire preuve d’un esprit de communauté et de vision partagée.  C’est pourquoi, nous avons suivi les différentes démarches du Conseil de sécurité pour renforcer la coopération avec les organisations régionales.  La décision de l’Union africaine de dépêcher des envoyés spéciaux dans des régions où l’ONU est active constitue une autre mesure de collaboration.  M. Wali a déclaré que l’élaboration de stratégies régionales pour faciliter la participation des acteurs régionaux à la résolution des conflits répondait aux dispositions de la Charte des Nations Unies sur les accords régionaux en matière de maintien de la paix.  Le Protocole de l’Union africaine relatif à la création de son Conseil de la paix et de la sécurité témoigne de la volonté de l’Union de s’acquitter de ses responsabilités en matière de maintien de la paix sur le continent africain.  Il a indiqué que ce Conseil, entré en vigueur le 28 décembre 2003, comprend un Conseil des sages, un dispositif d’alerte rapide et une force d’attente.  Il a souligné l’importance d’un soutien de la communauté internationale afin de permettre à l’Union africaine une appropriation régionale des questions de maintien de la paix et de la sécurité. 


M. JEAN-MARC DE LA SABLIERE (France) a cité en exemple l’engagement de l’Union européenne en faveur du renforcement des capacités de soutien aux activités de gestion des crises des Nations Unies, au Kosovo naturellement, en Bosnie, en Macédoine également, mais aussi à Bunia, en RDC.  Il a rendu un hommage particulier à l’Union africaine qui a réalisé des avancées majeures dans la mise en place d’une force africaine prépositionnée et d’un système d’alerte rapide qui contribueront à son avis à renforcer ses capacités de prévention et règlements des conflits.  La CEDEAO mérite elle aussi tous nos éloges pour le rôle essentiel qu’elle a joué, avec peu de moyens, dans des conflits comme celui du Libéria et aujourd’hui de la Côte d’Ivoire, et dans le règlement de la dernière crise en Guinée-Bissau.  L’OEA est engagée résolument en Haïti et il faut s’en féliciter et mention doit être faite également des efforts de l’IGAD en Somalie, a indiqué le représentant de la France. 


Il a par ailleurs estimé que pour améliorer la coopération entre les Nations Unies et certaines organisations régionales, il fallait être à la fois ambitieux et pragmatique.  Ambitieux, car les Nations Unies ne pourront pas tout faire, face aux nombreux facteurs d’instabilité et à l’augmentation sensible de la demande de maintien de la paix.  C’est pourquoi, a-t-il estimé, nous devons en particulier chercher à approfondir les mécanismes de prévention de crises.  Il faut aussi que le Conseil soit réaliste.  Dans ces conditions, se fixer un cadre de procédures de répartition des tâches constituerait plus une contrainte qu’une facilité, a conclu M. de La Sablière.


M. ADRIAN NASTASE, Premier Ministre de la Roumanie, a déclaré que les partenariats axés sur la synergie entre l’ONU et les organisations régionales avaient pour objectif d’utiliser au mieux les ressources et les capacités de stabilisation disponibles.  À cet égard, il a cité l’intervention de l’Union européenne à Bunia, en République démocratique du Congo, ou encore de l’OTAN en Afghanistan dans le cadre de la Force internationale d’assistance à la sécurité (FIAS).  Il a ajouté que nous ne devions pas oublier que les organisations ont un mandat propre et que chaque conflit est unique en son genre.  Autant de conditions, a-t-il ajouté, qui défient la mise en œuvre d’un principe universel de collaboration.  Si ces discussions doivent avoir un sens, a ajouté le Premier Ministre, elles doivent être basées sur les avantages comparatifs des organisations.  Ce doit être un processus constant d’évaluation des apports des uns et des autres.  Les réseaux de communications devraient promouvoir la coopération au Siège de l’ONU et sur le terrain.  Il faut des échanges d’agents de liaison entre les sièges des différentes organisations et un dialogue constant entre le Secrétariat de l’ONU et ceux des organisations régionales pour mieux coordonner la mise en œuvre d’un programme commun en matière de sécurité.  Nous disposons de différents moyens pour déterminer l’efficacité des accords de coopération.  Le Premier Ministre a souligné l’importance de mécanismes de suivi basés sur un échange systématique et périodique.  Il faut renforcer les capacités des organisations régionales pour optimiser leur contribution au processus de stabilisation.  En conclusion, il s’est félicité de l’exemple en matière de multilatéralisme que constitue l’intervention conjointe de l’Union africaine, de l’Union européenne et de l’ONU au Darfour qui doit permettre d’atténuer les souffrances de deux millions de personnes. 


Déclaration présidentielle


À la 5007e séance du Conseil de sécurité, tenue le 20 juillet 2004, à l’occasion de l’examen par le Conseil de la question intitulée « Coopération entre l’Organisation des Nations Unies et les organisations régionales dans les processus de stabilisation », le Président du Conseil de sécurité a fait la déclaration suivante au nom du Conseil:


« Le Conseil de sécurité s’est réuni le 20 juillet 2004 pour examiner la question intitulée “Coopération entre l’Organisation des Nations Unies et les organisations régionales dans les processus de stabilisation”. Les membres du Conseil ont rappelé que les Articles 52 et 53 de la Charte des Nations Unies définissent la contribution des organisations régionales au règlement des différends ainsi que les rapports entre l’Organisation des Nations Unies et les organisations régionales dans ce domaine.


Le Conseil de sécurité rappelle l’invitation qu’il a lancée aux organisations régionales en janvier 1993 afin qu’elles améliorent la coordination avec l’Organisation des Nations Unies, la Déclaration de décembre 1994 de l’Assemblée générale sur le renforcement de la coopération entre l’Organisation des Nations Unies et les accords ou organismes régionaux, et la séance qu’il a consacrée au thème “Le Conseil de sécurité et les organisations régionales face aux nouveaux défis à la paix et à la sécurité internationales”, tenue le 11 avril 2003, sous la présidence mexicaine du Conseil.


Le 20 juillet, les membres du Conseil ont exprimé leurs vues sur la coopération entre l’Organisation des Nations Unies et les organisations régionales et reconnu le rôle important que jouent ces dernières dans la prévention, le règlement et la gestion des conflits, notamment en se penchant sur leurs causes profondes.


Ils ont rappelé dans leurs déclarations que le Conseil de sécurité a pour responsabilité principale le maintien de la paix et de la sécurité internationales et que, pour répondre efficacement aux nombreuses situations conflictuelles auxquelles est confrontée la communauté internationale, il faut, le cas échéant, renforcer la coopération avec les organisations régionales.


Les États Membres et les chefs d’organisations régionales participant au débat ont souligné qu’ils étaient désireux de renforcer la coopération entre l’Organisation des Nations Unies et les organisations régionales dans le domaine du maintien de la paix et de la sécurité internationales. Ils ont indiqué également qu’un dialogue régulier entre le Conseil et les organisations régionales sur certaines questions constituerait à cet égard une valeur ajoutée importante.


Il a été souligné que les efforts menés en commun par l’Organisation des Nations Unies et les organisations régionales dans les processus de stabilisation devraient être fondés sur la complémentarité et leurs avantages comparatifs, en tirant tout le parti possible de l’expérience des organisations régionales, conformément à la Charte des Nations Unies et aux statuts des organisations régionales.


Les déclarations ont réaffirmé l’importance d’une approche cohérente des processus de stabilisation favorisée par le renforcement de la coopération et de la collaboration, en particulier l’échange accru d’informations, en temps utile, entre l’Organisation des Nations Unies et les organisations régionales, conformément aux dispositions de l’Article 54 de la Charte des Nations Unies.


Le Conseil de sécurité se félicite de la poursuite des réunions de haut niveau entre le Secrétaire général et les organisations régionales et du consensus qui a été atteint sur les modalités de la coopération en matière de prévention des conflits et les principes de la coopération dans le domaine de la consolidation de la paix. Il invite le Secrétaire général à examiner les différentes opinions exprimées au cours des débats dans le cadre des préparatifs de la prochaine réunion de haut niveau et à le tenir informé, selon que de besoin.


Le Conseil de sécurité invite les organisations régionales à prendre les mesures nécessaires pour resserrer leur collaboration avec l’Organisation des Nations Unies en vue de maximiser l’efficacité des processus de stabilisation et encourage également une coopération et une coordination accrues entre les organisations régionales et sous-régionales elles-mêmes, en particulier sous la forme d’échange d’informations et de mise en commun de données d’expérience et de pratiques optimales.


Le Conseil de sécurité invite tous les États Membres de l’Organisation des Nations Unies à contribuer au renforcement de la capacité des organisations régionales et sous-régionales dans toutes les parties du monde, notamment grâce à un apport en personnel et à l’octroi d’une aide technique et financière.


Le Conseil de sécurité invite tous les Membres de l’Organisation des Nations Unies et autres entités du système des Nations Unies dotées de l’expérience et de la compétence voulues à contribuer à ce processus. »


*   ***   *

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.