AG/10288

L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DEMANDE DE NOUVEAU AUX ÉTATS-UNIS DE LEVER LE BLOCUS ÉCONOMIQUE, COMMERCIAL ET FINANCIER APPLIQUÉ À CUBA

28/10/2004
Communiqué de presse
AG/10288


Assemblée générale

44e séance plénière – matin


L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DEMANDE DE NOUVEAU AUX ÉTATS-UNIS DE LEVER LE BLOCUS ÉCONOMIQUE, COMMERCIAL ET FINANCIER APPLIQUÉ À CUBA


L’Assemblée générale a adopté ce matin, par 179 voix pour, 4 voix contre (États-Unis, Israël, Îles Marshall et République des Palaos) et une abstention (Micronésie), une nouvelle résolution sur la « nécessité de lever le blocus économique, commercial et financier appliqué à Cuba par les États-Unis d’Amérique ». 


Par cette résolution, présentée par le Ministre cubain des affaires étrangères, M. Felipe Pérez Roque, l’Assemblée générale « exhorte de nouveau tous les États à s’abstenir de promulguer ou d’appliquer des lois et mesures » de ce type et demande instamment à ceux qui continuent de les appliquer « de faire le nécessaire, conformément à leur système juridique, pour les abroger ou pour en annuler l’effet le plus tôt possible ».


En adoptant ce projet de résolution, les 191 États Membres ne se prononceront pas simplement sur une question qui n’intéresse que Cuba, mais aussi qui touche au respect de la Charte des Nations Unies, au droit international, à la souveraineté et à l’autodétermination des peuples, afin qu’aucun gouvernement, aussi puissant qu’il soit, ne puisse punir non seulement Cuba mais aussi tout autre pays qui commercerait avec lui, a déclaré M. Felipe Pérez Roque.  Les États-Unis ont déclenché contre Cuba une guerre économique génocidaire et planétaire, a lancé le Ministre, précisant que son pays était empêché d’exporter vers les États-Unis, de recevoir des touristes américains, d’avoir accès aux technologies produites dans ce pays, d’importer tout produit, équipement ou matière première américains. 


Le représentant des États-Unis, qui s’est exprimé en espagnol, a estimé que l’embargo commercial à l’égard de Cuba était une question bilatérale, et ne devrait dès lors pas être évoqué au sein de l’Assemblée générale.  Cette résolution n’est donc, à ses yeux, qu’une tentative pour transférer la responsabilité de l’échec des politiques économiques du régime communiste cubain sur les États-Unis et détourner ainsi l’attention de la communauté internationale à l’égard du bilan des droits de l’homme à Cuba.  Appuyer cette résolution signifie soutenir la politique répressive de ce Gouvernement, a-t-il assuré. 


De nombreuses délégations ont néanmoins soutenu le texte, à l’instar de la Jamaïque, qui, au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), s’oppose à toute mesure punitive unilatérale, en particulier lorsque ses effets extraterritoriaux violent le droit international et restreint la liberté de commerce et de navigation, la souveraineté et la liberté des États.  Selon son représentant, ces mesures empêchent le développement de relations économiques normales et sapent les relations commerciales entre les pays. 


L’Union européenne, qui a voté en faveur de la résolution, a toutefois vivement condamné l’actuelle situation des droits de l’homme à Cuba et a appelé à la libération immédiate de tous les prisonniers politiques, notamment ceux arrêtés en mars et avril 2003.  Le représentant des Pays-Bas, qui s’exprimait au nom de l’UE, a jugé que le développement de Cuba était entravé aussi bien par l’embargo des États-Unis que par la politique économique du Gouvernement cubain.


Outre les orateurs cités, les représentants du Mexique, de la Chine, de la Malaisie, de l’Afrique du Sud, du Viet Nam, de la République populaire démocratique lao, du Soudan, de la Tanzanie, du Qatar, au nom du Groupe des 77 et de la Chine, de la Zambie, du Myanmar, du Venezuela, de la République arabe syrienne, du Lesotho, de l’Indonésie, de la Namibie, de la République islamique d’Iran, du Bélarus, du Zimbabwe, de la Jamahiriya arabe libyenne, de la Fédération de Russie, du Brésil, au nom du MERCOSUR, du Japon, de l’Islande, de l’Australie et de la Norvège ont également pris la parole.


Le délégué de Cuba a exercé son droit de réponse.


L’Assemblée générale se réunira en séance plénière, cet après-midi à 15 heures, pour élire les 18 membres du Conseil économique et social (ECOSOC).  Une élection partielle précèdera le scrutin, la Grèce ayant en effet renoncé à son siège en faveur de l’Espagne pour l’année 2005.



NÉCESSITÉ DE LEVER LE BLOCUS ÉCONOMIQUE, COMMERCIAL ET FINANCIER IMPOSÉ À CUBA PAR LES ÉTATS-UNIS D’AMÉRIQUE


Rapport du Secrétaire général (A/59/302 Partie I et Partie II)


Dans son rapport sur la nécessité de lever le blocus économique, commercial et financier appliqué à Cuba par les États-Unis (A/59/302 Part I et Part II), le Secrétaire général transmet les réponses des gouvernements et des organes des Nations Unis à la demande qu’il leur avait faite par une note verbale datée du 19 avril 2004 de transmettre toutes les informations qu’ils jugeraient utiles aux fins de l’établissement de son rapport, en application de la résolution 58/7 de l’Assemblée générale.  Par cette résolution, l’Assemblée priait le Secrétaire général de lui présenter, à sa cinquante-neuvième session, un rapport sur son application, compte tenu des buts et principes énoncés dans la Charte des Nations Unies et du droit international. 


Projet de résolution (A/59/L.2)


Dans le projet de résolution sur la nécessité de lever le blocus économique, commercial et financier appliqué à Cuba par les États-Unis, l’Assemblée générale, préoccupée par le fait que les États Membres continuent de promulguer et d’appliquer des lois et règlements, tels que la loi promulguée le 12 mars 1996, connue sous le nom de «loi Helms-Burton», dont les effets extraterritoriaux portent atteinte à la souveraineté d’autres États et à la liberté du commerce et de la navigation, préoccupée par le fait que, depuis l’adoption de ses résolutions 47/9, 48/16, 49/9, 50/10, 51/17, 53/4, 54/21, 55/20, 56/9, 57/11 et 58/7, de nouvelles mesures visant à renforcer et élargir le blocus économique, commercial et financier appliqué à Cuba continuent d’être promulguées et appliquées et préoccupée également par les conséquences qui en résultent pour la population cubaine et pour les ressortissants cubains résidant dans d’autres pays, demande de nouveau instamment aux États qui continuent d’appliquer des lois ou des mesures de ce type de faire le nécessaire, conformément à leur système juridique, pour les abroger ou en annuler l’effet le plus tôt possible. 


Déclarations


M. ENRIQUE BERRUGA (Mexique) a réitéré son rejet du blocus économique, commercial et financier imposé unilatéralement contre Cuba.  Ce type de mesures, a-t-il estimé, est contraire au droit international et représente le déclin progressif de la diplomatie et du dialogue comme moyens de résoudre les problèmes entre pays.  Il a rappelé sa conviction que toutes les sanctions politiques, économiques et militaires imposées aux États doivent émaner seulement des décisions et recommandations du Conseil de sécurité ou de l’Assemblée générale.


Soulignant que le Mexique avait constamment soutenu toutes les résolutions adoptées par l’Assemblée générale visant à mettre fin au blocus, il s’est inquiété de constater que ce genre de résolutions n’avait pas l’effet escompté.  En effet, la position de la majorité de la communauté internationale est clairement ignorée, ce qui nuit au sens et à l’utilité de ce type d’exercice, a-t-il affirmé.


M. ZHANG YISHAN (Chine) a déclaré que son pays s’opposait au blocus commercial et financier et aux sanctions imposées contre Cuba.  En tentant d’utiliser l’embargo et les sanctions pour contraindre un autre pays à abandonner sa voie de développement choisie en toute indépendance, et même renverser le gouvernement actuel, les États-Unis violent gravement les buts et les principes de la Charte des Nations Unies, ainsi que les règles de base qui guident les relations internationales, a-t-il ajouté.  Selon lui, les sanctions et l’embargo vont à l’encontre des règles de liberté commerciale imposées par les États-Unis eux-mêmes.  Cet embargo et ces sanctions ont fait obstacle aux efforts du peuple cubain pour éradiquer la pauvreté et améliorer ses conditions de vie, et promouvoir le développement économique et social, a-t-il poursuivi.


Actuellement, près de 80 pays ont souffert de pertes économiques à la suite de l’embargo imposé contre Cuba, a-t-il affirmé.  La communauté internationale peut légitimement et sérieusement s’inquiéter d’un tel embargo et de telles sanctions et demande qu’il y soit mis fin immédiatement.


M. ABDUL WAHAB DOLAH (Malaisie) a affirmé son opposition de principe à toute forme de sanctions économiques, commerciales et financières et à tout embargo.  Une fois de plus, la Malaisie se joint au reste de la communauté internationale pour demander la levée immédiate de l’embargo imposé par les États-Unis à Cuba et à son peuple, a-t-il déclaré.  Il a estimé que les lois Torricelli et Helms-Burton, ainsi que les mesures prises en juin 2004 par les États-Unis avaient clairement pour objectif d’affecter Cuba et le peuple cubain, y compris les plus vulnérables, femmes, enfants et personnes âgées.  Il a jugé ces mesures contraires au droit international, à la Charte des Nations Unies et aux principes de l’OMC.  Il a ajouté que cet embargo violait le droit à la vie, au bien-être et au développement du peuple cubain, dont plus des deux tiers, a-t-il estimé, ont toujours vécu sous le régime des sanctions et de l’embargo unilatéral des États-Unis.


Le représentant a lancé un appel aux États-Unis, fervent avocat du libre échange et des bonnes relations entre nations, pour qu’ils modifient leur politique à l’égard de Cuba en privilégiant le dialogue.  Se prévalant d’excellentes relations aussi bien avec Cuba qu’avec les États-Unis, il a réaffirmé l’engagement de son pays en faveur des principes de non-ingérence dans les affaires intérieures d’un pays et de liberté de commerce.


M. DUMISANI KUMALO (Afrique du Sud) a souhaité s’associer aux remarques du représentant du Qatar, qui s’était également exprimé au nom du Groupe des 77 et de la Chine.  Il a estimé que le maintien du blocus économique, commercial et financier à l’égard de Cuba constituait une violation des principes de l’égalité souveraine des États et de la non-ingérence dans les affaires internes des États souverains.


Rappelant que cette question était examinée depuis 13 ans maintenant, il a indiqué que le soutien à l’égard de la suspension de l’embargo allait croissant, passant de 59 membres en 1992 à 179 en 2003.  Compte tenu de l’impact de cet embargo sur la vie quotidienne des Cubains, il n’est pas surprenant qu’une majorité écrasante d’États Membres souhaite soutenir aujourd’hui le peuple cubain, a conclu M. Kumalo.


M. STAFFORD NEIL (Jamaïque), qui s’exprimait au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), s’est déclaré opposé à toute mesure punitive unilatérale, en particulier lorsque ses effets extraterritoriaux violent le droit international et restreint la liberté de commerce et de navigation, la souveraineté et la liberté des États.  Selon lui, ces mesures empêchent le développement de relations économiques normales et sapent les relations commerciales entre les pays.  Pour nous, la République de Cuba ne menace personne et nous respectons ses droits à la souveraineté, et nous soutenons sa totale intégration dans notre système de relations hémisphériques, a-t-il souligné.


L’embargo n’a pas d’autre objectif que de préserver un état de tension entre deux pays voisins, qui a pour résultat d’imposer des souffrances indicibles au peuple cubain, a-t-il ajouté.  Il est impératif que toutes ces sanctions qui ont des effets dévastateurs sur le bien-être cubain soient levées, a-t-il affirmé, exhortant le Gouvernement américain à respecter le verdict de la communauté internationale et à normaliser ses relations avec Cuba, ce qui aurait pour conséquence de renforcer la paix et la coopération au sein des Amériques.


M. LE LUONG MINH (Viet Nam) a rappelé que l’Assemblée générale votait depuis 13 ans des résolutions appelant à la levée de l’embargo économique, commercial et financier M. ALUNKEO KITTIKHOUN (République démocratique populaire lao) a indiqué que son pays continuerait d’oeuvrer en vue de mettre fin à l’embargo économique, financier et commercial contre Cuba, et appuierait dès lors la résolution à cet effet.  Aucun pays n’a le droit de s’ingérer dans les affaires intérieures d’autrui, en dépit de systèmes socioéconomiques différents, a-t-il expliqué, rappelant que l’application extraterritoriale des lois internes d’un pays allait clairement à l’encontre des principes et objectifs de la Charte des Nations Unies.


Rappelant que Cuba était Membre des Nations Unies, M. Kittikhoum a estimé qu’il appartenait aux États Membres de s’atteler à aider ce pays à recouvrer son droit légitime à l’intégration dans l’économie mondiale globalisée.  Cette politique, plus qu’obsolète, contraire au droit international, n’a jusqu’ici profité à aucune des deux parties, a-t-il conclu, ajoutant qu’il était temps que les deux pays entament des négociations sérieuses afin d’aboutir dans les meilleurs délais à une solution mutuellement acceptable.


imposé à Cuba par les États-Unis, la dernière en date, a-t-il précisé, ayant été votée par 179 nations.  Il a regretté que, malgré cette détermination de la communauté internationale, les États-Unis imposent des mesures supplémentaires de restriction sur les voyages ou la distribution de médicaments qui, a-t-il estimé, augmentent les souffrances du peuple cubain et entravent son développement.  En tant que représentant d’un pays ayant beaucoup souffert de blocus et d’embargo et au nom du droit de chaque nation à choisir son propre système politique, il a affirmé que le Viet Nam s’opposait à tout embargo unilatéral imposé par un État à un autre.  Il a souhaité que les différends entre les États-Unis et Cuba soient résolus par le dialogue et a assuré le peuple cubain de l’amitié et de la solidarité de son pays.


M. ALUNKEO KITTIKHOUN (République démocratique populaire lao) a indiqué que son pays continuerait d’oeuvrer en vue de mettre fin à l’embargo économique, financier et commercial contre Cuba, et appuierait dès lors la résolution à cet effet.  Aucun pays n’a le droit de s’ingérer dans les affaires intérieures d’autrui, en dépit de systèmes socioéconomiques différents, a-t-il expliqué, rappelant que l’application extraterritoriale des lois internes d’un pays allait clairement à l’encontre des principes et objectifs de la Charte des Nations Unies.


Rappelant que Cuba était Membre des Nations Unies, M. Kittikhoum a estimé qu’il appartenait aux États Membres de s’atteler à aider ce pays à recouvrer son droit légitime à l’intégration dans l’économie mondiale globalisée.  Cette politique, plus qu’obsolète, contraire au droit international, n’a jusqu’ici profité à aucune des deux parties, a-t-il conclu, ajoutant qu’il était temps que les deux pays entament des négociations sérieuses afin d’aboutir dans les meilleurs délais à une solution mutuellement acceptable.


M. ELFATIH MOHAMED AHMED ERWA (Soudan) a appelé au respect des principes de la Charte des Nations Unies, du droit international et de la justice sociale.  Il a estimé que l'Assemblée générale n’avait cessé de réaffirmer, depuis 13 ans, le droit des peuples à déterminer leur destin.  La large majorité qui se dégage, chaque année, en faveur de la levée de l’embargo témoigne, à ses yeux, de la justesse de la cause cubaine.  Cuba, a-t-il ajouté, a démontré qu’elle était un membre actif de la communauté internationale.  Le représentant a indiqué que son pays souffrait encore de l’effet des sanctions économiques unilatérales imposées par les États-Unis depuis novembre 1997 et renouvelées tous les ans.  Il a estimé regrettable qu’une grande puissance ait recours à de telles mesures, destinées à exercer une pression politique sur un gouvernement, en violation de la Charte des Nations Unies.  Le Soudan, opposé par principe aux sanctions, votera le projet de résolution, a-t-il conclu.


M. AUGUSTINE P. MAHIGA (Tanzanie) a réaffirmé l’appui de son pays envers la résolution visant à mettre fin à l’embargo économique, commercial et financier à l’égard de Cuba.  Le maintien de cet embargo, vieux de 46 ans maintenant, ne constitue pas seulement une violation des principes fondamentaux de la Charte des Nations Unies et du droit international, mais aussi une entrave au concept de libre échange, a-t-il estimé.  M. Mahiga a également expliqué que le caractère extraterritorial de l’embargo avait exacerbé les dommages dévastateurs dont pâtit l’économie cubaine en perturbant les relations commerciales entre Cuba et les États tiers.


Le représentant a salué les progrès réalisés par Cuba dans la poursuite des Objectifs du Millénaire pour le développement, malgré les circonstances.  Enfin, il a exhorté l’ensemble des États à lever les mesures qui nuisent au libre échange aux dépens de Cuba, en accord avec la Charte des Nations Unies.


M. NASSIR ABDULAZIZ AL-NASSER (Qatar), qui s’exprimait au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a demandé la levée immédiate du blocus imposé par les États-Unis à Cuba.  Il s’est félicité de l’appui d’un grand nombre d’États Membres sur cette question.  Il a rappelé les recommandations du Sommet du Sud de La Havane, soulignant la nécessité pour les pays développés d’éliminer toutes les mesures coercitives unilatérales aux effets extraterritoriaux.  Il a souhaité que les sanctions ne soient imposées qu’en dernier recours par la communauté internationale, après épuisement de toutes les méthodes pacifiques, et dans le respect de la Charte des Nations Unies.  Le Groupe des 77 et la Chine, a-t-il poursuivi, demande aux États-Unis de lever immédiatement l’embargo économique imposé à Cuba depuis 1960, qui ne contribue, selon lui, qu’à accroître la tension entre les deux pays.  L’embargo doit être remplacé, a-t-il conclu, par le dialogue et la coopération.


M. MWELWA C. MUSAMBACHIME (Zambie) a lancé un appel à toutes les délégations pour qu’elles appuient la résolution.  L’embargo est une violation du droit international et des principes consacrés dans la Charte des Nations Unies.  L’extraterritorialité des lois Helms-Burton et Torricelli est inacceptable, a-t-il estimé, assurant que ces lois constituaient une violation des lois et principes des autres États, ainsi qu’une entrave à la navigation internationale et à la liberté commerciale telle que l’exige l’Organisation mondiale du commerce (OMC).  Le représentant a appuyé en outre l’inclusion de ce point à la soixantième session de l’Assemblée générale.


M. OLIVER GARZA (États-Unis), qui s’est exprimé en espagnol, a estimé que l’embargo commercial à l’égard de Cuba était une question bilatérale, et ne devrait dès lors pas être évoqué au sein de l’Assemblée générale.  Expliquant que la résolution visant à lever cet embargo était une tentative de transférer la responsabilité de l’échec des politiques économiques de ce régime communiste sur les États-Unis et de détourner ce faisant l’attention de la communauté internationale à l’égard du bilan des droits de l’homme de ce régime, il a jugé qu’appuyer cette résolution signifierait appuyer la politique répressive de ce gouvernement.  Les États-Unis ne peuvent soutenir l’ouverture économique à l’égard d’un pays disposant d’un tel bilan économique et politique, a-t-il ajouté.


M. Garza a par ailleurs tenu à indiquer que les arguments selon lesquels les États-Unis empêchaient Cuba d’avoir accès à la nourriture et aux médicaments étaient sans fondement, rappelant en outre que son pays constituait la source principale d’aide humanitaire envers Cuba.  Le Gouvernement cubain n’est pas une victime, mais un tyran qui punit agressivement toute personne qui ose avoir une opinion différente, a affirmé le représentant.  Les États-Unis voteront contre la résolution, a-t-il conclu, et encouragent l’ensemble des États Membres à faire de même.


M. U WIN MRA (Myanmar) a fait part de sa vive préoccupation face à la poursuite de l’embargo imposé par les États-Unis à Cuba.  An nom des principes et en tant que représentant d’un pays affecté par des sanctions unilatérales imposées par les États-Unis, il a exprimé sa solidarité au peuple cubain.  Il a rappelé que son pays souscrivait au principe de non-ingérence dans les affaires intérieures d’un pays.  Tous les pays, a-t-il ajouté, ont le droit de choisir leur système politique en se fondant sur le souhait de leur peuple, estimant que les mesures extraterritoriales contredisaient les droits souverains des autres États.  À l’heure de la mondialisation, il serait contre-productif d’établir des barrières artificielles entre les pays, a-t-il déclaré.  Il a conclu que sa délégation voterait une fois de plus pour la résolution.


M. FERMIN TORO JEMENEZ (Venezuela) a affirmé que le blocus imposé à Cuba, coercitif et extraterritorial, constituait un acte unilatéral de force qui viole le régime juridique international qui sous-tend les échanges commerciaux entre les pays.  L’objectif visé est l’isolement, l’asphyxie et l’immobilisme de Cuba, afin de mettre à genoux son peuple héroïque et de l’empêcher de créer sa propre histoire.  Cet objectif n’a pu que renforcer la conscience de ce peuple et consolider la révolution, a-t-il souligné.  Le Venezuela est solidaire avec le Gouvernement et le peuple cubains, a-t-il poursuivi, rejetant la promulgation de toute loi et de tout règlement dont les effets extraterritoriaux portent atteinte à l’intégrité des autres États.


Le représentant a également considéré que, dans le même temps, les États-Unis intensifiaient le développement de nouveaux armements et le déploiement de troupes à travers le monde, cherchant ainsi à imposer un empire militaire mondial pour contraindre par la force tous les pays à adopter le même système politique et idéologique.


M. FAYSSAL MEKDAD (République arabe syrienne) a souhaité s’associer aux remarques du représentant du Qatar, qui s’était également exprimé au nom du Groupe des 77 et de la Chine.  Il a indiqué que la République arabe syrienne avait l’intention de voter pour la résolution visant à mettre fin à l’embargo économique, commercial et financier à l’égard de Cuba, estimant que ces sanctions étaient contraires au principe de non-ingérence dans les affaires internes d’un État ainsi qu’à la Charte des Nations Unies.


Rappelant que le blocus engendrait de lourdes pertes sociales et économiques et entravait les efforts de développement du peuple cubain, le représentant a tenu à féliciter Cuba, qui maintenait le dialogue avec les États-Unis de manière à trouver une solution à ce différend.  La normalisation des relations va dans l’intérêt des deux pays, a-t-il conclu.


M. LEBOHANG K. MOLEKO (Lesotho) a estimé que l’embargo imposé à Cuba par les États-Unis contrevenait aux principes d’égalité souveraine entre les États, de non-intervention et de non-ingérence dans les affaires intérieures, de liberté du commerce et de la navigation internationales.  Il a réaffirmé le droit souverain des peuples à choisir le système de gouvernement et le modèle de développement le plus adapté à leur pays et a jugé regrettable que des millions de Cubains, pour exercer ce droit, doivent endurer les conséquences d’un blocus économique.  Qualifiant ces mesures d’inacceptables, il a estimé qu’elles remettaient en cause la paix et la stabilité et a indiqué que sa délégation voterait la résolution.


M. REZLAN ISHAR JENIE (Indonésie) a estimé que la situation créée par le blocus était dans une impasse, malgré l’opposition croissante à l’embargo.  Le blocus nuit plus qu’il ne sert, a ajouté le représentant.  Il équivaut, selon lui, à une guerre économique qui suscite des dommages collatéraux considérables.  Le peuple cubain est la principale victime du blocus, une victime injuste et quotidienne, et ces sanctions et cet embargo n’ont pas de cadre juridique légal.


M. MARTIN ANDJABA (Namibie) a demandé que l’embargo économique, commercial et financier à l’égard de Cuba soit levé immédiatement et sans condition, et a indiqué que la Namibie soutiendrait le projet de résolution présenté à cet effet.  Remarquant que ce blocus unilatéral persistait malgré les appels répétés de l’Assemblée générale d’y mettre fin, il a déploré que cet embargo ait été encore renforcé par le Gouvernement américain actuel.  Au lieu de promouvoir de bonnes relations avec son voisin, le Gouvernement américain continue de mener une politique hostile à l’égard de Cuba et de son peuple, a-t-il estimé.


Cet embargo est contraire à la Charte des Nations Unies, au droit international et à la Déclaration du Millénaire, a poursuivi M. Andjaba, indiquant qu’il nuisait non seulement à l’économie de Cuba mais également au développement social et culturel de la société cubaine.  Rappelant que l’Assemblée générale avait exprimé son opposition à ces sanctions lors des 12 dernières années au moyen de résolutions, il a déploré que ces résolutions n’aient pas été appliquées.


M. MEHDI MIRAFZAL (République islamique d’Iran) a estimé que les mesures économiques unilatérales comme moyen de coercition politique et économique contre les pays en développement étaient contraires à la charte des Nations Unies.  Il a constaté qu’elles avaient été condamnées par plusieurs résolutions de l'Assemblée générale et a appelé la communauté internationale à plus de fermeté pour les faire appliquer.  Il a estimé que les femmes et les enfants étaient les plus touchés par ces mesures qui nuisent à leur bien être et au développement durable.  Il a souhaité que les vivres et les médicaments ne soient pas être utilisés comme moyen de pression politique.  Il a indiqué que sa délégation voterait le projet de résolution et a appelé la communauté internationale à faire respecter le droit international et à promouvoir un environnement exempt de sanctions et de blocus.


M. NIKOLAI CHERGINETS (Bélarus) a affirmé que son pays appuyait le projet de résolution.  Il a mis l’accent sur la contradiction créée par les États-Unis qui, selon lui par leur action, mènent la population cubaine à la faim et l’épuise, et ensuite montrent leur générosité en lui fournissant des médicaments.  Cet embargo et ces sanctions sont dangereux et ont un impact négatif sur la sécurité et la stabilité, non seulement dans la région, mais aussi dans le monde, a-t-il déclaré.  Dans les relations bilatérales, Cuba est un partenaire ouvert et fiable, prêt à engager un dialogue sur un pied d’égalité, a poursuivi le représentant.


M. BONIFACE G. CHIDYAUSIKU (Zimbabwe) a exprimé l’opposition de son pays à toute forme de sanctions commerciales, économiques et financières et à toute forme d’embargo, qu’il a jugés contraires à la Charte des Nations Unies.  Il a estimé que la loi Helms-Burton de 1996 limitant l’accès des capitaux et des technologies à Cuba constituait une violation flagrante du droit international, des principes de l’OMC et de plusieurs résolutions de l'Assemblée générale.  Il a qualifié ces mesures de discriminatoires et a affirmé qu’elles remettaient en cause la souveraineté des États et les droits fondamentaux de l’homme.  Estimant que le peuple cubain subissait l’impérialisme des États-Unis, il a indiqué que sa délégation voterait pour le projet de résolution.


M. AHMED A. OWN (Jamahiriya arabe libyenne) a souhaité s’associer aux remarques du représentant du Qatar, qui s’était également exprimé au nom du Groupe des 77 et de la Chine.  Il a indiqué que son pays rejetait toute sanction économique, commerciale et financière à l’égard de Cuba, estimant que ces sanctions étaient contraires aux principes du libre échange, des droits de l’homme, et aux dispositions visant à réduire la pauvreté, et a dès lors signalé que la Libye appuierait le projet de résolution visant à mettre fin à l’embargo.


Le peuple cubain souffre d’un embargo injuste, a indiqué le représentant, qui limite la capacité du pays d’importer des denrées alimentaires ainsi que des médicaments, ce qui peut avoir de graves conséquences.  Il a également estimé que ce genre de mesures ne faisait qu’exacerber les souffrances humaines et la haine entre les peuples.


       M. FELIPE PÉREZ ROQUE, Ministre des affaires étrangères de Cuba, a affirmé que des millions de Cubains attendaient d’être saisis des résultats des débats de cette Assemblée générale.  Ce blocus le plus long de l’histoire, subi toute leur vie par 70% des Cubains, a été imposé à notre parti dès le triomphe de la révolution cubaine, a-t-il souligné.  En adoptant le projet de résolution présenté ce matin, les 191 États Membres ne décideront pas simplement sur une question qui n’intéresse que Cuba, mais aussi qui touche au respect de la Charte des Nations Unies, au droit international, à la souveraineté et à l’autodétermination des peuples, afin qu’aucun gouvernement, aussi puissant qu’il soit, ne puisse punir non seulement Cuba mais aussi tout autre pays qui commercerait avec lui, a-t-il souligné.


Le Ministre a montré un document distribué par les États-Unis à toutes les délégations, hormis celle de Cuba.  Ce document est plein de mensonges, a-t-il assuré, précisant qu’il y était écrit que l’embargo n’était qu’une question bilatérale et n’avait pas lieu d’être soumis à l’Assemblée générale, qu’il ne s’agissait pas d’un blocus car il n’interférait pas dans les relations commerciales entre Cuba et les autres nations.  L’Assemblée générale sait pertinemment qu’il ne s’agit pas d’un simple embargo, a déclaré le Ministre des affaires étrangères, considérant que les États-Unis avaient déclenché contre Cuba une guerre économique génocidaire et planétaire.  Cuba est empêché d’exporter vers les États-Unis, de recevoir des touristes américains, d’avoir accès aux technologies produites dans ce pays, d’importer tout produit, équipement ou matière première américains, a-t-il ajouté.


Le Gouvernement des États-Unis empêche Cuba d’utiliser le dollar pour ses opérations commerciales avec le reste du monde, a encore déclaré le Ministre, précisant que les paiements et les encaissements cubains dans cette monnaie étaient mis sous séquestre.  Il a également assuré que Cuba ne recevait pas et n’avait jamais reçu de crédits de la part de la Banque mondiale et de la Banque interaméricaine de développement tout simplement parce que le Gouvernement des États-Unis l’avait décidé.  Selon lui, l’embargo et les sanctions ont coûté à Cuba plus de 79 milliards de dollars.  S’ils étaient levés, le niveau de vie des Cubains s’améliorerait considérablement en quelques années, a-t-il dit.  De même, a-t-il continué, un million de nouveaux logements seraient créés en 10 ans et bénéficieraient à 4 ou 5 millions d’habitants.  Il a conclu son intervention en demandant aux États Membres, au nom d’un petit pays tourmenté pour vouloir être libre, de voter en faveur du projet de résolution soumis par Cuba.


Explications de vote


Le représentant de la Fédération de Russie a fermement condamné le blocus économique, commercial et financier à l’égard du Cuba, soulignant que la position adoptée par son pays à ce sujet était cohérente.  Il a qualifié d’inacceptable la mise en œuvre des mesures de sanction, estimant qu’à l’heure de la mondialisation, toute tentative d’isoler un pays était contre-productive.  Ces mesures coercitives extraterritoriales sont contraires à la Charte des Nations Unies et au principe du libre échange, a-t-il poursuivi.


Le représentant a par ailleurs déploré l’absence de normalisation dans les relations entre Cuba et les États-Unis, observant même un durcissement de ces relations.  La levée du blocus permettrait d’assainir la situation de Cuba, de stimuler des reformes démocratiques et socioéconomiques sur l’île et d’ouvrir un nouveau chapitre dans les relations entre les deux pays, a-t-il expliqué, indiquant que la Fédération de Russie soutiendrait le projet de résolution visant à mettre fin à cet embargo.


Le représentant des Pays-Bas, qui s’exprimait au nom de l’Union européenne (UE), a estimé que la politique commerciale des États-Unis à l’égard de Cuba devrait être une question bilatérale sans implication extraterritoriale sur des pays tiers.  L’UE, a-t-il poursuivi, réitère son opposition aux aspects extraterritoriaux de l’embargo imposé par les États-Unis et ne peut accepter que des mesures unilatérales imposées par les États-Unis à un pays, en l’occurrence Cuba, limite ses relations économiques et commerciales avec les pays tiers.  Il a rappelé l’accord signé en 1998 avec l’UE dans lequel les États-Unis s’engagent à suspendre les titres III et IV de la loi Helms-Burton et à ne pas adopter de nouvelles mesures extraterritoriales de ce type.


Le représentant a par ailleurs estimé que la position de l’Union européenne à l’égard de Cuba, formulée en 1996, était claire et cohérente.  Elle vise, a-t-il dit, à encourager une transition pacifique vers une démocratie pluraliste.  Il a ajouté que l’UE condamnait vivement l’actuelle situation des droits de l’homme à Cuba et a appelé à la libération immédiate de tous les prisonniers politiques, notamment ceux arrêtés en mars et avril 2003.  Il a regretté les restrictions imposées par les autorités cubaines aux ambassades de la plupart des pays membres de l’UE, qui violent, a-t-il dit, la Convention de Vienne sur les relations diplomatiques.  Il a estimé que le développement de Cuba était entravé aussi bien par l’embargo des États-Unis que par la politique économique du Gouvernement cubain.  Pour toutes ces raisons et malgré ses sérieuses critiques à l’égard de Cuba, l’Union européenne a voté unanimement en faveur de la résolution qui vient d’être adoptée, a-t-il conclu.


Le représentant du Brésil, qui s’exprimait également au nom du MERCOSUR, a estimé que la mise en place de mesures coercitives ne permettait pas de régler les différends.  Ce genre de problème doit être résolu par le dialogue, a-t-il expliqué, indiquant que les mesures coercitives constituaient une exception qui ne pouvait être envisagée que lorsque tous les autres moyens avaient été épuisés.


Le représentant a par ailleurs affirmé que ce type de mesures ne respectait pas le principe de souveraineté des États, les objectifs et principes de la Charte des Nations Unies, et ne faisait que renforcer les tensions existantes.  Rappelant que ce blocus avait été rejeté de manière répétée au sein de l’Assemblée générale comme dans d’autres enceintes, il a indiqué que les pays du MERCOSUR s’opposaient à ce genre de pratiques.


Le représentant du Japon a affirmé que son pays avait voté en faveur de la résolution, mais s’est demandé si l’Assemblée générale était bien l’instance appropriée pour se prononcer sur l’embargo et les sanctions.  Selon lui, les États-Unis et Cuba devraient accroître leurs efforts pour régler cette question.


Le représentant de l’Islande a affirmé que son pays, qui a voté en faveur du projet de résolution, estimait qu’il n’était pas dans l’intérêt du système multilatéral que des États appliquent des sanctions commerciales unilatérales en dehors du système des Nations Unies.  Le vote de l’Islande en faveur de cette résolution n’indique pas son appui aux politiques menées par l’actuel Gouvernement de Cuba, a-t-il cependant ajouté, condamnant les violations régulières des droits fondamentaux de l’homme dans ce pays.


Le représentant de l’Australie a indiqué que son pays s’était toujours opposé, par principe, à la promulgation par des États Membres de lois et mesures dont les effets extraterritoriaux affectent la souveraineté d’autres États.  Il a estimé que de telles mesures n’étaient pas justifiées par le droit international. C’est la raison pour laquelle, a-t-il dit, son pays a une nouvelle fois voté pour le projet de résolution.


Le représentant de la Norvège a indiqué que son pays avait voté pour la résolution visant à mettre fin à l’embargo économique, commercial et financier à l’égard de Cuba.  Il a aussi souligné que le blocus ne pouvait être utilisé pour continuer à justifier l’emprisonnement de journalistes et de défenseurs des droits de l’homme qui avait lieu dans ce pays.


Droit de réponse


Le représentant de Cuba a répondu à l’explication de vote du délégué des Pays-Bas parlant au nom de l’Union européenne, qui avait condamné les violations des droits de l’homme à Cuba, de même que sa politique économique.  Les pays de l’Union européenne se comportent en baladins des mercenaires qui travaillent pour eux, a-t-il déclaré, ajoutant qu’ils prétendent ignorer les dégâts économiques causés pas ce blocus.  Selon lui, l’Union européenne applique le système des deux poids deux mesures.  Les délégations de l’UE disent qu’elles sont préoccupées par les violations des droits de l’homme dans les pays du tiers monde, mais essaient d’éviter de se référer aux droits de l’homme quand il y a des fraudes électorales chez un de leurs alliés ou quand elles enregistrent chez elles des problèmes comme la xénophobie, le racisme, la drogue et d’autres fléaux qui les touchent.  Il a rejeté mot pour mot le discours fait au nom de l’Union européenne.


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