TAD/1966

LES LOGICIELS LIBRES POURRAIENT DYNAMISER LE SECTEUR DES TIC DANS LES PAYS EN DEVELOPPEMENT, D’APRES LE RAPPORT DE LA CNUCED

20/11/2003
Communiqué de presse
TAD/1966


LES LOGICIELS LIBRES POURRAIENT DYNAMISER LE SECTEUR DES TIC DANS LES PAYS EN DEVELOPPEMENT, D’APRES LE RAPPORT DE LA CNUCED


GENEVE, 20 novembre (CNUCED) - Les logiciels libres − qui sont des logiciels dont le code source ou le langage de programmation est rendu public − sont en train de modifier en profondeur le paysage des technologies de l’information et de la communication (TIC).  Les entreprises multinationales et les gouvernements commencent à véritablement s’y intéresser, et de grandes entreprises de production de logiciels qui auparavant reculaient devant le concept même de logiciel libre sont descendues dans l’arène.  Mais outre l’intérêt qu’ils présentent pour l’industrie de l’informatique et le monde des entreprises en général, les logiciels libres intéressent beaucoup les pays en développement, car ils réduisent les obstacles à la pénétration des marchés, diminuent les coûts et facilitent une expansion rapide des compétences et de la technologie. Ils peuvent «considérablement améliorer l’intégration numérique du monde en développement», d’après le Rapport sur le commerce électronique et le développement 2003 de la CNUCED, publié aujourd’hui.


A mesure que le matériel informatique devient de plus en plus sophistiqué et fiable, les logiciels deviennent eux aussi de plus en plus compliqués, parfois plus chers et presque toujours plus difficiles à configurer et à entretenir. Les logiciels libres sont de meilleurs logiciels, qui peuvent s’adapter aux améliorations incessantes du matériel − ce qui explique leur intérêt potentiel pour les pays en développement. Leur succès montre que des logiciels complexes peuvent être fabriqués, entretenus, développés et élargis sans que personne n’en possède la propriété intellectuelle fondamentale. En tant que tels, d’après le Rapport, ils représentent «un mode de production de logiciels viable, qui offre un choix véritable aux entreprises et aux gouvernements ayant à prendre des décisions en matière de TIC», en particulier dans les pays en développement.

Les logiciels libres font ressortir toute l’importance de la politique d’exploitation des logiciels, et les auteurs du Rapport affirment que les pays doivent réviser leur politique en matière de TIC en conséquence s’ils veulent en tirer profit. Publication annuelle de la CNUCED lancée en 2001, le Rapport sur le commerce électronique et le développement examine l’évolution du commerce électronique et des technologies de l’information et de la communication, en particulier dans l’optique des pays en développement.  Le Rapport 2003 s’intéresse aux logiciels libres et à différents aspects du choix qui peut être fait entre logiciels libres et logiciels propriétaires.

Qu’est-ce qu’un logiciel libre?

 L’adjectif «libre» dans logiciel libre s’entend de la liberté d’exploiter un programme à quelques fins que ce soit, d’en étudier le fonctionnement et de l’adapter à ses propres besoins, d’en diffuser ou redistribuer des copies auprès d’autres personnes intéressées, de l’améliorer et de faire profiter les autres de ces améliorations. Le code source est ouvert − c’est ainsi que les logiciels ont initialement été développés dans les années 60 − ce qui encourage les utilisateurs à l’étudier, à le modifier et à en diffuser ensuite des versions dérivées en toute liberté. Le caractère restrictif et formel de la mention des droits d’auteur varie selon les logiciels. Toutefois, tous les logiciels libres défendent l’idée que le code source − liste d’instructions qui constitue la «recette» d’une application logicielle particulière − ne doit pas être «fermé» et devenir la propriété d’une entreprise ou d’une institution qui pourrait alors cesser d’en assurer la diffusion publique et imposer des restrictions juridiques et techniques à sa copie, à sa modification et à sa diffusion.  L’opposé technologique, le logiciel fermé ou propriétaire, constitue «la pierre angulaire du régime traditionnel de propriété intellectuelle appliqué aux logiciels informatiques», d’après le Rapport, et explique pourquoi «l’industrie du logiciel peut dégager d’appréciables revenus et gains». Le code source des logiciels propriétaires est délibérément gardé secret par les producteurs de ces logiciels, qui font appel à des licences d’utilisateur et à des techniques de protection contre les copies pour limiter les droits des utilisateurs de copier et d’installer leurs programmes. La logique des logiciels libres est exactement l’inverse.

La CNUCED estime que les logiciels libres resteront incontournables dans l’avenir prévisible: l’immense majorité des personnes connectées aujourd’hui à Internet au moyen d’un ordinateur personnel utilise communément un logiciel libre d’un type ou d’un autre. Plus de la moitié des serveurs Internet exploitent des versions libres du système d’exploitation UNIX, et 30% exploitent le système GNU/Linux. Environ 65 % des serveurs Internet utilisent le serveur Apache pour envoyer des pages Web, tandis que le logiciel libre Sendmail assure environ 40 % de l’ensemble du trafic de courrier électronique passant par Internet. Près de 90 % des serveurs du système des noms de domaine (DNS) utilisent des logiciels libres pour rattacher les adresses Web (URL) aux ordinateurs qui hébergent les fichiers de site Web.

En même temps que des produits reposant sur des logiciels libres tels que GNU/Linux, Apache et OpenOffice gagnent des parts de marché, une grande partie de l’industrie des technologies de l’information développe des produits s’inspirant des logiciels libres (voir le tableau).  IBM est désormais un gros producteur de logiciels libres et a annoncé l’an dernier plus d’un milliard de dollars de recettes provenant de la vente de logiciels, de matériels et de services pour le système d’exploitation Linux.  D’autres grandes entreprises du secteur, dont HewlettPackard, Motorola, Dell, Oracle, Intel et Sun Microsystems, se sont également engagées dans la voie des logiciels libres.

Des avantages nombreux et divers

Les environnements ouverts produisent souvent des logiciels fiables, sûrs et améliorables, à un coût relativement faible.  Les logiciels libres permettent d’éliminer les pertes économiques au niveau national résultant des chevauchements d’activités, en particulier dans le secteur public et dans les milieux universitaires.  Ils peuvent avoir un effet antimonopolistique sur le marché et l’industrie des technologies de l’information dans un pays, car ils permettent à n’importe qui de fournir des services – administration, gestion, maintenance − correspondant à ces logiciels, et réduisent ainsi les obstacles à l’entrée. Les logiciels libres évitent également aux utilisateurs d’être liés, durablement et à des conditions financièrement désavantageuses, à des vendeurs ou à des producteurs de logiciels propriétaires.

Les logiciels libres répondent à la nécessité de disposer de normes publiques et ouvertes pour des applications logicielles et des fichiers de données contenant une information publique. Ils évitent aux gouvernements des mises à niveau ou des conversions de systèmes ou de logiciels lorsque les vendeurs cessent de fournir des services d’appui pour des raisons techniques ou financières, et sont donc un facteur d’économie.

Les logiciels libres peuvent aussi avoir des effets de synergie dans l’ensemble du secteur des services liés aux technologies de l’information et dans l’économie en général, avec la création d’emplois et l’ouverture de débouchés à l’exportation, fait observer la CNUCED.  Ils se prêtent à une large adaptation/personnalisation qui permet de tenir compte des particularités techniques, commerciales, réglementaires, culturelles et linguistiques d’une multitude d’utilisateurs et de sites. Leur faible coût peut accélérer l’adoption d’une manière générale des TIC dans les pays en développement, en particulier compte tenu de l’application de plus en plus stricte des droits de propriété intellectuelle réclamée par les producteurs de logiciels propriétaires. L’argent dépensé en licences peut être mieux utilisé pour former un personnel plus nombreux et mieux qualifié sur le plan technique, dont les compétences pourront être plus largement utilisées et assurer des services supérieurs à ce qu’il est possible d’obtenir avec des applications propriétaires.  Ces nouveaux experts pourraient eux-mêmes développer des logiciels, remédier aux «bogues» plutôt que de se contenter de les signaler, et éventuellement concevoir des logiciels personnalisés ou spécialement adaptés pour l’exportation. En accordant une large place aux logiciels libres, les gouvernements contribueront à ce que l’échange de connaissances informatiques profite à tous les acteurs du secteur des technologies de l’information, jusqu’à l’utilisateur final.

Si réaliser des économies n’est pas un objectif, il est néanmoins intéressant de constater que les logiciels libres ont tendance à être plus abordables que les autres. La part des services dans la gestion d’un environnement logiciel dans une institution publique ou une entreprise peut être si élevée que les coûts et frais de licence de logiciels propriétaires en deviennent marginaux, mais cela n’est pas toujours le cas dans les pays en développement où les services d’un expert ou d’un programmeur peuvent être plus facilement disponibles que les devises nécessaires pour payer les licences et les mises à niveau.

On se demande souvent comment les industries locales de TIC peuvent se développer si elles «distribuent» leur propriété intellectuelle en produisant et en utilisant des logiciels libres. La réalité est que l’essentiel de l’activité commerciale concernant les logiciels tient bien plus à la vente de solutions associant développement, installation et gestion de systèmes, adaptation de logiciels et fourniture de matériel, qu’à la simple vente de licences aux utilisateurs finals.


Contact : Service de presse: +41 22 907 5828, press@unctad.org, www.unctad.org/press; ou Y. Kalindaga, +41 22 907 2042, yusuf.kalindaga@unctad.org.


Le Rapport sur le commerce électronique et le développement 2003(numéro de vente: F.03.II.D.30, ISBN 92‑1‑112602‑9) peut être obtenu au prix de 45 dollars auprès du Service des publications des Nations Unies, Two UN Plaza, Bureau DC2‑853, Dept PRES, New York, New York 10017 (États‑Unis d’Amérique), téléphone: +1 800 253 9646 ou +1 212 963 8302, télécopieur: +1 212 963 3489, courrier électronique: publications@un.org, ou de la Section des ventes et commercialisation, Bureau E‑4, Palais des Nations, CH‑1211, Genève 10 (Suisse), téléphone: +41 22 917 2614, télécopieur: +41 22 917 0027, courrier électronique: unpubli@unog.ch, Internet: http://www.un.org/publications.


Tableau: Les grandes entreprises du secteur informatique et les logiciels libres

Entreprise


IBM

IBM réalise divers projets en matière de logiciels libres, tous sous licences de logiciel libre approuvées par l’OSI.
http://www-124.ibm.com/developerworks/oss

Microsoft

Microsoft propose un modèle de «source partagée», à la place du logiciel libre.
http://www.microsoft.com/licensing/sharedsource

La technologie Microsoft Interix, désormais intégrée dans les services Windows pour UNIX 3.0, offre un environnement, sous licence GPL, permettant d’exploiter des applications aussi bien Windows qu’UNIX sur un système unique.
http://www.microsoft.com/windows/sfu/howtobuy/default.asp

Pricewaterhouse-Coopers

Les questions relatives aux logiciels libres sont examinées sur ce site du point de vue d’un cabinet de consultants.

Exemple: http://www.pwcglobal.com/Extweb/service.nsf/docid/
30F66202E467710C85256B990072FC55

EDS

EDS mène parfois des activités concernant les logiciels libres. Dynamator, programme de maintenance de page de serveur mis au point par un programmeur d’EDS, est un logiciel libre.
http://www.eds.com/about_eds/homepage/home_page_dynamator.shtml

Oracle

Oracle n’a pas d’activités déclarées concernant les logiciels libres, mais a réalisé des produits de base de données pour Linux.
http://www.oracle.com/linux

Hewlett-Packard

Hewlett-Packard a lancé plusieurs projets de logiciels libres.
http://opensource.hp.com

Accenture

La question des logiciels libres est examinée sur ce site du point de vue d’un cabinet de consultants.
Exemple: http://www.accenture.com/xdoc/en/ideas/outlook/pov/open
source_pov_rev.pdf

SAP

La mySAP Business Suite est exploitée sur Linux.
http://www.sap.com/solutions/netweaver/linux

SAP DB est une base de données libre pour entreprises.
http://www.sapdb.org

Computer Associates

Computer Associates est l’un des cofondateurs de l’Open Source Development Lab.
http://www.osdl.org

Hitachi

Hitachi participe à des projets de logiciels libres.
http://oss.hitachi.co.jp/index-e.html

Sun Microsystems

Sun parraine un certain nombre de projets de logiciels libres, y compris OpenOffice.org et NetBeans.
http://www.sunsource.net

Compuware

Compuware ne possède pas d’activités de logiciels libres, mais l’environnement de développement fourni avec son produit OptimalJ s’appuie sur l’environnement de développement intégré libre de NetBeans.
http://www.compuware.com/products/optimalj/1811_ENG_HTML.htm

BMC Software

BMC coopère avec l’Open Group au développement d’un programme de service de gestion (Management Service Broker) libre.
http://www.bmc.com/corporate/nr2001/032701_2.html
http://www.opengroup.org

EMC

EMC n’a pas d’activités déclarées de logiciels libres, mais le développement de logiciels libres fait partie de la description d’emploi de postes actuellement vacants. L’entreprise a également conçu certains produits pour Linux.
Exemple: http://www.emc.com/technology/auto_advice.jsp

Cadence Design

Cadence encourage les échanges entre concepteurs internes, concepteurs d’applications commerciales et milieux universitaires. Son Systems TestBuilder C++ est disponible sous licence de logiciel libre.
http://www.testbuilder.net

Cadence participe à la coalition OpenAccess pour des bases de données électroniques standard.
http://www.cadence.com/feature/open_access.html et http://OpenEDA.org

Adobe

Adobe mène parfois des activités de logiciels libres, principalement axées sur les utilitaires Python pour les produits Adobe.
http://opensource.adobe.com

Silicon Graphics SGI

SGI soutient un grand nombre de projets de logiciels libres.
http://oss.sgi.com

Apple

Darwin est le cœur du système d’exploitation Mac OS X d’Apple. Basé sur FreeBSD, Darwin reste dans le domaine du logiciel libre sous licence ouverte publique d’Apple. L’entreprise soutient un certain nombre d’autres projets de logiciels libres.
http://developer.apple.com/darwin

Source: CNUCED, Rapport sur le commerce électronique et le développement 2003.


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