TAD/1960

LE SALUT COMMERCIAL DE L’AFRIQUE PASSE PAR LA DIVERSIFICATION ET UN MEILLEUR ACCES AUX MARCHES

15/10/2003
Communiqué de presse
TAD/1960


LE SALUT COMMERCIAL DE L’AFRIQUE PASSE PAR LA DIVERSIFICATION ET UN MEILLEUR ACCES AUX MARCHES


GENEVE, 14 octobre (CNUCED) -- "Face à la situation globale difficile à laquelle est confrontée l’Afrique, il est plus que jamais nécessaire de proposer des idées concrètes susceptibles d'aider les décideurs africains à trouver des réponses adaptées à leurs problèmes", a déclaré le Secrétaire général de la CNUCED, Rubens Ricupero, lors des discussions sur «Les performances commerciales de l’Afrique», organisé lundi 13 octobre dans le cadre Conseil du commerce et du développement de (Genève, 6-17 octobre).  Il importe notamment d'accorder beaucoup plus d'attention à trois questions qui restent d'actualité, bien qu'elles ne soient pas inscrites à l'ordre du jour des négociations multilatérales: l'érosion des marges préférentielles, les arrangements préférentiels et la politique globale dans le domaine des produits de base.  Ces questions peuvent être débattues au sein de la CNUCED; en particulier celle des produits de base pour laquelle la CNUCED a un mandat.  Elles seront d’ailleurs au centre des réflexions de la onzième session de la Conférence sur le commerce et le développement (CNUCED XI), qui se tiendra à Sao Paulo (Brésil) du 13 au 18 juin 2003.


Pour le coordonnateur spécial pour l'Afrique, Kamran Kousari, qui présentait un condensé de l'étude de la CNUCED sur les résultats commerciaux de l'Afrique au cours des vingt dernières années (la version complète de cette étude sera rendue publique en décembre), les efforts déployés par nombre de pays africains pour libéraliser leur économie n’ont pas permis de mettre un terme à la diminution constante de la part qu’occupe le continent dans le commerce mondial.  Tributaire de l'exportation d'un petit nombre de produits dont les cours sont à la baisse, l’Afrique subit une détérioration des termes de l'échange.  Les pertes engendrées par la détérioration des termes de l'échange pour ces produits équivalent au total de la dette en cours de l'Afrique subsaharienne (200 milliards de dollars).  Le niveau des revenus aurait pu augmenter de 50%.  Le déclin des prix réels provient essentiellement d'une surabondance structurelle de l'offre Excédent des produits de base cultivés dans le Nord (coton, arachide, sucre blé) où l'agriculture est très subventionnée; augmentation de la productivité dans le cas des produits tropicaux destinés à la préparation des boissons (cacao, thé, café) dus aux progrès technologiques et à l'expansion des terres affectées à la production; et l'arrivée de nouveaux producteurs.  Une situation qui profite aux 3% de la population des pays de l'OCDE qui bénéficient de subventions agricoles, ainsi qu'aux multinationales des pays développés opérant dans le secteur de la transformation des produits de base, le commerce et la vente au détail.  Qui sont les perdants?  Ce sont les contribuables des pays du Nord, mais aussi et surtout les millions de petits cultivateurs dans les pays du Sud, dont la plupart de ceux qui vivent en Afrique disposent de moins d'un dollar par jour; et dont les revenus dépendent de la production et de l'exportation des produits de base.  Il serait futile, a conclu M. Kousari, de traiter la question de la pauvreté sans s'occuper de celle des revenus des plus pauvres.


Lors de la discussion à laquelle participaient des experts, Michael Atingi-Ego, Directeur du Département de recherche de la Banque d'Ouganda, a constaté que l'ouverture des marchés intérieurs n'avait pas permis d'accroître les exportations.  Seules les importations avaient augmenté.  Les fluctuations du taux de change, provoquées par des entrées de capitaux, et le prix des produits de base ont eu des conséquences sur les autres exportations.  D'où la nécessité de gérer avec le plus grand soin les flux de capitaux et le taux de change car ils ont beaucoup d'impact sur le commerce.  L'orateur a constaté que les réformes commerciales, qui génèrent des gagnants et des perdants, n'ont pas permis de réduire la pauvreté.  Il est donc nécessaire d'élaborer des politiques complémentaires et compensatoires afin d’atténuer les conséquences négatives des réformes.  Les tentatives de l’Ouganda pour augmenter les revenus des perdants se sont heurtées aux contraintes budgétaires.  Les efforts, aux plans national et international, devraient notamment faciliter l’accès aux marchés et l’abaissement des tarifs.


Pour T. Ademola Oyejide, Professeur au Département d'économie de l'Université d'Ibadan (Nigeria), le problème de l’Afrique ne se trouve pas du côté de l’ouverture des marchés africains, mais de celui des facteurs qui déterminent la production.  L’amélioration des performances commerciales du continent passe par une diversification horizontale, verticale et spatiale (expansion vers des marchés à croissance rapide).  L’Afrique a connu de nombreuses réformes macro-économiques et sectorielles qui n'ont abouti qu'à diminuer les capacités institutionnelles.  Il est essentiel de renforcer ces capacités. 


Il est urgent d’élaborer une approche constructive au problème des distorsions de la production et du commerce du coton, causé par les subventions des gouvernements, a prévenu Terry Townsend, Directeur exécutif du Comité consultatif international du coton (CCIC), Washington (Etats-Unis).  Cultivé dans plus de 80 pays, le coton occupe quelque 300 millions de personnes.  Selon les estimations du CCIC, le soutien des prix et les revenus directs dont a bénéficié l’industrie du coton a représenté près d’un quart de la valeur de la production mondiale de coton, soit 5,8 milliards de dollars en 2001/2002 (3.8 milliards de dollars en 2002/2003).  A eux seuls, les Etats-Unis ont dépensé en moyenne 3 milliards de dollars pour subventionner cette industrie en 2001/2002 (2 milliards en 2002/2003). Sans toutes ces subventions, les prix auraient pu être supérieurs de d'environ 70% en 2001/2002 et de 15% pour l’exercice en cours.  Un manque à gagner de 920 millions de dollars en 2001/2002 pour les producteurs d’Afrique subsaharienne, et de 230 millions pour cette année.


Pour Raphael Kaplinsky, Professeur chargé de recherche à l'Institute  of Development Studies de l'université du Sussex, Brighton (Royaume-Uni), le salut commercial de l’Afrique passe par l’innovation.  Il est essentiel de trouver des manières plus créatives de développer les exportations africaines.  La voie à suivre n'est pas nécessairement du côté du développement d'industries à forte intensité de main d'œuvre.  En effet, on observe également une détérioration des termes de l'échange dans le secteur des produits manufacturés (voir analyse contenue dans le Rapport sur le commerce et le développement 2002).  Il convient d'élaborer une approche systématique qui permette d'améliorer chaque composante de la chaîne de valeur. 


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