TAD/1955

«L'EXCITATION EST RETOMBEE»: LES PERSPECTIVES DE CROISSANCE DES PAYS EN DEVELOPPEMENT SUBISSENT LE CONTRECOUP DES POLITIQUES MENEES AU COURS DES ANNEES 90, INDIQUE UN RAPPORT DE LA CNUCED

02/10/03
Communiqué de presse
TAD/1955


«L'EXCITATION EST RETOMBEE»: LES PERSPECTIVES DE CROISSANCE DES PAYS EN DEVELOPPEMENT SUBISSENT LE CONTRECOUP DES POLITIQUES MENEES AU COURS DES ANNEES 90, INDIQUE UN RAPPORT DE LA CNUCED


Pour la troisième année consécutive, l’économie mondiale traverse une période difficile, et devrait, à peu de chose près, enregistrer comme en 2002 un taux de croissance de 1,9%.  Les économies les plus avancées s’efforcent de sortir de la stagnation, «et l’économie mondiale enregistre actuellement un écart déflationniste croissant créé par l’insuffisance de la demande mondiale», déclare le Rapport sur le commerce et le développement, 2003¹, diffusé aujourd’hui par la CNUCED.  «Les marchés du travail et de produits sont aujourd’hui engorgés au niveau mondial: les demandeurs d’emploi sont trop nombreux par rapport aux emplois offerts, et la production est trop importante par rapport au nombre d’acheteurs.»


En dépit d’une légère amélioration de la confiance des consommateurs et des entreprises, la croissance des pays développés devrait rester faible en 2003 (inférieure à 2%), comme au cours des deux années précédentes, même si l’on s’attend à une accélération une fois que l’économie des Etats‑Unis sera enfin repartie à la hausse au second semestre.  Toutefois, comme une reprise véritable ne pourra se faire qu’avec l’ensemble des pays, la CNUCED exhorte l’Europe et le Japon à adopter des politiques macroéconomiques plus agressives.


Le Rapport note qu’en dépit des fortes réductions de taux d’intérêt opérées par la Réserve fédérale, l’investissement aux Etats‑Unis n’est toujours pas reparti et le marché du travail est au plus bas depuis un certain temps déjà. Seule la poursuite de la croissance des dépenses de consommation, alimentée par le refinancement des prêts hypothécaires − qui a injecté 100 milliards de dollars dans l’économie en 2002 − explique que l’économie des États‑Unis ne se soit pas durablement enfoncée dans la récession.  Toutefois, du fait du ralentissement des hausses salariales, de la chute de l’emploi et de l’explosion de l’endettement privé et public, ces facteurs de croissance ne sauraient constituer une solution à long terme.  La reprise actuelle commence déjà à ressembler à une «reprise en double creux et sans création d’emploi», comme celle que l’on a connue au début des années 90, et la CNUCED met en garde contre le danger auquel doit faire face l’économie des Etats‑Unis: les déséquilibres et les excès créés par le boum des années 90 pourraient se traduire par une longue période de croissance irrégulière et peu soutenue, marquée par de brusques poussées et replis».


L’Europe devrait à nouveau enregistrer une croissance d’environ 1% cette année, principalement en raison de la faiblesse de la demande de consommation dans l’ensemble des principales économies.  De plus, sa capacité à adapter des mesures énergiques étant limitée par le Pacte de croissance de stabilité et par la réticence de la Banque centrale européenne à lutter contre les tendances déflationnistes aussi agressivement que contre l’inflation, la situation observée


ces dernières années devrait persister.  Etant donné que la progression des salaires réels a été inférieure à la progression de la productivité depuis le début des années 90, la solution ne peut provenir, d’après le Rapport, d’une réduction des salaires.  Au contraire, il est temps désormais pour l’Union européenne de rechercher le moyen de tirer parti de ses possibilités d’action accrues en matière monétaire et budgétaire pour relancer la croissance.


Au Japon, la croissance devrait une nouvelle fois être proche de zéro en raison de la stagnation des investissements et des dépenses de consommation, et s’accompagnera d’une tendance sous‑jacente à la déflation.  Les taux d’intérêt nominaux sont pratiquement à leur minimum technique ce qui conduit à privilégier la compétitivité internationale et les exportations pour tirer la croissance, et à chercher à éviter toute appréciation réelle du yen.  Il est peu probable qu’une telle politique contribue à la reprise mondiale.


Etant donné les différentes politiques adoptées face au ralentissement de l’économie et la persistance de disparités quant à la vigueur de la demande dans les principaux pays industrialisés, les déséquilibres de paiement considérables apparus au cours des années 90 ont persisté, voire se sont accentués, exerçant des pressions de plus en plus fortes sur les marchés des changes.  D’après les auteurs du Rapport, le danger est que les ajustements monétaires n’auront pour effet que de redistribuer l’écart déflationniste et le chômage entre les divers pays sans contribuer véritablement à la reprise de l’économie mondiale.  De fait, l’appréciation récente de l’euro, combinée à la stabilité du dollar par rapport à un grand nombre de monnaies de pays à l’égard desquels les Etats‑Unis enregistrent un déficit commercial pourrait aggraver les déséquilibres, accroître la volatilité des flux de capitaux et exercer de nouvelles pressions à la baisse sur les prix.


En conclusion, le Rapport considère que seules des politiques expansionnistes coordonnées des principales économies peuvent provoquer un rééquilibrage ordonné des relations économiques.  La CNUCED craint que si des mesures énergiques ne sont pas prises pour rétablir la stabilité des marchés financiers et des changes, relancer la reprise mondiale et inverser la hausse rapide du chômage, il se pourrait fort bien que les déséquilibres commerciaux et la coexistence d’une croissance rapide dans certaines régions du monde et de la stagnation, du déclin et de la destruction d’emplois dans d’autres régions conduisent à accroître le mécontentement d’une grande partie de la population mondiale à l’égard de la mondialisation, avec ses conséquences sur le plan politique et une perte de confiance dans les marchés et dans la libéralisation.


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[1] Le Rapport sur le commerce et le développement, 2003 (numéro de vente F.03.II.D.7, ISBN 92‑1‑212293‑0) peut être obtenu au prix de 39 dollars, et au prix préférentiel de 19 dollars dans les pays en développement et en transition, auprès du Service des publications des Nations Unies, Two UN Plaza, Room DC2‑853, Département PRES, New York, NY 10017, États‑Unis; téléphone: +1 800 253 9646 ou +1 212 963 8302, télécopie: +1 212 963 3489, courrier électronique: publications@un.org, ou auprès de la Section des ventes et commercialisation, bureau E‑4, Palais des Nations, CH‑1211 Genève 10, Suisse, téléphone: +41 22 917 2614; télécopie: +41 22 917 0027, courrier électronique: unpubli@unog.ch, Internet: http://www.un.org/publications


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