DSG/SM/200-IHA/785

L’ONU A BESOIN DE 259 MILLIONS DE DOLLARS POUR SON OPERATION D’AIDE HUMANITAIRE EN IRAQ, DECLARE LA VICE-SECRETAIRE GENERALE

23/06/2003
Communiqué de presse
DSG/SM/200
IHA/785


L’ONU a besoin de 259 millions de dollars pour son operation d’aide humanitaire en Iraq, declare la Vice-Secretaire generale


On trouvera ci-après le texte de la déclaration faite aujourd’hui par la Vice-Secrétaire générale Louise Fréchette à l’occasion du lancement de l’Appel humanitaire révisé pour l’Iraq:


Je vous remercie de vous être associés au lancement de l’Appel humanitaire révisé pour l’Iraq, par lequel nous demandons 259 millions de dollars supplémentaires pour les derniers mois de 2003 afin de pouvoir répondre aux besoins humanitaires de la population iraquienne et de poursuivre le relèvement d’urgence du pays.


Après ma brève intervention, M. Oshima, Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires, parlera du contenu de l’Appel et en expliquera les détails financiers.  Le Coordonnateur des opérations humanitaires en Iraq, M. Lopes da Silva, évoquera la situation sur le terrain, le contexte de nos activités et nos principales priorités pour la période à venir.  Les représentants des divers organismes des Nations Unies participant à l’Appel se sont joints à nous et se feront un plaisir de répondre à d’éventuelles questions.


Le document dont vous êtes saisis aujourd’hui est la version révisée de l’Appel accéléré lancé il y a près de trois mois, dans les premiers jours du conflit.  Nous envisagions à l’époque l’éventualité de conséquences humanitaires extrêmement graves.  Fort heureusement, beaucoup de nos hypothèses de départ ne se sont pas vérifiées.  En particulier, il n’y a pas eu de mouvements de population massifs sur le territoire iraquien ou vers les pays voisins.


Reste que le conflit et ses suites ont entraîné toutes sortes de besoins humanitaires urgents.  Nous en avions prévu beaucoup – notamment la nécessité de soutenir le système de distribution public qui fournit les rations alimentaires aux habitants.  Mais de nombreux autres ne sont apparus que pendant et après le conflit.  Ainsi, les pillages généralisés et la destruction de centaines de bâtiments publics ont entraîné toute une série de nouveaux besoins humanitaires et ont entravé l’action humanitaire.


Par ailleurs, nous sommes maintenant en mesure d’appuyer le retour et la réintégration, dans le calme et dans la dignité, des réfugiés qui avaient fui l’Iraq bien avant le récent conflit.  Nous pouvons faire de même pour les personnes déplacées à l’intérieur du pays.


L’Appel révisé reflète donc tous ces besoins réévalués et les nouvelles priorités apparues au cours des trois derniers mois.


Rétrospectivement, l’Appel accéléré aura été un puissant outil pour obtenir rapidement de généreux financements.  Environ 870 millions de dollars de dons ou promesses de dons (soit 40 % des besoins) ont été mobilisés en trois mois.  Ajoutés aux fonds destinés aux mesures d’intervention en cas d’urgence, ils nous ont permis d’organiser promptement une vigoureuse opération d’aide humanitaire à l’Iraq dès le début de la crise.  Je saisis cette occasion pour remercier les donateurs qui ont participé à cet effort.


Comme nous l’avons souligné en lançant l’Appel accéléré, cet apport était indispensable pour compléter l’autre grande source de financement de l’aide humanitaire – le programme «pétrole contre nourriture».  Grâce à l’adoption de la résolution 1472 (2003) du Conseil de sécurité à un moment particulièrement opportun – le jour même du lancement de l’Appel accéléré – les organismes et institutions spécialisées ont eu accès à ce jour à environ 1,1 milliard de dollars en secours et fonds d’urgence provenant du programme.


Le montant des contributions des donateurs et des recettes du programme «pétrole contre nourriture» représentait au total près de 2 milliards de ressources disponibles.  Les organismes des Nations Unies ont donc pu intervenir massivement pour éviter une crise potentielle.  Permettez-moi de mentionner ici quelques-unes de leurs réussites.


Le Programme alimentaire mondial a commencé à acheminer de la nourriture en Iraq le 30 mars.  Depuis, il a livré 800 000 tonnes de vivres, de sorte que le Ministère du commerce a pu rétablir le système de distribution public au début de ce mois.  La distribution des rations alimentaires a repris dans tout le pays.  Je ne saurais trop insister sur l’importance de ce progrès pour le bien-être des Iraquiens et la stabilité de l’Iraq en général.


Notre assistance a été tout aussi substantielle dans d’autres domaines. Ainsi, des camions-citernes livrent quotidiennement des millions de litres d’eau potable aux hôpitaux et aux habitants de Bagdad et du sud du pays. Tous les établissements hospitaliers ont reçu des fournitures médicales et ceux qui avaient été pillés ont pu commencer à reconstituer leurs stocks.  Nous avons remis en état les infrastructures d’eau, de tout-à-l’égout et d’électricité. Nous procédons à l’enlèvement des mines et des munitions non explosées.  D’ici la fin de l’année scolaire, nous aurons distribué des trousses scolaires à 400 000 écoliers du primaire.  Il reste toutefois encore beaucoup à faire dans tous ces domaines, d’où la nécessité de ressources supplémentaires.


Permettez-moi de replacer brièvement ces activités dans le contexte plus large de l’Iraq.


L’Autorité provisoire de la coalition, qui est représentée ici aujourd’hui, est au premier chef responsable du bien-être des Iraquiens, et notamment du bon fonctionnement des services publics.  Les activités d’assistance des organismes des Nations Unies se veulent complémentaires de celles de l’Autorité elle-même.  Les stratégies sectorielles énoncées dans l’Appel révisé ont été élaborées en concertation avec l’Autorité – y compris avec les hauts responsables des ministères d’exécution iraquiens concernés et des municipalités, dont certains sont parmi nous aujourd’hui.  Comme pour toute situation d’urgence, les organismes des Nations Unies vont focaliser leurs efforts sur les domaines où ils possèdent un net avantage comparatif, ou que l’Autorité ne peut prendre en charge dans l’immédiat.


L’ONU a parfaitement conscience que, dans l’ensemble, les administrations iraquiennes étaient naguère tout à fait capables d’assurer les services publics essentiels.  Leurs capacités ont été sérieusement amoindries du fait des récents événements.  L’un de nos principaux objectifs – que partage l’Autorité – consiste donc à rétablir et renforcer cette capacité iraquienne. La quasi-totalité de notre assistance – qu’elle concerne les rations alimentaires, les médicaments de base ou l’approvisionnement en eau potable – est fournie par l’intermédiaire de prestataires de services iraquiens à tous les niveaux.


Notre aide humanitaire prendra fin dès que les institutions iraquiennes pourront de nouveau servir la population civile, y compris ses éléments les plus vulnérables.  Nous espérons que la transition pourra se faire en grande partie, voire entièrement, avant la fin de cette année, et qu’elle ira de pair avec une augmentation régulière de l’effort de relèvement et de reconstruction.


En vertu de la résolution 1483 (2003) du Conseil de sécurité, le Programme «pétrole contre nourriture» a pris fin, et toutes les responsabilités résiduelles seront transférées à l’Autorité d’ici le 21 novembre.  La tâche ne sera pas facile compte tenu des multiples responsabilités exercées par l’ONU dans les trois gouvernorats du nord et des capacités limitées dans de nombreux domaines.  En concertation avec l’Autorité, nous mettons actuellement au point un plan d’action qui permettra de ménager une transition en douceur et de limiter au maximum la perturbation des services fournis au titre du programme.


Le Conseil de sécurité a demandé à l’ONU d’apporter une aide humanitaire à l’Iraq et d’oeuvrer pour la reconstruction du pays, le rétablissement des institutions nationales et locales ou leur création si elles n’existent pas, ainsi que pour la mise en place d’un gouvernement iraquien représentatif.  Le Représentant spécial du Secrétaire général prépare actuellement le plan

d’exécution de notre mission dans ces deux derniers domaines.  Mais une chose est sûre: notre action humanitaire a été tangible et elle a beaucoup compté pour les Iraquiens en ces mois difficiles.  Elle nous donne une excellente base pour accomplir les autres tâches de notre mission et nous acquitter de nos responsabilités envers le peuple iraquien qui a tant souffert pendant si longtemps.


Avant de laisser la parole à mes collègues, j’aimerais rappeler que si les besoins de l’Iraq sont immenses, il en est d’aussi pressants ailleurs dans le monde.  Un certain nombre de bailleurs de fonds ont versé des contributions supplémentaires pour que la crise iraquienne ne pénalise pas les autres opérations d’urgence.  Nous nous félicitons de leur décision et appelons tous les donateurs à répondre à cet appel sans pour autant réduire leur appui à d’autres interventions d’urgence tout aussi importantes.


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