CS/2430

RENFORCE EN 2002, LE REGIME DE PROTECTION DES ENFANTS DANS LES CONFLITS ARMES DOIT DESORMAIS ETRE MIS EN ŒUVRE, ESTIMENT DE NOMBREUSES DELEGATIONS

14/01/2003
Communiqué de presse
CS/2430


Conseil de sécurité

4684e séance – matin et après-midi


RENFORCE EN 2002, LE REGIME DE PROTECTION DES ENFANTS DANS LES CONFLITS ARMES DOIT DESORMAIS ETRE MIS EN ŒUVRE, ESTIMENT DE NOMBREUSES DELEGATIONS


Placé dès son ouverture sous le signe de l’action par son Président, M. Jean-Marc de La Sablière (France), le débat du Conseil de sécurité consacré aujourd’hui à l’examen du rapport du Secrétaire général des Nations Unies sur les enfants et les conflits armés a été l’occasion pour de nombreux intervenants de dénoncer le caractère insoutenable de l’utilisation des enfants soldats et de se livrer à un échange d’idées sur les mesures à prendre, au-delà de la résolution 1379 (2001) du Conseil, pour faire cesser de telles pratiques.  La nécessité de passer à l’action a également été soulignée par le Secrétaire général des Nations Unies, M. Kofi Annan, qui a jugé que le moment était venu de s’assurer que les progrès réalisés par la communauté internationale dans la création d’un régime de protection de l’enfance soient traduits dans la réalité.  Ce régime de protection repose sur les deux piliers que constituent notamment le Protocole facultatif à la Convention relative aux droits de l’enfant sur la participation des enfants aux conflits armés – qui stipule que l’âge limite minimum pour le recrutement d’enfants et leur participation directe dans les hostilités de type militaire est de 18 ans -, et le Statut de Rome portant création de la Cour pénale internationale – qui qualifie la conscription, l’enrôlement et l’utilisation d’enfants de moins de 15 ans dans les conflits de crimes de guerre -, entrés en vigueur en 2002.


A l’appui de ce régime de protection des droits de l’enfant dans les situations de conflits armés, le Représentant spécial du Secrétaire général pour les enfants et les conflits armés, M. Olara A. Otunnu, a proposé à la communauté internationale la création d’un mécanisme d’évaluation et de suivi chargé notamment d’identifier les situations dans lesquelles ce régime de protection fait l’objet de violations par les parties à un conflit.  La seconde étape consisterait à exercer toutes les pressions nécessaires sur ces gouvernements ou groupes armés non étatiques, afin qu’ils cessent de recruter et d’enrôler des enfants, ceci avant d’envisager des mesures plus contraignantes à l’égard de telles entités, comme par exemple des restrictions sur leurs déplacements, des embargos sur la fourniture d’armes, ou encore un gel des flux financiers, a proposé M. Otunnu.  A cet égard, la liste de 23 parties prenantes à cinq conflits à l’ordre du jour du Conseil - Afghanistan, Burundi, République démocratique du Congo, Libéria et Somalie - dans lesquels des enfants soldats sont enrôlés et qui a été annexée au rapport du Secrétaire général a été qualifiée d’étape décisive vers la mise en place d’un tel mécanisme.  Pour la première fois, les gouvernements et autres groupes rebelles qui enrôlent des enfants mineurs dans leurs troupes sont clairement dénoncés dans cette liste, ont souligné avec satisfaction l’ensemble des délégations.


Dénonçant ensuite la situation qui prévaut notamment au Libéria, où les milices du Président Charles Taylor continuent de recruter des enfants mineurs, ou encore en Somalie où 175 000 enfants déplacés sont vulnérables devant les groupes armés, le représentant des États-Unis a invité le Conseil de sécurité à faire preuve de fermeté face aux entités citées dans le rapport du Secrétaire général.  Il a condamné par ailleurs le fait qu’au Myanmar, les enfants soient enrôlés de force dès l’âge de 11 ans par des groupes armés qui les enlèvent dans la rue ou brûlent des villages entiers pour les capturer, de même que les pratiques de l’Armée de résistance du Seigneur qui, en Ouganda, aurait enlevé 4 000 enfants depuis juin 2002, et a demandé au Secrétaire général de présenter l’an prochain un rapport listant l’ensemble des groupes qui ont enrôlé des enfants, sans se limiter aux conflits à l’ordre du jour du Conseil de sécurité.  Cette idée a été appuyée, entre autres, par la Directrice générale du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), Mme Carol Bellamy, qui s’est dite convaincue que le fait de nommément désigner et exposer à la honte et à la vindicte publique les parties coupables d’exploitation des enfants peut aider à créer une culture de responsabilisation susceptible de prévenir des abus dans l’avenir.  Aussi, a-t-elle exhorté le Conseil de sécurité à mettre régulièrement à jour cette liste établie par le Secrétaire général et son Représentant spécial pour les enfants et les conflits armés en y ajoutant des données relatives aux conflits futurs.


Une des clés indispensables pour mettre fin aux violences contre les enfants dans les situations de conflits armés réside dans les programmes de démobilisation et de réinsertion des enfants soldats, a ensuite jugé Mme Bellamy.  Prenant l’exemple de la région des Grands Lacs, elle a expliqué que l’UNICEF avait adopté une approche régionale conjointement avec la Banque mondiale, les gouvernements donateurs, les autres agences et institutions spécialisées des Nations Unies, et les autorités nationales et locales afin de développer un programme de démobilisation et de réintégration multi-pays.  Par ailleurs, d’autres propositions ont porté, au cours de ce débat, sur l’intégration des préoccupations des enfants dans le cadre des négociations préalables à la signature d’accords de paix, ainsi que sur le renforcement du déploiement des conseillers chargés de la protection des enfants dans les missions de maintien de la paix, d’ores et déjà expérimentés en Sierra Leone, en RDC et en Angola, et qui devraient être étendus à l’ensemble des opérations.  Insistant sur la nécessité de faire en sorte que la démobilisation et la réintégration des enfants soldats s’inscrivent dans la durée et qu’un suivi effectif de ces enfants soit assuré pour éviter les phénomènes de “re-recrutement”, qui ont pu être constatés dans certaines zones de conflits, le représentant de la France a annoncé qu’une résolution de suivi serait adoptée d’ici à la fin de la semaine afin, entre autres, de donner des orientations claires en matière de protection des enfants en situation de conflits armés et dans les programmes de reconstruction post-conflits. 


Outre les délégations déjà mentionnées, les représentants des pays suivants se sont exprimés au cours du débat: Allemagne, Angola, République arabe syrienne, Mexique, Fédération de Russie, Chili, Bulgarie, Royaume-Uni, Pakistan, Cameroun, Espagne, Guinée, Chine, Grèce (au nom de l’Union européenne et des pays associés), Bahreïn, Suisse, Canada, Philippines, Monaco, Rwanda, Costa Rica, Égypte, Autriche, Népal, Israël, Éthiopie, Ukraine, Indonésie, Sierra Leone, Slovénie, Myanmar, Colombie, Malawi, Liechtenstein, République démocratique du Congo, Inde, Burundi, Japon, Namibie et Équateur.  L’Observateur permanent de la Palestine a également pris la parole. 


Les représentants d’Israël, du Rwanda et l’Observateur de Palestine ont exercé leur droit de réponse.  Le Représentant spécial pour les enfants et les conflits armés et le Directeur adjoint de l’UNICEF ont répondu aux observations formulées par les délégations.


Rapport du Secrétaire général sur les enfants et les conflits armés (S/2002/1299)


      Dans ce rapport, le Secrétaire général passe en revue les activités et les progrès réalisés depuis l’adoption par le Conseil de sécurité de la 1379, le 20 novembre 2001.  Ces activités et ces progrès concernent la question de la protection des enfants pendant et après les conflits armés ainsi que l’application des résolutions pertinentes du Conseil.  Le rapport contient en annexe la liste des parties à des conflits armés qui recrutent ou utilisent des enfants en violation des obligations internationales pertinentes, dans des situations dont le Conseil est saisi. 


Le Secrétaire général divise son rapport en 5 chapitres de fond concernant le cadre normatif de la protection des enfants dans les conflits armés; l’inclusion de cette question dans le programme de l’ONU sur la paix et la sécurité; les progrès accomplis dans la mise en oeuvre des résolutions du Conseil; la situation des enfants soldats; et les missions sur le terrain du Représentant spécial pour les enfants et les conflits armés.


Pendant la période considérée, le Représentant spécial a continué de défendre, de faire connaître, de promouvoir et de renforcer la protection, les droits et le bien-être des enfants touchés par les conflits armés.  Ces missions, indique le Secrétaire général, ont amené les parties à des conflits à prendre des engagements et encouragé les donateurs à fournir des ressources à des activités de programme en faveur des enfants victimes de la guerre.  Au cours de l’année écoulée, le Représentant spécial s’est rendu en Afghanistan, en Angola, en Erythrée, en Ethiopie, dans le nord du Caucase, au Guatemala et en Irlande du Nord.


S’agissant du cadre normatif de la protection des enfants dans les situations de conflit armé, le Secrétaire général estime que ce cadre s’est renforcé depuis l’entrée en vigueur de deux instruments historiques à savoir le Protocole facultatif à la Convention relative aux droits de l’enfant sur la participation des enfants aux conflits armés, le 12 février, et le Statut de Rome de la Cour pénale internationale, le 1er juillet 2002.  Le Secrétaire général rappelle que le Protocole fixe à 18 ans l’âge minimum de la conscription et de la participation directe à des hostilités et prie les Etats parties de porter à 16 ans l’âge minimum de l’engagement volontaire.  Quant au Statut de Rome, il qualifie de crime de guerre le fait de procéder à la conscription ou à l’engagement d’enfants de moins de 15 ans pour les faire participer à des conflits armés nationaux ou internationaux.


Concernant l’inclusion de la protection dans le programme de l’ONU en matière de paix et de sécurité, le Secrétaire général annonce notamment qu’un groupe de travail interorganisations, convoqué conjointement par le Bureau de son Représentant spécial, l’UNICEF, le Département des opérations de maintien de la paix et le Département des affaires politiques, a élaboré un projet de directives sur l’intégration de la protection des enfants dans le rétablissement, le maintien et la consolidation de la paix.  Ces directives, précise-t-il, seront soumises, à la fin de l’année, au Comité exécutif pour la paix et la sécurité. 


En outre, indique le Secrétaire général, le Groupe de travail sur la formation du personnel de maintien de la paix dans le domaine de la protection des enfants, convoqué conjointement par le Bureau du Représentant spécial, l’UNICEF et Save the Children, en collaboration avec le Département des opérations de maintien de la paix, a achevé l’élaboration d’un premier module de formation adapté au mandat de toutes les opérations de paix et destiné à la formation du personnel militaire, civil et de police.


Après avoir décrit les progrès accomplis dans la mise en oeuvre des résolutions du Conseil, le Secrétaire général aborde la situation des enfants soldats et les modalités d’établissement de la liste comprise dans l’annexe de son rapport.  Il indique ainsi que bien que l'établissement de la liste ait posé de nombreux problèmes, le résultat final constitue un progrès considérable dans l’action menée pour amener les parties à des conflits à s’acquitter des obligations internationales qui leur incombent en matière de protection des enfants. 


Lors de l’élaboration de la liste, dit encore le Secrétaire général, il a été décidé d’inclure uniquement les situations de conflit armé dont le Conseil est saisi; les parties au conflit que l’on pouvait identifier; et les parties à des conflits qui continueraient de recruter ou d’utiliser des enfants en violation des dispositions internationales qui les protègent.  Le Secrétaire général passe néanmoins en revue les situations préoccupantes non mentionnées dans la liste. 


Déclarations


M. KOFI ANNAN, Secrétaire général des Nations Unies, a exprimé sa satisfaction après l’adoption par la communauté internationale de normes et principes visant la protection des enfants affectés par les conflits armés.  Les deux principaux instruments adoptés à cette fin sont liés à l’entrée en vigueur du Protocole facultatif à la Convention relative aux droits de l’enfant, sur la participation des enfants aux conflits armés, et qui stipule que l’âge limite minimum pour le recrutement d’enfants et leur participation directe dans les hostilités de type militaire est de 18 ans.  Le second instrument a pour sa part trait à l’entrée en vigueur du Statut de Rome de la Cour pénale internationale, qui classifie la conscription, l’enrôlement et l’utilisation d’enfants de moins de 15 ans dans les conflits comme des crimes de guerre.  Mais beaucoup reste à faire.  Malgré les progrès accomplis dans la création et le renforcement du cadre normatif, la tragique vérité est que les enfants continuent d’être les victimes, de la manière la plus cynique qui soit, des conflits qui ont lieu à travers le monde.  En plus d’être enrôlés de force par les gouvernements et les groupes rebelles, les enfants courent le risque d’être exposés aux mines terrestres, aux munitions non explosées, aux enlèvements, aux déplacements et au manque d’éducation.  Ils sont utilisés pour l’exploitation illicite des ressources naturelles et sont victimes d’exploitation sexuelle.


Le moment est venu de s’assurer que les gains que nous avons réalisés en matière de création d’un régime de protection de l’enfance soient traduits dans la réalité.  Le rapport que nous venons de publier contient une liste de 23 parties, y compris des gouvernements et des groupes d’insurgés, tous parties prenantes dans cinq conflits inscrits à l’ordre du jour du Conseil de sécurité.  Ces entités utilisent ou recrutent des enfants soldats.  La liste met aussi en exergue un certain nombre de conflits dont s’occupe le Conseil.  En nommant les parties coupables de recrutement d’enfants soldats, la communauté internationale démontre sa volonté de passer des mots aux actes.  Ceux qui violent l’enfance ne pourront plus le faire dans l’impunité.  Cette liste est donc un pas important dans les efforts que nous faisons en vue d’obliger le parties à respecter les obligations relatives à la protection de l’enfance.  Il est essentiel que sa publication soit appuyée par une surveillance systématique et par des rapports sur la manière dont les parties respectent les textes internationaux.


M. OLARA A. OTUNNU, Secrétaire général adjoint et Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies pour les enfants et les conflits armés, a salué le rôle clé joué par la France dans l’adoption de la résolution 1379 (2001) et estimé que l’engagement du Conseil de sécurité avait contribué à placer la protection des enfants dans les conflits armés au premier rang des priorités en matière de paix et de sécurité.  Rappelant les résolutions adoptées relativement à cette question par le Conseil de sécurité, ainsi que l’attention particulière qu’il a accordée à la protection des enfants dans les situations post-conflit au Kosovo, en Sierra Leone et en Afghanistan, M. Otunnu a salué les progrès réalisés ces dernières années dans l’élaboration et la codification de normes et de principes de base en matière de protection des enfants.  Il a notamment cité le Protocole facultatif à la Convention des Nations Unies sur les droits de l’enfant, sur la participation des enfants aux conflits armés qui prévoit que les États fixent l’âge de la conscription à 18 ans et que les autres parties à des conflits ne recrutent pas de combattants de moins de 18 ans, ainsi que l’entrée en vigueur du Statut de Rome portant création de la Cour pénale internationale qui qualifie de crimes de guerre le recrutement et l’enrôlement d’enfants de moins de 15 ans dans les conflits armés, de même que les attaques contre des écoles ou des hôpitaux ou des agressions sexuelles.  En outre, la Convention 182 de l’Organisation internationale du travail (OIT) considère l’utilisation d’enfants soldats de moins de 18 ans comme l’une des formes les plus abjectes d’exploitation des enfants, a dit M. Otunnu, qui a également fait mention de la Charte africaine sur les droits et le bien-être de l’enfant qui interdit le recrutement et l’enrôlement d’enfants de moins de 18 ans dans les conflits.


Forte de ce cadre normatif et des progrès réalisés ces dernières années pour associer les organisations non gouvernementales et la société civile à la protection des enfants, a poursuivi le Représentant spécial, la communauté internationale doit désormais s’engager sur la voie de l’action et traduire ces principes en un régime de protection effectif des enfants en danger.  Aussi, afin de s’assurer de la mise en œuvre de ces principes, il faut dans un premier temps prévoir un cadre de suivi et d’alerte sur le comportement des parties aux conflits.  Une fois l’information réunie, la deuxième étape doit être l’action.  Elle doit également consister à exercer une pression et prendre des mesures contre ceux qui violent ces dispositions de protection des droits de l’enfant.  Par ailleurs, a jugé M. Otunnu, nous devons également redoubler d’efforts pour s’assurer que les préoccupations des enfants soient prises en compte dans les négociations et accords de paix, que leur réinsertion soit au cœur des programmes de reconstruction post-conflit, que le déploiement des Conseillers de protection de l’enfant devienne une obligation dans les opérations de maintien de la paix, et que les responsables de violations des droits des enfants soient les premiers à comparaître devant la Cour pénale internationale.  S’agissant de la liste des parties, jointe en annexe au rapport du Secrétaire général, qui enrôlent des enfants dans les conflits, il a estimé qu’elle donne une occasion unique au Conseil de sécurité de tenir ces parties, gouvernementales ou non, pour responsables de leurs actes et d’envoyer un message de fermeté.  Il a souhaité qu’elle soit étendue à des situations qui ne sont pas à l’ordre du jour du Conseil de sécurité, telles que la Colombie, le Népal, les Philippines, le Soudan, l’Ouganda ou le Sri Lanka. 


M. Otunnu a proposé que le Conseil de sécurité prenne des mesures urgentes et lance un appel aux parties citées dans cette liste de 23 entités pour les enjoindre de cesser tout enrôlement des enfants.  Le Conseil pourrait également prendre des mesures concrètes à l’encontre de ceux qui enrôlent des enfants dans leurs forces armées telles que des restrictions sur leurs déplacements, des embargos sur les fournitures d’armes, ou encore un gel des flux financiers.  Le prochain rapport, a-t-il dit, identifiera d’autres groupes qui continuent de recruter des enfants dans les conflits armés en expliquant que cette liste se limite aux enfants enrôlés alors qu’elle pourrait s’étendre aux enfants victimes d’abus sexuels, aux enfants orphelins ou séparés de leurs familles, ou aux enfants privés de structures d’éducation et de santé.  Il a exprimé sa préoccupation face à l’évolution du conflit israélo-palestinien et ses conséquences sur les enfants ainsi que face à l’impact de la crise en Côte d’Ivoire sur la situation des enfants qui doivent être protégés contre les aux groupes armés dans les deux situations.


Mme CAROL BELLAMY, Directrice générale du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), a déclaré que l’engagement de la communauté internationale en faveur de la protection de l’enfance dans les situations de conflits a été réaffirmé par les dirigeants du monde entier lors de la session extraordinaire de l’Assemblée générale consacrée aux enfants qui s’est tenue au mois de mai dernier.  Cet engagement s’est aussi exprimé lors de la session extraordinaire de l’Assemblée sur le VIH/sida, organisée en 2001, quand le Conseil de sécurité a déclaré que cette pandémie est une menace à la sécurité internationale et qu’elle représente une grave menace, surtout pour les femmes et les enfants, tout en mettant en péril l’avenir même des sociétés.  L’UNICEF est convaincu que le fait de nommément désigner et exposer à la honte et la vindicte publique les parties coupables d’exploitation des enfants peut aider à créer une culture de responsabilisation et susceptible de prévenir des abus dans l’avenir.  C’est pourquoi, nous exhortons le Conseil à prendre en considération la liste établie par le Secrétaire général au cours de ses délibérations, et à mettre régulièrement à jour cette liste en y ajoutant des données relatives aux conflits futurs.


L’UNICEF se servira de cette liste pour renforcer ses activités de plaidoyer à la fois au niveau local et au niveau international.  La démobilisation et la réinsertion des enfants soldats est une de nos priorités ainsi que celle de nos partenaires.  C’est une clef indispensable à la fin des violences contre les enfants dans les conflits armés.  Au Sri Lanka, nous pensons qu’il y a une opportunité de démobilisation à grande échelle d’enfants soldats et l’UNICEF travaille avec le Gouvernement et les acteurs non étatiques pour assurer la libération des enfants recrutés par les guérillas sécessionnistes.  Dans la Région des Grands Lacs, l’UNICEF adopte une approche régionale en travaillant avec la Banque mondiale, les gouvernements donateurs et les autres institutions de l’ONU, ainsi qu’avec les officiels locaux pour développer un programme de démobilisation et de réintégration multi-pays.  En Angola, nous pensons qu’il est urgent de fournir un soutien à environ 8 000 enfants recrutés pendant la guerre civile.  Au cours de l’année écoulée, nous avons eu à faire face à des accusations d’exploitation sexuelle portées contre le personnel de maintien de la paix et le personnel humanitaire en Afrique de l’Ouest.  Ces faits nous ont montré que nos actions dans cette zone n’avaient peut-être pas été adéquates.  Le Groupe de travail interinstitutions sur la protection contre les abus et l’exploitation sexuels, que l’UNICEF co-préside, a pris des mesures urgentes pour prévenir et faire face aux abus sexuels.  Son plan d’action, soutenu par le Comité interinstitutions, demande l’adoption d’un code de conduite basé sur six principes de base définissant des normes essentielles de conduite des personnels humanitaires.


M. GUNTER PLEUGER (Allemagne) s’est élevé contre le cynisme des parties aux conflits qui continuent d’enrôler des enfants et a invité le Conseil de sécurité à redoubler d’efforts pour que des mesures efficaces soient prises pour aller au-delà des engagements pris dans ce domaine au cours des années passées.  Il a salué les efforts déployés par le Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies pour les enfants et les conflits armés qui a pris la responsabilité de citer nommément, dans son rapport, les groupes armés et les forces gouvernementales qui enrôlent des enfants de moins de 18 ans.  A ce titre, il a jugé que le cadre normatif mis en place ces dernières années, que ce soit par le biais du Protocole facultatif facultatif à la Convention relative aux droits de l’enfant ou par le biais du Statut de Rome, devait désormais être appliqué et doté d’un mécanisme de suivi efficace chargé d’identifier les parties qui violent ces principes et de proposer des sanctions contre eux.  Il a jugé ensuite que, au-delà de la Sierra Leone, de la République démocratique du Congo et de l’Angola, les conseillers chargés de la protection des enfants doivent être étendus à l’ensemble des opérations de maintien de la paix.  M. Pleuger a également attiré l’attention des délégations sur les menaces que les mines terrestres posent aux enfants dans les conflits armés, de même que sur les conséquences de la prolifération des armes légères sur le recrutement des enfants soldats.  Il a insisté enfin sur la complémentarité entre le Bureau du Représentant spécial pour les enfants et les conflits armés et l’UNICEF et les a invités à agir de concert pour faire progresser la protection des enfants dans les conflits armés. 


M. ISMAEL GASPAR MARTINS (Angola) a estimé que son pays accueille avec une certaine satisfaction l’entrée en vigueur du Protocole facultatif à la Convention relative aux droits de l’enfant.  Nous nous félicitons aussi de l’entrée en vigueur du Statut de Rome de la Cour pénale internationale.  Le Protocole facultatif crée une grande première en ne faisant aucune distinction entre gouvernements et groupes rebelles dans le respect et l’application du droit international.  La Cour, pour sa part, crée un mécanisme de mise en œuvre des engagements que prend la communauté internationale dans le Protocole.  Néanmoins, au vu de la longue liste de gouvernements et de groupes insurgés qui recrutent et utilisent activement des enfants soldats, nous pensons que le Conseil doit redoubler d’efforts  en vue de renforcer la prévention et la résolution des conflits armés.  La gestion des crises ne suffit plus à assurer le bien-être de l’enfance.  Seule la prévention des conflits armés peut assurer ce bien-être.  La promotion d’une culture de respect des droits des enfants peut se faire en les intégrant dans les processus politiques de résolution des conflits et de démobilisation et réintégration des enfants.  Mentionnée dans le rapport du Secrétaire général, l’Angola a fait l’expérience des traumatismes que subit l’enfance, après 27 ans de guerre.


M. FAYSSAL MEKDAD (République arabe syrienne) a salué la prise de conscience du Conseil de sécurité concernant la protection des enfants en situation de conflits armés et d’occupation étrangère et souhaité que des mesures soient prises pour accroître cette protection.  Il a souhaité que le sort des jeunes enfants touchés par les conflits armés soit davantage examiné par les membres du Conseil de sécurité, soulignant combien les images d’enfants palestiniens tués par l’occupant israélien étaient gravées dans les mémoires.  Il a estimé que, parallèlement à l’enrôlement des enfants dans les conflits armés largement abordé dans le rapport du Secrétaire général, la prise en compte de l’impact des conflits armés sur la survie des enfants doit également être abordée.  Il a insisté sur les conséquences catastrophiques de l’occupation israélienne sur la protection des enfants au Moyen-Orient et a proposé que des mesures soient prises pour y remédier.  S’agissant des groupes suspectés d’enrôler des enfants, M.Mekdad a plaidé pour des mesures tendant à vérifier la véracité des informations fournies au Conseil de sécurité sur les situations d’enrôlement forcé.  Il a également exhorté le Conseil à demander aux États de s’acquitter de leurs obligations d’une part en vertu du Protocole facultatif et d’autre part en vertu de la quatrième Convention de Genève de 1949 sur la protection des civils en situation de conflits.  Il a assuré que la Syrie avait décidé de signer les deux Protocoles facultatifs à la Convention des Nations Unies relative aux droits de l’enfant qu’elle a ratifiée en 1993 et a invité le Conseil de sécurité à intensifier ses efforts pour assurer la protection des enfants dans les zones de conflit et dans les zones sous occupation, en particulier au Moyen-Orient. 


M . AGUILAR ZINSER.............................(Mexique) a déclaré que la simple promulgation de règles ne saurait suffire à mettre fin aux abus que l’on observe sur le terrain.  Les progrès réalisés par la communauté internationale dans la création d’instruments juridiques visant la protection des enfants doivent être renforcés par des mesures concrètes.  Le Mexique partage le point de vue exprimé par la délégation de l’Allemagne, notamment en ce qui concerne les  violences contre les enfants et l’exploitation sexuelle des fillettes et des filles dans les conflits armés.  L’ONU doit prendre des mesures immédiates et concrètes.  Ceux qui ne respectent pas les obligations qui sont les leurs dans le cadre du droit international doivent être jugés et sévèrement sanctionnés.  Le Mexique pense que le travail de la Cour pénale internationale devra servir d’aiguillon aux législations nationales, qui doivent intégrer dans leurs dispositions les normes adoptées au niveau international en matière de protection de l’enfance.  Le Mexique ne saurait par ailleurs tolérer les souffrances infligées aux mineurs par ceux qui sont censés assurer leur protection, et nous soutenons les initiatives prises par l’ONU et ses institutions spécialisées en vue de créer un code de conduite des personnels humanitaires et de maintien de la paix dans les zones en conflit.    Nous espérons aussi que la société civile, les ONG, et l’industrie de l’armement s’associeront aux Nations Unes pour faire en sorte que les souffrances dont sont victimes les enfants prennent fin.  L’inclusion de spécialistes dans les missions de l’ONU, dont la tâche essentielle est de veiller au bien-être et à la protection des enfants et des civils vulnérables dans les zones de conflit est une mesure à encourager.  Le Mexique soutient la présence de tels spécialistes, qui seraient chargés d’appliquer sur le terrain les règles internationales liées aux droits des enfants.  Nous nous félicitions des propositions faites hier par les ONG au cours de la réunion informelle que nous avons eue avec elles.  Certaines de ces propositions, relatives à la protection des enfants contre la pandémie du sida, doivent être soigneusement examinées.  Nous lançons un appel aux pays contributeurs de troupes et au Secrétaire général pour que soit incluse, dans tout accord de contribution de forces au maintien de la paix, une clause relative à la conduite de ces troupes et aux mesures à observer pour éviter la propagation de la pandémie.

M. SERGEY LAVROV (Fédération de Russie) a estimé que les souffrances des enfants demeurent une réalité triste dans les conflits armés qui affectent dans plus de 80% des cas des populations civiles, dont 45% d’enfants et plus de 60% de réfugiés ou de déplacés.  Aussi, le Conseil de sécurité a-t-il pour obligation de se saisir de la protection des enfants dans les conflits armés quand il n’est pas parvenu à les prévenir en amont.  Le problème de l’enfance doit être examiné de façon plus élargie, a-t-il ajouté, qu’il s’agisse de l’impact des drogues sur les enfants, de leur enlèvement, de leur traite, du trafic de leurs organes ou de leur exploitation sexuelle.  Il a invité la communauté internationale à mettre fin à l’abomination du terrorisme qui affecte également les enfants et a souhaité que la Cour pénale internationale puisse punir de manière irréversible les crimes contre l’humanité les plus graves, y compris ceux qui sont commis contre les enfants.  Il a condamné le recrutement des enfants soldats par les groupes armés et les groupes terroristes et demandé que leurs responsables soient traduits en justice, estimant que l’enrôlement des enfants dans la guerre dès leur plus jeune âge les traumatise de manière durable.  Les enfants, a-t-il poursuivi, représentent le groupe le plus vulnérable aux abus sexuels en situation de conflits armés.  M. Lavrov s’est insurgé contre le fait que le personnel humanitaire en qui ces enfants et ces victimes de guerre placent leur confiance puissent être suspectés d’abus sexuels.  Il a prôné la séparation des civils et des combattants armés dans les camps de déplacés et de réfugiés et a souhaité que le rôle des conseillers pour la protection des enfants dans les opérations de maintien de la paix soit renforcé. 


M. JUAN GABRIEL VALDES (Chili)   a déclaré que des actions multilatérales efficaces pourraient réduire de façon notable les souffrances que subissent les enfants dans les conflits armés.  Notre délégation appuie tous les appels lancés aujourd’hui par le Secrétaire général, son Représentant spécial pour les enfants et les conflits armés, et la Directrice générale de l’UNICEF.    Le Chili est membre du Réseau mondial pour la sécurité humaine, et nous sommes préoccupés par le refus de certaines parties aux conflits de laisser l’aide humanitaire parvenir aux civils et aux enfants dans le besoin.  Notre pays soutient l’adoption de mesures de prévention renforcées, et à cet égard, nous nous félicitons de la publication de la liste, établie par le Secrétaire général, dénonçant les parties qui continuent de recruter et d’utiliser ouvertement des enfants dans les situations de conflits.  Nous pensons que l’éducation est une mesure indispensable à mettre en œuvre pour responsabiliser les jeunes et les adolescents vivant dans des zones de conflit et leur éviter de sombrer dans la violence.  Seul un effort collectif et concerté de la communauté internationale permettra une mise en œuvre effective des engagements internationaux en faveur de l’enfance.  En ce qui nous concerne, le Chili a signé et ratifié tous les grands textes internationaux pertinents.  Notre pays tient à affirmer son attachement à la résolution des questions liées à l’enfance et à son bien-être.  Nos efforts doivent viser à garantir la sécurité et le bien-être des enfants dans toutes les régions du monde.  C’est une question de dignité humaine.


M. STEFAN TAFROV (Bulgarie) a jugé que la situation des enfants dans les conflits armés est l’une des plus douloureuses à laquelle doit faire face la communauté internationale.  Il a estimé que le rapport du Secrétaire général, et la liste jointe en annexe qui cite 23 parties à un conflit suspectées d’enrôler des enfants, marque une étape décisive dans l’adoption de mesures efficaces pour mettre un terme à l’utilisation d’enfants soldats.  Il a souligné à cet égard l’importance du cadre normatif mis en place ces dernières années et souhaité, par conséquent, que les parties à des conflits armés qui recrutent les 300 000 enfants soldats continuent d’être dénoncées et que des mesures répressives soient prises à leur encontre.  Il a mentionné, à ce titre, les dispositions du Protocole facultatif à la Convention relative aux droits de l’enfant sur la participation des enfants aux conflits armés et du Statut de Rome concernant la conscription et l’enrôlement d’enfants de moins de 18 ans.  M. Tafrov a salué la formule Arria qui permet une concertation entre le Conseil de sécurité et les organisations non gouvernementales compétentes dans le domaine de la protection des enfants.  Il a jugé essentielle l’augmentation du nombre de conseillers chargés de la protection des enfants dans les opérations de maintien de la paix et a estimé qu’une telle mesure doit être renforcée par la mise en oeuvre des recommandations du Représentant spécial du Secrétaire général pour les enfants et les conflits armés, M. Otunnu, notamment celles relatives à la création d’un mécanisme de suivi des mesures de protection des enfants et, en particulier, des dispositions prises par les groupes armés pour mettre un terme à l’enrôlement des enfants. 


M. JEREMY GREENSTOCK (Royaume-Uni) a déclaré que le cadre normatif pour la protection des enfants dans les situations de conflit armé avait été renforcé de façon notable au cours de l’année écoulée.  Il importe désormais de mettre en application les règles et instruments adoptés.  Notre pays est heureux qu’un Groupe de travail interinstitutions, coprésidé par l’UNICEF, travaille en ce moment pour améliorer l’intégration des différentes mesures prises par la communauté internationale en vue d’assurer la protection des civils dans les conflits armés.  Nous espérons que l’on nous rendra compte dans un proche avenir sur la manière dont cette intégration s’est améliorée.  Nous avons besoin de beaucoup plus d’informations pour pouvoir passer du discours et des plaidoyers à des actions concrètes de soutien.  Notre délégation s’inquiète en outre de la facilité avec laquelle les armes légères continuent d’être disponibles sur les théâtres de conflit, surtout en Afrique.  Nous organisons aujourd’hui à Londres une réunion avec nos partenaires du G8 pour parler de la manière dont le commerce illicite des armes légères pourrait être mieux combattu, ceci dans le cadre du NEPAD.  Nous tenons à ce qu’un suivi effectif de la résolution du conflit de la République démocratique du Congo (RDC) soit mis en place.  Dans trop de pays, l’abus des ressources émanant de l’exploitation illicite de ressources naturelles est responsable des souffrances qu’endurent les populations civiles et les enfants.  Nous demandons qu’au cours des mois à venir, le Conseil examine soigneusement comment la violation des engagements pris dans le cadre de la résolution des conflits a un impact sur la vie des populations.  Il serait alors indispensable de prévoir des mesures spécifiques de sanctions contre toutes les parties qui sont mentionnées dans le rapport du Secrétaire général.  Le Royaume-Uni est inquiet de la situation qui prévaut au Myanmar, où selon les informations à notre disposition, s’effectuent des recrutements systématiques d’enfants soldats qui sont aussitôt engagés dans les combats.


M. RICHARD WILLIAMSON (États-Unis) a estimé que l’enrôlement des enfants dans les guerres est aujourd’hui un des pires aspects des violations des droits de l’enfant, déplorant que plus de 300 000 filles et garçons aient été enrôlés par les forces gouvernementales et les groupes rebelles dans de nombreux conflits ces dernières années.  Tantôt utilisés comme esclaves sexuels, tantôt comme combattants, esclaves ou encore espions, les enfants qui se trouvent pris dans de tels conflits vivent une expérience destructrice qui compromet leur développement, a-t-il dit.  Rappelant l’engagement des États-Unis dans le domaine de la protection des droits des enfants, le représentant a mis l’accent sur la nécessité de contraindre les groupes armés à renoncer à l’exploitation des enfants soldats car, a-t-il ajouté, en protégeant les droits des enfants, nous protégeons notre propre avenir.  M. Williamson a apporté son soutien aux principes visant à établir l’âge de la conscription à 18 ans pour les États et à contraindre les groupes non étatiques à ne pas enrôler d’enfants de moins de 18 ans.  Il a également apporté son soutien au Groupe de travail interorganisations visant à intégrer les principes de protection des enfants aux opérations de maintien et de consolidation de la paix.  Citant l’exemple de la République démocratique du Congo, M. Williamson a invité les parties en conflit à faciliter l’accès du personnel humanitaire aux enfants. 


Pour la première fois, s’est-il félicité, les gouvernements et les groupes armés qui enrôlent les enfants dans des conflits armés dans cinq pays ont été dénoncés par le Secrétaire général dans son rapport.  Il a estimé que la liste établie par le Secrétaire général est un moyen de faire pression sur les 23 entités citées pour qu’elles mettent un terme à de telles activités.  Abordant la situation dans chacun des cinq pays, le représentant a estimé que des progrès ont été réalisés en Afghanistan depuis un an en matière de protection des enfants avant de juger par ailleurs que la communauté internationale devait déployer tous les efforts nécessaires pour éviter que la situation au Burundi ne dégénère et n’affecte davantage les enfants.  Il a dénoncé le fait que les groupes rebelles en République démocratique du Congo continuent d’enrôler des enfants avant de se tourner vers le Libéria où, a-t-il dit, les milices du Président Taylor, continuent de recruter des enfants mineurs.  En Somalie, des enfants de 14 ou 15 ans ont été utilisés comme gardes du corps par des chefs de milice, a-t-il déploré, avant d’attirer l’attention du Conseil sur la menace qui pèse sur les 175 000 enfants déplacés en Somalie.  Il a dénoncé également le fait qu’au Myanmar, les enfants soient enrôlés de force dès l’âge de 11 ans par des groupes armés qui les enlèvent dans la rue ou brûlent des villages entiers pour les capturer, de même que les pratiques de l’Armée de résistance du Seigneur, en Ouganda, qui aurait enlevé 4 000 enfants depuis juin 2002.  Il a demandé au Secrétaire général de présenter l’an prochain un rapport listant l’ensemble des groupes qui ont enrôlé des enfants, sans tenir compte des pays à l’ordre du jour du Conseil de sécurité, et exigé des mesures de suivi efficaces pour contraindre les gouvernements et groupes concernés à mettre fin à l’exploitation des enfants.


M. MUNIR AKRAM (Pakistan) a déclaré que le Pakistan approuve le contenu du rapport du Secrétaire général sur les enfants dans les conflits armés.  L’année écoulée compte à elle seule 2 millions d’enfants victimes de conflits, ce qui est inacceptable.  Notre pays, contributeur régulier de troupes pour le maintien de la paix, est disposé à apporter toute sa contribution à la lutte contre les souffrances que subissent les enfants dans les zones de conflit.  Nous regrettons profondément que malgré les progrès accomplis dans la définition et l’adoption de règles internationales de protection de l’enfance dans les zones en crise, les textes adoptés aient été très peu appliqués sur le terrain.  Le Pakistan souhaite que le Conseil utilise beaucoup plus les dispositions du Chapitre VI de la Charte des Nations en matière de règlement pacifique des différends, en vue de prévenir ces situations et d’éviter les situations que nous déplorons tous.  Nous soutenons la proposition du Secrétaire général d’appliquer les règles adoptées par la communauté internationale de manière stricte : il faut juger et condamner tous les groupes et acteurs qui violent les engagements internationaux, et faire des rapports réguliers sur le respect de l’application des normes internationales par les parties aux différents conflits dont est saisi le Conseil de sécurité.


M. CHUNGONG AYAFOR (Cameroun) a rappelé que la plupart des conflits intra-étatiques en Afrique, qui induisent la circulation d’importantes quantités d’armes légères et l’implication d’un grand nombre d’acteurs non étatiques, exposent les enfants à des risques très élevés, notamment à la torture, aux viols, à l’esclavage sexuel, à la prostitution, au trafic et surtout au recrutement forcé par des chefs de guerre sans scrupules.  Récemment, 300 000 filles et garçons ont été impliqués dans une trentaine de conflits, a-t-il ensuite déploré, jugeant une telle situation d’autant plus alarmante et dramatique que la communauté internationale a mis en place un cadre normatif dense en matière de protection des enfants.  A cet égard, M. Ayafor a notamment mentionné le Statut de la Cour pénale internationale qui a fait de l’enrôlement forcé des enfants dans les conflits armés un crime de guerre et marque en cela un jalon important dans la répression de cette ignominie.  L’un des défis que nous avons aujourd’hui à relever est d’assurer la mise en oeuvre effective des différents instruments, a poursuivi le représentant du Cameroun.  Saluant les progrès réalisés, soulignés dans le rapport du Secrétaire général, dans le cadre de la protection des enfants en situation de conflits armés, M. Ayafor s’est félicité de l’élaboration de la liste des parties aux conflits armés qui recrutent ou utilisent des enfants soldats.  Cette liste indique que les auteurs de ces manquements graves en matière de protection des enfants ne sont plus protégés et ne connaîtront plus l’impunité, a-t-il ajouté, avant de préciser que le Cameroun, qui appartient à une région en bute à de nombreux conflits armés, a adopté plusieurs mesures en matière de protection des civils et des enfants dans les situations de conflits armés.  Il a annoncé que le Cameroun s’apprête à ratifier le Statut de Rome et souligné que le Gouvernement camerounais poursuit sa politique de protection des enfants grâce à la prévention des conflits, à travers une diplomatie préventive instaurée de concert avec les autres États de la région, notamment dans le cadre du Comité consultatif permanent des Nations Unies sur les questions de sécurité en Afrique centrale. 


M. INOCENCIO ARIAS (Espagne) a déclaré que compte tenu de la gravité des violations dont sont victimes les enfants dans les zones de conflit, il faudrait soutenir efficacement le Bureau du Représentant spécial du Secrétaire général, M. Olara Otunnu, dont l’action doit couvrir toutes les régions du monde.  Nous devons entrer dans la phase de la mise en œuvre des normes, principes, normes et mesures adoptés au niveau international.  Il est temps d’agir.  Trois résolutions ont été adoptées par le Conseil sur la question dont nous traitons aujourd’hui, et la majorité des Etats Membres ont signé et ratifié le Statut de Rome.  Mais, à la lumière des informations que nous avons entendues aujourd’hui de la part du Secrétariat et de l’UNICEF, cela ne suffit pas.  Nous sommes tous responsables de l’extrême dégradation de la situation et du sort des enfants et nous devons y porter remède, efficacement, ensemble.


M. MAMADY TRAORE (Guinée) a rappelé que l’adoption, en 1990, de la Déclaration et du Plan d’action pour la survie, la protection et le développement des enfants dans les années 90, de la Convention relative aux droits de l’enfant, et par la suite du document final de la 27ème session extraordinaire de l’Assemblée générale intitulé “Un monde digne des enfants”, témoigne de la volonté de la communauté internationale de mettre davantage la question des enfants au centre de ses préoccupations.  Saluant également les résolutions adoptées tant par l’Assemblée générale et le Conseil de sécurité, il s’est félicité de la prise en considération du cadre normatif, de l’impunité, et de l’inclusion de conseillers chargés des questions des enfants dans les opérations de maintien de la paix.  Saluant ensuite l’entrée en vigueur du Protocole facultatif à la Convention relative aux droits de l’enfant sur la participation des enfants dans les conflits armés et du Statut de Rome portant création de la Cour pénale internationale, M. Traoré a encouragé la poursuite des efforts d’harmonisation de leurs législations par plusieurs États avec les normes internationales pertinentes. 


Le représentant a ensuite attiré l’attention du Conseil sur d’autres aspects liés aux conflits armés et qui affectent les enfants et les civils, tels que la prolifération des armes légères et des mines terrestres antipersonnel, l’accès des organismes humanitaires aux zones de conflit, l’impact de l’exploitation commerciale illicite des ressources naturelles sur les enfants, ainsi que l’exploitation et la violence sexuelle sur les enfants dans les zones de conflit.  Il a recommandé l’examen de ces questions dans leur dimension globale tout en gardant à l’esprit la nécessité d’identifier des solutions appropriées à chaque situation.  Abordant la question de la liste des parties à des conflits qui recrutent ou utilisent des enfants, M. Traoré a invité le Conseil de sécurité à accorder également une importance aux situations dont il n’est pas directement saisi.  A cet égard, il a recommandé leur mise à jour régulière et a estimé ensuite que les missions du Représentant spécial sur le terrain constituent des sources d’information et d’inspiration sur les réalités du terrain.  Il a apporté son appui aux efforts de démobilisation, de réadaptation et de réinsertion complète des enfants et a invité la communauté des donateurs à allouer les ressources adéquates et attiré l’attention sur la situation particulière des enfants dans les conflits armés en Afrique, conflits qui concernent 60% des questions abordées par le Conseil de sécurité.


M.WANG YINGFAN (Chine) a déclaré que la Chine se félicite de la discussion engagée sur le rapport du Secrétaire général sur les enfants et les conflits armés qui, tant qu’ils existeront, continueront d’affecter les groupes les plus vulnérables, dont les enfants et les femmes.  Nous exhortons les parties aux différents conflits à respecter les instruments et les engagements pris au niveau international.  Il est essentiel d’assurer la démobilisation et la réinsertion des personnes impliquées dans les crises armées, et la communauté internationale doit, dans le même temps, assurer aux enfants victimes de ces conflits une éducation et des soins adéquats.  Dans certaines régions, dont le Moyen-Orient, les femmes et les enfants sont la majorité des victimes des conflits.  La communauté internationale et le Conseil doivent s’occuper du sort trop souvent négligé des enfants palestiniens.  Le Gouvernement de la Chine continuera d’appuyer les efforts de la communauté internationale en faveur de la protection des enfants vivant dans des situations de conflit armé.


Le recrutement des enfants dans les conflits armés ou leur utilisation en tant que combattants ainsi que les multiples exploitations dont ils font l’objet dans les zones de conflits revêtent un caractère insoutenable, a déclaré le représentant de la France, M. JEAN-MARC DE LA SABLIERE.  Enrôler des enfants dans les forces armées ou paramilitaires, les éloigner de leurs familles, les blesser, les mutiler gravement c’est d’abord porter atteinte à leurs droits d’enfants, mais c’est aussi porter atteinte à leur avenir d’adultes, a poursuivi M. de La Sablière.  Poursuivant sur les dispositions contenues dans la résolution 1379 (2001), il a estimé qu’un des éléments les plus novateurs de ce texte avait été d’instaurer un mécanisme de contrôle et de suivi.  Mentionnant ensuite le rapport du Secrétaire général, le représentant a salué les avancées encourageantes qu’il contient, notamment au plan normatif avec l’entrée en vigueur du Protocole facultatif à la Convention relative aux droits de l’enfant sur la participation des enfants aux conflits armés et du Statut de Rome, instituant la Cour pénale internationale, qui contient des dispositions spécifiques sur le recrutement ou l’utilisation d’enfants soldats, qualifiés de crime de guerre.  Au plan plus opérationnel, le rapport intègre la protection des enfants dans la définition des opérations de maintien ou de consolidation de la paix, a ajouté le représentant de la France.  Le constat accablant dressé par le Représentant spécial, M. Olara Otunnu, ne pouvait être laissé sans réponse, a-t-il estimé, préconisant qu’une résolution de suivi soit préparée au sein du Conseil afin de donner des orientations claires pour la suite.  Dans cette résolution, a précisé M. de La Sablière, nous devons marquer notre volonté d’action avec fermeté en faisant notamment en sorte que la démobilisation et la réintégration des enfants soldats s’inscrivent dans la durée et qu’un suivi effectif de ces enfants soit assuré pour éviter les phénomènes de “re-recrutement” constatés dans certaines zones de conflits.  Il faut ensuite mettre fin au scandale que constitue l’exploitation sexuelle des enfants dans les camps de réfugiés et, de façon générale, aller plus loin dans l’analyse, le suivi et le contrôle de situations plus préoccupantes, qu’elles soient ou non incluses dans la liste figurant en annexe du rapport du Secrétaire général, a souhaité M. de La Sablière. 


M. ADAMANTIOS TH. VASSILAKIS (Grèce) a déclaré, au nom de l’Union européenne et des pays associés, que l’Union européenne appelle toutes les parties aux conflits armés à respecter le droit international relatif aux droits et à la protection des enfants.  Seule une action coordonnée de la communauté internationale peut permettre une véritable protection de l’enfance.  Nous lançons aussi un appel aux Etats Membres pour qu’ils mettent fin aux crimes de guerre et aux autres violations graves perpétrées contre les enfants.  Le Protocole facultatif à la Convention relative aux droits de l’enfant sur la participation des enfants dans les conflits armés est entré en vigueur au mois de février dernier.  Il constitue un pas en avant, dont il faut se féliciter, dans les efforts que la communauté internationale a accomplis pour mettre fin au recrutement des enfants soldats.  L’Union européenne exhorte les Etats qui ne l’ont pas encore fait à ratifier le Protocole facultatif.  Le Statut de Rome est une autre étape remarquable atteinte dans la protection de l’enfance.  Il classifie leur enrôlement comme un crime de guerre.  Nous exhortons tous les Etats qui ne l’ont pas encore signé et ratifié à le faire et à le mettre pleinement en œuvre.  L’Union européenne renforcera ses actions internationales et participera à tous les forums pertinents, en vue de lutter contre le recrutement et l’utilisation d’enfants soldats dans les conflits armés.  Nous mettrons l’accent sur la prévention de la violation des droits des enfants et soutiendrons l’amélioration des capacités de surveillance et de réhabilitation de l’ONU.


L’Union européenne souhaite exprimer son soutien au travail que mène le Bureau du Représentant spécial du Secrétaire général pour les enfants et les conflits armés.  Ce Bureau a accompli un travail remarquable dans l’information et la mobilisation de l’opinion mondiale en faveur de la protection des enfants dans les zones de conflit.  Nous reconnaissons aussi l’importance de la tâche abattue par l’UNICEF, le Haut Commissariat pour les réfugiés et le Bureau du Haut Commissaire aux droits de l’homme.


M. MOHAMMED SALEH MOHAMMED SALEH (Bahreïn) a déploré que les enfants soient toujours les victimes principales des conflits armés et a salué les mesures prises par le Conseil de sécurité pour renforcer le cadre normatif de protection des droits des enfants dans le contexte du maintien de la paix et de la sécurité internationales.  Les enfants font partie de la société civile et doivent être protégés conformément aux dispositions de la quatrième Convention de Genève, a-t-il poursuivi, avant d’exhorter les Nations Unies à poursuivre leurs efforts visant à intégrer les questions de protection des enfants dans les situations post-conflits ainsi que dans le cadre des opérations de maintien de la paix.  En outre, il a invité le Conseil de sécurité à faire preuve d’objectivité et de crédibilité et à se pencher sur la situation des enfants palestiniens afin de ne pas sombrer de nouveau dans la politique des “deux poids, deux mesures”.  Le représentant a également recommandé l’adoption de mesures de suivi des dispositions existantes en matière de protection des enfants et a suggéré une coopération plus étroite entre le Conseil de sécurité et le Conseil économique et social, ce dernier pouvant se saisir de la protection des enfants dans le contexte des politiques de reconstruction après les conflits et dans les programmes de développement.  Il a invité le Conseil de sécurité à ne pas négliger et sous-estimer l’impact des politiques d’occupation sur la situation des enfants. 


M. JENO C. A. STAEHELIN (Suisse) a déclaré que son pays se rallie avec conviction aux recommandations exprimées par l’Autriche, au nom du Réseau de la sécurité humaine et est convaincu du rôle primordial du Conseil de sécurité pour les mettre en œuvre.  La Suisse réitère son soutien aux nombreux efforts en cours de la communauté internationale pour renforcer la protection de la population civile en période de conflits armés.  Les enfants constituent un groupe particulièrement vulnérable et l’impact des conflits sur leurs droits et leur bien-être s’articule à de multiples niveaux et de diverses manières.  Un trop grand nombre d’entre eux se retrouvent aussi déplacé internes ou réfugiés, orphelins ou non accompagnés.  Face à ces situations, la Suisse rappelle tout particulièrement l’importance du respect des Conventions de Genève de 1949 et de leurs deux Protocoles additionnels de 1977 qui contiennent des dispositions spécifiques de protection et d’assistance pour les enfants.


Comme le souligne le rapport du Secrétaire général, l’année 2002 a vu l’entrée en vigueur de deux instruments internationaux majeurs : le Protocole facultatif concernant l’implication d’enfants dans les conflits armés et le Statut de la Cour pénale internationale.  La Suisse, qui a ratifié le Protocole facultatif en juin dernier, s’engage à poursuivre ses efforts en vue d’en assurer la ratification universelle dans les plus brefs délais, a indiqué M. Staehelin.  Convaincu que l’entrée en vigueur du Statut de Rome constitue une étape majeure vers la fin de l’impunité, la Suisse salue les démarches du Représentant spécial du Secrétaire général pour s’assurer que la Cour pénale internationale et le Tribunal spécial pour la Sierra Leone intègrent les considérations particulières de justice juvénile dans leurs règlements et procédures.


Estimant que le défi majeur actuel réside dans la mise en œuvre de ces instruments internationaux, qui par les standards qu’ils fixent, proposent de nouvelles perspectives d’action, la délégation suisse aurait souhaité que le rapport fasse des propositions pour les actions concrètes tant par le Conseil de sécurité lui-même que par l’ensemble du système onusien et des Etats Membres de manière individuelle.  La Suisse souligne la contribution novatrice et bienvenue de la résolution 1379 (2001), en particulier l’établissement de la liste des parties à des conflits armés qui recrutent ou utilisent des enfants en violation des dispositions internationales qui les protègent.  L’importance politique de cette liste est indéniable et celle-ci doit absolument être maintenue.  Cependant, elle ne prendra sa réelle valeur que lorsque le Conseil de sécurité aura défini les actions qu’il entend suivre par rapport à celle-ci.  A cet égard, la Suisse invite notamment le Conseil de sécurité à mettre à jour cette liste sur une base régulière; à inclure dans la liste tous les pays et situations de conflits, concernés par la problématique du recrutement et de l’utilisation d’enfants, et qui sont à l’ordre du jour des travaux du Conseil de sécurité; ainsi que tous les autres pays et situations de conflits que le Conseil de sécurité jugera opportun; et à établir un dialogue constant avec les gouvernements mentionnés dans la liste et promouvoir les instruments pertinents auprès des acteurs armés non-étatiques concernés.


M. GILBERT LAURIN (Canada) s’est déclaré convaincu que les efforts du Canada et d’autres intervenants ont contribué à faire avancer les choses en ce qui concerne la surveillance et la reddition de comptes, souhaitant toutefois maintenant voir des applications concrètes de ces efforts, compte tenu de l’existence de preuves éloquentes comme celles présentées dans le rapport du Secrétaire général.  Dans cette optique, le Canada demande au Conseil de sécurité d’entreprendre des missions sur le terrain relativement aux conflits mentionnés dans le rapport du Secrétaire général et d’accorder une attention particulière aux parties qui sont identifiées dans l’annexe du rapport.  De telles missions doivent être menées en consultation avec des ONG locales, des organisations de femmes, des groupes de jeunes et des enfants.  Le conseil de sécurité devrait par ailleurs demander la production de rapports provisoires six mois après le début des missions, évaluer l’évolution de chaque situation et s’engager à effectuer un suivi auprès des parties identifiées dans le cadre des discussions tenues cette année.  En fin de compte, si aucun progrès n’est réalisé, le Conseil de sécurité devra déterminer d’autres mesures à prendre pour que ses décisions soient respectées, incluant des sanctions ciblées.


Par égard pour les enfants qui sont les victimes de ces crimes, le Canada estime que le Conseil de sécurité doit reprendre les discussions tous les ans.  On devrait aussi évaluer les recommandations formulées dans les résolutions pertinentes, à savoir les résolutions 1379, 1261 et 1314.  Par ailleurs, on pourrait accroître la responsabilité du Conseil à l’égard de mesures précises visant à apporter une aide et une protection accrue aux filles et aux garçons touchés par les conflits armés, ainsi qu’à leurs collectivités.  Nous nous devons de souligner le lien qui existe entre la question des enfants et des conflits armés et le programme plus global de protection des populations civiles qui a récemment fait l’objet d’un débat au sein du conseil.  Le Conseil de sécurité et l’ensemble du système des Nations Unies doivent inclure ces questions à leurs activités.  Dans le cadre des discussions sur les armes légères, le désarmement, le processus de démobilisation et de réintégration, ainsi que l’accès, on devrait examiner directement les répercussions sur les enfants et s’intéresser particulièrement à la situation des fillettes.


Le représentant a félicité la communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest pour la mise sur pied d’une unité de la protection des enfants au sein de son Secrétariat.  Il s’agit là d’une initiative très importante qui servira de modèle à d’autres organisations régionales aux fins de l’intégration de mesures de protection des enfants à leurs programmes.  En outre, le Canada estime que les six principes de base du Groupe de travail sur la protection contre l’exploitation et la violence sexuelles dans les crises humanitaires du Comité permanent interinstitutions devraient être intégrés au mandat de toutes les opérations de maintien de la paix, y compris l’interdiction de toute activité sexuelle avec des enfants.  Outre l’éducation sur le VIH/sida, on devrait offrir des tests de dépistage du VIH et des services de consultation à tous les Casques bleus des Nations Unies.  Le Canada se réjouit que l’on intègre au Statut de Rome de la Cour pénale internationale les crimes très graves commis contre des enfants, notamment le recours à de nombreux enfants soldats dans le cadre des hostilités.  Il s’agit d’une avancée extrêmement importante du droit international vers la protection des enfants contre les effets dévastateurs des conflits armés.


M. ENRIQUE A. MANATO (Philippines) a déclaré que sur les 300 000 enfants soldats dénombrés à travers le monde, un quart se trouve dans la région Asie-Pacifique.  La plupart de ces enfants ont été recrutés sous l’influence de pressions culturelles.  Certains ont simplement été enlevés.  La pauvreté a aussi souvent été un facteur décisif de recrutement, et des enfants non recrutés ont souvent aussi été purement et simplement déplacés.  Les Philippines se félicitent de l’entrée en vigueur du Protocole facultatif à la Convention relative aux droits de l’enfant sur la participation des enfants aux conflits armés, que le Gouvernement a ratifié au mois d’avril dernier.  Nous avons aussi ratifié la Convention 182 de l’Organisation internationale du travail contre les pires formes de travail pour les enfants.  Pour nous, ces deux instruments internationaux posent les normes strictes dont nous avons besoin pour prévenir le recrutement abusif d’enfants.  La Constitution des Philippines et nos lois nationales sont favorables à la protection de l’enfance.  La loi interdit l’utilisation des enfants dans les guerres et les conflits et elle stipule que priorité doit leur être accordée durant toute action d’évacuation au cours des conflits.  Tout enfant fait prisonnier au cours de combats, fut-il combattant, messager ou espion, doit être libéré et confié, dans les 24 heures de sa capture, au Gouvernement des Philippines.  Nous pensons que le Conseil de sécurité doit continuer à examiner la question dont nous débattons aujourd’hui.  Il doit réaffirmer son engagement à protéger l’enfance, et il doit intégrer des mesures de protection de l’enfance dans les résolutions qu’il adopte.


M. JACQUES BOISSON (Monaco) a souligné qu’en tant que crime contre l’enfance, crime de génocide, crime de guerre, crime contre l’humanité, le recours aux enfants dans les conflits armés impose à la communauté internationale et à notre Conseil de sécurité qui en est la voix autorisée à s’engager dans une nouvelle étape, dont le rapport du Secrétaire général et le message que son Représentant spécial vient de nous délivrer, soulignent à la fois l’urgence et le caractère impératif.  La Principauté de Monaco, a placé la protection de l’enfance, autant physique que morale, et ce, d’une manière permanente, au premier rang de ses préoccupations et de ses engagements nationaux comme internationaux.  Dans ce cadre, un colloque de droit international qui sera suivi d’une rencontre publique avec la société civile est en cours de préparation à Monaco à l’initiative de l’AMADE, L’Association mondiale des amis de l’enfance.  La Convention des Nations Unies relative aux droits de l’enfant tout comme son protocole additionnel sur les enfants dans les conflits armés que Monaco a signé et ratifié ainsi que l’expérience très précieuse acquise par les tribunaux pénaux internationaux, seront, en effet, à la source de cette réflexion tout comme le rôle attendu avec un immense espoir de la Cour pénale internationale.


Les autorités monégasques qui contribuent depuis sa création au Fonds spécial pour les enfants impliqués dans les conflits armés estiment, à sa juste mesure, l’action du Représentant spécial du Secrétaire général en ce domaine et sont très favorables aux dispositions qu’il préconise car elles représentent incontestablement une étape décisive pour la protection des enfants pendant les conflits armés, tant internes qu’internationaux et quelles que soient les parties impliquées, a indiqué M. Boisson.


La résolution qui devrait être adoptée au terme de cet échange de vues devrait accorder à ces propositions toute la légitimité et l’autorité indispensables, afin de donner des suites concrètes aux précédentes résolutions du Conseil de sécurité, 1261, 1314 et 1379.  La qualification de crime de guerre par le Statut de la Cour pénale internationale de l’enrôlement forcé d’enfants de moins de 15 ans dans des hostilités, y compris dans le cadre des conflits internes, de même que les attaques contre des hôpitaux ou des écoles ou encore des actes graves et répétés de violence à caractère sexuel est déterminante dans la mesure où la Convention des Nations Unies du 26 novembre 1968 stipule expressément dans son article premier que les crimes de guerre comme les crimes contre l’humanité sont imprescriptibles au même titre que le génocide.


Aujourd’hui, comme l’évoque le Secrétaire général, dans son rapport, le véritable défi réside dans la mise en œuvre et dans l’application effective des instruments et des normes internationales existantes.  Or, il est incontestable et encourageant de relever, sans doute pour la première fois dans un rapport de telle nature, des références à des gouvernements, à des organisations paramilitaires ou à des groupes armés coupables d’enlever des enfants et de les entraîner, contre leur gré, à devenir des criminels de guerre, des meurtriers et des tortionnaires.  Il faudrait renforcer les programme de réinsertion des enfants soldats et en développer de nouveaux en veillant à ce que ces programmes deviennent des éléments intégrés de tous projets de reconstruction et de développement après-conflits.  La nomination de conseillers, à ce titre, dans certains des programmes en cours semble porter ses fruits et être donc une voie intéressante à poursuivre et à encourager.


M. AUGUSTIN MUVUNYI (Rwanda) a rappelé qu’au lendemain du génocide, le Rwanda a une expérience en matière de protection mais aussi de vulnérabilité des enfants qui ont été enrôlés dans les tueries dont certains avant d’être emprisonnés dans des centres de détention spéciaux.  Il a annoncé que, conformément à une décision prise la semaine dernière par le Président Paul Kagame, le Rwanda s’apprête à libérer les détenus mineurs au moment du génocide dès ce vendredi.  Le représentant a ensuite invité la communauté internationale à mettre fin à l’enrôlement et à l’endoctrinement des enfants et a cité l’exemple de groupes armés tels que les Interahamwe, les ex-FAR, le Palipehutu, les FDD, le CNDD, les Mai-Mai, mentionnés dans le rapport du Secrétaire général.  Il a demandé au Conseil de sécurité de condamner fermement ces groupes armés avant de proposer que des dispositions particulières soient prises à l’encontre de ceux qui sont coupables de viols à l’encontre des enfants.  Le représentant a donné l’exemple du Rwanda où des dizaines de milliers d’enfants mineurs ont été violés pendant le génocide avant de rappeler que la loi organique rwandaise adoptée en 1996 prévoit la peine de mort pour ces crimes.  En outre, M. Muvunyi a encouragé l’UNICEF à poursuivre ses efforts dans le domaine de la démobilisation, du désarmement et de la réinsertion des anciens combattants avant d’inviter le Conseil de sécurité à proclamer un cessez-le-feu universel pour retirer les enfants de toutes les situations de conflits armés afin qu’ils soient remis à l’UNICEF.  Il faut que l’UNICEF, le PNUD et d’autres institutions telles que le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) poursuivent leurs efforts en faveur de l’éducation et du développement des enfants, a-t-il dit.


M. VALERY P. KUCHINSKY (Ukraine) a déclaré que les résolutions du Conseil de sécurité sur les enfants et les conflits armés témoignent de l’engagement du Conseil pour régler cette question.  L’entrée en vigueur du Statut de Rome et celle du Protocole facultatif à la Convention relative aux droits de l’enfant sur la participation des enfants aux conflits armés constitue un signe encourageant en faveur de la protection des enfants.  Il ne suffit cependant plus de condamner les crimes commis contre les enfants.  Il est temps de prendre des mesures concrètes pour leur venir en aide.  Les missions de maintien de la paix ont un rôle spécial à jouer en faveur de la protection des enfants, et nous nous félicitons que les premiers conseillers ayant pour mandat la préservation du bien-être des enfants aient été nommés en Sierra Leone et en République démocratique du Congo.  Plus de 2 millions d’enfants continuent de vivre en situation de déplacés, loin de chez eux, du fait des conflits.  Le Conseil de sécurité ne devrait ménager aucun effort visant la protection de l’environnement social dans lequel les enfants sont appelés à vivre.  Il faut favoriser la démobilisation et la réinsertion des enfants soldats dans la société.


M. AMR ABOUL ATTA (Égypte) a apporté son soutien aux efforts déployés par le Conseil de sécurité pour assurer la protection des enfants dans les situations de conflits armés.  Il a salué notamment les mesures prises pour intégrer les préoccupations des enfants dans les missions de maintien de la paix, en particulier au Sierra Leone, en République démocratique du Congo et en Angola.  Il a encouragé la poursuite des visites sur le terrain par le Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies pour les enfants et les conflits armés et a suggéré qu’il entreprenne au plus vite une mission d’évaluation des conséquences de l’occupation israélienne sur les enfants palestiniens.  Leurs souffrances, qui ont dépassé toutes les limites de la décence, ne se limitent pas simplement aux pénuries alimentaires, a dit M. Atta, avant de dénoncer la répression dont sont victimes les familles qui tentent de s’élever contre l’occupation.  Aussi, a-t-il invité M. Otunnu à se rendre au Moyen-Orient et à présenter un rapport au Conseil de sécurité contenant des données précises sur les problèmes auxquels sont confrontés les enfants en situation d’occupation israélienne.  Au-delà de cette région, a-t-il estimé, la situation des enfants dans les conflits armés doit faire l’objet d’efforts redoublés de la part du Conseil de sécurité et de la communauté internationale qui doivent évaluer avec précision l’impact physique et psychologique à long terme des pratiques illégales israéliennes.


M. GERHARD PFANZELTER (Autriche) a déclaré, en tant que Président du Réseau mondial de sécurité humaine, créé en 1999, que la question des enfants dans les conflits armés figure à l’ordre du jour de ce Réseau depuis sa création.  L’Autriche a fait de cette question une priorité, et le Réseau adoptera, lors de sa prochaine réunion prévue à Grasse (France), une stratégie commune de lutte contre la victimisation des enfants dans les zones de crise.  L’expertise de ce Réseau pourra être mise à la disposition des programmes de résolution des conflits.  Nous avons élaboré une série de recommandations que nous avons transmises aux membres du Conseil de sécurité.  Le cadre normatif sur la protection de l’enfance a été remarquablement renforcé au cours de l’année qui vient de s’écouler et nous pensons qu’il est désormais temps de  s’efforcer de le mettre en œuvre.  Nous sommes en train de travailler sur un recueil contenant toutes les normes et principes concernant les droits de l’enfant et leur protection.  Ce recueil, qui sera bientôt publié, est mis à la disposition des institutions et du grand public.  La liste publiée par le Secrétaire général respecte les critères que nous avons adoptés, mais nous estimons qu’elle est incomplète et qu’elle devrait couvrir toutes les régions du monde et tous les pays où des violations graves de la sécurité et du bien-être des enfants continuent de se produire.  Le Réseau a des préoccupations et des recommandations qu’il aimerait partager avec le Conseil.  Il y a en a dix.  Entre autres, nous pensons que nous devons créer un mécanisme d’évaluation efficace des parties utilisant des enfants dans les combats.  Le Secrétaire général doit constamment mettre la liste à jour.  Nous devons entamer par ailleurs un dialogue avec les gouvernements et les parties figurant sur la liste et nous devons constamment leur rappeler leurs obligations en matière de droit international.  Seuls 9 des 75 pays ayant fait l’objet d’une résolution de l’ONU au cours des années écoulées ont reçu des demandes relatives à la situation et au traitement des enfants.  Cela n’est pas normal.  Les questions liées à l’enfance doivent être incluses de manière plus systématique dans les résolutions du Conseil de sécurité.  Nous devons en outre améliorer l’échange d’informations entre les membres du Conseil et les Etats qui n’en font pas partie.


M. MURARI RAJ SHARMA (Népal) a rappelé que les enfants constituent le groupe le plus vulnérable de la société et que cette réalité s’accentue dans les situations de conflits.  Il a dénoncé ensuite l’utilisation des enfants soldats qui engendre des traumatismes profonds et condamne ces enfants à devenir des assassins, avant d’inviter le Conseil de sécurité et la communauté internationale à mettre en valeur les instruments juridiques qui permettraient de protéger les enfants, au premier rang desquels le Statut de la Cour pénale internationale.  Il a regretté toutefois que la communauté internationale ne réagisse pas assez vite pour punir les auteurs de crimes contre les enfants et a exigé des mesures spéciales pour protéger les enfants, précisément les fillettes et les jeunes filles.  Le représentant a recommandé des mesures pour contrôler les flux d’armes légères, éliminer les mines terrestres antipersonnel, lutter contre le financement des conflits armés par le biais de la drogue ou de l’exploitation des ressources naturelles.  Prônant des mesures appropriées et adaptées à chaque situation, il a estimé que les enfants soldats, malgré les crimes qu’ils ont pu commettre, doivent être démobilisés et réinsérés dans la société.  Il a enfin condamné le recrutement forcé d’enfants par les groupes rebelles maoïstes au Népal, enfants qui sont utilisés comme boucliers humains pour renverser la monarchie constitutionnelle, et a dénoncé les exactions dont sont victimes les familles qui refusent de voir leurs enfants enlevés par ces groupes armés.  Dans certaines zones rurales, a déploré le représentant, les populations ont fui presque totalement sous la pression des maoïstes, alors même que le Premier Ministre leur a tendu la main pour mettre un terme à ce conflit.  Le représentant a invité les Nations Unies à aider le Gouvernement du Népal à lutter contre les groupes armés maoïstes qui menacent l’avenir des enfants et doivent, selon lui, être jugés.


M. ARYE MEKEL (Israël) a déclaré qu’Israël rejette la pratique d’utilisation d’enfants dans les conflits armés.  Israël est aussi d’avis que l’impact des conflits sur les enfants doit être pris en compte quand on parle de questions qui y sont liées, comme le terrorisme et les opérations de maintien de la paix.  Notre délégation se félicite que le rapport du Secrétaire général mentionne les parties au conflit qui ne respectent pas leurs obligations en matière de recrutement d’enfants.  Cette pratique doit être interdite et mise hors la loi.  Des enfants continuent d’être recrutés pour commettre des actes terroristes ou faire partie de milices.  Dans notre région, certains se servent d’enfants comme boucliers humains, comme porteurs d’explosifs, tireurs embusqués ou encore auteurs d’attentats-suicide.  Nous regrettons que le Secrétaire général ait omis de mentionner ces faits.  Des enfants sont éduqués pour imiter des terroristes et les prendre comme modèles.  L’endoctrinement qu’ils subissent de la part de médias ou d’autorités religieuses est à condamner.  La haine dont ils font preuve leur est inculquée.  Elle n’est pas innée.  Israël appuie les efforts internationaux de protection des enfants.  Nous avons signé la Convention relative aux droits de l’enfant et avons promulgué une loi nationale fondamentale réaffirmant ces droits qui doivent désormais être garantis dans un cadre constitutionnel.  L’Assemblée générale a adopté récemment une résolution sur la situation des enfants palestiniens.  Elle est la troisième que l’Assemblée adopte sur l’enfance, mais c’est la seule qui s’adresse spécifiquement  à un groupe spécial d’enfants.  Bien que les enfants palestiniens méritent que l’on s’intéresse à leur sort, est-ce à dire que les 106 enfants israéliens tués et les milliers blessés par des actes terroristes ne méritent pas autant?  Nous regrettons cette politisation du rôle de l’ONU et de l’Assemblée générale.


M. ABDULMEJID HUSSEIN (Éthiopie) a estimé que les progrès réalisés dans le domaine de la protection des enfants dans les conflits armés sont importants sur les cinq dernières années, notamment grâce à la prise en compte de ces questions de protection dans le cadre des opérations de maintien de la paix.  Il a salué le travail accompli tant par le Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies pour les enfants et les conflits armés et par le Fonds des Nations Unies pour l’enfance.  Il a insisté ensuite sur la nécessité d’engager des poursuites contre les auteurs de violations massives des droits des enfants et a invité la communauté internationale à se pencher également sur les sources des conflits.  A cet égard, il a jugé que si la communauté internationale et le Conseil de sécurité consacraient autant de temps à évaluer les mesures à prendre pour lutter contre les causes profondes des conflits, notamment en allouant des ressources pour le financement du développement, qu’ils n’en consacrent à débattre de ces problèmes, les maux portés à l’examen du Conseil trouveraient rapidement une solution.


M. BRUNO STAGNO (Costa Rica) a regretté que les différentes séances et textes du Conseil de sécurité n’aient pas réellement amélioré le sort des enfants dans les conflits armés.  Tout en soutenant l’entrée en vigueur du Protocole facultatif, le Costa Rica regrette qu’il n’interdise pas aussi l’enrôlement volontaire de mineurs dans les conflits.  Nous demandons que des sanctions soient prévues contre les groupes et gouvernements qui violent les dispositions des instruments juridiques internationaux, et nous exprimons notre déception sur la réduction, par le Secrétariat, des critères sur lesquels les entités devraient être considérées hors-la-loi.  Nous sommes en faveur des textes préparés par la Coalition des ONG.  Il est impératif que l’on veille par exemple à ce qu’en Afghanistan, aucun enfant ne soit recruté dans la nouvelle armée nationale, comme le proposent les ONG.  Nous pensons que le Conseil devrait s’inspirer des propositions de la Coalition.  Selon ces propositions, le Conseil devrait créer un organe subsidiaire chargé de surveiller le respect de la mise en oeuvre des instruments établis en faveur de la protection des enfants, et il devrait formellement demander au Secrétaire général une remise à jour régulière de la liste des auteurs de violations qu’il a publiée.  Notre pays demande en outre que les transferts d’armes et de munitions aux groupes et gouvernements reconnus en violation des normes et principes de protection de l’enfance dans les conflits soient bannis.


M. MOCHAMAD S. HIDAYAT (Indonésie) a jugé préoccupante la situation des enfants dans les zones de conflits armés et a plaidé pour des mesures efficaces de nature à mettre un terme à l’enrôlement des enfants dans les groupes armés.  Nous sommes perturbés en constatant les souffrances générales infligées aux enfants, a-t-il poursuivi, insistant sur l’importance de l’acheminement de l’aide humanitaire et sur la situation qui prévaut dans le Moyen-Orient où l’occupation israélienne transforme les enfants en boucliers et en fait les victimes les plus vulnérables.  La communauté internationale dispose de plusieurs instruments pour lutter contre l’impunité dont bénéficient ceux qui enrôlent de force des enfants dans les groupes armés alors qu’ils sont mineurs, a dit M. Hidayat, mentionnant notamment la Convention des Nations Unies sur les droits de l’enfant et ses Protocoles facultatifs.  Il convient de les mettre en œuvre et de libérer les enfants du fléau des conflits armés, a-t-il dit, saluant ensuite les mesures prises en matière de démobilisation et de réinsertion des enfants soldats par l’UNICEF en Sierra Leone.  Ces enfants ont le plus souvent perdu leurs chances en étant entraînés dans les conflits et la communauté internationale doit aller au-delà des victoires morales d’importance mineure et passer au stade de l’action.


M. SYLVESTER ROWE (Sierra Leone)a indiqué que son pays ne compte plus d'enfants soldats.  Le Libéria, qui sort d'un conflit armé dont les enfants en ont été les acteurs comme les victimes, connaît bien les conséquences immédiates et à long terme résultant des prises d'otages, de l’abus de drogues, de la formation des enfants à la guerre et de leur déploiement dans les conflits armés.  L'expérience nous a dicté l'urgence de mettre en œuvre des programmes de désarmement, de démobilisation et de réintégration des anciens combattants (DDR).  Nous avions insisté par ailleurs pour que l'Accord de paix passé avec le RUF contienne des dispositions permettant de répondre aux besoins spéciaux des enfants.  L'expérience nous a également dicté d'établir une institution en faveur des enfants dans les situations post-conflit.  Le Programme d'action en 15 points pour les enfants de Sierra Leone élaboré par le Représentant spécial du Secrétaire général pour les enfants et les conflits armés, M. Olara Otunnu, a tracé la voie à l'établissement en janvier d'une Commission nationale pour les enfants affectés par la guerre.


Le représentant a fait part de sa préoccupation quant aux milliers d'anciens enfants soldats qui risquent d'être recrutés par les seigneurs de la guerre dans la région frontalière avec le Libéria.  Les Etats Membres doivent d'urgence fournir des ressources adéquates aux organisations qui mettent en œuvre les programmes de DDR.  L'adoption de normes internationales interdisant le recrutement des enfants constitue une étape importante pour libérer le monde de cette pratique odieuse.  La Sierra Leone a ratifié les deux Protocoles à la Convention relative aux droits de l'enfant ainsi que le Statut de Rome.  Le défi aujourd'hui est de garantir la mise en œuvre des normes internationales. 


La publication dans le rapport du Secrétaire général de la liste des entités qui violent ces normes est un pas important dans la bonne direction mais nous devons également reconnaître que les rebelles et autres acteurs non étatiques ne sont pas parties à ces instruments internationaux.  Ces forces dans la sous-région de l'Afrique de l'Ouest sont responsables de la plupart des violations des normes internationales.  Nous relevons que seuls quatre gouvernements apparaissent sur cette "liste de la honte", ce qui ne signifie pas que nous devons minimiser les violations commises par ces gouvernements.  Cette liste indique que nous devons trouver les moyens de répondre plus efficacement au rôle que jouent les acteurs non étatiques dans le recrutement des enfants soldats.  Nous appelons tous les Etats, en particulier les Etats producteurs et leurs agents, de garantir par le biais d'une législation appropriée, que ces armes ne tombent pas entre les mains des rebelles et acteurs non étatiques.  Les embargos sur les armes du Conseil et les restrictions à la liberté de mouvement sont importants mais pas suffisants.  Nous aimerions que la question de l'impunité relative au recrutement des enfants figure dans le projet de résolution que nous adopterons à la suite de ce débat.


M. ROMAN KIRN (Slovénie) a associé sa délégation aux déclarations de la Grèce et de l’Autriche, et a dit que la Slovénie appuyait toutes les initiatives prises par le Conseil en faveur de la protection des enfants.  Nous sommes en faveur du Statut de Rome et sommes en outre disposés à ratifier dans les meilleurs délais le Protocole facultatif.  Il est urgent que la communauté internationale mette fin à toutes les formes d’impunité qui existent après des violations patentes des droits de l’enfance.  Notre délégation soutient à cet égard le travail accompli par le Bureau du Représentant spécial du Secrétaire général pour les enfants et les conflits armés.  Nous appuyons les recommandations avancées par l’Autriche, au nom du Réseau mondial pour la sécurité humaine.  Il y a un certain nombre d’années, notre pays avait décidé de contribuer au bien-être des enfants de l’Europe de l’Est et du Sud-Est en créant un centre national de réhabilitation psychosociale, qui accueille des enfants issus des nombreux conflits qui ont affecté ces régions.  Nous accueillerons par ailleurs dans quelques mois, en collaboration avec l’ONU, une rencontre internationale sur la lutte contre la circulation illicite des armes de petit calibre.


M. KYAW TINT SWE (Myanmar) a déploré l’impact des guerre sur le développement et le bien-être des enfants qui sont, avec les femmes, les plus vulnérables, et se retrouvent séparés de leurs familles.  Il s’est félicité de la liste des groupes armés et des gouvernements accusés d’enrôler des enfants soldats contenue dans le rapport du Secrétaire général sur les enfants et les conflits armés mais a déploré que le rapport s’égare dans la prise en compte de situations qui ne sont pas à l’ordre du jour du Conseil de sécurité.  M. Tint Swe a précisément déploré le fait que Myanmar soit mentionné parmi les États l’enrôlement des enfants soldats est pratiqué, notamment par les forces gouvernementales.  Il a expliqué que l’armée n’est pas obligatoire dans son pays, qu’il n’y a pas de conscription forcée et que l’âge requis pour s’engager dans l’armée est fixé à 18 ans,  Il a déploré la politisation de cette question de protection des enfants dans les conflits armés et a dénoncé les groupes de dissidents qui, pour leur part, ont enrôlé des enfants soldats avant de rappeler que le Gouvernement est parvenu à conclure un accord de cessez-le-feu avec 17 groupes rebelles, un seul groupe, le KNU, restant engagé sur la voie de la guerre.  Le représentant de Myanmar a assuré que son Gouvernement est désormais engagé sur la voie de la consolidation de la paix et a procédé, depuis 1992, à la construction de près de 350 écoles dans les zones où la guerre avait fait des ravages et procédé à des programmes de vaccination. 


M. ALFONSO VALDIVIESO (Colombie) a déclaré que la protection des enfants et des civils a fait l’objet de nombreux textes du Conseil, qui a prié les Etats Membres et toutes les entités combattantes d’assurer aux civils et aux enfants un accès garanti aux soins et à l’aide humanitaire.  Les questions de l’enfance sont d’une telle ampleur que l’implication d’organismes comme la Banque mondiale est indispensable pour leur résolution.  Il est aussi nécessaire que les pays producteurs d’armes et de munitions soient conscients des responsabilités qui leur incombent.  En Colombie, certains groupes rebelles ont recruté et utilisé des enfants dans le conflit.  Mais le Gouvernement s’est toujours abstenu de tomber dans ce travers.  Je remercie les membres du Conseil et les diplomates et personnel de l’ONU, que je quitte, pour l’intérêt qu’ils auront porté à cette question qui concerne de près mon pays.


M. ISAAC C. LAMBA (Malawi) a expliqué que son Gouvernement avait accordé la priorité aux questions de protection des droits de l’enfant et aligné sa législation sur les principaux instruments internationaux adoptés dans le domaine de la protection des enfants.  Il a lancé un appel aux organisations pour qu’elles apportent un soutien logistique et financier en vue de créer un monde digne des enfants, soulignant notamment les conséquences dramatiques de la pandémie du VIH/sida sur les enfants et mettant en relief le lien entre cette pandémie et les programmes de consolidation de la paix après les conflits.  De même, la protection des enfants est une priorité dans le cadre des opérations de maintien de la paix, a-t-il dit, tout comme la protection des enfants face au fléau des mines terrestres. 


Soulignant la détresse des enfants dans les camps de réfugiés et de déplacés, il a invité la communauté internationale à accorder une importance particulière au manque de structures d’éducation et de santé, au trafic d’être humains, au recrutement forcé par les groupes armés directement dans ces camps, ainsi qu’à la protection des fillettes et des jeunes filles face à l’exploitation sexuelle dont elles sont victimes, non seulement de la part des groupes armés, mais aussi des personnels humanitaires ou de maintien de la paix.  Il a invité le Conseil de sécurité à définir un régime de sanctions à prendre à l’encontre de ceux qui sont accusés d’enrôler des enfants et a invité le Représentant spécial pour les enfants et les conflits armés, M. Olara Otunnu, à se rendre en Afrique australe pour évaluer le poids de la pandémie du VIH/sida sur le rétro-développement des enfants. 


M . CHRISTIAN WENAWESER .............(Liechtenstein) a déclaré que son pays attache la plus grande importance à la question des enfants dans les conflits armés.  Concernant l’aspect normatif, nous nous félicitons que plusieurs instruments internationaux soient entrés en vigueur en 2002, ce qui contribuera à une meilleure protection des enfants.  Nous condamnons le viol des enfants et nous nous félicitons que certains actes aient été classés comme crimes de guerre par le Statut de Rome.   Nous constatons avec M. Olara Otunnu que la mise en œuvre des normes adoptées au niveau mondial revient au Conseil de sécurité qui a la latitude d’adopter des mesures contraignantes.  Nous pensons que l’examen de cette question doit aller au-delà des conflits qui sont actuellement à l’ordre du jour du Conseil.  Nous sommes en faveur de formations spéciales pour les personnels de maintien de la paix et nous pensons que les enfants eux-mêmes devraient avoir leur mot à dire dans la recherche des solutions aux problèmes qui les touchent.  La situation des fillettes et des jeunes filles doit faire l’objet d’un examen particulier, étant donné qu’elles sont victimes de crimes particulièrement odieux.  Nul n’a le droit de priver des enfants de leur innocence et de leur avenir.

M. ATOKI ILEKA (République démocratique du Congo) a indiqué que malgré les difficultés financières et la situation de guerre qui sévit dans son pays, son Gouvernement a réagi positivement à toutes les recommandations sur la protection des enfants énoncées dans les résolutions pertinentes du Conseil.  Soulignant que son pays est partie à quelque sept traités internationaux abordant les droits de l’enfant, le représentant a aussi mis l’accent sur le fait que son Gouvernement a créé le Bureau national de démobilisation et de réinsertion chargé de l’exécution et du suivi du décret-loi de 2000 portant démobilisation et réinsertion des groupes vulnérables présents au sein des forces combattantes.  Le Bureau, a-t-il indiqué, travaille en partenariat avec l’UNICEF.


Rappelant que dès 1997, son Gouvernement avait pris à cœur l’urgence de mettre un terme à la présence des “Kadogo”, les enfants soldats au sein des Forces armées congolaises (FAC), le représentant a souligné qu’en son temps, la réponse des Nations Unies, de la communauté internationale et des pays donateurs n’avait pas été à la hauteur des espérances.  Aujourd’hui, a-t-il affirmé, le Gouvernement de la RDC a mis fin à l’enrôlement des enfants au sein des FAC contrairement aux groupes armés qui sévissent dans les provinces occupées et qui continuent de les utiliser sur le théâtre des opérations militaires.  Sous la haute supervision du Bureau de démobilisation et de réinsertion, un processus de démobilisation est actuellement en cours pour les enfants soldats rassemblés dans un camp militaire, a-t-il ajouté. 


      L’avenir des anciens enfants soldats, a reconnu le représentant, constitue une préoccupation majeure et pose un immense problème.  Evoquant, en effet, les actes de grand banditisme perpétrés par de jeunes gens munis d’armes de guerre, le représentant a estimé que ce phèénomène est une bombe à retardement et un véritable problème auquel les Nations Unies s’attellent très timidement et que le Gouvernement n’est pas en mesure d’aborder seul en raison de l’absence de fonds.  Dans ce cadre, il a qualifié d’encore lo intain, l’engagement de la Banque mondiale et des pays donateurs à appuyer un programme multinational de démobilisation et de réinsertion dans la région des Grands Lacs. 

      Félicitant la France pour ses efforts financiers en la matière, le représentant a émis des doutes sur l’efficacité des unités actuelles de protection de l’enfance au sein de la Mission des Nations Unies en RDC.  Il a donc plaidé pour un accroissement substantiel de leur nombre et a invité la com munauté internationale à assister la RDC dans la mise en oeuvre par les autorités de la Transition des recommandations pertinentes des délégués au Dialogue intercongolais.

Le représentant est revenu sur la question de l’impact de la guerre d’agression dont est victime son pays sur la situation des enfants pour se dire préoccupé face aux évènements à Uvira et dans la région de l’Ituri.  Il a affirmé que des considérations purement mercantiles sont à l’origine de ce regain de tension où par factions congolaises interposées, des généraux ougandais et des hommes d’affaires rwandais veulent s’assurer le contrôle des mines d’or.  Ces deux pays, a-t-il dit, après avoir passé des accords avec le mien se sont empressés de créer de nouvelles rébellions et de nouveaux seigneurs de guerre.


Insistant sur les violations des droits de l’homme qu’il a attribuées au Mouvement pour la libération du Congo (MLC), à son allié, le Rassemblement Ccongolais pour la démocratie-National (RCD-N) et à l’Union des patriotes congolais (UPC), le représentant s’est dit en attente des conclusions de l’enquête diligentée par les Nations Unies et a fait part de son souhait qu’elles soient rendues publiques afin que toute la lumière soit faite.  Dans le cas où cette barbarie serait avérée, a-t-il ajouté, mon Gouvernement voudrait demander au Conseil de sécurité de prendre à l’endroit des présumés auteurs, commanditaires et responsables, toutes les mesures que lui autorise la Charte des Nations Unies pour réprimer ces atrocités et crimes qui sont désormais de la compétence de la Cour pénale internationale.  Pour conclure, le représentant a lancé un appel à tous les partenaires internationaux, régionaux et sous-régionaux de son pays pour qu’ils l’aident à réaliser son programme sur la promotion et la protection des droits de l’enfant.


M. MARC NTETURUYE (Burundi), son pays étant accusé d’utiliser les enfants soldats tout comme les rebelles du FDD et ceux du FNL-PALIPEHUTU, a reconnu que la guerre qui ravage le Burundi depuis 1993 a effectivement affecté, de façon particulière, les populations vulnérables parmi lesquelles les enfants.  Il a donc espéré qu’après la signature de l’Accord de paix d’Arusha en août 2000 et la signature plus récente du cessez-le-feu entre le Gouvernement de transition et trois mouvements armés, le groupe armé qui reste en dehors de cette dynamique de paix va rejoindre le processus dans un avenir proche.  Le représentant a insisté sur le fait que l’ensemble des accords de paix signés jusqu’ici font mention de la nécessité de réhabiliter les droits de l’enfant.  Il a ainsi précisé que l’Accord de cessez-le-feu indique que parmi les questions techniques encore à négocier figure le problème des enfants soldats pour lequel le Gouvernement et les groupes rebelles devront convenir d’une solution commune.  En réalité, a-t-il dit, cette solution se trouve dans le programme de DDRRR qui est la partie la plus importante de l’Accord de cessez-le-feu et pour lequel la communauté internationale prévoit des financements substantiels dans le cadre éventuel d’une mission de maintien de la paix de l’ONU au Burundi.


S’agissant du Gouvernement, le représentant a reconnu l’existence des enfants soldats engagés, a-t-il dit, sur une base volontaire faute d’autres horizons à la fin d’études primaires non réussies.  Ayant signé la Convention en 1989 et son Protocole en 2001 dont la procédure de ratification est en cours, le Burundi, a annoncé le représentant, a d’ores et déjà élaboré un projet de démobilisation en collaboration avec l’UNICEF.  En revanche, il a demandé au Conseil de réprouver l’attitude des rebelles FDD qui, malgré l’Accord de cessez-le-feu, procèdent à un recrutement forcé et massif des jeunes écoliers et élèves en leur promettant des grades militaires et des sommes d’argent que la communauté internationale ne manquerait pas de donner s’ils devaient un jour être démobilisés.  Le défi que nous lance la situation des enfants dans le conflit burundais peut être relevé maintenant que les belligérants semblent vouloir mettre fin à la guerre.  Le Burundi, a conclu le représentant, demande à la communauté internationale, et en particulier au Conseil de sécurité, de l’aider afin qu’il achève le bout de chemin vers la paix qui lui reste à faire.


Mme FUMIKO SAIGA (Japon) a rappelé que la majorité des victimes des conflits de ces dernières années avait été constatés chez les civils, dont les plus vulnérables sont les enfants.  Ces derniers sont victimes des attaques des groupes armés, des mines terrestres ou encore de l’enrôlement de force dans ces conflits armés, a-t-elle dit, indiquant que la communauté internationale est responsable de la protection des droits des enfants.  Elle a préconisé de faire de la protection des enfants au niveau local un nouveau pilier de la politique internationale de maintien de la paix et de la sécurité, et annoncé que le Japon a d’ores et déjà entrepris de déployer de vastes efforts pour encourager la réinsertion des enfants.  Elle a pris l’exemple de la relance des programmes d’éducation financés par le Japon en Afghanistan, à Timor-Leste ou au Kosovo et a également mentionné les campagnes de sensibilisation aux risques posés par les mines terrestres.  Mme Saiga a ensuite exhorté le Représentant spécial pour les enfants et les conflits armés à poursuivre ses missions sur le terrain et a encouragé les Nations Unies à étoffer la liste des parties aux conflits suspectées d’enrôler des enfants afin de mettre fin à de telles pratiques.  Elle a estimé qu’il fallait procéder à une évaluation globale des activités menées par le système des Nations Unies en matière de protection des enfants, des femmes et des civils en situation de conflits armés afin d’améliorer la coordination. 


M. MARTIN ANJABA (Namibie) a appelé à davantage d’efforts pour assurer l’application des normes de protection de l’enfant sur le terrain et la création d’un organe permanent de contrôle et de mécanismes d’établissement de rapports pour identifier et prendre les mesures contre les violations.  En tant que membres responsables de la communauté internationale, nous devons saisir l’urgence de la situation pour combler le fossé entre la parole et l’acte, a insisté le représentant.  Nous devons, a-t-il poursuivi, mettre en œuvre nos décisions et ne pas oublier les enfants qui souffrent aujourd’hui sous l’occupation étrangère et la domination. 


Appuyant les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, le représentant s’est dit convaincu que l’entrée en vigueur du Statut de Rome et du Protocole facultatif aura un réel impact sur la réalisation des objectifs fixés.  Il a conclu en apportant des précisions sur les informations contenues dans le rapport selon lesquelles son pays serait parmi les bénéficiaires du Programme multirégional de la Banque mondiale et des autres donateurs.  Il a dit craindre que, dites de cette manière, ces informations ne portent à croire que la Namibie doit démobiliser des enfants soldats.  Le représentant a donc souligné que son pays ne saurait recruter des enfants soldats sans violer sa propre Constitution.


M. LUIS GALLEGOS CHIRIBOGA (Équateur) a déclaré que son pays encourage le Représentant spécial pour les enfants et les conflits armés à poursuivre son travail sur la lancée initiée par le dernier rapport du Secrétaire général.  Le respect des résolutions du Conseil de sécurité est un moyen efficace de mise en œuvre des engagements pris au niveau international en faveur des droits de l’enfant.  Face à la persistance des conflits, la communauté internationale doit désormais se donner les moyens de faire respecter ses engagements, en vue d’épargner aux enfants dans les situations de conflits plus de souffrances.  Le Secrétaire général a par ailleurs mis le doigt sur la question des mines terrestres antipersonnel et des petites armes qui continuent de provoquer beaucoup de souffrances et d’instabilité.  Il faut prendre des mesures courageuses pour mettre un terme à l’usage et au transfert de ces armes.  Nous nous devons d’identifier nommément les responsables du recrutement et de l’utilisation d’enfants dans les conflits armés, où qu’ils se trouvent.  C’est à ce prix, et à travers leur punition, que le monde connaîtra une certaine paix.


M. NASSER AL-KIDWA, Observateur permanent de la Palestine, a déploré le sort réservé aux enfants palestiniens au cours des 28 derniers mois, victimes des crimes de guerre de la puissance occupante israélienne.  Les forces israéliennes ont tué à dessein plus de 650 enfants palestiniens, en ont blessé et handicapé à vie des centaines d’autres, et ce, au nom d’une punition collective et de pratiques qui ont conduit à appauvrir davantage les enfants palestiniens, qui souffrent aujourd’hui de malnutrition, ne disposent plus d’écoles ou de soins de santé.  Les forces d’occupation ont non seulement commis des exactions et des crimes de guerre mais elles ont aussi occupé les terres palestiniennes, provoquant ainsi le déni le plus manifeste.  Il a dénoncé la situation humanitaire dans laquelle se retrouvent les enfants palestiniens à cause des colonialistes du XXème siècle et invité les Nations Unies à évaluer cette situation.  L’Observateur de la Palestine a regretté que le représentant d’Israël se soit insurgé contre une résolution de l’Assemblée générale condamnant la puissance occupante en décembre dernier, résolution qui n’a fait l’objet que de quatre votes négatifs, ce qui traduit bien, selon M. Al-Kidwa, le rejet unanime des pratiques israéliennes par les États Membres.  M. Al-Kidwa a ensuite souhaité que le Conseil de sécurité se penche sur la situation des enfants dans le contexte de l’occupation et a jugé que les paragraphes du rapport du Secrétaire général relatifs à la situation des enfants palestiniens ne reflètent pas exactement la réalité.  Il a invité M. Otunnu à envisager une visite dans les territoires palestiniens occupés et a exhorté le Conseil de sécurité à faire appliquer la quatrième Convention de Genève et la Convention relative aux droits des enfants. 


Droits de réponses


Le représentant d’Israël a déclaré que certains orateurs avaient choisi la question discutée aujourd’hui pour critiquer Israël.  Ces critiques ne visent pas à rétablir des faits ou à favoriser une solution à la question du Moyen-Orient, mais plutôt à isoler Israël.  Mais c’est le leadership palestinien qui a choisi la voie de la violence et du terrorisme au lieu de choisir celle de la négociation.  C’est ce qui a mené à la situation actuelle.  Israël ne vise pas délibérément les enfants dans ses opérations de contre-terrorisme.  Au contraire, les forces israéliennes acceptent de prendre des risques afin d’éviter de faire des victimes innocentes.  La communauté internationale doit condamner l’Autorité palestinienne, qui a érigé la pratique des attentats-suicide en actes héroïques.  Il est dommage que la question essentielle des enfants dans les conflits armés soit utilisée à des fins politiques.


Le représentant du Rwanda a rejeté les allégations du Représentant de la République démocratique du Congo selon lesquelles le Rwanda aurait envoyé 20 000 prisonniers en RDC pour déstabiliser ce pays et a jugé fausses ces accusations.


L’Observateur permanent de la Palestine, reprenant à son tour la parole, a dénoncé le fait qu’Israël ait installé 400 000 colons sur les terres palestiniennes, situation qui a conduit le peuple palestinien à réagir.  Il a ensuite rappelé les termes du rapport du Secrétaire général sur la situation humanitaire dans les territoires palestiniens occupés pour démentir les propos du Représentant d’Israël qui prétend que son Gouvernement a contribué à l’amélioration des conditions du peuple palestinien.  Enfin, il a condamné l’utilisation excessive de la force et jugé racistes les accusations israéliennes selon lesquelles les Palestiniens se servent de leurs enfants comme boucliers humains. 


Répondant aux différentes observations formulées par les délégations, M. Otunnu a dit qu’il en avait pris note, et qu’il garderait contact avec les différents intervenants et parties prenantes pour faire avancer l’examen de la question discutée aujourd’hui.


A son tour, le Directeur général adjoint de l’UNICEF, qui intervenait au nom de Mme Carol Bellamy, a dit que l’UNICEF remerciait tous les Etats Membres pour leurs encouragements à son égard.  La direction de l’UNICEF transmettra ces encouragements à son personnel qui opère sur le terrain, ainsi qu’aux ONG, dont la contribution et la solidarité permettent à l’UNICEF d’améliorer le sort des enfants.  Nous avons d’autre part été heureux d’entendre les délégations réaffirmer leur engagement envers la création d’un monde digne des enfants.  Nous sommes favorables aux suggestions qui ont été faites d’élargir la liste qui a été publiée par le Secrétaire général et soutenons les propositions du Réseau mondial pour la sécurité humaine.  Nous attendons impatiemment que le Conseil adopte une résolution qui nous permettra de mieux aider la cause des enfants dans les conflits, a conclu le Directeur général adjoint de l’UNICEF.


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