DSG/SM/168

LA VICE-SECRETAIRE GENERALE SOULIGNE L’IMPORTANCE DU PARTAGE DES TACHES DANS LA RECONSTRUCTION DES SOCIETES QUI SORTENT D’UN CONFLIT

09/09/2002
Communiqué de presse
DSG/SM/168


                                                            NGO/476

                                                            PI/1438


la Vice-Secrétaire générale souligne l’importance du partage des tâches dans la reconstruction des sociétés qui sortent d’un conflit


On trouvera ci-après le texte du discours de la Vice-Secrétaire générale, Louise Fréchette, à la cinquante-cinquième Conférence annuelle du Département de l’information et des organisations non gouvernementales:


C’est un grand plaisir pour moi de vous accueillir tous aujourd’hui au Siège de l’Organisation des Nations Unies.


Le thème choisi cette année pour la Conférence est un de ceux auxquels l’Organisation des Nations Unies attache la plus grande importance.  Trop souvent, des pays qui avaient été ravagés par un conflit ont dû batailler pour appeler l’attention sur leur sort à long terme et pour obtenir une aide alors que les hostilités prenaient fin, qu’un accord de paix était conclu et que les médias tournaient la page.  Mais cette situation est peut-être en train de changer.  On reconnaît en effet de plus en plus le caractère crucial de la période qui suit un conflit.  L’Organisation des Nations Unies, les gouvernements et les organisations non gouvernementales redoublent tous d’efforts pour aider les pays à se remettre du traumatisme qu’ils ont vécu et à comprendre les raisons profondes de leur chute dans la violence.  De l’Afghanistan au Timor oriental, l’Organisation des Nations Unies et la communauté des organisations non gouvernementales ont ainsi forgé une large gamme de partenariats indispensables.


Je ne m’attarderai pas aujourd’hui sur le thème spécifique de la Conférence puisque des hommes et des femmes qui travaillent sur le terrain, dans des zones de crise, viendront vous faire part des problèmes rencontrés.  J’aimerais en revanche vous parler de l’action entreprise par le Secrétaire général pour renforcer l’Organisation des Nations Unies.  Pourquoi?  Parce que les relations entre l’Organisation des Nations Unies et les organisations non gouvernementales y occupent une place d’importance et que les situations d’après conflit constituent un véritable test pour l’ONU: c’est là en effet que nous sommes le plus proches des populations dans le besoin et que nos succès ou nos échecs sont le plus manifestes. Ce n’est qu’en parvenant à nous dépasser chaque jour que nous pourrons apporter notre pierre à l’œuvre de reconstruction des pays.


Comme vous le savez, lors de son entrée en fonctions, le Secrétaire général a affirmé son intention de moderniser l’Organisation des Nations Unies afin qu’elle puisse mieux répondre aux besoins et aux aspirations des peuples du monde. Beaucoup de progrès ont été accomplis sur cette voie.


Les divers organes de la famille des Nations Unies travaillent désormais de manière beaucoup plus coordonnée.  Pour améliorer les opérations de paix sous tous leurs aspects, nous appliquons un ensemble de recommandations très complètes, mis au point par un groupe d’experts dirigé par Lakhdar Brahimi, qui prendra la parole plus tard ce matin.


Nous avons simplifié les rouages administratifs et su profiter des avantages offerts par Internet.  Nous avons entrepris de revoir de fond en comble la gestion de nos ressources humaines, et nous nous sommes ouverts à de nouveaux partenariats – avec les ONG bien sûr, mais aussi avec des fondations, des parlementaires et le secteur privé.  Je reviendrai d’ailleurs sur ce point dans un instant.


Néanmoins, nous sommes les premiers à le reconnaître, malgré ces progrès, la tâche est loin d’être achevée et il reste encore beaucoup à faire.  Dans les prochaines semaines, le Secrétaire général présentera aux États Membres un rapport dans lequel il expose ses vues sur ce que l’on peut faire pour porter plus loin le renforcement de l’Organisation des Nations Unies, en faisant fond sur ce qui a déjà été accompli. Je ne veux pas voler la primeur de son rapport au Secrétaire général, mais j’aimerais cependant partager avec vous certaines des idées maîtresses qu’il entend avancer dans son analyse et ses recommandations, notamment dans les domaines qui intéressent tout particulièrement la communauté des ONG.


Les nouvelles initiatives de réforme ont pour objectif de mieux aligner les travaux de l’Organisation sur les priorités fixées dans la Déclaration du Millénaire et les autres grands cadres de politique générale, notamment ceux qui ont été adoptés lors des conférences des Nations Unies.  Elles reflètent également le fait que de nombreux problèmes réclament une attention accrue, qu’il s’agisse de l’impact de la mondialisation sur les pays en développement ou de la lutte contre le terrorisme.  Nous devons par ailleurs constamment nous efforcer de mieux servir les États Membres, en particulier en ce qui concerne le développement économique et social.  Cela vaut notamment en matière de coordination sur le terrain, comme certains d’entre vous l’ont certainement constaté.


Le Secrétaire général soulignera également dans son rapport que l’Organisation des Nations Unies doit cultiver des partenariats aussi étroits que possible avec des acteurs non étatiques – organisations non gouvernementales, associations, universités, entreprises privées, parlementaires, particuliers épris de progrès et tous ceux qui jouent un rôle de plus en plus influent et dynamique, que ce soit sur la scène internationale ou dans leur propre communauté. Les États Membres ont pleinement reconnu cette nécessité dans la Déclaration du Millénaire, puisqu’ils se sont engagés à donner à ces diverses forces «la possibilité de contribuer davantage à la réalisation des objectifs et programmes de l’Organisation».


Les organisations non gouvernementales occupent une place unique dans cette constellation.  Depuis de nombreuses années, elles sont des partenaires privilégiés de l’Organisation des Nations Unies sur le terrain, assurant l’acheminement de l’aide humanitaire dans des lieux frappés par un conflit ou une catastrophe naturelle, mais aussi dans des régions plus calmes, où les populations s’efforcent de créer des collectivités stables et de mettre en place des institutions efficaces.  Aujourd’hui, cette coopération extraordinairement fructueuse est plus intense que jamais.


Comme l’a dit M. Tharoor (Secrétaire général adjoint à la communication et à l’information), la participation des organisations non gouvernementales au processus intergouvernemental remonte au tout début de l’Organisation, mais ce n’est qu’au cours des 15 dernières années qu’elle s’est énormément accrue, au rythme des conférences mondiales.  Par leurs contributions, les organisations non gouvernementales ont enrichi et influencé les procédures officielles.  Et leur interaction avec les travaux des délégations ont revêtu diverses formes, de leur participation à des groupes de discussion informels, à des témoignages devant le Conseil de sécurité selon la «formule Arria» ou encore à des déclarations devant l’Assemblée générale réunie en séance plénière.


L’Organisation des Nations Unies tire grand profit de ces relations et j’espère qu’il en est de même pour les organisations non gouvernementales. Néanmoins, si ces contacts se sont révélés précieux, nous sommes tous conscients me semble-t-il que cette évolution radicale n’est pas sans poser certains problèmes.


L’un d’entre eux réside dans le fait que le nombre d’organisations non gouvernementales souhaitant participer aux travaux de l’Organisation des Nations Unies a connu une croissance exponentielle ces 10 dernières années. Or, il est matériellement impossible à l’Organisation des Nations Unies d’accueillir tout le monde, faute de place, que ce soit à New York ou ailleurs, et de donner satisfaction à tous les représentants des ONG qui souhaitent participer aux conférences et aux autres activités liées aux réunions.


Le processus d’accréditation est également devenu plus complexe.  Au fil du temps, des règles et des processus différents ont été adoptés d’une conférence et d’un événement à l’autre.  De ce fait, les organisations non gouvernementales ont été confrontées à des règles disparates et à des procédures qui prêtent parfois à confusion.


De nombreuses ONG ne sont pas satisfaites du niveau de participation qui leur est proposé et finissent par avoir le sentiment que les gouvernements ne leur laissent jouer qu’un rôle purement symbolique.  De leur côté, les gouvernements sont parfois frustrés par la pression constante qu’ils subissent pour faire davantage de place aux ONG dans leurs délibérations.


Je pense que vous conviendrez qu’il est temps de faire le point, d’examiner de près l’interaction entre l’Organisation des Nations Unies et la société civile, de déterminer ce qui marche et ce qui ne marche pas, et de faire fond sur les progrès déjà accomplis pour qu’à l’avenir, la communauté des organisations non gouvernementales puisse continuer d’apporter sa précieuse contribution aux travaux de l’Organisation des Nations Unies.


Qu’il s’agisse de la reconstruction des sociétés sortant d’un conflit ou des autres problèmes dont elle s’occupe, l’Organisation des Nations Unies ne peut espérer atteindre ses objectifs sans l’aide et les compétences des organisations non gouvernementales.  Mais l’importance même de ce soutien soulève quelques problèmes d’une grande complexité.  Je serai heureuse de poursuivre cet important débat sur l’orientation que devront prendre à l’avenir l’Organisation des Nations Unies, la communauté des organisations non gouvernementales et nos partenariats. Je vous remercie de l’attention que vous avez bien voulu m’accorder et vous souhaite plein succès dans vos travaux.


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