SOC/4569

IL EST GRAND TEMPS DE REAGIR A LA REVOLUTION SILENCIEUSE QUE CONSTITUE LE VIEILLISSEMENT DE LA POPULATION MONDIALE

26/02/2001
Communiqué de presse
SOC/4569


Comité préparatoire de la deuxième

Assemblée mondiale sur le vieillissement

1ère séance - matin


IL EST GRAND TEMPS DE REAGIR A LA REVOLUTION SILENCIEUSE QUE CONSTITUE LE VIEILLISSEMENT DE LA POPULATION MONDIALE


La première session du Comite préparatoire de la deuxième

Assemblée mondiale sur le vieillissement a commencé ce matin


Depuis la première Assemblée mondiale sur le vieillissement, d’importants changements économiques et sociaux ont transformé nos sociétés et rendu urgente la tenue d’une deuxième Assemblée, a souligné, ce matin, Mme Faith Innenarity, Présidente de la Commission du développement social, en ouvrant la première session de la Commission du développement social constituée en Comité préparatoire de la deuxième Assemblée mondiale sur le vieillissement.  Se félicitant de l’intérêt manifesté par les gouvernements pour le thème d’une «société pour tous les âges», la Présidente a souligné la nécessité d’adapter les objectifs du premier Plan d’action international sur le vieillissement au XXIe siècle.  Il est grand temps de fournir une réponse à ce que le Secrétaire général a appelé la «révolution silencieuse» du XXIe siècle, a renchéri Mme Concepcion Dancausa Trevino, représentante de l’Espagne et Vice-Présidente du Comité organisateur de l’Espagne pour la deuxième Assemblée mondiale.


En début de séance, M. Felipe Paolillo, représentant permanent de l’Uruguay auprès des Nations Unies, a été élu Président du Comité préparatoire.  Mme Maria José Carrillho (Portugal) représentant le Groupe des Etats d’Europe occidentale et autres Etats, a, pour sa part, été désignée à la vice-présidence et il a été convenu que l’Espagne, en sa qualité de pays hôte de la deuxième Assemblée mondiale, sera également membre ex-officio du Bureau.  Les deux autres vice-présidents seront élus à une date ultérieure.  M. Paolillo a rappelé que le Plan d’action révisé propose trois orientations prioritaires pour l’élaboration de politiques, à savoir: parvenir au développement durable dans un monde qui vieillit, garantir la santé et le bien-être des personnes âgées et créer un environnement favorable aux individus de tous les âges.  Le Président du Comité préparatoire a également fait observer que, si le nouveau siècle s’ouvre avec une espérance de vie plus longue que jamais pour la majeure partie des individus, il ne fallait pas oublier que dans certaines parties du monde les fléaux de la guerre, de la pauvreté et du sida menacent de remettre en cause cette avancée.  C’est pourquoi, il est aussi, selon lui, tout à fait important d’accorder une attention particulière à la situation et aux besoins spécifiques des pays en développement lorsque l’on se penche sur l’ensemble des questions liées au vieillissement. 


La représentante de la République dominicaine a, pour sa part, estimé que les orientations prioritaires posées dans le projet de Plan d’action révisé pouvaient donner une image erronée et trop uniforme de la situation.  Il est selon elle nécessaire d’y prendre en compte d’autres éléments fondamentaux.  Il convient par exemple d’intégrer le fait que les changements démographiques en cours dans les pays développés et en transition ne seront pas nécessairement effectifs dans les pays en développement, ou en tout cas pas avant 20 ans.  La différence du contexte social et culturel du vieillissement dans les pays en développement où les personnes âgées vivent encore en majorité avec leur famille, et les pays développés où la plupart des personnes âgées vivent seules, ainsi que le niveau limité des ressources dont disposent les pays en développement devraient aussi être dûment pris en compte.  La représentante a aussi souhaité que l’on mette en avant  le rôle positif des personnes âgées en parlant par exemple de "vieillissement productif". 


"Contrairement à la situation il y a 20 ans, le problème du vieillissement n’est plus limité aux pays développés mais est, à l’évidence, une question qui se pose à toutes les sociétés.  Il y a aujourd’hui 600 millions de personnes âgées de par le monde, et d’ici à 2050, on en comptera 2 milliards", a poursuivi M. John Langmore, Directeur de la Division des politiques sociales et du développement du Département des affaires économiques et sociales.  Cette "révolution" doit aussi être source de satisfaction puisque l’augmentation des personnes âgées témoigne incontestablement d’une amélioration sanitaire ainsi que des conditions économiques et sociales.  A cet égard, le représentant de l’Organisation mondiale de la santé a souligné le double défi que représente pour les pays en développement l’augmentation des maladies non contagieuses liées au vieillissement, conséquence de la régression des maladies infectieuses.  Pour faire face à cette menace, les pays en développement devront retarder l’apparition de ces maladies, puis fournir les services adéquats aux personnes qui les développent.


Dans le cadre de son débat général, le Comité préparatoire a entendu les représentants des pays suivants: Suède (au nom de l’Union européenne et des pays associés), République dominicaine, Autriche, Allemagne, Zambie et Thaïlande.  Les représentants de l’Organisation mondiale de la santé, de l’Organisation internationale du Travail et de l’Association américaine des personnes retraitées ont aussi pris la parole.


Le Comité préparatoire devrait achever son débat général au cours de sa réunion de cet après-midi qui commence à 15 heures.


PRÉPARATIFS DE LA DEUXIÈME ASSEMBLÉE MONDIALE SUR LE VIEILLISSEMENT


Informations de base


Depuis 1982, date de la première Assemblée mondiale sur le vieillissement, la "révolution démographique" ne cesse de prendre de l’ampleur.  Alors que le vieillissement de la population, il y a vingt ans, semblait être un phénomène réservé aux pays développés, une tendance nouvelle a dans l’intervalle été mise en évidence: le vieillissement annoncé des populations dans les pays en développement.  Dans ces pays en effet, le pourcentage de personnes âgées doit passer de 8% à 21% et celui des enfants de 33% à 20% d’ici à 2050.  Parallèlement, dans moins de 20 ans, le nombre de personnes âgées dans la population mondiale aura doublé pour passer à un milliard.


En 1999 déjà, l’Année internationale des personnes âgées, organisée sous l’égide des Nations Unies, avait été l’occasion d’évaluer les incidences probables des bouleversements démographiques sur les différentes sociétés et les ajustements sociaux demandés, sur une grande échelle, aux pouvoirs publics, aux familles, aux collectivités locales et aux pays.  La dynamique créée par les travaux de cette année internationale aboutissait en mai 2000, à la décision de l'Assemblée générale de réunir une deuxième Assemblée mondiale sur le vieillissement qui se déroulera, vingt ans après la précédente, du 8 au 12 avril 2002 à Madrid et qui sera chargée d’adopter un plan d’action révisé et une stratégie à long terme en matière de vieillissement. 


Dans le cadre de la révision du Plan d'action international élaboré par la première Assemblée mondiale sur le vieillissement, les gouvernements seront appelés à réfléchir à une "nouvelle organisation de la vie", renouvelant l'approche traditionnelle du vieillissement, et accordant une plus large place à l'épanouissement de l'individu tout au long de son existence et aux rapports intergénérationnels.


Pour préparer cet événement, l’Assemblée générale a décidé de constituer la Commission du développement social en comité préparatoire chargé notamment, au cours de sa première session qui démarre aujourd’hui, d’engager un débat et d’entamer des négociations sur la version révisée du Plan d’action international.


Rapport du Secrétaire général intitulé "Vers la deuxième Assemblée mondiale sur le vieillissement" (E/CN.5/2001/PC/2)


La révision du Plan d’action international sur le vieillissement est au centre du débat de fond qui débouchera sur la deuxième Assemblée mondiale, indique le Secrétaire général dans le chapitre de son rapport  qu’il consacre au processus préparatoire de la deuxième Assemblée mondiale sur le vieillissement.


Ce document  présente par ailleurs le format proposé pour l’organisation de l’Assemblée mondiale qui répartirait ses travaux entre une plénière et deux grandes commissions ainsi que les résultats des enquêtes effectuées auprès des principales parties prenantes afin de recueillir leurs vues sur les progrès accomplis dans la mise en oeuvre du Plan d’action.


En annexe, le rapport contient un projet de version révisée du Plan d’action international sur le vieillissement, définissant notamment les trois orientations prioritaires de l’action des pouvoirs publics: assurer un développement durable dans un monde vieillissant; promouvoir la santé et le bien-être des personnes âgées; et créer un environnement porteur et favorable pour tous les âges.


Déclarations liminaires


En guise de remarques liminaires, le Président du Comité préparatoire pour la deuxième Assemblée mondiale sur le vieillissement nouvellement désigné,

M. FELIPE H. PAOLILLO (Uruguay), a rappelé que, dans 14 mois, la communauté internationale se retrouvera à Madrid pour, 20 ans après Vienne, tenir la deuxième Assemblée mondiale sur le vieillissement.  En 1982, l’examen de cette question, pour la première fois au niveau mondial, a conduit à l’élaboration d’un Plan d’action qui a permis non seulement d’attirer davantage l’attention sur la question du vieillissement, mais également d’inspirer la formulation des politiques en la matière au cours de ces 20 dernières années.  Les décennies qui viennent de s’écouler ont été marquées par la poursuite du fort accroissement du nombre des personnes âgées et ce, à l’échelle mondiale.  C’est une croissance plus importante encore qui est attendue pour les décennies à venir, à tel point que dans les 50 prochaines années, cette catégorie de la population mondiale aura doublée, passant de 10 à 22%.  La plus forte augmentation aura lieu dans les pays en développement, qui rassemblent déjà la majorité de la population dite du “troisième âge”, a précisé M. Paolillo.  Cette tendance, accompagnée de la baisse continue du taux de fertilité va entraîner une véritable “révolution démographique” d’ici à 2050, année où la proportion des personnes âgées dans le monde sera égale à celle des enfants.  Les conséquences de ce changement dans la pyramide des âges sont énormes et tous les individus, toutes les institutions de la société seront, tôt ou tard, directement touchées, a également prévenu le Président du Comité préparatoire. 


Il est donc tout à fait indispensable de déterminer quelle action il faudra prendre, et surtout de rechercher un forum mondial mieux intégré pour discuter de toutes les questions en relation avec la population âgée.  Cette quête devra aussi prendre en compte les besoins, les droits et les capacités de cette tranche de population.  Les défis qui attendent le Comité préparatoire durant les mois à venir ne sont en réalité guère différents de ceux auxquels doivent faire face les sociétés en prise au vieillissement, a ensuite fait remarquer M. Paolillo.  Dans un cas comme dans l’autre, il s’agit d’envisager la diversité de chaque groupe d’âge, de reconnaître les intérêts qu’ils ont en commun, et de rechercher les moyens de rendre possible une collaboration, à la fois flexible et vibrante, entre jeunes et personnes âgées et entre ces derniers et les générations intermédiaires.  Cet objectif exige, ainsi que l’a demandé la résolution de l’Assemblée générale appelant à la convocation de la deuxième Assemblée mondiale sur le vieillissement, une stratégie intégrée à long terme et la révision du Plan d’action.  C’est ce qui a été présenté en préambule du Plan d’action révisé et a été intitulé "stratégie pour une société pour tous les âges" dont le Comité préparatoire discutera dans les prochains jours.  Le Plan d’action révisé identifie trois orientations prioritaires pour l’élaboration de politiques, à savoir: parvenir au développement durable dans un monde qui vieillit, garantir la santé et le bien-être des personnes âgées et créer un environnement favorable aux individus de tous


les âges.  Conformément à la résolution de l’Assemblée générale, le Plan d’action révisé prête une attention particulière à la situation des pays en développement et s’efforce d’en refléter les préoccupations spécifiques en considérant notamment les différents niveaux de développement, ainsi que la diversité sociale, économique et culturelle.  En conclusion, le Président du Comité préparatoire a fait observer que si le nouveau siècle s’ouvre avec une espérance de vie plus longue que jamais pour la majeure partie des individus, il ne faut pas oublier que dans certaines parties du monde les fléaux que sont la guerre, la pauvreté et l’épidémie du sida menacent de remettre en cause cette avancée.  C’est pourquoi, il est tout à fait approprié de se pencher sur toutes les questions liées au vieillissement. 


Mme CONCEPCION DANCAUSA TREVINO, représentante du Secrétariat d’Etat des affaires sociales de l’Espagne et Vice-Présidente du Comité organisateur de l’Espagne pour la deuxième Assemblée mondiale, a estimé que la convocation de la deuxième Assemblée mondiale arrive à un moment opportun pour faciliter la concrétisation de nombreuses manifestations d’intérêt et de propositions exprimées en 1999, à l’occasion de l’Année internationale des personnes âgées.  La représentante a également noté que l’Assemblée mondiale de Madrid, et avec elle ce Comité préparatoire, fait face à un important défi: faire converger les initiatives et les efforts déjà en cours aux niveaux régional, national et local et leurs implications dans le domaine des politiques publiques, afin que nos sociétés soient conçues «pour tous les âges» et  que nos années de vie supplémentaires soient de bonnes années.  Elle a estimé qu’il est grand temps de fournir une réponse à ce que le Secrétaire général a qualifié de «révolution silencieuse» de ce siècle.  La représentante a ensuite indiqué que la présidence du Comité d’organisation de la deuxième Assemblée mondiale avait été confiée au premier Vice-Président du Gouvernement espagnol et que le Comité d’organisation intègre en outre tous les départements ministériels pertinents. 


Pour M. JOHN LANGMORE, Directeur de la Division des politiques sociales et du développement du Département des affaires économiques et sociales, le vieillissement des populations est, à l’évidence, une question centrale pour toutes les sociétés aujourd’hui.  En effet, contrairement à il y a 20 ans, ce problème n’est plus limité aux pays développés.  Aujourd’hui, il y a 600 millions de personnes âgées de par le monde, et d’ici à 2050, on en comptera 2 milliards, soit trois fois plus.  Cela représente des défis sociaux et économiques d’une importance inégalée dans l’histoire et suscitera beaucoup de questions auxquelles il faudra trouver des réponses, notamment pour les sociétés vivant encore dans la pauvreté.  Mais cette "révolution" doit aussi être source de satisfaction puisque l’augmentation des personnes âgées témoigne incontestablement d’une amélioration sanitaire ainsi que des conditions économiques et sociales. 


Pour commencer à répondre à ces défis, le Comité préparatoire devra, dans un premier temps, effectuer des travaux d’organisation: décider du règlement intérieur et du format de la deuxième Assemblée mondiale, régler la question de l’accréditation et de la participation des organisations non gouvernementales.  Mais, il lui faut aussi régler des questions de fond, en se fondant notamment sur le rapport du Secrétaire général intitulé "Vers la deuxième Assemblée mondiale sur le vieillissement".  Son travail portera aussi sur la révision du Plan d’action sur le vieillissement, qui a été préparée en fonction de la résolution de l’Assemblée générale demandant une action à long terme en la matière. 


Avec la mondialisation, le vieillissement de la population est l’un des éléments principaux qui caractérise l’avenir de ce siècle.  Dans ce contexte, la place de chacun dans la société ne peut être optimalisée que dans un cadre intégré où cette question n’est pas envisagée comme un thème à la mode mais comme un élément à prendre véritablement en compte dans tous les aspects de la société.  Depuis le début de l’humanité, les sociétés ont profité de la sagesse et des connaissances des personnes âgées.  Ces derniers temps, ce phénomène s’est érodé et il faut aujourd’hui trouver le moyen de le raviver pleinement, a affirmé M. Langmore en conclusion.


Débat général


M. CARL ALFVAG (Suède au nom de l’Union européenne (UE) et des pays associés) a déclaré que la deuxième Assemblée mondiale permettra de revoir le Plan d’action international sur le vieillissement à la lumière des nouvelles réalités et d’établir une stratégie à long terme pour les années à venir.  Dans la mesure où les questions relatives aux personnes âgées ne peuvent être considérées isolément, l’Union européenne estime que cette stratégie devrait mettre l’accent sur la dimension «intergénérationnelle» de la question.  L’Union a identifié des domaines importants dans le processus qui nous mènera à Madrid, a-t-il indiqué.  D’abord, les personnes âgées doivent pleinement jouir de tous leurs droits humains et n’être exposées à aucune discrimination.  Les services sociaux et sanitaires doivent être adaptés à leurs besoins et elles doivent pouvoir mener une vie indépendante.  Il faudrait également envisager différemment le travail, l’éducation et la santé selon les différents cycles de la vie.  Il a fait observer que la retraite augmente le risque d’exclusion sociale des personnes âgées.  Permettre aux travailleurs âgés de continuer à contribuer à l’économie sera un facteur crucial du développement social mais demandera l’élaboration de politiques prévoyant notamment la révision des règles de l’emploi et la mise à jour des connaissances de chacun. 


Dans de nombreux pays en développement, le changement des tendances démographiques fait que les personnes âgées font de plus en plus partie des pauvres de la société et sont en danger d’exclusion.  Dans certaines communautés, elles sont obligées de conserver un rôle économique et social actif, notamment à cause des ravages du VIH/sida dans la population active.  Les femmes âgées sont les premières concernées.  L’UE estime que la situation des personnes âgées devrait être prise en compte dans la formulation des politiques de coopération pour le développement et les programmes de lutte contre la pauvreté. 


L’Union européenne estime aussi que les questions liées à l’égalité des sexes dans le vieillissement et à la situation des femmes âgées doivent recevoir une attention particulière.  La participation importante et souvent non rémunérée des femmes âgées à la société, y compris dans le secteur informel, doit être reconnue.  Il est également nécessaire de promouvoir un meilleur partage des responsabilités.  Les systèmes de protection sociale devraient prendre en compte ces facteurs.


M. Alfag a ajouté que, pour les personnes âgées, être intégrées dans une communauté dans un climat de respect et d’égalité est une autre forme de sécurité.  Pour cela, les personnes âgées ne doivent pas être considérées comme des membres vulnérables et dépendants de la société mais comme des individus dont la valeur découle de leurs contribution passée, présente et à venir.  La contribution des personnes âgées au volontariat ne doit pas non plus être négligée. 

Récemment, des Etats Membres de l’Union européenne ont mis en place des régimes de pensions sûrs, en particulier pour les femmes, a-t-il fait valoir.  Certains ont engagé une réforme de leur législation du travail afin de lutter contre la discrimination au titre de l’âge et de prévoir des rémunérations attractives après la retraite.  Enfin, L’Union européenne a attiré l’attention sur les conséquences du phénomène des migrations et de la situation particulière des migrants âgés.


Mme JULIA TAVARES DE ALVAREZ (République dominicaine) a souhaité formuler des observations préliminaires sur le Plan d’action révisé soumis au Comité préparatoire.  Tout en estimant que les orientations prioritaires formulées constituent un bon point de départ, elle a fait remarquer que d’autres éléments fondamentaux devraient aussi être examinés.  Il convient par exemple de prendre conscience que les changements démographiques en cours dans les pays développés et en transition ne seront pas nécessairement effectifs dans les pays en développement, ou en tout cas pas avant 20 ans.  Le Plan d’action révisé devrait aussi tenir compte de la différence du contexte social et culturel du vieillissement entre les pays en développement où les personnes âgées vivent encore en majorité avec leur famille, et les pays développés où la plupart des personnes âgées vivent seules.  Il faut aussi se rendre compte que les ressources dont disposent les pays en développement sont limitées, ce qui influe sur les types de services sanitaires offerts.  De l’avis de la République dominicaine, le Plan d’action révisé devrait aussi mieux refléter le lien entre les principaux défis de la croissance économique et du développement dans les pays en développement.  Enfin, il faudrait reconnaître la contribution positive qu’apportent les personnes âgées dans les pays en développement. 


En somme, même si certains aspects du vieillissement sont appelés à toucher tous les pays, notamment pour ce qui est des droits de la personne, il faut comprendre que la plupart des changements qui l’accompagnent ainsi que l’environnement dans lequel il intervient, sont différents selon qu’il s’agit de pays développés ou de pays en développement, a averti la représentante.  Elle a estimé que, dans ce contexte, la manière dont les trois orientations sont formulées, pouvait donner une image erronée de la situation.  On a par exemple l’impression que l’objectif principal du Plan en l’état actuel est de poursuivre le développement avant tout plutôt que d’améliorer les réseaux de protection et de santé, si importants pourtant pour les pays en développement.  De manière générale, le Plan d’action devrait insister sur le rôle positif des personnes âgées et mettre l’accent sur le "vieillissement productif".  Si elle est satisfaisante la deuxième orientation choisie serait néanmoins, semble-t-il, plus à sa place en troisième position, a ensuite fait remarquer la représentante.  Enfin, elle a aussi regretté que l’accent ne soit pas davantage mis sur les personnes âgées et que l’on parle plutôt de "tous les âges".  Le rôle spécifique des personnes âgées doit être mis en avant, a-t-elle fait valoir.  Ainsi révisées, ces orientations devraient permettre de dégager de nouvelles priorités qui devraient impérativement prendre en compte les situations propres au niveau de développement des pays.  En fait, la question du vieillissement doit être abordée de trois manières et déboucher sur trois stratégies différentes en fonction des trois niveaux de développement qui prévalent dans le monde.  La République dominicaine espère que l’on parviendra ainsi à un plan d’action révisée qui permettra aux personnes âgées d’avoir une vie plus épanouie.


Mme EVELINE HONIGSPERGER (Autriche) a estimé que la révision du Plan d’action sur le vieillissement, adopté par les Nations Unies en 1982, est un projet à la fois nécessaire et fondamental pour les politiques sociales à venir.  C’est pourquoi, elle mérite un engagement particulier de la part de la communauté internationale.  De son côté, l’Autriche, qui, en avril prochain, accueillera la troisième réunion technique de préparation de l’Assemblée, fait véritablement figure de lieu historique en matière de vieillissement.  C’est en effet à Vienne que le premier Plan d’action sur le vieillissement a été adopté et c’est encore en Autriche que les principes pour les personnes âgées, adoptés en 1991, ont été élaborés.  Aujourd’hui, il est fondamental de réviser le Plan d’action de 1982 et de développer une stratégie à long terme, a-t-elle fait valoir. 


Comme de nombreux autres pays, l’Autriche connaît aujourd’hui un changement démographique la faisant évoluer vers "une société âgée".  D’ici à 2035, la proportion des personnes âgées dans le pays devrait passer de 20 à 38%.  Ce n’est pas seulement cette révolution en elle-même qui pousse à l’action, mais aussi le rythme auquel elle se produit.  Pour autant, elle ne doit pas être envisagée comme une menace, mais plutôt comme un enrichissement, a estimé Mme Honigsperger. 

Elle a rappelé, par exemple, que l’augmentation de l’espérance de vie découle directement de progrès scientifiques, médicaux et sanitaires importants.  A l’avenir, de plus en plus de personnes auront la possibilité de vieillir en bonne santé.  L’Année internationale des personnes âgées a joué un rôle important dans la prise de conscience des défis liés au vieillissement, a ensuite fait remarquer la représentante.  L’Autriche n’a toutefois pas attendu cette Année internationale pour élargir ses politiques sociales en faveur des personnes âgées et en faire plus qu’un simple système de retraite et de soins de santé, l’instrument d’une participation équitable de ce groupe d’âge.  Aujourd’hui, l’Autriche peut véritablement faire figure de pionnier en la matière.  Elle dispose par exemple d’un Conseil des personnes âgées qui jouit des mêmes droits que les autres organes représentant des groupes d’intérêts spécifiques, comme par exemple les travailleurs.  La politique autrichienne en la matière fonde son évolution sur

les principes des Nations Unies en faveur des personnes âgées, adoptés en 1991,

à savoir l’indépendance, la participation, les soins, l’épanouissement personnel et la dignité.  Ces principes, qui ont démontré leur valeur, devraient toujours constituer le cadre qualitatif du Plan d’action révisé, a estimé Mme Honigsperger.  Tout en reconnaissant que le Plan d’action doit être révisé en fonction de la situation et des besoins spécifiques des pays en développement, l’Autriche considère qu’il ne faut pas pour autant perdre de vue les recommandations et orientations formulées lors des conférences et sommets des Nations Unies précédents.  "On ne peut permettre que les résultats obtenus à Rio, au Caire, à Copenhague ou encore Beijing, soient remis en cause par le vieillissement rapide des sociétés en développement".  C’est pourquoi, il faudra adopter un mécanisme de surveillance permettant d’évaluer la mise en oeuvre  des objectifs du Plan d’action révisé.  De l’avis de l’Autriche, l’Assemblée mondiale devra aussi avoir pour ambition principale de modifier la manière dont le vieillissement est perçue et d’offrir aux personnes âgées des perspectives nouvelles.


M. CHRISTOPH LINZBACH (Allemagne) a rappelé que l’Europe est une région qui sera particulièrement touchée par le vieillissement de la population.  Ainsi, dans 30 ans, le groupe des personnes âgées de 60 ans et plus sera deux fois plus important que celui des jeunes de 15 ans et moins.  Les changements qualitatifs et structurels qui en découleront rendent urgente une action politique tant au niveau national que régional.


L’Allemagne tente de poursuivre des objectifs concrets tenant compte de la vie quotidienne des gens, notamment en encourageant les citoyens à faire face à leurs responsabilités sociales en même temps que le volontariat du troisième âge, a-t-il indiqué.  Dans le cadre de la préparation de la deuxième Assemblée mondiale sur le vieillissement, le Gouvernement allemand travaille étroitement avec la Communauté économique pour l’Europe.  Lors d’une réunion d’experts tenue en janvier à Genève afin d’examiner les aspects du vieillissement qui sont les plus importants pour les pays de la région, trois grandes questions ont été identifiées: la solidité économique et la croissance durable dans un monde qui vieillit; l’intégration des personnes âgées, le changement des modes de vie et la solidarité intergénérationnelle; la santé et le bien-être dans la vieillesse.  En conclusion, le représentant a estimé que le débat sur le vieillissement porte en fait sur la forme que prendra notre société future. 


Mme MARY GRACE KABANSHI NKOLE (Zambie) a expliqué que l’urbanisation et le développement ont provoqué une réduction de la taille des familles, qui s’occupent traditionnellement des personnes âgées.  Le soutien aux personnes âgées est aussi devenu une source de stress et de conflits dans de nombreux foyers car les femmes comme les hommes ont une activité professionnelle.  En outre, la pauvreté, le fort taux de chômage et la menace du VIH/sida font qu’il reste de moins en moins de jeunes pour s’occuper des personnes âgées.  En Zambie, l’épidémie du VIH/sida fait des milliers d’orphelins qui se retrouvent à la charge de personnes âgées dépourvues de moyens.  Ces enfants se retrouvent à la rue, obligés de se prostituer ou de travailler avant l’âge. 


En réaction au vieillissement de la population mondiale, le Gouvernement zambien a mis en place des politiques et des programmes destinés à garantir le bien-être des personnes âgées, et cela afin que les plus de 60 ans puissent notamment bénéficier de soins médicaux gratuits, en demeurant dans leur communauté plutôt que dans des institutions où ils se sentent déracinés.  Des centres de soins sont cependant prévus pour les personnes âgées sans soutien familial.  Le Gouvernement soutient financièrement ces institutions.  Il espère, à l’avenir, coopérer avec la communauté internationale pour promouvoir les objectifs de l’Année internationale des personnes âgées (1999). 


M. SUTTHICHAI JITAPUNKUL (Thaïlande) a insisté sur le fait qu’il fallait trouver une approche holistique aux défis posés par le vieillissement.  Le problème pour un pays comme la Thaïlande qui a vu passer la proportion des personnes de plus de 60 ans de 7 à 14%, est qu’il devient "vieux avant de devenir riche".  L’un de ses problèmes spécifiques est l’absence de bons réseaux de soins et de prise en charge des personnes âgées qui  fait que les jeunes doivent aussi s’occuper des anciens.  Le pays doit par ailleurs faire face à une augmentation de la morbidité dans certains groupes d’âges jeunes, en raison de certaines maladies tropicales et de l’abus des drogues.  Depuis 1997, l’économie thaïlandaise s’efforce de se rétablir après la crise qui a secoué toute l’Asie.  La pauvreté et les ressources limitées qui caractérisent le pays mettent en évidence de manière plus frappante encore la nécessité de valoriser les personnes âgées.  Il faut non seulement préparer les individus à vieillir et à vivre plus longtemps, mais il faut aussi mettre en place un réseau social élargi.  Pour cela et pour mieux préparer cette phase de la vie, il faut des moyens importants, a fait remarquer le représentant.


Il a ensuite expliqué que son Gouvernement prépare actuellement son deuxième plan national sur le vieillissement  pour la période allant de 2002 à 2022.  Une Commission nationale pour les personnes âgées, présidée par le Vice-Premier Ministre, a été créée à cet effet et travaille en collaboration avec des scientifiques, des politiques et des représentants des ONG et de la société civile.  Des informations de grande valeur ont été collectées à cet effet.  La politique nationale en faveur des personnes âgées repose sur deux principes essentiels que sont la sécurité, tant en matière de revenus et de soins de santé que de logement, ainsi que la responsabilité partagée entre la famille, le Gouvernement mais aussi l’individu.  La société en général doit laisser la possibilité à chacun de ses acteurs de venir en aide aux personnes âgées.  Lorsque la famille ne peut pas subvenir de manière acceptable aux besoins des personnes âgées, le secteur privé devrait lui aussi pouvoir prendre le relais, a suggéré le représentant. 


M. ALEXANDRE KALACHE (Organisation mondiale de la santé) a rappelé qu’en 1982, l’OMS a participé activement à la rédaction du Plan international d’action de Vienne, époque à laquelle le vieillissement semblait être un problème de pays développés.  Le représentant a attiré l’attention sur le problème posé par la maintien en bonne santé des personnes âgées alors que la vieillesse implique non seulement un déclin des capacités fonctionnelles mais aussi le développement de maladies non contagieuses, telles que les troubles cardiovasculaires, le cancer et la dépression.  Les campagnes de vaccination et les stratégies sanitaires réussies nous permettent de vaincre progressivement les maladies infectieuses dans les pays en développement.  Cela aura pour conséquence une augmentation des maladies non contagieuses liées au vieillissement. 


Cette situation pose un double défi: retarder l’apparition de ces maladies, fournir les services adéquats aux individus qui les développent.  Selon les estimations de l’OMS, d’ici à 2020, environ 70% du poids des maladies dans les pays en développement et les pays nouvellement industrialisés seront imputables à des maladies chroniques ainsi qu’à des maladies mentales et des blessures.  Les maladies chroniques sont d’importantes sources de handicap.  Elles affectent l’autonomie des individus et leur qualité de vie.  Si on ne leur accorde pas l’attention voulue, ces maladies peuvent mettre en danger les systèmes de protection sanitaire et sociale.  Elles posent un formidable défi aux pays en développement.


Les recherches menées ans de nombreux pays développés, montrent que l’apparition de ces maladies chroniques et des handicaps qu’elles entraînent peut être retardée et même évitée.  En plus des techniques de détection modernes, l’adoption de modes de vie sains constitue un mode de prévention efficace.  Ces mesures ne sauraient uniquement dépendre des individus.  Elles doivent également être appuyées par des politiques publiques efficaces englobant tous les secteurs, de l’environnement à la lutte contre la pollution, la création de conditions de travail satisfaisantes, mais aussi des domaines qui ne sont pas traditionnellement liés à la santé, tels que la fiscalité.  Ces politiques ont un énorme impact sur la santé en influençant les paramètres qui la déterminent. 


Dans les pays en développement, les personnes âgées manquent de nourriture, n’ont pas de quoi vivre convenablement et se préoccupent peu de leur «style de vie».  Beaucoup d’entre elles ne disposent pas des choix qui sont offerts aux personnes âgées des régions développées.  En outre, dans un univers soumis à la mondialisation, des forces extérieures ont un effet négatif sur la vie des personnes pauvres et vulnérables, dont un grand nombre de personnes âgées.  Comment les politiques concernant le vieillissement peuvent-elles donc agir sur les modes de vie et les autres facteurs déterminants pour la santé des personnes âgées des pays en développement?  Il faut préserver la bonne santé et l’indépendance des personnes âgées aussi longtemps que possible; s’assurer qu’elles restent productives aussi longtemps que possible et, si elles ne peuvent plus subvenir à leurs besoins, garantir leur protection, leur dignité et les soins qui leur sont nécessaires.


Mme MARIANGELS FORTUNY (Organisation internationale du Travail) a fait remarquer que l’emploi peut être un catalyseur de la réduction de la pauvreté et de l’exclusion lorsque les conditions sont bonnes.  C’est pourquoi, en matière d’emploi, l’OIT parle d’un environnement de travail sans discrimination pour tous les âges et tous les sexes.  Dans ce contexte, un élément important est la protection sociale qui simplifie les problèmes d’accès aux soins.  Le problème est que plus de la moitié de la population mondiale ne bénéficie d’aucune protection sociale.  Or les personnes âgées, dont le nombre croît rapidement, constituent l’un des groupes de population qui a le plus besoin d’intégration sociale.  Celle-ci passe notamment par un niveau de revenus décent qu’ils proviennent du travail  ou de la retraite, et par la possibilité de participer à la vie de la société grâce à l’emploi, le volontariat ou d’autres activités. 


Le vieillissement de la population mondiale a des implications sociales et économiques importantes sur les systèmes de retraite et de santé et sur les budgets publics.  Il faut donc veiller à ce que les individus fonctionnent correctement aussi longtemps que possible.  L’un des défis principaux à relever est d’endiguer la baisse de l’âge de la population active en permettant aux personnes âgées de participer au marché de l’emploi le plus longtemps possible.  L’OIT estime à cet égard que la formation et l’éducation sont essentielles pour aider les travailleurs à s’adapter à une nouvelle société.  Or la discrimination sur la base de l’âge démotive les personnes plus âgées et les empêche de suivre des cours de recyclage.  La combattre est donc impératif si l’on veut prévenir l’exclusion des personnes âgées.  A cet effet, les technologies de l’information et de la communication peuvent jouer un rôle important. 


"Il est désormais clair que la vitalité de nos sociétés dépend pour une large part de la possibilité laissée aux personnes âgées d’y avoir une participation active", a donc estimé Mme Fortuny.  C’est pourquoi, il faut, selon elle, favoriser les conditions économiques et sociales permettant aux personnes de tout âge de demeurer intégrées à la société.  Promouvoir une culture de l’expérience et du savoir est en conséquence nécessaire, a fait remarquer la représentante, avant d’ajouter que les politiques mises en place en matière d’emploi doivent pour cela viser à éliminer toute discrimination fondée sur l’âge.  Compte tenu de cette situation, l’OIT encourage fortement la communauté internationale à inclure la question de l’emploi et de la protection sociale au programme de la Deuxième Assemblée mondiale et surtout à intégrer ces questions à la stratégie à long terme qui en découlera.


M. ROGER PELLEGRINI (AARP, ancienne Association américaine des retraités – American Association of Retired Persons) a attiré l’attention des délégations sur la nécessité de trouver des moyens efficaces de faire participer les organisations non gouvernementales (ONG) aux travaux de la deuxième Assemblée mondiale.  Il a souhaité que les Etats Membres fassent en sorte que les apports des ONG, notamment les résultats de leurs forums, soient examinés par l’Assemblée et incorporés dans le nouveau Plan d’action.  S’agissant du cadre du Plan d’action mondial, les ONG jugent important que les questions relatives aux pays en développement et aux pays en transition soient clairement définies.  Le représentant a ajouté que si le cadre conceptuel du Plan d’action révisé est «Une société pour tous», il serait important que le Plan reflète clairement et jusque dans son titre que les personnes âgées sont sa priorité. 


M. Pellegrini a estimé que certaines questions clefs, en particulier dans les pays en développement, sont très peu connues.  Il a suggéré de faire une synthèse des différentes études réalisées jusqu’à présent.  Il a précisé que les ONG peuvent contribuer à cet effort mais que, pour cela, il leur faut un mandat.  L’une des contributions non monétaire des personnes âgées à la société est la sagesse; faisons en sorte qu’elle bénéficie à tous les âges, a-t-il conclu. 


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