AG/1166

A L’OUVERTURE DE LA SESSION EXTRAORDINAIRE SUR LE SIDA, LE SECRETAIRE GENERAL EVOQUE UN MOUVEMENT SANS PRECEDENT EN FAVEUR DE LA LUTTE CONTRE LA PANDEMIE

25/06/2001
Communiqué de presse
AG/1166


Assemblée générale

Vingt-sixième session extraordinaire

1ère séance plénière – matin


A L’OUVERTURE DE LA SESSION EXTRAORDINAIRE SUR LE SIDA, LE SECRETAIRE GENERAL EVOQUE UN MOUVEMENT SANS PRECEDENT EN FAVEUR DE LA LUTTE CONTRE LA PANDEMIE


International Gay and Lesbian Human Rights Commission participera

aux tables rondes, en dépit de l’opposition d’un groupe d’Etats Membres


«International Gay and Lesbian Human Rights Commission» participera aux tables rondes organisées parallèlement au débat général de la session extraordinaire de l’Assemblée générale sur le VIH/sida, conformément à la décision prise par l’Assemblée à l’issue d’un vote enregistré de 62 voix pour, 0 contre et 30 abstentions qui a duré quelques trois heures.  L’Assemblée avait précédemment entendu le chef de la délégation finlandaise et le Secrétaire général qui ont ouvert les travaux de la 26ème session extraordinaire sur le VIH/sida.


Le monde se réveille, a déclaré le Secrétaire général devant les chefs d’Etat et responsables politiques réunis ce matin, à l’occasion de l’ouverture de la session extraordinaire de l’Assemblée, qui se tiendra au Siège des Nations Unies à New York jusqu’à mercredi 27 juin.  Jamais, depuis que ce cauchemar a  commencé, ne s’était produit un tel mouvement de ralliement autour d’une cause commune, a poursuivi M. Annan.


Tous les intervenants ont exprimé un sentiment d’urgence, citant les chiffres clefs de la pandémie: 58 millions de personnes affectées et 22 millions décédées depuis son apparition, 36 millions de personnes sont aujourd’hui porteuses du virus - 14 000 à 15 000 personnes infectées chaque jour - et plus de 10 millions d’enfants touchés, un chiffre qui devrait passer à plus de 40 millions dans moins d’une décennie, si la tendance actuelle n’est pas inversée.  Le Directeur exécutif du Programme ONUSIDA, M. Peter Piot, a décrit une épidémie d’une ampleur considérable, soulignant que la moitié de chacune des générations nouvelles de garçons et de filles vont mourir du sida dans les pays les plus touchés.  Ces chiffres ne sont pas théoriques ou exagérés, ce sont des chiffres réels.


Pourtant, nombreux sont les intervenants à avoir, à l’instar de M. Annan, fait part de leur espoir dans l’issue de la lutte engagée à condition que les Etats Membres de l’ONU s’engagent. Nous avons besoin de partenariats entre les gouvernements, les fondations, les organisations internationales et bien sûr la société civile, a déclaré le Secrétaire général.  Les organisations non gouvernementales ont été à l’avant-garde du combat.  Il n’est que justice qu’elles prennent une part active à cette session.  Il a lancé un appel à la mobilisation des ressources en versant des contributions au Fonds mondial pour le sida et la santé dont il a proposé la création, en avril dernier, et qui a, d’ores et déjà, suscité des engagements de la part de gouvernements et de particuliers.  J’espère, a indiqué M. Annan, que ce Fonds sera opérationnel d’ici à la fin de l’année.


Le Secrétaire d’Etat des Etats-Unis a employé le vocabulaire de la guerre pour exprimer la position de son pays.  Il a désigné le sida comme l’ennemi, un ennemi insidieux contre lequel les Etats Membres de l’ONU doivent s’allier.  Il a rappelé l’engagement de contribution de 200 millions de dollars pris par le Président des Etats-Unis, indiquant qu’il espérait que ces premiers fonds susciteraient la contribution d’autres pays.  Le Premier Vice-Premier Ministre de l’Ouganda, M. Eriya Kategaya, a annoncé pour sa part une contribution au Fonds de 2 millions de dollars et la Ministre du développement international de la Norvège, Mme Anne Krystin Sydnes, a indiqué que son pays verserait 110 millions de dollars.  Le Vice-Président de Cuba, M. Carlos Lage Davila,  a proposé aux pays les plus gravement touchés par la maladie l’appui de 4 000 médecins et personnel médical rémunérés par le Gouvernement cubain.  D’autres intervenants ont précisé que leurs gouvernements étudient actuellement le montant de leurs contributions.


Tout en annonçant que son pays portait sa contribution au Fonds à 200 millions de dollars (100 millions de dollars avaient été initialement annoncés, cf. Communiqué de presse AG/1163), la Secrétaire d’Etat au développement international du Royaume-Uni, Mme Clare Short, a récusé tout optimisme déplacé.  La communauté internationale s’était déjà engagée à la conférence Caire + 5 à New York à réduire de 25% la transmission aux plus jeunes dans les pays les plus touchés d’ici à 2010 et aucun progrès n’a été fait, a-t-elle fait valoir.  Nous devrions désormais demander à chaque gouvernement et aux institutions des Nations Unies de présenter un rapport annuel sur la mise en œuvre des engagements pris au cours des grandes conférences plutôt que d’adopter une nouvelle Déclaration.


Le Secrétaire général de l’ONU a également salué l’engagement pris par les dirigeants africains réunis à Abuja, en avril dernier, de consacrer 15% de leurs budgets nationaux à la santé et à la lutte contre le sida.  Nombre de pays africains étaient représentés au plus haut niveau ce matin. Les Présidents du Botswana, du Gabon, du Ghana, du Mozambique, du Rwanda, du Kenya, le Premier Vice-Premier Ministre de l’Ouganda, ont notamment exprimé à nouveau leur volonté de redoubler d’efforts pour combattre une épidémie qui frappe tout particulièrement le continent africain puisque 25 des 36 millions de personnes infectées se trouvent en Afrique.  Ils ont, pour la plupart, présenté les actions engagées dans leurs pays respectifs et, notamment en Ouganda où la prévalence du virus est passé de 18,5% en 1993 à 8,3% en 1999.  Le Président du Sénégal, M. Abdoulaye Wade, a notamment indiqué que son pays procèdera dès l’année prochaine aux premiers essais d’un vaccin préventif contre le sida.  Les dirigeants africains ont cependant lancé un appel à la communauté internationale, estimant à l’instar du Président du Nigéria, M. Olusegun Obasanjo, que les économies africaines étaient trop fragiles, leurs ressources humaines trop insuffisantes pour mener seuls la lutte contre le VIH/sida ou encore, comme l’a dit le Ministre de la santé d’Afrique du Sud, que l’avenir des nations et des peuples du monde dépendait des décisions qui seront prises au cours de cette session.


De nombreux intervenants ont insisté sur la nécessité de dépasser les préjugés qui entravent encore les actions de lutte contre la maladie.  Le Président de l’Assemblée générale, M. Horri Holkeri, élu en début de séance à la présidence de cette session extraordinaire, a évoqué les difficultés rencontrées dans les négociations sur la formulation de la Déclaration d’engagement et a lancé un appel aux Etats Membres pour qu’ils parviennent à un consensus.  Le Premier Ministre de Saint-Kitt-et-Nevis, le Président de la République portugaise, le Premier Ministre du Commonwealth des Bahamas, le Vice-Président de Cuba, le

Ministre de la santé du Pakistan, le Ministre de la santé et de la sécurité sociale d’Islande, le Ministre de la santé publique du Liechtenstein, le Ministre de la santé de l’Ukraine, la Secrétaire d’Etat au développement international du Royaume-Uni, le Vice-Président de la santé du Pérou ont également pris la parole ainsi que les représentants des pays suivants : Algérie, Japon, Azerbaïdjan, Maroc et Equateur.


La session extraordinaire avait élu par acclamation à sa vice-présidence, les Vice-Présidents de la cinquante-cinquième session de l’Assemblée générale.  Elle avait également élu par acclamation en tant que présidents de ses grandes commissions, les présidents des grandes commissions de la cinquante-cinquième session de l’Assemblée générale.


L’Assemblée générale avait également désigné les membres suivants de la Commission de vérification des pouvoirs : Bahamas, Chine, Equateur, Gabon, Irlande, Maurice, Fédération de Russie, Thaïlande et Etats-Unis.


Elle a observé une minute de silence consacrée à la prière et à la méditation.


La session extraordinaire poursuivant son débat en plénière cet après-midi à 15 heures.


EXAMEN DU PROBLÈME DU VIRUS DE L’IMMUNODÉFICIENCE HUMAINE ET DU SYNDROME D’IMMUNODÉFICIENCE ACQUISE SOUS TOUS SES ASPECTS


Déclarations liminaires


M. HARRI HOLKERI, Président de l’Assemblée générale : La communauté internationale a décidé de se réunir pendant ces trois jours pour prendre en main la lutte contre cette épidémie désastreuse qui a déjà affecté 58 millions de personnes et coûté la vie à 22 millions d’êtres humains.  Ce fléau pose des conséquences sociales et économiques graves puisque des familles entières se retrouvent démunies.  Aujourd’hui, 36 millions de personnes vivent avec ce virus dans le monde et 14 000 personnes sont infectées chaque jour.  On compte à ce jour plus de 10 millions d’enfants touchés par le virus et ce chiffre devrait passer à plus de 40 millions dans moins d’une décennie.  Aujourd’hui, nous disposons des meilleures technologies dans le monde et elles devraient nous permettre de lutter efficacement contre cette épidémie.  Cela exige toutefois la volonté politique des différents acteurs qui sont réunis aujourd’hui dans cette salle.  Des représentants de tous les points cardinaux de la planète participent à cette session extraordinaire et nous devons galvaniser toutes les énergies afin de parvenir à un engagement global contre cette maladie.  Cette session est un véritable jalon dans l’histoire des Nations Unies car c’est bien la première fois que cette question du VIH/sida est prise à bras le corps par la communauté internationale. 


Je lance un appel aux délégations afin qu’elles parviennent à un consensus sur les décisions qui seront prises au cours de la présente session.


M. KOFI ANNAN, Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies : Nous nous apprêtons à parler d’une crise sans précédent qui peut pourtant être résolue par une action sans précédent.  On compte aujourd’hui 36 millions de personnes dans le monde qui vivent avec le virus, et 15 000 individus supplémentaires le contractent chaque jour.  L’épidémie a freiné le développement de l’Afrique d’une bonne dizaine d’années et maintenant elle se répand avec une rapidité effrayante en Europe orientale, en Asie et dans les Caraïbes.  Jusqu’à présent, la réaction de la communauté internationale n’a pas été à la hauteur du défi..  Mais cette année, nous avons pu observer un changement décisif.  Le sida ne peut plus accomplir discrètement son oeuvre macabre.  Le monde a commencé à se réveiller.  Nous avons assisté à cet éveil dans les médias et l’opinion publique; nous le constatons parmi les gouvernements et dans le secteur privé.  Jamais, depuis que ce cauchemar a commencé, il n’y avait eu un tel mouvement de ralliement autour d’une cause commune.  Jamais nous n’avions ressenti un tel besoin de faire jouer ensemble l’esprit d’initiative et la détermination, les partenariats et l’esprit de solidarité.


De l’esprit d’initiative et de la détermination, il en faut dans tous les pays et dans chaque collectivité – et aussi à l’échelon international, où tous les organismes des Nations Unies sont maintenant engagés dans l’action.  Il faut des partenariats entre les gouvernements, entreprises privées, fondations, les organisations internationales et bien sûr la société civile.  Les organisations non gouvernementales ont été à l’avant-garde de la lutte contre le sida depuis le tout début.  Il n’est que justice qu’elles prennent une part active à cette session.  Les pays en développement sont prêts à participer activement à cette lutte - comme l’ont promis les dirigeants africains au sommet d’Abuja. 

Mais ils  peuvent agir seuls.  Il nous faut mobiliser les fonds nécessaires pour mener cette entreprise exceptionnelle et veiller que cet argent soit dépensé efficacement.  C’est pourquoi, j’ai lancé un appel pour que soit créé un Fonds mondial pour le sida et la santé.  Notre objectif est que ce Fonds soit opérationnel d’ici à la fin de l’année.  Je tiens à rendre un vif hommage à ceux qui ont déjà promis d’y verser des contributions.  J’espère que d’autres suivront leur exemple, pendant et après cette session extraordinaire.  Nous attaquer au aborder le sida en portant des jugements de valeur morale, ni en refusant de regarder en face certains faits désagréables, ni encore moins en stigmatisant ceux qui sont porteurs du virus et en décrétant qu’ils n’ont qu’à s’en prendre à eux-mêmes.  Rappelons-nous que toutes les personnes infectées – quelle qu’en soit la cause – sont des êtres humains comme nous, qu’ils possèdent des droits fondamentaux et des besoins d’être humain.  Personne ne s’imagine que nous puissions nous protéger en édifiant des barrières entre eux et nous.  Dans le monde sans pitié du sida, il n’y a pas de “eux” et de “nous”.  Nous devons changer.  Nous devons réellement faire de cette session de l’Assemblée générale, une session extraordinaire.


Débat


M. EL HADJ OMAR BONGO, Président de la République du Gabon : Je rends un hommage particulier au Secrétaire général des Nations Unies pour son implication personnelle et sa capacité à mobiliser la communauté internationale sur la question du VIH/sida.  Depuis l'apparition des premiers cas de la maladie, nous constatons que d'immenses progrès ont été accomplis, sur le plan de la recherche, par les grands laboratoires.  Mais si les médicaments qui retardent l'évolution de la maladie sont là, la victoire n'est pas pour autant acquise.  Concernant l'accès au traitement, les pays en développement ne sont pas toujours en mesure d'y accéder.  L'esprit d'équité, de justice, et d'humanité, impose que les médicaments soient accessibles à tous.  Dans cet esprit, si les pays en développement ont un devoir d'adhésion et d'implication dans les efforts menés, les pays riches, qui ne peuvent trahir la personne humaine, ont pour leur part un devoir d'humanité et de solidarité.


Il est nécessaire que le Fonds mondial pour le VIH/sida, qui sera alimenté par les contributions des uns et des autres, et notamment par les plus riches, soit pleinement et rapidement opérationnel.  Ce Fonds permettra ainsi aux pays en développement de se procurer des médicaments modernes et de poursuivre des stratégies de prévention.  Grâce à ce Fonds et au financement de la recherche, et à l'accès aux médicaments qu'il permettra, l'espoir renaîtra, et le monde pourra espérer voir disparaître le sida.  Comme elle l'a démontré au Sommet d'Abuja, l'Afrique est prête à assumer sa part de partenariat en matière de lutte contre le VIH/sida.  En ce qui concerne le Gabon, au-delà des actions classiques de prévention, nous avons créé un Fonds de solidarité pour la lutte contre la pandémie.  Le moment est donc venu d'agir ensemble afin de montrer aux générations futures, que face à un fléau qui menace l'humanité, le monde a su faire preuve de solidarité.


M. FESTUS G. MOGAE, Président du Botswana : Tous les pays sont concernés par les ravages de la pandémie du VIH/sida.  Au Botswana, le Plan stratégique national de lutte contre le VIH/sida inclut une approche multisectorielle et a établi une relation de travail étroite entre le secteur privé, le secteur public et les organisations non gouvernementales.  Les stratégies de prévention mettent l’accent sur les services de conseil à domicile, des mesures visant à faire changer les comportements de groupes tels que les jeunes et autres groupes vulnérables, des dépistages volontaires et la prévention des transmissions de la mère à l’enfant.  Une combinaison de soins hospitaliers et de soins dispensés au niveau de la communauté est à la base des soins offerts aux personnes et aux familles infectées, ainsi qu’aux orphelins.  Les stratégies de traitement portent sur le traitement de la douleur et des symptômes, ainsi que la prévention et le traitement des infections opportunistes.  Nous allons enfin prochainement proposer des thérapies antirétrovirales dans les structures hospitalières publiques.


Le Botswana apporte un soutien sans réserve à la proposition d’établir un Fonds mondial pour le VIH/sida.  Ce fonds devrait cependant s’assurer que les ressources sont dirigées vers les pays les plus touchés par l’épidémie, notamment le Botswana qu’il serait injuste d’exclure sur la base du revenu par habitant.  Enfin, si le défi du millénaire est d’enrayer l’épidémie, ce sont non seulement des stratégies de prévention et de soins qui sont nécessaires, mais aussi des mesures significatives de lutte contre la pauvreté et les inégalités entre les sexes.


M. DENZIL L. DOUGLAS, Premier Ministre de Saint-Kitts-et-Nevis : Cette session extraordinaire nous donne l'opportunité de voir de plus près la réalité du VIH/sida et de son impact, et de débattre de ce qui pourrait être accompli en vue de lui faire face.  Nous remercions le Secrétaire général pour son Rapport du millénaire qui lançait un appel aux décideurs afin que tout soit fait pour arrêter la propagation de cette pandémie à la date butoir de 2015.  Les stigmates du VIH/sida, l'ostracisme social qui lui est attaché, le rejet à l'intérieur des familles et le manque de ressources pour se faire soigner, constituent de sérieux obstacles  à la résolution de cette question.  En plus, dans les Caraïbes, nous avons peur que la maladie ne décime toute une génération de jeunes, n'affaiblisse nos économies et ne ramène de plusieurs décennies en arrière notre développement économique.  Le taux de contamination dans les Caraïbes se situe juste après celui de l'Afrique subsaharienne, et précède celui de l'Amérique du Nord et de l'Asie du Sud-Est.  Mais malheureusement, les institutions et fondations privées qui s'engagent à assister les pays d'Afrique ne semblent pas reconnaître la gravité de la situation dans les Caraïbes.  Selon de récentes statistiques du Centre épidémiologique des Caraïbes (CAREC) et de l'ONUSIDA, 360 000 adultes et enfants vivent dans la région avec le VIH/sida, dont 60 000 ont été récemment infectés par le VIH.  A ce jour, 70% des cas de sida touchent des personnes de la tranche d'âge de 15 à 44 ans, et 50% de ces personnes ont entre 25 et 34 ans.  La maladie pose donc un défi évident au développement de la sécurité humaine.


Nous accueillons avec joie les dernières indications selon lesquelles la communauté internationale a commencé à reconnaître le VIH/sida comme une vraie menace au développement de nos petits pays.  Récemment, certains pays développés ont pris de modestes initiatives pour nous soutenir, et la Banque mondiale a ouvert une ligne de crédit à faible taux d'intérêt, de 150 millions de dollars, pour aider les pays dans leurs projets de lutte contre le VIH/sida.  Les pays des Caraïbes ont été actifs et engagés, et nous avons pris les mesures nécessaires pour construire les infrastructures adéquates et renforcer les mécanismes régionaux de lutte contre la pandémie.  Notre gouvernement a construit des partenariats stratégiques avec le CAREC, l'Organisation panaméricaine de la santé, le secteur privé, la société civile et les groupes de personnes affectées par la maladie et les autres.  Les discussions franches que nous avons menées ont permis de développer un Plan d’action stratégique national contre le VIH/sida de Saint-Kitts-et-Nevis.  Tous les programmes que nous avons lancés visent à nous placer au premier rang de la lutte contre la pandémie, et à nous permettre de développer des mécanismes d'accès aux traitements et aux soins.  Mais, tout comme les pays africains, les pays des Caraïbes, dont les budgets sont limités, ont très peu accès aux médicaments antirétroviraux, fort coûteux, qui peuvent prolonger ou améliorer la vie des personnes infectées.  La dernière effrayante statistique, selon les estimations de l'ONU et du CAREC, indique que la mortalité infantile augmentera de 60% d'ici à 2010 si nos programmes de traitement ne sont pas améliorés.


M. ABDOULAYE WADE, Président du Sénégal : Le temps des constats est révolu.  Il faut agir d’urgence et à tous les échelons de la société.  Agir contre le sida, c’est d’abord en parler et rompre définitivement la conspiration du silence.  Je voudrais notamment rappeler ici l’engagement pris à Abuja de consacrer 15% de nos budgets nationaux à la santé et, en priorité, à la lutte contre le sida.  Au Sénégal, nous avons pris, dès l’apparition des premiers cas en 1986, les mesures idoines pour faire face à la situation en créant notamment un Comité national de lutte contre le sida, le renforcement de la politique des transfusions avec le dépistage systématique des dons de sang et la mise en vente à des prix subventionnés par l’Etat, des tests commerciaux de dépistage du sida.  A cela s’ajoute une politique hardie d’information, d’éducation de sensibilisation menée de concert par les pouvoirs publics, les ONG, les leaders d’opinion y compris les guides religieux.  Ces actions, combinées à bien d’autres, ont permis au Sénégal de maintenir le taux de prévalence à moins de 2% de sa population.  Du reste, des instances internationales faisant autorité, à l’instar du programme ONUSIDA, ont reconnu et apprécié le succès du Sénégal dans ses efforts pour endiguer la maladie.


Grâce à un dialogue ouvert et constructif avec ses partenaires, mon Gouvernement est parvenu à un accord faisant baisser de manière substantielle le coût du traitement contre le sida.  Dans le même élan, le Sénégal procèdera dès l’année prochaine aux premiers essais d’un vaccin préventif contre le sida.  La réunion internationale sur l’accès aux soins des personnes atteintes du sida que le Sénégal organisera les 30 novembre et 1er décembre prochains, s’inscrit également dans cette double approche préventive et curative de la maladie.


M. JOHN AGYEKUM KUFUOR, Président de la République du Ghana : La tenue de cette session extraordinaire de l’Assemblée générale témoigne de la prise de conscience par la communauté internationale de la nécessité de lutter contre la pandémie du VIH/Sida qui constitue une menace pour l’humanité tout entière.  Bien que l’Afrique ne soit pas le seul continent touché par ce virus, nos systèmes de sécurité sociale et notre développement économique sont menacés et cette situation exige une action internationale concertée pour inverser la tendance et arrêter la propagation de cette épidémie sur le continent.  Au Ghana, depuis 1986, un Cadre


national de lutte contre le VIH/sida a été mis en place ainsi qu’une Commission nationale rattachée à la Présidence.  Grâce à ces institutions, le Gouvernement ghanéen est parvenu à établir un partenariat avec les organisations non gouvernementales, la société civile les groupes religieux et les chefs traditionnels afin de mobiliser les énergies pour la prise en charge des malades et de diffuser l’information en matière de prévention.


En dépit de toutes ces mesures, le succès des programmes nationaux, au Ghana comme sur le reste du continent, dépend des ressources humaines et financières disponibles.  A Abuja, nous avons pris la décision, malgré nos contraintes budgétaires, d’allouer au moins 15% de nos budgets nationaux aux programmes de santé afin de lutter contre cette pandémie.  A ce titre, je souhaite apporter mon soutien à l’initiative du Secrétaire général de créer un Fonds mondial pour le sida et la santé qui serait administré par les Nations Unies.  Ma délégation en appelle également à la solidarité de la communauté internationale avec le continent africain afin de l’assister dans sa lutte contre le VIH/sida.  Cette solidarité devrait se traduire par des mesures d’allègement de la dette et d’augmentation de l’aide publique au développement.  Enfin, nous souhaitons également que les traitements disponibles au plan international soient mis à la disposition des populations affectées par le VIH/sida sur le continent africain et que les normes internationales en matière de commerce et de brevets soient assouplies afin de démocratiser l’accès aux soins.


M. PASCOAL MOCUMBI, Premier Ministre du Mozambique : La région d’Afrique australe comprend sept des dix pays les plus touchés par le VIH/sida dans le monde.  La communauté internationale doit faire preuve de volonté politique pour atténuer les conséquences de cette pandémie que l’humanité n’a encore jamais connue.  La pauvreté, le manque d’information et la faiblesse des infrastructures sapent les efforts menés dans la région d’Afrique australe pour combattre l’épidémie.  Celle-ci se propage surtout à cause de la pauvreté et de l’inégalité affectant les femmes.  Les très jeunes filles qui sont déjà mariées ne peuvent pas pratiquer l’abstinence dans leur vie sexuelle, et se voient souvent refuser l’utilisation de préservatifs.  Parmi les engagements pris dans la région, on note que les dirigeants africains ont récemment signé la Déclaration d’Abuja, que la Communauté de développement des Etats de l’Afrique australe a adopté un cadre stratégique et un programme d’action pour 2000-2004 et que la Communauté des pays lusophones essaie de renforcer les programmes nationaux existants en adoptant un instrument multilatéral. 


Pour le Gouvernement du Mozambique, la lutte contre le VIH/sida est une priorité.  Un Conseil national a pour mission de coordonner les actions multisectorielles et un plan stratégique national a été mis en place pour lutter contre le VIH/sida et réduire la pauvreté absolue.  L’accent est mis sur le rôle important de la famille dans les soins et traitements, ainsi que sur la prévention qui commence par rompre le silence.  Une attention particulière est accordée aux groupes vulnérables tels que les femmes et les jeunes, en leur fournissant notamment davantage d’informations ainsi que des préservatifs.  Le souci de donner aux orphelins du sida un environnement adéquat pour bien vivre est aussi une priorité.  Le Parlement du Mozambique doit débattre prochainement d’une loi qui protègera les droits des personnes touchées par le VIH/sida.  Il faut aussi que la


société civile et le secteur privé s’investisse dans cette lutte, par le biais de partenariats forts.  Enfin, il faut tout faire pour ne pas laisser la situation telle qu’elle est pour les générations futures.  La création du Fonds mondial pour le sida et la santé est tout à fait louable et ceux qui le peuvent doivent y contribuer rapidement, tout en s’assurant de son efficacité et de sa transparence.


M. OLUSEGUN OBASANJO, Président du Nigeria : Il y a deux mois, les dirigeants africains se sont réunis à Abuja pour déclarer leur ferme engagement à combattre la propagation du VIH/sida et d’assurer la survie de notre continent.  Il est en effet regrettable de noter que, en plus des problèmes de sous-développement, de pauvreté, de famine et de conflits internes, le continent africain est le plus sévèrement affecté par le VIH/sida.  Sur les 36 millions de personnes infectées dans le monde, 25 millions vivent en Afrique et sur les

13 millions d’enfants porteurs du virus, 12 millions d’entre eux sont Africains.  Face à un tel désastre qui menace la survie de notre continent, nous n’avons d’autre choix que de prendre des mesures exceptionnelles aux plans national, régional et mondial afin de freiner la propagation de ce fléau.  A Abuja, nous avons décidé de prendre des mesures au plan national afin d’inverser la tendance actuelle et nous nous sommes notamment engagés à allouer 15% de nos budgets nationaux au développement du secteur de la santé.  Nous avons également créé le «Leadership AIDS Watch for Africa» qui réunit sept Chefs d’Etat et le Directeur général de l’ONUSIDA. 


Cependant, au-delà des initiatives que nous prenons à l’échelle du continent africain, nous avons besoin de l’assistance de la communauté internationale car nos économies sont trop fragiles, nos ressources humaines trop insuffisantes pour mener seuls la lutte contre le VIH/sida.  Cette session extraordinaire est d’une importance capitale pour les populations africaines qui espèrent qu’elle sera l’occasion de mobiliser la coopération internationale indispensable pour assister le continent africain  à faire face aux conséquences économiques et sociales de ce fléau.  Cette session doit permettre d’accorder la priorité aux traitements qui doivent être mis à la disposition des populations infectées, aux questions de transmission mère-enfant, au problème des enfants orphelins du sida afin qu’ils puissent grandir comme tous les autres.  Nous devons nous engager ici à venir en aide aux personnes qui vivent avec le VIH/sida et à libérer l’humanité de la menace que fait peser cette pandémie sur son avenir.


M. JORGE SAMPAIO, Président du Portugal : Le temps n’est plus à la complaisance ni aux hésitations.  Il s’agit, au cours de ce forum, de placer la question du sida, en tête de l’ordre du jour politique international comme une question humanitaire constituant une menace grave pour la sécurité et le développement économique et social à un grand nombre de pays et régions.  Au niveau bilatéral, nous sommes engagés dans une action visant à augmenter la prise de conscience dans les pays lusophones d’Afrique par le biais de la Communauté des pays lusophones à laquelle le Brésil, un cas exemplaire de lutte réussie contre l’épidémie, apporte une contribution majeure.  Au niveau multilatéral, nous soutenons la constitution d’un Fonds mondial pour le santé et le sida qui couvrirait aussi d’autres maladies transmissibles telles que la malaria et la tuberculose.  Il est sans aucun doute nécessaire d’affecter des ressources supplémentaires à la prévention et au traitement du sida ainsi qu’à des programmes de recherche.


Dans le cas du Portugal où, dans le contexte européen, le sida pose un problème significatif, je voudrais souligner que les mesures prises dans le domaine de la drogue, ont été très efficaces et ont contribué à l’amélioration des résultats liés aux effets du sida.  Je voudrais aussi insister sur la nécessité de mener des actions à l'égard des immigrants, des populations mobiles et des prisonniers qui doivent partager les possibilités offertes à l’ensemble de la communauté.  Je voudrais m’adresser tout spécialement aux églises et aux groupes religieux.  Je voudrais les voir jouer un rôle renforcé dans la lutte contre le sida.  Ici encore, pour des raisons humanitaires impérieuses, un engagement basé sur la compassion et la solidarité est essentiel, un engagement qui n’a pas à mettre en cause les croyances et valeurs morales de chacun.


M. DANIEL ARAP MOI, Président et Commandant en chef des forces armées de la République du Kenya : Le continent africain a subi de dures épreuves, guerres, sécheresses, inondations, auxquelles son peuple a su s'adapter et résister mais le sida est une catastrophe d'une ampleur sans précédent, et sans remède connu.  Des millions d'Africains sont morts du sida et encore des millions vont en mourir.  Il incombe aux dirigeants de reléguer ce fléau aux annales de l'histoire plutôt que de le laisser devenir le destin de notre peuple.  Notre Gouvernement doit choisir entre les vies des êtres humains qui forment son peuple et le droit qui protège les intérêts commerciaux.  Et il est acquis que la vie humaine passe avant toute chose.  Nous exécuterons ce choix d'une manière équilibrée en veillant à protéger les intérêts du monde de la recherche et du développement dans le domaine pharmaceutique.  Un tel équilibre peut être atteint en mettant à disposition des malades les meilleurs traitements aux prix les plus bas.  A l'heure actuelle, nous ne pouvons payer les prix demandés au niveau international pour les traitements dont nous avons besoin. 


Mon Gouvernement a promulgué une législation suspendant la protection légale des brevets en vigueur.  Elle est conçue pour prévenir les abus et la fabrication, la vente, la distribution et l'exportation sont sévèrement contrôlés.  L'unique but de cette législation est de fabriquer des traitements contre le VIH/sida de haute qualité qui sont actuellement protégés par des brevets internationaux.  Ces traitements seront mis à la disposition de mon peuple à un prix aussi bas que possible.  Il n'est pas question que des entreprises ou des individus réalisent de confortables bénéfices au détriment de mon peuple, du peuple africain, ou au détriment des titulaires des brevets concernés.  Notre intention est de lancer une croisade pour la vie.  Chaque semaine, encore des milliers de personnes meurent du sida ou sont infectées.  Je ne suis pas prêt à laisser cela continuer.  Cette campagne sera menée avec la plus grande énergie et le peuple du Kenya ainsi que le peuple africain en seront les bénéficiaires. 


M. PAUL KAGAME, Président de la République du Rwanda : Le VIH/sida constitue une menace au développement économique et social et à la sécurité mondiale comme l’a reconnu le Conseil de sécurité en janvier 2000.  Par la suite, les Chefs d’Etat africains se sont réunis à Abuja pour prendre des mesures concrètes et mobiliser des ressources adéquates afin de lutter contre ce fléau.  De leur côté, les femmes africaines ont pris une série d’initiatives afin de sensibiliser le reste du monde aux conséquences dramatiques de la pandémie du VIH/sida pour notre continent et, au cours du mois de mai dernier, un sommet des Premières Dames d’Afrique réuni à Kigali a été l’occasion de souligner l’urgence à venir en aide aux populations les plus vulnérables, en particulier les femmes et les enfants.  Le Rwanda est l’un des 14 pays africains les plus touchés par le VIH/sida et sur une population de 8 millions de personnes, on en compte 400 000 infectées. 

Les viols systématiques commis au cours du génocide et les conséquences du déplacement des populations au cours du conflit ont eu de lourdes incidences sur la propagation du VIH/sida qui n’ont toujours pas été évaluées à leur juste valeur. 


En dépit de ces problèmes, le Rwanda a pris une série d’initiatives sur le plan national, en particulier une campagne de sensibilisation qui a permis, depuis 1997, de convaincre un nombre considérable de volontaires à réaliser des tests.  Un programme de prévention de la transmission du VIH/sida mère-enfant a été mis en place et des subventions ont été accordés à des traitements antirétroviraux afin de les rendre accessibles au plus grand nombre.  La Commission nationale contre le VIH/sida coordonne les activités et des groupes de jeunes se mobilisent afin de sensibiliser les élèves et étudiants aux dangers que constitue ce fléau. Au-delà de ces initiatives, il est urgent de lancer une action efficace à l’échelle mondiale et de mobiliser les ressources nécessaires afin de mettre en œuvre de manière responsable et transparente un programme d’action et de lutte contre le VIH/sida.


M. HUBERT INGRAHAM, Premier Ministre des Bahamas : Les conséquences du VIH/sida sur le développement, la croissance et la stabilité des économies sont particulièrement graves pour les petits pays en développement.  Une réunion s’est tenue l’année dernière avec les pays du G8 qui se sont engagés en faveur de la création d’un Fonds mondial de lutte contre le VIH/sida et la santé.  Le Gouvernement des Bahamas soutient vigoureusement la création du Fonds, ainsi que l’objectif de permettre aux donateurs d’agir directement au niveau national.  En ce qui concerne le plan stratégique de lutte contre l’épidémie, l’accès aux médicaments n’est pas suffisant et il faut aussi s’attacher, entre autres, à la promotion de la santé, la recherche, la formation et la coordination des réseaux.  Aux Bahamas, ONUSIDA estime que 4% des personnes sont infectées par le virus.  Très tôt le Gouvernement a reconnu la terrible menace du  HIV/sida, ce qui a permis de limiter son expansion.  Une Commission nationale pour la prévention et le contrôle du sida a été créée en 1985 et propose aujourd’hui une réponse élaborée et multisectorielle, avec la participation des secteurs public et privé.  Une attention particulière est donnée aux femmes enceintes qui bénéficient à ce jour de la trithérapie lorsqu’elles sont séropositives.  Enfin, les Bahamas assistent les pays voisins des Caraïbes, comme Antigua-et-Barbuda et Belize, avec des programmes de formation.


M. CARLOS LAGE DAVILA, Vice-Président de Cuba: La  stratégie cubaine de lutte contre la maladie comprend des soins exhaustifs et gratuits aux personnes souffrant du VIH/sida, des médicaments antirétroviraux pour toutes les personnes infectées, et garantit que les personnes infectées soient intégrées socialement et ne souffrent pas de discrimination.  Le dépistage volontaire des mères a permis de faire totalement disparaître la transmission de la mère à l’enfant, et une campagne de prévention et d’éducation dirigée en faveur des groupes à risque, les jeunes et toute la population, a permis de faire de Cuba le pays le moins touché d’Amérique, et l’un des moins touchés du monde; seulement 0,03 % de la population entre 15 et 49 ans est infectée.  Les sept à dix milliards de dollars pour la lutte contre le sida versés au Fonds mondial pour le sida et la santé sont insuffisants, dans un monde qui dépense 40 fois plus pour la consommation illicite de drogues, 80 fois plus dans les équipements militaires, et 100 fois plus en publicité.  Les donations et les actions philanthropiques sont bienvenues et appréciées, mais elles ne constituent pas une solution au problème du sida; nous avons besoin de justice et de solidarité.


Devant un ordre économique international qui est fondamentalement injuste, cette session extraordinaire de l’Assemblée générale devrait proclamer que les médicaments et autres traitements de lutte contre le sida ne peuvent pas être protégés par des brevets et des licences.  Il ne devrait pas être possible de faire du profit aux dépens de vies humaines.  Par ailleurs, le Gouvernement de Cuba souhaite offrir aux pays qui sont le plus gravement touchés par la maladie: 4 000 médecins et personnel médical qui assureraient le suivi des malades et pourraient former des spécialistes, des infirmières et des techniciens de la santé; des professeurs nécessaires à la création de 20 facultés de médecine, ainsi que les médecins, éducateurs, psychologues et autres spécialistes pour organiser des campagnes de prévention contre le sida; des traitements antirétroviraux pour 30 000 malades.  Pour ce faire, la communauté internationale doit fournir les médicaments, les équipements et les ressources matérielles complémentaires à ces services.  Cuba versera les salaires de ses coopérants, cette partie étant généralement la plus coûteuse pour les organisations internationales de la santé.


M. ERIYA KATEGAYA, Vice-Premier Ministre de l'Ouganda : Mon pays, considéré comme l'épicentre de l'épidémie au milieu des années 1980, est aujourd'hui fréquemment considéré comme un "succès".  La prévalence du VIH/sida est en effet passée de 18,5% en 1993 à 8,3% en 1999 et à 6,2% en 2000.  La lutte que notre pays mène depuis plus de 20 ans a bénéficié des mesures suivantes: la mise en place d'une stratégie multisectorielle aux niveaux politique, culturel, économique et sanitaire; un engagement politique afin de lutter contre la crainte, la panique et la discrimination; l'ouverture de débats publics sur le sida; la mobilisation des communautés.  Dans l’avenir, les activités suivantes, qui se sont révélées fructueuses, vont être intensifiées: les fonds d'allègement de la dette au titre de l'initiative en faveur des pays les plus endettés vont être consacrés au Programme national de lutte contre le sida.  L'Ouganda va renforcer les initiatives globales au service des communautés et visant la réduction des inégalités entre hommes et femmes, la pauvreté endémique et les problèmes propres aux adolescents.  Il introduit en ce moment les traitements antirétroviraux dans le système de santé publique, en commençant par la prévention de la transmission entre la mère et l'enfant; l'obstacle essentiel de cette stratégie étant son coût, il est nécessaire que la communauté internationale fasse preuve de générosité afin de résoudre ce problème. 


Afin d’éliminer la pandémie du VIH/sida, certaines tâches restent prioritaires: d'abord, l'éducation des groupes à risque, qui ne doit pas perdre de vue les différences culturelles et religieuses et doit impliquer largement les communautés; en deuxième lieu, la gestion de la crise liée au nombre important d'orphelins; ensuite, la décentralisation des services vers les communautés de base; enfin, un programme universel d'éducation primaire et des programmes visant à éradiquer la pauvreté.  A ce titre, les acteurs de la finance internationale peuvent participer activement et aider les pays à diriger des ressources vers la lutte contre la maladie.  L'établissement du Fonds mondial pour le VIH/sida et la santé est essentiel et attendu avec la plus grande impatience; l'Ouganda y participera à hauteur de 2 millions de dollars et attend que les pays les plus riches y contribuent proportionnellement à leurs ressources. 


Mme ANNE KRISTIN SYDNES, Ministre du développement international de la Norvège : Gagner la guerre contre le sida sera une affaire de courage politique.  On aura besoin d'une mobilisation de ressources sans précédent, de franchir les murs du silence et de la dénégation, de parler de sexe et de préservatifs en public, devant nos enfants, de mettre fin à la discrimination et à la honte, de parler de partenariats et non d'exclusion, d'établir un dialogue avec les homosexuels, ceux qui se droguent par injection, ceux qui sont impliqués dans l'industrie du sexe.  On aura besoin d'une réponse basée sur la promotion et la protection des droits de l'homme, du droit à la santé, du droit à la vie.  Pourquoi?  Parce que ceux dont la dignité et les droits sont bafoués sont plus vulnérables à l'infection, parce que la discrimination des personnes infectées décourage le dépistage et parce que l'épidémie constitue un défi considérable au droit à la santé.


Il est nécessaire de rendre les traitements pour le VIH/sida moins coûteux afin d'améliorer leur accessibilité; les compagnies pharmaceutiques doivent être tenues pour moralement responsables et les accords avec les sociétés pharmaceutiques doivent être une option disponible aux pays en développement.  La prévention doit être l'axe central de l'intervention pour éviter que la maladie ne se propage.  A cet égard, l'émancipation des femmes est essentielle pour qu'elles puissent elles-mêmes se protéger.  En ce qui concerne le Fonds mondial pour le sida et la tuberculose, la Norvège s'engage à verser environ 110 millions de dollars au cours des cinq premières années du fonctionnement du Fonds, afin que ce Fonds puisse renforcer les systèmes de santé des pays les plus pauvres en collaboration avec l'Organisation mondiale de la santé.


M. COLIN POWELL, Secrétaire d’Etat des Etats-Unis : Cette session est un véritable jalon dans l’histoire des Nations Unies; nous sommes entrés dans une nouvelle ère, marquée par la démocratie et l’innovation technologique, et nous avons été aveuglés par ses promesses.  Ce n’est que maintenant que nous nous rendons compte de la menace que constitue l’épidémie du VIH/sida.  Nous ne sommes plus au Moyen-âge, une époque où l’on pensait que la peste était infligée pour punir les péchés.  Aujourd’hui, la science nous offre l’espoir d’un vaccin.  Que diront les historiens, que diront nos enfants si nous n’obtenons pas de résultats? Le Président Bush se joint au Secrétaire général pour dire que notre réponse doit être globale et que ce n’est que tous ensemble que nous pouvons réussir.


Le Président Bush a déjà annoncé que les Etats-Unis verseraient 200 millions au Fonds mondial pour le sida et la santé.  J’espère que ces premières contributions vont encourager à injecter d’autres fonds.  Les Etats-Unis sont déjà le premier pays contributeur à la lutte contre le sida avec 50% de la totalité des fonds versés jusqu’à ce jour.  Nous sommes confrontés à une pandémie qui détruit beaucoup plus qu’une véritable guerre.  J’ai été soldat, je sais ce que c’est que la guerre mais cet ennemi-là est beaucoup plus insidieux qu’un ennemi ordinaire.  Il faut que les  médicaments soient accessibles à tous; il faut aussi adopter une approche pour lutter efficacement contre ce fléau.  L’élément le plus important est la prévention.  Dans ce combat, nous devons être alliés, ne laissons pas le sida nous diviser.  Le Fonds ne concerne pas que les grands donateurs.  Il faut que les particuliers, les organisations religieuses jouent leur rôle.  Le silence tue, il faut rompre ce silence.  Je ne minimise par le courage nécessaire pour dire qui l’on est et rompre la tradition mais nous avons besoin de ce courage. 


L’ennemi est le sida, pas les malades.  Les statistiques sont alarmantes.  Pendant la durée de cette session, 3 000 personnes apprendront qu’elles sont contaminées.  Le sida ne doit pas nous voler notre avenir.  Le monde nous observe.  Nous devons répondre de façon positive au message lancé par l’ONU.


M. MANTOMBANZA TSHABALALA MSIMANG, Ministre de la santé de l’Afrique du Sud : Nous sommes venus à New York car nous sommes convaincus que l’avenir des nations et des peuples du monde dépend de notre engagement et de notre détermination à agir et donc des décisions qui seront prises au cours de cette session extraordinaire.  Cette catastrophe du VIH/sida vient s’ajouter à celles de la pauvreté, du sous-développement et des autres problèmes de santé publique et exige que nous trouvions des solutions urgentes.  Nous avons de nombreuses idées sur les voies et moyens de lutter contre ce fléau et de stopper sa propagation à l’échelle mondiale, nos programmes nationaux répondent déjà aux exigences posées dans le projet de déclaration que nous allons examiner au cours de cette session.  Parmi ces mesures, le programme sud-africain prévoit des campagnes d’information ciblées pour toutes les couches de la population ainsi que la mise à disposition gratuite de préservatifs.  Il prévoit également des initiatives en faveur des jeunes et, en particulier, des jeunes filles afin de les sensibiliser davantage et de les protéger de la propagation du virus.  Cependant, nous devons, dans les pays en développement, accorder une importance particulière à la transmission du VIH/sida mère-enfant et un programme d’assistance aux mères infectées a été lancé en Afrique du Sud afin de lutter contre la transmission par l’allaitement.  Au-delà des programmes de prévention, nous devons encourager et accélérer la recherche sur le VIH/sida afin de mettre en lumière ses conséquences sur la santé, comme par exemple son lien étroit avec la tuberculose, et de parvenir à l’éradiquer. 


Les millions de personnes infectées doivent être assistées et il est urgent de mobiliser les énergies afin de résoudre cette crise mondiale.  Nous devons redoubler d’efforts tant à l’échelle régionale, au sein de la Communauté pour le développement de l’Afrique australe (SADC), qu’à l’échelle mondiale et ces efforts doivent se traduire dans un soutien au Fonds mondial pour le VIH/sida et la santé.  A ce propos, nous sommes inquiets des faibles contributions versées à ce jour et du peu d’engouement et souhaiterions entendre de la part des autres délégations «voici le chèque». 


M. ABDUL MALIK KASI, Ministre de la santé du Pakistan : Cette session extraordinaire est une occasion unique de réaffirmer notre engagement à lutter contre la pandémie du VIH/sida et de mettre en œuvre un programme d’action mondial afin de venir à bout de ce fléau sans précédent pour l’humanité.  Car il ne s’agit plus uniquement d’un problème de santé mais d’une question de sécurité dans la mesure où des millions d’êtres humains sont menacés d’extinction.  22 millions de personnes sont déjà mortes et 36 millions de personnes infectées sont recensées sur la planète dont 25 millions en Afrique subsaharienne.  L’Asie et l’Amérique latine comptent pour leur part 8 millions de personnes porteuses du virus, ce qui représente au total 90% des victimes mondiales vivant dans le monde en développement déjà affecté par la pauvreté, la faim, l’analphabétisme et le sous-développement.  La pauvreté a été reconnue comme une des causes de propagation du virus et toute solution à ce fléau passe inévitablement par une coopération internationale accrue avec les pays en développement.  Le VIH/sida a en fin de compte eu un impact plus dramatique que prévu et les moyens mis à la disposition de la lutte contre ce fléau, tant aux niveaux national, régional qu’international,

demeurent insuffisants face aux besoins.  Nous tenons à nous féliciter de la présence des grands groupes pharmaceutiques à cette session extraordinaire et les exhortons à considérer le VIH/sida comme une question humanitaire et à rendre leurs traitements disponibles pour les populations des pays les plus pauvres. 


Le VIH/sida est, certes, une question qui touche essentiellement le continent africain mais affecte d’autres aussi d’autres régions et nous sommes de l’avis du Secrétaire général que les pays d’Asie devraient prendre des mesures préventives contre la propagation du VIH/sida plutôt que de minimiser son impact.  Le Depuis le premier cas décelé en 1986, le Pakistan compte actuellement 1 549 porteurs du virus et 202 malades du sida.  De nombreux programmes ont été mis en œuvre pour limiter sa propagation et le Gouvernement subventionne par exemple à hauteur de 80% le programme national de lutte contre le sida.  Des programmes décentralisés ont été mis en place à l’échelle provinciale et ils associent les médias, les organisations non gouvernementales, les associations, les groupes religieux et culturels.  Ces programmes comprennent la diffusion de l’information sur les mesures de prévention et aussi des tests gratuits pour les volontaires ainsi que le contrôle des centres de transfusion sanguine.  Le Pakistan a par ailleurs développé des programmes de recherche scientifique et un projet pilote pour l’Asie du Sud-Est, en collaboration avec l’ONUSIDA pour la protection des populations à haut risque.  Nous sommes prêts à nous mobiliser avec l’ensemble de la communauté internationale pour venir à bout de ce fléau.


M. JON KRISTJANSSON, Ministre de la santé et de la sécurité sociale de l'Islande : Bien que l'Islande soit la nation au revenu par habitant le plus élevé au monde, bénéficie d'un haut niveau d'éducation et qu'en tant qu'île, elle ne partage pas ses frontières avec D’autre pays, les Islandais n'ont pas été épargnés par le fléau du sida.  Les problèmes que rencontre l'Islande, dans ce domaine, sont cependant modestes comparés à ceux d'autres nations, en particulier en Afrique.  La répartition géographique de cette maladie aux conséquences dévastatrices n'est pas régulière.  Pour faire face aux problèmes que pose le sida, nous devons en tout premier lieu renforcer les mesures préventives et protéger de l'infection les personnes qu'elle n'a pas encore atteintes.  Les traitements et les soins médicaux vitaux doivent être mis à la disposition de ceux qui en ont besoin et la recherche médicale doit être intensifiée.  Mais pour atteindre ces objectifs, nous devons promouvoir les droits de l'homme et améliorer la situation des femmes, poursuivre la lutte contre la stigmatisation du sida et des personnes infectées, informer et éduquer, influencer les comportements et les traditions.  Faute de quoi, nous ne ferons pas de progrès dans la lutte contre le sida. 


Les nations nanties doivent aider celles qui sont dans le besoin.  Nous pouvons le faire en assistant les organisations humanitaires internationales, en travaillant avec l'industrie pharmaceutique à réduire le prix des traitements et en aidant les pays pauvres à acheter les traitements contre le sida.  Bien que les traitements contre le sida puissent sauver des vies et réduire le taux de transmission du virus de la mère à l'enfant, ils ne peuvent être mis à profit s'ils ne sont pas mis à la disposition de ces personnes par des services de santé fonctionnels.  En outre, il faut tenir compte des difficultés liées à l'administration de traitements médicaux contre l'infection par le VIH/sida, de leurs effets secondaires et de la nécessité de détecter la présence de virus dans l'organisme des patients sous traitement.  Nous savons que le VIH/sida ne disparaîtra pas de sitôt car il n'a ni remède ni de vaccin efficace.  Dans l'état actuel des choses, le défi qui nous attend est de contenir l'épidémie.  L'infection au VIH/sida étant une maladie chronique exigeant un traitement tout au long de la vie du malade, les gouvernements de tous les pays doivent prendre des initiatives en matière de plans à long terme en vue de réduire l'impact social et financier de l'épidémie.  Le Gouvernement islandais est prêt à apporter son soutien à la Déclaration sur le VIH/sida et contribuera financièrement au Fonds mondial pour la lutte contre le VIH/sida.  


M. HANSJÖRG FRICK, Ministre de la santé publique du Liechtenstein : Il est devenu indispensable d'adopter un message politique fort et de s'engager à l'échelle mondiale, aussi bien par le biais d'une action nationale que par le biais de la coopération internationale.  Cependant, les solutions à apporter au problème du Sida doivent être abordées de façon différente selon les pays et les régions dans la mesure où la nature de facteurs tels que l'éducation, la pauvreté, les traditions culturelles varie d’un pays ou d’une région à l’autre.  Il est par conséquent indispensable de procéder à un échange d'expériences.  Dans mon propre pays mais dans d'autres aussi, on a pu constater que c'est la prévention fondée sur l'éducation et l'information qui a donné les résultats les plus satisfaisants.  Ceci requiert une ouverture et une volonté politiques de poser les questions fondamentales et de lutter contre l'ostracisme qui touche les personnes infectées par le virus du Sida.  De plus, ajoute le représentant, il faut donner la priorité aux stratégies locales et nationales afin de procéder à une identification précise des groupes particulièrement menacés par l'épidémie, et ceci avec l'aide de la société civile et des personnes vivant avec le virus.  Toutefois, la priorité donnée à la prévention ne doit pas faire oublier les soins à apporter aux personnes infectées et le secteur des affaires a un rôle central à jouer dans ce domaine.  Enfin, le Gouvernement du Liechtenstein soutient la création du Fonds mondial pour le sida et la santé.


M. VITALIY MOSKALENKO, Ministre de la santé de l'Ukraine : La lutte contre la propagation du HIV/sida est une priorité en Ukraine.  Dans ce contexte, un décret destiné à prendre des mesures pour ralentir l'expansion de l'épidémie a été signé en 2000.  De plus, il est à noter qu'une des premières lois adoptées par le Gouvernement ukrainien après l'indépendance a été celle concernant la lutte contre la propagation de cette maladie et la protection de la population.  La stratégie nationale de lutte contre le sida est fondée sur l'établissement vertical d'institutions nationales couvrant toute la sphère socioéconomique, une coopération efficace avec la communauté internationale et une collaboration avec les organisations non gouvernementales.  La politique nationale dans ce domaine est assurée par la Commission nationale sur la prévention du VIH/sida.  Un réseau d'institutions liées à la santé a été créé et des mesures efficaces de prévention de la transmission de la mère à l'enfant ont été mises en place.  L'Ukraine peut, en outre, partager son expérience avec ses partenaires d'Europe orientale et d'Asie.  Dans ce cadre, l'Ukraine accueille favorablement le projet d’installer en Ukraine le Centre méthodologique de formation d'Europe Orientale sur le VIH/sida qui pourrait opérer dans le contexte du Groupe GUUAM (Géorgie, Ouzbékistan, Ukraine, Azerbaïdjan, Moldavie) avec la participation de tous les autres pays intéressés.  Nous appelons la communauté internationale à redoubler d'efforts pour mobiliser toutes les ressources scientifiques et techniques de recherche sur les médicaments et vaccins et à soutenir l'Ukraine dans sa lutte contre la propagation


de l'épidémie dont les résultats pourraient se révéler plus catastrophiques que la catastrophe de Tchernobyl.  En appuyant l’engagement qui sera adoptée dans le cadre de la session extraordinaire de l'Assemblée générale, l'Ukraine réaffirme sa volonté de se mobiliser dans la lutte contre le VIH/sida et la preuve de cet engagement politique réside dans la récente décision prise par le Président de l'Ukraine de faire de l'année 2002 l'année de la lutte contre le VIH/sida.


Mme CLARE SHORT, Secrétaire d’Etat au développement international du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord : La pandémie du VIH/sida constitue un obstacle majeur au développement en Afrique subsaharienne et cause des pertes et des souffrances considérables aux populations. Cependant, personne ne peut être complaisant car aucun pays n’est épargné et le virus se propage dans le monde entier, en particulier en Asie, dans les Caraïbes, en Amérique latine et dans la Fédération de Russie.  Nous devons donc agir pour freiner cette progression du virus et nous n’avons aucune raison de manifester une quelconque satisfaction à tenir cette session extraordinaire dans la mesure où nous sommes conscients de cette maladie depuis 20 ans et de son développement tragique depuis plus de dix ans.  La tenue d’une session extraordinaire n’aura pas d’effet immédiat sur la prévention et le traitement du VIH/sida puisque la communauté internationale s’était déjà engagée à la conférence Caire + 5 à New York, à réduire de 25% la transmission aux plus jeunes dans les pays les plus touchés d’ici à 2010.  En dépit de ces engagements, aucun progrès n’a été fait et nous devrions désormais demander à chaque gouvernement et aux institutions des Nations Unies de présenter un rapport annuel sur la mise en œuvre des engagements pris dans les déclarations adoptées au cours des grandes conférences plutôt que d’adopter une nouvelle Déclaration. 


Nous sommes tous conscients du fait que certains pays comme l’Ouganda et la Thaïlande ont pris des mesures courageuses qui leur ont permis de ralentir la propagation du fléau et nous devons en effet mobiliser nos efforts sur la prévention dans la mesure où aucun traitement n’a encore été trouvé contre le VIH/sida.  Nous devons accélérer la recherche d’un vaccin et également rendre disponibles les traitements antirétroviraux pour les 30 millions de porteurs du virus et qui n’ont pas les moyens d’accéder aux traitements très onéreux. 


Pour lutter contre la propagation de ce fléau, nous devons également aborder la question du VIH/sida ouvertement et avec franchise afin de mettre fin à la discrimination et changer les mentalités et les comportements.  Un tel débat doit tenir compte des populations les plus vulnérables telles que les enfants, les adolescents, les réfugiés mais aussi d’autres groupes à haut risque.  Tant que certains pays ne voudront pas tenir compte des populations à haut risque tels que les homosexuels, les professionnels du sexe, les drogués, la propagation du VIH/sida ne sera pas stoppée.  Un débat honnête, transparent et un échange d’informations sur ce virus sont essentiels si nous voulons parvenir à un succès dans notre lutte.  Nous devons, par ailleurs, poursuivre les efforts afin de trouver un vaccin et encourager les groupes pharmaceutiques européens et américains à poursuivre leurs recherches.  Nous saluons également l’important travail accompli par des instituts de recherche à Nairobi et en Afrique du Sud et invitons les bailleurs de fonds à encourager ces structures.


Le Fonds mondial pour le sida et la santé doit obtenir le soutien total de l’Assemblée générale, du G-7 et de l’ensemble de la communauté internationale. Ce fonds doit être affecté en priorité à la mise à disposition de traitements et de moyens de prévention contre le VIH/sida tandis que les programmes de santé nationaux resteront à la charge des gouvernements et de l’aide publique au développement bilatérale.  Nous souhaitons que ce fonds soit administré par un secrétariat exécutif et un comité directeur qui devra regrouper des représentants des pays en développement, d’agences de coopération et du système des Nations Unies.  Le Royaume-Uni est disposé à accorder une enveloppe de 200 millions de dollars à ce Fonds, en espérant que chacun d’entre nous regagnera son pays avec la ferme volonté d’agir car il y a eu trop de conférences internationales et de déclarations restées sans suite.


M. ARTURO VASI PAEZ, Vice-Ministre de la santé du Pérou : Face à la gravité des problèmes d'ordre économique et social posés par l'épidémie du sida, le Pérou a pris diverses mesures.  Le Programme de stratégie intégré pour le contrôle des maladies sexuellement transmissibles et le sida (PROCETSS) a, dans ce contexte, été mis en place avec un budget propre et a pour objectif principal de renforcer la prévention et les soins à apporter aux malades.  La loi sur la lutte contre le sida, qui a pour objectif de jeter les bases d'un plan national de lutte contre le sida, a été promulguée le 20 juin dernier.  Dans le cadre de ce plan, les stratégies d'action sont axées sur le dépistage précoce et l'apport de soins rapides; la lutte pour le changement des mentalités; la fourniture de traitements antirétroviraux aux femmes enceintes infectées par le virus; les dons de sang non contaminé et la promotion de pratiques sûres, tout ceci en respect de la personne humaine.  Cependant, on peut malheureusement constater que la transmission du virus ne concerne plus seulement un groupe de personnes précis mais se généralise à toute la population.  C'est pourquoi, la communauté internationale doit s'engager au niveau politique tout en restant consciente que des particularités nationales existent, qu'il est nécessaire de respecter les traditions culturelles et religieuses de chaque société et que les droits sexuels des femmes restent une composante essentielle des stratégies de lutte contre le VIH/sida.  Il est aussi indispensable de procéder à une baisse substantielle du prix des médicaments antirétroviraux.  Enfin, nous soutenons vivement la création d'un Fonds mondial qui devra fonctionner selon un principe d'ouverture et une attitude compréhensive en matière de prévention, de soins et d'assistance.


M. ABDALLAH BAALI (Algérie) : En attendant que soient mis au point des vaccins permettant de se prémunir contre cette terrible maladie, la mise à la disposition des pays en développement, à des prix abordables, des moyens de prévention et surtout des traitements tels que la trithérapie, constitue le seul moyen de juguler et d'inverser les tendances actuelles.  Il ne s'agit pas seulement de garantir le droit des malades à un traitement et à l'accès aux soins, mais de faire en sorte que leurs pays soient mis en mesure de les fournir.  Conscients de la gravité des conséquences de cette redoutable pandémie tant sur les populations que sur les économies, la stabilité et la sécurité des pays affectés, les dirigeants africains ont adopté, dès le début des années 90, une série de mesures de riposte collective concrétisées: le cadre de partenariat international pour la lutte contre le VIH/sida en Afrique, approuvé lors du Sommet d'Alger en 1999; le Plan d'action d'Alger sur les stratégies de soutien aux orphelins du VIH/sida, aux enfants vulnérables et aux enfants infectés par le VIH/sida adopté lors de la 23ème session de la Commission du travail et des affaires sociales de l'OUA; la Déclaration de Lomé sur le sida en Afrique adoptée en juillet 2000; la Déclaration adoptée en avril dernier par le Sommet d'Abuja sur le VIH/sida, la tuberculose et les autres maladies infectieuses demandant la levée de toutes les barrières tarifaires et économiques empêchant l'accès au financement des activités concernant le sida.  En Algérie, la mise en place dès 1988 d'un Programme national de lutte contre le VIH/sida et les infections sexuellement transmissibles vise trois objectifs: prévention de la transmission du VIH, réduction de l'impact individuel et familial de l'infection, et  réduction de l'impact du sida sur les dépenses en matière de lutte contre le sida.  A cette fin, l'Algérie procède à la promotion de comportements sexuels à moindre risque par l'éducation, à la sensibilisation des jeunes en milieu scolaire, à la facilitation de l'accès au préservatif et garantit l'accès aux services de santé aux séropositifs et aux malades du sida.  Cependant, l'évaluation de la concrétisation du Programme par des plans à moyen terme a fait ressortir des insuffisances qui seront prises en charge lors de l'élaboration d'un processus de planification stratégique pour les années 2001-2005.


M. YOSHIRO MORI (Japon) : Lors du Sommet du G-8 qui s'est tenu en juillet dernier à Kyushu-Okinawa, les participants s'étaient engagés à accélérer et à renforcer les efforts en faveur de la lutte contre la maladie.  A cette occasion, le Japon avait annoncé le lancement de l'initiative d'Okinawa sur les maladies infectieuses, programme d'aide de 3 milliards de dollars sur les cinq prochaines années pour aider les pays en développement à mettre en oeuvre des mesures de lutte contre le VIH/sida.  En tant que l'un des principaux bailleurs de fonds au niveau mondial, le Japon a déclaré qu'il est nécessaire d'accorder la priorité à la prévention, aux activités d'éducation et de sensibilisation du public, à la promotion d'un plus grand usage des préservatifs et à la vérification de la qualité du sang.  En deuxième lieu, il convient d'améliorer de manière urgente l'accès aux médicaments tels que les traitements antirétroviraux et d'améliorer les soins aux personnes infectées, aux patients et aux orphelins.  Pour cela, le renforcement des infrastructures sanitaires dans les pays en développement est souhaitable.  Troisièmement, la recherche sur le vaccin contre le VIH/sida doit être entreprise en collaboration entre les pays développés et les pays en développement. Enfin, il est souhaitable que les pays en développement échangent leurs expériences et que les pays bailleurs de fonds, de concert avec les organisations internationales et la société civile bâtissent un partenariat visant à mobiliser des ressources.  A cet égard, le Japon soutient l'établissement d'un Fonds mondial sur le VIH/sida et entend y contribuer de manière substantielle.


M. YASHAR ALIYEV (Azerbaïdjan) : En moins de deux décennies, le problème du VIH/sida est devenu une question de détresse mondiale et l’épidémie continue de se propager à travers le monde, affectant plus durement certaines régions.  Les pays de l’ex-Union soviétique sont particulièrement affectés et la crise économique, les changements sociaux, la pauvreté, le chômage et la prostitution ont contribué à l’aggravation de la situation dans cette région.  L’Azerbaïdjan doit faire face, par exemple, à la détresse humanitaire de plus d’un million de réfugiés et personnes déplacées en raison du conflit avec l’Arménie et cette situation favorise la propagation du virus.  Nous avons pris une série de mesures depuis 1990 et un Centre national de lutte contre le sida a été créé pour coordonner l’assistance aux victimes de ce virus et organiser la prévention. 


Cependant, les résultats sont loin d’être satisfaisants, du fait du manque de ressources financières et nous sommes favorables à une initiative mondiale de grande envergure.  Nous devons mobiliser les jeunes et les sensibiliser, prévenir la transmission mère-enfant, rendre accessibles les traitements antirétroviraux, et enfin faire avancer les progrès scientifiques afin de trouver un vaccin contre le VIH/sida.


Mme LALLA JOUMALA ALAOUI, Chef de la délégation du Maroc : Le Maroc forme le voeu que cette session extraordinaire permette de mobiliser les ressources nécessaires pour combattre la meurtrière épidémie du VIH/sida.  Nous espérons que pourra être dépassée la contradiction flagrante qui consiste à glorifier la santé, en théorie, comme étant un droit humain inaliénable, alors que dans la réalité, on note une discrimination de fait entre, d'une part les Etats avancés qui, grâce à leurs moyens et à l'exploitation de la recherche médicale, sont arrivés à circonscrire la pandémie, et de l'autre, les pays en développement qui sont dans l'incapacité de juguler la progression du mal, faute d'un minimum de prévention et de traitement, surtout sur le continent africain, dont certains Etats sont menacés par ce redoutable danger.  La mondialisation et les évolutions en cours, et les flux migratoires qui en découlent, empêchent tout pays, quel qu'il soit, de rester à l'abri de la maladie.  Edifier une couverture sanitaire et fournir les médicaments et les équipements médicaux nécessaires, entraînent une ponction importante sur les budgets de nos pays, qui consentent, par ailleurs, des exonérations fiscales et douanières pour les intrants médicaux requis, en particulier pour les médicaments dont dépend la santé des citoyens, sans discrimination sociale, géographique ou ethnique.  Nous tenons à saluer les initiatives du Secrétaire général pour mettre en place un Fonds mondial pour le VIH/sida, en vue de permettre aux pays en développement qui sont affectés par la maladie, d'accéder aux antirétroviraux.


Le Maroc a établi, en ce qui le concerne, une stratégie intégrée pour la lutte contre le VIH/sida, qui consiste en actions de dépistage, de traitement et de prévention, et associe l'ensemble des intervenants, allant des autorités gouvernementales à la société civile, dans de vastes campagnes de sensibilisation menées par les médias et parmi les jeunes et les catégories à risque.  Le Maroc répond aux préoccupations exprimées dans le projet de déclaration d'engagement qui est soumis à la session extraordinaire.  En se félicitant des initiatives de l'ONU, le Maroc exprime le souhait de bénéficier des prix préférentiels sur les médicaments qui sont consentis ailleurs, et il appelle à la mise en place de mécanismes internationaux de coopération et de coordination pour combattre cette épidémie, qui risque d'hypothéquer à la fois notre effort de développement et la sécurité sanitaire du monde entier.  Le Maroc met sa modeste expérience au service de la communauté internationale, et en particulier au service de nos frères africains, en témoignage de notre totale adhésion au principe de solidarité agissante qui doit guider notre action.


M. FERNANDO YEPEZ LASSO (Equateur) : Il nous appartient aujourd'hui de mettre en oeuvre les engagements pris lors du Sommet du millénaire, notamment celui visant à renverser la tendance de la propagation de la maladie d'ici à 2015.  Malheureusement, à l'ère de la mondialisation, le fossé entre les pays riches et les pays pauvres s'est davantage creusé et la dette extérieure empêche nombre de pays de mettre en oeuvre des programmes de santé et d'éducation.  Les sociétés multinationales sont propriétaires des brevets qui permettent la production de masse de médicaments et fixent les prix conformément à leurs intérêts propres.  Dans un tel environnement international, l'épidémie du sida constitue un défi de taille pour les Nations Unies.  En Equateur, les programmes menés à bien par le Gouvernement mettent l'accent sur la prévention des maladies sexuellement transmissibles et du VIH/sida, et tentent de viser plus spécifiquement les groupes à risque et les groupes vulnérables.  Une grande attention est également accordée à la disponibilité de médicaments à bas prix et à la participation de tous les secteurs de la vie sociale à la planification, à la mise en oeuvre et à l'évaluation des politiques.  Cependant, ces efforts doivent être complétés par l'assistance internationale, de la part notamment des pays faiblement touchés par la maladie, afin que la communauté internationale tout entière puisse enrayer la propagation de la maladie.  La Communauté des pays andins est profondément préoccupée par les avancées de la pandémie de par le monde et dans la région andine; consciente de ce que la lutte globale et frontale qu'elle souhaiterait mener est diminuée par le manque de ressources propres, elle demande à tous les Etats, au secteur privé, à l'industrie pharmaceutique, aux pays bailleurs de fonds et aux organismes internationaux de faire aujourd'hui le nécessaire pour que des stratégies de prévention et de soins puissent être mises en oeuvre partout où elles sont nécessaires.


M. PETER PIOT, Directeur exécutif d’ONUSIDA : Deux chemins partent de cette session extraordinaire.  Le premier est celui sur lequel nous nous trouvons, celui d’une épidémie qui est en train de nous submerger.  Des dizaines de millions d’individus sont déjà infectés, des dizaines de millions sont en train de mourir et des centaines de millions d’autres risquent d’être infectés et de mourir.  La moitié de chacune des générations nouvelles de garçons et de filles vont mourir du sida dans les pays les plus touchés.  Ces chiffres ne sont pas théoriques ou exagérés.  Ce sont des chiffres réels qui concernent des vies réelles.  Si nous continuons à lutter pour contenir le front tout en perdant chaque année un peu plus de terrain, ce sera alors le monde dans lequel nous vivrons, un monde de souffrance et de douleur, un monde de deuils inimaginables.  Un monde aussi de honte collective car, avec toutes nos ressources, toute notre richesse, nous n’aurons pas réussi à protéger les plus vulnérables, les malades, les orphelins, les mourants.


Il y a toutefois un autre chemin qui part de cette session extraordinaire.  Au cours de l’année écoulée, s’est produit un changement décisif en faveur d’une prise de conscience et de responsabilité collectives.  En venant ici aujourd’hui, les Etats Membres des Nations Unies font preuve de leur engagement à stopper l’épidémie.  Ceux qui ont été impliqués dans ce processus, savent comme il est difficile de sortir de la forêt des refus et de la peur.  Cela n’est pas surprenant; ce sont des questions difficiles.  Les comportements et les contextes sociaux qui portent l’épidémie, ne sont pas faciles à comprendre ou à évoquer.  Il a fallu aux Etats Membres pour négocier la Déclaration d’engagement la même attitude faite de respect, de sensibilité et de compassion que celle dont les communautés, les familles et les couples à travers le monde ont dû adopter sur ces questions.


La Déclaration d’engagement doit s’appuyer sur notre expérience des résultats scientifiques de ce qui réussit et de ce qui échoue.  Il faut que nous sortions de cette session extraordinaire avec l’engagement de freiner l’épidémie et de continuer jusqu’à ce que plus aucune personne vivant avec le virus ne soit stigmatisée, exclue, réduite au silence, jusqu’à ce que tous les jeunes sachent comment se protéger de l’infection, jusqu’à ce qu’aucun enfant ne naisse porteur du virus.  Il faut continuer jusqu’à ce que les orphelins du sida aient les mêmes

perspectives que les autres, jusqu’à ce que la thérapie antirétrovirale soit devenue un soin essentiel pour toute personne affectée par le sida, jusqu’à ce qu’un vaccin à bas prix soit disponible pour tous.  Est-ce un rêve impossible?  Non, les changements dramatiques qui se sont produits l’année écoulée, nous convainquent que c’est possible.  Deux chemins partent de cette session, l’un va vers des deuils inimaginables, l’autre vers l’engagement et l’espoir.  Messieurs les délégués, vous avez le choix.  Le monde a les yeux fixés sur vous.


Motion d'ordre s'opposant à une prise de décision sur la résolution A/S-26/L.1


Le représentant de l’Egypte a estimé qu’il ne s’agissait pas de savoir si telle ou telle organisation avait le droit de participer ou non aux travaux mais bien de la démarche de certains pays qui souhaitent, par cet amendement, aller à l’encontre des positions d’autres Etats.  Il a déposé une nouvelle motion d’ordre concernant l’amendement A/S-26/L.1 au nom des 56 pays membres du Groupe islamique.  Il a fait observer que ce Groupe avait tout fait lors de la dernière réunion la semaine dernière pour éviter de recourir à un vote et a demandé aux autres Etats qui ont déposé l’amendement de faire preuve de réalisme.


Le représentant du Canada, au nom de la Norvège, du Canada et de la Suède – au nom de l’Union européenne -, a présenté le projet de résolution consistant à ajouter à la liste des participants à la deuxième table ronde Karyn Kaplan, de International Gay and Lesbian Human Rights Commission, qui avait été incluse dans la liste initiale et retirée à la suite des objections de 11 pays anonymes.  Le représentant du Canada a fait valoir que les objections de délégations anonymes ne peuvent donner de directives à l'Assemblée générale; en outre, cette organisation a été dûment accréditée et les Nations Unies ne doivent pas dénier des privilèges à des organisations sur la base de dénonciations arbitraires.  Un tel précédent serait préjudiciable à la liberté d'expression. 


Le représentant du Pakistan a expliqué que certaines organisations avaient obtenu la permission de participer à la deuxième table ronde selon une procédure tacite et informelle.  Dans ce cas, il est convenu tacitement qu'il suffit qu'une délégation soit opposée à la participation d'une ONG pour qu'elle soit biffée de la liste; l’Assemblée générale n’est ni en mesure de juger de cette procédure d'octroi du droit de participer aux tables rondes ni de discuter les accréditations des ONG.  En conclusion, le Pakistan appuie la motion de non action présentée.


Le représentant de la Suède a déclaré, au nom de l’Union européenne, que les objectifs de cette session ne pourront être atteints sans associer l’ensemble de la société civile.  Il a lancé un appel au Groupe islamique afin qu’il retire sa motion contre la participation de l’organisation «International Gay and Lesbian Human Rights Comission», représentée par Mme Karyn Kaplan.


Le représentant de la Jamahiriya arabe libyenne a, quant à lui, demandé un vote sur la proposition de l'Egypte.  Le représentant de la Norvège s'est opposé à un vote sur cette proposition, arguant que les approbations tacites valent décision de l'Assemblée générale.  Il est inadmissible de revenir sur cette décision, a-t-il déclaré, rappelant également que l'ouverture des débats à la société civile a été demandée par le Secrétaire général.


Explications de vote après le vote


Le représentant du Japon a déclaré s'être opposé à cette première motion pour une question de principe.


Le représentant du Pakistan a demandé, en vertu de l'article 67, si le quorum était atteint pour la tenue du vote suivant.  Le Président a répondu qu'on disposait d'un quorum de 128 Etats.


Le représentant du Soudan a expliqué avoir appuyé cette motion en vertu du respect de la transparence qui permet la participation des ONG aux travaux des Nations Unies. 


Le représentant de l'Egypte a déclaré que les membres qui s’abstiennent de voter ne peuvent être comptabilisés dans le quorum.  Le Président a répondu que les délégations présentes étaient comptabilisées dans le quorum, en vertu de l'article 67 du règlement intérieur de l’Assemblée générale.


Les représentants de la Malaisie et du Pakistan sont intervenus sur la question du quorum et sur le droit des délégations de quitter la salle pour ne pas prendre part au vote.


Décision du Président sur le quorum


Le Président a déterminé que la grande majorité des membres étaient présents et suggéré qu’ils poursuivent leur vote.


Le représentant de la République islamique d'Iran a rappelé que, selon l'article 86, les délégations qui ne votent pas sont considérées comme absentes.  Le quorum n’est donc pas atteint dans la mesure où seulement 88 Etats s'étant exprimés par leur vote.


Vote sur la résolution A/S-26/L.1


Explications de vote avant le vote


Le représentant de l'Inde a affirmé que les organisations d'homosexuels doivent être entendues lors de cette session extraordinaire.  Il a précisé que son pays s'était opposé à la première motion d'ordre et voterait en faveur de la participation de International Gay and Lesbian Human Rights Commission aux tables rondes.


La représentante de la Malaisie a demandé si le vote sur la motion d’ordre de l’Egypte n’avait pas été mal interprété, invitant le Président à organiser un nouveau vote sur cette motion.


Le représentant de la Jamahiriya arabe libyenne a estimé qu’il est regrettable que la présidence ait agi en contradiction avec les décisions prises le 22 juin dernier. 


Le représentant du Nigéria s’est dit préoccupé par les obstacles à la procédure et s’est inquiété des titres de la presse demain qui seront axés sur la question de la participation des organisations homosexuelles à la session.  Il a proposé au Canada de réfléchir au bien-fondé de cette résolution et suggéré que l’on renonce au vote. 


Le représentant du Japon a expliqué que sa délégation s’abstiendrait lors du vote.


Le représentant de la République islamique d'Iran a déclaré que les ONG peuvent participer aux tables rondes seulement si tous les Etats y sont favorables.  Il a indiqué que son pays se dissocierait de la procédure de vote sur le document en question.  Le représentant de l'Egypte a déclaré que sa délégation ne voterait pas.  Le représentant du Pakistan a déploré qu'un vote doive avoir lieu sur cette question et a déclaré qu'il ne participerait pas au vote.  Les représentants de Djibouti, de la Malaisie, du Qatar, de l'Arabie saoudite, du Bahreïn, des Emirats arabes unis, du Koweït, de l'Oman, de la République arabe syrienne, de la Mauritanie, de la Jordanie et du Liban et de la Jamahiriya arabe libyenne, de l'Iraq et de la Bosnie-Herzégovine ont fait de même. 


Explications de vote après le vote


Le représentant du Nigéria a déclaré qu'il était regrettable de centrer l'attention de la session extraordinaire sur les homosexuels, aux dépens des actions à prendre pour lutter contre la pandémie. 


Le représentant du Mexique a dit que son pays s'était abstenu car la procédure de sans objection manque de transparence.  Il a demandé un avis juridique sur cette procédure, tout en se prononçant en faveur de la participation des organisations de la société civile aux débats.


Le représentant de l'Afrique du Sud a regretté que le processus ait pris cette tournure dramatique et a déclaré avoir voté en faveur de la participation de l'ONG aux débats au nom des milliers de victimes du VIH/sida. 


La représentante de Sainte-Lucie a expliqué que le vote a constitué un précédent dangereux, regrettant que la procédure n’ait pas été suivie avant cette séance.


Le représentant du Pakistan a souhaité avoir l’avis du Conseiller juridique sur le vote de l’amendement qui n’a réuni que 62 voix en faveur.


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