DSG/SM/67

L'ANNEE DES PERSONNES AGEES A MONTRE LA NECESSITE D'ADAPTER LES POLITIQUES ECONOMIQUES ET SOCIALES AU CONTEXTE ACTUEL DE SOCIETES VIELLISSANTES

4 octobre 1999


Communiqué de Presse
DSG/SM/67
GA/9623


L'ANNEE DES PERSONNES AGEES A MONTRE LA NECESSITE D'ADAPTER LES POLITIQUES ECONOMIQUES ET SOCIALES AU CONTEXTE ACTUEL DE SOCIETES VIELLISSANTES

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On trouvera ci-après l'allocuation prononcée, le 4 octobre 1999, par la Vice-Secrétaire générale, Mme Louise Fréchette, à la séance plénière de l'Assemblée générale consacrée à l'examen du suivi de l'Année internationale des personnes âgées :

C'est pour moi un plaisir d'être parmi vous pour cette séance au cours de laquelle vous examinerez le suivi de l'Année internationale des personnes âgées. Lorsqu'il a lancé l'Année internationale en octobre dernier, le Secrétaire général a dit que nous nous trouvions en pleine "révolution silencieuse". Je suis heureuse de pouvoir dire que le silence a été rompu.

Tout au long de l'Année, 99 comités nationaux et d'innombrables autres acteurs d'horizons très divers — gouvernements, organisations non gouvernementales, universités et secteur des entreprises, sans parler de la famille des Nations Unies — ont convoqué des conférences, mis sur pied des campagnes, fait des recherches, organisé des manifestations culturelles et créé des pages Internet, tout cela dans un seul et même but : mettre l'accent sur le vieillissement et faire mieux comprendre les conséquences de la révolution démographique pour les individus et les sociétés du monde entier. Je crois pouvoir dire qu'ensemble, nous avons fait du très bon travail.

Certes, nous savions tous que nos sociétés vieillissent, mais il n'était pas inutile de mettre en relief certaines données fondamentales : dans le monde d'aujourd'hui, une personne sur 10 est âgée de 60 ans ou plus; en 2020, il y en aura une sur huit et, en 2150, une sur trois aura plus de 60 ans.

On dit souvent que les statistiques cachent plus qu'elles ne révèlent; quoi qu'il en soit, ce sont là des chiffres saisissants. Ils prouvent que, même si toutes choses restaient égales par ailleurs, les familles, les communautés et les sociétés seront radicalement différentes dans 100 ans. Et, comme nous en savons finalement assez peu sur le monde de demain, il serait insensé de ne pas nous préparer à cette transformation que nous savons inévitable.

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Autre fait important que l'Année a mis en lumière: même si l'Europe est appelée, d'après les projections, à demeurer la partie du monde la plus touchée par le vieillissement, ce sont les régions en développement qui connaîtront les changements les plus profonds. En outre, ces régions devront faire face simultanément à une forte expansion démographique et au défi du développement. Elles devront donc adapter leurs stratégies en conséquence : en matière de vieillissement, les politiques doivent être taillées sur mesure.

Les pays développés devront surtout faire face aux besoins particuliers des personnes très âgées, de plus en plus nombreuses au sein de leurs populations, et voir dans quelle mesure les politiques et pratiques actuelles en matière de retraite, les dispositifs prévus pour assurer la sécurité financière des personnes âgées et les régimes de pensions sont appropriés. Les pays en développement, pour leur part, devront se concentrer davantage sur le lien entre vieillissement et développement, l'élimination de la pauvreté dans les populations âgées, le soutien aux familles, les soins de santé et les capacités humaines et institutionnelles nécessaires pour répondre aux besoins des personnes âgées.

L'Année internationale aura aussi permis d'éclairer la révolution du vieillissement d'un jour plus positif. De tout temps, nous a-t-on rappelé, l'homme a voulu prolonger sa vie. Nous y sommes parvenus, et c'est là un des plus grands succès de notre siècle. Cette victoire rend le vieillissement des sociétés inéluctable et, comme tout changement structurel, celui-ci pose des difficultés. Mais si nous ne nous accrochons pas à des idées et des habitudes périmées, le vieillissement pourrait aussi nous ouvrir des horizons nouveaux.

Bien entendu, cela ne sera possible que si les générations plus âgées prennent pleinement part à la vie de leur communauté et de leur pays. Nous devons leur en donner les moyens. Comme le Plan d'action international sur le vieillissement l'indiquait dès 1982, "il se pourrait qu'en fin de compte ce soient les personnes âgées elles-mêmes qui, du simple fait de l'accroissement de leur nombre et de leur influence, imposent à la société une conception positive et active du vieillissement, vu comme une occasion pour chacun de poursuivre son développement personnel."

L'idée est séduisante. Mais il ne faudrait pas croire que tout se mettra automatiquement en place quand le monde comptera suffisamment de personnes âgées. Une multitude de mesures peuvent et doivent être prévues pour que le vieillissement devienne une force dynamique.

L'Année internationale nous a aidés à prendre conscience du fait que tout au long du XXe siècle, les politiques concernant les personnes âgées ont été élaborées dans le contexte de sociétés jeunes. Dorénavant, c'est avec des sociétés vieillissantes à l'esprit que nous devons formuler ces politiques, que nous devons formuler toutes nos politiques, y compris celles qui concernent les autres groupes d'âge.

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Ayant collectivement réalisé notre rêve d'une vie plus longue, nous devons à présent nous y adapter. Au niveau des politiques, des infrastructures, de la répartition des ressources, les gouvernements vont devoir trouver les moyens de répondre à des aspirations et à des besoins différents.

La sécurité financière et la santé des personnes âgées demeurent bien entendu des préoccupations de premier plan. Mais la réflexion doit aller beaucoup plus loin. Elle doit porter notamment sur des questions comme la formation continue, la promotion de modes de vie sains dès le plus jeune âge, les réseaux familiaux, les relations entre les générations, la situation particulière des femmes, les politiques du travail, et le lien entre vieillissement et développement socioéconomique.

Dans tous ces domaines, les investissements consentis aujourd'hui éviteront bien des déséquilibres et des dépendances plus tard, tant au niveau individuel qu'au niveau des sociétés vieillissantes. Je dirais même plus : s'ils sont mûrement réfléchis, ils permettront de transformer ce qui pourrait être un fardeau en une précieuse source de capital humain, social et économique.

Des investissements réfléchis supposent une action concertée et planifiée plutôt que des interventions ponctuelles. La question du vieillissement ayant des ramifications innombrables et extrêmement complexes, elle doit être examinée dans le contexte le plus large possible. En d'autres termes, le seul moyen d'y faire face sérieusement est d'en faire une partie intégrante de tous les programmes de développement économique et social, qu'ils soient locaux, nationaux ou internationaux.

L'Organisation des Nations Unies est, pour sa part, déterminée à jouer son rôle pour que l'Année internationale continue de porter ses fruits. Comme vous le savez, nous avons lancé des initiatives à long terme comme le Programme de recherche sur le vieillissement pour le XXIe siècle et une banque de données sur les politiques et programmes nationaux, accessible sur Internet. J'invite tous les États Membres à soutenir activement ces projets et à en tirer profit. Et je remercie d'ores et déjà tous ceux qui y ont apporté leur généreuse contribution financière.

L'Année internationale des personnes âgées n'était pas une fin en soi, mais un tremplin. Comme tout tremplin, il peut transformer une impulsion déterminée en un grand bond en avant. Il peut nous donner l'élan nécessaire pour créer, au siècle prochain, une société plus mûre et plus riche qui compte sur la participation de chacun et réponde aux besoins de tous ses membres, quel que soit leur âge. Ne laissons pas passer l'occasion.

Je vous remercie et vous souhaite de très fructueux travaux.

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