AG/919

UN PACTE DE PARTENARIAT AVEC LES PAYS D'AFRIQUE CENTRALE EST PROPOSE PAR LA BELGIQUE AU COURS DU DEBAT GENERAL DE L'ASSEMBLEE GENERALE

25 septembre 1999


Communiqué de Presse
AG/919


UN PACTE DE PARTENARIAT AVEC LES PAYS D'AFRIQUE CENTRALE EST PROPOSE PAR LA BELGIQUE AU COURS DU DEBAT GENERAL DE L'ASSEMBLEE GENERALE

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Devant l'ampleur des besoins dans la région africaine des Grands Lacs, on devrait envisager de conclure avec les pays d'Afrique centrale un véritable pacte de partenariat, inspiré du Pacte de stabilité pour les Balkans et fondé sur une réelle stratégie de collaboration entre pays, a proposé le Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères belge, M. Louis Michel, dans le cadre du débat général de l'Assemblée générale qui se poursuivait ce matin. Avec le soutien des grands organismes financiers, un tel pacte permettrait de réactiver les outils économiques et de valoriser le développement social et démocratique des pays de la région. "L'Afrique a définitivement pris la mesure des graves conséquences que font peser les multiples conflits sur son développement économique et sur l'épanouissement de ses populations", a assuré pour sa part le Ministre des affaires étrangères du Burkina Faso, M. Youssouf Ouédraogo. Mais pour assurer la paix et la sécurité sur tout le continent, le concours de la communauté internationale est indispensable, a-t-il ajouté.

La péninsule de Corée sera la prochaine région à connaître une crise comparable à celle des Balkans, a averti le Ministre des affaires étrangères de la République populaire démocratique de Corée, M. Paek Nam Sun, dénonçant le fait que son pays est décrit comme une "zone dangereuse" de prolifération nucléaire alors que, parallèlement, un "Etat vaincu" se prépare assidûment à devenir une puissance militaire. Affirmant que son Gouvernement ne considère pas les Etats-Unis comme un ennemi permanent, le Ministre a souligné que la solution au maintien d'une paix et d'une sécurité durables dans la péninsule coréenne est de mettre un terme à l'hostilité et de réaliser la réunification de la Corée.

Pour sa part, le Ministre des affaires étrangères du Chili, M. Juan Gabriel Valdes, a tenu à manifester sa pleine adhésion à la création d'une cour pénale internationale motivée par un souci de justice universelle. Le Ministre a toutefois estimé qu'à l'heure actuelle, la mondialisation de la justice se trouve encore dans une phase de transition émaillée d'imprécisions. Il s'est demandé, en conséquence, sur quel base un Etat tiers peut prétendre exercer sa juridiction sur des crimes qui ont déjà fait l'objet de poursuites dans le pays même où ils ont été commis. Qualifiant d'ingérence les demandes

(à suivre - 1a) - 1a - AG/919 25 septembre 1999

en ce sens, le Ministre chilien des affaires étrangères a estimé qu'elles constituent, en outre, un déni pur et simple du principe d'égalité juridique entre les Etats et qu'elles démontrent un manque de respect de la règle de droit et de la démocratie chiliennes.

Le Vice-Président des Palaos, M. Tommy Remengesau Jr, a invité la communauté internationale à tourner le dos aux énergies fossiles au bénéfice des énergies renouvelables et à veiller à une meilleure protection de l'environnement pour que l'on puisse "respirer un air frais" au cours du prochain millénaire. Le Vice-Président des Palaos a demandé à la communauté internationale de se pencher avec la plus grande attention sur les problèmes posés par le réchauffement de la planète et les changements climatiques.

Ont participé au débat : M. Tommy Remengesau Jr, Vice-Président de la République des Palaos; M. Ural Latypov, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères du Bélarus; M. Paek Nam Sun, Ministre des affaires étrangères de la République populaire démocratique de Corée; M. Surin Pitsuwan, Ministre des affaires étrangères de Thaïlande; M. Youssouf Ouédraogo, Ministre des affaires étrangères du Burkina Faso; M. Louis Michel, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères de la Belgique; M. Juan Gabriel Valdes, Ministre des affaires étrangères du Chili; et M. Joseph Borg, Ministre des affaires étrangères de Malte.

En début de séance, le Président de l'Assemblée a annoncé que la Guinée avait effectué le versement nécessaire pour réduire le montant de ses arriérés en sorte que ceux-ci soient inférieurs au montant visé à l'Article 19 de la Charte, ce qui lui permet de garder son droit de vote à l'Assemblée générale.

Le débat général se poursuivra cet après-midi à partir de 15 heures.

Suite du débat général

M. TOMMY REMENGESAU Jr, Vice-Président de la République des Palaos : ce premier octobre, les Palaos célèbrent le cinquième anniversaire de leur indépendance. Les relations diplomatiques et la coopération économique avec un nombre croissant de pays renforcent notre stabilité et créent des opportunités économiques pour le futur. Notre terre risque d'être en grand danger au prochain millénaire si l'environnement ne peut plus supporter la population humaine. Le réchauffement de la planète et les changements climatiques méritent notre plus grande attention et un effort concerté pour que des actions préventives soient décidées et que l'on trouve des solutions. En partageant nos informations sur les changements climatiques, nous pouvons apprendre les uns des autres et prendre les mesures nécessaires pour trouver une solution à ce problème mondial dangereux.

Les changements climatiques pour de petites îles comme les Palaos ont des conséquences particulièrement graves en raison de la fragilité de notre écosystème. Ainsi, le phénomène El Niño a eu des effets extrêmement dévastateurs chez nous, tuant au moins un tiers de la flore et faune marines vivant dans notre barrière de corail. Ces pertes affectent notre écosystème dans son ensemble, de même que les moyens de subsistance de notre population. El Niño a également causé une sécheresse importante qui a drainé notre réservoir principal d'eau douce et détruit quelque 1 400 parcelles de culture de "taro", notre production agricole essentielle. Les Palaos et la région du Pacifique souffrent aussi d'une élévation inhabituelle des eaux qui provoque une infiltration d'eau salée dans nos terres arables, ce qui a des effets désastreux sur nos récoltes. L'élévation du niveau de la mer a provoqué la disparition de certaines îles et d'autres sont en passe de subir le même sort. Les températures anormalement chaude de l'eau ont causé un blanchiment important de la barrière de corail, alors que la chaleur atmosphérique croissante dévaste notre agriculture. Il est clair que les problèmes liés aux changements climatiques exigent une coopération mondiale.

Reconnaissant le lien entre les changements climatiques et la biodiversité, les Palaos se sont engagées à préserver leur patrimoine dans ce domaine. Préserver nos forêts constitue en effet l'un des investissements les plus rentables pour ralentir les changements climatiques. Des mesures ont donc été prises pour protéger les forêts, mangroves, zones végétales et zones côtières. Les questions du changement climatique et de l'élévation des eaux de la mer ont été incluses dans un programme stratégique à long terme. Les instruments d'adhésion à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques et au Protocole de Kyoto sont en cours de transmission et nous demandons humblement l'aide internationale pour élaborer un indice de vulnérabilité global qui inclut, au-delà des facteurs économiques et environnementaux, les changements climatiques. Nous soutenons avec enthousiasme les efforts visant à ajuster les prix de l'énergie en vue de mieux refléter les conséquences sur l'environnement de l'utilisation de l'énergie fossile.

La conservation de l'énergie constitue un autre problème critique pour l'économie et l'environnement des Palaos. A cet égard, nous avons établi une politique nationale de subside aux programmes favorisant les énergies renouvelables. Ainsi, les îles et villages isolés utilisent l'énergie solaire pour leur éclairage, et l'on s'efforce d'éduquer la population aux applications des énergies renouvelables. Commençons le prochain siècle en faisant un pas dynamique pour abandonner les énergies fossiles au profit des énergies alternatives respectueuses de l'environnement. La question des changements climatiques ne peut être résolue que si tous les Etats y contribuent de manière significative sur la base d'une responsabilité commune quoique différenciée. L'utilisation des mécanismes de Kyoto fait partie d'une solution mondiale. C'est pourquoi, aucune restriction artificielle ne doit être placée à l'utilisation de ces mécanismes. Si nous acceptons tous les mécanismes de Kyoto et élaborons une approche juste et réaliste de leur utilisation, il n'y aura pas de raison que nous n'abordions pas le prochain millénaire avec des remèdes valables aux problèmes des changements climatiques. Peut-être même pourrons-nous entrer dans ce nouveau siècle "en respirant un air frais". Les initiatives que nous prendront aujourd'hui seront l'assurance d'un environnement plus sain pour les générations futures.

M. URAL LATYPOV, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères du Bélarus : cette année, les fondements des Nations Unies ont été singulièrement mis à l'épreuve notamment par le fait que l'Organisation a été virtuellement marginalisée pendant la crise en Yougoslavie. La décision de recourir à la force militaire contre un Etat souverain a été prise, en effet, sans l'autorisation du Conseil de sécurité. Bien que la question du règlement de la crise au Kosovo ait été ramenée aux Nations Unies, nul ne peut exclure d'autres tentatives de recourir à la force en dehors du mécanisme du Conseil de sécurité. La question posée est donc celle de savoir si le Conseil de sécurité doit rester la seule institution internationale à autoriser le recours à la force aux fins du maintien de la paix et de la sécurité internationales. La réponse à cette question déterminera sans doute l'évolution des relations internationales au cours du prochain siècle. Pour le Bélarus, les prérogatives du Conseil de sécurité en matière de paix et de sécurité internationales sont un élément clé du système international. Conscient de l'importance et de la responsabilité particulière du Conseil de sécurité, le Bélarus juge important d'en accroître l'efficacité en augmentant le nombre des Membres permanents et non permanents. Le Bélarus a, à cet égard, présenté sa candidature à un siège non permanent du Conseil pour la période 2002-2003. Toujours à propos du maintien de la paix et de la sécurité internationales, le Bélarus souligne la nécessité de recourir plus fréquemment à l'ensemble des mesures prévues par la Charte des Nations Unies dont la prévention des conflits.

En ce qui concerne les engagements moraux et juridiques de la communauté internationale, il est évident que le principe sacré de la protection des droits de l'homme, s'il est interprété de manière sélective, perd de sa substance. Malheureusement "des doubles standards" dans l'interprétation de cette notion sont souvent appliqués, de manière inadmissible, dans les politiques internationales. Il serait dangereux de croire que les droits de l'homme peuvent être protégés par des moyens qui ne tiennent pas compte du principe de souveraineté égale des Etats. Ignorer les intérêts des Etats au nom de valeurs individuelles peut avoir des conséquences imprévisibles. Le Bélarus est disposé à coopérer activement avec tous les membres de la communauté internationale pour relever les défis mondiaux et régionaux. Tout en restant fidèle à sa position de principe sur l'élargissement de l'OTAN, le Bélarus agit néanmoins, de manière constructive, pour éviter la résurgence de nouvelles lignes de division en Europe. Dans cet ordre d'idées, le Bélarus appuie la proposition d'une Charte pour la sécurité en Europe soumise par l'OSCE. Par ailleurs, le Bélarus appelle, une nouvelle fois, tous les pays de la région de l'Europe centrale et de l'Europe orientale à revoir leur position sur la création d'un espace exempt d'armes nucléaires. Dans le même ordre d'idées, le Bélarus a l'intention de proposer, au cours de cette session de l'Assemblée générale, un projet de résolution sur l'interdiction de fabriquer de nouveaux types d'armes de destruction massive. De même, il entend proposer l'adoption d'une résolution sur la consolidation et le respect du Traité sur les missiles antibalistique.

Pour ce qui est de la question de l'environnement, un des principaux défis du XXIe siècle, le Bélarus rappelle que pour lui cette question est devenue une question de survie depuis plus de 13 ans. L'élimination des conséquences de la catastrophe de Tchernobyl absorbe près de 20% du budget annuel. Le Bélarus lance donc un appel à la communauté internationale pour qu'elle continue sa coopération et renforce le rôle des Nations Unies dans ce sens. Au cours de cette session, le Bélarus a l'intention de présenter, aux côtés de la Fédération de Russie, un projet de résolution sur la question. La session actuelle de l'Assemblée générale est une étape importante des préparatifs de l'Assemblée du millénaire. Le Bélarus rappelle sa proposition d'un sujet de discussion relatif au rôle des Nations Unies dans la réalisation de la paix et du développement durable dans le contexte de la mondialisation.

M. PAEK NAM SUN, Ministre des affaires étrangères de la République populaire démocratique de Corée : la présente session, qui se déroule à un moment historique, le tournant du siècle, a l'importante responsabilité d'apporter un nouvel espoir à l'humanité. La société internationale doit affronter des défis et des problèmes de plus en plus complexes. Malgré la fin de la guerre froide, les politiques de domination et d'hégémonie n'ont pas disparu. L'arbitraire continue de faire peser de grandes menaces sur la paix et la sécurité internationales. Les principes de justice et d'équité sont souvent ignorés et le principe d'égalité souveraine, qui est fondamental dans les activités de l'ONU, est gravement remis en question. Récemment, dans des situations graves, on est intervenu de force dans les affaires internes d'Etats souverains.

Aujourd'hui, la société internationale doit choisir entre deux attitudes en fonction desquelles le XXIe siècle sera un siècle d'indépendance, d'égalité et de paix, ou un siècle d'arbitraire. Si nous choisissons la seconde solution, tous les pays dont la capacité de défense nationale est faible, se retrouveront dans une position vulnérable aux bombardements, comme cela s'est produit en Yougoslavie.

Comme nous en sommes tous conscients, la péninsule de Corée est au centre de la paix et de la sécurité internationales. Actuellement, la République populaire démocratique de Corée est décrite comme une "zone dangereuse" de prolifération nucléaire et une source d'"intimidation par les missiles". Par exemple, un tunnel vide est soupçonné d'être une "installation nucléaire souterraine" et un satellite est considéré comme un missile balistique. Dans le même temps, le processus de réarmement et d'émergence en tant que puissance militaire engagé par un Etat vaincu est assidûment hâté, jusqu'à lancer une campagne sur la nécessité des armements nucléaires.

Dans le cadre du "OPlan 5027-98" qui concerne des attaques préventives contre la République populaire démocratique de Corée, d'importantes forces de frappe sont discrètement amassées sur le territoire de la Corée du Sud et à proximité. Ces forces militaires entrent actuellement dans leur phase opérationnelle par le biais de différents exercices militaires conjoints.

Il devient presque certain, et non plus hypothétique, que la péninsule de Corée sera la prochaine région à connaître le même sort que les Balkans. Dans les Balkans, la "crise humanitaire" a servi de prétexte à la guerre. Dans la péninsule de Corée, la soi-disant "question des missiles" servira probablement de prétexte.

Le lancement de satellite auquel nous avons procédé se place dans le cadre de l'exercice de notre droit égal à l'utilisation de l'espace extra- atmosphérique tel qu'il est reconnu par les Nations Unies. Le renforcement de nos capacités de défense correspond à l'exercice de notre droit souverain à une défense légitime. Cette initiative ne viole aucune des obligations contractées par la République populaire démocratique de Corée au titre de Traités internationaux existants.

La République populaire démocratique de Corée est la cible de la politique despotique et arbitraire des Etats-Unis car l'adhésion de notre pays au socialisme est un obstacle à la stratégie asiatique des Etats-Unis. C'est pour des raisons comparables que le Japon mène un campagne hystérique contre notre pays. Nous n'avons pas d'autre solution que de renforcer nos capacités de défense nationale, même si cela exige une politique d'austérité. C'est pourquoi le Camarade Kim Jong Il, grand dirigeant de notre peuple, mène un politique qui place l'armée au premier plan. Nous avons été, jusqu'à aujourd'hui, en mesure d'empêcher le déclenchement d'une nouvelle guerre sur la péninsule coréenne.

La solution au maintien d'une paix et d'une sécurité durables sur la péninsule coréenne est de mettre fin aux relations hostiles entre la République populaire démocratique de Corée et les Etats-Unis, et de réaliser la réunification de la Corée. Nous avons déjà signifié clairement que nous ne considérons pas les Etats-Unis comme un ennemi permanent. Nous saluons la récente levée partielle des sanctions économiques établies par les Etats-Unis contre notre pays. Toutefois, nous attendons avec impatience une levée complète de l'ensemble des sanctions économiques. Les Etats-Unis devraient faire face à leurs responsabilités pour ce qui est du maintien de la paix dans la péninsule coréenne en procédant à la mise en oeuvre de la résolution adoptée lors de la trentième session de l'Assemblée générale, appelant à la dissolution du Commandement des Nations Unies.

Nous avons d'ores et déjà établi les principes de la réunification nationale. La solution la plus raisonnable est la création d'une confédération, grâce à laquelle la Corée du Nord et du Sud seront en mesure de réaliser leur unité tout en conservant leurs idées et leurs systèmes propres. Afin de mettre fin aux confrontations entre le Nord et le Sud, de promouvoir la réconciliation nationale et de favoriser les échanges entre le Nord et le Sud, les autorités de la Corée du Sud devraient abolir la loi de "sécurité nationale" qui définit les compatriotes comme des ennemis.

M. SURIN PITSUWAN, Ministre des affaires étrangères de la Thaïlande : alors que nous sommes réunis au seuil du nouveau millénaire, les Nations Unies et la communauté internationale demeurent préoccupées par le maintien de la paix et la sécurité internationales. Pourtant, l'établissement d'une coopération internationale en vue de régler les problèmes internationaux de nature économique, sociale, culturelle ou humanitaire, et pour promouvoir et encourager le respect des droits de l'homme et des libertés fondamentales à l'égard de tous, constitue un objectif non moins important fixé par la Charte des Nations Unies. De manière invariable, le paradigme traditionnel de la sécurité prédomine au sein des délibérations et des actions prises en matière de sécurité et de paix internationales. Une décennie après la fin de la guerre froide, les organisations mondiales et régionales tendent à axer leurs efforts en premier lieu sur les concepts traditionnels de sécurité et sur les instruments y relatifs pour régler ces questions. En Asie du Sud-est, le Forum régional de l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est (ANASE) traite de certains aspects de la sécurité au sens traditionnel. Mais les concepts traditionnels de sécurité sont inappropriés pour répondre aux défis auxquels l'humanité est confrontée et restreignent notre capacité à répondre aux nouvelles menaces de notre temps. La présente session de l'Assemblée générale se déroule sous la menace de l'ombre des conflits au Kosovo et au Timor oriental. Nous sommes tous préoccupés par les incidences et les moyens que nous avons choisis pour y faire face.

De plus en plus, la communauté internationale est confrontée à des conflits à l'intérieur des Etats, et non plus entre Etats comme dans le passé. Plutôt que les droits de l'Etat, les intérêts de l'Etat, la souveraineté de l'Etat, nous luttons maintenant pour défendre le bien commun, la protection des droits au-delà des frontières, et l'intervention en vue de promouvoir et de sauvegarder les idéaux et objectifs humanitaires. L'ONU doit maintenant faire face au défi de définir des orientations claires pour réaliser collectivement ces nouveaux objectifs nobles et un agenda complexe.

Avant de pouvoir protéger et promouvoir les "intérêts communs", de sauvegarder les "droits au-delà des frontières", et de réfléchir sur l'intervention sur le terrain à des fins humanitaires, il faut tout d'abord s'assurer que l'on s'entende bien sur ce que l'on souhaite protéger et promouvoir. Durant cette année qui précède l'Assemblée du millénaire, nous devons centrer nos discussions sur cette question. Nous devons commencer par passer de notre préoccupation traditionnelle en matière de sécurité et de souveraineté nationale à un examen approfondi sur la notion émergeante de "sécurité humaine".

C'est un concept qui vise à nous permettre de faire face à de nouvelles questions en allant au-delà du sens traditionnel de la sécurité. Son champ d'application n'est pas encore clairement défini, si ce n'est que les personnes sont placées au centre de la définition. La sécurité humaine inclut la dignité humaine, la protection et la promotion des droits de l'homme et l'application du droit international. Elle implique la protection des femmes, enfants et autres civils contre l'impact des conflits armés, ainsi que la lutte contre le terrorisme. L'action concertée pour répondre à ces objectifs par le biais d'efforts communs visant à éradiquer les mines antipersonnel, à prévenir la prolifération des armes légères et à lutter contre le crime organisé, est une interprétation de sécurité humaine quelque peu restreinte qui souligne la protection physique de la personne humaine, et s'efforce à garantir aux être humaines l'absence de la peur. Mais cela ne suffit pas car la sécurité humaine doit être plus globale. Les êtres humains ne commenceront à jouir d'une véritable sécurité que lorsqu'ils auront la chance de vivre décemment, de bénéficier de l'égalité des chances pour améliorer leurs conditions de vie et pour prendre des décisions quant à leur avenir.

Concernant la sécurité humaine et la mondialisation, la Thaïlande estime qu'il est nécessaire de poursuivre la sécurité humaine telle que comprise dans son ensemble, de manière globale. La récente crise financière en Asie a contraint les pays de la région, notamment la Thaïlande, à faire face aux pires conséquences de la mondialisation. Des dizaines de milliers d'adultes ont subi le chômage et un grand nombre d'enfants étaient contraints de quitter l'école. La Thaïlande a appris que la nature multidimensionnelle de ce défi de la mondialisation exige une action multidimensionnelle. Outre les réformes économiques traditionnelles et les ajustements structurels adoptés, le Gouvernement thaïlandais a axé ses efforts sur les mesures visant à répondre

à des menaces à court terme pour le bien-être des individus et de la société. En conséquence, une grande priorité est accordée à la promotion de mesures de protection sociale appropriées et au développement des ressources humaines. Au niveau mondial, la Thaïlande est fermement convaincue que pour faire face aux défis de la mondialisation et pour tirer le plus grand profit de ses avantages, il faudrait coopérer étroitement pour promouvoir une mondialisation à visage humain. La tenue de la dixième session de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), en Thaïlande, en février 2000, marquera un événement important dans les efforts pour promouvoir une mondialisation à visage humain.

M. YOUSSOUF OUEDRAOGO, Ministre d'Etat, Ministre des affaires étrangères du Burkina Faso : l'Afrique est sans nul doute le continent qui a le plus souffert des crises. En République démocratique du Congo, une solution est possible à condition que les questions de sécurité qui demeurent les préoccupations essentielles des différents Etats impliqués dans le conflit soient prises en compte. Le Burkina Faso estime en conséquence que les Accords de Lusaka constituent des propositions qui doivent être acceptées par tous les protagonistes si ceux-ci veulent donner une chance au retour de la paix. S'agissant du différend entre l'Ethiopie et l'Erythrée, le Président Blaise Compaoré s'est employé, durant son mandat, à oeuvrer, à la tête de la délégation de haut niveau de l'Organisation de l'unité africaine (OUA) et en collaboration étroite avec les Nations Unies, à promouvoir un règlement pacifique. Nos efforts ont conduit à l'acceptation, par les deux parties, de l'Accord-cadre de Ouagadougou et, au cours du trente-cinquième Sommet de l'OUA tenu à Alger, à celle des modalités de mise en oeuvre du même Accord-cadre. Nous sommes certains que le Président Abdelaziz Bouteflika, Président en exercice de l'OUA, assurera à ce dossier des plus sensibles, un dénouement heureux. Il aura besoin, pour ce faire, tout autant de la coopération des deux parties que de notre soutien à tous et, en particulier, du soutien des Nations Unies. En Angola, le Burkina Faso est persuadé qu'à l'instar d'autres conflits, le dialogue entre les protagonistes est la seule et unique voie pouvant mener à une solution juste et durable.

Notre conviction est que l'Afrique a définitivement pris la mesure des graves conséquences que font peser sur son développement économique et sur l'épanouissement de ses populations ces multiples conflits. Elle a donc, lors du trente-cinquième Sommet de son Organisation, tenu à Alger, pris la courageuse et historique décision de faire de l'an 2000 l'année de la paix et de la sécurité sur tout le continent. Ce faisant, nous avons pleinement conscience que pour atteindre un tel objectif le concours de la communauté internationale est indispensable. Elle l'est aussi bien au plan politique, pour ce qui est de l'appui à la mise en oeuvre de nos décisions et résolutions, qu'au plan non moins important des moyens logistiques et matériels, de l'assistance technique et du traitement des questions humanitaires. Le Burkina Faso participe, au côté d'autres membres de la communauté internationale, à des opérations de maintien de la paix, particulièrement en République centrafricaine dans le cadre de la MINURCA.

A l'aube du XXIe siècle, il est navrant de constater que l'économie mondiale reste encore dominée et contrôlée par une minorité d'états qui en manipulent les règles et le fonctionnement au gré de leurs intérêts et au mépris de ceux de la grande majorité que constituent les pays du Sud. Pour promouvoir le véritable développement humain durable de l'ensemble de ces pays, nous devons oeuvrer par la mise en oeuvre des mesures suivantes : la stabilisation des prix et une garantie des exportations des produits de ces pays, par la revalorisation des matières premières grâce à une stabilisation des recettes d'exportation; l'indexation des prix des matières premières sur ceux des produits industriels; le libre et plein accès des produits du Sud aux marchés du Nord par la suppression des mesures protectionnistes; la réforme des institutions de Bretton Woods pour les adapter aux nécessités et aux préoccupations des pays en développement; un véritable dialogue Nord-Sud.

Si au coeur de tous nos projets, nous ne plaçons pas la justice, l'équité et la solidarité ils ne resteront que fantasmes. La justice commande, que l'on évite d'affamer toute une population par des sanctions internationales en voulant punir son gouvernement. Je voudrais réaffirmer notre totale solidarité avec la Jamahiriya arabe libyenne et souhaiter, à la lumière des concessions dont ce pays a fait preuve dans l'affaire Lockerbie, la levée définitive des sanctions qui frappent injustement le peuple frère libyen. La question de la République de Chine à Taïwan mérite également d'être évoquée dans ce contexte. Le Burkina Faso soutient fermement l'initiative visant à créer un groupe d'étude pour examiner la situation particulière et exceptionnelle de la République de Chine à Taïwan afin d'envisager la manière dont celle-ci pourrait être représentée à l'Organisation des Nations Unies.

M. LOUIS MICHEL, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères de la Belgique : au début du moins d'août, deux jeunes enfants africains, Yaguine et Fodé, étaient retrouvés, sans vie, cachés dans le train d'atterrissage d'un avion de la ligne aérienne Sabena, victimes de leur idéalisme et de leur innocence qui les ont poussés à tenter le voyage insensé vers les mirages de la société occidentale. Yaguine et Fodé nous ont laissé un message émouvant, faisant appel à "la solidarité et la gentillesse" des responsables européens pour venir au secours de l'Afrique. Ce message disait aussi : "Nous, les Africains, surtout les enfants et les jeunes, nous vous demandons de faire une grande organisation efficace pour l'Afrique. On a besoin de vous pour lutter contre la pauvreté". Cette "grande organisation" est devant moi dans sa forme la plus universelle. Durant la dernière décennie, l'ONU est parvenue à construire un socle de valeurs économiques et sociales visant à civiliser le monde, devenu global. Le travail discret mais tenace visant à l'élaboration, à travers les Grandes Conférences et Sommets, d'une nouvelle orientation du développement, doit être poursuivi et consolidé. Mais pour que la lutte contre la pauvreté et le combat pour l'émancipation portent leurs fruits, nous devrons accepter de soumettre à un examen critique

les mécanismes qui sont à l'origine des fluctuations économiques, qui provoquent les tensions financières et leurs conséquences sociales, qui tolèrent une gigantesque exploitation des plus faibles par des forces souvent impersonnelles et peu ou pas identifiables. Il importe de restaurer la primauté du politique et travailler sans arrière pensée pour organiser un nouvel ordre politique mondial. Cela implique aussi de ne plus accepter de laisser la légitimité démocratique être contournée, sinon bafouée par des intérêts particularistes ou spéculatifs. Le droit des gens doit primer sur le pouvoir de l'argent. Le nouveau Gouvernement belge a, pour sa part, clairement exprimé sa volonté d'augmenter progressivement les moyens dégagés au profit de la politique bilatérale de partenariat et de coopération.

La Belgique exprime le voeu que cette session de l'Assemblée générale soit placée sous le signe de l'Afrique. Pour sa part, elle entend renouer avec l'Afrique centrale les liens que son histoire et son expertise lui confèrent naturellement et le Gouvernement a placé la coopération avec cette région parmi les thèmes prioritaires de son action. Cette région doit retrouver la paix et la stabilité. Cela implique que les parties fassent preuve de la volonté politique de résoudre les problèmes qui sont à la base du conflit et cherchent des solutions au niveau de la région tout entière. Pour les soutenir, un effort important de la communauté internationale sera nécessaire. La Belgique y apportera sa part et intensifiera ses contacts directs, sa coopération et son soutien financier. Elle a d'ailleurs répondu à l'appel du Conseil de sécurité en mettant à la disposition du Secrétaire général des officiers de liaison qui seront déployés sur le terrain. Les besoins de la région des Grands Lacs étant énormes, il faudra songer à conclure un réel Pacte de partenariat avec les pays d'Afrique centrale. Cet accord, inspiré du pacte de stabilité pour les Balkans, doit s'inscrire dans une réelle stratégie de collaboration entre pays. Par le soutien des grands organismes financiers, il devrait permettre de réactiver les outils économiques et de valoriser le développement social et démocratique des pays inscrits dans la dynamique du partenariat. Dans notre esprit, ce pacte de partenariat est basé sur une collaboration volontaire et respectueuse de chacun des pays signataires qu'ils soient d'Afrique ou d'ailleurs. Il est exclu, bien entendu, que ce pacte puisse être confondu avec une tentative néocolonialiste de tutelle sur cette région du monde.

La crise du Kosovo nous oblige à nous poser la question sensible des limites de l'intervention de la communauté internationale dans les affaires intérieures d'un Etat. S'il y a une leçon que notre Organisation devrait retenir de ce XXe siècle, c'est bien la notion que pour un Etat le massacre de sa propre population ne peut sous aucun prétexte être considéré comme une "affaire intérieure". La Belgique espère toutefois que le recours à la force sans l'aval du Conseil de sécurité ne constituera pas un précédent. Le monde a besoin d'un ordre juridique international qui se substitue à la loi du plus fort. Il est urgent que la communauté internationale se dote de tous les outils nécessaires pour prévenir et punir les actes de barbarie.

Une étape importante a été franchie par l'adoption à Rome du Statut de la Cour pénale internationale, dont la ratification par la Belgique est imminente.

La Belgique s'est investie dans l'action entreprise actuellement pour le contrôle des petites armes dont l'accumulation anarchique reste, à côté du fléau des mines antipersonnel, un des problèmes les plus aigus de cette fin de siècle. Parmi les initiatives prises dans ce cadre, on peut citer la Conférence de Bruxelles d'octobre 1998, le Code de conduite et l'action commune de l'Union européenne, ainsi que notre participation et notre soutien financier aux groupes d'experts mis en place par le Secrétaire général. Nous poursuivrons cette politique de prévention et de réduction de l'accumulation des petites armes, ainsi que notre combat pour l'abolition des mines antipersonnel.

M. JUAN GABRIEL VALDES, Ministre des affaires étrangères du Chili : la mondialisation et l'interdépendance exigent la création d'institutions nouvelles et fortes. A mesure que l'environnement international gagne en complexité et en difficulté, les Nations Unies, avec leurs limites, se démarquent de plus en plus comme le seul acteur mondial capable de traiter non seulement des problèmes de coopération et de conflits mais aussi de questions qui, par leur nature même, ont cessé de relever de la compétence exclusive des Etats. La crise du Kosovo a mis en lumière les faiblesses et les contradictions des Nations Unies. Il est regrettable que l'Organisation ait été empêchée de prendre des mesures avec toute la vigueur requise. Il est également regrettable que la solution à la crise ait été trouvée en dehors des mécanismes appropriés des Nations Unies et en violation des principes de la Charte. Les membres du Conseil de sécurité sont clairement responsables du fonctionnement inadéquat des mécanismes de sécurité collective. Les faits ont, une nouvelle fois, prouvé que le veto ou la menace d'y recourir peut réduire à la paralysie le principal organe de sécurité collective du monde. Une nouvelle fois, les faits ont montré qu'une telle situation créé un vide qui peut ainsi conduire à un recours unilatéral à la force sans autorisation préalable du Conseil de sécurité.

Si les changements intervenus dans le système international sont souvent évoqués, le fait que les institutions internationales ne soient pas adaptées à ces changements est, lui, rarement mentionné. Le Chili a, à plusieurs reprises, souligné l'importance qu'il faut accorder à l'Assemblée générale comme organe fondamental de délibérations et de prise de décisions au sein du système des Nations Unies. Il agit de la seule instance où tous les Etats Membres sont représentés sur un pied d'égalité. Le Chili réaffirme aussi que la réforme du Conseil de sécurité doit prendre en compte des critères tels que les principes de la souveraineté égale des Etats et de la représentation géographique équitable, ainsi que la nécessité de créer des conditions de fonctionnement qui garantissent une plus grande transparence et une plus grande démocratie dans les méthodes et procédures de travail du Conseil.

Le maintien du droit de veto, qui du reste peut être exercé sans justification publique, représente un obstacle à la réalisation des accords de fond. Il est clair que la plupart des problèmes rencontrés dans l'admission de nouveaux permanents sont directement liés à l'exercice du droit de veto.

Sur le front économique, il faut donner un nouvel élan au processus nécessaire des réformes qui assureront une certaine stabilité au système financier international. L'objectif n'est pas de comprimer le flux des capitaux internationaux mais d'établir un cadre international approprié pour traiter des problèmes qui pourraient surgir. La communauté internationale ne peut continuer à jouer le spectateur passif devant l'émergence des crises financières qui portent en elles la capacité d'interrompre la croissance mondiale et de limiter le développement des pays. Dans ce contexte, il est essentiel de n'épargner aucun effort pour assurer le succès du nouveau cycle de négociations commerciales. Ces négociations doivent être équilibrées de manière à refléter à la fois les intérêts des pays développés et ceux des pays en développement. Il faut également espérer que ces négociations seront exhaustives. Le Chili s'opposant à une approche limitative qui donnerait lieu à des négociations sectorielles.

En matière des droits de l'homme, le Chili appuie le postulat selon lequel le génocide et les violations graves des droits de l'homme doivent désormais relever de la compétence de tribunaux internationaux. Il souligne néanmoins qu'en ce qui concerne la mondialisation de la justice, le monde se trouve aujourd'hui dans une phase de transition marquée par des imprécisions dans les normes de juridiction qui prêtent à des interprétations différentes et parfois arbitraires et déplacées. Depuis le retour de la démocratie au Chili en 1991, le pays a fait face à un dilemme dans l'administration de la justice dans le domaine des violations des droits de l'homme. Sa façon de procéder à d'ailleurs donné lieu à des tensions que de nombreux pays, même engagés dans une phase de transition plus favorable, auraient choisi d'éviter en s'abstenant de traduire en justice les responsables des crimes graves commis durant le régime précédent. Dans ces circonstances, il faut se demander sur quelle base un Etat tiers peut-il prétendre exercer sa juridiction sur des crimes qui ont déjà fait l'objet de poursuites dans le pays même où ces actes ont été commis. Le Chili comprendrait s'il s'agissait d'administrer la justice dans des pays où la règle de droit n'existe pas et où les droits de l'homme fondamentaux continuent d'être bafoués. Mais lorsqu'il s'agit d'un Etat démocratique fondé sur la règle de droit, la tâche d'administration de la justice relève de la responsabilité du pays concerné. Très clairement, le Chili ne juge pas souhaitable que des juges d'autres pays soient compétents pour intervenir directement dans ce processus. Cette demande d'exercice de juridiction, fondé sur le principe de séparation des pouvoirs, constitue en fait un déni pur et simple du principe d'égalité juridique entre les Etats. L'ingérence dans les affaires relevant de la juridiction chilienne est inappropriée et déplacée. Elle démontre, en outre, un manque de respect de la règle de droit et de la démocratie chiliennes.

M. JOE BORG, Ministre des affaires étrangères de Malte : la communauté internationale ne peut se permettre d'être complaisante à l'égard des crises humanitaires. Il incombe à l'ensemble de la communauté internationale de faire face au défi de garantir un monde exempt de privations, de crainte et d'oppression. Le renforcement des Nations Unies pour mieux répondre aux besoins contemporains et pour faire face aux défis de l'avenir devient plus urgent. Le rôle des Nations Unies dans le domaine de la promotion de la diplomatie préventive doit être considérablement important si nous nous engageons ensemble à prévenir et à régler les situations potentiellement destructives. La paix et la sécurité sont intimement liées avec le développement et la prospérité. Trop souvent, l'absence de développement favorise le conflit. La promotion du développement contribue à prévenir les guerres et les actes de violence. La démocratie, la bonne gouvernance, le respect des droits de l'homme et l'application du droit sont des fondements essentiels pour parvenir à la paix et au développement et pour garantir la dignité de la personne humaine. Là où ils n'existent pas, il faudrait intensifier nos efforts pour mettre en oeuvre les programmes de restauration de la paix, de réhabilitation et de reconstruction post-conflit. L'importance de consolider les accords de cessez-le-feu avec des institutions politiques et économiques stables, tout en créant des partenariats entre les gouvernements et la société civile, ne peuvent être sous-estimés.

Alors que les causes inhérentes des conflits sont complexes, la prolifération et le trafic illicites des armes a clairement un impact déstabilisateur sur les sociétés et ne sert qu'à perpétuer les conflits. A cet égard, des efforts à l'échelle mondiale sont exigés pour contrôler le commerce illicite des armes légères et de petit calibre. Notant que le consensus mondial émergeant sur cette question est encourageant, Malte attend la tenue éventuelle d'une conférence internationale sur le commerce des armes illicites sous tous ses aspects.

Malte, qui a réactivé sa demande d'intégration à l'Union européenne en septembre de l'année dernière, attache une importance particulière à la promotion de la coopération en Méditerranée. Le Partenariat euro- méditerranéen lancé en 1995 à Barcelone par l'Union européenne est d'une importance cruciale pour Malte. Par ce Partenariat, Malte est fermement convaincue que son adhésion à l'Union renforcera son rôle traditionnel dans la promotion de la sécurité et de la coopération dans la région de la Méditerranée. Au niveau régional - comme au niveau mondial - Malte perçoit cette adhésion comme un élément de participation accrue au processus de coopération multilatérale en faveur de la paix et de la prospérité dans la Méditerranée. Malte participe activement au partenariat de Barcelone en raison de ses mérites intrinsèques visant la promotion d'un programme concret et efficace de coopération dans la région Méditerranéenne. A cet égard, lors du récent Sommet ministériel tenu à Stuttgart, les ministres des affaires étrangères du partenariat euro-méditerranéen ont convenu de renforcer la stabilité globale dans la région par la conclusion de la Charte euro- méditerranéenne pour la paix et la stabilité, initiative à laquelle Malte a participé activement.

En dépit de nombreux défis auxquels la Méditerranée est confrontée, Malte estime que des solutions durables peuvent être trouvées. A cet égard, elle considère sincèrement qu'on peut parvenir à un règlement rapide de la question de Chypre, conformément aux résolutions pertinentes du Conseil de sécurité. Malte souhaite que la future Assemblée du millénaire génère la volonté politique et la solidarité nécessaires pour garantir les valeurs sur lesquelles l'ONU est fondée. Il faut passer du processus d'introspection à celui d'une mise en oeuvre et d'une action engagées. Une volonté politique et une conviction fermes sont nécessaires pour s'acquitter des objectifs communs. Nous ne devons pas rechercher des solutions à court terme, mais plutôt renforcer nos efforts communs pour parvenir à des solutions durables répondant aux défis auxquels nous sommes aujourd'hui confrontés, à la veille d'une ère nouvelle.

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