AG/COL/165

LE COMITE REAFFIRME LE DROIT A L'AUTODETERMINATION DE PORTO RICO ET ENGAGE LE GOUVERNEMENT AMERICAIN A CESSER SES ACTIVITES MILITAIRES

6 juillet 1999


Communiqué de Presse
AG/COL/165


LE COMITE REAFFIRME LE DROIT A L'AUTODETERMINATION DE PORTO RICO ET ENGAGE LE GOUVERNEMENT AMERICAIN A CESSER SES ACTIVITES MILITAIRES

19990706 Rappelant que le 25 juillet 1999 marque le 101ème anniversaire de l'intervention des Etats-Unis à Porto Rico, le Comité spécial chargé d'étudier la situation en ce qui concerne l'application de la Déclaration sur l'octroi de l'indépendance aux pays et aux peuples coloniaux a réaffirmé, cet après- midi, le droit inaliénable du peuple portoricain à l'autodétermination et à l'indépendance, dans le cadre d'une décision adoptée par 12 voix pour (Côte d'Ivoire, Cuba, Fidji, Grenade, Iran, Iraq, Sainte-Lucie, Sierra Leone, Syrie, Tanzanie, Bolivie et Chine) et cinq abstentions (Inde, Papouasie-Nouvelle- Guinée, Fédération de Russie, Venezuela et Chili) telle qu'oralement amendée. En présentant la décision, le représentant de Cuba a souligné que le texte prend en compte les prises de position du Comité spécial sur Porto Rico telles qu'elles figurent dans les 17 résolutions et décisions adoptées depuis 1972. Le texte comprend en outre deux éléments de fond très importants; le premier concerne les terribles conséquences sociales, économiques et écologiques de l'occupation par les "Marines" de l'île de Vieques et le deuxième concerne la situation des prisonniers politiques portoricains détenus aux Etats-Unis, sur laquelle le Comité spécial s'est prononcé sans résultat concret. En conséquence, le Comité spécial a engagé, par ce texte, le Gouvernement américain à faire cesser les opérations et manoeuvres de ses forces armées et à rendre au peuple portoricain toutes les zones occupées. Le Comité a également exprimé l'espoir que le Président des Etats-Unis examinera favorablement la demande visant à libérer les prisonniers portoricains qui purgent, depuis plus de 15 ans, des peines dans des prisons américaines dans le cadre d'affaires liées à la lutte pour l'indépendance de Porto Rico.

Les pétitionnaires qui se sont exprimés cet après-midi, ont, en effet, insisté sur le "statut colonial" de Porto Rico qui, selon eux, vient de la violation par les Etats-Unis de l'accord signé en 1952 entre les Gouvernements américain et portoricain sur le statut d'Etat librement associé, "Estado Libre Asociado". Ils ont souligné que pour la quatrième fois depuis l'occupation américaine en 1948, le peuple de Porto Rico a rejeté, au cours du plébiscite de décembre de 1998, le statut d'Etat américain. La loi sur l'émancipation de Porto Rico est entre les mains des pouvoirs exécutif et législatif américains,

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ont affirmé les pétitionnaires en appelant le Comité spécial a montrer clairement aux Etats-Unis qu'ils ne sont pas "au-dessus des lois". Les pétitionnaires ont donc, une nouvelle fois, exigé la libération des 17 prisonniers politiques et la fin des opérations militaires sur l'île de Vieques, expliquant leur caractère nocif par le fait que l'île ne sert pas seulement de base militaire mais aussi de champ d'entraînement pour les tirs navals, et ce 200 jours par an.

Les pétitionnaires des entités suivantes ont pris la parole : Al Frente, Concerned Puerto Rican Americans (CPRA), Estadidad 2000, Puerto Rico Mi Patria, Association américaine des juristes, Ligue des citoyens unis d'Amérique latine, Grand orient national de Porto Rico, Nouveau mouvement portoricain pour l'indépendance, US Statehood, Incorporated, et Parti des travailleurs sociales. Une pétitionnaire s'est exprimée à titre individuel.

La prochaine réunion du Comité spécial sera annoncée dans le Journal.

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Décision du Comité spécial en date du 11 août 1998 concernant Porto Rico (A/AC.109/1999/L.6)

Par ce texte, adopté à l'issue d'un vote nominal, le Comité spécial réaffirme le droit inaliénable du peuple portoricain à l'autodétermination et à l'indépendance et le fait que ce peuple est une nation d'Amérique latine et des Caraïbes dotée de sa propre identité nationale. Le Comité spécial exprime à nouveau l'espoir que le Gouvernement des Etats-Unis assumera la responsabilité de mener rapidement à bien un processus qui permette au peuple portoricain d'exercer son droit inaliénable à l'autodétermination et à l'indépendance. Il engage, par ailleurs, le Gouvernement américain à faire cesser les opérations et manoeuvres de ses forces armées sur l'île de Vieques et exprime l'espoir que le Président des Etats-Unis examinera favorablement la demande dont il est saisi de libérer les prisonniers portoricains qui purgent des peines dans des prisons américaines dans le cadre des affaires liées à la lutte pour l'indépendance de Porto Rico.

Audition de pétitionnaires sur Porto Rico

M. JOSE I. ADAMES, "Al Frente", a expliqué que "Al Frente" est un programme de télévision d'une heure qui existe depuis 10 ans et qui défend la démocratie. Pendant 80 ans, Porto Rico a été un état des Etats-Unis mais ses habitants sont l'objet de beaucoup de discriminations. C'est pourquoi l'île reste privée de représentation au sénat américain. La philosophie de l'indépendance a été la grande perdante du dernier plébiscite. Comme l'ont montré les résultats, les autres options ont obtenus plus de 87 %. Il y a aujourd'hui un véritable antagonisme entre les deux grands partis de l'île qui résulte d'une grande confusion puisqu'en réalité, il n'y a qu'une seule revendication, à savoir le statut d'état. Si l'indépendance gagne, les Portoricains perdront leur citoyenneté américaine. Or, tous les Portoricains et leurs descendants sont citoyens américains depuis 82 ans. Le mariage entre Porto Rico et les Etats-Unis a été scellé non seulement par l'histoire, mais aussi par la réalité. De nombreux Portoricains résident en effet sur le territoire des Etats-Unis. Vouloir la séparation entre Porto Rico et les Etats-Unis, c'est se faire l'avocat du diable et préconiser des désordres. En revanche, maintenir le statut quo est une absurdité. Pourquoi le Président américain serait-il aussi Président de Porto Rico alors que les Portoricains ne peuvent participer aux élections ? Si beaucoup de problèmes font obstacle à l'obtention du statut d'état, la constitution américaine n'est pas non plus respectée actuellement. C'est pourquoi, il est du devoir de l'ONU de dépendre que soit mis fin à ces discriminations historiques et de demander le statut d'état pour l'île. L'obtention du statut d'état en tant que 51ième état des Etats-Unis est la seule solution pour Porto Rico, a conclu le pétitionnaire.

Intervenant après cette déclaration, le représentant de la Côte d'Ivoire a demandé pourquoi, si Porto Rico remplit toutes les conditions pour devenir état à part entière des Etats-Unis, il n'avait pu obtenir ce statut jusqu'à présent, contrairement à Hawaï et à l'Alaska. Le représentant de "Al Frente" a expliqué qu'un des premiers problèmes était la discrimination à l'égard de

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la population hispanique. De nombreuses communautés ne veulent pas donner à la communauté hispanique, dont font partie les Portoricains, les pouvoirs qui leur reviennent. Il semble, à première vue, que les Portoricains ne veulent pas le statut d'état mais si l'on y regarde de plus près, le statut de libre association est la même chose que la qualité d'état, sous une ordre robe. Un autre problème résulte des nombreux intérêts commerciaux en jeu. Porto Rico produit de nombreuses marchandises en compétition avec celles fabriquées sur le continent. Or, dans le cas de l'obtention du statut d'état, ces marchandises ne seraient plus vendues au rabais.

M. SALVADOR VARGAS, Jr., Concerned Puerto Ricain Americans (CPRA), a souligné qu'au mois d'août 1998, après l'audition de pétitionnaires sur Porto Rico, le Comité spécial a, une nouvelle fois, confirmé le droit de Porto Rico à l'autodétermination et à l'indépendance et renouvelé son engagement à éliminer la décolonisation d'ici l'an 2000. Ce faisant, le Comité spécial a provoqué une vive réaction du Président des Etats-Unis. En effet, le Président Clinton a dénoncé publiquement cette résolution arguant que ni le Comité spécial ni l'Assemblée générale n'a de mandat sur Porto Rico. Le Président Clinton est même allé jusqu'à dire que Porto Rico est un territoire intégré aux Etats-Unis, insultant ainsi la mémoire des plus grands patriotes portoricains. Le pétitionnaire a poursuivi en affirmant que "le seul engagement du Président Clinton est de continuer le génocide du peuple et de la nationalité portoricains" tels que les conçoit la Constitution de 1952, la "Estado Libre Asocido", signé entre les Gouvernements portoricain et américain. En décembre 1998, un plébiscite a eu lieu à Porto Rico qui a permis à la population de rejeter le mouvement d'intégration, "l'idéologie du génocide", appuyée par les marionnettes du Président Clinton qui ont à leur tête, "la plus grande des marionnettes", le Gouverneur actuel, M. Pedro Rossello Gonzalez. Aujourd'hui, la loi sur l'émancipation de Porto Rico est entre les mains du Président Clinton et des membres du Congrès et les Nations Unies doivent montrer aux Etats-Unis qu'ils ne sont pas au-dessus des lois.

Le pétitionnaire a recommandé à l'Assemblée générale de condamner les Etats-Unis pour avoir violé ses résolutions pertinentes, et ce dès l'expiration de la Décennie sur l'élimination du colonialisme. Elle doit, pour ce faire, imposer un embargo de 72 heures sur tous les produits commerciaux exportés par les Etats-Unis. L'Assemblée doit aussi adopter une résolution pour intégrer Porto Rico en tant qu'Etat membre afin de punir une fois pour toutes les Etats-Unis d'avoir violé sa résolution 1514 sur le droit à l'autodétermination. Après le 1er janvier de l'an 2000, l'Assemblée doit adopter une résolution acceptant l'accord de 1952 et reconnaissant ainsi la libre association de Porto Rico avec les Etats-Unis. L'Assemblée doit encore encourager les pays d'Amérique latine et des Caraïbes à développer des liens diplomatiques et économiques avec Porto Rico. Elle doit enfin adopter une résolution sur la tenue d'élections présidentielles à Porto Rico en l'an 2004, élections qui doivent être supervisées par le Comité spécial.

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M. JOSE J. RIVERA, "Estadidad 2000", a indiqué que "Estadidad 2000" est une organisation fondée à New York qui milite pour l'obtention du statut d'état pour Porto Rico, estimant que c'est la seule solution de gouvernement qui donnera à tous les citoyens nord américains d'origine portoricaine la pleine citoyenneté. Pour diverses raisons, il n'a jamais existé de pacte bilatéral entre Porto Rico et les Etats-Unis. La création, en 1952, de l'état libre associé de Porto Rico n'a pas modifié la situation qui prévalait depuis 1898. Porto Rico est restée une colonie, subordonnée politiquement aux Etats- Unis. Lors du plébiscite de 1993, le statut d'état librement associé avait obtenu 48 % des votes, celui d'état à part entière avait obtenu 46,3 % et celui d'indépendance 4,4 %, ce qui veut dire que 50,4 % des électeurs avaient rejeté le statut colonial. Au vu de la situation actuelle et des résultats du dernier plébiscite, en décembre 1998, qui ont confirmé le rejet du statut colonial, le Comité doit déclarer que Porto Rico est une colonie et demander au Congrès américain un plébiscite de décolonisation de Porto Rico.

Mme LOLITA LEBRON, "Puerto Rico Mi Patria", a expliqué que "Puerto Rico Mi Patria" est un mouvement nationaliste. Depuis plus de 80 ans, Porto Rico vit sous un régime militaire et colonial auquel on a donné une apparence démocratique. Aujourd'hui comme hier, Porto Rico reste une colonie militaire, malgré son statut d'état libre associé. Cent ans après l'invasion de Porto Rico, les Etats-Unis n'ont toujours pas honoré leurs engagements en ce qui concerne la décolonisation de l'île. Le système colonial a agressé profondément le peuple de Porto Rico, avec comme objectif d'étouffer et de détruire l'identité portoricaine. Ce régime inculque à notre psyché collectif un sentiment de manque d'assurance et de mépris de notre culture, qui nous pousse souvent à rejeter nos origines hispaniques. Cette politique de répression continue aujourd'hui, comme en témoigne la présence dans les prisons américaines de 17 prisonniers politiques portoricains. Seize d'entre eux sont détenus depuis plus de 15 ans.

La représentante a également dénoncé le maintien de la présence militaire américaine à Porto Rico. Les Etats-Unis ont fait de nos îles un champ de bataille, détruisant la faune et la flore et polluant la région, a-t- elle dit. Ainsi, les activités militaires qui sont menées à Vieques ont des effets désastreux sur l'environnement et sur les habitants de l'île qui se voient niés leur droit au développement. Le drame qui a coûté la vie à un garde portoricain a été la goutte qui a fait débordé le vase. Nous dénonçons donc la marine de guerre américaine qui détient des stocks nucléaires et d'armes de destruction massive, qui loue les terrains d'entraînement de Vieques à d'autres marines de guerre des pays de l'OTAN, pour qu'elles s'y entraînent ou y expérimentent des armes de guerre qui sont ensuite utilisées contre d'autres pays, comme récemment au Kosovo. "J'ai été pendant 25 ans en prison à cause des Etats-Unis. J'y ai rencontré Dieu. Et j'affirme que le monde est en danger et qu'il faut faire disparaître de la face de la terre les armes nucléaires et de destruction massives. Il faut en finir avec ces abominations contre la création de Dieu. Il faut en finir avec ce siècle de terreur et de violence et donner un nouveau coeur à l'humanité pour que nous vivions tous ensemble dans la paix et la liberté", a-t-elle conclu.

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A la suite de cette intervention, le représentant de Cuba, soulignant la position commune sur la nécessité d'élections en vue de changer la relation coloniale entre Porto Rico et les Etats-Unis, a demandé à Mme Lebron dans quelle mesure il y avait une convergence de vues sur les autres questions, comme le retrait de l'armée américaine de l'île et la libération des prisonniers portoricains.

"Les Portoricains ne veulent pas vivre en esclaves", a répondu la représentante de "Puerto Rico Mi Patria". "L'acte d'amour qui a créé les être humains en a fait des êtres supérieurs et libres. Nous sommes à l'aube d'un nouveau siècle qui doit être pacifique. On ne peut faire la paix en se tuant. Porto Rico est l'une des victimes de la domination des pauvres et des faibles, de ceux qui n'ont pas de bombe atomique ni d'armes. Porto Rico est une victime que l'on a mise à genoux. Dans les écoles, on apprend aux enfants une culture qui leur est inconnue, une langue qui n'est pas la leur pour qu'ils oublient leurs origines. Les Etats-Unis ont voulu acheter la dignité du peuple portoricain avec des choses banales. Mais nous pouvons gagner notre vie nous mêmes. Nous sommes des enfants de Dieu et avons le droit inaliénable de vivre libres. Nous, Porto Rico, voulons être libres. C'est entre les mains du Comité. Nous n'avons pas été créés pour vivre sous le joug. Nous avons la capacité de nous diriger nous mêmes. Cette vérité doit sortir de cette salle", a-t-elle dit. La représentante a également estimé que Porto Rico devait être indemnisé puisque ses terres lui ont été volées. On dit que nous mourrons de faim sans l'aide des Etats-Unis et leur argent. Mais non ! Ils ne font que nous voler et chercher à nous faire oublier notre identité. Nous sommes travailleurs et nous pouvons donner un exemple au monde. Nous avons lutté pour notre liberté et voulons lever la tête, a-t-elle conclu.

Mme VANESSA RAMOS, Association américaine de juristes, a d'abord souligné que les conflits en Amérique latine et aux Caraïbes trouve trop souvent leurs sources dans la politique "interventionniste et expansionniste" des Etats-Unis, avant de défendre le droit du peuple portoricain à l'autodétermination. La pétitionnaire s'est donc félicitée que l'année dernière, le Comité spécial ait adopté une résolution affirmant le droit à l'autodétermination et à l'indépendance de Porto Rico. Elle a, dans ce cadre, plaidé pour la garantie des droits de l'homme du peuple de Porto Rico, la fin des manoeuvres militaires sur l'île de Vieques, le retrait de toutes les troupes de "Marines", et la libération des prisonniers politiques qui purgent une peine dans les prisons américaines en raison de leur lutte pour l'indépendance de Porto Rico. Donnant le détail des dégâts occasionnés par la présence des "Marines" sur l'île de Vieques, la pétitionnaire a déclaré que ce sont ces dégâts qui ont intensifié les revendications sociales sur l'île. Ainsi, une Commission spéciale a été créée qui a recommandé, à l'unanimité, la cessation des activités militaires, la restitution des terres aux populations, et une étude sur l'impact des manoeuvres militaires sur la santé, l'économie ou encore l'environnement. Par ailleurs, une démonstration importante a eu lieu le 4 juillet pour demander également le retrait des militaires. La pétitionnaire a conclu en demandant au Comité spécial d'aider le peuple à Porto Rico de traduire ses revendications en réalité.

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Mme OLGA V. PABON CINTRON, Grand Orient national de Porto Rico, a sollicité l'aide du Comité spécial en disant "ma patrie et mon peuple ont besoin de vous". 101 ans d'occupation et de tutelle impériale, a-t-elle dit, ont réduit les ambitions de paix et d'harmonie du peuple de Porto Rico. La pétitionnaire a donc appuyé la décision adoptée par le Comité spécial concernant Porto Rico tout en s'opposant au paragraphe du texte qui demande la cessation des opérations militaires sur l'île de Vieques. Elle a estimé que Porto Rico n'a pas intérêt à être complètement libéré.

M. JULIO ANTONIO MURIENTE PEREZ, Nouveau mouvement portoricain pour l'indépendance, a indiqué que l'année dernière des événements importants ont eu lieu à Porto Rico, en citant parmi eux, la manifestation qui a rassemblée des milliers de personnes contre la privatisation de la compagnie téléphonique. Ces personnes qui cherchaient ainsi à défendre le patrimoine national, ont organisé d'autres manifestations sur les privatisations envisagées. Toujours, l'année dernière, le territoire a commémoré le 100 ème anniversaire de l'occupation américaine. Un an plus tard, aucun signe encourageant ne point à l'horizon quant à la volonté du Congrès des Etats-Unis de laisser le peuple de Porto Rico exercer son droit à l'autodétermination. L'initiative "annexionniste" d'imposer un plébiscite créole en 1998 était, pour le pétitionnaire, une tentative de plus des Etats-Unis de gagner des sympathies et de promouvoir ses intérêts annexionnistes. Malgré l'échec de cette tentative, les Etats-Unis sont restés campés sur leur position et ont refusé de promouvoir l'exercice du droit à l'autodétermination des Portoricains. Le pétitionnaire a poursuivi sa déclaration en demandant le retrait des "Marines" américaines de l'île de Vieques et la libération des prisonniers politiques portoricains détenus dans les prisons américaines. Maintenant que la Décennie sur l'élimination du colonialisme touche à sa fin, a conclu le pétitionnaire, la nation portoricaine est sur le pied de guerre et souhaite que le Comité spécial appuie sa cause, celle de l'autodétermination et de l'indépendance.

A la suite de ces propos, le représentant de la Côte d'Ivoire a souhaité savoir ce que le pétitionnaire a voulu dire par "arrêt des bombardements sur l'île de Vieques". Pourquoi ces bombardements ont-il lieu et quels sont les objectifs visés, a insisté le représentant. A ces questions, le pétitionnaire du Nouveau mouvement portoricain pour l'indépendance a d'abord précisé que l'île de Vieques est une municipalité située à l'est de Porto Rico dont les deux tiers sont occupés, depuis 1950, par les Etats-Unis, pour servir de bases militaires mais aussi de "cibles pour mesurer la puissance des tirs navals". La population est donc prise dans l'étau d'une zone utilisée comme cible pendant plus de 200 jours par an. D'ailleurs, plusieurs des vaisseaux en partance pour la République fédérale de Yougoslavie (Serbie et Monténégro) se sont entraînés sur l'île, en tirant à partir de la mer sur la partie de l'île occupée par les "Marines".

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M. RIVERA-ARVELO, "U.S. Statehood, Inc.", a souligné l'impact social et économique important de la présence américaine sur l'île. Il a rappelé qu'un grand nombre de Portoricains ont émigré vers les Etats-Unis, y sont nés ou y ont vécu pendant de longues années, et qu'il y a actuellement plus de travailleurs portoricains à New York qu'à San Juan. Le statut politique de Porto Rico a attiré les investisseurs. Dans la zone douanière des Etats-Unis, les produits et les personnes peuvent se déplacer librement. A l'exception des impôts, Porto Rico est un état des Etats-Unis. L'appareil militaire américain utilise des bases à Porto Rico comme centre d'entraînement et avant- postes. De nombreux Portoricains font partie de l'armée fédérale. De l'avis de "U.S. Statehood", Porto Rico tire bien des avantages de ses relations avec les Etats-Unis. Le secteur privé américain investit des milliards de dollars à Porto Rico. Le commerce entre l'île et les Etats-Unis est important et Porto Rico est le cinquième client des Etats-Unis pour les biens et services. Une grande partie des dépenses faites dans l'île revient aux citoyens américains. Le représentant a encore souligné l'importance des ressources naturelles de l'île, ainsi que sa situation géopolitique stratégique. Il a insisté sur le fait que les Portoricains sont les seuls à pouvoir décider du statut politique de l'île. Rappelant que les tenants de l'indépendance ont été tournés en ridicule au cours du dernier plébiscite, il a souligné le fait que l'ONU ne pouvait imposer cette option aux Portoricains sans leur assentiment. Le statut d'état à part entière est la meilleur solution pour Porto Rico, a-t-il conclu.

M. MARTIN KOPPEL, Parti des travailleurs socialistes, a déclaré que le statut de colonie américaine de Porto Rico avait des conséquences dévastatrice pour les habitants de l'île. L'indépendance est dans l'intérêt de la population de Porto Rico, mais aussi de la majorité des Américains. Les travailleurs américains et le peuple de Porto Rico font face aux mêmes exploitants, dont le quartier général se trouve à Washington. L'indépendance de Porto Rico porterait un coup puissant à cet ennemi commun, en montrant qu'il est possible de résister à la classe capitaliste la plus brutale du monde et à briser sa domination. La crise économique entraîne de plus en plus de travailleurs et d'agriculteurs américains à résister à l'offensive des employeurs sur leurs salaires et leurs droits sociaux et politiques. C'est cette même crise économique qui alimente la lutte de la classe ouvrière à Porto Rico. Les Portoricains sont une composante importante de la classe ouvrière des Etats-Unis et, comme les Noirs, les Chicanos et d'autres minorités, ils subissent la discrimination raciale. La domination coloniale américaine à Porto Rico renforce le racisme et les forces réactionnaires dans la société américaine. Elle donne au Gouvernement américain la main libre pour saper les droits démocratiques de ceux qui, aux Etats-Unis, luttent pour la défense de nos conditions de vie. C'est ainsi que de nombreux patriotes portoricains sont emprisonnés aux Etats-Unis. Le Parti des travailleurs socialistes demande au Président Clinton de libérer les 17 prisonniers politiques portoricains.

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La voie socialiste choisie par les travailleurs et agriculteurs de Cuba est la seule capable de mener à une véritable indépendance et dignité. La différence entre cette voie et les perspectives qu'offre la règle coloniale américaine a été illustrée par la réaction aux ouragans qui ont dévasté les Caraïbes et l'Amérique centrale l'an dernier. Aujourd'hui, neuf mois après le passage de l'ouragan Georges à Porto Rico, des centaines de travailleurs vivent toujours dans des abris. Cuba, pour sa part, a mobilisé ses modestes ressources pour protéger les vies et les conditions de vie de ses citoyens, mais aussi pour offrir une aide aux pays d'Amérique centrale et des Caraïbes affectés. Le sort de Porto Rico et de Cuba ont toujours été liés. L'exemple de Cuba révolutionnaire est la voie à suivre pour Porto Rico et pour les travailleurs du monde entier. La condamnation par ce Comité de la domination coloniale de Washington à Porto Rico servira les intérêts de la vaste majorité de la population des Etats-Unis et de ceux qui luttent partout pour l'autodétermination et l'avenir de l'humanité.

Evoquant l'appel fait au Comité, le représentant de la Côte d'Ivoire a demandé comment il se fait que le Congrès et le sénat américains qui sont supposés représenter la grande majorité de la population américaine n'ont pas encore eu l'écho des aspirations de la majorité de la population portoricaine. A cela, le représentant du Parti des travailleurs socialistes a répondu que le Gouvernement américain, y compris le Congrès et le sénat, ne représentent pas la majorité des gens qui vivent et travaillent aux Etats-Unis, mais les intérêts d'une poignée de milliardaires. C'est pourquoi les intérêts de la majorité des américains et du peuple de Porto Rico sont les mêmes. Tous ont les mêmes soucis, en ce qui concerne leur niveau de vie, leurs droits, leurs acquis sociaux. Face à cette situation, les travailleurs ont commencé à agir pour défendre leurs intérêts, pour protéger leur niveau de vie, en créant de vastes réseaux de solidarité susceptibles de présenter des revendications communes, a-t-il dit.

Mme ZUELUGO MENDOSA, Représentante de la Campagne portoricaine, a rappelé qu'au mois juillet 1998, des milliers de personnes ont manifesté contre les bateaux de l'OTAN et grâce à leurs actions, plus de 30 manoeuvres militaires ont été arrêtées. La situation de Porto Rico, a-t-elle dit, s'illustre chaque jour à Vieques, une île de quelque 52 000 mètres carrés. La situation économique s'illustre simplement; la marine a exproprié les terres les plus fertiles et les hélices des navires abîment régulièrement les filets de pêche. Par ailleurs, des centaines d'espèces de la flore et de la faune sont tués quotidiennement sous l'effet des projectiles. Dans les années 1990, des échantillons de l'air ont montré des niveaux de fer illégaux et des particules dangereuses. Aujourd'hui, Vieques enregistre un taux de cancers très élevé ainsi que d'autres problèmes de santé. Le taux des cancers y est de 26% supérieur au reste de Porto Rico. Les Portoricains sont convaincus que le moment est venu de reprendre leurs terres. Ils veulent que le Gouvernement américain rende Vieques à ses habitants. La première mesure prise pas le Président Clinton en ce sens, a été accueilli avec suspicion par les habitants de Porto Rico parce que les membres du panel fédéral étaient directement lié aux intérêts de la marine américaine. Pour la pétitionnaire, il est important

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que la communauté internationale sache que Vieques a parlé et a demandé le départ des "Marines" américains. La communauté internationale doit condamner le colonialisme à Porto Rico et faire connaître ses préoccupations au Gouvernement américain. Le Comité spécial doit aider le peuple de Vieques qui a souffert de la guerre pendant 60 ans. Il doit venir à Porto Rico pour se rendre compte des ravages causés par la situation coloniale à Porto Rico. "La marine américaine doit quitter Vieques parce que l'impérialisme ne peut s'infiltrer dans le nouveau millénaire", a conclu le pétitionnaire.

A l'issue de l'audition de pétitionnaires, le Rapporteur du Comité spécial, M. Fayssal Mekdad (Syrie) a fait part du rapport qu'il a préparé sur Porto Rico, conformément à la décision adoptée l'année dernière par le Comité spécial. L'étude dont est saisi le Comité spécial, a dit le Rapporteur, suit une structure similaire au document de 1984. Une partie de l'information est basée sur des sources publiées officiellement et des comptes-rendus de presse. Une section assez longue est elle fondée sur les comptes-rendus officiels du Comité spécial et présente les décisions du Comité spécial depuis 1984. La partie la plus intéressante de l'étude vient des Portoricains eux-mêmes qui ont fourni des informations précieuses reproduites dans le rapport.

Explication de vote sur la décision concernant Porto Rico

Le représentant du Venezuela a indiqué que son pays avait toujours été attaché à la cause de l'indépendance et appuyait donc le droit à l'autodétermination du peuple portoricain. Le Venezuela se réjouit du consensus au sein de la société portoricaine sur de nombreux points. Toutefois, certains éléments figurant dans le texte de la décision ne sont pas appuyés par tous les secteurs de la population. C'est pourquoi le Venezuela s'est abstenu.

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