AG/897

DE NOMBREUX OBSTACLES, NOTAMMENT FINANCIERS, CONTINUENT D'EMPECHER L'APPLICATION DU PROGRAMME D'ACTION DU CAIRE

1 juillet 1999


Communiqué de Presse
AG/897
POP/719


DE NOMBREUX OBSTACLES, NOTAMMENT FINANCIERS, CONTINUENT D'EMPECHER L'APPLICATION DU PROGRAMME D'ACTION DU CAIRE

19990701 Assistance financière extérieure et volonté politique nationale apparaissent comme la seule voie pour mettre en place des politiques démographiques efficaces

"Les questions liées à la population et leurs ramifications figurent toujours parmi les objectifs essentiels du développement durable dans le monde" ont réaffirmé, à l'instar de la Vice-Présidente de la Gambie, Mme Njie-Saidy, l'ensemble des personnalités ayant pris part ce matin aux travaux de la session extraordinaire de l'Assemblée générale consacrée à l'examen et à l'évaluation de l'application du Programme d'action de la Conférence internationale sur la population et le développement, tenue au Caire en 1994.

Les intervenants ont toutefois fait part des nombreuses difficultés qu'ils ont rencontrées, et rencontrent encore, dans la mise en oeuvre des dispositions du Programme d'action du Caire. Ainsi plusieurs pays ont évoqué les conséquences néfastes de la crise financière actuelle en Asie. Cette crise se traduit pour certains pays, comme l'a indiqué le Secrétaire à la planification économique et sociale des Philippines, M. Medalla, par des difficultés à générer des revenus pour les activités liées à la population. Les pays de la région des Caraïbes ont pour leur part rappelé qu'outre les limitations budgétaires, ils ont dû changer leur ordre de priorité suite aux différentes catastrophes naturelles qui les ont frappées. Le poids qu'ont les flux migratoires sur les gouvernements, et qui se traduisent à la fois par l'arrivée dans le pays de personnes en situation particulièrement vulnérable et par le départ des individus les plus éduqués, souvent de jeunes hommes, a aussi été évoqué. Plusieurs intervenants ont souligné la nécessité de défendre les droits des migrants et des réfugiés, et plus spécialement les femmes qui constituent la majorité de cette population.

Déplorant la diminution continue de l'Aide publique au développement, les intervenants ont insisté sur la poursuite de l'aide technique et financière en provenance des pays développés.

(à suivre - 1a)

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"Certes les pays industrialisés doivent eux aussi faire face à des crises, mais sans les ressources adéquates, de nombreux pays en développement ne peuvent même pas espérer atteindre les normes minimales établies au Caire" a fait remarquer le Ministre de l'immigration et de la population du Myanmar, M. Saw Tun. M. van Dongen, Directeur au Ministère des affaires étrangères des Pays-Bas, a déclaré, quant à lui, que s'il est indiscutable que les pays en développement ont besoin de l'aide extérieure, une fois le système de santé primaire mis en place, les politiques de population sont relativement peu coûteuses et deviennent plus une question de volonté politique que de capacité financière.

Les personnalités suivantes ont fait une déclaration au cours du débat : Mme Isatou Njie-Saidy, Vice-Présidente de la Gambie; M. Philip Ruddock, Ministre pour l'immigration et les affaires pluriculturelles de l'Australie; M. Manohar Ramsaran, Ministre pour le développement social et la communauté de la Trinité-et-Tobago; M. Saw Tun, Ministre pour l'immigration et la population de Myanmar; M. Osman Durmus, Ministre de la santé de la Turquie; M. Felipe Medalla, Secrétaire pour la planification économique et sociale des Philippines; M. Gaston Brown, Ministre de la planification et de la mise en oeuvre des affaires de service public d'Antigua-et-Barbuda; M. Erick Reyes Villa, Ministre pour le développement et la planification de la Bolivie; M. Antonio-Fernando Nve Ngu, Ministre de la planification de la Guinée équatoriale; M. L.V. Ketso, Ministre des finances et de la planification du développement du Lesotho; M. Raul Taladrid, Vice-Ministre des investissements étrangers et de la coopération extérieure de Cuba; Mme Rossana de Hegel, Sous- Secrétaire général pour la planification du Guatemala; Mme Lydie Err, Vice- Ministre des affaires étrangères du Luxembourg; Mme Simona Marinescu, Secrétaire d'Etat au Ministère du travail et de la protection sociale de la Roumanie; M. Kithong Vongsay, Vice-Président du Comité d'Etat pour la planification de la République démocratique populaire Lao; M. Albert Agossou, Conseiller principal du Bénin.

Les représentants des pays suivants sont également intervenus : Sri Lanka, Arménie, Maurice, Pays-Bas et Nigéria.

L'Assemblée générale, réunie en session extraordinaire, poursuivra son débat, cet après-midi à 15 heures.

Examen et évaluation de l'application du Programme d'action de la Conférence internationale sur la population et le développement

Suite du débat

MME ISATOU NJIE-SAIDY, Vice-Présidente de la Gambie : en dépit des excellents travaux préparatoires de la session extraordinaire de l'Assemblée générale, les questions liées à la population et leurs ramifications continuent de constituer de graves préoccupations pour la communauté internationale et figurent parmi les objectifs essentiels du développement durable dans le monde. Le taux de la croissance démographique - de 1,4% à 1,7% - en particulier dans les pays en développement, est une cause de préoccupation qui s'ajoute au fait qu'au cours des 40 dernières années, la population mondiale a doublé. A cet égard, il est important de mettre en oeuvre les engagements pris. Les programmes visant à répondre à ces objectifs devraient être renforcés par des ressources financières, techniques et matérielles appropriées. Il faudrait également fournir des services sociaux plus adéquats. Les pays en développement, y compris les moins avancés, exigeront des ressources supplémentaires. En matière de population ainsi que pour toutes les questions de développement qui s'y rapportent, la communauté internationale devrait apporter un appui total constant, par le biais de l'assistance technique et financière, aussi bien au niveau national, que sous- régional et régional.

Le taux de croissance démographique en Gambie et dans d'autres pays africains montre que l'Afrique connaît le taux le plus élevé dans le monde depuis les années 50. Profondément affectée par une croissance démographique rapide, la Gambie a établi des politiques et programmes visant à réduire ce taux et à créer les services nécessaires pour accommoder les besoins de la population croissante. Ces programmes visent notamment à répondre aux problèmes interdépendants posés par la population, l'environnement, la pauvreté et le développement social. Le Gouvernement gambien mène une étude globale sur les migrations en vue de formuler une politique appropriée en la matière ce qui devrait atténuer la congestion causée par les migrations. Pour consolider les progrès réalisés dans le cadre de la mise en oeuvre du Programme d'action du Caire, la Gambie a amendé sa politique nationale en matière de population et élaboré un Plan d'action avec la participation de tous les secteurs de la société, y compris les organisations non gouvernementales. Le pays demeure pleinement engagé en faveur de la réalisation des objectifs du Caire au point de leur consacrer 40% de son budget national. Les ONG sont responsables de la mise en oeuvre de 70% des sous-programmes de promotion sur la population. A cet égard, la Banque mondiale contribue de manière considérable aux efforts nationaux visant à mobiliser les ressources nécessaires.

La réalisation de tous les objectifs de la CIPD ne peut se faire en l'absence d'engagement de la part de la communauté internationale, de ressources supplémentaires, de technologie appropriée et de la participation des ONG.

( suivre)

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M. PHILIP RUDDOCK, Ministre de l'immigration et des affaires pluriculturelles de l'Australie : l'Australie soutient fermement les principes et le Programme d'action de la Conférence sur la population et le développement du Caire. L'Australie a la grande chance d'avoir une population en bonne santé. Ceci est dû principalement au fait que le Gouvernement joue un rôle fondamental dans l'élaboration de politiques nationales visant à promouvoir la santé et dans le financement des secteurs qui s'y rapportent. Malheureusement, la population australienne autochtone continue à être défavorisée dans le domaine de la santé par rapport aux autres Australiens. Des programmes de soins de base bénéficiant aux populations autochtones sont mis en place par le Gouvernement. Cela a permis de réduire la mortalité chez les populations autochtones. La politique menée par le Gouvernement encourage la recherche médicale qui permet de prévenir les maladies.

L'Australie apporte une aide importante aux pays en développement afin de leur permettre de mettre en oeuvre les objectifs fixés au Caire, de réduire la pauvreté et d'atteindre un développement durable. Le domaine de la santé et de l'éducation de base sont des secteurs prioritaires de l'aide australienne. Une priorité est accordée à la protection de la santé des femmes et des enfants. L'Australie, qui estime que chaque individu devrait pouvoir décider librement du nombre et de l'espacement de ses enfants, soutient les programmes de planification familiale. Le contexte culturel, familial et religieux doit être pris en compte lorsque l'on met en place des programmes de santé génésique. L'aide extérieure australienne dans le domaine de l'éducation devient de plus en plus importante. L'Australie attache une grande importance à la promotion de l'éducation des fillettes et des femmes, un facteur important de la croissance durable des populations dans les pays en développement. L'Australie est attachée à la promotion de l'égalité des sexes et s'assure que les questions de sexospécificité sont prises en compte dans toutes les activités entreprises. La défense des droits des immigrants et des réfugiés est fondamentale pour l'Australie. La communauté internationale a non seulement le devoir de les défendre mais aussi celui d'aider les pays hôtes qui connaissent des tensions économiques importantes suscitées par l'afflux de réfugiés. L'Australie estime que les immigrants et les réfugiés devraient avoir accès à des soins de santé et à des services sociaux adéquats. Elle a récemment montré son engagement vis-à-vis des réfugiés en accueillant environ 4 000 réfugiés kosovars. La crise financière en Asie a menacé de nombreuses populations. L'Australie a mobilisé des ressources importantes pour aider les pays touchés à lutter contre l'impact économique et social de la crise et pour les aider à retrouver une croissance économique durable.

M. MANOHAR RAMSARAN, Ministre, Ministère du développement social et communautaire de la Trinité-et-Tobago : l'économie de Trinité-et-Tobago, traditionnellement fondée sur le pétrole, a connu une contraction durant les années 80 alors que les prix mondiaux du pétrole déclinaient. Cela, ajouté à un manque de croissance durable, a entraîné une détérioration du secteur social.

( suivre)

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Ce scénario a créé les conditions d'un meilleur examen du rôle de la population dans le développement national. Le Gouvernement a reconstitué en 1989 le Conseil de la Population de la Trinité-et-Tobago. Un projet a été développé puis révisé après la Conférence du Caire, qui a conduit en 1996 à l'adoption de la politique démographique nationale pour la Trinité-et-Tobago.

Respectueux de son engagement à assurer l'équité et l'égalité des femmes, Trinité-et-Tobago est signataire de la Convention pour l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes (CEDAW). De 1991 à 1995, une femme était Président de la Chambre des représentants. Nous saluons les efforts des organisations non gouvernementales qui luttent contre la violence domestique et encourage la participation des hommes dans les rôles familiaux. Le Gouvernement a développé et amendé plusieurs lois pour lutter contre toutes les formes de violence contre les femmes et les enfants. Bien que Trinité-et-Tobago reconnaisse explicitement et assure les droits génésiques de ses citoyens, l'avortement est encore juridiquement restreint. Les interruptions volontaires de grossesses sont permises seulement dans certains cas. Le Gouvernement a également pris des mesures pour réduire le taux de mortalité maternelle, en formant des sage-femmes notamment dans les zones rurales, et encourage activement le partenariat avec les ONG pour améliorer l'accès à un large choix de services en matière de reproduction.

La population de la Trinité-et-Tobago est actuellement d'environ 1,2 million d'habitants. Le Gouvernement a pour objectif qu'elle ne dépasse pas 1,5 million d'ici à 2010. L'importance du virus VIH/sida, notamment parmi les adolescentes, est source d'inquiétude pour le Gouvernement. Nous collaborons étroitement avec les ONG pour aider les enfants nés avec le sida. Un autre sujet d est le taux élevé de grossesses parmi les adolescentes. Trinité-et-Tobago s'engage à renforcer les partenariats avec la société civile et à en créer de nouveaux. Nous travaillons actuellement sur une base de données de ONG pour accroître le partenariat en matière de politiques démographique et de développement.

Un rapport de la Banque mondiale, datant de 1995, a estimé que 21% de la population trinidadienne était pauvre. Le Gouvernement a placé l'éradication de la pauvreté et des inégalités sur son agenda. Dans le passé, le Gouvernement s'était concentré sur l'émigration et en particulier sur la fuite des cerveaux. Aujourd'hui, le retour des migrants, avec ses conséquences positives et négatives, retient l'attention du Gouvernement. Il a également pris plusieurs initiatives pour résoudre les problèmes liées aux personnes âgées, dont une augmentation des retraites pour toutes les personnes de plus de 65 ans répondant aux critères de revenus et de résidence. Trinité-et- Tobago demeure engagée à mettre en oeuvre les recommandations du Programme d'action du Caire. Si tous les objectifs n'ont pas encore été atteints en raison de contraintes techniques et financières notamment, nous travaillons dans cette direction.

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M. U SAW TUN, Ministre de l'immigration et de la population du Myanmar : nous savons désormais qu'en 2015, la population mondiale atteindra 7,5 milliards d'individus et que nous ne parviendrons pas à une stabilisation de la croissance démographique avant les 50 prochaines années. C'est pourquoi il est indispensable que la communauté internationale s'attaque à ce problème mondial en adoptant, à temps, des mesures concrètes et systématiques. Sans de telles mesures, nous serons bientôt confrontés à de nombreux problèmes sociaux, tels que la détérioration du secteur de la santé, entraînant la recrudescence de maladies comme la malaria ou la tuberculose et le renforcement de l'épidémie de VIH/sida. Nous sommes donc convaincus que la coopération et la collaboration internationales sont de la plus haute importance pour régler ce problème de manière efficace. Le Programme d'action du Caire demande à tous les pays de prendre toutes les mesures pour répondre aux besoins en matière de planification familiale. Sans aucun doute les actions menées individuellement par chacun des pays dépendent de leurs caractéristiques nationales. Pour sa part, Myanmar estime que l'espacement des naissances est la politique la mieux appropriée pour lui, dans la mesure où une amélioration de la qualité et des conditions de vie est ainsi encouragée. En ce qui concerne la lutte contre le VIH/sida, Myanmar a mis en place un programme à multifacettes, comprenant notamment des campagnes d'éducation et d'information en vue de modifier les comportements.

Notre Gouvernement entend construire une société où la paix et la prospérité prévalent, où le droit du travail, le droit des femmes et des enfants reçoivent l'appui qu'ils méritent. Nous sommes en effet convaincus que la paix et le développement sont les deux côtés d'une même médaille et qu'ils ne peuvent être séparés. C'est pourquoi, l'Etat a accordé une grande attention à la reconsolidation nationale et est parvenu à lutter contre tous les groupes armés, à l'exception d'un seul, mettant pratiquement fin à une insurrection qui pendant plusieurs décennies a freiné notre développement. En raison de sa faible densité de population et de la porosité des frontières, Myanmar attire un grand nombre d'immigrants. Ce flux d'immigration a des aspects positifs et négatifs à la fois et doit être abordé de manière intégrée et équilibrée. Toutefois, il faut clairement reconnaître que chaque pays détient un droit souverain à protéger ses frontières et à rendre ses lois sur l'immigration plus efficaces. La Conférence du Caire a posé la nécessité de mobiliser des ressources financières suffisantes pour mettre en oeuvre le Programme d'action, mais en dépit de cette affirmation, au cours de ces cinq dernières années, le niveau approprié de financement n'a jamais été atteint et l'Aide publique au développement (APD) est loin de l'objectif fixé de 0,7% du PNB des pays. Certes les pays industrialisés ont eux aussi du faire face à des crises, mais sans les ressources adéquates, de nombreux pays en développement ne peuvent même pas espérer atteindre les normes minimales établies au Caire. C'est pourquoi, ma délégation souhaite mettre l'accent sur la nécessité d'honorer les engagements pris en matière d'APD.

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M. OSMAN DURMUS, Ministre de la santé de la Turquie : les conférences intergouvernementales reflétant les préoccupations mondiales ont permis aux Etats de réaliser leurs objectifs. En Turquie, le taux de mortalité infantile a été réduit à moins d'un tiers au cours des 25 ans qui ont suivi la Conférence de Bucarest. Ces progrès démographiques ne sont pas limités à la réduction des taux de mortalité, mais concernent tous les aspects de la vie sociale en Turquie. La législation et la pratique en matière de fertilité ont changé considérablement et les différences qui existaient sur ce plan entre la Turquie et ses voisins européens se sont considérablement réduites. Tous les droits à la santé génésique déterminés au Caire sont pleinement exercés. La qualité de la santé génésique et les services de maternité saine s'améliorent. Le Gouvernement de la Turquie estime que le document du Comité préparatoire, ainsi que les autres documents de consensus, constituent des instruments importants pour la réalisation des objectifs du Programme d'action du Caire. Conformément à l'esprit de ce Programme, la Turquie estime qu'il faudrait insister davantage sur les droits des individus, leurs besoins et l'exercice d'un choix libre et informé. Les liens existant entre la population et le développement sont pris en compte dans les programmes nationaux de développement. La Turquie a réaffirmé son engagement en faveur des objectifs de la CIPD en créant de nouveaux mécanismes institutionnels, notamment la Commission nationale multidisciplinaire sur le Sida, le Conseil consultatif pour la planification familiale et le Comité de suivi de la CIPD. Le Ministère de la santé a en son sein un centre chargé de favoriser les échanges d'expériences avec les membres de la communauté internationale en matière de population.

Par ailleurs, la Turquie estime que la famille constitue la base même d'une société et à cet égard, il faudrait déployer tous les efforts nécessaires pour préserver son intégrité. Plus que jamais, la contribution des organisations non gouvernementales aux activités en matière de population devient importante. La mise en oeuvre des politiques démographiques exige des approches novatrices et souples où les sociétés civiles, en particulier les ONG, ont un avantage comparatif sur la bureaucratie gouvernementale. Elles devraient être dotées des mécanismes nécessaires pour améliorer la participation de base et permettre à la population de s'exprimer.

M. FELIPE MEDALLA, Secrétaire à la planification économique sociale des Philippines : il est important de considérer non seulement les liens entre la population et le développement mais aussi les actions qui se concentrent avant tout sur les besoins des individus et des familles. Récemment le Gouvernement des Philippines a perfectionné son programme démographique, dans le cadre d'une action vigoureuse de réduction de la pauvreté, tout en poursuivant étroitement le Programme d'action du Caire. Le nouveau programme démographique vise à aider les couples et parents à réaliser leurs objectifs en matière de reproduction, à prévenir les grossesses et les mariages précoces chez les adolescentes, à améliorer la santé des individus, en réduisant la mortalité infantile et maternelle, et à promouvoir des politiques qui aideront le Gouvernement à parvenir à un équilibre favorable entre la distribution de la population et les activités économiques.

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Afin de soutenir ce programme démographique, le Gouvernement philippin a créé les programmes suivants: un programme de santé génésique, un programme de développement et de santé des femmes, qui comprend 10 éléments clés, dont la planification familiale, la santé génésique des hommes et des adolescents, la prévention et le traitement des maladies sexuellement transmissibles et du sida et la prévention de la violence contre les femmes. Plusieurs lois et directives ont été adoptées pour soutenir le Programme d'action. Le Gouvernement va essayer de convaincre la législation d'inclure dans son budget annuel de l'an prochain un budget modeste mais spécifiquement pour la contraception afin que le pays soit moins tributaires des agences donatrices pour ses contraceptifs.

En dépit de ses programmes, le Gouvernement philippin est parfaitement conscient que le pays connaît l'une des croissances démographiques les plus fortes du monde. Les Philippines sont fermement décidées à régler ce problème grâce à son nouveau programme démographique. La délégation philippine est satisfaite de constater que le rapport du Secrétaire général, qui a servi de base pour les négociations du Comité préparatoire, reconnaît l'impact négatif de la crise asiatique sur la mise en oeuvre du Programme d'action du Caire. En raison de cette crise, certains pays ont des difficultés à générer des revenus pour leurs activités liées à la population. Nous partageons l'inquiétude concernant le vieillissement de la population. Il est important de noter que les contraintes financières tendent à limiter les mesures que les gouvernements des pays en développement peuvent prendre en matière de vieillissement de la population. En raison de la forte proportion des jeunes dans leur population, ces pays doivent choisir entre des programmes pour les enfants ou pour les personnes âgées.

Les Philippines soutiennent totalement les diverses mesures prises en matière de migration internationale qui visent à protéger et améliorer les conditions des travailleurs migrants et particulièrement des femmes migrantes facilement exploitées et harcelées. Nous appelons les pays à ratifier la Convention internationale sur la protection des droits de tous les travailleurs migrants et des membres de leurs familles.

Le succès de la mise en oeuvre du Programme d'action du Caire dépendra largement des efforts déployés dans tous les secteurs dans chaque pays. Toutefois, la coopération internationale fera la différence, notamment pour les pays qui manquent de ressources financières. Il faut continuer de coordonner les efforts avec les gouvernements locaux, les ONG et la société civile pour accélérer la mise en oeuvre du Programme d'action du Caire. Il faut travailler dur pour assurer une utilisation efficace et effective des ressources. Nous faisons appel aux pays qui n'ont pas encore consacré 0,7% de leur PNB à le faire. Nous les invitons à renouveler les engagements pris au Caire.

( suivre)

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M. GASTON BROWNE, Ministre de la planification de l'exécution et des affaires publiques d'Antigua-et-Barbuda : Antigua-et-Barbuda est un pays où le tourisme représente les 70% des revenus intérieures. En dépit de la croissance économique du début des années 90, notre vulnérabilité aux catastrophes naturelles et des contraintes structurelles ont limité nos choix économiques. Néanmoins, mon Gouvernement est fermement décidé à améliorer le niveau de vie de la population et, pour ce faire, il a mis en oeuvre plusieurs programmes qui visent à réduire les déséquilibres socio-économiques et démographiques. Ces problèmes sont d'autant plus difficiles à résoudre que nous devons faire face à la fuite continue de nos ressources humaines les mieux formées et à un flot d'immigrants originaires de pays des Caraïbes voisins. Cet afflux a limité la capacité du pays à construire des logements pour se population et à satisfaire ses besoins éducatifs, sanitaires et économiques. Depuis la Conférence du Caire en 1994, les Caraïbes ont été victimes de plusieurs phénomènes naturels, en particulier les ouragans, ce qui conduit à un changement de priorités des pays de la région. Néanmoins des efforts importants ont été faits pour mettre en oeuvre le Programme d'action. Ainsi la criminalité, l'abus des drogues et la limitation de l'expansion du VIH/sida sont des questions prioritaires pour mon Gouvernement qui s'efforce d'autre part, d'alléger la pauvreté, de réaliser l'égalité des sexes, de lutter contre la violence à l'égard des femmes et d'aider les chefs de famille célibataires. Nous travaillons en coopération étroite avec les ONG et le secteur privé pour mobiliser la communauté et accroître l'accès aux services de santé reproductive. Les besoins particuliers des adolescents font l'objet d'une attention particulière par le biais de programmes tels que l'Alliance pour le bien-être social et l'Organisation nationale de la jeunesse.

Certes, il reste encore beaucoup à faire, mais il faut avant tout prendre conscience qu'aucun pays ne peut à lui seul réaliser les objectifs du Programme d'action. Les Etats doivent travailler en collaboration et de manière cohérente et les pays les plus vulnérables doivent recevoir une assistance particulière, pour leur permettre notamment de bénéficier également des progrès technologiques. Les petits Etats insulaires ont des défis énormes à relever et en l'absence d'un secteur privé actif, les Gouvernements de ces pays doivent supporter un fardeau chaque jour plus lourd. En vérité, les indices de richesse utilisés à l'heure actuelle, tels que le revenu par habitant, sont injustes et inexacts et ont entraîné la réduction des ressources à destination des petits Etats insulaires. Le niveau de revenu par habitant ne correspond bien souvent pas au niveau de développement de ces pays, dont beaucoup ont besoin de manière urgente d'une attention spéciale. Nous courons le risque de voir les pauvres devenir plus pauvres et de voir la criminalité, et notamment le trafic de drogues, augmenter. Nous estimons donc que la distribution des revenus, la vulnérabilité, la pauvreté et le niveau d'endettement des pays devraient être pris en compte pour déterminer qui doit recevoir l'aide internationale. C'est pourquoi, nous engageons les pays développés à poursuivre leur aide financière et technique à ces pays.

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M. ERICK REYES VILLA, Ministre du développement et de la planification de la Bolivie: "Le principe qui oriente toutes les actions du gouvernement bolivien dans sa lutte contre la pauvreté est celui du développement durable dans le cadre des droits de l'homme. Le développement durable est un processus intégral et complexe visant à améliorer la qualité de la vie de l'ensemble de la population entière grâce à la croissance économique, le développement social équitable et la participation entière de tous les citoyens, dans le respect de la préservation de la qualité de l'environnement et de la conservation des ressources naturelles.

La Bolivie a réalisé des progrès significatifs dans la mise en oeuvre des recommandations contenues dans le Programme d'action du Caire. L'importance que le gouvernement bolivien attache à la population est reflété dans le Plan général de développement économique et social, qui englobent les thèmes de la population, de l'égalité entre les sexes, des jeunes et des affaires ethniques et où la santé en matière de reproduction est soulignée. En Bolivie, la santé génésique est inter-sectorielle. Elle se concentre sur la sexualité et la reproduction en général, à travers l'éducation et les services de santé, dans une perspective de qualité et d'un accès égal à ces services pour les hommes comme pour les femmes, tout en respectant leur identité culturelle et ethnique, ainsi que leurs droits sexuels et génésiques.

Dams le cadre des droits de l'homme et du renforcement de la démocratie, la Bolivie compte poursuivre sa recherche pour inclure des modèles qui considèrent l'ensemble des facteurs entrant dans le processus de santé, qu'ils soient culturels, politiques ou économiques. Le thème de la sexualité a été renforcé dans le système éducatif. Nous souhaitons prendre des mesures pour rendre les jeunes plus responsables en matière de santé et de reproduction. Nous avons pris des mesures en faveur de l'égalité des sexes, notamment avec l'adoption d'une loi sur la lutte contre la violence contre les femmes. Le gouvernement souhaite intégrer cette démarche d'égalité entre les hommes et les femmes au niveau politique.

Tous ces progrès ont pu être réalisés grâce à la volonté politique du gouvernement bolivien, la participation de la société civile et la coopération des organisations internationales et des pays donateurs. Il faut que les pays développés continuent de nous aider pour que nous puissions parvenir aux objectifs fixés par la Conférence du Caire. Nous pensons qu'il est nécessaire de renforcer l'alliance entre les pays en voie de développement et les pays industrialisés. De son côté, la Bolivie maintiendra ses programmes démographiques et de développement, dont les résultats sont indispensables pour rompre le cercle vicieux de la pauvreté et permettre un développement durable.

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M. ANTONIO-FERNANDO NVE NGU, Ministre de la planification de la Guinée équatoriale : Le Gouvernement de la Guinée équatoriale consacre 40% de ses dépenses publiques au secteur social, dont 15% sont consacrés à l'éducation et la science et 10% à la santé et à l'environnement. Dans le domaine particulier de la santé, les objectifs, à l'horizon 2003, sont les suivants: baisse de 50% des taux de mortalité infantile et maternelle; éradication de la polio, du tétanos et des maladies liées à des carences en vitamine A; augmentation des campagnes de vaccination; et élaboration d'un plan stratégique national de lutte contre le sida. Le problème des grossesses précoces et du VIH/sida est particulièrement préoccupant dans le pays, où les jeunes représentent près du quart de la population, estimée à 500 000 personnes.

La politique du Gouvernement met l'accent sur la vie familiale et de plus grandes perspectives d'emploi pour les femmes. Les objectifs du Ministère des affaires sociales et de la condition de la femme, récemment créé, visent notamment à favoriser l'équité, à défendre les droits de la femme et à encourager leur participation à la vie publique, en étant plus largement représentées au Gouvernement, au Parlement ou encore à la Cour Suprême de Justice. La Guinée équatoriale a signé un accord avec le Fonds des Nations Unies pour la population pour la période 1998-2002, avec plusieurs objectifs, parmi lesquels : permettre une amélioration des services de santé génésique; encourager les femmes, les hommes et les adolescents à avoir recours à ces services; parvenir à un compromis entre les politiques, les décideurs, les leaders politiques et religieux sur les questions de population et de développement; mettre en place une politique nationale d'intégration des femmes au processus de développement du pays.

M. L. V. KETSO, Ministre des finances et de la planification du développement du Lesotho : si l'application du Programme d'action de la CIPD a permis de réaliser des progrès, on a également assisté au cours des cinq dernières années à un déclin de l'Aide publique au développement (APD), ainsi qu'à des crises politiques qui ont amené l'instabilité dans de nombreuses régions du monde. Ces événements ont perturbé le fonctionnement des programmes et la fourniture des services, et contribué à accroître le chômage et donc le niveau de pauvreté. D'autre part, face au rythme rapide de la mondialisation, les schémas de dépenses ont dû être revus afin de placer davantage l'accent sur les programmes de population, de santé et d'éducation. Les difficultés économiques en ont toutefois décidé autrement.

La révision, en 1994, de la politique nationale en matière de population a permis de réaliser des progrès substantiels. En novembre 1993, le Lesotho a lancé l'Initiative pour des maternités sûres qui vise à réduire les taux de mortalité infantile, postinfantile et maternelle. La distribution de contraceptifs et la vente de préservatifs, au niveau des communautés, ont été institutionnalisés dans le cadre de ce programme, dont les activités sont actuellement en expansion.

( suivre)

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En outre, la formation des sages-femmes, des nurses et du personnel de santé a été actualisée en vue d'intégrer les derniers développements dans le domaine de la santé en matière de reproduction et les questions liées à la prévention des maladies sexuellement transmissibles, y compris le VIH/sida. Des centres de santé pour les adolescents ont été créés en vue de leur fournir des services et des conseils. Plusieurs ONG s'efforcent de promouvoir les droits des femmes et de les aider à briser la loi du silence en cas de viol ou de violence familiale. Une commission juridique a été chargée de réexaminer toutes les lois discriminatoires.

En dépit de progrès dans plusieurs domaines, le Lesotho continue de faire face à un certain nombre de défis dans le domaine de la population et du développement, dont tout d'abord, l'environnement socioculturel pronataliste dans le cadre duquel les programmes de population doivent être mis en oeuvre. A cet égard, une étude est en cours en vue de déterminer les obstacles qui peuvent être levés par l'éducation. Un autre problème est la pandémie du VIH/sida qui affecte essentiellement les jeunes. On se trouve malheureusement toujours au stade de la négation de l'existence et de la propagation de cette maladie, ce qui explique les hésitations à prendre des mesures préventives. Le Gouvernement a néanmoins élaboré un Programme national de prévention et de contrôle du sida dont l'objectif est à la fois de contrôler la propagation de l'infection et de sensibiliser l'opinion publique.

Le Lesotho appuie, de manière générale, les propositions négociées dans le cadre du Comité préparatoire. Il insiste en particulier sur la nécessité d'intensifier les efforts en vue d'intégrer les questions de population dans la planification du développement, en promouvant la compréhension du lien entre population, pauvreté, inégalité entre les sexes, santé, éducation et environnement. Il importe aussi de stimuler les investissements directs, de réduire le fardeau de la dette et d'assurer que les ajustements structurels tiennent compte des préoccupations sociales, économiques et environnementales. Les fillettes doivent être protégées contre les pratiques traditionnelles néfastes, bénéficier d'une meilleure éducation et, devenues adultes, pouvoir prendre des décisions pour elles-mêmes. Mais il faut aussi porter l'attention sur les petits garçons en leur donnant l'éducation nécessaire et en les sensibilisant aux responsabilités familiales.

Si lors de la Conférence du Caire, on a décidé de ne pas promouvoir l'avortement comme méthode de contraception, il faut cependant reconnaître les complications liées aux avortements pratiqués dans de mauvaises conditions et les coûts que cela entraîne pour le secteur de la santé. Le nombre d'avortements pratiqués dans de mauvaises conditions reflète l'écart entre la disponibilité et la demande de contraceptifs. C'est la responsabilité des gouvernements d'intensifier les efforts en vue de fournir des contraceptifs et d'assurer leur distribution équitable à tous ceux qui en ont besoin. Il faut aussi s'assurer que l'attitude du personnel de santé et des prestataires de services ne limitent pas l'accès des jeunes aux services et à l'information dont ils ont besoin.

( suivre)

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Enfin, il faut renforcer les efforts en vue de mobiliser les ressources pour les programmes de population tant au niveau national qu'international, renforcer les partenariats entre les gouvernements, le secteur privé et les ONG, et promouvoir la conviction que la direction donnée par les gouvernements et l'engagement sont tout aussi importants que les ressources.

M. RAUL TALADRID SUAREZ, Vice-Ministre, Ministère des investissements étrangers et de la coopération extérieure de Cuba : pour Cuba, les principes adoptés au Caire sont toujours valides et importants et le but de cette session extraordinaire ne doit pas être de les réviser mais de considérer la meilleure manière de les mettre en oeuvre dans la complexité actuelle du monde. La mondialisation qui prend place sur l'ensemble du globe, et s'avère un vaste projet politique néolibéral élaboré par les grandes puissances, a eu, à n'en plus douter, des effets négatifs sur les efforts de développement des pays du Sud. Ces dernières années ont ainsi été caractérisées par la répartition de plus en plus inégale des richesses, la montée du chômage et l'aggravation de la pauvreté. Or les pays en développement ont aussi le droit de développer leur économie, et, en fonction de leurs intérêts et de leurs priorités, de mettre en oeuvre des politiques de population correspondant à leurs caractéristiques propres. Le droit au développement et au bien-être est, et restera, un droit de l'homme fondamental, pour lequel nous, pays en développement, devons lutter. Les débats de la présente session révèlent qu'en dépit des progrès accomplis, il reste encore beaucoup à faire pour parvenir à la pleine mise en oeuvre du Programme d'action du Caire. Pour résorber les fossés existants, il est besoin de l'aide de la communauté internationale. C'est pourquoi, il est d'autant plus regrettable de constater que l'Aide publique au développement continue de diminuer.

Pour sa part, Cuba a adopté un concept intégré de développement qui prend en compte les interdépendances entre l'économie et le secteur social. Ainsi, le niveau d'éducation moyen est élevé, 98% de la population a une couverture sociale, les individus aptes au travail ont la garantie d'avoir un emploi décent, les femmes sont considérées comme des éléments actifs de la société en vue du développement, un vaste programme d'éducation sexuelle a été mis en place et aucun groupe social n'est laissé à l'écart du système de sécurité sociale. Toutes ces actions ont permis à Cuba de parvenir à l'aube du XXIème siècle, forte de nombreuses réalisations, et cela malgré le strict blocus imposé par les Etats-Unis. Il demeure toutefois nécessaire d'adopter une approche particulière envers les adolescents, d'accorder une meilleure attention aux problèmes du vieillissement, d'éliminer les stéréotypes à l'égard des femmes qui persistent dans notre société et d'accroître les actions préventives et éducatives pour lutter contre le VIH/sida et les maladies sexuellement transmissibles. La gravité de la situation actuelle ne peut que susciter l'indignation et la seule réponse que la communauté internationale peut y apporter est de s'engager à encourager les efforts entamés il y a 5 ans et de travailler en coopération pour satisfaire les dispositions adoptées au Caire, à savoir lutter contre la pauvreté, l'analphabétisme, l'égoïsme, et la barbarie.

( suivre)

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Mme ROSSANA DE HEGEL, Sous-Secrétaire pour la coopération extérieure du Guatemala : les Accords de paix au Guatemala, qui sont d'une importance vitale, ont eu un impact profond et immédiat dans la mesure où ils ont normalisé les conditions de vie de plus d'un million de personnes déplacées à l'intérieur du pays et permis le retour de presque 42 500 réfugiés qui se trouvaient au Mexique pendant le conflit. La Commission spéciale pour le rapatriement des réfugiés a officiellement achevé ses travaux le mois dernier, fermant ainsi un chapitre de l'histoire guatémaltèque qui a altéré sensiblement la dynamique démographique du pays.

Concernant la mise en oeuvre du Programme d'action du Caire, le Guatemala se trouve dans la phase initiale de sa transition démographique. Son taux de croissance était à son dernier recensement de 2,6%. Les taux de fertilité marquent une réduction mais les taux de mortalité baissent plus rapidement. Bien que la population rurale ait diminué au cours des dix dernières années, elle demeure tout de même élevée. D'autres indicateurs pertinents ont subi des modifications considérables. De 1990 à 1999, l'espérance de vie est passée de 62,6 à 67,2 ans. Entre 1991 à 1997, le taux de mortalité maternelle qui était de 240 s'est établi à 95,1 pour 100 000 naissances. De 1995 à 1997, le taux de mortalité infantile a régressé de 51 pour mille à 37,8 pour mille. D'autres progrès remarquables ont été accomplis en matière de santé sexuelle et génésique. En outre le nombre de femmes en âge de procréer accédant à l'enseignement secondaire a augmenté. Il est important de souligner que le taux d'alphabétisation s'est accru et que la scolarité primaire a atteint 92%. Les prestations sociales profitent également aux groupes vulnérables considérés comme prioritaires, notamment les familles, les femmes, minorités ethniques, les enfants et les jeunes. La stratégie fondamentale développée par le gouvernement s'est efforcé à faire participer les communautés elles-mêmes à la mise en place de services de santé et d'éducation, permettant ainsi d'étendre la couverture sociale et la durabilité des services.

Conformément aux Accords de paix et du Programme d'action de Beijing, le Guatemala entreprend des actions stratégiques pour renforcer la reconnaissance du rôle des femmes et leur accès, sur un même pied d'égalité aux activités qui leur permettraient d'améliorer leur condition et la qualité de leur vie. Le Forum national pour les femmes a été créé, avec la participation de représentantes de la société civile et de déléguées du Gouvernement guatémaltèque. Sa mission vise à contrôler le respect des engagements pris à l'égard des femmes dans le cadre des Accords de paix. De nouvelles lois sur la dignité et la promotion intégrale des femmes et sur la prévention et l'éradication de la violence à l'égard des femmes ont été promulguées. De même, le Gouvernement a engagé une réforme en matière d'éducation. Toutes ces mesures comportent des éléments substantiels qui pourraient contribuer de manière considérable à l'élimination permanente de toutes les formes de violence et de discrimination à l'égard des femmes.

( suivre)

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Le Plan national pour la réduction de la mortalité maternelle, le programme intitulé "Les femmes, la santé et le développement", ainsi que le Plan national pour les adolescents et le Code de la santé adopté en novembre 1997, sont autant de mesures visant à améliorer les conditions matérielles et sociales au niveau de la famille à différentes étapes de sa croissance et de son développement.

Mme LYDIE ERR, Secrétaire d'Etat aux affaires étrangères, au commerce extérieur et à la coopération du Luxembourg : le Gouvernement du Luxembourg met en oeuvre des politiques de population basées sur le respect inconditionnel de la dignité humaine et des droits de l'homme; du droit des couples de décider librement du nombre et de l'espacement des naissances, ainsi que du respect de "l'intérêt supérieur" de l'enfant tel qu'il résulte de la Convention relative aux droits de l'enfant. La famille sous toutes ses formes est considérée au Luxembourg comme le milieu propice pour la croissance et le bien-être de tous ses membres, et en particulier des enfants. Au cours des dernières années, le Gouvernement du Luxembourg a souligné sa position par trois interventions importantes qui ont entraîné des actes législatifs conséquents: d'une part le congé parental indemnisé a été introduit afin de faciliter la conciliation entre la vie familiale et la vie professionnelle, et ce dans le respect de l'égalité entre hommes et femmes. D'autre part les prestations familiales et les aides au logement ont été augmentées de manière substantielle pour soutenir financièrement les familles, et, enfin, l'assurance dépendance a été introduite en vue de garantir la solidarité intergénérationnelle.

Concernant le VIH/sida, il a progressé durant la période 1994-1999 au même rythme qu'entre 1985 et 1994. On peut donc penser que cette infection se stabilise, sans cependant régresser. 78% des personnes affectées sont des hommes contre 22% de femmes, qui sont atteintes à un âge plus précoce que les hommes. Sur le plan de la coopération internationale, le Gouvernement du Luxembourg, conscient de la situation difficile dans laquelle se trouvent les pays en développement, a décidé depuis un certain nombre d'années de renforcer sa politique de coopération au développement. Les ressources dévolues à cet objectif atteindront le taux de 0,7% de notre PNB en l'an 2000. Nous avons choisi de concentrer notre coopération dans les secteurs sociaux, et en particulier dans ceux de l'éducation et de la santé, auxquels nous affectons la moitié de notre aide publique bilatérale au développement, et nous soutenons pleinement l'initiative 20/20 du Sommet de Copenhague.

Mme SIMONA MARINESCU, Secrétaire d'Etat, Ministère du travail et de la protection sociale de la Roumanie : Le pays a pris des mesures pour intégrer les questions de population dans les stratégies de développement et a adapté ses politiques et institutions pour refléter l'accent mis sur la condition et la santé de la femme. La Roumanie a ciblé ses politiques sur les groupes de population, tels que les enfants, les jeunes, les femmes, les personnes âgées et les immigrés.

( suivre)

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Au cours des dernières années, la tendance démographique du pays a été influencée par des facteurs économiques et sociaux complexes tels que la liberté des couples à décider du nombre d'enfants, le manque de logements, le chômage et l'immigration. La pyramide des âges montre un rétrécissement lent mais constant résultant d'une baisse de la fertilité et de l'augmentation de la mortalité au sein de la population adulte. Les changements opérés dans la structure des âges a également accentué "l'effet de dépendance", c'est-à-dire la part de la population nécessitant un appui financier de la population active. En conséquence, la future législation relative aux pensions prévoit trois systèmes différents, à savoir, un système de pension publique obligatoire - dont les contributions sont calculées en fonction des revenus -, un système de pension privé, complémentaire et obligatoire; et un système de pension privé volontaire. En matière de santé, le processus de réforme s'est accéléré depuis 1997. La loi sur l'assurance médicale a donné lieu à la création d'une "Maison nationale" qui aura à gérer l'assurance médicale financée à partir des contributions des personnes assurées. Grâce à cette loi, le renforcement du système médical privé devra accorder une attention particulière à la santé des femmes, plus sensibles aux changements sociaux et économiques et aux facteurs politiques, culturels et psychologiques.

En Roumanie, le taux de mortalité maternelle a fortement diminué depuis 1990 après la libéralisation de l'interruption volontaire de grossesse. Il reste néanmoins très élevé par rapport aux autres pays européens. Le Ministère de la santé, en coopération avec la Banque mondiale et d'autres organisations internationales, a mis en place un réseau de planification familiale dans l'ensemble du pays avec pour objectif principal la santé en matière de reproduction, la diminution du nombre des interruptions volontaires de grossesse, une utilisation plus large des autres méthodes contraceptives, et la baisse du taux de mortalité maternelle. Après consultations avec les ONG compétentes et les institutions spécialisées de l'ONU présentes en Roumanie, le Gouvernement a décidé de mettre en place une commission nationale multisectorielle sur le sida. Il faut citer, à cet égard, l'étroite coopération entre les autorités roumaines et le Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP) dans la mise en oeuvre de plusieurs programmes sur la santé en matière de reproduction et l'éducation sexuelle ainsi que sur le développement d'une stratégie nationale de planification familiale.

M. KITHONG VONGSAY, Vice-président, Comité de la planification d'Etat de la République démocratique populaire lao : l'intégration d'une politique démographique dans les plans de développement socio-économique est une nouveauté pour mon pays. L'éducation et la formation dans ce domaine sont un besoin pressant non seulement pour les instances gouvernementales, mais aussi pour la société dans son ensemble. Le Gouvernement reconnaît clairement qu'il existe un lien étroit entre population, environnement et pauvreté. Son engagement est illustré dans divers efforts et programmes démographiques qu'il a entrepris.

( suivre)

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Le Gouvernement de la République démocratique populaire lao a fermement défini des objectifs dans l'intention de sortir du sous-développement d'ici 2020. Les conditions de vie matérielles et culturelles doivent être stabilisées, les opportunités d'éducation et d'accès aux services de santé doivent être assurés à la population, les cultures et traditions de la nation doivent être enrichies et développées. Une résolution adoptée lors du Sixième Congrès du Parti en 1996 a appelé à une application active des politiques démographiques afin de faire en sorte que la croissance de la population corresponde au niveau de développement économique. Mon Gouvernement, avec le soutien du FNUAP, formule une politique globale en matière de santé génésique. Une attention particulière a été accordée à la santé des mères et des enfants depuis l'adoption de la politique nationale d'espacement des naissances en 1995. En ce qui concerne la santé génésique des adolescents, peu a été fait jusqu'à maintenant, laissant ces derniers peu informés à ce sujet. Toutefois, des stratégies ont été formulées pour résoudre ce problème.

Le Gouvernement de la République démocratique populaire lao fera de son mieux pour réduire la mortalité maternelle. Les questions d'équité et d'égalité entre les sexes et d'amélioration de la condition des femmes sont clairement garanties par le système juridique. Les femmes ne devraient pas être désavantagées en terme juridique, économique ou d'accès aux services gouvernementaux. Mon Gouvernement est en train de considérer et de promulguer ses premières politiques démographiques et de développement. Ces politiques ont été formulées grâce à un processus consultatif, impliquant diverses agences gouvernementales et non-gouvernementales. Ma délégation fait appel à la communauté internationale pour qu'elle accorde une attention spéciale aux pays les moins avancés, et avant tout à ceux affectés par la crise financière actuelle, au nombre desquels figure la République démocratique populaire lao.

M. ALBERT AGOSSOU, Conseiller technique du Ministre du plan, de la restructuration économique et de la promotion de l'emploi du Bénin : le Bénin a pris d'importantes mesures pour traduire dans la réalité qui est la sienne les recommandations contenues dans le Programme d'action du Caire. Dans le domaine de la population et des stratégies, le Gouvernement béninois a adopté en mai 1996 la Déclaration de politique de population (La DEPOLIPO) dans laquelle sont définis les domaines prioritaires de ses actions et interventions visant l'amélioration effective et constante des conditions de vie de la population. Cette déclaration sert de repère pour la mise en place progressive d'un cadre institutionnel et programmatique des différentes activités de population au Bénin. Ces objectifs sont fondés sur l'interdépendance entre population, croissance économique soutenue et développement durable, entre égalité des sexes, promotion de la femme, rôle et droits de la famille, droits en matière de reproduction, éducation, créations d'emplois et environnement. Inspiré toujours par le Programme d'action du Caire, le Bénin a élaboré une stratégie appelée "Minimum social commun" validé par un colloque international tenu à Cotonou en 1997.

( suivre)

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La mise en oeuvre de cette stratégie a permis des progrès sensibles dans la connaissance de la situation de la population béninoise indispensable pour corriger les tendances démographiques et certains comportements sociaux non favorables au développement humain durable. Dans le domaine de la santé de la reproduction, le Gouvernement béninois en coopération avec le FNUAP et d'autres partenaires multilatéraux et bilatéraux a développé des activités visant à assurer des soins de santé, y compris des services de santé de la reproduction et de planification familiale. L'un des points importants du Programme auquel le Gouvernement attache un intérêt tout particulier est le rôle fondamental de la famille dans l'éducation et le maintien de la cohésion sociale. La place fondamentale qu'occupe la famille dans la stratégie globale de développement du pays a amené le Président béninois à créer un ministère chargé de la protection sociale et de la famille lors du remaniement ministériel du 22 juin 1999.

M. JOHN DE SARAM (Sri Lanka) : le Sri Lanka a établi une série de politiques et de programmes, au cours des cinq dernières années, pour réaliser une croissance économique durable dans lesquels les objectifs relatifs à la population et à la santé génésique sont intégrés. Les efforts du Sri Lanka visant à améliorer l'alphabétisation, à éliminer la pauvreté, à renforcer l'autonomie des femmes et à réaliser les progrès économiques, ont contribué à la réduction du taux de croissance démographique. Le Sri Lanka a adopté une nouvelle politique en matière de population et de santé génésique visant à mieux répondre aux problèmes dans ces domaines. Le processus de modernisation impose des contraintes de plus en plus fortes sur les jeunes. L'abus des drogues, le harcèlement sexuel, la prostitution des enfants, les grossesses précoces et les suicides causent de graves préoccupations. A cet égard, le Gouvernement sri-lankais juge nécessaire d'encourager un comportement sexuel responsable. Pour ce faire, un certain nombre de mesures ont été prises, notamment l'éducation sur la vie familiale, l'inclusion dans les programmes scolaires, le renforcement de l'éducation des jeunes travailleurs en ce qui concerne l'abus des drogues et les problèmes de nature sexuelle, et la mise en oeuvre de programmes tels que les services de conseil visant à réduire l'incidence des suicides chez les jeunes. Les problèmes des personnes âgées préoccupent considérablement le Gouvernement sri-lankais. Environ 20% de la population nationale auront plus de 60 ans d'ici 2025. La nouvelle politique nationale sur la population et la santé génésique a établi des stratégies et des mesures visant à offrir de meilleurs services de santé et des prestations sociales, notamment une aide aux personnes âgées.

M. MOVSES ABELIAN (Arménie) : au lendemain de la Conférence du Caire, le Parlement arménien a adopté la loi sur les soins et les services médicaux, contenant des dispositions spécifiques sur les droits reproductifs, y compris pour les adolescents et les jeunes. Un Plan stratégique d'action pour le Programme national de santé reproductive a aussi été élaboré afin d'améliorer l'accès aux services de planification familiale et aux soins de santé sexuelle et reproductive, pour garantir notamment les avortements sans risque.

( suivre)

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Depuis le Caire, l'Arménie a ainsi acquis une expérience considérable, tant au niveau gouvernemental que non gouvernemental, sur les questions de population et de développement, ce qui permet d'ores et déjà de distinguer certains progrès. La mortalité maternelle et infantile ont, par exemple, enregistré un important déclin.

Malgré ces succès, un certain nombre d'obstacles subsistent, principalement en raison des limitations financières du pays. Ce facteur empêche notamment la mise en oeuvre de nouveaux programmes et même l'amélioration des programmes existants. Le chômage et la pauvreté demeurent à un niveau élevé et malheureusement le Gouvernement n'a pas les ressources financières suffisantes pour pleinement respecter les garanties sociales inscrites à la Constitution. En outre, la question de l'avortement est une source de préoccupation en Arménie, car malgré la légalisation de cette procédure, de nombreuses femmes, pour des raisons financières, continuent de recourir à des avortements non médicalisés, entraînant souvent des complications graves. De plus, l'avortement demeure la principale méthode de planification familiale pour de nombreux couples. Parallèlement et avec l'aggravation du conflit au Nagorno-Karabakh, l'Arménie a du faire face à un afflux de réfugiés arméniens d'Azerbaïdjan et le tremblement de terre de décembre 1988 n'a fait qu'empirer la situation. Aujourd'hui encore certaines personnes des zones touchées par le tremblement de terre vivent toujours en situation très difficile. Enfin, depuis la dislocation de l'Union soviétique, les conditions économiques difficiles ont conduit plus de 700 000 Arméniens, essentiellement de jeunes hommes, à quitter le pays, ce qui a un impact fort négatif sur le niveau des mariages et par conséquent sur le taux de natalité, désormais en déclin. Pour conclure sur une note positive, la Conférence du Caire a donné un véritable élan au secteur des ONG en Arménie et le pays compte aujourd'hui plus de 2000 organisations officiellement enregistrées.

M. ANUND P. NEEWOOR (Maurice) : dans le respect de ses principes démocratiques, les politiques concernant la gestion démographique et les mesures prises pour leur mise en oeuvre adoptées par le Gouvernement mauricien ont toujours tenu compte des libertés et droits fondamentaux de ses citoyens. Le développement devrait, après tout, garantir le bien-être de la population. Le taux de fertilité à Maurice est passé de 6% en 1962 â 2% à ce jour. Certains des objectifs du Caire avaient déjà fait l'objet de mesures nationales dès l'indépendance de Maurice en 1968. Il s'agit notamment de la réduction du taux de mortalité postnatale, infantile et maternelle; de l'éducation en particulier des filles; et de l'accès universel aux services de santé génésique, y compris la planification familiale.

Le Programme d'action a formulé d'autres recommandations qui sont très pertinentes pour Maurice, notamment le rôle et la structure de la famille; l'emploi des femmes et l'égalité des sexes; le VIH/sida; et les services au profit des personnes âgées. Maurice envisage de mettre en oeuvre ces recommandations par le biais de différents programmes. Concernant l'aspect de la santé, un programme de santé primaire a été adopté.

( suivre)

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Des efforts ont été accomplis pour assurer le succès des soins de santé appropriés à tous les citoyens par le biais d'un réseau de centres de santé sur l'ensemble du territoire. Un programme national de détection rapide des cancers de l'utérus et du sein a également été mis en place. Maurice espère que les taux de mortalité maternelle, de mortalité postnatale et infantile baisseront d'ici l'année prochaine.

M. TOINE VAN DONGEN, Directeur au Ministère des affaires étrangères des Pays-Bas : la question de la population devrait être partie intégrante de la nouvelle stratégie commune de développement apparue dans les années 90. Le présent débat nous permet d'aborder d'autres dimensions du développement au niveau mondial, la notion de développement "à visage humain" ayant plusieurs facettes. Cette stratégie commune de développement doit s'ériger sur ce que nous avons en commun, mais en tenant compte de nos différences. Le Programme du Caire, qui aborde des questions aussi sensibles que la sexualité et la santé reproductive, est un document de réflexion remarquable, car il tient compte, de manière équilibrée de nos valeurs communes et de nos différences culturelles et religieuses. Aujourd'hui, le mandat de la session extraordinaire est d'en évaluer la mise en oeuvre et non de le renégocier. Pour les Pays-Bas le Programme d'action du Caire est toujours valide, et nous voulons en savoir plus sur les progrès réalisés et sur les problèmes rencontrés, afin de trouver la voie vers des politiques de population plus efficaces.

Pour nous, l'élément fondamental de la nouvelle stratégie de développement est l'accroissement de l'investissement humain. En effet, si nous voulons réaliser le potentiel des individus, nous devons investir dans leur éducation, leur santé et leur bien-être. Concrètement, il faut donc investir davantage pour faire diminuer le taux de mortalité maternelle. A cet effet, les soins de santé reproductive, y compris la planification familiale, sont essentiels. Ces services doivent être facilement accessibles, également lorsqu'il s'agit de fournir des moyens de contraception d'urgence ou d'assurer des avortements sans risque, comme en témoigne actuellement la situation des réfugiées du Kosovo dont certaines ont été violées par des soldats serbes. Il faudrait en outre investir bien davantage dans l'information et l'éducation sexuelle, principalement pour les jeunes et les adolescents. A cet égard, la proposition des ONG de jeunes de consacrer aux adolescents 20% de l'ensemble des ressources destinées aux activités de population n'est nullement déraisonnable. La véritable dévastation que cause le VIH/sida dans certains pays appelle également à une action beaucoup plus ferme et outre la fourniture des fonds appropriés au programme de lutte parrainé par l'ONUSIDA, nous devons trouver des personnes faisant figure de modèles, car elles seules sont capables de déclencher un véritable changement d'attitude. Pour atteindre ces objectifs, tous les Gouvernements doivent redoubler d'efforts, donner la priorité aux politiques de population, leur allouer les ressources nécessaires et faire participer davantage la société civile.

( suivre)

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Il est indiscutable que les pays en développement ont besoin de l'aide extérieure, mais une fois le système de santé primaire mis en place, les politiques de population sont relativement peu coûteuses et deviennent plus une question de volonté politique que de capacité financière. Parallèlement, les alliances existantes au niveau international doivent être renforcées et c'est pourquoi plusieurs pays, parmi lesquels les Pays bas, ont décidé de consacrer 4% de leur Aide publique au développement aux activités essentielles menées par le système des Nations Unies. Enfin, le rôle décisif de la société civile doit être salué car le Programme du Caire, en adoptant une approche fondée sur les droits de l'homme, a posé clairement les droits et les devoirs de chacun. Pour les Pays-Bas, la reconnaissance des différences ne rend pas pour autant cette approche négociable.

M. PETER ETANOMARE OSIO (Nigéria) : Le Nigéria a une population de 100 millions d'habitants, soit environ 25% de la population de l'Afrique. La plus grande partie de la population nationale vit dans les zones rurales où elle n'a pas l'accès aux services de santé. Le Nigéria a un taux de mortalité maternelle très élevé et un taux de fertilité - en moyenne 6 enfants par femme - parmi les plus élevés du continent africain. L'utilisation des moyens contraceptifs modernes est très faible. En 1995, le pourcentage des personnes atteintes du VIH/sida était de 4,8%. Actuellement, le Gouvernement a établi un contrôle des cas de séropositivité. Dans le cadre de la mise en oeuvre des objectifs du Caire, le Nigéria a pris plusieurs mesures. Il a notamment reformulé la politique démographique nationale - qui est de la plus haute importance - fondée sur le respect des droits et axée sur les ressources humaines. D'autres mesures concernant la promotion des femmes visent à éliminer les mutilations génitales des femmes, à garantir la santé des jeunes, à éliminer la violence dans la famille et à relever l'âge minimum pour le mariage des filles à 18 ans. Le Gouvernement a également pris des mesures pour développer un cadre stratégique pour assurer la santé génésique des adolescentes. Actuellement, des centres dispensant des services de santé génésique fonctionnent dans dix états fédérés sur 36, grâce à l'assistance du FNUAP. En outre, des structures institutionnelles ont été mises en places pour promouvoir les principes et objectifs définis par la Conférence du Caire. Il s'agit notamment de la création d'un ministère chargé des questions des femmes et du développement des jeunes aux niveaux national et régional. Ce Ministère a pour rôle de formuler des politiques et de coordonner la mise en oeuvre de plans visant à répondre aux questions cruciales concernant les femmes, à savoir la condition de la femme et l'égalité des sexes, l'éducation des filles et l'autonomisation, et la féminisation de la pauvreté. Le Ministère de la santé a pour sa part été restructuré par le renforcement des activités de développement de la communauté et en matière de population. Il a été créé une division de santé génésique afin d'intégrer les soins de santé génésique dans le système de santé décentralisé.

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