AG/COL/158

COMITE DE LA DECOLONISATION : LES PETITIONNAIRES DENONCENT LES EXACTIONS DE L'ARMEE INDONESIENNE AU TIMOR ORIENTAL ET DEMANDENT DES MESURES VIGOUREUSES

23 juin 1999


Communiqué de Presse
AG/COL/158


COMITE DE LA DECOLONISATION : LES PETITIONNAIRES DENONCENT LES EXACTIONS DE L'ARMEE INDONESIENNE AU TIMOR ORIENTAL ET DEMANDENT DES MESURES VIGOUREUSES

19990623 L'Accord du 5 mai 1999 signé entre le Secrétaire général des Nations Unies, l'Indonésie et le Portugal sur l'organisation d'un scrutin, le 8 août 1999, concernant le projet de cadre constitutionnel pour l'autonomie du Timor oriental comporte un défaut majeur, ont déclaré, ce matin, certains pétitionnaires lors de leur audition devant le Comité spécial chargé d'étudier la situation en ce qui concerne l'application de la Déclaration sur l'octroi de l'indépendance aux pays et aux peuples coloniaux. Pour ces pétitionnaires, le fait qu'aux termes de l'Accord, la sécurité du territoire et la création d'un environnement favorable au bon déroulement du scrutin soient confiées au Gouvernement indonésien ne présage rien de prometteur. En violation complète de l'Accord, l'armée indonésienne, de connivence avec les groupes paramilitaires et les milices armées, se livre à des actes d'intimidation envers la population civile montrant ainsi la volonté du Gouvernement indonésien de prévenir à tout prix le rejet du cadre constitutionnel.

Certains pétitionnaires ont stigmatisé le cynisme du Gouvernement indonésien qui s'illustre par la nomination de M. Eurico Gutterrez, personnage connu pour ses violations des droits de l'homme, aux commandes des forces de défense civile au Timor oriental. Les pétitionnaires ont donc demandé que la Mission de l'ONU assure elle-même la sécurité du territoire et renforce les éléments de sa police civile. Quelques pétitionnaires sont allés jusqu'à demander le déploiement d'une véritable mission de maintien de la paix. Les pétitionnaires ont, par ailleurs, appelé les "pays amis de l'Indonésie" comme les Etats-Unis, le Royaume-Uni et l'Australie, à imposer des sanctions militaires et financières pour contraindre le pays à retirer ses troupes du territoire. Ils ont aussi demandé la libération de tous les prisonniers politiques, en particulier celle du chef de la résistance timoraise, M. Xanana Gusmao, et la comparution en justice des responsables de violations des droits de l'homme. Les pétitionnaires ont demandé que le Comité spécial de la décolonisation maintienne le Timor oriental sur la liste des territoires non autonomes jusqu'à la tenue d'un scrutin libre et transparent.

Le Comité spécial a également entendu des déclarations favorables au projet de cadre constitutionnel. Les orateurs se sont félicités des efforts de l'Indonésie pour parvenir à l'Accord du 5 mai, imputant toutes les difficultés précédentes aux manoeuvres de la politique de division du Portugal. Les intervenants ont informé le Comité spécial de la création par le Gouvernement indonésien d'un comité pour la paix et la stabilité en prévision du scrutin du 8 août et des efforts tendant à désarmer les groupes armés et à encourager les populations à s'inscrire sur les listes électorales. Pour ces pétitionnaires, les conditions sont déjà réunies pour que la Mission des Nations Unies remplisse son mandat de manière satisfaisante. Ils ont espéré que la Mission et son personnel feront preuve de toute l'objectivité et de toute l'impartialité requises.

Les pétitionnaires représentant les entités suivantes ont pris la parole : Australiens pour un Timor libre; Association des étudiants indonésiens; Conseil catholique japonais pour la justice et la paix; Centre international d'appui au Timor oriental; Association australienne pour le Timor oriental; Solidaris Pemuda Indonesia; Comité suédois pour le Timor oriental; Campagne pour un Timor oriental indépendant; Campagne indonésienne pour les droits de l'homme; Agir pour Timor; Institut catholique pour les relations internationales; Coalition britannique pour le Timor oriental; Forum de solidarité pour le peuple du Timor oriental et Forum Pemuda-Pemudi Indonesia. D'autres pétitionnaires se sont exprimés à titre individuel.

Le Comité spécial poursuivra l'audition de pétitionnaires sur la question du Timor oriental cet après-midi à 15 heures.

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Audition de pétitionnaires sur la question du Timor oriental

M. MICHAEL EDE, Australiens pour un Timor libre, a estimé que le processus mis en route le 5 mai avec la signature d'un Accord entre l'Indonésie, le Portugal et le Secrétaire général des Nations Unies va à l'encontre de l'esprit et de la lettre de la loi concernant le statut futur du Timor oriental. Le problème principal réside dans le fait qu'aux termes de l'Accord, les oppresseurs militaires indonésiens demeurent responsables de la sécurité avant, pendant et après le scrutin. Pour le pétitionnaire, il faut au contraire que la Mission des Nations Unies soient présentes sur le territoire avec pour mandat de préserver les vies et les droits de l'homme et aider le peuple timorais à exercer le droit à l'autodétermination. Le pétitionnaire a donc poursuivi en demandant que les Nations Unies imposent des sanctions militaires et financières à l'Indonésie pour la forcer à retirer ses troupes du territoire. Pour lui, le Secrétaire général doit retirer son appui à un statut d'autonomie du Timor au sein d'un Etat indonésien mais exiger que les troupes indonésiennes se retirent sans délai. Dans ce cadre, le personnel de maintien de la paix des Nations Unies doit être déployé aussi tôt que possible afin que le droit à l'autodétermination, y compris l'option d'indépendance, puisse être librement exercé par le peuple timorais. Le pétitionnaire a également plaidé pour la libération de tous les prisonniers politiques. Il a terminé sa déclaration en lançant un appel au Comité spécial pour qu'il attire l'attention du Secrétaire général sur le fait que les élections ne doivent se dérouler que dans une ambiance de liberté et de justice. Il serait donc plus judicieux que l'ONU exerce l'administration du Timor oriental avec ses propres forces et exige dès maintenant que les forces d'invasion quittent le Timor oriental.

M. ROBERT MEWENGKANG a précisé, en tant qu'Indonésien, que la question du Timor oriental a malheureusement donné lieu à bien des informations inexactes. Il a déclaré qu'il sympatisait avec le peuple du Timor oriental. Le peuple indonésien a toujours eu le sentiment d'être frère du peuple timorais. Les Timorais et les Indonésiens ont été colonisés durant des siècles. Avant la colonisation du Timor et de l'Indonésie, il n'y avait qu'une seule nation. Après le départ des Portugais du Timor oriental, la situation a empiré parce que les Portugais n'avaient pas fait assez d'efforts pour développer les services de santé et d'éducation. Il n'y avait pas de moyens de transports, d'aéroport. Les Indonésiens ont contribué à promouvoir la réconciliation après la guerre civile. Les Timorais avaient décidé de se joindre à leurs frères indonésiens. Dès le début, le Gouvernement indonésien a voulu oeuvrer pour trouver une solution juste pour la population du Timor oriental. Le Gouvernement a fait une proposition qui offre un grand degré d'autonomie au Timor oriental. Un accord a été signé en mai dernier entre les parties concernées. La large autonomie offerte au Timor oriental par l'Indonésie est le meilleur choix car il renforcerait l'unité entre les deux peuples qui ont beaucoup en commun. Le processus actuel de réforme pourrait concourir à renforcer un partenariat commun. Il faut mettre un terme à la souffrance de la population du Timor oriental.

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Mme JILL STERNBERG, Conseil catholique japonais pour la justice et la paix, a attiré l'attention du Comité spécial sur "l'appel à l'aide désespéré" des Timorais qui continuent de subir les exactions des militaires et milices indonésiens. Pour la pétitionnaire, il est évident que le processus de paix a souffert de l'absence de représentants de la population timoraise. Ils auraient mis l'accent sur le danger que représente la présence des militaires indonésiens sur le territoire, en ce moment crucial. Aujourd'hui, les Timorais se demandent pourquoi la communauté internationale continue de traiter l'armée indonésienne comme un acteur neutre et impartiale du processus de paix. Le défaut principal de l'Accord de paix du 5 mai réside donc pour la pétitionnaire dans le fait que la sécurité du territoire est confiée au Gouvernement indonésien et à son armée. Pour la pétitionnaire, le Secrétaire général doit, en conséquence, lancer un nouvel appel aux Etats membres pour qu'ils envoient une police civile au Timor oriental. Ils doivent faire comprendre au gouvernement indonésien qu'il est nécessaire qu'il retire ses troupes et traduise en justice les responsables d'exactions. En cas de refus, les Nations Unies doivent déployer une Mission de maintien de la paix au Timor oriental comme elles l'ont fait dans d'autres situations. Les Nations Unies doivent aussi solliciter la contribution des ONG dans la surveillance des élections.

M. ANTONO SUTANDAR, médecin indonésien, a déclaré que, après la domination portugaise, l'infrastructure des soins médicaux du Timor oriental était moins bonne que celle des autres pays de la région. Le nombre de cliniques et d'hôpitaux a augmenté depuis que le Gouvernement central s'occupe de la région. Les médecins qui desservent ces régions sont fiers des progrès accomplis notamment dans le domaine de la vaccination et du traitement de différentes maladies. Le Gouvernement indonésien et les Nations Unies doivent assumer leurs responsabilités malgré des divergences d'avis. Les médecins ne doivent pas devenir des victimes de ces divergences. En ce qui concerne la population du Timor, elle devrait avoir le droit de choisir son propre Gouvernement et sa législation. Les peuples de l'Indonésie et du Timor ont beaucoup en commun. Il ne serait pas surprenant que la population du Timor choisisse d'être intégrée à l'Indonésie. M. Sutandar a des réserves en ce qui concerne les buts des séparatistes. La terreur et la violence n'aboutissent qu'à la destruction. Il faut une coopération entre les différents groupes. Toutes les parties ont commis des erreurs. La transition doit pouvoir se faire dans un climat pacifique.

M. DONY WISNUWARDHANA, Association des étudiants indonésiens, a affirmé qu'en 1975, la population du Timor oriental avait décidé de couper ses liens avec la Puissance coloniale et de s'intégrer à l'Indonésie, après le départ précipité du Portugal en plein coeur d'une guerre civile. Le pétitionnaire a imputé la durée des pourparlers tripartites qui ont commencé en 1993 et qui ont abouti à l'Accord du 5 mai 1999, aux manoeuvres et tergiversations du Portugal. Aucun pays n'est parfait, a-t-il convenu en assurant le Comité

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spécial qu'il ne s'agit pas pour lui de minimiser les souffrances de la population du Timor oriental mais de mettre l'accent sur la mentalité de l'ancienne puissance coloniale; "ils voulaient dominer hier, ils veulent diviser aujourd'hui".

M. FRANK FITZGERALD, Centre d'appui pour le Timor oriental, a estimé qu'aujourd'hui des obstacles continuent de s'opposer à une consultation libre et régulière au Timor oriental. Le premier de ces obstacles vient de la présence sur le territoire des forces indonésiennes qui cherchent à saboter le futur scrutin avec l'aide des milices armées. La terreur et les exactions se poursuivent. Dans ces conditions, le peuple du Timor oriental n'a aucune chance de survie à moins de recevoir des secours urgents. 5% de la population ont déjà été déplacés en prévision du scrutin du 8 août. La crise humanitaire actuelle est créée par les forces armées indonésiennes pour influencer négativement le scrutin. Il est donc urgent d'assurer la sécurité du Timor oriental pour créer des conditions favorables à un scrutin libre. Les Nations Unies doivent, en conséquence, renforcer la force de police civile de sa Mission et maintenir le Timor oriental sur la liste des territoires non autonomes tant qu'un scrutin régulier n'a pas eu lieu au Timor oriental.

Mme SONYA OSTORM, Comité suédois pour le Timor oriental, a déclaré qu'il était essentiel d'appliquer pleinement l'Accord du 5 mai. La communauté internationale doit faire pression pour que l'Accord soit respecté par les différentes parties. La violence menace la tenue des consultations. Celles- ci ne doivent pas être manipulées. Les atrocités commises par les milices sont connues de l'opinion publique internationale. Le Comité doit demander le désarmement des groupes paramilitaires, le retrait des troupes indonésiennes, l'envoi de davantage de personnel de l'ONU pour contrôler le retrait des troupes et protéger la société civile, et la libération des prisonniers politiques. Il faut que la consultation se déroule dans un climat de liberté.

M. BEN WAINFELD, Campagne indonésienne pour les droits de l'homme, s'est félicité de la création de la Mission des Nations Unies au Timor oriental. Il est essentiel que les consultations se déroulent sans intimidation ni violence. Les groupes paramilitaires doivent être désarmés. Les militaires indonésiens ont accéléré leurs efforts pour saboter les consultations en créant une atmosphère de peur pour démobiliser la population. La consultation devient impossible dans ces conditions. On a découvert des milices dirigées par les indonésiens. La force de police civile a une formation fortement militarisée. Les militaires indonésiens continuent d'agir comme avant au Timor oriental. Il faut rendre hommage aux efforts de la population du Timor oriental pour défendre son droit à l'autodétermination. Les Timorais ont montré qu'ils avaient beaucoup de retenue. Même avant la signature des accords, un cessez-le-feu a été respecté. Les armes des groupes paramilitaires doivent être rendues au personnel des Nations Unies. Il faut que les troupes indonésiennes se retirent et que les prisonniers politiques soient remis en liberté pour pouvoir participer à la consultation comme tous ces autres citoyens timorais.

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M. HIPOLITO APARICIO, Professeur au Timor oriental, a estimé que le gouvernement indonésien a pris des mesures positives pour assurer le déroulement d'un scrutin libre et régulier. Les mesures consistent en la création d'une commission de la paix et de la stabilité et d'équipes chargées de mettre en oeuvre l'Accord du 5 mai. En prévision du scrutin, le Gouvernement indonésien a lancé un appel aux différents groupes armés pour qu'il rendent leurs armes et aux populations pour qu'elles s'inscrivent sur les listes électorales. Le pétitionnaire a lancé un appel au Comité spécial pour qu'il ne sous-estime pas l'importance des efforts que déploie l'Indonésie pour créer une atmosphère favorable à un bon déroulement du scrutin. La Mission des Nations Unies pourra donc remplir sa tâche en toute sécurité. Il faut tout simplement que ses membres fassent preuve de l'objectivité et de l'impartialité requises.

M. AUGUSTO MENDONCA, Résident timorais, a affirmé que la population est- timoraise souhaite exprimer sa gratitude au gouvernement indonésien pour les efforts inlassables qu'il a déployés pour parvenir à l'Accord du 5 mai. Il est incontestable, a souligné le pétitionnaire, que ce succès n'aurait pu être atteint sans les propositions avancées par l'Indonésie. Compte tenu de cette évolution positive, la décolonisation du Timor oriental n'est plus un problème; la solution réside dans une autonomie spéciale au sein d'un Etat indonésien unifié. En prévision du scrutin, l'Indonésie a pris des mesures importantes pour instaurer la paix et l'harmonie dans la province et si des actes de violence ont été perpétrés, ils sont imputables aux seuls groupes anti-intégration qui essayent d'intimider la population. Toutefois, il n'y a pas eu d'affrontements ouverts grâce au contrôle des forces de sécurité indonésiennes.

M. JOAO PEREIRA, enseignant habitant au Timor oriental, s'est félicité de la signature de l'Accord. Il a déclaré que le peuple du Timor n'a jamais considéré la question du Timor oriental comme une question de décolonisation. Pour les habitants du Timor oriental l'offre d'une autonomie reflète la souplesse du Gouvernement indonésien pour accommoder les partisans de l'intégration et les partisans de l'indépendance. Le choix d'une autonomie spéciale permettra de poursuivre les efforts concertés en faveur du développement. Aucun domaine, politique, social ou économique, n'a été oublié. Le peuple Timorais a le droit d'élire ses représentants. Des fonds importants ont été mis à la disposition des Timorais pour développer des activités sociales. Ils ont bénéficié de programmes qui n'avaient jamais été mis en oeuvre durant le règne colonial. Lorsque la crise économique a frappé l'Asie du Sud-Est, le Timor a également été touché. Les habitants du Timor oriental estiment que leur avenir est lié à celui des Indonésiens. L'Accord doit être pleinement appliqué.

M. PONCIANO DA CRUZ LEITE, ressortissant du Timor oriental, a déclaré que la question relative à la sécurité au Timor oriental a fait l'objet d'une désinformation. La signature d'un accord sur le désarmement au Ministère indonésien de la justice a été important. Des efforts sont fait pour préparer la consultation populaire. Par ailleurs, l'appui du Comité est essentiel au

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succès de ces efforts. La situation a pu être améliorée en matière de sécurité. La MINUTO doit mener a bien le mandat qui lui a été un événement confié de manière impartiale.

Mme YULITA PINTO, Résidente du Timor oriental, a estimé que jusqu'ici le statut politique du Timor oriental a été compromis par des intérêts égoïstes. Elle a donc accueilli avec une grande satisfaction la proposition indonésienne d'organiser un scrutin sur un cadre constitutionnel pour l'autonomie du Timor oriental au sein de l'Indonésie. Ce fait, a dit la pétitionnaire, reflète la volonté de l'Indonésie de rechercher une solution pacifique à la question du Timor oriental. La pétitionnaire a salué la création de la Commission de la paix et de la stabilité chargée de créer un environnement propice au scrutin en arguant que le peuple du Timor oriental aspire à ouvrir un nouveau chapitre de sa vie lui permettant de vivre dans l'harmonie et dans la paix avec "ses frères indonésiens".

Mme TEREZINHA DE OLIVEIRA, Résidente du Timor oriental, a félicité le Gouvernement indonésien pour avoir oeuvrer en faveur d'une solution pacifique à la question du Timor oriental. La large autonomie proposée par l'Indonésie tient compte des deux fractions en présence et contient tous les éléments pour mettre un terme au conflit qui oppose les Timorais. Au titre des mesures concrètes, la pétitionnaire a salué la création d'un groupe spécial pour mettre en oeuvre l'Accord tripartite du 5 mai et d'un autre groupe spécial chargé de la liaison entre la Mission des Nations Unies et le gouvernement. La pétitionnaire a terminé en jugeant important que la Mission des Nations Unies et son personnel s'abstiennent de prendre parti et s'efforcent de mener leur mandat à bon terme.

Mme NADINE FARID, Agir pour le Timor, a déclaré que la consultation au Timor oriental représente une étape importante. "Agir pour le Timor" soutient l'action du Secrétaire général et de la MINUTO. Seule une réduction massive des effectifs militaires indonésiens, plusieurs fois annoncée par le Gouvernement indonésien mais jamais concrétisée, pourrait constituer un geste significatif de l'engagement indonésien à respecter l'Accord du 5 mai et le droit des Timorais à l'autodétermination. Or, c'est plutôt à l'augmentation importante des effectifs de police sans réduction du nombre de militaires que l'on assiste. Le personnel de la Mission de l'ONU, en petit nombre (420 observateurs internationaux, 270 policiers non armés, 50 conseillers militaires, plus un peu de personnel administratif) sera bien en peine de peser efficacement pour le désarmement de toutes les parties concernées, y compris l'armée indonésienne, et de contrôler le déroulement correct du vote dans les quelque 700 bureaux prévus sur le territoire. Pour cette raison, "Agir pour le Timor", ainsi qu'un certain nombre d'ONG françaises, participe à un effort international d'envoi d'observateurs volontaires, dans le cadre d'un projet coordonné par la Fédération internationale pour le Timor oriental, ayant un statut associé auprès du Département de l'information de l'ONU. Ces

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observateurs auront une triple mission: l'accompagnement de personnalités timoraises se sentant menacées; la surveillance de la situation en matière de droits de l'homme; la surveillance du bon déroulement du processus de consultation.

M. DAN FIETKIEWICZ, Institut catholique pour les relations internationales, a espéré que, à mesure que l'on prépare les consultations, la situation au Timor va s'améliorer. L'Accord conclu doit permettre qu'une consultation populaire régulière et pacifique ait lieu. Les militaires indonésiens s'opposent au changement. Contrairement aux engagements pris, il y a une détérioration effrayante de la sécurité au Timor oriental. L'armée indonésienne patronne des milices. Des organisations internationales de défense des droits de l'homme ont signalé un nombre important de morts. Les dirigeants de milices ont été autorisés à agir impunément au lieu d'être arrêtés. Cela est en contradiction avec l'Accord signé. Les rapports de sources catholiques fiables font état d'actes de torture. L'armée indonésienne ne doit plus encourager la division et la haine. La consolidation de la paix et la réconciliation sont essentielles. La vérité doit être dite et la justice prédominer. La paix est possible mais les Timorais doivent avoir l'espace nécessaire pour y parvenir. Il faut, pour rétablir la paix, que l'on renonce à recourir à la force. La consultation doit se faire de façon juste et sans qu'il y ait de pertes en vie humaines.

M. ELIOT HOFFMAN, Forum de solidarité pour le peuple du Timor oriental, a estimé que les Nations Unies doivent permettre de redresser la situation au Timor oriental et notamment d'assurer la sécurité de la population. L'Accord signé à New York est important pour les Timorais. Pourtant, peu de temps après sa signature, des affrontements ont eu lieu et des actes violents répressifs ont été commis par les milices. La violence est un crime contre l'humanité car elle prive les populations de ressources dont elles ont besoin pour assurer leur développement. Les auteurs des crimes commis devraient être traduits en justice et les groupes paramilitaires désarmés. Le Conseil de sécurité devrait agir plus fermement lorsque des violations de l'Accord ont lieu. Les Nations Unies devraient envoyer des troupes de maintien de la paix. La paix et la justice doivent pouvoir bientôt régner au Timor oriental.

M. RAMIDIN ALLAN PURBA, Forum Pemuda-Pemudi Indonesia, a souligné l'importance de la question de la sécurité au Timor oriental. Un tableau faux a été présenté. Durant des décennies, les autorités coloniales ont exploité la situation au Timor oriental. La société timoraise a été divisée, ce qui a abouti à une guerre civile. Avant leur départ, les autorités portugaises ont aggravé la situation en remettant des armes à des partis minoritaires. Il faut comprendre ce qui suscite les profondes émotions des deux différentes parties de la population du Timor oriental. L'armée indonésienne, qui est présente au Timor oriental pour protéger la population, se trouve dans une situation difficile. Les forces armées sont décrites comme étant complaisantes face à la violence. Les tensions sont importantes. Les médias mettent à tort l'accent sur les actions des forces armées indonésiennes mais ne montrent pas les actions violentes des forces proindépendantistes. Les

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éléments anti-indonésiens sabotent les efforts du Gouvernement indonésien pour trouver une solution à la question du Timor oriental. La majorité de la population du Timor oriental a continué à voter pour ses représentants au Parlement indonésien. La population timoraise a le droit de faire entendre sa voix. Les pratiques d'intimidation ont rendu impossible la vie de nombreux professionnels au Timor oriental. Les biens de ces personnes ont été détruits et elles ont parfois dû quitter le territoire. L'Accord qui a été signé à New York doit aboutir à une solution globale au Timor oriental.

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