CS/1047

LA CHINE FAIT PART DE SON INDIGNATION APRES QUE SON AMBASSADE A BELGRADE A ETE TOUCHEE PAR LES BOMBARDEMENTS

8 mai 1999


Communiqué de Presse
CS/1047


LA CHINE FAIT PART DE SON INDIGNATION APRES QUE SON AMBASSADE A BELGRADE A ETE TOUCHEE PAR LES BOMBARDEMENTS

19990508 Les délégations déplorent l'événement et échangent leurs vues sur les modalités d'un règlement de la crise en République fédérale de Yougoslavie

A la demande de la Chine, le Conseil de sécurité s'est réuni d'urgence, ce matin, à la suite des bombardements qui ont touché l'ambassade de Chine à Belgrade.

Le représentant de la Chine a condamné avec la plus grande indignation les bombardements qui ont touché l'ambassade de son pays à Belgrade, le 7 mai à minuit. Il a qualifié cette action d'acte barbare et émis ses protestations les plus vives face à ce qu'il considère comme une violation flagrante de la souveraineté nationale de son pays. Il a affirmé que son Gouvernement se réserve le droit de prendre toute mesure qui s'avèrerait nécessaire, et estimé que l'OTAN doit assumer ses responsabilités dans cette action.

Certaines délégations ont déploré le recours à la force pour résoudre la crise en République fédérale de Yougoslavie et demandé la fin de toute action militaire comme préalable au règlement de la crise. Pour sa part, la Fédération de Russie a estimé qu'il est aujourd'hui clair que l'aventure de l'OTAN n'a rien à voir avec la prévention d'une catastrophe humanitaire au Kosovo.

Le représentant des Etats-Unis a précisé que l'OTAN a ouvert une enquête afin de déterminer les circonstances exactes du bombardement de l'ambassade de Chine. Il a affirmé que jamais l'OTAN ne prendrait délibérément pour cible des civils et surtout pas une ambassade. Les représentants du Royaume-Uni et de la France ont rappelé que les opérations de l'OTAN ont pour but de mettre fin aux agissements intolérables de la République fédérale de Yougoslavie au Kosovo.

Une majorité de délégations a souhaité qu'une issue politique à la crise en République fédérale de Yougoslavie soit favorisée par une intervention des Nations Unies. A cet égard, certaines d'entre elles ont fait valoir l'utilité des principes généraux définis lors du sommet du G8 à Bonn le 6 mai 1999.

L'ensemble des délégations a déploré le bombardement de l'ambassade de Chine à Belgrade et présenté ses condoléances aux victimes ainsi qu'au Gouvernement chinois.

Les Etats Membres du Conseil suivants ont pris la parole : Chine, Etats-Unis, Fédération de Russie, Pays-Bas, Argentine, France, Namibie, Canada, Bahreïn, Malaisie, Slovénie, Royaume-Uni, Gabon. Le Conseil a également entendu les déclarations des représentants de la République fédérale de Yougoslavie, du Bélarus, de l'Iraq, de Cuba, de l'Albanie et de l'Inde.

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Déclarations

M. HUASUN QIN (Chine) a remercié le Président pour avoir convoqué la présente réunion d'urgence et les membres du Conseil pour leur participation. Le représentant a ensuite lu un message de son Gouvernement, stipulant que le 7 mai, à minuit, l'OTAN, dirigée par les Etats-Unis d'amérique, a de façon flagrante attaqué avec trois missiles l'ambassade de la République populaire de Chine à Belgrade. A ce jour, deux personnes ont péri, deux autres sont portées disparues et plusieurs ont été blessées. Rappelant que les bombardements, ces derniers jours, ont déjà conduit à de nombreuses pertes humaines, le représentant a affirmé qu'il s'agit d'une violation flagrante de la souveraineté de la Chine et que cet acte foule au pied la Convention de Vienne sur les relations diplomatiques. Des agissements d'une telle gravité ont rarement été vus dans l'histoire de la diplomatie. Le Gouvernement chinois condamne avec la plus grande indignation cet acte barbare et émet ses protestations les plus vives. L'OTAN doit assumer la responsabilité de cette action. Le Gouvernement chinois se réserve le droit de prendre d'autres mesures, a ajouté le représentant. Tout le bâtiment de l'ambassade a été détruit et tout le personnel relogé dans des hôtels. Même en temps de guerre, les institutions diplomatiques ne doivent pas être violées et les diplomates doivent être protégés. L'atteinte à la sécurité du personnel diplomatique constitue une très grave menace pour le maintien de relations internationales normales. C'est là un crime de guerre qui devrait être puni. La Chine demande une enquête et estime que l'OTAN doit immédiatement et inconditionnellement cesser ses frappes aériennes contre la République fédérale de Yougoslavie.

M. PETER BURLEIGH (Etats-Unis) a déclaré que pour l'heure il n'y a pas de confirmation des faits survenus à Belgrade. Il a précisé que l'OTAN a ouvert une enquête. Le représentant a assuré que jamais l'OTAN ne viserait des cibles civiles et surtout pas une ambassade. Au Conseil de sécurité, nous devons voir le tableau d'ensemble de la situation. Un homme est responsable de la crise actuelle au Kosovo, M. Milosevic, qui mène une politique inacceptable de nettoyage ethnique dans cette région. Depuis des mois nous oeuvrons pour un règlement négocié et il n'a jamais accepté les propositions qui ont été présentées. Nous continuerons d'insister auprès de la République fédérale de Yougoslavie pour qu'elle accepte un règlement de la situation. Si l'OTAN est responsable des dommages survenus à l'ambassade de Chine à Belgrade, nous le regrettons profondément. Nous avons fait part des condoléances de notre Gouvernement au peuple Chinois.

M. SERGEY LAVROV (Fédération de Russie) a déclaré que les derniers agissements de l'OTAN dépassent toutes les limites imaginables. Chaque jour, des civils en souffrent, des infrastructures nationales sont détruites et toutes les normes du droit international sont foulées au pied. Les frappes aériennes de l'OTAN ont atteint l'ambassade chinoise en République fédérale de Yougoslavie, des employés de l'ambassade ont péri et de graves dommages ont été causés.

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La Fédération de Russie présente ses condoléances au Gouvernement de la Chine et à toutes les victimes de cet acte. Nous sommes indignés et demandons qu'une enquête soit immédiatement engagée, a ajouté le représentant. Il est clair aujourd'hui que l'aventure de l'OTAN n'a rien à voir avec la prévention d'une catastrophe humanitaire au Kosovo. Il ne s'agit pas de la culpabilité d'un seul homme. Combien de gens faut-il tuer, combien de personnes doivent être laissées sans toit, combien de pays doivent-ils être déstabilisés pour punir cet homme, s'est interrogé le représentant. La Fédération de Russie demande aux membres du Conseil de réfléchir à ces questions et d'envisager un règlement politique et pacifique à cette crise, dans le cadre de l'ONU. Ce but est réalisable, mais une condition préalable demeure indispensable : la cessation des frappes aériennes de l'OTAN, a conclu M. Lavrov.

M. ARNOLD PETER VAN WALSUM (Pays-Bas) s'est joint à la déclaration des Etats-Unis et a exprimé ses plus profonds regrets face à la situation, si elle est confirmée. Il est déplorable que des vies aient été perdues. Ceci n'est pas le résultat d'une action délibérée, l'ambassade n'était pas visée par les bombardements. Tous les dommages secondaires sont regrettables. Le représentant a rappelé que le nettoyage ethnique du Kosovo par Belgrade s'est intensifié après le début des frappes aériennes. Nous n'avons pas d'autre choix que de lancer ces frappes, compte tenu du refus de M. Milosevic de se conformer aux résolutions du Conseil de sécurité. Aucun gouvernement n'aurait pu prévoir la détermination de Belgrade d'expulser les Albanais du Kosovo. Nous acceptons notre part de responsabilité, mais nous rejetons la comparaison entre les victimes accidentelles et les viols, harcèlements, expulsions dont le régime de Belgrade doit assumer la responsabilité.

M. FERNANDO ENRIQUE PETRELLA (Argentine) a fait remarquer que les événements survenus à l'ambassade de Chine sont profondément regrettables et il a estimé qu'il serait utile de disposer de plus amples informations sur ces événements avant de tirer des conclusions; il faut donc encourager une enquête complète à ce sujet. Le représentant a transmis au Gouvernement et au peuple Chinois sa sympathie face aux sentiments légitimes éprouvés après ces événements.

M. ALAIN DEJAMMET (France) a exprimé sa sympathie attristée à la délégation chinoise et ses condoléances aux familles des victimes. Il s'est associé aux regrets exprimés face au bombardement de l'ambassade de Chine à Belgrade. Il a affirmé que cet événement fait l'objet d'une enquête de la part des autorités de l'OTAN. La France est engagée dans une action qui vise à mettre fin aux agissements intolérables de la République fédérale de Yougoslavie. Elle soutient, comme tous les membres de l'Union européenne, l'initiative du Secrétaire général des Nations Unies et travaille avec ses partenaires russe, américain, anglais, canadien, italien, allemand et japonais à l'élaboration d'une solution politique à la crise du Kosovo.

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La réunion du G8 à Bonn le 6 mai a permis de définir les principes d'une cessation immédiate de la violence au Kosovo, et de préparer les éléments d'une résolution du Conseil de sécurité pour tracer la voie à des mesures concrètes en vue de rétablir la paix et la stabilité dans la région.

M. MARTIN ANDJABA (Namibie) a estimé qu'il est déconcertant et choquant de constater que des actions militaires de ce genre puissent se produire au moment où des efforts politiques et diplomatiques sont déployés de toutes parts. Le représentant a souhaité rappeler le succès de l'action du révérend Jesse Jackson, qui a permis la libération de soldats américains. Le Secrétaire général de l'ONU a lui aussi poursuivi ses efforts diplomatiques, et les pays du G8 réunis à Bonn ont également fait espérer une solution pacifique. La destruction de l'ambassade de Chine est un fait très grave et la Namibie adresse sa sympathie au Gouvernement chinois. Ce bombardement pourrait conduire à une escalade du conflit. Nous attendons les résultats de l'enquête de l'OTAN, a ajouté le représentant. La délégation namibienne reste convaincue que les souffrances infligées aux diplomates chinois et aux autres victimes auraient pu être évitées si une solution politique avaient été trouvée. Il est impératif que le Conseil de sécurité participe activement à la recherche de cette solution. Pour le représentant, le Secrétaire général doit continuer d'oeuvrer en faveur de la cessation immédiate des bombardements afin que la diplomatie puisse prendre le relais dans cette crise.

M. ROBERT FOWLER (Canada) a déclaré qu'alors que l'OTAN souhaite mettre fin à la violence imposée par le régime de Belgrade, des erreurs regrettables ont malheureusement eu lieu. Face aux actions menées par la République fédérale de Yougoslavie, les actions de l'OTAN ont pour seuls buts la protection du peuple Kosovar et son retour dans la sécurité. Le représentant a émis les plus profonds regrets en ce qui concerne le bombardement de l'ambassade de Chine à Belgrade et s'est dit attristé par la mort de plusieurs employés de l'ambassade. Il a rappelé que la réunion des ministres des affaires étrangères du G8 a permis l'élaboration d'un plan pour une solution au conflit au Kosovo. Par ailleurs, une résolution du Conseil de sécurité permettrait de mettre fin au conflit, en prévoyant une présence internationale et civile au Kosovo. Nous souhaitons un règlement rapide de la situation. Le représentant a adressé les condoléances de son pays au peuple Chinois.

M. JASSIM MOHAMMED BUALLAY (Bahreïn) s'est prononcé pour une solution diplomatique au Kosovo et pour le droit de tous les réfugiés à un retour dans leur foyer en toute sécurité. Il a encouragé toutes les parties concernées à redoubler d'efforts pour résoudre la crise par des moyens diplomatiques et le plus rapidement possible, sachant que chaque jour qui passe voit grandir le nombre de victimes.

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M. MOHD.ISA RASTAM (Malaisie) s'est dit consterné et perturbé par l'incident de l'ambassade de la République populaire de Chine à Belgrade, et a présenté ses condoléances au Gouvernmement chinois et aux familles des victimes. Il a déclaré attendre les résultats de l'enquête de l'OTAN. Les souffrances intolérables des réfugiés et personnes déplacées sont malheureusement trop évidentes, et ces personnes doivent pouvoir rentrer chez elles dans la dignité. Le représentant s'est prononcé pour un règlement politique global de la crise et a appelé le Conseil de sécurité à jouer pleinement son rôle dans cette tâche.

M. DANILO TURK (Slovénie) a déploré le bombardement de l'ambassade de Chine à Belgrade. Nous attendons que l'enquête diligentée par l'OTAN fournisse des informations supplémentaires sur les conditions dans lesquelles s'est produit cet événement. La Slovénie déplore toute perte de vie et toute destruction de biens et autres tragiques conséquences qui frappent la population civile. Nous adressons nos condoléances au Gouvernement et au peuple Chinois. Le représentant a rappelé que les conséquences humanitaires de la politique de nettoyage ethnique menée contre la population albanaise du Kosovo sont extrêmement graves. Le Conseil de sécurité sait que le Secrétaire général a décidé d'envoyer une mission d'évaluation des besoins humanitaires essentiels et que des efforts diplomatiques sont déployés par les membres du G8 pour parvenir à un règlement de la situation dans la région du Kosovo. Tous les efforts visant à un règlement diplomatique doivent être poursuivis et le Conseil de sécurité doit y participer pleinement. Il est grand temps de prendre les mesures permettant de mettre fin à une situation qui a des racines très anciennes.

Sir JEREMY GREENSTOCK (Royaume-Uni) a dit partager la consternation des membres du Conseil de sécurité et a exprimé ses condoléances à la Chine ainsi qu'aux blessés et aux familles des personnes tuées. Sir Jeremy a souhaité rappeler l'origine de la crise : plusieurs milliers de personnes ont été tuées à la suite des actes et des décisions du Président Milosevic, et l'OTAN a pris des mesures pour faire cesser cette situation. Il est tragique que des représentants de la Chine aient été les victimes de bombardements et nous attendons les résultats de l'enquête à ce sujet, a ajouté Sir Jeremy, rappelant que les actions de l'OTAN ne visent ni les civils, ni les ambassades. Le conflit doit cesser aussi vite que possible, et pour cela, il faut que la République fédérale de Yougoslavie accepte les décisions prises lors de la réunion du G8 le 6 mai dernier. Cette décision est entre les mains du Président Milosevic, a conclu le représentant.

M. DENIS DANGUE REWAKA (Gabon) a déclaré que sa délégation regrette les événements survenus à l'ambassade de Chine à Belgrade. Il est de la plus haute importance que toutes les mesures soient prises pour assurer la protection des chancelleries. Nous déplorons les pertes de vies humaines et présentons nos sincères condoléances au peuple Chinois et aux familles des victimes. Nous demandons à Belgrade de saisir l'opportunité ouverte par le Secrétaire général d'un règlement de la crise au Kosovo.

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M. VLADISLAV JOVANOVIC (République fédérale de Yougoslavie) a fait savoir que son pays est victime des agissements de l'OTAN depuis 45 jours, et que ces actions visent des cibles civiles et constituent une menace pour la vie, l'environnement et les droits des personnes. Les actions de l'OTAN sont menées n'importe quand, n'importe comment; les avions de l'OTAN ont effectué plus de 12 000 sorties à ce jour et lancé plus de 30 000 missiles de croisière, 1 200 civils ont péri et plus de 5 000 personnes ont été blessées. Le terme "dommage collatéral" est-il approprié quand il s'agit de la perte de vies humaines, s'est interrogé le représentant. Qui peut vivre dans un pays où les ponts, les écoles, les hôpitaux, les transports publics, les monastères, le réseau électrique sont systématiquement détruits, a-t-il poursuivi. Les pays de l'OTAN qui disent parler au nom de la démocratie portent atteinte à la liberté d'expression en prenant pour cible la télévision et la radio. Le phare de Belgrade a aussi été touché.

La République fédérale de Yougoslavie est engagée dans un règlement pacifique de la crise au Kosovo. Toutes les activités armées au Kosovo ont cessé unilatéralement le 6 avril, et le Gouvernement a appelé les réfugiés à entrer chez eux en garantissant leur sécurité. Cependant la République fédérale de Yougoslavie a le droit et le devoir de se protéger en cas d'agression, comme le mentionnent la Charte des Nations Unies et le droit international. Hier, des avions ont visé l'ambassade de la République populaire de Chine; le bâtiment se trouve dans une zone résidentielle et il n'y pas de cibles militaires dans ce secteur. Cette attaque est un crime de guerre, a déclaré le représentant, estimant qu'il est évident que l'OTAN livre une guerre totale à un pays souverain et à son peuple. Les pays voisins et l'économie de la région sont menacés, et les conséquences sur l'environnement terribles. Le Conseil de sécurité qui n'a pas pu arrêter jusqu'ici les bombardements, a, ce matin, l'occasion de réaffirmer son autorité, a conclu le représentant.

M. ALYAKSANDR SYCHOV (Bélarus) a condamné l'action militaire illégale de l'OTAN contre la République fédérale de Yougoslavie. Il s'est dit préoccupé par l'escalade des bombardements militaires et a dit craindre une catastrophe de grande échelle. La frappe aérienne contre l'ambassade de Chine à Belgrade a conduit à des pertes humaines innocentes. Nous voudrions adresser nos condoléances au Gouvernement de la Chine ainsi qu'aux familles des victimes. Les actions militaires de l'OTAN vont à l'encontre de nombreuses normes juridiques internationalement reconnues et nous demandons la fin de ses actions. Le Président et le Gouvernement de mon pays ont déclaré leur volonté de parvenir à un règlement pacifique du conflit, soulignant que des possibilités politiques existent pour un règlement pacifique dans la région. L'ONU doit saisir l'occasion de démontrer la force des principes et des idéaux consacrés dans sa Charte.

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M. SAEED HASAN (Iraq) a souhaité transmettre ses condoléances aux familles des victimes du bombardement de l'ambassade de la République populaire de Chine à Belgrade. Il a condamné cet acte barbare qui viole la Charte des Nations Unies, le droit international et les règles qui régissent les relations internationales. Il a demandé la cessation immédiate des actions militaires de l'OTAN et indiqué, par ailleurs, que des dommages importants ont aussi été infligés à l'ambassade d'Iraq à Belgrade. Il a ajouté que ces événements rappellent ceux dont est victime l'Iraq depuis le 16 décembre de l'an dernier. Ils mettent l'accent sur le comportement américain, qui bafoue le droit international et le droit des peuples. Après le Soudan, la Libye, qui sera la prochaine victime si la communauté internationale ne met pas fin aux agissements des Américains, s'est interrogé le représentant, ajoutant que les bombes américaines n'épargnent aucune école, aucun hôpital. Nous avons reconstruit ce que les Américains avaient détruit, la population yougoslave fera la même chose. Les pays épris de justice et de liberté doivent tirer les leçons de ces événements. Il faut arrêter de recourir à la force et punir l'agresseur, a conclu le représentant.

M. BRUNO RODRIGUEZ PARRILLA (Cuba) a déclaré que l'ambassade de Chine à Belgrade a été détruite par des missiles de l'OTAN. Les Etats-Unis et l'OTAN, qui qualifient les victimes civiles de dommages collatéraux, affirment que l'ambassade n'était pas une cible, qu'ils ne prennent pas les civils pour cibles et qu'il faut voir la situation dans son ensemble. Or, ce qui s'est produit n'est pas un accident, c'est une agression que nous condamnons énergiquement et qui constitue une violation de la souveraineté de la Chine et des normes internationales. Le Conseil de sécurité ne peut rester impassible devant une telle situation. Les actions de l'OTAN affectent les besoins indispensables de la population et créent une situation humanitaire grave. Les frappes aériennes se font en violation flagrante du droit humanitaire. Est-il possible que le Conseil de sécurité n'exige pas qu'on demande l'arrêt des bombardements ? C'est un génocide qui est commis et il doit cesser. Les événements récents montrent qu'il n'y a actuellement pas de progrès vers une solution politique. Comment juger digne de foi l'Accord des membres du G8, dès lors que les bombardements en Serbie ne sont pas remis en cause ? Nous sommes d'avis que seule une solution politique est possible, reposant sur le respect des droits des peuples de toute la région. Comme l'a affirmé le Président Castro, on ne saurait résoudre le conflit par la force. Le Conseil doit agir immédiatement conformément à ses obligations sinon les dommages causés à la communauté internationale et sa responsabilité historique seront énormes. Le Conseil a le devoir de retrouver les pouvoirs et mandats qui lui sont donnés par la Charte et doit faire cesser les bombardements actuels. Il ne doit accepter aucune solution reposant sur l'usage de la force.

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M. AGIM NESHO (Albanie) a rappelé que les actions de l'OTAN visent un régime qui tue, massacre, viole et commet un crime de génocide. Le Gouvernement albanais présente ses condoléances au Gouvernement chinois, estimant que ce pays ami, la Chine, a toujours fait preuve de sagesse. L'Albanie ne souhaite pas que cet incident isolé serve à empêcher la punition du régime de Belgrade. Actuellement, un million d'Albanais se retrouvent déportés, privés de toit, désespérés, massacrés avec leurs enfants. Leur seul espoir réside dans l'action de l'OTAN, qui peut assurer leur retour chez eux dans des conditions de sécurité. Les accords internationaux ont été constamment violés par Belgrade. Toute action qui sert la paix, la stabilité et permet de sauver des vies devrait être appuyée par les pays qui respectent les valeurs humaines et la démocratie.

M. KAMALESH SHARMA (Inde) a déclaré que tout dommage contre un établissement diplomatique doit être déploré. Les pertes de vies humaines et les conséquences qui en résultent ne font que confirmer que la méthode appliquée par l'OTAN est une erreur. La recherche d'une solution ne peut se trouver que dans des moyens autres que militaires. Il n'y a pas d'autre choix que la voix du dialogue et d'un règlement négocié du conflit. Nous sonmmes préoccupés par la tragédie humanitaire dans la région où les tensions s'exacerbent. En conséquence, nous demandons un arrêt immédiat de toutes les hostilités afin de donner une chance à la paix. Nous exprimons nos condoléances au Gouvernement chinois et à toutes les familles des victimes.

M. HUASUN QIN (Chine) a indiqué qu'il avait écouté attentivement les interventions qui viennent d'être faites et pris note des condoléances adressées au Gouvernement et au peuple Chinois. Il a qualifié d'absurde l'argument avancé par l'un des intervenants selon lequel l'OTAN n'aurait pas tiré intentionnellement contre l'ambassade, et ne violerait pas ainsi la convention sur la protection des diplomates. Pour le représentant de la Chine, les actions de l'OTAN, délibérées ou non, constituent une violation manifeste du droit international. Un tueur ne peut échapper à une sanction sous ce prétexte. L'OTAN doit assumer toutes les responsabilités découlant de son action, a rappelé le représentant, avant d'informer les membres du Conseil du fait que la délégation chinoise a distribué un projet de déclaration présidentielle et espère qu'une décision sera rapidement prise à ce sujet.

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