AG/635

LE SILENCE DE L'ONU SUR JERUSALEM-EST POURRAIT ETRE INTERPRETE A TORT COMME UN SOUTIEN A ISR'L, ESTIMENT PLUSIEURS REPRESENTANTS

24 avril 1997


Communiqué de Presse
AG/635


LE SILENCE DE L'ONU SUR JERUSALEM-EST POURRAIT ETRE INTERPRETE A TORT COMME UN SOUTIEN A ISRAEL, ESTIMENT PLUSIEURS REPRESENTANTS

19970424 Le silence de l'ONU sur la politique israélienne à Jérusalem-Est serait préjudiciable à l'Organisation et pourrait être interprété à tort comme un soutien à la politique israélienne, ont estimé les représentants qui se sont adressés, cet après-midi, à l'Assemblée générale réunie en Session extraordinaire d'urgence. Les représentants des pays suivants ont pris la parole : Japon, Jordanie, Colombie, Emirats arabes Unis, Yémen, Turquie, République-Unie de Tanzanie, Fédération de Russie, Arabie saoudite, Chine, Zimbabwe, Singapour, Djibouti, Costa Rica, Nigéria, Pakistan, Philippines, Namibie, Malaisie, Guyana, Argentine, Vietnam, Cuba, République de Corée, Bahreïn, Oman, Malte, Afghanistan et Inde.

Les représentants ont estimé que plusieurs mesures récemment prises par Israël, en particulier la décision de construire une colonie de peuplement à Djabal Abou Ghanaym, sont contraires au droit international et portent gravement atteinte au processus de paix. Que les Nations Unies soient amenées à convoquer une réunion extraordinaire d'urgence de l'Assemblée générale - ce qui constitue un événement en soi - est la preuve qu'il n'existe plus tellement de solutions politiques si la communauté internationale voudrait éviter le risque d'un échec, a estimé le représentant de la Fédération de Russie.

Les représentants ont déploré la politique de fait accompli mené par Israël à Jérusalem. Le représentant du Nigéria a dit comprendre l'attachement particulier d'Israël à la ville de Jérusalem, mais a ajouté que le Gouvernement et le peuple d'Israël doivent admettre que les Palestiniens et d'autres éprouvent envers cette ville des sentiments tout aussi forts. Plusieurs intervenants ont rappelé que le statut de Jérusalem représente la clé de la paix dans toute la région. C'est ce qui a justifié la sage décision prise à Oslo de différer les pourparlers sur ce point délicat jusqu'à la fin des négociations. Pour que de telles négociations puissent avoir lieu de bonne foi, il avait été également décidé que toutes les parties devraient s'abstenir de prendre des mesures tendant à modifier le statu quo. Or, les mesures prises récemment par Israël ne peuvent que préjuger de l'avenir de ces négociations. Une telle politique, ont averti plusieurs délégations, ne peut mener qu'à une impasse. On n'obtiendra une paix durable et la sécurité dans la région qu'en respectant le principe fondamental de l'échange de la paix contre la terre, et la politique israélienne actuelle, qui tend à modifier la composition démographique de Jérusalem pour en faire une veille à majorité juive, est contraire à ce principe. (à suivre - 1a)

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Les représentants ont estimé que l'ONU a un rôle à jouer dans le processus de paix, puisqu'elle a vocation à maintenir et promouvoir la paix partout dans le monde. Son silence nuirait à sa responsabilité mondiale et pourrait être interprété à tort comme un soutien à la politique israélienne actuelle. Le Conseil de sécurité n'ayant pas été en mesure de remplir son rôle du fait du vote négatif de l'un de ses membres permanents, l'Assemblée générale est amenée à jouer un rôle responsable en soutenant le processus de paix sur la base des accords conclus et en insistant sur le besoin de justice, d'équité et de bonne foi, ont estimé plusieurs délégués. Ces derniers ont aussi souhaité que l'Assemblée adopte une résolution claire qui fera date dans le processus de paix et qui devra être prise en compte par les autorités israéliennes.

La session extraordinaire d'urgence de l'Assemblée générale se poursuivra demain, vendredi 25 avril, à partir de 10 heures.

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Débat

M. HISASHI OWADA (Japon) a estimé qu'il était essentiel que les parties concernées fassent preuve de courage et prennent des mesures concrètes pour mettre en oeuvre les engagements pris à Madrid et Oslo. A la lumière des tragiques événements qui se sont déroulés récemment, le représentant a condamné tout acte de violence et a appelé instamment les parties concernées à s'abstenir de telles actions. En premier lieu, afin d'éviter une détérioration plus grave de la situation, le gouvernement du Japon appelle instamment Benjamin Nétanyahou et Yasser Arafat à relancer le processus de coopération sur les bases d'une confiance mutuelle retrouvée. Le représentant a indiqué que son pays a dépêché un envoyé spécial dans la région récemment afin de persuader les dirigeants du Gouvernement israélien et de l'Autorité palestinienne de reprendre le chemin de la coopération. Il a également expliqué que la contribution du Japon au sauvetage du processus de paix prend la forme d'une aide d'urgence en faveur des Palestiniens, permettant ainsi de maintenir la stabilité sociale en Palestine. Le 21 mars dernier, le gouvernement du Japon a décidé de consentir une aide d'urgence de 11 millions de dollars pour aider les Palestiniens à faire face à l'aggravation de la situation économique. Le représentant a rappelé que l'aide accordée par le Japon aux Palestiniens se chiffre à 290 millions de dollars depuis septembre 1993.

Le Gouvernement du Japon déplore les travaux de construction entrepris à Jérusalem-Est par le Gouvernement israélien et espère que M. Nétanyahou écoutera la voix de la communauté internationale. Toutefois, de l'avis du Japon, l'adoption, par l'Assemblée générale, d'une résolution préconisant des mesures collectives ne serait pas le moyen le mieux approprié de faire progresser le processus de paix. Le Japon est d'avis qu'un message unanime demandant aux parties de n'épargner aucun effort pour revitaliser ce processus, serait plus efficace. Il est prêt à apporter son soutien dans cette voie.

M. HASAN ABU-NIMAH (Jordanie) a déclaré que la convocation de cette session d'urgence de l'Assemblée générale témoigne de l'intérêt vif de la communauté internationale pour cette question. La construction de colonies de peuplement est contraire aux fondements du processus de paix et au principe de l'échange de la terre contre la paix. Il s'agit d'une violation d'une dizaine de résolutions du Conseil de sécurité et de l'Assemblée générale ainsi que du droit international. Le processus de paix avait pourtant connu des succès, a reconnu le représentant. La Jordanie avait signé un traité de paix avec Israël en 1994 et elle respecte pleinement ses engagements. De nombreux pays arabes extérieurs à la région avaient normalisé leurs relations avec Israël. L'accord israélo-palestinien a renvoyé les questions du statut de Jérusalem à plus tard, mais ce renvoi n'autorise pas Israël à changer la situation sur le terrain. Toute mesure prise par Israël pour changer le statut politique et démographique de la ville Sainte serait préjuger des négociations finales,

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ce qui est inacceptable. Ce n'est pas la première fois qu'Israël viole les accords qu'il a signés, a affirmé le représentant qui a cité, en exemple, le retrait des cartes d'identité, le blocus ou encore la confiscation de terres palestiniennes. Ces mesures ont ramené la région à une atmosphère du passé et montrent qu'Israël n'a pas l'intention de remplir ses engagements. La paix ne peut être obtenue que si elle est fondée sur la justice et la reconnaissance des droits légitimes du peuple palestinien.

M. JULIO LONDONO PAREDES (Colombie), rappelant les progrès réalisés sur la voie de la paix depuis la Conférence de Madrid, a estimé que la réaction palestinienne, provoquée par la décision du Gouvernement israélien de construire de nouvelles colonies de peuplement, était justifiée. Depuis, les tensions au Moyen-Orient se sont intensifiées et l'optimisme qui prévalait a reçu une douche froide. Il aurait été scandaleux que la communauté internationale se soit contentée de jouer le rôle du spectateur passif. On ne peut pas accepter l'argument selon lequel la construction des colonies de peuplement à Jérusalem-Est n'est qu'une mesure habituelle de développement urbain ou que la crise au Moyen-Orient n'est qu'une question d'ordre bilatérale qui ne concerne pas la communauté internationale et en particulier les Nation Unies. Les 185 Etats membres de l'Organisation ne sont pas impliqués dans la dynamique du processus de paix mais cela ne signifie pas que les Nations Unies doivent en être exclues. Ce critère, invoqué pour justifier le veto exercé lors du Conseil de sécurité, est inacceptable car si nous ne contribuons pas à la création d'un environnement favorable à la paix, les Nations Unies perdront leur crédibilité. C'est la raison pour laquelle la Colombie s'est toujours opposée et continuera de s'opposer à l'exercice du droit de veto. Le représentant a condamné toute action terroriste et extrémiste qu'il a qualifiée d'ennemis du processus de paix.

M. MOHAMMAD SAMHAN (Emirats arabes unis) a jugé regrettable qu'une semaine seulement après l'adoption de la résolution 51/223 de l'Assemblée générale en mars, le Gouvernement israélien ait fait fi de la volonté de la communauté internationale et ait pris la décision illégale de construire une nouvelle colonie de peuplement à Djabal Abou Ghanaym, qui constitue une nouvelle étape dans la politique de colonisation de Jérusalem. Cette mesure, et d'autres, constitue une violation du principe de l'échange de la paix contre la terre. Le peuple palestinien a donc le droit de manifester sa colère. La politique du Gouvernement israélien actuel tend à vider de son contenu le processus de paix, et à le remplacer par la soumission par la force du territoire palestinien. Les Emirats arabes unis, soucieux de parvenir à une paix durable, globale et juste au Moyen-Orient, condamnent énergiquement ces pratiques israéliennes, qui renforcent l'occupation et constituent une provocation non seulement envers les Palestiniens, mais aussi envers tous les pays, arabes et autres, épris de paix. Ils invitent la communauté internationale, et notamment les co-parrains du processus de paix, à maintenir la pression sur le Gouvernement israélien, afin qu'il mette en oeuvre les engagements souscrits dans le cadre du processus de Madrid.

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M. ABDALLA SALEH AL-ASHTAL (Yémen) a rappelé que le 26 février dernier, le gouvernement d'Israël a décidé de construire une nouvelle colonie de peuplement, provoquant ainsi une crise grave. Le Conseil de sécurité, saisi sur cette question, n'a pas été en mesure d'adopter le projet de résolution condamnant la construction de colonies de peuplement en raison d'un veto de l'un des membres permanents. Celui-ci a exercé une seconde fois son veto, arguant du fait que le Conseil de sécurité n'a pas compétence de discuter de cette question. Comment prétendre que le Conseil de sécurité n'est pas l'organe approprié? s'est demandé le représentant. Qualifiant le Conseil de sécurité de "conscience morale mondiale", le représentant a rappelé qu'il discute du conflit arabo-israélien depuis plusieurs décennies. De ce fait, a- t-il souligné, il est le seul cadre international pour traiter de cette question. Il a estimé que la tentative d'empêcher le Conseil de sécurité de discuter du statut de Jérusalem constitue un encouragement à la politique israélienne d'implantation des colonies de peuplement.

M. HUSEYN E. ÇELEM (Turquie) a estimé que les problèmes inhérents au conflit du Moyen-Orient ont chaque fois des implications régionales et internationales plus larges. Des progrès considérables ont déjà été accomplis dans le processus de paix, en particulier grâce aux rencontres de Madrid et d'Oslo ainsi qu'au Protocole sur le statut de "Al-Quds Al-Sharif" ou le redéploiement des forces israéliennes. Mais, au moment clef où le processus de paix semblait parvenir à son étape ultime, plusieurs initiatives du Gouvernement israélien sont venues décevoir la communauté internationale et tout particulièrement les Palestiniens et porter de sérieuses pierres d'achoppement au processus de paix. Alors que les négociations sur l'Accord final s'apprêtaient à démarrer, la décision israélienne de construire des colonies de peuplement vient modifier fondamentalement la situation dans la région, en tendant, sans aucun doute à présumer du résultat des négociations finales. Pour l'instant le résultat est que le sang coule à nouveau et qu'une fois de plus la paix et la sécurité sont en danger. Cela en vaut-il réellement le prix, s'est interrogé le représentant, regrettant que les réunions du Conseil de sécurité et de l'Assemblée générale sur cette question n'aient pas donné de résultats satisfaisants et clairs.

La présente session d'urgence de l'Assemblée générale ne pourra toutefois pas corriger les écarts au processus de paix tant que les parties n'y mettront pas toute leur foi et leur volonté politique. Ce à quoi nous assistons aujourd'hui ne semble pas constituer un moyen crédible de faire la paix ni fournir une occasion rationnelle d'établir la sécurité, a mis en garde le représentant, ajoutant que les attitudes doivent changer. Des mesures mettant un terme à l'escalade des tensions doivent être prises sans délai et permettre la reprise du processus de paix et des négociations constructives. Les efforts de la communauté internationale ne visent qu'à mener Israël et les Palestiniens à la compréhension mutuelle. Il est vrai que jusqu'à présent,

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les progrès dans le processus de paix ont été obtenus grâce aux négociations bilatérales et il en sera probablement ainsi pour la présente crise, mais Israël doit reconnaître que son partenaire ne peut pas retourner à la table de négociation tant que le Gouvernement israélien continue de morceler la terre au sujet de laquelle portent précisément les pourparlers. D'un autre côté, il importe de réaffirmer que le terrorisme ne constitue nullement une réponse efficace et acceptable. C'est en respectant le statut international et le caractère saint, pour les trois religions monothéistes, de "Al-Quds Al-Sharif" et en mettant un terme à toutes les activités de peuplement dans les territoires occupés que le processus de paix pourra repartir dans le droit chemin.

M. DAUDIN N. MWAKAWAGO (République-Unie de Tanzanie) a indiqué que son pays votera en faveur du projet de résolution. Il est de notre devoir, grâce à cette résolution, a-t-il expliqué, d'aider les parties à honorer les engagements pris et à faire preuve de bonne foi au cours du processus de paix. Le représentant a exprimé sa consternation devant les éruptions de violence des dernières semaines. Celles-ci auraient pu être évitées et si on ne les maîtrise pas elles conduiront à une détérioration définitive de la confiance entre les parties qui est pourtant un élément indispensable du processus de paix. Il a appelé instamment le gouvernement israélien à s'abstenir de toute mesure qui pourrait réduire à néant l'espoir né des Accord d'Hébron. Il a appelé les parrains du processus de paix à exercer leur responsabilité pour garantir l'intégrité du processus de paix. Indiquant qu'il partage le point de vue israélien selon lequel la négociation directe entre les parties concernées est le meilleur moyen de régler les différends, il a estimé que les Nations Unies et l'Assemblée générale sont les organes appropriés pour traiter de cette question.

M. SERGEY LAVROV (Fédération de Russie) a rappelé que la convocation d'une session extraordinaire d'urgence de l'Assemblée générale constitue un événement en soi. Que les Nations Unies soient obligées d'y recourir signifie qu'il n'existe plus beaucoup de solutions politiques pour remédier à un grave échec de la communauté internationale. La Fédération de Russie regrette que le Gouvernement israélien n'ait pas répondu à l'appel urgent lancé par l'Assemblée pour mettre fin immédiatement à la construction de nouvelles colonies à Jérusalem-Est. La situation au Moyen-Orient est d'ores et déjà largement affectée par les conséquences négatives de ce geste et nous inspire les plus graves inquiétudes. La présente session est convoquée afin de démontrer la ferme volonté de la communauté internationale d'empêcher une aggravation explosive de la situation, a déclaré M. Lavrov. La résolution qui sera adoptée devra faire date dans le processus de paix et apparaître clairement comme un obstacle aux actes unilatéraux ainsi qu'à la reprise de la violence et du terrorisme. Les questions concernant Jérusalem et les colonies israéliennes doivent, conformément aux accords signés, être traitées dans le cadre des négociations sur le statut final des territoires.

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La Fédération de Russie espère que les décisions de la présente session seront soigneusement prises en compte par les autorités israéliennes et les inciteront à reconsidérer les mesures prises pour modifier le statu quo à Jérusalem-Est. Quiconque ne comprend pas l'incompatibilité entre ces mesures et les normes du droit international ou les accords conclus ne peut parler de respect de l'esprit et de la lettre des principes fondamentaux du processus de paix qui ont été fixés à Madrid. La politique du fait accompli ne peut mener qu'à une impasse. Ceci est encore plus évident lorsqu'il s'agit de la Ville Sainte de Jérusalem.

La Fédération de Russie, qui a coparrainé le processus de paix, promeut la normalisation de la situation et cherche à assurer la poursuite des relations israélo-palestiniennes dans le cadre de ce processus, sur la base du respect des intérêts légitimes de chacun, ainsi que du respect des engagements pris. Elle souhaite que le signal que donnera l'Assemblée générale sera bien compris et évalué par ceux qui souhaitent la paix et la sécurité dans la région.

M. GAAFAR M. ALLAGANY (Arabie saoudite) a rappelé que l'Assemblée générale a adopté, le 13 mars, sa résolution 51/223 à une majorité écrasante. Or, moins de vingt-quatre heures après l'adoption de cette résolution, Israël a commencé la construction de la colonie de Djabal Abou Ghanaym. Ceci dans le cadre d'un plan qui tend à modifier la composition démographique de Jérusalem afin de donner à la ville une majorité juive. Le gouvernement israélien tente de modifier les fondements mêmes du processus de paix en recourant à des concepts qui lui sont totalement étrangers. Les accords d'Oslo prévoient en effet que rien ne doit être entrepris qui modifie la situation à Jérusalem avant que le statut de la ville ne fasse l'objet d'une négociation. L'Arabie saoudite souhaite vivement que le processus de paix se poursuive. Or, Jérusalem est la clé de la paix dans la région. Il faut donc qu'Israël respecte les accords de paix et que les coparrains de la conférence de paix - Etats-Unis et Fédération de Russie - agissent en ce sens.

M. QIN HUASUN (Chine) a déclaré que son Gouvernement a toujours soutenu que le règlement de la question de Jérusalem devra se faire par des négociations pacifiques conformément aux résolutions pertinentes des Nations Unies. La Chine espère que les parties concernées feront preuve de retenue et prendront les mesures nécessaires pour créer les conditions favorables à la prompte reprise des pourparlers de paix. La communauté internationale est gravement préoccupée par les difficultés actuelles dans les pourparlers entre Palestiniens et Israéliens et plus particulièrement par l'avenir du processus de paix au Moyen-Orient. Toutes les parties doivent déployer les efforts nécessaires à la levée des obstacles et mettre en oeuvre le plus rapidement possible les accords conclus. C'est le seul moyen de consolider les progrès déjà enregistrés et de faire avancer le processus de paix. A ce stade critique et sensible, la Chine appelle les parties à faire preuve de retenue, à chérir les conditions de paix durement acquises et à respecter strictement les accords conclus afin de créer les conditions favorables à un règlement rapide, juste, raisonnable et durable de la question du Moyen-Orient.

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M. MACHIVENYIKA MAPURANGA (Zimbabwe) a déclaré qu'un danger mortel pèse désormais sur le processus de paix au Moyen-Orient en raison de la politique aveugle et cynique d'Israël visant à établir de nouvelles colonies de peuplement dans Jérusalem-Est et dans d'autres parties de la terre arabe occupée. Cette politique a été largement désapprouvée par la communauté internationale et les 7 et 21 mars derniers, tous les Etats membres du Conseil de sécurité, à l'exception d'un seul, l'ont condamné. Emboîtant le pas au Conseil de sécurité, l'Assemblée générale a mis aux voix un texte que deux Etats seuls ont rejeté alors que deux seulement s'abstenaient. Au début de ce mois, les Ministres des affaires étrangères du Mouvement des non alignés réunis à New Delhi se sont mis d'accord pour reconnaître que la politique de colonies de peuplement d'Israël fait peser une grave menace sur le processus de paix. Le Zimbabwe avait alors appuyé l'appel lancé par les Ministres tendant à convoquer la session extraordinaire d'urgence de l'Assemblée générale, convaincu que les Nations Unies peuvent et doivent aller au secours du processus de paix. En conséquence, le Zimbabwe appuie le projet de résolution et appelle Israël, Etat avec lequel il entretient des relations diplomatiques, de renoncer à l'établissement de colonies de peuplement et de réfléchir sérieusement aux graves répercussions de cette politique sur le processus de paix. Le Zimbabwe espère que les forces de la raison prévaudront et que le processus de paix sera relancé.

M. BILAHARI KAUSIKAN (Singapour) a déclaré que la décision du Gouvernement israélien de procéder à la construction d'une colonie de peuplement dans Jérusalem-Est, laquelle intervient à un moment où le processus de paix connaît un nouvel élan avec la signature des Accords d'Hébron et les efforts des parties concernées pour assurer le succès de leur mise en oeuvre, sape les progrès faits jusqu'ici dans le processus de paix. Si Singapour reconnaît le droit d'Israël de satisfaire les besoins en logements de sa population juive et arabe, il souligne toutefois que le choix de Jérusalem-Est porte à controverse parce que toute prise de mesures unilatérales pouvant altérer le statut actuel de Jérusalem ne peut que compliquer des négociations déjà difficiles. Le statut permanent de Jérusalem, ville sacrée pour les Juifs mais aussi pour les Musulmans et les Chrétiens, doit toujours faire l'objet de négociations futures entre les deux parties. Singapour lance un appel au Gouvernement israélien pour qu'il reconsidère son projet de logements dans Jérusalem-Est et permette une poursuite sans entrave du processus de paix.

M. ROBLE OLHAYE (Djibouti) a déclaré que le projet de résolution est l'expression justifiée de la préoccupation de la communauté internationale. Jérusalem ne peut pas être traitée du point de vue juridique comme une "seule ville". Jusqu'à 1967, Jérusalem-Est faisait partie de la Rive occidentale sous contrôle arabe. Son statut est clairement défini par les Accords d'Oslo et par les Accords bilatéraux de 1993. Toutes les colonies de peuplement israéliennes dans les territoires occupés et à Jérusalem-Est sont donc illégales. La question du statut de la ville Sainte a toujours été l'objet de

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passion entraînant des conséquences humaines tragiques dans la mesure où depuis le début de son occupation, Israël a classifié les habitants arabes de Jérusalem comme étant des étrangers dans leur propre pays et leur a délivré des cartes de résidents. Depuis plusieurs mois, a-t-il ajouté, une politique d'expulsion des habitants arabes de Jérusalem est en vigueur. Des familles entières ont été séparées. Nous en sommes arrivés au point où malheureusement les pourparlers ont été interrompus et la confiance mutuelle qui avait été érigée a été remplacée par des sentiments hostiles. Dans ce contexte, il est nécessaire de remettre en cause la demande d'Israël tendant à accélérer les discussions sur le statut final de la ville, étant donné qu'elles auraient lieu dans une atmosphère de méfiance. Condamnant la violence, le représentant a expliqué que les violations des droits de l'homme, la confiscation des terres, les entraves à la liberté de mouvement et aux activités économiques, l'implantation massive de colons dans les territoires occupés en sont à l'origine. Il a plaidé en faveur de l'adoption du projet de résolution qui demande un arrêt immédiat des constructions des colonies de peuplement.

M. MELVIN SAENZ BIOLLEY (Costa-Rica) a regretté que les membres du Conseil de sécurité n'aient pas été en mesure d'apporter une réponse collective à cette question. Cette session d'urgence est l'occasion pour les Nations Unies de jouer son rôle de garant de la paix et de la sécurité internationale, a-t-il ajouté. Le représentant a indiqué que son pays soutient les droits légitimes du peuple palestinien ainsi que le droit d'Israël à des frontières légitimes et sûres. La décision d'Israël de construire des colonies de peuplement à Jérusalem-Est est contraire au droit international et s'éloigne des voeux de paix du peuple palestinien et israélien. Il a prié instamment le gouvernement d'Israël de renverser cette situation. C'est l'esprit de paix qui doit régner au Moyen-Orient. Il faut lancer un appel clair aux parties pour qu'elles s'abstiennent de tous actes, y compris la construction de colonies et les actes terroristes commis sur le territoires d'Israël, qui menaceraient le processus de paix. Le recours au terrorisme est contraire aux buts et aux objectifs des Nations Unies. Le représentant a prié les parties de rechercher un règlement juste et durable au statut de la ville Sainte. Il faut tourner la page de la mort et de la destruction pour que les deux parties vivent dans des Etats indépendants et dans le respect mutuel, a-t-il souligné.

M. IBRAHIM GAMBARI (Nigéria) a fait part de sa préoccupation à la suite des mesures prises par le Gouvernement israélien et qui relèvent de la politique du fait accompli. Le Nigéria comprend l'attachement particulier d'Israël à la ville de Jérusalem. Mais le Gouvernement et le peuple d'Israël doivent admettre que les Palestiniens et d'autres éprouvent envers cette ville des sentiments tout aussi forts qu'eux. Le caractère très particulier du statut de Jérusalem a justifié la sage décision prise à Oslo de différer les pourparlers sur cette délicate question jusqu'à la fin des négociations. Et c'est précisément pour veiller à ce que de telles négociations aient lieu de

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bonne foi qu'il a également été décidé que toutes les parties devaient s'abstenir de toute mesure tendant à modifier le statu quo. Or, les mesures prises récemment par Israël ne peuvent que préjuger de l'avenir de ces négociations. Le représentant s'est dit frappé par le fait que, lors des deux débats sur la question au Conseil de sécurité en mars, toutes les délégations, à l'exception de celle d'Israël, ont estimé que les mesures prises par le Gouvernement israélien portaient atteinte au processus de paix.

Le Nigéria regrette que le Conseil ait été empêché d'exercer ses pouvoirs en raison du vote négatif d'un de ses membres permanents, ce qui n'a pu qu'encourager le Gouvernement israélien à poursuivre son projet de construction de logement au mépris du large appel lancé pour qu'il reconsidère son geste. Le Nigéria a appuyé l'appel en faveur de la présente session extraordinaire. Il est en désaccord avec ceux qui estiment que les Nations Unies n'ont aucun rôle à jouer dans la crise actuelle. Les Nations Unies ont vocation de promouvoir la paix partout et nous sommes satisfaits de voir l'Assemblée générale jouer un rôle responsable en soutenant le processus de paix sur la base des accords conclus et en insistant sur le besoin de justice, d'équité et de bonne foi, a déclaré M. Gambari. Le silence de l'ONU nuirait à sa responsabilité mondiale et pourrait être interprété à tort comme un soutien à la politique israélienne actuelle. Il n'est pas trop tard: le Gouvernement israélien peut encore reconsidérer son attitude et renoncer à la poursuite des constructions. C'est le seul moyen de donner un nouvel élan au processus de paix et de garantir une paix durable et la sécurité dans la région. Le Nigéria appelle ceux qui ont une influence sur Israël à agir en faveur de la paix et veiller à ce que ce pays respecte ses obligations et applique les résolutions des Nations Unies.

M. AHMAD KAMAL (Pakistan) a déclaré que c'est avec une profonde déception et un grand regret que son pays a constaté, à deux reprises, l'échec du Conseil de sécurité à assumer ses responsabilités en matière de paix et de sécurité internationales. Rien ne serait plus malheureux que de voir Israël tirer parti de l'absence continue d'initiatives qui caractérise le Conseil de sécurité et intensifier ses actions unilatérales au mépris des aspirations et des droits inaliénables du peuple palestinien. Il est important que la voix de la raison et de la justice de la communauté internationale soit entendue par le biais des délibérations de cette session extraordinaire d'urgence de l'Assemblée générale et que des mesures efficaces soient prises pour traiter des actions et des politiques illégales d'Israël. Ces actions sont d'autant plus préoccupantes qu'elles compromettent sérieusement le processus de paix qui a été lancé grâce aux initiatives courageuses prises antérieurement.

Le Conseil de sécurité doit continuer à jouer un rôle efficace dans le règlement de la question du Moyen-Orient, et ce, de manière globale. La communauté internationale doit s'opposer à toute tentative visant à saborder l'implication du Conseil de sécurité dans le processus de paix par l'introduction de "limites" arbitraires pour les opérations de maintien de la

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paix durant cette période de réforme. En conséquence, le Pakistan se prononce en faveur du maintien de la Mission des Nations Unies sur le terrain jusqu'à ce qu'une solution définitive de la situation au Moyen-Orient soit trouvée. Les dirigeants israéliens doivent, quant à eux, se rendre à l'évidence et résoudre les questions en suspens avec l'Autorité palestinienne en revenant immédiatement sur leurs actions alarmantes. Il revient maintenant à l'Assemblée générale d'accomplir ce que le Conseil de sécurité s'est montré incapable d'accomplir, a conclu le représentant.

M. FELIPE MABILANGAN (Philippines) a déclaré que son pays a toujours estimé que la ville sainte de Jérusalem représente un trésor sacré de la foi chrétienne, musulmane et juive. En conséquence, il n'y a pas lieu de prendre des mesures unilatérales concernant l'administration et le développement de cette ville. La décision du Gouvernement israélien de procéder à des constructions dans la partie orientale de Jérusalem fait, de ce fait, l'objet d'une grande préoccupation. Malheureusement cette décision n'est ni conforme à l'esprit de dialogue et de réconciliation ni à l'esprit et aux intentions des accords conclus entre les autorités israéliennes et palestiniennes. Les Philippines avaient espéré que la voix commune de la communauté internationale auraient persuadé Israël de réexaminer la question des constructions dans Jérusalem-Est et sa présence dans les territoires occupés dans leur ensemble. La voix de la communauté internationale appelait également toutes les parties à reprendre leur place à la table des négociations du processus de paix interrompu. La résolution dont est saisie l'Assemblée, souligne la nécessité de préserver l'intégrité territoriale de tout le territoire palestinien occupé et de garantir la liberté de circulation des biens et des personnes. Les Philippines espèrent que la résolution inclura des dispositions accordant aux Nations Unies un rôle actif dans la crise actuelle qui pourrait se matérialiser notamment par l'envoi d'une équipe d'observateurs sur le terrain.

M. MARTIN ANDJABA (Namibie) a regretté l'incapacité du Conseil de sécurité à réaffirmer le droit à l'autodétermination du peuple palestinien. Il a exprimé la solidarité de son pays avec la population palestinienne et a appelé à une relance du processus de paix pour que les Palestiniens puissent jouir de leurs droits économiques, culturels et sociaux qui constituent des éléments essentiels du droit à l'autodétermination. Notre message à l'intention des parties est resté inchangé, a souligné le représentant. La Namibie appelle instamment les dirigeants arabes et israéliens à ne pas ménager leurs efforts dans le cadre des accords conclus. Evoquant la récente Conférence ministérielle du Mouvement des non-alignés, il a rappelé que les participants avaient appelé le Gouvernement israélien à remplir ses obligations et à respecter ses engagements. Le fait que L'Assemblée générale soit réunie aujourd'hui montre bien que l'Organisation a une responsabilité permanente dans le règlement de la question de Palestine jusqu'à ce qu'une solution acceptable soit trouvée. Le projet de résolution, présenté aujourd'hui, est donc justifié, et la Namibie votera en sa faveur.

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M. HASMY BIN AGAM (Malaisie) a souligné la gravité de la situation en Palestine. La construction de colonies de peuplement dans Jérusalem-Est constitue une menace à la paix et à la stabilité dans toute la région. Les récents événements ont prouvé les conséquences potentiellement explosives des mesures israéliennes. A moins que les constructions ne s'arrêtent immédiatement, les fondations mêmes du processus de paix seront sérieusement compromises avec des conséquences graves sur la paix et la sécurité dans la région. Il est regrettable que les perspectives de paix soient sapées par les mesures irresponsables et provocatrices du Gouvernement israélien qui donne ainsi naissance à une nouvelle vague de violence. La résolution adoptée par l'Assemblée générale en mars dernier comme toute les autres résolutions pertinentes sont tombées dans les oreilles d'un sourd. Il est évident que depuis l'occupation israélienne, les Gouvernement successifs ont poursuivi une politique de judaïsation systématique de la ville, en particulier du secteur arabe de Jérusalem-Est. La politique actuelle de construction est la suite prévisible de la politique établie d'Israël tendant à altérer systématiquement le caractère, la composition géographique et le statut juridique de Jérusalem. La communauté internationale ne peut permettre ces violations constantes du droit international et des résolutions pertinentes de l'Assemblée générale et du Conseil de sécurité.

Il est important que devant l'échec du Conseil de sécurité à assumer ses responsabilités, grâce ou à cause du droit de veto, l'Assemblée générale se prononce sur cette question importante de paix et de sécurité. Il est vrai qu'Israël a toujours ignoré les résolutions de ces deux organes. Mais cette attitude ne doit pas affaiblir la détermination de la communauté internationale d'assumer ses responsabilités et d'envoyer, une nouvelle fois, son message important à Israël, membre de cette Organisation. Ce faisant, la communauté internationale n'a aucune intention de s'immiscer dans les négociations bilatérales entre les Israéliens et les Palestiniens. Elle exprime simplement sa grave préoccupation devant l'impact négatif que pourraient avoir les mesures israéliennes sur des négociations extrêmement délicates. La communauté internationale oeuvre, en effet, pour s'assurer que les négociations ne se verront pas compromises ou interrompues indéfiniment à la suite de l'intransigeance d'une des parties.

M. SAMUEL INSANALLY (Guyana) a déclaré que les événements survenus à Jérusalem-Est et ailleurs dans les territoires occupés menacent les processus de paix. En tant que membres des Nations Unies, nous avons l'obligation de préserver ce processus de paix et de veiller à ce que la situation ne se dégrade pas davantage. Or, l'ouverture controversée d'un tunnel, en violation de la résolution 1073 (1996) du Conseil de sécurité, et la poursuite de la construction de colonies dans des zones controversées ont fait perdre toute confiance dans le processus de paix. Le représentant a regretté la construction d'une nouvelle colonie à Jérusalem-Est et rappelé les termes de la résolution 51/223 de l'Assemblée générale, du 13 mars dernier. Le Gouvernement israélien doit reconnaître les droits inaliénables du peuple palestinien, a-t-il ajouté, en échange de quoi sa sécurité doit être assurée.

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Sans un accord global et équitable, le Moyen-Orient ne connaîtra jamais une paix durable ni la sécurité. Le Guyana demande que cessent les politiques et les pratiques dangereuses qui menacent d'aggraver la situation. Israël et l'Autorité palestinienne doivent respecter les accords conclus et mettre en oeuvre les résolutions des Nations Unies. Elles doivent poursuivre les négociations afin de parvenir à un accord équitable sur toutes les questions, y compris sur le statut de Jérusalem.

M. FERNANDO ENRIQUE PETRELLA (Argentine) a demandé aux parties de ne pas prendre de mesures qui feraient reculer les négociations et de faire preuve d'un réengagement en faveur de la paix. Pour atteindre ces objectifs, il est essentiel d'éviter toute action unilatérale qui irait à l'encontre du processus de paix. Reconnaissant le droit d'Israël d'exister dans des frontières sûres et internationalement reconnues, le représentant a toutefois précisé qu'il ne peut pas y avoir de paix sans la reconnaissance du droit à l'autodétermination du peuple palestinien. Il a demandé au Gouvernement israélien de mettre un terme aux colonies de peuplement et a appelé les parties concernées à rétablir la confiance réciproque pour qu'elles puissent s'asseoir à nouveau à la table des négociations.

M. NGO QUANG XUAN (Viet Nam) a déclaré que les mesures prises, récemment, par Israël représentent un grave danger pour le processus de paix et les récents progrès qui ont été obtenus avec difficultés. Ces mesures doivent être rejetées avec vigueur, et il faudrait qu'elles prennent fin. Il est important que les résolutions du Conseil de sécurité et de l'Assemblée générale soient réaffirmées et appliquées. Les Nations Unies ont un rôle important à jouer dans la recherche d'une solution acceptable et durable. Mais, en raison de l'usage, à deux reprises, du droit de veto, le Conseil de sécurité a été bloqué et n'a pu exercer son rôle de maintien de la paix et de la sécurité internationales. Il est également regrettable que la résolution adoptée en mars par l'Assemblée générale à une très forte majorité ait été ignorée. Dans ces circonstances, la convocation d'une telle session s'avère indispensable. Le Viet Nam suit de près les développements du processus de paix au Moyen-Orient et a, notamment, salué les accords d'Hébron du 17 janvier, a rappelé le représentant. Mais la conférence ministérielle du Mouvement des Non-Alignés, tenue à New Dehli les 7 et 8 avril, a déclaré clairement que si la situation présente, provoquée par la construction de colonies de peuplement à Jérusalem, perdure, les pays membres du Mouvement prendront les mesures nécessaires. Ce message doit être pris au sérieux. Toutes les parties concernées doivent honorer leurs engagements, faire preuve de bonne foi et s'abstenir de prendre toute mesure susceptible de saper le processus de paix. Quant à la présente session extraordinaire, elle doit veiller à ce que soient faits tous les efforts en vue d'une paix juste, globale et durable dans la région, et à ce que soient prises immédiatement toutes les mesures nécessaires pour lever les obstacles au processus de paix.

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M. BRUNO RODRIGUEZ PARRILLA (Cuba) a rappelé que la communauté internationale a fait appel au Conseil de sécurité dans l'espoir qu'il assumerait ses responsabilités. Contrairement à la volonté des Etats membres de l'ONU, le Conseil en n'omettant de se prononcer sur la question a accordé une entière impunité à la puissance occupante. Au mois de mars dernier, l'Assemblée générale a adopté une résolution que seuls Israël et les Etats-Unis ont rejetée. Les faits montrent ainsi que le Conseil de sécurité n'est pas en mesure d'utiliser ses prérogatives pour maintenir la paix et la sécurité quant cela fait obstacle aux intérêts hégémoniques d'un Membre permanent. Les faits montrent également que les appels à la paix et à la justice ne trouvent pas d'écho au sein du Conseil de sécurité. Cet organe continue d'être l'otage des déséquilibres et du manque de démocratie qui le caractérise. Au vu de cette situation, Cuba a appuyé dès le début la convocation de cette session de l'Assemblée générale. La Charte des Nations Unies octroie de larges pouvoirs à l'Assemblée en matière de paix et de sécurité internationales. Il est déplorable que les dispositions continuent d'être interprétées de manière restrictive. Néanmoins aujourd'hui l'Assemblée examine la cause du peuple palestinien en défendant les intérêts de la communauté internationale. Cuba s'associe au rejet par la communauté internationale de la décision du Gouvernement israélien qui constitue un défi aux droits du peuple palestinien. Cette politique d'agression viole les normes les plus élémentaires du droit international, du droit international humanitaire et les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité et de l'Assemblée générale. Cuba appuie les droits du peuple palestinien à avoir son Etat avec Jérusalem comme capitale. Cuba réaffirme que les colonies de peuplement israéliennes sont illégales et constituent un obstacle à une paix juste et durable au Moyen-Orient.

M. SOO GIL PARK (République de Corée) a déclaré que ces dernières années la politique mondiale était entrée dans une ère de collaboration et l'ONU a témoigné de ces changements à travers ses opérations de maintien de la paix. On aurait pu penser que ce niveau climat aurait mis un terme au mécanisme de convocation de sessions extraordinaires telles que celle-ci. Malheureusement ce n'est pas le cas bien que la résolution adoptée en mars par l'Assemblée générale à une écrasante majorité offrait un plan pour sortir de la crise au Moyen-Orient. Les mesures prises par le gouvernement israélien pourraient porter un coup fatal au processus de paix. Le représentant a demandé l'arrêt immédiat des activités de peuplement et la reprise des négociations. Nous avons toute confiance en la sagesse des Israéliens et des Palestiniens qui ont prouvé qu'ils pouvaient marcher main dans la main. Compte tenu de l'histoire de la région, a souligné le représentant, les parties ont enfin l'occasion de surmonter l'animosité et la méfiance mutuelle. Le représentant a réaffirmé l'importance du dialogue et a demandé instamment aux deux parties de s'asseoir à la table des négociations.

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M. JASSIM MOHAMMED BUALLAY (Bahreïn) a déclaré que les mesures prises, ces derniers temps, par Israël visent en fait à renforcer son occupation de l'ensemble du territoire et à lui donner un avantage dans les négociations sur le statut final. Israël refuse aux Palestiniens le droit de vivre dans leur propre ville en prenant des mesures visant à éloigner les Palestiniens de la ville de Jérusalem. Le processus de paix, entamé à Madrid, a donné lieu à des résultats positifs qui ont commencé à faire naître un certain espoir. Malheureusement depuis son entrée en fonction, le nouveau gouvernement israélien s'emploie à freiner tout progrès vers la paix en prenant le risque d'allumer un nouveau foyer de violence. Les droits d'un peuple à l'autodétermination sont un principe consacré par des normes internationales auxquelles Israël, lui-même, a souscrit. Il faut qu'il comprenne qu'il ne peut créer, de toute pièce, une réalité sur le terrain qui soit favorable à sa politique expansionniste. Cette session de l'Assemblée générale doit attentivement passer en revue toute les mesures illégales prises par Israël et le forcer à y renoncer en mettant fin à toute initiative affectant Jérusalem. Le Bahreïn estime que l'Assemblée générale doit intervenir immédiatement afin de contrer le processus de judaïsation de la ville sainte. Il appelle toute la communauté internationale à appuyer le projet de résolution dont est saisie l'Assemblée afin de maintenir la viabilité des négociations de paix et d'assurer une paix globale, juste et durable.

M. MOHAMMED ABDULLAH SALIM AL-SAMEEN (Oman) a déclaré que Jérusalem est une terre arabe occupée par Israël qui impose un état de fait depuis 1980 quand il a décidé d'en faire sa capitale. Des mesures de judaïsation et de changement de ses caractéristiques ont renforcé cette décision. Le processus de paix menace de s'effondrer sous les coups des mesures israéliennes. La ville de Jérusalem, est partie intégrante des territoires occupés depuis 1967, a-t-il indiqué à nouveau. Toutes les pratiques israéliennes ne peuvent être interprétées que comme le refus d'Israël de reconnaître les efforts de la communauté internationale. Oman réaffirme sa solidarité avec le peuple palestinien et appuie les positions de l'Autorité palestinienne pour ce qui est du retrait des troupes israéliennes des territoires occupés depuis 1967. Le représentant a demandé à Israël de s'abstenir de poursuivre sa politique de colonies de peuplement et de toutes mesures tendant à modifier les caractéristiques démographiques et politiques de la ville Sainte.

M. SALIBA (Malte) a souligné que la convocation de cette session de l'Assemblée générale rappelle l'engagement de la communauté internationale envers la paix et la sécurité internationales. Elle souligne le voeu de la communauté internationale de rétablir la confiance dans le processus de paix au Moyen-Orient. Les événements qui ont donné lieu à cette session doivent être vus dans un contexte élargi. Ils touchent en effet la paix et la stabilité de la région dans son ensemble. Le Moyen-Orient espérait un avenir meilleur où les peuples pourraient vivre dans la confiance mutuelle. La construction de nouveaux logements est en parfaite contradiction avec les accords conclus et nuit au processus d'établissement de la confiance. Les actions qui chercheraient à modifier la nature physique des territoires

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occupés peuvent être interprétées comme une violation des différentes résolutions de l'ONU. Le statut de Jérusalem demeure soumis au principe de l'inadmissibilité de l'acquisition de territoires par la force. Le processus de la paix traverse une phase cruciale et les pays de la Méditerranée ont manifesté leur volonté de contribuer à son aboutissement. Les contacts noués et les ententes conclues doivent permettre d'établir la base du renouvellement du processus de paix dans cette région. Malte se joint à ceux qui ont demandé de s'engager de nouveau envers les objectifs de la paix pour permettre aux générations d'Arabes et d'Israéliens de quitter l'ombre de la méfiance dans laquelle ils vivent depuis trop longtemps.

M. RAVAN A. G. FARHADI (Afghanistan) a indiqué que cette session extraordinaire de l'Assemblée générale est bien différente des précédentes et que cette fois-ci le processus de paix est dangereusement menacé. La question de Jérusalem n'est pas une question arabe ou israélienne mais islamique, a-t-il souligné. Jérusalem est la capitale éternelle de tous les musulmans et d'une humanité croyante de tous les siècles. La décision du gouvernement israélien est en violation flagrante des accords conclus dans le cadre du processus de paix et aggrave davantage une situation déjà dangereuse. De nombreux territoires palestiniens sont toujours occupés et font l'objet de campagne de judaïsation et de bouclages successifs. Malgré l'incapacité technique du Conseil de sécurité à exercer ses prérogatives de garant de la paix, ses résolutions précédentes ont , sans la moindre ambiguïté, qualifié d'illégales de telles mesures. Le représentant a formé l'espoir que le projet de résolution sera adopté par l'Assemblée générale.

M. PRAKASH SHAH (Inde) a rappelé que l'Assemblée se réunit à cause d'un exercice discutable du droit de veto. Lors de la récente conférence ministérielle du Mouvement des non-alignés, le Président Arafat est venu rendre compte en détail de la situation au Moyen-Orient et des mesures illégales prises par Israël. La Conférence a appelé l'ONU à prendre des mesures afin de rectifier l'omission du Conseil de sécurité dans la réalisation de ses responsabilités. Le communiqué final de la Conférence a souligné la persistance d'Israël dans sa politique de colonisation des territoires occupés. Ces mesures ont été qualifiées d'illégales et contraires aux accords conclus entre les deux parties. Les Ministres du Mouvement des non-alignés se sont déclarés préoccupés par le manque d'engagement d'Israël à mettre en oeuvre les accords conclus. Aux yeux de l'Inde, il est nécessaire qu'Israël cesse de construire de nouvelles colonies. L'Inde a toujours maintenu que les mesures unilatérales contraires aux ententes mineraient le processus de paix et nuirait à la confiance nécessaire. Le représentant a espéré qu'Israël sera convaincu de la détermination de la communauté internationale et prendre les mesures pour ramener le processus de paix sur la bonne voie. Il est important que la communauté internationale redouble d'efforts pour réaliser une paix juste et durable dans la région. Il faut rétablir la confiance mutuelle et tout acte qui s'éloigne de cet objectif doit être réprimé. La communauté internationale doit continuer de s'engager en faveur du processus de paix qui suppose les droits des peuples de la région de vivre dans des frontières internationalement reconnues.

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